Texte 2 – La Condition Humaine, André Malraux - Geert
Transcription
Texte 2 – La Condition Humaine, André Malraux - Geert
Texte 2 – La Condition Humaine, André Malraux Basé sur les notes de Julie Question Comment le personnage de roman est-il présenté dans cet incipit ? Introduction André Malraux est un écrivain et un homme politique français du 20 ème siècle. Il est surtout connu pour son engagement dans la résistance française, qui le mène par la suite à devenir ministre auprès du Général de Gaulle. Plus précisément, le texte à étudier est l'incipit de son œuvre La Condition Humaine, publiée en 1933. Ce roman historique relate le parcours d'un groupe de révolutionnaires communistes à Shanghai. Lecture Annonce Dans cet incipit in media res, Tchen, un jeune communiste, est sur le point d'assassiner un trafiquant d'armes. Pour répondre à la question « Comment le personnage de roman est-il présenté dans cet incipit ? », j'étudierai deux axes : I. Une première page en action II. La description du personnage de Tchen Exposé I – Une première page en action Dès la première page, qui contient toutes les caractéristiques de l'incipit, le lecteur est plongé dans l'action. A – Le cadre spatio-temporel Il donne des indications de lieu et de temps qui nous informent et nous intriguent. En ce qui concerne le moment, l'auteur nous donne la date et l'heure. Cela nous fait penser à un journal intime. C'est le soir et la scène est faiblement éclairée — « la nuit » (l. 15, 23 et 26), « la seule lumière » (l. 6), « sommeil » (l. 6) — ce qui met l'assassin à l'abri. Nous avons aussi des informations sur le lieu comme « moustiquaire » (l. 1) et « lit » (l. 8). L'action se déroule dans une chambre. Cette chambre est close par des « barreaux » (l. 8) et le lit protégé par une « moustiquaire » (l. 1). Le cadre est un cadre urbain — « building » (l. 7), « Klaxon » (l. 9), « quelques embarra de voiture » (l. 12). La « moustiquaire » (l. 1) et la « mousseline » (l. 14) suggère qu'il s'agit d'un pays chaud. Le nom du personnage « Tchen » (l. 1), à consonance asiatique et la date « 1927 » nous dirigent vers la révolution chinoise. Ces informations nous intriguent, et nous permettent d'observer des oppositions très marquées. B – Des oppositions très marquées La scène est construite sur des lignes verticales et horizontales avec une géométrie très marquée (l. 7 à 9). Cela suggère l'enfermement, en opposition avec la liberté de l'extérieur — évoquée par le cadre urbain. On retrouve également une opposition entre l'homme debout qui agit — à la ligne 18, il doit le « frapper » — et l'homme couché qui subit — l'homme dort, comme le montrent les mots « ce pied à demi incliné par le sommeil » (l. 5 à 6). Il y a d'autres oppositions mois développées : • Extérieur (l. 6, 9 et 12) / intérieur (l. 5, 6 et 32) • La vie, la lumière, le bruit / la mort, l'obscurité, le calme C – L'action → On a la présence d'une action, le meurtre. Le héros doit accomplir cette mission mais il se heurte à des obstacles. L'utilisation du conditionnel montre l'hésitation et ces divers obstacles auxquels il doit faire face : • « la moustiquaire » (l. 1) • Le fait de tuer un homme, même si c'est pour la « révolution » (l. 22). On nous donne des précisions sur cet homme à tuer. ◦ On nous parle seulement de son « pied » (l. 5, 8 et 18) ◦ Il est désigné par « chair d'homme » (l. 6), « cet homme » (l. 16). Il n'a pas de nom et est donc déshumanisé. L'action est présentée comme un film: • En noir et blanc avec l'opposition entre la lumière (l. 6 et 24) et l'obscurité — « la nuit » (l. 15, 23 et 26) • Ayant pour arrière-plan le bruit, le cadre urbain (l. 7, 9 et 12) • Filmé en un plan fixe sur la chambre — « moustiquaire » (l. 1), « lit » (l. 8) — et sur ce qui entoure le personnage (le décor) • Et filmé en gros plan sur l'homme — au 1er paragraphe — et sur Tchen (l. 24 à 34) Transition Ainsi, le décor et la mise en scène de cette action, sont en accord avec le personnage de Tchen, qui est présenté par plusieurs aspects. II – Le personnage de Tchen Mis à part son nom, seul son état psychologique est décrit. Grâce à la focalisation interne, le lecteur peut entrer dans la conscience de Tchen. A – Un homme déterminé Il veut accomplir son devoir. Les verbes « devoir » (l. 16 et 18), « savoir » et « connaître » (l. 2 et 16) insistent sur l'acte. La mort de cet homme est nécessaire à la réussite de la « révolution » (l. 22), même s'il s'agit d'une victime innocente. La majorité des phrases sont donc déclaratives, ce qui montre qu'il s'interroge peu. La 1e phrase est exclamative (l. 11). Il veut combattre et renforce sa détermination. Le vocabulaire de la religion donne également une dimension grave à ce récit, dimension encore renforcée par le fait qu'il soit prêt à se sacrifier (l. 7). B – Un homme qui hésite Malgré le fait qu'il soit un homme confiant, il est présenté comme une personne qui hésite. En effet, il se pose tout d'abord des questions sur le mode à adopter pour passer à l'action. Cette première hésitation est marquée par le conditionnel et les phrases interrogatives (l. 1). Nous pouvons retrouver le champ lexical de l'angoisse (l. 2, 20, 23 et 25). Cette angoisse fait hésiter Tchen, qui ne passe pas à l'action car il se laisse distraire par l'extérieur et par ce qui l’entoure. C – Un homme face à lui-même Finalement, Tchen se retrouve face à lui-même, et se pose donc un certain nombre de questions. Tchen pense que tuer un homme endormi dont il ne reconnaît rien — à part les pieds — est lâche. Il préférerait lutter contre un homme éveillé, quitte à perdre (l. 17 à 19). A la ligne 24, la phrase est entre guillemets, ce qui traduit réflexion et pensée de Tchen. Il fait la différence entre tuer — donner la mort à quelqu'un dans une lutte ouverte — et assassiner — donner la mort lâchement. Ainsi, de la ligne 27 à la ligne 28, il préfère utiliser le poignard que le rasoir — pourtant plus sûr. En effet, le poignard lui donne moins l'impression de le saigner comme un animal. Conclusion Cette 1ère page, originale et efficace, réussit à mettre en scène un héros crédible auquel le lecteur peut s'identifier, de par ses craintes et ses pensées. + Ouverture