Les jeux vidéo rendent-ils intelligents
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Les jeux vidéo rendent-ils intelligents
228 Geekzone . Les jeux vidéo rendent-ils intelligents ? Les jeux vidéo rendent-ils intelligents ? Selon des chercheurs, ils sont une excellente source d’apprentissage et de stimulation de l’intelligence. P arents, si vous lisez la presse grand public, vous savez déjà tout de l'influence des jeux vidéo sur vos chères têtes blondes. Vous savez qu'ils vont rendre votre enfant violent et asocial. Ils vont provoquer chez lui une addiction, détruire ses repères, déclencher des crises d'épilepsie et le mettre en contact avec des cyber-criminels. Au final, estimezvous heureux si vous ne retrouvez pas Kévin dans une rue de Bagdad bardé d'une ceinture d'explosifs. Paradoxalement (ou pas), dans le même temps les médias ont passé sous silence toute une série d'étude tendant à démontrer que les jeux vidéo pouvaient aussi développer leurs capacités intellectuelles. Visite guidée du bon côté de l'écran. N ous autres gamers sommes une espèce à part. Grâce à la pratique régulière de notre passion, nous comprenons, nous adaptons et réagissons plus vite que les humains. Ce n'est pas moi qui l'affirme, ce sont les scientifiques britanniques du très sérieux Economic and Social Research Council (ESRC)*. Ces derniers ont étudié pendant un an un panel de 800 enfants et ils concluent que les sujets s'adonnant régulièrement aux jeux vidéo développent une coordination musculaire et une capacité de concentration dignes de sportifs de haut niveau ! Et ce n'est pas tout : ils auraient plus d'amis, travailleraient mieux à l'école et seraient en avance sur leurs camarades préférant jouer aux Playmobils (ou autres). Les chercheurs de l'ESRC citent dans le même rapport des statistiques de l'université américaine de Columbia qui ont démontré le succès rencontré par les élèves quand ceux-ci avaient l'habitude de jouer sur des consoles. Non contents de devenir des surhommes, les gamers seraient en plus intelligents et populaires ! Quelque chose aurait-il changé depuis le mythe de l'ado joueur complexé et boutonneux ? En fait, tout cela n'est pas vraiment nouveau. Cela fait quelques années que les scientifiques creusent la question. En 2001, déjà, le Ministère de l'Intérieur britannique synthétisait une quarantaine d'enquêtes menées depuis les années 80 au Royaume-Uni et aux USA sur la nocivité de ces jeux. Outre qu'il relativisait leurs effets néfastes sur des bambins sains de corps et d'esprit, ce rapport soulignait déjà qu'ils pouvaient avoir un impact sur l'intelligence, dans le sens où des chercheurs avaient constaté que des enfants en retard se remettaient plus facilement à niveau lorsqu'ils jouaient sur un ordinateur. Mario Prix Nobel Précision : nous ne parlons donc pas ici de jeux pédagogiques, de simulations pré-professionnelles ou de logiciels d'entraînement cérébral. Il s'agit bien de jeux grand public bêtes et méchants, à base de monstres gluants ou de voitures de course. Un jeu comme Tetris stimule momentanément l'activité cérébrale. Selon des chercheurs américains de l'université de San Diego, ses joueurs utilisent leur mémoire immédiate de façon tellement soutenue qu'ils s'offrent de nombreuses connexions neuronales supplémentaires. Nous savons depuis la nuit des temps que le jeu est une activité fondamentalement éducative, qui participe au développement psychique et intellectuel de l'enfant. Ce n'est pas par hasard si les jeux attribués aux garçons et aux filles ont constitué pendant des siècles un entraînement à ce que la société attendait du futur adulte (poupées pour les filles, épées en bois pour les garçons - pour prendre les exemples les plus caricaturaux). Et si les jeux vidéo, avec leur complexité qui suppose un niveau d'attention de plus en plus élevé, continuaient à divertir jeunes et moins jeunes tout en les préparant à leur vie d'adulte ? Pour le psychanalyste Serge Tisseron, il est établi qu'ils aident à développer des compétences utiles à la vie de tous les jours : « Ils stimulent les fonctions d'attention – notamment visuelle – et de résolution d'énigmes, ils favorisent l'apprentissage de la gestion de plusieurs tâches en parallèle – ce qui sera de plus en plus important dans une société où les stimulations sont toujours nombreuses et variées – et ils constituent enfin d'excellents supports de socialisation »*. Ce dernier point n'est pas une surprise. Tout joueur expérimenté de World of Warcraft sait ce qu'abattre le monstrueux Illidan implique en termes d'organisation, de travail d'équipe et de discipline. Dans un groupe de plusieurs dizaines de joueurs, chacun doit tenir Dawn of War 2 (Relic Entertainment) Warcraft (Blizzard Entertainment) Command & Conquer (Westwood Studios) Une étude ultérieure effectuée sur 303 opérations confirmait cette tendance : les jeux impliquant des compétences spatiales et nécessitant une bonne dextérité manuelle augmentent significativement le taux de réussite et la rapidité des opérations. son rôle à la perfection sous peine de provoquer un échec collectif. Pas besoin d'être un scientifique pour s'imaginer qu'une telle expérience puisse être instructive en termes de communication et de discipline de groupe (voir notre interview). Certaines implications sont plus inattendues, et elles ne concernent pas que des enfants ou des adolescents. Dans une série d'études présentées à la conférence 2008 de l'American Psychological Association (APA), le Dr Douglas Gentile, directeur du Media Research Lab de l'Université de l'Iowa, a exposé combien les jeux vidéo pouvaient se révéler bénéfiques pour l'activité de chirurgiens (et donc pour leurs patients) ! Un premier test portait sur 33 opérations. Il montrait une corrélation forte entre la pratique vidéoludique et la rapidité et la précision du praticien. Les chirurgiens gamers opèreraient ainsi 27 % plus vite, tout en faisant 37 % moins d'erreurs ! Homo ludicus Habileté, réflexes, rapidité : les jeux vidéo participeraient ainsi au développement de l'intelligence intuitive. Mais qu'en est-il de l'intelligence déductive, celle qui est par exemple développée à l'école ? « Le jeu vidéo est d'abord une formidable école pour se rendre disponible à l'imprévu et faire preuve d'agilité intellectuelle », affirme Serge Tisseron. « Les logiciels de jeux ont en effet souvent pour caractéristique de remettre en cause à chaque niveau les stratégies précédentes, mais aussi à garder en réserve toutes les compétences acquises pour les réutiliser plus tard »*. On sait que la plupart des jeux d'action ou de plate-forme mettent déjà le joueur en face d'énigmes simples au cours desquelles il devra analyser l'obstacle et remettre en cause sa façon de jouer pour en triompher. Cette dimension est encore plus prégnante dans les jeux de tactique de type STR (Stratégie en Temps Réél), une série inaugurée par les Command & Conquer et autres Warcraft. En multijoueurs notamment, ces jeux reposent sur l'établissement d'une stratégie (quels soldats doisje recruter et combien ?) et sur son adaptation à la stratégie adverse. L'université californienne de Berkleys a ainsi mis en place un cours dédié à l'étude du jeu Starcraft* : celui-ci analyse les mécanismes du jeu et passe au crible les stratégies des joueurs à l'aide de parties enregistrées. L'objectif des étudiants est de développer leurs capacités de prise de décision... et éventuellement de grappiller quelques points bon marché. Les qualités de réactivité et d'adaptation sont davantage sollicitées à mesure que le gameplay de ces jeux évolue. Par exemple, le studio Relic Entertainment, créateur des séries Dawn of War et Company of Heroes, a enrichi ses produits d'une trouvaille : la retraite ! (NDR : Bien que ce ne soit pas le seul studio à l'utiliser). Ou comment, sur pression d'une simple touche, le joueur peut faire détaler ses braves guerriers comme des lapins. Loin d'être un détail, cette nouveauté a transformé le gameplay de ces jeux de combat. Il n'est plus seulement question de construire une armée à la chaîne et de l'envoyer au casse-pipe en espérant que vos pertes