Le teknival de Crucey a coûté 700 000
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Le teknival de Crucey a coûté 700 000
l’écho 24 HEURES EN EURE- ET- LOIR MARDI 24 JUIN 2008 / REG1 Il a rassemblé 26 000 “teufeurs” début mai Le teknival de Crucey a coûté 700 000 ¤ Le teknival, qui s’est tenu du 1er au 5 mai à Crucey-Villages, a laissé une lourde ardoise aux services de l’Etat. Le montant de 700 000 ¤ comprend l’encadrement de la manifestation et la remise en état du site. Q uelque 26 000 amateurs de son tekno réunis sur cinq jours, des centaines d’hectolitres d’eau potable amenés par citernes, des dizaines de sanitaires chimiques installés à la hâte, une route temporaire construite pour faciliter l’accès au site... Sans oublier les équipes médicales et les sapeurs-pompiers qui ont été mobilisés sur place durant le festival mais aussi les heures de travail que les entreprises de nettoyage ont fourni pour remettre en état un site qui avait été laissé sens dessus-dessous. Hier en dressant lors d’un point-presse le bilan du teknival qui s’est tenu du 1er au 5 mai sur l’ex-base aérienne de l’Otan, à CruceyVillages, Jean-Jacques Brot, le préfet d’Eureet-Loir, a lâché le montant de l’ardoise laissée par les “teufeurs” à la collectivité : environ 700 000 ¤. A titre de comparaison et bien que le chiffre ait été tenu secret longtemps par les autorités de l’époque, le teknival de Crucey en août 2005 n’avait alors coûté “que” 500 000 ¤. Comme il venait de le faire devant les élus locaux du Drouais, dont le conseiller général et maire de Châteauneuf-en-Thymerais, Jean-Pierre Gaboriau (MoDem), ou encore le député et maire de Dreux, Gérard Hamel (UMP), mais aussi des représentants du parquet de Chartres et de la gendarmerie, le préfet a donc énuméré les raisons de cette inflation. « Aucun chien éventré n’a été retrouvé » « Contrairement à mon prédécesseur en 2005, nous n’avons pas eu de contact cette année avec des médiateurs du teknival. Il y a trois ans, les autorités avaient négocié avec eux que toutes les sonos soient coupées deux heures chaque jour afin que les “teufeurs” puissent nettoyer le site et ses abords. Comme ça n’a pas été possible à Crucey-Villages, le 5 mai. A l’issue du teknival, plusieurs tonnes de détritus jonchaient le tarmac de l’ex- base aérienne. Des ordures qu’une société de nettoyage a mis plusieurs semaines à déblayer (photo d’archives François Feuilleux). organiser cette année, les entreprises de nettoyage ont eu beaucoup plus de détritus à ramasser », a souligné Jean-Jacques Brot. Le préfet a affirmé que « le site est à ce jour nettoyé et remis en état ». « Aucun chien éventré n’a été retrouvé, pas plus qu’en 2005 », a-t-il réaffirmé pour tordre le coup à cette rumeur qui veut que les “teuffeurs” fassent rentrer de la drogue sur le site des teknivals en en faisant ingérer à leurs animaux de compagnie. « Outre l’accident de Verneuil-sur-Avre qui a coûté la vie à un motard qui avait usé de produits stupéfiants au teknival, le bilan médical et sanitaire de cette manifestation est positif. Le poste médical avancé a accueilli le même nombre de patients qu’en 2005, c’est-à-dire 139, mais qui étaient en proie à des pathologies moins graves », a indiqué JeanJacques Brot. Sur le volet judiciaire, le représentant de l’Etat a rappelé que les forces de l’ordre avaient procédé à 73 interpellations qui avaient donné lieu à 17 détentions provi- soires. « Tous les types de produits stupéfiants qui existent ont été saisis. Cela représente plusieurs kilos de drogue. Nous avions aussi saisi 95 000 ¤ en numéraires, qui provenaient de trafics », a précisé, au côté du préfet, le colonel Alexis Jaraud, commandant le groupement de gendarmerie d’Eure-et-Loir. De moins grande ampleur que l’édition 2005, qui avait accueilli 45 000 “teufeurs”, la dernière édition a continué de traîner derrière elle sa réputation sulfureuse. STEPHANE MARCHAND Quel avenir pour ces rassemblements ? sujet. Dans le rapport qu’il doit prochainement livrer, il préconise l’organisation de teknivals de plus petite taille que ceux qui se déroulent aujourd’hui mais selon un calendrier précis et sur des sites dédiés. Des conclusions qui ne satisfont pas le député et maire de Dreux, Gérard Hamel (UMP). Lequel est allé, la semaine passée, relayer l’irritation des élus locaux du Drouais, générée par le second teknival de Crucey, auprès du secrétaire général de la présidence de la République, Claude Guéant. ace au phénomène des free-parties (rave-parties sauvages) qui tendaient à se multiplier sur le territoire national, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, a décidé au début des années 2000 de faire entrer le mouvement tekno dans un cadre plus institutionnel. Les teknivals d’aujourd’hui et plus particulièrement les deux manifestations qui se sont tenues en août 2005 et en mai dernier sur l’ex-base aérienne de l’Otan, à CruceyVillages, constituent l’aboutissement de cette politique d’encadrement des festivals de musique tekno. F SITES DÉDIÉS Aujourd’hui, les pouvoirs publics doivent faire face à une nouvelle problématique. Une frange des amateurs de tekno, les purs et durs et les plus libertaires, continuent de prôner l’organisation sauvage de rave-parties non encadrées comme celle qui s’est tenue ce week-end à Marboué (notre édition d’hier). Quant aux teknivals qui accueillent plusieurs dizaines de milliers de “teufeurs”, ils ont toujours aussi mauvaise presse et continuent de générer quelques inquiétudes et nuisances partout où ils se tiennent. Jean-Louis Dumont (PS), député de la Meuse, travaille donc actuellement sur le Crucey-Villages, le 3 mai. Les teknivals rassemblant plusieurs dizaines de milliers de “teufeurs” sont-ils condamnés, au profit de manifestations tekno de taille plus petite ? (photo d’archives Sébastien Couratin). « Je me suis aussi fait le relais de ce mécontentement », a relaté hier JeanJacques Brot, le préfet d’Eure-et-Loir. « De la même façon, on s’est fait l’écho avec Gérard Hamel auprès des ministères de tutelle de la question qui est posée sur l’avenir de cette ancienne base aérienne de l’Otan, aujourd’hui gérée par l’armée de terre. On nous répond que cette emprise présente un intérêt stratégique utile à l’entraînement de nos forces », a indiqué le préfet. « Si c’est le cas, je souhaiterais alors que ce site soit gardienné 24 heures sur 24 et qu’il soit complètement dépollué. J’ai d’ailleurs l’intention de remettre bon ordre dans l’autorisation d’occupation temporaire dont bénéficie un éleveur d’ovins ainsi qu’une société de chasse », a conclu le préfet. ST.M.