Bertin Nahum, un an après « Une petite start-up

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Bertin Nahum, un an après « Une petite start-up
Bertin Nahum, un an après « Une petite start-up montpelliéraine identifiée par les Nord-Américains »
Midi Libre ,
VINCENT COSTE,
10 September 2013,
1011 mots,
Français,
MIDLIB,
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En septembre 2012, le dirigeant de Medtech était distingué internationalement.
Voici un an, la société Medtech, implantée dans d'anonymes locaux du parc Bellegarde à Castelnau-le-Lez et spécialisée dans l'assistance robotique à la chirurgie,
fêtait son dixième anniversaire dans un climat de douce euphorie. Son créateur, Bertin Nahum, qui sera décoré de la Légion d'honneur par la ministre Fleur Pellerin
demain (lire ci-dessous), venait d'être distingué par la revue canadienne
Discovery series comme l'un des dix entrepreneurs les plus révolutionnaires dans le domaine de la haute technologie. Le patron de Medtech occupait la quatrième
place, précédé par les seuls Steve Jobs, Mark Zuckerberg (M. Facebook (javascript:void(0);)) et James Cameron (le réalisateur d'
Avatar).
« Mon parcours, je n'en suis ni fier, ni honteux » Bertin Nahum, ingénieur électronicien et robotique de formation, se voyait honoré pour l'invention de Rosa, robot
assistant les neurochirurgiens lors de biopsies, d'implantations d'électrodes et autres interventions à crâne ouvert. Rosa, dont il a vendu une vingtaine d'exemplaires à
400 000 € pièce (
« hors options ») à des hôpitaux ou cliniques sis aussi bien au Canada ou aux États-Unis qu'en Chine ou en Russie.
« Mais je ne suis toujours pas arrivé à en placer un au CHU de Montpellier. Parfois, je me dis que ce n'est pas vraiment normal », préfère-t-il en sourire. Puis il accepte
de concéder, fataliste, que
« oui, effectivement, on n'est pas toujours prophète en son pays ». Mais il n'en rajoutera pas sur la question :
« Parce que nous ne sommes pas ignorés ici. Nous avons déjà vendu du matériel à la clinique du Millénaire (javascript:void(0);), les premiers à nous faire confiance
d'ailleurs. Et localement nous avons été aidés, par les collectivités notamment. J'ai conscience que nous sommes aussi le fruit d'une politique menée sur ce territoire
pour développer l'innovation. L'éclosion des pépinières par lesquelles nous sommes passées (lire aussi ci-contre, NDLR)
en est également la preuve. » Et de dresser ce constat, sur la foi de son expérience :
« Dans le secteur d'activités où nous travaillons, les Allemands ou les Américains privilégient avant tout et très majoritairement leurs entreprises nationales. En France,
être français peut parfois s'apparenter à un handicap. Comme si on avait l'impression que l'herbe est toujours plus verte ailleurs. Et au final, ce sont les Nord-Américains
qui, à chaque fois, ont reconnu notre savoir-faire. Mais attention, je ne vénère pas l'Amérique du Nord en disant que tout est merveilleux là-bas. J'ai vécu deux ans à
Montréal et New York, je sais de quoi je parle. Mais je crois que nous devrions être plus conscients de nos forces. » Ceci posé sur le ton courtois de celui qui ne veut
pas passer pour le self-made-man donneur de leçons. Impression encore renforcée quand on l'interroge sur son parcours de natif du Sénégal d'origine béninoise,
orphelin à 14 ans, enfant de la Ddass :
« Mon parcours, je n'en suis ni fier, ni honteux. Ça peut faire école, ou entrer en résonance pour pas mal de gens, mais bon, je ne veux pas tenir un discours extrême
là-dessus. Je ne veux ni tomber dans la négation de la réalité - mon histoire c'est mon histoire, je ne travestis rien -, ni être le porte-drapeau de quoi que ce soit. » Et sa
succes story ou sa récente notoriété médiatique n'y changeront rien. Pas plus qu'une Légion d'honneur.
VINCENT COSTE
[email protected]
LA SOCIÉTÉ Hier Après des études à l'Insa de Lyon et à Coventry, et après avoir travaillé dans plusieurs sociétés spécialisées en robotique chirurgicale, Bertin Nahum
a fondé Medtech en 2002 en intégrant l'incubateur de l'École des mines d'Alès. La société est ensuite hébergée à Cap Omega avant de voler de ses propres ailes à
partir de 2007. Elle développe alors un premier robot (Brigit, un acronyme, comme pour Rosa) spécialisé dans la chirurgie du genou. Une offre d'achat d'un gros groupe
américain (Zimmer) refusée plus tard (
« Mais on a fait un accord avec eux sur l'achat de brevets »), Rosa naît en 2007. Il est utilisé depuis 2009 dans les procédures opératoires.
Aujourd'hui La société Medtech (2 M€ de chiffre d'affaires) se place dans une logique d'expansion. Sur laquelle son dirigeant ne souhaite pas se prononcer dès lors
qu'est évoquée une éventuelle entrée sur le marché boursier. En revanche, Bertin Nahum confirme le développement d'une nouvelle machine pour la chirurgie de la
colonne vertébrale. Un premier patient pourrait être prochainement opéré avec cette technologie dans un établissement de Montpellier. Enfin, cette entreprise qui
compte vingt salariés (plus deux commerciaux affectés au bureau de Newark dans le New Jersey aux États-Unis) entend doubler ses effectifs dans les douze à dix-huit
prochains mois. Et l'agrandissement des modestes locaux de Castelnau (où Medtech produit tout, des études à la fabrication des robots en passant par le service
après vente) est d'ores et déjà à l'étude. La ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, de l'Innovation et de l'Économie numérique, Fleur Pellerin,
accrochera demain la rosette à la boutonnière du costume de Bertin Nahum. Elle le connaît déjà puisqu'il l'avait accompagnée lors d'un voyage officiel en Corée. Un
moment qu'il vivra en présence d'une centaine d'Héraultais 'montés' avec lui au ministère :
« Au-delà du palmarès qui a peu de sens, le classement de cette revue canadienne a permis que les Nord-Américains identifient une petite start-up montpelliéraine.
Maintenant, à Medtech, nous voulons créer une belle histoire industrielle. Et continuer à œuvrer pour le plus important : soigner les patients. » Bertin Nahum dixit.
LE CHIFFRE 1 000
1 000 patients ont déjà été opérés avec le robot Rosa qui a rendu Medtech et Bertin Nahum célèbres. Rosa est commercialisé depuis maintenant quatre ans.
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