SUJET : CANCER CANCER-URO
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SUJET : CANCER CANCER-URO
SUJET : CANCER CANCER-URO-NEPHRO CHAMPAGNE-ARDENNE DEPISTAGE HAS JUSTICE LIBERAUX MEDECINS RECOMMANDATIONS SANTE PUBLIQUE UROLOGIE ASSURANCE MALADIE PATIENTS-USAGERS ASSURANCE-RESPONSABILITE SOCIETES SAVANTES Cancer de la prostate: un patient, qui reprochait à son médecin un dépistage tardif, débouté de nouveau en appel REIMS, 13 janvier 2015 (APM) - La cour d'appel (CA) de Reims a de nouveau débouté mardi 6 janvier un sexagénaire atteint d'un cancer de la prostate, qui réclamait réparation à son ancien médecin traitant en lui reprochant de lui avoir prescrit tardivement un dépistage par dosage du PSA, a-t-on appris mercredi de source professionnelle. Le patient réclamait près de 500.000 euros au Dr Pierre Goubeau, médecin généraliste, estimant qu'il était responsable d'un retard de diagnostic fautif ayant empêché toute intervention radicale (cf APM VGQC4002). Le tribunal de grande instance (TGI) de Troyes l'avait débouté en mars 2013 (APM VGQCP004). Le plaignant reprochait l'absence de prescription d'un dépistage du cancer de la prostate par dosage du PSA début 2003, à la suite d'un "check-up" effectué dans un centre de santé fin 2002, et lors duquel ont été constatés des troubles mictionnels et une prostate "légèrement augmentée au toucher rectal". En septembre 2007, des signes cliniques évocateurs avaient conduit le médecin à prescrire un dosage du PSA et à adresser son patient chez un urologue, qui a diagnostiqué un cancer un mois plus tard. Après avoir été condamné en référé en 2009 à verser 15.000 euros de provisions à son ancien patient sur la foi d'une expertise contradictoire, le Dr Goubeau avait obtenu gain de cause au fond en mars 2013. Le TGI de Troyes avait écarté l'expertise, conduite par un généraliste et un urologue radié par la suite de l'ordre des médecins, le Dr Jean-Pierre Giolitto (cf APM NCPE4001). Les premiers juges avaient conclu à l'absence de faute du médecin, relevant notamment l'absence de consensus scientifique sur l'opportunité du dépistage systématique sur la période des faits. En appel, le patient a reçu le renfort de l'Association nationale des maladies du cancer de la prostate (Anamacap), qui a produit un avis du Pr Guy Vallancien concluant à la responsabilité du médecin. CONFIRMATION TOTALE DU JUGEMENT DE PREMIERE INSTANCE La cour d'appel a toutefois confirmé point par point l'analyse développée par le TGI de Troyes, et taclé la partie civile en écartant deux avis juridiques d'un professeur de droit communiqués quatre jours avant la clôture de l'instruction du dossier, ce qui ne permettait pas à la défense d'en faire l'analyse. Dans son arrêt, dont l'APM a eu copie, la CA a estimé qu'il s'agissait là d'une "déloyauté procédurale caractérisée". Sur le fond, les magistrats de Reims ont de nouveau écarté les rapports d'expertise versés au dossier en 2009 et 2011, mettant en avant la confusion entretenue sur la problématique liée au dosage du PSA, le doute qu'ils laissent planer "sur la nature exacte de la faute reprochée" au Dr Goubeau et "l'absence d'assise médicale" de leurs conclusions. La cour souligne l'ambiguïté du reproche adressé au médecin qui n'a pas prescrit de dosage du PSA, "la question étant de savoir si ce dosage devait intervenir dans le cadre d'un dépistage en l'absence de tout symptôme ou dans le cadre d'un diagnostic individuel en présence de symptômes". Or, la cour constate que les développements des experts "mêlent systématiquement les considérations propres au dépistage individuel avec celles relatives au dépistage de masse". S'agissant du préjudice du patient, la cour confirme qu'il "ne pouvait consister qu'en une double perte de chance d'avoir pu obtenir un diagnostic plus précoce puis d'avoir pu bénéficier d'un traitement chirurgical moins lourd et plus efficace". Elle reproche aux experts d'avoir conclu à l'indemnisation de l'intégralité du préjudice, en tenant pour acquis l'existence d'un cancer dès 2003 et les modalités de traitement qui aurait pu être entrepris, tout en postulant que le meilleur traitement possible était la chirurgie totale, en méconnaissance des recommandations de l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes, aujourd'hui intégrée à la Haute autorité de santé -HAS) de septembre 2004. L'absence de consensus scientifique sur l'une ou l'autre des options thérapeutiques (prostatectomie totale, radiothérapie externe et curiethérapie), "met en échec les conclusions expertales qui, sans élément de discussion critique, ont adopté comme pétition de principe que [le patient] avait perdu la chance de bénéficier d'une chirurgie totale alors que son cancer, découvert seulement en 2007, n'était plus opérable", selon la cour. Enfin, elle réaffirme "l'absence de consensus scientifique sur l'opportunité préventive du dosage systématique de l'antigène de la prostate" en l'absence de tout symptôme, en relevant les positions contradictoires de la HAS, de l'Académie de médecine et de l'Association française des urologues (AFU). L'AVIS DU PR VALLANCIEN ECARTE Le Dr Dominique Dupagne, qui a pris fait et cause pour son confrère, avait médiatisé son cas et pointé ces contradictions sur son site internet Atoute.org, rappelle-t-on. Il faisait valoir que, de 2002 à 2007, l'Anaes avait rendu des avis défavorables au dépistage systématique par dosage du PSA (1999 puis 2004), tout en contre-indiquant ce dosage dans le diagnostic d'une pathologie prostatique autre que cancéreuse ainsi que dans le cancer de la prostate (décembre 1998), et la prise en charge de l'hypertrophie bénigne de la prostate (mars 2003). La cour a écarté tout retard de diagnostic fautif imputable au Dr Goubeau, accusé par le patient de ne pas avoir tenu compte des éléments signalés en 2002, ni donné suite aux troubles urinaires dont il aurait régulièrement souffert entre 2003 et 2007 mais sans pouvoir en apporter la preuve. Les magistrats relèvent notamment que les constatations du centre de santé (troubles mictionnels et légère augmentation de la prostate) fin 2002 ne constituaient pas des signes évocateurs du cancer de la prostate, et notent ensuite l'absence de mention de ces troubles urinaires dans le dossier médical tenu par le Dr Goubeau, dont ils soulignent par ailleurs l'exhaustivité au fil des ans. Enfin, ils contestent la pertinence de l'avis du Pr Vallancien en raison de sa partialité. Ils notent à cet égard que certaines remarques "prennent pour postulat la réalité des plaintes du patient et ne se fondent que sur des propos rapportés par celui-ci de sorte qu'elles ressortent davantage d'affirmations péremptoires que d'une démarche scientifique basée sur des hypothèses vérifiées". Comme les juges de première instance, les magistrats ont donc conclu à l'absence de faute du médecin, tant au premier stade de la prise en charge du patient dans les suites immédiates de son examen au centre de santé en décembre 2002, que pour la période allant de 2003 à 2007. La CA de Reims a débouté le patient, condamné aux dépens, ainsi que l'Anamacap. vg/ab/APM polsan [email protected] VG9NHT8PX 13/01/2015 17:38 ACTU CANCER-HEMATO ©1989-2015 APM International.