Faust - Médiathèque de la Cité de la musique
Transcription
Faust - Médiathèque de la Cité de la musique
Willem Breuker – Faust Lundi 17 et mardi 18 février 2003 Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours maximum avant chaque concert : www.cite-musique.fr programme 1 Cité de la musique Le merveilleux 2 Faust Avec Faust, en 1926, Murnau donne sa version du célèbre pacte avec le diable qui reste associé au nom de Goethe. Les trucages abondent, repris de ce chef-d’œuvre que Murnau tourna deux ans auparavant, Le Dernier des hommes. Ce sont, largement imités par d’autres depuis, des travellings et des panoramiques, des angles inattendus, des plongées et contre-plongées, des surimpressions, des flous, des lentilles déformantes ; bref, la caméra, selon le mot de Marcel Carné, devient un véritable « personnage du drame », doté d’une autonomie et d’une ubiquité inquiétantes. Pour inattendue qu’elle soit, la rencontre du cinéma expressionniste avec des musiciens d’aujourd’hui, sur scène, devrait rendre justice à cette mobilité de la machine à regarder. Surtout quand on sait que le Kollektief fondé en 1974 par Willem Breuker (saxophoniste, clarinettiste et compositeur) joue en virtuose des hybridations et des greffes entre les genres musicaux ; jazz teinté de free, idiomes populaires, marching bands, musiques de cirque, mais aussi Kurt Weill, Gershwin ou Ennio Moricone forment une palette sonore infiniment plastique. Lundi 17 et mardi 18 février – 20h Salle des concerts Faust : Eine deutsche Volkssage de Friedrich Wilhelm Murnau (1926) 3 Willem Breuker Kollektief Willem Breuker, leader, saxophones, clarinettes Hermine Deurloo, saxophone ténor, harmonica Maarten van Norden, saxophone ténor Andy Altenfeldr, trompette Boy Raaymakers, trompette Andy Bruce, trombone Bernard Hunnekink, trombone Arjen Gorter, contrebasse Henk de Jonge, piano Rob Verdurmen, percussions Durée du spectacle : 1h46 sans entracte programme lundi 17 et mardi 18 février Musique de Willem Breuker (2002-2003) (Commande de la Cité de la musique, créations) Faust 4 Le Faust de Willem Breuker Originaire d’Amsterdam, le saxophoniste, clarinettiste, compositeur et chef d’orchestre Willem Breuker fut, dans les années 60, l’un des éléments moteurs d’une nouvelle musique européenne, mouvement musical à la fois issu du jazz et s’en démarquant pour aller à la recherche de ses propres cultures et traditions. Mais, contrairement à nombre de ses confrères d’alors, Breuker ne se limite pas à la free music improvisée et aborde très tôt la composition. Cofondateur en 1967 de ICP, la première maison de disques européenne autogérée, il crée sa propre compagnie, BVHaast, en 1974, en même temps qu’il forme un orchestre de dix à douze musiciens, le Willem Breuker Kollektief, qui, au fil des ans, va se forger une immense réputation. Très attaché à l’aspect visuel de la musique, une musique forte et directe qui conjugue, en une exécution rigoureuse, précision, humour et liberté, Willem Breuker applique ses idées dans des spectacles de théâtre musical où les musiciens de l’orchestre deviennent eux-mêmes les acteurs de la pièce. Refusant les barrières entre musiques « sérieuses » ou non, il manifeste une passion très vive pour les plus « triviales » (orgues mécaniques, harmonies et fanfares, mélodies populaires, etc.) comme les plus savantes (classiques et contemporaines). Breuker s’intéresse tout particulièrement aux musiciens qui, comme Gershwin, Weill ou Morricone, dont il interprète souvent les œuvres avec son Kollektief, ont su combiner des formes différentes pour produire une musique de qualité, parfois d’écriture difficile mais accessible au plus large public, ce qui demeure sa préoccupation constante. Chez lui, la densité et la complexité n’empêchent pas la lisibilité, et les fréquents rebonds, cassures rythmiques et intégrations d’éléments parfois incongrus, sont destinés à maintenir en éveil l’attention de l’auditeur/spectateur. L’intérêt de Willem Breuker pour le cinéma procède de la même pensée créatrice et critique. Il n’illustre ni 5 commentaires n’habille des images mais cherche à faire entrer la musique dans l’action. D’où une collaboration étroite avec les metteurs en scène. Dès 1966, il écrit ( s i c ) une partition à la graphie délirante pour Sigaar 70 de Tjebbe van Tijnen et joue en quartette sa première musique pour Johan van der Keuken, Un film pour Lucebert. Ce film marque les débuts d’une étroite et longue collaboration entre le musicien et le cinéaste documentariste : onze musiques parmi lesquelles Le Nouvel Âge de glace (1974), Les Palestiniens (1975), La Jungle plate (1978), Le Maître et le Géant (1980), I Love Dollars (1986), sur les trente et quelques écrites par Breuker pour le cinéma. Accepter d’écrire la musique pour une œuvre cinématographique ancienne, qui plus est muette, peut donc apparaître pour Breuker comme une gageure, une sorte de défi monumental, d’autant que le film de Murnau dure plus d’une heure trois quarts – la dimension de l’œuvre est donc celle d’un opéra. Ce projet musical n’est pourtant pas en contradiction avec son travail, d’autant que la musique, interprétée en direct par le Kollektief, va vivre sous nos yeux en même temps que les images. Outre une expérience antérieure sur un film muet, Willem Breuker a composé de nombreuses musiques pour des pièces de théâtre d’Aristophane, Hugo Claus, Peter Handke, Roland Topor, Antonin Artaud, Alexandre Dumas et, bien sûr, Bertolt Brecht. Mais cette parfaite connaissance de cet auteur et du cabaret berlinois (Kurt Weill, Hanns Eisler) n’a guère d’influence sur le travail effectué avec l’œuvre de Murnau, cinéaste allemand certes contemporain, mais qu’on rattache plutôt aux mouvements expressionnistes. Les scènes sont lentes, les expressions des acteurs théâtrales et amplifiées. Breuker s’est donc astreint à composer en suivant rigoureusement chaque séquence, chaque image, et dans le mouvement même d’une action qui laisse peu de place à l’improvisation. Le compositeur s’est réservé le droit d’exploiter toutes les possibilités musicales sans chercher à 6 Faust recréer ou à pasticher une musique d’époque. Il en résulte une partition riche, dense, attrayante, parfois amusante et qui doit retenir l’attention. En fait, Murnau et Breuker manifestent des approches voisines. Ils cherchent la simplicité, la clarté, rejettent tout ce qui surcharge l’écriture ; leur travail possède une qualité « plastique » faite de mouvement, de décalages, d’instabilité, de contrastes : les oppositions de timbres et juxtapositions rythmiques du second correspondent aux ombres et aux reflets du premier, servis chez l’un comme chez l’autre par la maîtrise du récit et un sens aigu de la progression dramatique. Charles Jameux parlait, à propos de Murnau, de « transfiguration poétique de la réalité ». Musicien « réaliste » et d’action, Willem Breuker détient également les bases solides nécessaires à un envol vers les sphères du fantastique et du merveilleux. La légende de Faust a, après Goethe, inspiré de nombreux musiciens (Spohr, Berlioz, Gounod, Schumann, Liszt, Busoni…). Libre à chacun désormais d’ajouter Breuker à cette prestigieuse assemblée. Jean Buzelin Willem Breuker est né à Amsterdam le 4 novembre 1944. En 1966, il provoque un scandale au Loosdrecht Jazz Concours avec Litany (son premier disque publié) ; il devient musicien professionnel et intègre la formation du et en ex-Yougoslavie. L’orchestre, qui donne une centaine de concerts par an, fonctionne selon un principe égalitaire : chaque musicien (et son chef), qu’il soit membre de l’orchestre depuis 28 ans ou qu’il vienne d’y entrer, touche un cachet identique. Willem Breuker a composé environ 400 œuvres dans tous les genres musicaux : musiques de films, de scène et de théâtre, productions télévisées, pièces pour orchestres symphoniques, ensembles de musique de chambre, solistes, chorales, orgue de Barbarie, carillons, etc. Il a écrit et joué avec ses musiciens, des comédiens, des chanteurs ou des danseurs, 16 pièces de théâtre musical. Sa musique apparaît dans près de 150 disques dont 32 du WBK parus entre 1974 et 2002. Cité de la musique Direction de la communication Hugues de Saint Simon Rédaction en chef Pascal Huynh Rédactrice Gaëlle Plasseraud Secrétariat de rédaction Sandrine Blondet 7 Friedrich-Wilhelm Murnau naît à Bielefeld, en Westphalie, le 28 décembre 1889. Pendant ses études, à Heidelberg, il s’intéresse au théâtre et apprend la musique. Après la première Guerre Mondiale, il met en scène plusieurs pièces de théâtre en Suisse avant de débuter dans le cinéma. Il réalise ses premiers longs métrages en 1919. Nosferatu (1922) lui assure une grande notoriété avant de devenir l’un des grands classiques du cinéma fantastique. En 1924, Murnau réalise Le Dernier des hommes, marqué par l’extraordinaire composition de l’acteur Emil Jannings à qui il donne le rôle de Tartuffe (1925) puis celui de Méphisto dans Faust (1926) ; ses principaux partenaires sont Gösta Eckman (Faust), Camilla Horn (Marguerite), Frieda Richard (la mère), Wilhelm Dieterle (Valentin) et… Yvette Guilbert (Marthe). Murnau quitte alors l’Allemagne pour Hollywood où il réalise plusieurs films dont L’Aurore (1927) et Tabou (1931). Juste avant la présentation de ce dernier film, Murnau est victime d’un accident d’automobile à Santa Barbara et meurt le 11 mars 1931. Son nom figure désormais parmi les plus grands cinéastes de l’histoire du cinéma muet. vibraphoniste allemand Gunter Hampel, qu’il quitte en 1970. En 1967 c’est la création, avec Misha Mengelberg et Han Bennink, de l’Instant Composers Pool dont le premier disque est le New Acoustic Swing Duo avec Bennink. En 1971, Breuker est l’un des fondateurs du BIM (syndicat des musiciens hollandais). En 1974, après avoir quitté ICP l’année précédente, et désirant prendre en charge tous les stades de la musique, de sa production à sa diffusion, Breuker crée sa propre maison de disques, BVHaast, ouverte à tous les genres musicaux non commerciaux (environ 230 disques et CD parus à ce jour). Pour marquer l’événement, il fait exécuter sa BVHaast-Symphonie au Concertgebouw d’Amsterdam. La même année, il met sur pieds le Willem Breuker Kollektief qui va s’affirmer au fil des ans comme la première formation régulière du nouveau jazz européen. En 1975, le WBK donne son premier concert en France au festival de Massy. En 1977, l’orchestre effectue une première tournée aux Etats-Unis (une douzaine a suivi), et en 1979, joue pour la première fois en RDA. En 1980, la présentation de la Rhapsody in Blue avec le WBK et le Mondriaan Strings inaugure une série d’interprétations de « classiques » (Gershwin, Weill, Haydn, Wolff, Satie, Bartók, Rameau…) ; toujours en 1980, le Kollektief triomphe au festival d’Avignon. Après avoir parcouru le monde entier, le WBK effectue en 1997 sa première tournée en Chine. En 1998, il joue à Sarajevo biographies Biographies Prochainement… LE MERVEILLEUX vendredi 21, lundi 24 et mardi 25 février - 20h (Salle d'art lyrique du Conservatoire de Paris) The Fairy Queen, semi-opéra de Henry Purcell Monologue féerique d'Olivier Cadiot Ludovic Lagarde, mise en scène et scénographie Pierre Kuentz, assistant à la mise en scène Odile Duboc, chorégraphie Chanteurs, orchestre et danseurs du Conservatoire de Paris Richard Egarr, direction musicale Samedi 22, lundi 24 et mardi 25 février - 20h Dimanche 23 février - 16h30 Les Larmes de Marco Polo Jean-Claude Gallotta, chorégraphie et mise en scène Shuya Xu, musique originale Claude-Henri Buffard, dramaturgie jeudi 27 février - 20h Alcina opéra de Georg Friedrich Haendel Version de concert Karina Gauvin - Sandrine Piau, Thimothy Robinson Orchestre des Talens Lyriques Christophe Rousset, direction réservation ouverte durant l’entracte ou au 01 44 84 44 84 www.cite-musique.fr/resa DOMAINE PRIVÉ MARTIAL SOLAL Du samedi 1er au mardi 4 mars 6 concerts avec Eric Le Lann Quartet (1er mars), Solistes de l’EIC et Martial Solal Trio (1er mars), Michel Dalberto et Martial Solal (2 mars), le Big band du Conservatoire de Paris (2 mars), le Quatuor Diotima, Martial Solal et Lee Konitz (3 mars), Manuel Rocheman Trio et le Newdecaband (4 mars) DOMENICO SCARLATTI SUR INSTRUMENTS ANCIENS Du jeudi 6 au dimanche 9 mars 6 concerts avec Pierre Hantaï, Aline Zylberajch et Enrico Baiano, pianosforte et clavecins du Musée de la musique LES PERCUSSIONS DE STRASBOURG Jeudi 27 et vendredi 28 mars – 20h L’Âge d’or, de Luis Buñuel Musique de Martin Matalon Les Percussions de Strasbourg Dimitri Vassilakis, piano Technique Ircam Dimanche 30 mars – 16h30 Le Noir de l’Étoile, de G. Grisey Les Percussions de Strasbourg Technique Ircam