François Marin Bibliothèque municipale de Saint
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François Marin Bibliothèque municipale de Saint
François Marin Bibliothèque municipale de Saint-Etienne LA BIBLIOTHÈQUE NOUVELLE DE SAINT-ETIENNE DE LA MÉDIATHÈQUE DU FUTUR D'AUJOURD'HUI A l'origine velle du projetde la noubibliothèquede SaintEtienne, le soucidesprofessionnelsde remplacerunéquipement désuetet inapproprié,de type XIXe siècle - installé en 1962 dans un ancienhôtel particulier -par un bâtimentmodernerépondant aux besoins actuels de la lecture publique, rencontrela volontémunicipaled'accompagnerle soutienà une économieen difficulté par une politiqueculturelle active. Le premiersuccèsdansce domaine est la création du Musée d'art moderne, qui contribue à redorer l'imagedeSaint-Etienne à l'extérieur. En ce qui concerne la bibliothèque,la décision procèdeégalementd'une volontéurbanistiquetendantà revitaliser l'ouest stéphanois par l'implantation de servicespublics, d'où le choix du site deTarentaize, un peuà l'écartducentreville. Le principede la constructionétant acquis,la réalisationreposesur cinq typesde conceptionsbibliothéconomiques définies par le directeur, FrançoisLarbre, dans son interven- À LA MÉDIATHÈQUE tion au colloquede Niort surle patrimoine des bibliothèques du XXIe siècle,ennovembre1989 : - facilité d'accès, doublée d'une absencede hiérarchisationentreles publics ; espaces isoler le public enfantdu ne pas publicadulte,tout enoffrant pourles plus petitsun servicede bibliothèque dequartier ; - centralisationdu servicepublic en matièred'accueil,d'inscriptionset de prêt ; aisée - circulationet communication danstout lebâtiment ; - multiplicité des supportsavec un classement multimédia. La bibliothèque du XXIe siècle Pour la municipalité, il s'agit de construirela bibliothèquedu XXIe siècle,adaptéeaux exigenceset aux besoinsde l'usagerdu futur, avecun arrière-planpolitique - le prestige d'une réalisationoriginale -et fmancier - la perspective de bénéficierde subventionsparticulièresau titre des grandstravaux. La concrétisationdu projet s'inspire decesdifférentsobjectifs. Sur le plan architectural,le Danois Larsen,lauréatdu concours,en association avec le cabinet stéphanois Arch, dessineun bâtimentcarré,inspiré de la bibliothèquede Gentofte, près de Copenhague, selonun plan trèssimple : - au sous-sol :magasins,atelierset garages ; - au rez-de-chaussée : un grand espacecentralentourépar des salles plusspécialisées ; - au 1" étage : une galeriequi surplombe l'espacecentral du rez-dechausséeet dessertl'ensembledes bureaux. Cettearchitecture répondauxcritères énoncés précédemment : facilité d'accès,non-cloisonnement des sectionset despublics,économiede personnel. Sur le plan desnouvellestechnologies, le projet innove dans trois domainesprincipaux. D'unepart,le parti prisarchitectural a adoptéleconcept de « smartbuilding » mal traduitsousle terme de bibliothèqueintelligente, à l'exemplede la bibliothèque de Toronto. Cela se concrétise par l'utilisation de planchers techniquespermettant l'installation des réseauxcâblésqui alimentent et régulentle bâtimenten matière de sécurité,d'énergieetde communication. Un système expert de régulationet de diagnostic de pannescontrôlele niveau d'éclairement,la tempérala ture,larobotique, sécuritéqui comprenddesmoyens dedétection (incendie, effraction, de tension manque sur les réseaux secourus), des decontrôle moyens des accès (surveillance vidéo, comptaged'entréeet de sortie,verrouillagedesaccès),des moyensde contrôledel'occupation. D'autre part, ce bâtimentdevientla têted'un réseauinformatiquemettant de la pluen communles ressources part des établissementsdocumentairesde la ville. En effet, l'option a été prise dès le départ d'associer plusieurs partenairesextérieursau choix et à l'utilisationdu systèmeinformatiquede la bibliothèquemunicipale. L'innovation, ce sont aussi les bornesinteractivesqui doivent être réaliséespar le service Energie et électrotechniquedes servicestechniquesde la Mairie. Cesconsolesde consultation,qui sontrépartiesdans tout l'espace public, permettentà l'utilisateurde ne pasavoir à manipulerde supportaudiovisuelparticulier, toutesles manipulationsétant automatisées par le système. La connexion au réseauNuméris est envisagée,avec paiementde l'usager par carteà puce. La philosophieséduisante de ce systèmeestexpliquéedansun articlede Livres Hebdo consacréà la future bibliothèque municipale de SaintEtienne :« La lectured'un livre suppose une manipulationphysiquede l'objet livre. La lecturedu contenu d'un disqueoptiqueou de tout autre support audiovisuel sefait sur un écran et n'exigepas du tout que le lecteurait préalablementmanipulé l'objet disque ; l'important est qu'il puisses'installer devantun écranet visualiser le contenu du document qui l'intéressesansavoir à décidersi l'information qu'il reçoit provient d'un magnétoscope, d'un ordinateur ou d'un lecteurdedisquescompacts. Toutescesprocéduresphysiquesde communicationpeuventêtre traitées Hebdo, 30 janvier * Livres 1989. et notresouci par desautomatismes, est qu'elles soient transparentesà l'utilisateur de la bibliothèque, et donc que toutesces sourcesd'information différentessoient intégrées dansun mêmeéquipement plutôt que juxtaposées. » L'évolution du projet Actuellement, la bibliothèque est achevéeet on peutdire que la réalisation du bâtiment est conforme au projet architectural,y comprisdans sadimension« intelligente». La partieinformatiquede l'opération a été mise en route dès 1989et se trouvedéjàà un stadetrèsavancé. En 1993,la bibliothèquemunicipale et ses annexes,la bibliothèque de l'université, la bibliothèque du Musée d'art moderne, celle des archivesmunicipales,de l'Ecole de musique,de l'Ecole des beaux-arts, de l'Ecole d'architecture,de l'ISGC (Ecole de commerce)de l'ENISE (Ecoledesingénieurs)participentau réseauBrisequi s'est dotéd'un logo au mois de juin 1992,à l'issue d'un concours ouvert aux étudiants de l'Ecole des beaux-artset de l'Ecole d'architecture. Le raccordement de l'Ecoledesmines deSaint-Etienne estprévuen 1994. L'organisationen réseauprésentede nombreux avantages,tant pour le professionnel que pourl'utilisateur. Pourle professionnel des : relations plus étroites entre les différentes bibliothèques, des uneharmonisation pratiques,la possibilitéd'établir une politiqued'acquisitionset de conservationpartagée. Pour les utilisateurs : une carte unique, l'accès à un catalogue collectif consultable surl'Opacou partélématique (36-15 Brise), la liberté d'accèsà touslespointsde réseau. Loin d'être fermé sur lui-même,le réseau Brise a établi une liaison aspectsdits « de hautetechnologie », qui comprenaientle systèmeexpert et les bornes multimédias interactives. Le systèmeexpert,jugé trop complexe,a étéremplacépar un système plus simpled'aide au diagnosticde pannes,qui contrôletoute l'installation de distribution électrique,courants faibleset courantsforts, dans les domainessuivants : effraction, incendie, distribution de l'image, robot,installationélectrique,contrôle d'accès,téléphone,groupede sécurité (onduleur). Le diagnosticde pannescontrôleen permanencele fonctionnementdes matériels de communicationet les équipements de sécurité.Ce dispositif détecteles panneset indiqueinstantanément l'élémentdéfaillant :un messageaffiché sur un écrantactile précisela conduiteà tenir et indique lescoordonnées del'entrepriseà prévenir. Dans un environnementtechnologique sophistiqué, ce systèmeest un outil précieuxqui garantit la continuité du serviceet entraîneunediminutiondescoûtsde maintenance, par un repérage fiable et rapide des défaillances. La réalisationdesbornesinteractives, séduisantes sur le papier,s'est révélée très difficile à concrétiser,d'une part pour des raisons techniques, Transpacavecla bibliothèquemunicipale de Lyon, qui permetd'avoir accèsau fonds de cette très importantebibliothèque.Les deux bibliothèquesde Saint-Etienne et de Lyon sontd'ailleurs amenéesà renforcer leurcollaborationdansle cadred'une conventionde coopérationdocumentaire signéepar les mairesdesdeux villesle 23 novembre1993. Enfin, le réseauBrise est candidat pour constituerun pôle associéà la BibliothèquedeFrance. En revanche,le projeta subide nombreuses modifications dans ses mêmesi lesservicestechniques de la ville ont pu réaliserce type de produit en laboratoire,à titre expérimental, d'autre part pour des raisons financières,alors mêmeque l'Etat boudaitle projetstéphanois, en refusant sa candidature au titre des Grandstravauxauprofit de Limoges. On estdoncrevenuà uneconception plus classiquede postesde consultation spécialiséspar typede support : vidéo, catalogueinformatique,puis CD-Romen 1994. C'est finalement la bibliothèque municipalede Lyon qui auraréalisé la premièreborne multimédia,mais avec d'autres moyens,et dans une configurationdifférentede celle qui étaitprévueà Saint-Etienne. L'intégration de la cinémathèque En revanche,le secteurvidéoa pris une tout autredimensionque dansle projetinitial, grâceà la décisionpolitique d'intégrer au nouvel équipement la cinémathèque de SaintEtienne,institutionprestigieuse créée en 1922. Cetteintégrationa entraînéd'importantesmodificationsdans l'affectation des locauxà l'intérieurdu bâtiment : A l'étage : créationde locaux techniquespour lesactivitésspécifiques de la cinémathèqueet de bureaux administratifs. Au rez-de-chaussée : - aménagement d'une salle de consultation audiovisuelle sur le modèlede la Vidéothèquede Paris, avec 10 postesindividuelsalimentés par un robotd'unecapacitéde 1 066 cassettes enformatHI-8 ; d'une salle de pro- aménagement jectionet deconférences d'une capacité de 123 placesassises,équipée d'unecabinede projection16 mm et d'un vidéoprojecteur. En sous-sol :magasinfermé et climatisépour la conservation desfilms et desmicroformes. La doubleintégrationde l'équipe (9 techniciens et administrapersonnes, tifs) et descollections (fonds local ancien, cinéma d'art et d'essais, documentaires)de la cinémathèque crée les conditionsidéalespour une bonne interaction entre le livre et l'image dans la nouvelle bibliothèque,tantau niveaude la consultation que de l'animation,par exemple auniveaude l'histoirelocale(la cinémathèqueconserve un patrimoine d'imagesuniqueen province)ou du secteur jeunesse. Le parti pris multimédiade la nouvelle bibliothèquese fait également sentir dansl'organisationintérieure, qui reposesur le refus des ghettos entre les publics, commeentre les supportsde ladocumentation. D'où le regroupementau rez-demilieude la salleet visiblede tous,a chaussée de touslesservicespublics, pour vocation de répondre à des implantésdans un grand espaceen demandesde toutes sortes, sur le accèslibre, où cohabitentles diffémodèle des Reference Libraries anglo-saxonnes. rents supports : livres et produits dérivés : livres en gros caractères, Autour de ce grand espacecentral livres-cassettes,textes lus, périosont disposéesplusieurs salles de diques,CD, cassettes VHS destinés consultationspécialisées en fonction descontraintesdecommunication : au prêt, quel que soit leur niveau - une salle de référenceoù sont ras- logiciels de large diffusion ou s'adressant à un publicplusaverti. sembléstous les usuelset les outils situéau nécessaires à une information Le postederenseignements, rapide :dictionnaires,encyclopédies, manuels,borne minitel, lecteursde microformeset de CD-Rom (prévu en 1994) ; Toutefois, ces différents supports sont juxtaposés - on trouvera par exemplelesouvragessurle cinémaà côté des rayonscontenantles VHS de prêt -, maisnon mélangés, ce qui séduisant,mais est intellectuellement souventpeupratiqueà l'usage ; - une salle de consultation vidéo pour le visionnementdu fonds de la cinémathèque et du fondsde vidéos documentaires ; les - unesalledeprojectionaccueillant séances de la cinémathèque, deslec- turespubliqueset desconférences; - une salle pour la consultationdes fondsancienset locaux ; - une sallede lectureet de prêt pour lesjeunesenfantsjusqu'à 12 ans. Enfin, la simplicitéarchitecturale du bâtiment, dimension intelligente sa « » et la facilité des communications internes sontun facteurd'économie sur le plan deseffectifset de la mainteimportant nance,aspectextrêmement quandon saità quelpointlescoûtsde fonctionnement pèsent surl'activitédes médiathèquescrééesces dernières années,avectouteslesconséquences qui en découlent surla qualitédu servicepublic,etle moraldupersonnel. La nouvellebibliothèquede SaintEtienneest-elleunemédiathèque ? Certainement, si on définit la médiathèquecommeunebibliothèquemultimédia. Davantage encore si on considèreque desprofessionnels du livre - ceuxde la bibliothèque et - de l'image animée -ceuxde la cinémathèque -vont êtreamenésà collaborer dans une mêmeentité,et autour d'objectifscommuns. Et ces professionnels auront la chancede disposerd'un outil adapté et évolutif,c'est-à-direrépondant aux exigencesdu moment, mais suffisammentsoupledanssa conception pour subir les transformationsque l'évolution rapidede la bibliothéconomie et de la technologierendront nécessaires dansl'avenir. Janvier1994