La dépénalisation en question
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La dépénalisation en question
LA DEPENALISATION EN QUESTION… Discours A6 de Georges AMLON Pour parler de la dépénalisation des délits de presse il faut : Définir les contours de la notion de dépénalisation des délits de presse Examiner les arguments qui militent pour ou contre la dépénalisation Etudier les manières les plus adéquates de dépénaliser QU’EST CE QUE LA DEPENALISATION? La notion de dépénalisation est une notion juridique et ne concerne pas exclusivement les délits de presse. Le terme de dépénalisation implique deux notions : Selon le « Lexique des termes juridiques » (Dalloz 12ème édition), la dépénalisation, c’est l’opération qui consiste à enlever à un fait son caractère d’infraction pénale. Dans ce cas, il s’agit, ni plus ni moins, de la suppression de cette infraction de l’arsenal pénal. Dépénalisation du cannabis Dépénalisation de l’avortement Dépénalisation de l’euthanasie Selon l’ouvrage « Droit pénal général » (Dalloz 14ème édition) c’est l’abstention de poursuites ou l’application de peines symboliques. Dans ce cas il s’agit d’assouplissement de la peine. Ce qui reviendra, pour le législateur, à retirer la sanction pénale sévère existante pour lui substituer une autre plus douce (une amende ou une réparation civile par exemple à la place d’une peine de prison). QU’EST CE QUE LA DEPENALISATION DES DELITS DE PRESSE ? La dépénalisation des délits de presse ce n’est pas : L’irresponsabilité du journaliste Une notion essentielle du droit veut que tout acte qui cause préjudice à autrui oblige celui par la faute duquel le préjudice est survenu à le réparer. Le journaliste est astreint à la même obligation. QU’EST CE QUE LA DEPENALISATION DES DELITS DE PRESSE ? La dépénalisation des délits de presse ce n’est pas : L’impunité pour le journaliste Le droit prévoit que toute personne qui viole les lois en vigueur commet une infraction, et encoure des sanctions. Le journaliste qui viole la loi doit être soumis aux sanctions qu’elle prévoit. Si la liberté de la presse doit être à tout prix préservée, elle doit comme toute autre liberté, se voir fixer les limites indispensables à la préservation de l’équilibre et de la paix sociale. De telles bornes sont fixées par les lois, et comme tout citoyen, le journaliste doit y être soumis. QU’EST CE QUE LA DEPENALISATION DES DELITS DE PRESSE ? La recherche d’une sanction mieux adaptée aux délits de presse dans un environnement démocratique. En effet, la liberté d’expression et d’opinion étant des valeurs cardinales de la démocratie, il convient que l’exercice d’un droit consacré comme essentiel, ne donne pas lieu à des sanctions pouvant le remettre en cause. QU’EST CE QUE LA DEPENALISATION DES DELITS DE PRESSE ? La revendication d’une suppression des peines privatives de liberté pour certains ou tous les délits de presse. Le débat reste ouvert sur la question de savoir si tous les délits de presse, ou certains seulement, doivent être exonérés de telles peines. Pour ou contre la dépénalisation des délits de presse ? CONTRE : La peine doit faire peur, intimider, tant l’individu que la collectivité, et par cela même, dissuader. La suppression de la dissuasion encouragera les abus. Certaines infractions ne peuvent qu’être sévèrement punies, parce qu’elles remettent en cause l’équilibre et la paix sociale. La preuve n’est pas faite que l’on peut accorder suffisamment de confiance aux journalistes pour qu’ils respectent les normes sans y être contraints. Pour ou contre la dépénalisation des délits de presse ? POUR : Il faut renforcer la liberté de presse pour consolider la démocratie, parce que le « quatrième pouvoir » est le principal défenseur du citoyen contre la mauvaise gouvernance . Le droit à l’information et à la libre expression est un droit fondamental de l’homme, et il peut être dangereux de donner à des lois le pouvoir d’empêcher son plein exercice. Pour ou contre la dépénalisation des délits de presse ? POUR : La vocation d’une sanction infligée au nom de la société devrait être avant tout de réparer. L’incarcération d’un journaliste répare-t-elle le tort causé à un tiers par un écrit même diffamatoire? Les peines de privatives de liberté transforment le journaliste en héros quelque soit sa réelle compétence professionnelle. Comment dépénaliser ? ¾ ¾ ¾ ¾ Ouvrir un débat incluant les composantes les plus représentatives de la société. Définir l’étendue des nouvelles normes (celles de la dépénalisation) au regard des enjeux vitaux de notre société. Engager une révision conséquente des textes juridiques fondant le droit des médias. Poursuivre le travail d’assainissement de la profession pour fonder la confiance que le corps social pourrait désormais placer en elle. « C’est une bonne réflexion, mais dans les pays où la dépénalisation des délits de presse est déjà obtenue, l’environnement professionnel est sain . En fait, on ne peut pas faire la dépénalisation sans professionnalisme car il faut un équilibre ». Me Abraham Zinzindohoué, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Chargé des Relations avec les Institutions, Porte-parole du Gouvernement « Mettre en prison un journaliste pour ses écrits, même s'ils sont diffamatoires, nous paraît un danger extrêmement grave pour une démocratie ». Abdou Latif Coulibaly, journaliste sénégalais Dernières nouvelles… L'Observateur Paalga / Burkina Faso / 30 Août 2004 La nouvelle a eu l'effet d'une bombe : contre toute attente, le Togo vient d'opter pour la dépénalisation des délits de presse. L'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité le projet de loi modifiant le code de la presse et de la communication. Désormais au Togo, plus de prison, mais de fortes amendes contre ceux qui se seront rendus coupables de diffamation, outrages ou autres injures. Cette révision, notons-le, fait partie d'un train de mesures prises par le régime du général Eyadema, en vue de la reprise des relations, interrompues depuis 1992, avec l'Union européenne. Dernières nouvelles… 36es ASSISES DE LA PRESSE – OUAGADOUGOU- 22 / 09 / 2004. “ Je lance un appel à tous les francophones, afin qu’ils se mobilisent pour la dépénalisation des délits de presse ”, a lancé le Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie, Abdou Diouf, à Ouagadougou aux 36es assises de l’Union Internationale de la Presse Francophone. Selon l’ancien président du Sénégal, il n’est pas normal, dans des pays démocratiques, que la loi autorise des peines de prison pour les journalistes. Cependant, Abdou Diouf a reconnu que cette dépénalisation ne servirait pas les droits de l’Homme, si elle contribuait à favoriser des délits commis par des journalistes irresponsables et incompétents. Dernières nouvelles… Mexique | 13.04.2007 : La dépénalisation des délits de presse promulguée par le président Felipe Calderón Le président de la République, Felipe Calderón, a signé, le 12 avril 2007, le décret promulguant la dépénalisation des délits de “diffamation”, “calomnie” et “injure”. Désormais, les journalistes reconnus coupables de ce type de délits seront astreints à des réparations civiles et non plus passibles de peines de prison. La dépénalisation des délits de presse au niveau fédéral avait été votée par la Chambre des députés, le 18 avril 2006, puis par le Sénat, le 6 mars dernier. Après le Honduras, le Costa Rica, le Pérou, l’Argentine, le Paraguay et le Guatemala, le Mexique est le septième pays du continent à dépénaliser les délits de presse. Dernières nouvelles… Le Parlement centrafricain de transition adopte la loi sur la presse BANGUI, 26 nov 2007 (AFP) - 13h26 – Le Conseil national de transition (CNT), Parlement centrafricain de transition, a adopté jeudi soir le projet d'ordonnance relatif à la liberté de la communication, qui supprime les peines de prison pour l'ensemble des délits de presse, a annoncé la radio nationale. Cheval de bataille de la presse indépendante privée centrafricaine depuis des années, ce texte de 120 articles a été voté par 52 voix pour et 2 contre, après plus de dix heures de débats et de discussions passionnés.