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© Marc Domage
Ai Weiwei
Zodiac Heads / Circle of animals 2010
FIAC HORS LES MURS - JARDIN DES TUILERIES
Ai Weiwei est un artiste chinois aux nombreux
talents : architecte, photographe, réalisateur ou encore
designer. Né à Pékin en 1957, il a grandi dans un camp
de travail et de rééducation, son père, un poète chinois,
étant considéré comme dissident. C’est cette enfance
atypique qui explique peut-être son engagement en
faveur de la liberté d’expression et contre l’injustice.
Il est sans doute peu aisé de résumer l’œuvre de Ai
Weiwei tant son travail est foisonnant, aussi bien en
formes qu’en matériaux. Si son travail est éminemment
influencé par la culture et l’art de son pays, ses
réalisations sont souvent sujettes à controverses,
puisqu’il n’hésite pas à mettre en lumière les injustices
de la société chinoise.
Les douze têtes d’animaux en bronze présentées à la
FIAC intitulées Zodiac Heads / Circle of animals,
sont une réinterprétation de têtes créées au XVIIIe
siècle par deux jésuites européens – Giuseppe
Castiglione et Michel Benoît – avec l’aide d’artisans
chinois, actifs à la cour de l’empereur Qianlong. Posées
sur des figures humaines, ces têtes représentant les
animaux du zodiac chinois (rat, buffle, tigre, lapin,
dragon, serpent, cheval, chèvre, singe, coq, chien,
cochon) ornaient une fontaine-horlogère dans le jardin
du palais d’été de l’empereur près de Pékin.
En 1860 ce palais fut saccagé par les troupes françaises
et britanniques et les têtes furent volées. Ces dernières
sont considérées comme le symbole d’un siècle
d’humiliation par la Chine, période pendant laquelle
le pays subit la domination de puissances étrangères.
Seulement cinq d’entre elles ont été restituées au
gouvernement chinois et l’artiste a donc du recréer
celles qui avaient disparues, en s’appuyant sur les
estampes représentant la fontaine mais aussi en faisant
intervenir une part d’imagination. Ces sculptures
restent donc liées à un fort sentiment nationaliste.
Mais cette œuvre, qui nous interroge sur les relations
entre l’Orient et l’Occident, pose également la question
du pillage du patrimoine artistique. En effet, au cours
de ces dernières décennies, ces sculptures sont
devenues l’objet d’une véritable polémique - rappelons
le scandale le scandale provoqué par la vente de deux
têtes en 2009 par Pierre Bergé.
Conçues par deux étrangers pour un empereur de
la dynastie Qing, d’origine mandchoues, sculptures
interrogent en effet Ai Weiwei sur la question d’un
art chinois authentique. Peut-on alors vraiment parler
de trésor national ? Enfin l’artiste aborde aussi la
problématique de la démocratisation de l’art en créant
une œuvre destinée à être installée en extérieur, en
dehors du cadre classique des musées.
Par conséquent, si les têtes originales installées dans
le palais d’été n’étaient admirées que par l’empereur
et son entourage, les sculptures de Weiwei sont au
contraire visibles par le plus grand nombre.
Julia Bregeron, Francois Touchard, Clémence
Guinot
Elèves de l’Ecole du Louvre
Depuis 2010, les étudiants de l’école du Louvre participent à une opération originale de médiation, en lien avec le plus large
public. Cet exercice pédagogique de terrain, est également l’opportunité pour l’Ecole de réaffirmer son implication dans l’étude
et la diffusion de l’art contemporain. Retrouvez toutes les notices rédigées par les étudiants à cette occasion sur www.fiac.com