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EDITO
A l’origine du projet était le génie « Agena », tout droit sorti de sa lampe
magique. Seul et armé de son courage, il se lança dans la création d’un premier
webzine nommé ASC Mag. Impressionné par la quantité de travail fournie, je
décidais de lui apporter mon aide au niveau rédactionnel, et ainsi rejoindre
l’aventure. Par la suite, c’est Rapman qui vint nous apporter ses talents de
graphiste et son bon sens. Notre ambition est, aujourd’hui, de vous présenter et
faire connaître des passionnés de la culture hip hop, qu’ils soient rookies,
somophores ou confirmés. A travers des portraits, interviews et chroniques,
vous découvrirez leur ambition, les obstacles rencontrés et leur parcours parfois
hors norme. Afin de prolonger l’expérience, une nettape sampler vous
permettra d’avoir un aperçu de leur travail. Alors, que dire d’autres, si ce n’est
de vous souhaiter une bonne lecture !! Peace.
Ornicard
L'EQUIPE
Rédacteur en chef :
Ornicard ([email protected])
Direction artistique / Graphisme :
Rapman ([email protected])
Communication / Rédaction :
Agena ([email protected])
SOMMAIRE
03 NEWS
COUVERTURE
04 Pompier
INTERVIEW
12 Catharsis
16 Arsa
20 Del'Ar-T
PARCOURS
22 Ornicard
23 Martis
24 Bousta Bouzihaine
26 Gorah
CULTURE
28 Kero Remediz
32 Omen Graphizm
37 CHRONIQUES
REMERCIEMENTS
Toute l'équipe remercie Angie pour la relecture (merci beaucoup),
Leskor pour son aide, Pompier qui a accepté d'être notre parrain, à
tous ceux qui ont participé à ce projet et qui nous ont accordé leur
confiance, et pour finir, tous les membres du forum Beatmaker Hip
Hop.
LA BALLE ARRIVE
Beuch Casidi, rappeur marseillais d’origine
espagnol, finalise son Street Album qui est
prévu pour la rentrée. Le morceau « Tu connais
le décor » sur une production de Chè.sko, est
en écoute sur son Myspace et sur différents
sites internet. Le titre est également présent sur
la compilation Underground Sessionz.
www.myspace.com/beuchcasidi
LE RAP FRANÇAIS EN PÉRIL
Après un premier
volume sorti il y a 2
ans, le label SINK 9
PROD revient avec
un deuxième assaut
de la compilation «
IL FAUT SAUVER
LE RAP FRANÇAIS ». Ce second
épisode est disponible depuis le 6 juin 2007 via
le site Internet et depuis 19 juin dans les bacs.
Le principe reste le même, découvrir la vision
du rap français actuel de nombreux artistes,
militer et faire avancer les choses, mais
également au passage remettre quelques
pendules à l’heure. En 20 titres, SINK 9 PROD
vous offre un authentique concentré de Hip
Hop qui combine les générations, les styles et
les messages de façon efficace. Vous passerez
des ambiances « Old School » aux ambiances
actuelles, ce qui ravira aussi bien les aficionados
de la première heure que les auditeurs plus
novices. Apportons un peu de fraîcheur et de
différence dans ce milieu, loin, très loin, des
compilations ou Street CD actuels qui
rassemblent constamment les mêmes artistes
tournant en rond. A vos oreilles, combinons le
fond et la forme pour sauver le rap français une
fois de plus. Plus d'informations sur
www.sink9prod.com.
100% INSTRUMENTAL
« Nettape Beatmaker
Volume 1 » est un
projet à l’initiative de
Seth Gr. Elle est
disponible en téléchargement depuis
le mois d' août sur
son Myspace. Cette
compilation 100%
instrumental organisé par les membres du
forum Beatmaker Hip Hop, est axé sur le hip
hop, l’abstract et le trip hop… On retrouve 19
titres avec les participations des producteurs :
K’N’K, Arsa, Stigmath, Seth Gr, Sylck, DJ
Savoyard, DJ Sphere, Eroprod, Winslow, Lay,
Boudzit, Sphere N Lox, Twisted Fingazz et
Wadz. Un coup de chapeau à Cleo pour la
réalisation de la pochette particulièrement
réussite.
www.myspace.com/nettapebeatmaker
beatmaker-hiphop.forumactif.com
3
SMILE !!
Après avoir été reporté du 24 septembre au
8 octobre, le second album d'Hocus Pocus
intitulé « Place 54 » est enfin disponible.
Pour avoir un avant-goût de ce nouvel
opus, vous pouvez d'ores et déjà écouter 2
extraits : « Smile » avec, en featuring, le
chanteur soul Omar (UK) et « Vocab! »
avec, en featuring, TLove et The
Procussions.
www.myspace.com/hocuspocushiphop
HOMMAGE À LA SOUL MUSIQUE
Après avoir coorganisé avec Wadz
la tape Guess who's
PAC dédié à Tupac
Shakur,
Rapman
nous prépare un
projet en hommage
à la Soul musique et
à ces grands artistes
qui nous ont quitté récemment : James Brown,
Luther Vandross, Barry White ... Il se
présentera sous forme de compilation hip hop
en libre téléchargement mêlant à la fois des
morceaux inédits et des remixes, entrecoupés
d'interludes soulful. La mise en ligne est prévue
pour le 16 décembre 2007.
www.myspace.com/tributetosoul
EN ATTENDANT L' ÉTÉ
La série des Summer Session, compilation hip
hop orchestrée par Gorah, va bientôt compter
un nouveau volume avec les apparitions de
Logan (Octobre Rouge), Enigmatik, Le Vrai
Ben (Puzzle), Jr Pikk, Redoks et plein d'autres.
LE HIP HOP DE L' OUEST
Après avoir sorti la street tape de Miz en Abim
intitulé Evolution, le label indépendant Fil
Rouge Musik prépare le projet solo de Koobilai
qui invitera pour l’occasion de nombreux guests
parmi lesquels Miz en Abim, DJ Nawash,
Asphixie, Master D, Mash, Neo Block, Azim et
Skap’1 ... Il recherche, pour l'occasion, de
nouveaux producteurs pour diversifier les
sonorités de l'album qui sera plutôt orienté
sombre façon NY et jazzy. La sortie est prévue
début 2008.
www.myspace.com/koobilai
POMPIER
Quand le rap français
s'enflamme
Présentation de l'artiste
Depuis sa plus tendre enfance, Pompier est
bercé par la culture Hip Hop. Pourtant, son
parcours musical se caractérise par une
réelle recherche d'éclectisme, puisqu’il
accumule des expériences dans des styles
différents et pour lesquels il n'était pas
forcement prédestiné. Ainsi, après avoir
exploré, durant environ dix ans, des univers
aussi différents que le "Ragga Alternatif"
(Groupe JOKE) et le "Hardcore Métal"
(Groupe Stroll), Pompier revient à ses
premiers amours : le Rap. Ses rencontres
avec de nombreux musiciens lui ont appris
à exploiter au mieux sa créativité, ce qui lui
permet, aujourd'hui, de réaliser ses propres
compositions à partir de son home-studio.
Basé dans le Val de Marne, ses textes se
nourrissent de faits de société pour
élaborer un rap « conscient », analysant
certains aspects du système, soulignant ses
pathologies.
5
Avant d'entrer dans le vif du sujet, peux-tu te présenter
en quelques mots?
Pompier, Alexis de mon prénom, J’ai 30 ans, je suis
éducateur PJJ, Protection Judiciaire de la Jeunesse … et pas
la Police Judiciaire (rires). Je suis originaire d’Ile de France,
un « banlieusard » au sens argotique. Le lieu et le
département n’ont aucune importance pour moi. N’étant
pas dans un désir d’appartenance, Je suis là, je n’ai pas
vraiment choisi.
Ton blaze, "Pompier", fait il référence à la profession ?
Alors le surnom de POMPIER s’est imposé lorsqu’il a fallu
choisir un nom d’artiste. En fait, ça vient des gars avec
lesquels j’ai commencé à faire de la musique. Après mon
BAC STI, j’ai tenté un IUT pour préparer le concours
d’officier des sapeurs pompier pro. Au départ, les potes
m’appelaient « Alex le Pompier », puis le Pompier, puis
Pompier. Certains, après 10 ans, pensaient que POMPIER
était mon nom de famille. Pour tous, j’étais Alex
POMPIER. Ca a été un pur délire lorsque mon vrai blaze
est sorti. Bref, POMPIER, c’est simple à retenir, c’est
décalé, c’est un peu mon métier au quotidien dans les
banlieues, un pompier du social. Ca ne rentre pas dans la
norme établie, c’est moi ! Petite anecdote, lors d’un concert
en 1ere partie du 113, des mecs ont rigolé à l’annonce de
mon blaz, à ma sortie de scène, les mêmes n’ont pas
capté… Un show carré et propre d’un mec de leur ville qui
leur était inconnu…
(Tu sais éteindre le feu?)
oué j’ai appris ça à l’école…
Tu n'as pas uniquement évolué dans le domaine hip
hop si je ne me trompe pas. Par où est tu passé avant
d’arriver dans ce milieu ?
En effet, j’ai touché à pas mal de styles avant de partir en
projet solo de rap. Mon frère a joué longtemps d’un
instrument, solfège et tout. La musique est présente chez
moi depuis toujours. Mon père est fan d’artistes comme
Piaf, Brassens, François Béranger. Ma mère, elle, c’est plutôt
Simon & Garfunkel, Les Beatles etc. Dans le quartier où j’ai
grandi, les potes étaient tous dans ce qui s’appelaient la New
Jack (RnB aujourd’hui), la Funk, la Soul, bref, les prémisses
du rap. Moi, j’ai fait un rejet de ça un temps, je me suis
tourné vers le Punk, le Métal : Metallica, ACDC, Berruriers
Noirs, la Mano, Lofofora etc. C’est vers 1988, 1989 que je
me suis remis à des trucs plus « urbains », via en fait les
premières mixtapes américaines de rap vendues au marché
sur K7. Et puis, il y a eu un vrai déclic avec la compilation
Rapattitude et la sortie du premier NTM, AUTHENTIK.
De toute façon, j’ai toujours été attiré par les musiques et
paroles contestataires… Le Punk, le Rap, le Métal. En
parallèle, il y avait « H.I.P. H.O.P. » qu’on matait à la télé.
Après pour ce qui est de jouer, d’écrire et de composer du
son, c’est venu plus tard. Lors d’un concert, j’ai vu un
groupe qui faisait une sorte de fusion rap rock reggae,
JOKE. A la fin du live, je suis allé voir le chanteur pour lui
demander s’il ne connaissait pas un groupe cherchant un
chanteur car je commençais à taper des textes (dont j’ai
honte maintenant). C’est comme ça que j’ai intégré en 1997
mon premier groupe. Un an après, après la création de notre
assoc’ La SAUCE DIBIM, j’ai quitté le groupe JOKE pour
un autre plus violent : STROLL (Hardcore métal), d’abord
au didjeridoo puis au chant. Il faut savoir que mon chant a
toujours été orienté RAP et RAGGA, je n’ai jamais su
brailler comme le faisait Ben, l’autre chanteur de STROLL.
On a fait 6 ans de répètes, de concerts. On a bien tourné, on
s’est bien régalé et puis de nouveau, j’ai quitté mes potes
pour fonder une vie de famille, un vrai boulot. C’est à partir
de là que mon projet solo a vu le jour. Comme j’écoute du
rap depuis longtemps, comme j’écris et que j’aime les
chansons à texte, j’ai voulu continuer à développer mon
univers musical.
Tu sors actuellement ton album « Quand ça
s'enflamme », t'es tu fixé un objectif via cet album ?
Mon album est l’aboutissement de près de 3 années de
travail. « Quand ça s’enflamme » est mon premier projet
solo, celui qui me correspond le plus dans ma manière
d’être, de vivre. L’objectif était de faire quelque chose de
carré, homogène, précis, différent de ce qui tourne sur les
ondes. L’album n’est pas une fin en soi, il permet juste de
diffuser un nom et de permettre de mettre en scène. Mon
truc, c’est la scène, les concerts, l’ambiance d’une salle, le
son etc. Le cd n’est qu’une carte de visite, une sorte de clé
pour ouvrir les serrures de certains concerts, festivals. A
l’origine, étant donné le coût pour sortir un album, « Quand
ça s’enflamme » devait être mis en libre téléchargement sur
mon site. Et puis, comme j’étais plus que satisfait du final,
j’ai décidé de sortir une petite série de disques par pur plaisir
car j’aime l’objet CD. Cet album représente une photo, une
image de moi et de mes pensées à un instant T. Il n’a pas de
vocation professionnelle ou commerciale, l’argent récolté
sert à ressortir des disques.
On retrouve un style assez sombre dans "Univers sale"
ou encore "Danse avec le diable", ainsi que des textes
conscients à tendance "Assassin" comme "Un
minimum de peur". Comment qualifierais tu ton style ?
C’est vrai que le style est sombre. Pour moi, le rap n’est pas
un loisir mais un acte de militantisme. Le rap dénonce,
critique, capture l’instant. C’est pour moi une musique
engagée, révolutionnaire. C’est un moyen de prendre la
parole et de l’affirmer haut et fort. Ma musique est mon
exutoire. Dans la vie de tous les jours, je suis un homme
heureux, comblé, un père de famille. Le rap est mon côté
sombre, mon côté agressif, il me permet de décharger ma
haine, d’extérioriser mes tensions, ce qui n’est pas toujours
facile à faire en société. Mon rap analyse la société, souligne
ses pathologies. Je dirais donc un Rap Conscient comme tu
le dis, un peu à la manière du groupe Assassin.
Tu pars dans un égotrip dans "J'ai mal au crâne". Estce occasionnellement ou assez fréquent ?
Je t’avoue que l’égotrip n’est pas trop mon délire. « J’ai mal
au crâne » résulte d’un constat tout bête, un mauvais réveil
genre gueule de bois. Tout le monde connaît la mauvaise
humeur du matin qui perdure toute la journée. La façon de
le traiter peut faire penser à de l’égotrip car je parle à la
première personne mais c’est transposable à tous. Perso, je
suis plus sur du thème, politique ou de société.
On retrouve Wira des Zakariens ainsi que Djamal. Tu
collabores beaucoup avec ces deux personnalités. Estu sollicité par d'autres artistes ?
Wira, c’est un gars que j’ai rencontré dans un cadre
professionnel. On a sympathisé et c’est après que j’ai su qui
il était, son travail au niveau de la musique, ses connexions
etc. J’ai accroché avec la personne avant l’artiste. Du coup,
quand je lui ai parlé de mon projet solo, il m’a suivi très
gentiment. Il a un univers différent du mien, on n’a pas le
même rap, les mêmes références, lui est dans un démarches
plus « street », moi je m’adresse à un public différent. Le
featuring apporte à l’album une touche plus brute, plus
conventionnelle du rap en 2007. Wira est un pur artiste avec
un style efficace. Djamal est pour moi un des artistes de rap
les plus talentueux. Il est une de mes plus grosses
influences. KABAL, son ancien groupe, a sorti un des
meilleurs albums de rap français, « Etats d’âmes ». Ca fait
presque 10 ans que ce disque est sorti et je l’écoute toujours
autant. De plus, de par ses différents projets musicaux (IN
VIVO) ou militant (Torapamavoa), Djamal est une personne
intéressante. Pour moi, c’est un honneur qu’il ait bien voulu
faire le titre « Epoque sordide » avec moi. Merci Myspace.
Dans l’absolu j’aimerais enregistrer un morceau avec des
artistes comme Hamé et Ekoué de la Rumeur, Casey.
7
Pour sortir un peu de cet univers "propre", quels sont
tes projets durant cette année 2007 ?
On va essayer de faire un max de concerts, de faire tourner
le blaze « POMPIER ». On va tenter un coup, même si
l’objectif n’est pas d’en vivre mais juste le plaisir. J’ai aussi
en projet, une sorte de mini tournée en milieu carcéral, un
tour en prison pour sortir un peu les détenus de leur
quotidien. Et puis, là avec Sylvain ingénieur du son du
studio « +2GC » (RBS à ANTONY 92) on a commencé
quelques prises voix pour d’autres morceaux. Peut-être un
deuxième album. Egalement une collaboration avec mon
alter ego, ARSA rencontré sur un forum de beatmaking. Et
enfin, je voudrais tenter le coup des labels pour pouvoir me
diffuser à une plus grande échelle. Ah j’oubliais, un projet de
groupe est en train de naître avec Abass, un mc et
beatmaker du 78.
Que penses tu du rap actuel, comment te placerais tu
par rapport à cet "univers sale" ?
Mon avis est mitigé. Il y a du bon et beaucoup de mauvais.
Je crois que beaucoup se sont égarés, ont oublié les valeurs
de notre culture, le Hip Hop. Il émerge de plus en plus de
groupe, d’artistes, le niveau monte en terme de mc, dj,
beatmaker. Mais c’est comme pour tout, il y a du déchet. En
vrai, le « rap game », le biz, je m’en tape. Moi, je fais mon
truc dans mon coin, je kiffe, la musique me permet de
rencontrer des personnes. « Univers Sale » est un morceau
constat. Aujourd’hui, les jeunes artistes veulent griller des
étapes. Le vrai Hip Hop c’est la scène, il n’y a pas de filet,
c’est du direct, l’objectif est d’être le plus carré
possible…c’est une véritable prise de risque. Et puis, le
principal n’est pas la réussite mais la passion.
J'ai l'impression que, pour percer dans ce domaine, il faut
savoir manier le rap à tendance "hardcore" ou "new school".
Toi tu restes dans ton "trip", si je peux me permettre.
Penses tu toucher un public précis ou plutôt vaste, qui
laisserait une faille dans le rap ?
Moi, je ne veux pas percer. Je ne veux pas en vivre. Faut
payer le chrome de la baraque et c’est pas avec le salaire des
intermittents que je vais y arriver. Je n’ai pas calculé mon
style, je fais ce que j’aime, je ne suis pas dans une logique
commerciale. Je ne vais pas revendiquer la rue, car même si
j’ai vécu 20 piges en HLM, j’ai un bac+2, une baraque, des
enfants, un statut social très correct. La cité, c’est plus ma
vie, les ambiances de quartiers, les délits, ça n’a jamais été
mon délire. Les études, le sport et le soutien familial sont
autant d’éléments qui ont fait de moi ce que je suis
aujourd’hui. J’ai l’étiquette qu’on me donne. Le seul truc que
je revendique, c’est Rap conscient. Mon approche de ce
style s’apparente à mes influences. Je suis à fond sur des
groupes comme KABAL ou La Rumeur. J’apprécie le style
et l’écriture de Casey, qui pour moi est la meilleure rappeuse
de France. Elle tue cette femme, acerbe. En gros, j’aime le
rap de puriste.
Que conseillerais-tu à tes « fans » qui croient en toi et
qui, comme toi, veulent percer et être crédible ?
Crédible, on l’est avec le travail, l’honnêteté. Percer c’est un
autre problème, il y a un facteur chance, les relations, le
formatage à un courant et l’effet de mode. Moi j’ai juste
envie que les gens se posent et kiffent mes sons. Qu’une
réflexion personnelle s’élabore autour de mon disque. Ca
peut paraître prétentieux, mais l’important réside dans le
texte. Mes rimes sont travaillées, réfléchies, ont du sens. Il
n’y a pas de calcul commercial. Faire un tube, je n’ai pas
envie. Le seul morceau positif de « Quand ça s’enflamme »
est « Ma famille ». C’est la seule porte positive de mon opus.
Par ailleurs, il marque beaucoup mes amis qui ne sont pas
dans le rap. Et puis, « fan » ne veut rien dire. On est tous
accessible, il n’y a pas de « star system »
Un petit mot pour finir ?
Merci à toi, pour ce moment via Msn. Merci pour ton
soutien et les lignes que tu m’offres sur ton fanzine. Merci à
ceux qui me soutiennent depuis le début de l’aventure : ma
femme et mes filles, les amis, Sylvain B., l’architecte de mon
son, Duza des 3PP pour le logo et la pochette, Rapman
pour le site web, Tony pour la chronique, Martis pour le
rhum, toute la section du Forum Beatmaker Hip Hop, et
puis mes ssoc’ éducateurs David (Widda), ABASS (reuf de
son). Continuons le combat, perdurons les valeurs du
mouvement Hip Hop. Pour tous ceux qui sont intéressés
par mon projet, tous ceux qui veulent me faire jouer, on est
là, prêt à bouger pour rencontrer du monde. Et puis un peu
de promo perso, achetez le livre d’un collègue KABOUNA
KEITA, « L’enfant cadeau » aux éditions Belfond. C’est un
très bon ouvrage que je vous laisse découvrir. « Quand ça
s’enflamme » est toujours dispo via Msn. Paix !!
Msn : [email protected]
Site officiel : http://pompier.lesite.free.fr
Myspace : http://myspace.com/pompier94
Agena
« Quand ça s’enflamme » est mon premier projet solo,
celui qui me correspond le plus dans ma manière d’être,
de vivre. L’objectif était de faire quelque chose de carré,
homogène, précis, différent de ce qui tourne sur les
ondes.
9
"Quand ça s’enflamme" est le premier album solo à caractère rapologique de
Pompier. Il est composé de 14 pistes que nous allons parcourir maintenant.
Intro
L’introduction nous donne l’atmosphère du CD. Elle nous
montre l’univers musical glauque dans lequel va évoluer
l’artiste. Les sonorités de l’instrumentale évoquent la
naissance de flammes et rappelle le titre de l’Album.
El Pomplar
Dans la suite logique de l’introduction, on passe à une
chanson présentation, très personnelle et emprunte d’une
rare sincérité. Le but de ce titre est de montrer que son rap
est différant, il veut « bousculer vos idées préconçues
comme l’erreur de penser que le rap n’est qu’à la rue ». La
voix se mélange parfaitement à l’atmosphère du son étrange
mais entraînante avec une distorsion originale et agréable
sur la première note du synthé toutes les deux mesures.
Cependant, petit bémol : la phrase murmurée au début de
chaque refrain est moins intelligible que le reste.
Juste un brin pessimiste
La mélodie du morceau est basée sur un sample de violons.
Le tempo de l’instrumentale est plus rapide, ce qui oblige
Pompier à adapter son flow et c’est réussi. Les phrases
doublées sur le refrain amplifie la tristesse du morceau et
ajoutent une petite toche de dynamisme. Ce morceau a pour
sujet : la dure vie qui peut pousser l’homme à la folie, lui fait
tout voir en noir alors qu’il « voulait garder les yeux fermés,
rester enfant ».
Un minimum de peur (Featuring Wira)
Cette instrumentale a des sonorités électroniques, mais
également des saturations et distorsions proche du métal.
Pompier nous délivre ici, un texte conscient, critique et
engagé. Il veut dans ce morceau nous ouvrir les yeux sur les
manipulations médiatiques dont nous sommes victime. Il
nous montre la peur qui nous entoure et le mal social dont
souffre la France. Sur le deuxième couplet intervient Wira
des Zakariens, avec son flow, sa voix massive et originale et
son côté hardcore. Il amplifie le discours de Pompier de
façon efficace.
J'ai mal au crâne
Changement d’ambiance, elle devient jazzy. Trompette et
piano viennent rythmer le texte qui nous met dans la peau
d’un Pompier de très mauvaise humeur dans une journée
sans. Il a également comme le titre l’indique : mal à la tête.
Ceci est la conséquence d’une nuit courte et d’une soirée
arrosée. Ce qu’il dit dans son refrain « C’est la misère mais
comment dire j’aurais dû m’abstenir de boire ». Il nous
raconte l’évolution de son état au fil de sa journée. Cela ne
s’arrange pas. Le morceau débute quand il se lève et le
troisième couplet se ferme lorsqu’il se couche.
Danse avec le diable
On retourne dans atmosphère sombre qui à nouveau a
certaines sonorités proche de la musique électronique, mais
cette fois également avec un clap-clap façon « in da club »,
cela donne un côté dansant au morceau qui est repris dans
le titre. Pompier rend le diable responsable de toutes les
misères et infamies du monde « les enfants du tiers monde
affamé par le diable, travaillent pour enrichir le tiroir caisse
du diable… » . La construction de ses paroles est très
originale et innovante puisqu’il répète de façon régulière «
diable » à presque chaque fin de mesure, de plus quasiment
toutes ses rimes sont en « ables». Ce morceau est
particulièrement frais et réussi.
Epoque sordide (Featuring : Djamal d’In Vivo)
L’ambiance devient encore plus obscure que sur le morceau
précédant. Les sonorités sont triturées et l’instrumentale
stressante. On se croirait dans l’espace, le morceau donne
l’impression que deux extraterrestres regardent le monde de
leur soucoupe volante et décrivent ce qu’ils voient. Encore
une fois un morceau conscient, plein de vérités. L’apparition
de Djamal d’In Vivo donne un nouveau souffle au titre. Il
dispose d’un flow original, différent et d’une voix qui
correspond bien à l’atmosphère du titre. Sur la fin de la
chanson, le tempo du beat s’accélère et ajoute encore une
fois une petite touche de stress de plus.
Univers Sale
L’instrumentale est d’influence orientale. Pompier décrit ici
le monde de la musique corrompu où il n’y a aucune limite
pour faire de l’argent ou pour réussir. On passe des
mythomanes, à la promotion canapé, au pacte médiatique...
Il compare son rap à tout ce qu’il véhicule aujourd’hui, qu’il
rejette et critique. Sur le début du refrain le titre « Univers
11
Sale » est chanté de manière Ragga et de façon originale.
dit dans le refrain.
Quand ça s'enflamme
Voilà le morceau qui a donné son titre à l’album. Pompier,
nous donnes ici les causes de la crise des banlieues qu’à
connue la France. C’est avec rage qu’il dénonce les actions
de nos politiques à l’origine de ces problèmes : « tout le
monde s’étonne que les voitures brûlent dans les cités. ».
Dans le refrain il nous donne les sentiments de la France
d’en bas. Le petit effet robotique sur la voix « être » au
début du refrain est appréciable et original. L’instrumentale
glauque convient parfaitement au texte et au flow tranchant
de Pompier.
Ma famille
Voilà cette fois un morceau très personnel et intime, qu’il
consacre à un des piliers de son existence : l’amour pour sa
famille. Ce titre est une rupture nette avec les quelques onze
autres chansons engagées, conscientes et revendicatives. Les
sonorités choisies évoquent le monde de l’enfance, en nous
rappellent la musique qui sort d’un jouet. Le texte très bien
construit nous raconte de façon chronologique les
différentes étapes de la construction de sa famille : la
rencontre, les moments difficiles, la naissance d’un enfant,
puis d’un second enfant. Entre les couplets et à la fin du
morceau, il y ajoutes la voix de sa fille, lors d’une
conversation téléphonique. Ce qui ajoute une forte intensité
émotionnelle à la chanson.
Peu importe
Le thème est original. On se retrouve ici au cœur de l’Irak.
Dans le premier couplet, il décrit les derniers instants de la
vie d’un soldat américain. Il n’est qu’une marionnette du
gouvernement américain et c’est par nécessité qu’il est entré
dans l’armée, « L’armée comme caution pour financer ses
études ». Dans le second couplet, il fait la même chose pour
un citoyen iraquien, « des américains, sensé le libérer d’une
dictature». Il évoque leur destin tragique et leur mort
horrible. Peu importe les morts, ici seul compte l’or noir,
remplir la bourse US… voici le message que nous donne
Pompier sur une instrumentale sordide, glauque et tendue.
Le syndrome de la page blanche
Le son que l’on entend seul au début, constitue la base du
morceau. C’est comme s’il l’on se trouvait à l’intérieur d’une
goutte d’eau. Pompier, nous parle ici du syndrome que
connaît tout écrivain, celui de « la page blanche ». Il nous
délivre ce que l’on ressent à ces moments la : « de la matière
ce n’est pas ça qui me manque. .. terrorisé à l’idée de rien
pouvoir exploiter… ». Il arrive à la conclusion suivante : «
c’est pourquoi je préfères, réfléchir et me taire.».
La ville
Des bruits de machine répétitifs ouvrent le morceau et
resteront présent tout au long du titre, puis le beat part
rapidement. Le rap de Pompier est accompagné par les
douces notes d’une flutte qui contrastent avec les
crissements et sifflements de la machine, qui donnent
l’impression que la ville respire. Pompier la décrit avec
précision, rejet et amour. Il n'est pas un de ces rappeurs qui
répète son code postal à chaque couplet, chaque refrain,
chaque piste, mais cela ne l'a pas empêché d'écrire un texte
sur sa ville, qu'il « aime autant qu'il la déteste » comme il le
Outro
En toute logique, on est dans le même glauque que l'intro.
L’effet reverse laisse vouloir dire : que les flammes
s’éteignent, mais peuvent se rallumer à tout instant.
L’album est vendu au prix de 10 euros. Pour passer
commande, il suffit de contacter Pompier par Msn :
[email protected].
Chronique réalisée par Ornicard
avec l’aide de Tony Hoo
CATHARSIS
rend hommage à Aznavour
Catharsis, beatmaker de Besançon revient sur ses
débuts. Puis, il nous fait découvrir son projet album
qu’il travaille actuellement avec Dreyf (MC Parisien).
13
Présentation
Je m'appelle Catharsis, producteur hip-hop de 25 ans. J'ai
travaillé avec des artistes comme Shaolin, Dreyf, le groupe
Jade Muz… J'ai également sorti une version remixée du
Black Album de Jay-Z en 2004, "13 problems",
téléchargeable sur le net. Je bosse actuellement avec Dreyf
sur un album que je produis entièrement. Le concept est un
peu spécial, puisqu’on construit un disque entièrement basé
sur des samples de Charles Aznavour.
Pourquoi avoir choisi le pseudonyme Catharsis et avoir
voulu le garder bien qu’une poignée de groupes death
metal et d’autres beatmakers portent le même nom de
scène que toi ?
Par paresse et par attachement à ce p'tit nom qui,
visiblement, plaît à beaucoup de monde ! Régulièrement, sur
Myspace, je tombe sur des profils de musiciens ou
d'associations qui s'appellent Catharsis. Et je le vis super mal
! J'aurais bien aimé trouver autre chose, mais au final c'est
un nom dont je n'arrive pas me détacher, alors je me fixe
comme objectif de devenir LE Catharsis. Un peu comme
Highlander : il ne doit en rester qu'un (sourire).
La musique, qu’est-ce qui t’as donné envie d’en faire,
quel a été le déclic ? Et où puises tu ton inspiration ?
Plus jeune, j'ai fait du solfège et de la clarinette, mais à
l'époque ce n’était pas une activité qui me faisait rêver. Je
préférais vraiment jouer à la Megadrive ou au basket. Puis
en 2000, j'ai commencé à bidouiller un logiciel de musique
grand public, Hip-Hop E-Jay, et cela m'a vraiment rendu
dingue. Depuis, je n’ai pas décroché. J'aurai aimé être un
rappeur, mais au final je trouve beaucoup plus épanouissant
de s'exprimer uniquement par la musique. Rapper, c'est
quand même vachement indécent comme truc. L'inspiration
? Je la puise surtout dans la musique que j'écoute, et
principalement le hip-hop. Dernièrement, j'ai entendu une
production de Just Blaze, l'une de celles qu'il a réalisé avec
un orchestre symphonique – sa lubie du moment. C'est
"Return of the Hustle", le son de Fabolous avec Swizz
Beatz sur le refrain. Il y a dans ce morceau une énergie et
une absence totale de complexe que j'ai trouvé très
stimulante. Du coup, cela m'a donné envie de me faire
plaisir, je me suis mis au travail, et j'ai complètement
réarrangé un son pour Dreyf qui sera d'ailleurs sur notre
album. L'inspiration, en général, c'est quelque chose
d'implacable, comme un challenge intérieur genre, "vas-y,
montres-moi donc ce que tu sais faire".
Les premières collaborations avec des MCs (Rappeurs)
sur tes productions se sont faites avec qui et quel était
le but de ces morceaux ?
Shaolin et Dreyf font partie des premières personnes à
m'avoir fait confiance, respectivement sur les projets "A
l'instinct" et "Son d'automne". J'ai également fait beaucoup
de remixes pour commencer, mais surtout parce que je
n'avais pas de rappeurs dans mon entourage. Le but de ces
premières collaborations, c'était surtout d'avancer, d'être au
contact des artistes, et d'apprendre en échangeant avec eux.
Dreyf (MC Parisien) et toi, comment vous êtes-vous
trouvé ? Qui a fait le premier pas et dit « je veux qu’on
travaille ensemble » ?
J'aime beaucoup comme tu présentes la chose, ça fait très
"comédie romantique" ! J'ai connu Dreyf par le biais
d'Internet, on fréquentait les mêmes forums de discussion
et il était au même niveau que moi : un MC qui débute et
qui cherche à établir des connexions. Il m'a proposé de lui
faire des instrumentales, il a kiffé (aimé), et depuis on n'a
pas cessé de bosser ensemble. J'ai eu de la chance car c'est
quelqu'un qui est très vite monté en puissance et qui a
beaucoup de talent.
Le morceau “Des ménages” sur le EP “Son
d’automne” à Dreyf a été un grand succès, un des
titres phares du EP. Il a même été sur l’une des pistes
du CD sampleur du magazine Groove n°89, qu’as tu
ressentis à cette nouvelle ?
Bon, déjà, il faut savoir que quand on fait du son à une
échelle minime comme la mienne, être dans le sampleur de
Groove, c'est l'équivalent du disque de platine ! Après, de là
à parler de "grand succès", je sais pas, mais j'étais super
content quand Dreyf me l'a appris. J'étais entrain de me
promener avec ma copine, il m'a envoyé un texto, et j'ai
couru acheter le magazine, qui pendant un mois a donc été
le meilleur magazine de l'histoire de l'humanité ! Même si ça
peut paraître dérisoire, c'est le genre de petit événement qui
donne envie de s'accrocher et de continuer à bosser.
Quelle a été la réaction des gens à l’écoute de ta
version remix du black album de Jay-Z ? Es-tu satisfait
du nombre de retours et du nombre de téléchargements ?
Globalement, les réactions ont été positives, d'autant
qu'elles émanaient de France, d'Europe et des Etats-Unis. Je
ne pourrais pas vraiment quantifier le nombre de
téléchargements, mais j'ai eu des retours un peu surprenants,
15
pour travailler ensemble ? Dreyf t’as t’il laissé libre
choix sur les morceaux à sampler ou avez-vous décider
ensemble ?
Même si l'on n'habite pas au même endroit (il habite Paris,
je vis à Besançon), on est en contact quotidiennement pour
parler de l'album, de ses détails, de nos envies. Je peux lui
proposer des productions spontanément, mais il m'a
souvent suggéré des morceaux à sampler. Par exemple, je
m'étais interdis de toucher à "La Bohème", qui est un peu
Le titre ultime d'Aznavour, mais il m'a poussé dans mes
retranchements, et j'ai fini par en faire une instrumentale
dont je suis très content. On se voit environ une fois par
mois pour aller en studio ensemble : même si Internet est
un outil qui gomme les distances, rien ne vaut le monde réel
pour travailler efficacement.
comme une mère de famille de 50 ans, habitante d'Atlanta,
qui m'a envoyé par courrier l'affiche originale de "Fade to
Black", le film-concert de Jay-Z, après m'avoir contacté par
e-mail. Visiblement, elle était bouleversée. C'était inattendu
et assez touchant, je dois dire.
Dreyf et toi vous travaillez sur un album qui a pour
objectif de rendre hommage à Charles Aznavour. En
effet, l’édifice sonore va reposer uniquement sur des
samples issus de son répertoire. Où en êtes vous
actuellement au niveau de l’avancement du projet ?
On a eu l'idée de ce disque il y a maintenant plus d'un an et
demi, et chacun de notre côté, on a beaucoup évolué depuis
la première maquette de l'album. Donc aujourd'hui, même si
l'architecture globale du disque est en place, on se sent
capable de créer de nouveaux morceaux et d'apporter
encore de nouvelles idées. En plus, le répertoire d'Aznavour
est tellement vaste qu’on n’est jamais à l'abri de trouver un
nouveau sample qui défonce et de vouloir en faire un titre !
L'album évolue donc en même temps que nous, mais les
choses prennent forme tout doucement : un premier extrait
circule sur le net, et surtout, on a enfin pris contact avec les
éditeurs de Charles Aznavour pour essayer d'obtenir son
autorisation. On croise les doigts…
Comment vous êtes-vous organisé jusque la, chacun a
t’il travaillé de son côté : toi pour les productions et
Dreyf pour les textes, où vous êtes vous rencontrez
Quels sont les thèmes abordés sur ce projet et combien
de titres comptés vous produire ?
La concision est une qualité qui manque parfois aux albums
rap, donc à priori, on devrait sortir un disque de 12 titres. Et
puis, le fait de sampler un seul et même artiste nous incite à
la prudence : on n'a pas envie que l'auditeur fasse une
overdose d'Aznavour, donc on veille à l'équilibre entre les
morceaux et les différentes atmosphères. Au niveau des
thèmes, ce sera un disque très personnel, qui évoquera de
façon précise ou plus lointaine des choses que l'on ressent
ou qui nous touchent : le temps qui passe, les sentiments, le
poids du quotidien… Mais on n'a pas envie d'être trop
littéraires, le rap c'est aussi le style et l'énergie, et on ne
négligera pas ces aspects-là.
http://www.myspace.com/catharsisbeatz
http://www.myspace.com/dreyfcatharsis
http://aznavourdreyfetmoi.wordpress.com
Ornicard
17
Avant d’entamer le sujet principal, celui de ta présence
au sein du label «L’Âme du temple », peux-tu te
présenter en quelques lignes ?
J’ai commencé la musique en 1995 en tant que DJ, je mixais
dans des soirées MJC et pour l’anniversaire de mes potes.
Ensuite, j’ai du revendre mes platines pour étancher la soif
d’un huissier de justice. C’est à cette époque que je
commence à écrire. Avec quelques amis, je créé le groupe «
Tai Chi » en 2000 avec lequel je fais des scènes dans ma
région et en Bretagne. En 2004 le groupe se sépare et je
décide d’entamer la construction d’un album solo. Sa genèse
prendra beaucoup de temps car étant initialement prévu
pour un EP, le manque de fonds à cette période de ma vie a
fait que l’aventure s’est prolongé un peu, jusqu’à la
finalisation du projet : 3 ans et 19 morceaux plus tard.
Quand et pourquoi avoir fondé un label ?
« L’Âme du temple » est un label structuré en association
que nous avons fondé en mai 2005. Il a été créé entre potes,
avec deux objectifs : tout d’abord planifier et sortir nos
projets artistiques et ensuite promouvoir des groupes
locaux. Non structuré et avec une carence au niveau de la
logistique, l’accession de notre label est libre. Elle n’est pas
limitée à notre cercle d’amis. En effet, n’importe qui peu
avoir accès aux locaux. Ensuite, au niveau de projets comme
« une sortie complète sur notre label », on étudie les
demandes au cas par cas mais l’occasion de le faire ne s’est
pas encore présentée. Après l’obtention grâce à la mairie
d’une ancienne salle de concerts dans laquelle nous avions
déjà joué et slammé plusieurs fois, nous avons commencé à
proposer différents ateliers DJ, graff, écritures, danse hip
hop, mao ; nous avons également mis à disposition des
heures de répétitions pour n’importe quel groupes et aussi
des cessions d’enregistrements studio le tout supervisé par
mon DJ et ingénieur son « dr. peppa » qui est d’ailleurs
depuis le 1er janvier 2007 le premier emploi de l’association
,qui sera suivi bientôt par d’autres.
Peux-tu nous donner un aperçu statistique des entrées
de ce label ?
On dispose de groupes qui répètent régulièrement toutes les
semaines chez nous : groupes de reggae, rap, rock, et aussi
un jeune qui fait de la batterie dans notre local puisqu’il ne
peux pas en faire chez lui. A cela vient s’ajouter des groupes
qui ont un besoin ponctuellement calculé en nombre
d’heures de répétition (afin de préparer des concerts par
exemple.). L’association compte 84 adhérents dont 4
membres actifs plus une présidente et un trésorier.
Votre label englobe le hip hop dans toutes ses formes,
comment voyez-vous votre travail, quel est selon toi le
fruit apporté, est-ce un moyen pour ces jeunes
d’avancer dans un milieu beaucoup plus professionnel
ou alors ces pratiques ne servent-elles que de « loisirs »
?
La plupart des ateliers sont des initiations culturelles avec
des jeunes de quartiers entre 8 et 16 ans. Ils sont ponctuels
et d’une durée d’une semaine grand maximum mais des
ateliers plus longs ont également été envisagés. On est
souvent surpris par des jeunes avec de gros potentiels mais
il n’y a pas de suivi de chaque élève à moins qu’ils
reviennent plus tard lors d’un autre atelier ou qu’il fasse la
démarche de nous solliciter pour répéter ou créer dans les
locaux de l’association auquel cas on sera la pour les
conseiller et les soutenir.
Comment vois-tu le label d’ici deux ou trois années ?
Est-ce que votre concept est évolutif ?
L’objectif à long terme est déjà de créer d’autres emplois.
Ensuite, nous voulons continuer les ateliers, les répétitions,
les sessions studios, organiser des concerts, de réaliser des
clips vidéos, avoir une émission TV locale mensuelle « live »
, un fanzine semestriel et augmenter les budgets des
différents projets artistiques aussi bien en pressage qu’en
communication.
Sur le label, tu as sorti ton album : « Asphalte Virulente
», quel a été ta principale motivation ?
Mon album solo est entièrement produit par l'Ame du
temple et était en gestation depuis quatre ans. Il vient
sanctionner une période un peu sombre de ma vie, et
comme je n'avais plus de groupe j'ai pris cela comme une
source de motivation pour éviter que la création artistique
ne soit réduite à néant.
Est-ce un album personnel ou plus une compilation
avec plein de collaborations avec MCs, chanteurs et
producteurs ?
C’est un album personnel, sombre et en marge du rap
français radiodiffusé... Les instrumentales sont réalisées par
moi-même et Dr Peppa, les featurings vocaux quand à eux
sont avec Evok, Beru, Kiddam, Fouzy pour les locaux et
Sept (Olympe Mountain) et Da Gobleen (slameur apparu
sur le cd original slam) pour les collaborations plus connus
même si ça reste des gens relativement méconnus.
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un peu dans le centre. Il est également disponible sur le net
via stylehiphop, omneo et bluetracks. Sinon, l'album a été
enregistré à l'Ame du temple par Dr Peppa et il a été
masterisé a "top master", le studio qui s'occupe du
mastering de Din Record.
Si tu devais vendre ton rap que dirais à tes futurs
clients pour motiver leur achat ?
Si vous aimez les choses qui sortent de l'ordinaire, des sons
à la Def Jux, Anticon et des textes qui sortent du clivage rap
commercial et rap hardcore, ou qu'au contraire vous ne
connaissez pas trop ce genre de rap et que vous êtes
curieux, jetez-vous tout simplement dessus.
Pourquoi avoir choisi de te lancer tout seul dans
l’aventure de l’album ?
Je vois les choses de deux manières : la première c'est que tu
disposes donc d’une totale liberté pour créer, beaucoup plus
qu'en groupe tu peux vraiment développer les choses de la
manière qui te plait, et la seconde c’est un fantastique
moyen de rencontrer des gens qui ont du talent et avec
lesquels tu as des affinités musicales...
Comment qualifierais–tu ton rap par rapport à ton style
puis par rapport au rap actuel ?
Et bien, je le dirais dense, complexe voir même parfois prise
de tête, disons que la où la plus part des gens cherchent à
faire dans la simplicité moi je cherche la complexité. Pour
moi le fait, qu'un auditeur comprenne mon album à la
première écoute, ce n’est vraiment pas ce que je recherche
bien au contraire. Si vous voulez comprendre toutes les
subtilités de mes rimes, je pense qu’il faut quand même
écouter mon album plusieurs fois. C’est tout simple, c’est
comme un bon film en fait. Pour moi, il n’a rien de plus
décevant qu’un film dont tu as deviné la fin après à peine la
moitié du film, c’est la même logique que j’utilise pour mon
rap.
Où peux t’on se procuré ton album, où l’as tu
enregistré et masterisé ?
L'album est dans les bacs sur paris, dans l'est de la France, et
Un dernier petit mot sur ton album.
C’est un album écrit avec les tripes, un truc brut et sans
concessions, qui ne cherche ni à faire la morale ni à passer
de messages mis à part un constat personnel cynique et
ironique. Je n’ai pas l'ego assez fort pour osez croire que je
vais changer les choses tout ,juste assez pour vous faire
passez un bon moment.
Quelques mots pour conclure cette interview.
Bientôt la sortie de l’album de Beru produit par « L’Ame du
temple » avec du bon son bien hip-hop et bien écris. Je n’ai
qu’un conseil, jetez-vous simplement dessus…
Asphalte
Virulente
est
disponible
sur
www.stylehiphop.com et d’autres supports Web ainsi
que chez certains points de vente en France (Fnac…).
Agena et Ornicard
DEL'AR-T
« je continuerai à poser et
à me diffuser par internet »
Après plusieurs apparitions sur des tapes, le jeune rapper signe chez Thamas
& co, petit label parisien. Rencontre avec celui qui fait « chanter le rap ».
Pour commencer, pourquoi le blaze « Del’Ar-t » ? On
peut déjà se dire « à cause de tes origines italiennes ».
Puis, présentes toi.
Ce blaze m’est venu tout simplement instinctivement, pour
moi le rap est un art à part entier et j’essaye d’innover, de ne
pas rentrer dans les clichés et c’est la base d’un artiste : être
unique. Après mon père est « calabrais » et il a émigré à son
plus jeune âge en France et malgré qu’il n’ai pas du tout
assumé son rôle de père puisqu’il est parti à ma naissance,
son sang est en moi et c’est pour cela que j’ai voulu ajouter
cette petite touche italienne. Pour la présentation : j’ai 18
ans, je viens de Paris et j’ai vécu 8 ans dans le 20ème
arrondissement et le reste du temps à Porte de saint clou,
dans le 16e ce qui m’a coûté pas mal de réflexions bêtes
puisque certains m’ont assimilé à un rappeur « bourgeois ».
Mais maintenant j’assume complètement et pour moi, le
principal c’est : les idées, pas les reflets. Je tiens à ajouter que
je n’ai jamais vécu dans le luxe.
Ta rencontre avec le hip hop, ça s’est passé comment ?
Quand et pourquoi, tu t’es dis : « moi aussi je veux être
acteur de ce mouvement avec ma voix, mon flow, mon
écriture » ?
Rien ne me prédestinait à faire du rap, je suis de Paris même,
j’ai connu différents milieux, différentes cultures mais je ne
me suis jamais retrouvé dans la misère, donc je ne me
servirai pas de cela pour faire du bif. C’est à 10 ans que j’ai
découvert le rap avec NTM, IAM, ASSASSIN, FF… autour
de moi ça n’écoutait pas trop de rap, mais j’ai tout de suite
été attiré par le côté « j’ai des choses à dire, et voilà cela va
peut- être choquer ». J’ai écris mon premier texte à 12 ans et
j’ai enregistré sur un vieux baladeur cassette. A l’époque j’y
connaissais rien mais déjà je me lançais spontanément (rire).
Ensuite il y’a eu quelques autres textes mais la passion n’est
arrivée que réellement à 15 ans où j’ai vraiment commencé à
m’investir et c’est grâce à Internet que j’ai finalement pu
progresser, notamment grâce à des rencontres : Tecka,
Min’t, Ornicard, Etik, Sangofiv, Mylonite et bien d’autres.
J’ai fais grandir mon rap avec moi en décrivant toujours
différemment mon regard, mes désirs, mes peines et autres.
Ensuite, quelles sont tes motivations et d’où te vient
cette énergie, cette rage au microphone comparable à
celle d’un grand nom et quelqu’un qui également
t’inspire : Eminem ?
La comparaison à Eminem est très flatteuse bien que je me
sente bien loin du « maître ». On a cette rage commune, et
pour ma part elle provient du fait que le rap me permet de
21
me libérer et d’exister. J’ai eu pas mal de soucis familiaux,
notamment avec mon beau père, beaucoup trop de tensions.
Quand on te traite devant ta mère de « fils de pute », tu
pètes un plomb ! Ensuite le rap c’est une façon de me
construire sans l’aide d’un père, je grandis grâce à lui. Et
pour finir, c’est surtout des messages, des revendications,
car je ne suis pas toujours d’accord avec la façon d’agir de
certains politiques et de certaines personnes : ça va d’un
simple mec au grand ex alcoolo Bush. Au final je ne fais pas
dans l’amalgame ou dans le hardcore. Je veux juste faire
passer un message conscient quelque soit la manière mais
sans qu’il n’y aie de dérives. Je pense que rien que vis-à-vis
de sa fierté, il faut savoir se censurer. J’oubliais : la note
positive quand même : ça m’arrive bien sûr de taper dans
l’égotrip et de faire du son juste pour le délire, mais même là
c’est dur pour moi de jouer à l’égocentrique et ça finit
parfois très vite en revendication (rire).
Je pense que j’ai mis du temps à trouver un équilibre dans
mon flow, j’ai une voix assez flexible et maintenant j’arrive à
jouer de cela, notamment dans « Ma Planque » ou «
Schizophrénie », où certains ont cru à des featurings (des
collaborations). Maintenant je dirai que j’ai plus d’assurance
vocalement et quand t’entends un mec sûr de ce qu’il fait,
cela sonne beaucoup mieux qu’un mec doué mais pas
confiant. Donc maintenant les gens m’en disent plutôt du
bien, après on ne peut pas plaire à tout le monde sans
vouloir faire de la promotion pour l’émission (rire). Le truc
dont les gens me complimentent c’est surtout le côté rap
chant que j’essaye de rendre unique au maximum. C'est-àdire faire chanter le rap, ça peut paraître louche, mais je
pense que c’est ce que j’essaye de faire. D’ailleurs Eminem
le fait très bien je trouve, c'est-à-dire des changements
d’intonations, des rythmes un peu décalés et parfois je
chante carrément mes refrains.
Pour l’instant pas de sortie sur disque, mais de
nombreux projets Net tapes et deux Net Street Tapes
personnelles ; commences-tu à voir qu’un public se
forme et qu’il te suit et te soutient ?
Oui, j’ai posé sur pas mal de tapes, ça permet de se faire un
peu connaître, de rencontrer des gens et d’avoir une certaine
crédibilité. Je ne peux pas dire que je rap pour moi-même,
mon premier réflexe quand je finis un son, c’est de l’envoyer
partout sur msn (rire). Mais après cela part d’une envie
personnelle. En tout cas cela fait plaisir de voir des gens te
dirent : « Putain gros, je te grille partout en ce moment ».
Maintenant cela reste limité parce que c’est Internet et puis
on commence à être beaucoup. Après on verra bien par la
suite…
Quels sont tes projets en cours et à venir ? J’ai lu que tu
as été signé chez Thamas & Co, peux-tu nous
présenter le label et les engagements que vous avez
pris ensemble ?
J’ai donc signé chez eux, c’est un petit label sur Paris géré
par Willy Thamas, je ne connais pas encore les autres
artistes du label mais tout se passe bien pour l’instant, je
choisis mes productions etc. Donc niveau projet, je
continuerai à poser et à me diffuser par Internet et en
parallèle il devrait y avoir des projets tape et un album dans
les deux ans, Donc voilà, je ne peux pas être plus précis
mais il y aura dans tous les cas des sorties, on ne va pas se
précipiter, et faire cela bien. Sinon, j’ai toujours mon
collectif « Xor6 » même si ça ne bouge pas vraiment avec
Tecka, Min’t et Etik en ce moment, donc voilà j’espère qu’il
y’aura du mouvement.
Est-ce que ta famille et tes amis accordent de
l’importance à ta passion et te poussent à te surpasser,
à toujours avoir plus d’ambitions ?
J’ai le soutien de pas mal de gens et d’une partie de ma
famille bien sûr, oui. Enfin pour moi ce qui compte c’est
d’écouter les critiques mais de ne jamais lâcher si on en a
l’envie. Après tout si je fais disque d’or ou pas, je finirais au
trou et le disque deviendra une archive (rire). Maintenant
c’est sûr que comme tout le monde j’aimerai que mes sons
soient plus entendus, mais je laisse le destin faire, mais de
mon côté je ferai tout pour et puis qui vivra verra… Y’a une
part de chance et surtout une grosse part de travail.
Que pensent et disent tes auditeurs de ta voix
particulière ?
Voilà je passe une petite dédicace à tous ceux qui me
soutiennent et à ceux que je soutiens. Je ne commence pas
les blazes pour ne pas en oublier (rire). Merci.
Ornicard
Mais qui est donc or ni car (d) ?
Je suis le rappeur au pseudonyme du nom d’une règle de
grammaire française connue, utilisée pour retenir les
conjonctions de coordination. La question pourquoi «
Ornicard », m’est souvent posée « d’où t’es venu cette idée
tordue de prendre cela comme nom d’artiste ? ». Je
m’explique : enfant j’ai eu quelques difficultés dans
l’apprentissage de la langue, un peu comme tout le monde.
Ma mère m’a donc acheté un livre d’exercices où un
animal, une sorte de chat guide, appelé Ornicar, était
représenté page après page pour faciliter l’apprentissage
des différentes règles. Il m’a donc accompagné tout au long
des exercices et des leçons. Ce personnage m’a marqué,
drôle et attachant. Et quand il a fallu choisir un
pseudonyme, je ne sais pas pourquoi mais j’ai pensé à lui.
Le « D » attaché à Ornicar ne se prononce pas, je l’ai
rajouté car lorsque j’ai crée ma page personnelle sur
Internet (mon FTP) le site : ornicar.free.fr était déjà
attribué. Une dernière chose : la dernière syllabe
d’Ornicard rime avec canard, et s’orthographie de la même
manière sur les trois dernières lettres : cela caractérise
également ma musique car ma voix est spéciale, louche et
ressemble à celle d’un canard, c’est ainsi qu’il est parfois
possible d’entendre des « Coin-coin » dans mes chansons.
Mais d’où est donc ornicard ?
Je viens du Nord Est de la France, un petit village du pays
de Bitche, situé entre Strasbourg et Metz et proche de la
frontière Allemande. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire de
vivre dans une grande ville pour faire du rap, la campagne a
aussi ses artistes qui disent haut et fort leur Amour pour le
hip hop, « one same love !».
Pourquoi ?
J’ai découvert le rap avec des artistes français comme
Manau et MC Solaar, à l’époque très apprécié par le grand
public dont je faisais parti. J’étais encore jeune et pas
encore passionné ni acteur de cet univers musical qu’est le
hip hop. Musique qui actuellement joue un rôle central
dans ma vie. Comment en suis-je arrivé là ? L’écriture m’a
aidé dans les moments difficiles afin de déverser ma
souffrance et me sentir mieux. Très vite j’ai ressenti le
besoin d’aller plus loin et de donner vie à mes textes, les
interpréter ce qui m’a été rendu possible par le rap.
Aujourd’hui chaque expérience vécue, chaque fait
important, chaque passage difficile, chaque moment de joie
est une invitation à l’écriture et à la musique.
ORNICARD
Découverte du White MC
« L’écriture m’a aidé dans les
moments difficiles afin de
déverser ma souffrance et me
sentir mieux. »
23
MARTIS
passionné de hip hop depuis 1 990,
et beatmaker depuis 1 997
Parcours
Sa vision du rap actuel en France
Il a déjà été à l’origine de la sortie d’un Street CD : « Casting
2 choc » qu’il a distribué et vendu à 80 exemplaires. Il a
également participé aux projets de Funky Armenico «
Microphile », de Futur Porche « Tristesse personnelle », RMythe « Hey Gamin », de Bazhiphop : Street CD « Beauté
empoisonnée », de la K-bine « Libérez action Directe ».
La France est le deuxième marché du rap mondial, avec des
mainstreams sans réelle grande envergure mis à part Oxmo
Puccino, Iam et quelques autres, mais avec des talents
intéressants tel que Soklak, Flynt, Hocus Pocus. Je n’attends
rien comme changement. L’age d’or a été atteint sur la
période 1995-2000. Je le dis très sincèrement quitte à passer
pour un « vieux con ».
Actuellement il travaille sur son album « Guestlist » qu’il
produit à cent pour cent. Ces guests prévisionnels sont un
cocktail entre « tête d’affiche », groupe confirmé et scène
orléanaise : Hardkore et âme, R-mythe, Réel Carter, Kalash,
La K-Bine, Futur Proche, Antipode, Manigance…
De bons albums sortent encore très régulièrement mais le
marché est inondé de rap sans niveau, ou de rap formaté.
Aux states, il y de très nombreuses bonnes sorties et
toujours énormément de choses à découvrir. Niveau qualité
de réalisation, la moindre production indépendante a un son
déjà bien patate, et les mainstreams eux, sont de vrai
mainstreams. Loin de nos « baltringues made in France ».
Son parcours
Bousta Bouzihaine est originaire de Mâcon, 71000 Saône et
Loire. Petit, il découvre la culture de rue venant des états
unis et c’est ainsi qu’il entre dans le mouvement hip hop.
Depuis son arrivée en France, il pratique la danse, le chant
et le graff. La culture hip hop coule dans ses veines comme
si cette dernière l’avait engendré et donné naissance à
l'artiste “ Bousta bouzihaine ”. Ensuite, il devient le
fondateur et le chanteur du groupe Soul Mafia Click qui a
déjà plus de 300 concerts à son actif. Son style est un
mélange de rap et de regga. C’est ainsi qu’il est très à l'aise
sur des sons rap ou reggae mais il s'adapte également à tout
style de musique que ce soit chanson française, rock, pop,
fusion ou bien encore musique électronique. Il n'a pas de
limite, il aime poser sa voix sur différents styles ce qui
montre qu’il est très ouvert, non seulement dans sa musique
mais également dans sa vie. Ces textes sont engagés et
montrent simplement le visage de la société et tout
25
particulièrement celui des enfants d'immigrés. Le message
principal qui ressort de sa musique est le droit de vivre pour
tout le monde, quel que soit son origine, sa couleur de peau,
ses convictions... Son flow nous entraîne dans un monde
harmonique où règne la paix. Sur scène il met le public à
l'aise, qui lui rend bien en lui souriant et en portant une
écoute attentive à ses textes. Une ambiance chaleureuse est à
chaque fois présente tout au long de ses concerts. Le
chanteur Bousta Bouzi.N est confiant quant à son avenir,
c'est une personne humble, gentil et rempli de connaissance
sur la musique. Un rapide C.V. est le suivant : première
partie de Stony Bugzy, Cheb Mami, Faudel, Saï Saï, La
Brigade, Massilia Sound System, Diam's, Matt Moerdock,
Sefyu, Busta Flex, Relic, Cut Killer, Gnawa Diffusion,
Skatalite, Sinik, Noyaux Dur ...etc.
Les structures
En parallèle de Soul Mafia Click, il travaille en solo avec un
style différent de ce qu’il fait d’habitude avec son groupe, il
y est beaucoup plus rap et plus revendicatif et une petite
ambiance reggae se dégage dans certains de ses morceaux.
Au niveau de la production de l’Album cela c’est fait sans
musiciens mais sur scène, il est accompagné : d'une basse,
d’une guitare, d’une batterie, d’un clavier et d’un saxophone
alto. A côté de cela, il est également membre de Saltimbank
Crew avec Cheb Mounir, Massai Rai, Rabah Dub, Dickson
le D-click : c’est du rap west coast, rai et rap ragga français.
Il fait parti de ce label en tant que producteur. Ils sont deux
associés et avec Hocine ils forment la : Saltimbank
productions. Ils disposent d’un studio d'enregistrement,
d’une équipe vidéo et d’une équipe chargée du graphisme.
En ce moment ils produisent le maxi de Dickson le D-click
qui sera suivi de son album, prévu pour 2008. D’autres
coproduction sont également en cours. Son groupe Soul
Mafia Click est quant à lui composé de deux chanteurs qui
sont Rabah Dub et lui même. Ils sont ensuite accompagnés
d’une guitare, d’une batterie, d’une basse, d’un clavier, d’un
cuivre et d’une percussion. Ce sont donc la deux chanteurs
pour six musiciens dans un style reggae ragga hip hop
ambiancé par de la musique orientale et de la “ world music
”.
Ses apparitions
L’album de Soul Mafia Click en 1998. Deux albums du
même groupe en 2002. L’album solo d’Hocine en 2004. Son
premier album solo en 2006. La mixtape “ à quoi ça rime
volume 1 ” en 2006 et également une trentaine de net tapes
la même année. Une compilation hip hop espagnole est
sortie en 2007. Il également déjà effectué plusieurs
featurings avec des apparitions sur des albums d’artistes en
France, en Allemagne, en Algérie, au Maroc, et en Pologne.
Il est également apparu dans le Groove et le sampler de Rap
Mag numéro 20 avec Kenny Arkana, Sniper… Quatre clips
à lui ont aussi déjà été diffusés à la télévision sur Zik, M6
Music, Fun TV et également sur Internet sur Dailymotion.
Il a également eu l’occasion d’être interviewé sur un
reportage d’ARTE "in cité",
Ses projets
Actuellement il travaille sur le nouvel album de Soul Mafia
Click où ils sont entrain d’enregistrer en studio. La sortie est
prévue pour courrant 2008. Leur tournée est également en
préparation. Un nouvel Album solo d’Hocine est prévu
pour fin 2008 et son deuxième album solo est en
préparation mais aucune date n’est encore fixée. Il va
également encore apparaître sur les différents projets
suivants : mixtape “ à quoi ça rime volume 2 ” en 2007,
mixtape “ underground connexion volume 2 ” en 2007 ou
début 2008, compilation : “ pour les sans papiers ” en 2008,
compilation “ rap algérien ” en 2008, mixtape de DJ
Wolverine" le rap n’est pas mort volume 2" pour 2008,
mixtape “ cranial lump ” de Foulfeux Prod pour octobre
2007, mixtape en Norvège rentrée 2007, maxi de Dickson le
D-click 2008, des featurings sont également en cours, des
net tapes et ainsi que d’autres mixtapes. Le rap a évolué
musicalement mais a toujours gardé les mêmes clichés de
rebellions, de banlieue, d’étrangers, de racailles, de musique
des baffons etc... Mais c’est ce qu’il aime et il est grave
accroché à ce mouvement et à cette culture hip hop. Pour le
changement c’est le clash typiquement jamaïcain qui est
rentré dans le rap, et pour ceux qui ne le maîtrise pas, cela
peu devenir très dangereux. Cela crée également une
compétitivité entre groupes ou rappeurs solo. Mais pour lui
à l’origine le rap reste défendre la paix, être solidaire et
rapper contre la société qui nous veut tant de mal, nous fait
vivre tant de peines.
Agena
GORAH
a n i m a t e u r d e l' é m i s s i o n
radio Wicked Vibz Station
de p u i s 2 0 0 3
27
Gorah a 22 ans et il nous vient de Paris 75018. Les origines
de sa passion remonte il y a presque 10 ans. Les albums
d'IAM et NTM, l'école du micro d'argent et suprême NTM,
étaient sortis depuis peu, et il s’est dit : « pourquoi pas moi ?
On était au collège, on écrivait nos textes en cours et puis à
la récré, on les comparait...voilà pour l'anecdote ». Ce qui lui
a vraiment plu dans le rap au début, c'est le côté littéraire
qu'on peut développer dans les textes alors que c'est
beaucoup plus dur dans d'autres styles musicaux plus
pauvres et plus aérés au niveau textuel. Le fait aussi de
pouvoir « rentrer dans le son avec une feuille et un stylo »
est aussi quelque chose qui l'a séduit.
Il a eu deux groupes : Dernier Verdikt, avec lequel il a fait
ses classes et sorti deux EP; et l'Exékution Sanz Appel, avec
qui il a pas mal maquetté et beaucoup tourné sur scène. Ils
se sont séparés mais ils continuent toujours encore de
travailler ensemble sur différentes choses. En 2003, il sort
son premier EP solo « Le Pro-G » ainsi qu'une compile «
Summer Session 2003 » rassemblant plein d'artistes et de
styles musicaux différents. Le concept sera repris en 2006
avec « Summer Session 2006 » et sachez que l'édition 2007
se prépare...
Avec Junyor Pikk (ex Exekution Sanz Appel) et Dj Bahs, il
se lance dans l'animation radio en 2003 avec l'émission
WICKED VIBZ STATION. Une émission hebdomadaire
rap, reggae, dancehall et autres, qui tourne sur Fréquence
Paris Plurielle 106.3FM où sélections, interviews et lives se
mélangent. Ils vont bientôt fêter les 4 ans de l'émission.
Ensuite, il décide de participer aux scènes slam parisiennes
car l'ambiance et la forme du slam lui plaisent beaucoup. «
On a plus de liberté au niveau du texte que le rap vu que
l'on est pas contraint par un rythme. » Début 2007, il sort
son premier maxi vinyle « Edifices » où on le retrouve en
feat le rappeur ENZ, la chanteuse soul Laureen Jessika, les
Djs Swift (Silmarils) et Kaïssa et le beatboxeur Pozty One.
C’est un maxi 3 titres avec instrumentales et acapellas qui
est définitivement hip hop pour les Djs, puristes et
amateurs. On retrouve une couleur très jazz et soul à la
production car il a fait appel à Jr EaKeE (Taste Press),
Lastik et Kosi Boy & Ekimoz. Il a essayé de s'imposer sur
un format plus court (3 titres) que d'habitude où il a plutôt
tendance à faire des Eps ou Lps.
Actuellement, il travaille toujours sur la promo et la mise en
place de ce maxi car il a décidé de le sortir en totale
indépendance et sans distribution ce qui demande beaucoup
d'efforts. « Le clip du morceau avec ENZ sortira courant
septembre...avis aux amateurs. Un dernier truc : achetez le
en double pour vos passe-passe !! ». Il n’y a pas de projets à
venir pour l'instant, juste quelques idées, des maquettes, des
lives, l'animation de WICKED VIBZ, des passages
radiophoniques chez les collègues et toujours de
l'entraînement.
Gorah quel est ton avis sur le rap d’aujourd’hui ? Que
voudrais-tu voir comme changements ?
Des changements? Il y'en aurait trop à faire! A la limite, il
faudrait carrément refonder un autre mouvement! Non, je
déconne, mais sérieusement, je trouve que la qualité des
textes se perd et que les sorties sont beaucoup trop
nombreuses. Le rap accessible au « grand public » n'est plus
d'aussi bonne qualité qu'il y a quelques années. Cela nous
porte préjudice et véhicule une très mauvaise image de
notre mouvement. Ce qui discrédite alors l'ensemble des
rappeurs.
Certains semblent avoir oublié les valeurs qui ont fondé le
hip hop, à savoir : peace, love, unity & havin' fun.
Aujourd'hui ce serait plus : violence, clashs, matérialisme,
égotrip... Mais bon, il en faut pour tous les goûts; le seul
problème, c'est que ce genre de rap est mis en avant par les
médias et les jeunes écoutent beaucoup trop cela. Je pense
qu'il y a effectivement « mieux » pour leur éducation
musicale et également leur éducation tout court.
Ornicard
29
Peux-tu te présenter en mettant en avant les
nombreuses années de ta relation intime avec le hip
hop et en nous donnant un résumé de ton parcours ?
Je suis Solem Akérone, et j’ai 26 ans. La première fois que
j’ai entendu un morceau de rap, c’était à l’époque du premier
NTM et de leur premier titre : « c’est claire …t’as le touché
nique ta mère» Ce morceau était enregistré sur une K7
ramenée par mon frère, « Public Enemy », époque Rapline.
Tout cela m’a complètement retourné, car il y’avait une telle
énergie, de la nouveauté, un courant de révolution très, très
amer. J’ai commencé à raper à 13 ans. Mon premier groupe
s’appelait A.C.C. « Au Cœur de la Cité ». Ensuite on a
fusionné avec un autre groupe : « Pulsion Lyrics » pour
finalement former les « Pose Malfrats ». Avec ces premiers
groupes, j’ai découvert l’écriture, eu mes premiers
encouragements, fait mes premières scènes et aussi donc eu
mes premiers applaudissements. On a mûri et progressé
pour finalement nous retrouver en première partie de
plusieurs groupes hip hop : Fabe & Koma, Cut Killer avec
son fameux « Hip Hop Soul Party 3 », D’Auz System, Les
Spécialistes, La Cliqua et cela lors des fêtes de quartiers,
fêtes de la musique et autres concerts d’autres groupes de
courants musicaux différents : ROCK, REGGAE…On a
participé à la vie d’une MJC. Ensuite, je quitte le groupe.
L’objectif est de peaufiner mon écriture et mon style en
passant par une période en solo. Puis, je rejoins le groupe «
Enième Anathème » avec qui j’ai travaillé sur un projet
maxi qui ne verra jamais le jour, avec DJ DUKE à la
production. Entre temps, j’ai fait des rencontres parmi des
stages de dj & de m.a.o. que je mets en place et organise en
faisant venir des intervenants de Paname et d’autres villes…
Ensuite je continue de mon coté le rap pour finalement
former avec un pote un duo nommé Solem & Frisco. On
décide également de former une association avec JEY qui
s’appellera « IMPOSE TON FLOW ». Deux, trois ans
après, enrichi de quelques concerts, connexions, d’un site
Internet, d’un clip, de projets, le « crew » éclate et chacun
part de son coté. Tout au long de mon parcours, je n’ai pas
seulement fait que raper mais je me suis également adonné
au graphisme. C’est avec ce bagage que j’ai eu l’idée de
travailler sur un projet Streetwear et j’ai donc préparé
quelques modèles de vêtements dans l’objectif de lancer
une collection appelée « Kéro Wear ». Je me sentais près à
entrer dans l’aventure du textile. Ma dernière participation
musicale a été au festival MUSIC POPulaire MEDitéranée à
Tunis, chaque pays méditerranéen est venu présenter son
Hip Hop, sa culture et ses musiques : rencontre avec le
Maroc, la Tunisie, l’Algérie, le Portugal , l’Espagne et l’Italie.
Je reviens en France plein de souvenirs dans la tête, prends
du recul dans la musique et travaille sur ma sape. Je me
remets également progressivement à la musique via le
Beatmaking. Concernant le MC, il reprend son chemin
depuis peu, il n’a pas de projet précis mais maquette déjà
dans le Razorlabs !
Pourquoi avoir eu la motivation et l’idée en 2004 de te
lancer dans un premier projet Streewear à l’époque
appelé « Kéro Wear » ?
La motivation est simple, c’est un projet que j’ai en tête
depuis l’époque BANGA, WRUNG. Un ami et moi
voulions faire quelque chose dans la sape streetwear mais
par manque de moyen et d’organisation on a dû laisser cela
au stade d’idée. Cependant, nous avons tout de même créé
quelques modèles avec mon « blaze » sur le dos comme
objectif de les utiliser pour les scènes. Je m’y suis remis
plus sérieusement en 2003 en créant quelques modèles pour
le plaisir et au fur et à mesure de vrais modèles prenaient
formes. Je n’ai pas trouvé d’emplois et au lieu de ne rien
faire, j’ai profité de ce temps de libre pour lancer «Kéro ».
2004 : c’est l’année où tout à débuter avec la sortie d’une
première série. Le premier problème rencontré a été la
recherche de fournisseurs. Cela m’a permis de mieux
comprendre le marché et d’engranger de l’expérience. Après
c’est la démarche habituelle qu’il faut appliquer lorsqu’on a
un projet : c’est un investissement de tous les jours basé sur
de bonnes idées, qu’il faut vérifier auprès du public : c’est à
dire pour commencer les amis, les hip hopers et tous les
autres c’est à dire ceux qui ne calculent pas du tout cette
mode mais qui pourront reconnaître un soupçon de talent
ou même aimer un modèle chez Kéro Remediz. Ensuite il
faut s’entourer de gens compétents pour aboutir à un
produit fini qui « claque » et qui est vendable. Une étape
importante pour moi est le regard des gens que je connais
dans ma ville : je veux qu’ils soient étonnés dans le bon sens
c’est à dire qu’ils regardent mes modèles comme ceux d’une
belle sape (marque) connue et implanté depuis des années
afin que nos vêtements leur donnent envie de s’en procurer
un exemplaire et même plus si possible.
Comment vous êtes-vous découvert Rasda et toi cette
envie commune de créer une marque et quand avezvous décidé de vous lancer dans l’aventure ?
D’une, on est de la même région l’Oise le 6.0 comme on
l’appelle ici, la « Oise-Coast » si tu préfères. Le cul coincé
entre la West- et la East-Coast !! (rires) D’autre part, on s’est
rencontré par notre passion commune du Hip Hop, lui le
graf et moi le rap. On a également en commun le
31
graphisme, le goût de la sape et les mêmes influences
musicales. Tout d’abord, je voulais lancer un concours pour
trouver un « writers » afin qu’il travaille avec moi sur
quelques modèles. Mais avant cela, j’ai tenté un modèle avec
RASDA ; il m’a tout de suite plu, a répondu à mes attentes
et son talent a bien sûr parlé de lui-même. En plus RASDA
travaillait déjà de son coté sur ses propres modèles on a
même pas réfléchit, on n’a constaté qu’on se complétait, on
a fusionné nos deux projets pour donner vie à Kéro
Remediz avec comme slogan Wicked Project qui en gros
veut dire un « putain de projet ». Comme on s’autofinance,
on n’a pas cherché à faire des sous donc on développe nos
activités, nos modèles à notre rythme et en fonction de nos
finances. Ca va faire mal ! Pas mal de modèles ont été
travaillés ces dernières années et sans être prétentieux au
niveau visuel on espère mettre à l’amende quelque marque
qui ont arrêté de réfléchir sur leur ligne. Enfin seul l’avenir
nous le dira.
Qu’est ce qui vous différencie des autres marques de
Streewear, que fait la force de « KERO REMEDIZ » ?
On essaye simplement de faire quelque chose qui n’a pas
encore été fait. On joue sur la différence sur certains visuels,
c’est un réel challenge d’arriver sur un gros marché avec nos
modèles ! Deux mecs de province s’unissent par une
passion commune et développent leur art dans la même
ligne directrice alors qu’il y’a trois ans en arrière, ils ne se
connaissaient pas, cela est une force, peut faire la différence.
Puis on se complète comme un vieux couple ! (sourire).
Comment se présente le futur pour « KERO
REMEDIZ » ? Sortie à plus grande échelle, nouveaux
modèles, sponsoring d’artistes pour promouvoir la
marque de cette manière ?
L’avenir se met en place chaque jour. On a posé la première
pierre, les prémisses après de longues heures de
travail.Niveau échelle, on reste dans de petites séries : un
bon modèle doit être presque méconnu, c’est un peu
contradictoire mais on préfère rester dans la cour des petits,
fidèles à notre approche de la sape. On n’est pas forcément
attiré par le pognon, le principal c’est que la sape circule et
qu’on rentre dans nos frais après le reste c’est du bonus.
Nous voulons également développer d’autres séries et des
outils de communication derrière. On travaille pour manger
donc on ne compte pas là dessus pour vivre cela reste une
passion comme la musique ou bien le graphisme. Au niveau
des sponsorings, on a déjà fait cela pour le clip de Hikhtheb
un groupe local qui a sorti son deuxième album et qui nous
porte dans leur premier clip. Après, il y’a d’autres contacts
qui se font en dehors de nos frontières picarde mais avant, il
faut voir ce que cela peut nous donner comme retombées, si
c’est juste pour être vu, cela ne sert a rien. Il y’aura sans
doute un partenariat sur des projets musicaux et avec le
monde du graf, on reste ouvert mais dans cette même ligne
directrice.
Niveau distribution, comment procédez-vous ?
Au niveau de la distribution nous procédons de la façon
suivante : de main en main pendant les concerts (par
exemple au concert des 2BAL) et nous disposons d’une
plate-forme qui nous donne un retour neutre c’est un « deal
» signé avec notre SPORT 2000 local. Malheureusement, il
n’y a pas de shops hip hop dans ma ville. Ensuite, on
développe le coté Internet, c’est à dire site avec paiement
facile et sécurisé par « pay pal ». Nous entrons également en
contact avec des shops sur Paris, affaire à suivre. Tout se
met en place tranquillement et les prochains modèles
arrivent bientôt.
Big Up à ma petite famille, mon home boy RASDA et sa
famille aussi, longue vie à Kéro Remédiz et à nos futurs
projets, aux potes et à ceux qui nous supportent ! Peace et
longue vie à ce genre d’initiatives !
www.myspace.com/solemakerone
Ornicard
OMEN
GRAPHIZM
Graphiste indépendant, dès l'âge de 19 ans
Mathieu aka Nemo, 21 ans, de Nancy, est
graphiste free-lance depuis deux ans. Il est
également un gros passionné de musique,
d'image au sens large, et de voyages. Il réalise
vos travaux de communication visuelle :
graphisme, artwok, identité visuelle, publicité,
édition, webdesign…
33
Avant de te spécialiser dans le graphisme quelle était ta
relation avec le hip hop : as-tu déjà été producteur,
tagueur, rappeur… ? Et actuellement as-tu d’autres
activités liées au hip hop excepté le graphisme ?
J’ai commencé le graffiti et le rap à peu près en même
temps, vers 14/15 ans… Comme je n’avais pas vraiment de
potes dans ce délire à ce moment là, je me suis essayé un
peu à tout : rap, production, tag, graffiti… Un peu moins la
danse (faute de carrure) et le djing (faute de matos) mais à
l’époque j’étais à fond dans tout cela, avant de rencontrer
des gens dans le milieu ou bien encore de convertir mes
potes... Du coup, aujourd’hui je pratique encore ces
disciplines et j’y ai rajouté le graphisme et la musique au
sens plus large (cratedigging, instruments…).
Niveau graphisme quel est ton parcours ? As-tu fait
des études dans ce domaine ou as-tu appris cela de
façon autodidacte ?
J’ai fait des études de graphisme (un BTS) mais ça ne m’a
servi qu’à avoir un diplôme, un bagage concret pour
travailler après, mais j’ai vraiment appris 90% du métier tout
seul, en bidouillant des centaines d’heures quand j’étais
sensé faire des exos de maths (ah ah)… Ce qui m’a valu pas
mal d’emmerdes dans mon parcours scolaire. Mais aucun
regret à ce niveau là, quand je vois les ex-premiers de la
classe galérer pour trouver un job, je me dis que j’étais pas si
à côté de la plaque que ça. Attention, je reste une exception
et certainement pas la règle.
Dans un premier temps : tu as travaillé sur des projets
hip hop sous le blaze « Nemo SK » : le EP à Dreyf,
l’instinct de Shaolin, zone sacrée de Pomerium… puis
tu t’es diversifié, pourquoi ?
Ces projets ont été faits avant que je me lance
officiellement, quand j’étais encore à l’école justement. Je
n’avais donc pas encore de statut, ni même d’entreprise,
donc je signais simplement de mon nom de graffeur (le SK
a disparu depuis d’ailleurs). J’ai trouvé « Omen Graphizm »
quand j’ai monté ma boite et que j’ai voulu faire une
distinction entre mes travaux de commande et ce que je
peux faire dans la rue ou ailleurs.
Quel as été le déclic pour que tu te dises : « j’ouvres
mon entreprise de graphisme, me met à mon propre
compte » ?
En fait je travaillais déjà pas mal au black à côté des études,
donc quand je les ai finies, cela m’a paru assez évident de
profiter de cet embryon de réseau et des bons retours que
j’avais pu avoir, et ainsi de me lancer en solo. Le marché
étant assez saturé, je n’aurais sans doute pas trouvé de place
en agence tout de suite, donc je n'avais de toute façon pas
grand-chose à perdre, à part peut-être mon temps.
Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées en te
lançant dans ce projet professionnel et si c’était à
refaire ? Quels conseils donnerais-tu à ceux qui veulent
faire comme toi ?
Comme c’était prévisible, les premiers mois ont été assez
calmes, et puis après un peu de démarchage, un ou deux
appels d’offre, un peu de chance et d’acharnement, cela s’est
mis en place assez rapidement. Les avantages tu les devines :
je suis mon propre patron, je gère mon temps comme je le
veux et j’ai souvent un rapport plus personnel avec les
clients que dans une agence où il y a une personne par
élément de la chaîne. Les inconvénients : je ne sais pas du
tout si j’aurais du boulot le mois d’après et je ne touche pas
de chômage ou quoi que ce soit si je n’en ai pas, je dois
rester disponible presque 24 heures sur 24, 7 jours sur 7
puisque c’est une des raisons pourquoi on fait appel à moi
et pas à une agence, et je dois gérer la communication, la
comptabilité et d’autres aspects beaucoup moins marrants.
Mais rien de bien méchant au final, et si c’était à refaire je
préférerais toujours cette indépendance au confort du
salarié. Pour le moment en tout cas. Des conseils à donner,
c’est pas évident puisque chacun a des capacités et des
opportunités différentes, et mon parcours n’est pas du tout
standard… mais dans tous les cas, beaucoup travailler au
début pour se faire des skills (outils) et un nom, connaître sa
valeur tout en se remettant en question, et ne pas avoir peur
des nuits blanches ni des mois de vaches maigres. En fait le
plus dur est peut-être de doser la confiance en soi et le
réalisme, puisque personne ne va te pousser ou te raisonner
si tu t’égares.
Comment est perçu ton travail auprès du public de tes
clients, as-tu des retours : encouragements, félicitations, critiques ?
Cela dépend des projets, mais la plupart du temps j’ai de
bons retours, les gens voient bien que je m’investis dans
mon travail et que j’hésite pas à en faire un peu plus si je
n’en suis pas content. En fait pas mal de clients sont venus
me voir parce qu’ils avaient tilté sur un job que j’avais fait
précédemment ou même par le bouche-à-oreille, donc c’est
très positif… Il y a aussi des fois ou cela marche moins
bien, ou on est pas forcément sur la même longueur d’onde,
mais jusqu’ici c’est rare et j’essaye de prendre les critiques de
35
façon constructive et d’avancer avec.
Une dernière question : niveau relation avec tes clients,
as-tu la liberté de leur donner ton avis et leur dire « si
vous faites comme ça, cela ne va pas plaire !» et ainsi
as-tu la liberté d’apporter ta vision personnelle pour
une remise en question de l’idée globale et repartir
ensemble dans une autre direction, cela est t’il déjà
arrivé ?
Oui, je donne systématiquement mon avis sur les idées et les
directions suggérées, mais c’est toujours le client qui décide
au final. Il y a des projets où j’ai carte blanche et que je suis
libre d’illustrer comme je le sens, et d’autres où j’ai des
consignes très strictes sur ce que je dois faire. La plupart se
situent entre les deux, c’est un travail en parallèle entre le
client et moi. La nuance qui n’est pas évidente à cerner dans
ce genre de métier qui comporte de l’artistique, c’est que ça
reste de la commande quoi qu’il en soit. Contrairement à ce
que je peux faire dans la musique ou le graffiti, ce qui paye
mes factures ce n’est pas de l’art mais plutôt de l’artisanat,
cela signifie utiliser ma fibre artistique pour répondre à une
demande, en faisant des concessions si besoin est. A partir
du moment où tu comprends cela, tu t’évites pas mal de
prises de tête et de dilemmes, même si il m’arrive de tiquer
un peu quand je dois faire quelque chose que je ne sens
vraiment pas, je me dis que c’est de l’alimentaire et que j’ai
d’autres disciplines à côté qui me permettent de m’exprimer
sans obéir à un grief ou des contraintes commerciales.
Pour entrer en contact avec Omen-graphizm et voir
une plus large palette de son travail il se suffit de se
rendre sur son site internet www.omen-graphizm.com
et prochainement sur son myspace.
Ornicard
Del'Ar-T
Larmes au coeur
Le 14 Février 2007, Del’Ar-t sort son second street album
composé de 6 titres en téléchargement gratuit.
delart75.free.fr
www.myspace.com/delartop
Débarque
Morceau d’ouverture, de présentation, freestyle égotrip, qui
annonce l’Album dans la lignée et la qualité de ce Net
Projet. Jolie mélanges de voix grâce à la participation de ses
amis et collègues rappeurs.
Ma planque
Morceau mélancolique mais qui porte en lui l’espoir.
Montée en puissance de la voix, on sent la hargne, la rage
dans chacune de ses intonations. Del’Ar-t fait le point sur sa
vie et le mal-être que l’on a tous déjà ressenti « trahisons,
déceptions, chaque jour j’en apprends un peu plus… Le
bonheur est un atout qui peut très vite te dire adieu...» Ce
morceau a une âme et une telle force, qu’il est capable de
faire ressortir nos propres sentiments, émotions de nos
expériences qui sont si différentes mais finalement : elles se
ressemblent tellement, il nous le fait remarquer dans une
sorte de conclusion vers la fin du morceau « On croit que
notre histoire est unique, différente de celle d’autrui, mais
tout se rejoint.. ».
Va fanculo
Sur un sample de guitare, Del’Ar-t fait ici des prouesses avec
son flow, en accélérant et en enchaînant les mots à une
vitesse impressionnante. Instrumentale à nouveau
entraînante, énergique et originale car accompagnée de
détonations. Délire egotrip critique, pas égoïste «TF1 t’as
retourné l’esprit… Del’Ar-t flow tranchant comme un
silex… juste ma voix pas de chaîne en or sincère je le
resterai et ce jusqu’à la mort… ».
Schizophrénie
De la pluie et du vent pour introduire les voix qui tombent
telles des gouttes et soufflent des mots. Del’Ar-t joue
tellement bien avec sa voix et arrive à la modifier, que l’on a
l’impression que le titre est un featuring, mais non. Le
morceau traite de l’avenir, celui qui se rattache à ses futurs
emplois et ainsi il évoque plusieurs métiers et solutions
possibles pour gagner sa vie : architecte, vendeur de voiture,
dealer, chirurgien, journaliste, acteur, paparazzi, jardinier,
dentiste, paysans, ouvrier, chauffeur de taxi, vendeur à
carrefour, mathématicien, astronaute, peintre, informaticien,
judoka… La schizophrénie s’exprime ici dans la peur des
différents postes, différentes situations dans lesquelles il
pourrait se retrouver plus tard. Tous ce qu’il cite ne lui plait
pas vraiment : excepté une seule chose, son rêve de rappeur
; il manifeste son envie de vivre de sa passion, mais dès le
début il est réaliste : « je sais que j’peux pas compter sur le
rap… » Del’Ar-t montre encore une fois son habilité et son
talent tout au long du morceau en changeant plusieurs fois
de flow. Il a conscience de la difficulté d’atteindre son
objectif, son rêve, ce qu’il exprime sur le refrain accrocheur
et énergique « Le chemin de la réussite est un peu long… »
Plus tard dans le morceau il évoque le succès : « La gloire ne
se calcule pas comme deux et deux font quatre ». De part
l’écriture, l’originalité du thème et l’énergie déployée voilà
bien ici le tube du Net Projet.
L’homme à abattre
On change d’ambiance pour un titre règlement de compte,
encore une fois sur une superbe production, très sombre.
Tout de suite Del’Ar-t nous donne le ton dès les premiers
mots du couplet : « J’croyais pas en Satan mais maintenant
j’ai la preuve qu’il existe… » Il laisse s’exprimer ses pulsions
meurtrières « je brûlerai ton corps…, ta souffrance ma
délivrance… je préfère le tuer avant d’être un martyre…» et
peu à peu l’on comprend que les paroles du morceau sont
adressées à son beau père : « ma mère est sous ta putain
d’emprise… t’as créé la zizanie dans ma belle famille... ». Il
déverse dans ce titre toute la colère qui brûle en lui et il y
met même une touche d’humour : « dommage t’as pas
l’argent, tu pourrais faire un long voyage en navette
37
spatiale… ».
Cœur intact
Pour finir la Street Tape en beauté, Del’Ar-t nous montre ici
une autre facette de son rap : en parlant à cœur ouvert et
avec sincérité de ses sentiments amoureux : « T’étais tout
pour moi et tu le restes encore… je t’aime encore…» Il
déverse toute la souffrance qu’engendre l’amour quand il
s’évade. L’amour qu’il lui porte ne s’efface pas, il montre ici
son côté éternel : « N’oublies pas qu’on s’aimait, qu’on
s’aime… Je sais bien que tout est fini, mais t’as toujours ta
place… J’vais pas faire la racaille car je t’aime et c’est
comme ça, mais j’ai confiance, je sais qu’un jour je te
retrouverai… » Il heurte ici un mur devant l’incertitude des
sentiments et prend plutôt bien et avec du recul le fait que
les sentiments de l’être aimé ce sont reportés sur quelqu’un
d’autre « c’est un autre qui t’as volé, mais t’es grande pour
savoir… » Le refrain est mélodieux, chantonné et après
plusieurs écoutes on se prend vite au jeu et on se met à
chanter avec Del’Ar-t. Le morceau est très bien écrit,
poétique avec de belles métaphores « Je rêve encore de
l’étoile que j’effleurais de mes dix doigts… le soleil de ma
vie… ».
Ornicard
Ornicard
Regards
Ornicard, MC de Moselle, nous fait découvrir son street CD
« Regards » sorti en août 2006.
ornicard.free.fr
La pochette ? Un œil dont l’iris est le monde. Serait-ce le
monde qui regarde les hommes, Dieu, ou bien le monde qui
se reflète dans nos yeux c’est à dire que les hommes
regardent le monde ? Nous vivons tous sur la même terre,
vivons tous des choses semblables, partageons la même
condition humaine, pourtant nos regards sur le monde, sur
nos vies sont différents.
merveilleux. Le dernier morceau « Point final » rappelle qu’il
ne sert à rien de courir après les plaisirs matériels car notre
destinée finale est la même c’est à dire : la mort. La mort ne
doit pas nous faire peur, elle fait partie intégrante de notre
vie et c’est pour cela que je trouve important qu’on la
retrouve sur mon disque.
Sur ce Street CD de 17 titres c’est mon regard qui vous est
donné lui même subdivisé en plusieurs regards : à la fois sur
ma propre vie et ses bouleversements sur des titres comme :
« Un homme », « Sorry », « Understand me », « Posityves »,
mais également un regard sur le monde et ses événements
qui m’interpellent : « Idéal », « Valeurs », « Dark night », un
regard plus spirituel sur : « Les rêves », « Musique », «
Bonheur », « Plaisir », critique sur : « Love game », « Aimes
toi », joyeux : « Y’a de la joie » et dramatique sur « Nouvelle
vie ». Le CD montre aussi le long cheminement menant au
bonheur, avec la nécessité de passer par des moments
difficiles à vivre et tristes pour mieux apprécier les
Productions : Seth, Ludocavic, Kirk Call Away (Karl
Colson), Martis, Necta Kid, Flow-beats (DJ Flown), Tiro
Prod, Cuttinvibz. Sont également présents : Numéro
(Producteur), DJ Wicked Matrix (Scratch) et Loky
(Artwork).
Ce CD a été l’occasion de faire quelque chose d’organisé et
de concret et de ma passion, c’est une carte de visite :
produite en petit nombre. Je travaille actuellement sur un
nouveau disque dont le titre sera « Ephémère ».
Amdiaz
Introfusion
Amdiaz sort un maxi 5 titres en téléchargement gratuit, avec
la participation de Karl Colson, CHI et Yamada.
amdiaz.free.fr
www.myspace.com/amdiaz
Ange Rouge
Le premier morceau du Net Maxi est plein d’énergie.
L’instrumentale produite par Karl Colson est accompagnée
tout au long du titre par un chœur de voix aiguës que l’on
peut assimiler au chant des âmes prisonnières de l’ange
rouge. La batterie accompagne efficacement les voix et
donne la pêche au morceau. Amdiaz aborde un thème
original et s’exprime avec hargne et rage, l’apogée de
l’énergie déployée est atteinte sur le refrain avec l’apparition
de la mélodie jouée au piano : « c’est l’ange rouge… »
L’instrumentale prend petit à petit une atmosphère
médiévale. La voix et le flow du MC sont en parfaite
harmonie avec la production. Le texte est mis en valeur : les
comparaisons, métaphores s’enchaînent habillement et le
côté technique de l’écriture ressort également « activité
illicite et statut immortel, la science du mal il en a le prix
Nobel… La vie ne tient qu’à un fil et il aime le tricoter,
sème la folie, récolte les péchés et les trient d’côté… ».
Marcher Seul
Dès les premières notes, le thème et le titre du morceau
nous sont donnés sous la forme d’une voix scratchée par DJ
Aydree : « marcher seul dans la vie ». Amdiaz nous montre
le lourd poids de la solitude « à une époque où sur le sol des
hommes seuls décèdent… Isolé pour s’en sortir le seul
moyen c’est le combat » et la nécessité d’y recourir pour
aller au bout de ses objectifs « j’avance seul…Pour passer
tous ces sales barrages, pour avancer faut ramer fort, mec
c’est la rage… ». Sur le refrain DJ Aydree est à nouveau aux
platines sur une ambiance sonore caractérisée par le
tintement d’une sirène. Le MC revient plusieurs fois sur le
thème qui est l’abandon, le renoncement : « combien de
potes lâchent dès que ça foire… ». Il tire également les
conclusions de la trahison « ça part de la vengeance pour
finir aux pierres tombales ». Il nous fait également
remarquer dans ce morceau que l’on ne peut réellement
compter que sur soi même : « ne fait confiance à personne
ma mère me l’a dit, du coup j’ai fait de la solitude ma
meilleure amie… La réalité c’est chacun pour soi et dieu
pour tous. » Le titre se referme comme il a commencé sur
des scratches. Karl Colson signe encore une fois une
somptueuse production, avec de merveilleuses variations :
après le deuxième couplet le beat s’arrête puis le morceau
repart plus fort encore !
American Dream
Que reste-t-il du rêve américain ? Il est toujours bien encré
dans nos têtes, nous en avons ici la preuve en musique sur
une production à CHI. L’instrumentale est entraînante et
une voix répète tout au long du morceau « Yeah » pour bien
que l’on plonge dans l’ambiance « Show Time » de «
l’American Dream ». Le MC ne donne pas que les côtés
positifs de la vie qu’il imagine aux Etats-Unis, en effet : «
oublies la politique, les merdes qu’ils nous font inhaler…
L’oseille est reine, mais la pauvreté y règne… Me faire du
cash me fatiguant dans un sale petit job… » Il nous rappelle
également que le hip hop est né aux USA : « le berceau du
hip hop c’est par ici…».
Derrière les sourires
L’instrumental est de Karl Colson. Le morceau est construit
autour d’un sample de guitare : mélancolique. Les paroles
sont conscientes et expriment toute la peine et la déchéance
qui peut se cacher derrière les sourires qu’on peut ici
qualifier de trompeurs ! Le morceau commence avec le
refrain qui tout de suite donne le ton : « derrière les sourires,
il y’a des cœurs qui pourrissent, ici le bonheur n’est qu’un
touriste… » Le morceau est très bien écrit et déverse
tristesse, souffrance et fatalité : « le poids lourd sur les
épaules, blessé par l’école, blessé par l’alcool, guidé par des
idées connes… Quand une fille est violée elle peut perdre sa
beauté… La vie donne de grosses baffes dures d’esquiver…
39
» Les multi-syllabiques s’enchaînent : «imagines le vécu d’un
séropositif et pendant ce temps là que font ces héros
politiques, t’as beau parler on zappe ton pauvre litige… ».
Aller-Retour
Le morceau a pour sujet les longs « allers-retours » entre son
pays natal : le Maroc et la France. Il évoque son départ et
ses origines « à 14 ans, je quitte l’Afrique pour l’Europe et la
France… Je suis né au bled…» et le retour joyeux l’été pour
passer ses grandes vacances chez sa famille au Maroc «
comment expliquer le bonheur, la joie et l’effet que ça crée,
l’amour s’accroît… ». Ensuite il énonce les particularités du
voyage « le soleil tape la caisse est au raz du sol, 7 heures du
mat la route est vide : on aura du bol… Premier dodo
même si c’est pas très relax… ». Ensuite, il évoque la joie
qu’il prend à ramener de la musique de France et la faire
écouter à ses cousins et également le plaisir de jouer au
football et de faire la fête ensemble. Il ne reste pas cloîtré
dans son bonheur mais a également une pensée à tous ceux
qui ont souffert de la séparation « le mal du pays » et à tous
ceux qui y sont restés dans une relative pauvreté. La
production est de Yamada et convient parfaitement à
l’ambiance positive et bonne enfant du titre.
Ornicard
Dreyf & Catharsis
Comme un coin du Bronx
Premier titre de l’album dédié à Aznavour en téléchargement.
www.myspace.com/dreyfcatharsis
Ce premier extrait de l’album montre la qualité et
l’aboutissement du projet à venir : tant au niveau de
l’instrumentale, du texte, du flow que de l’ambiance générale
qui s’en dégage.
C’est sur des notes de clavier que s’ouvre le morceau, puis
c’est après un passage scratché, que Dreyf’ dépose ses
proses sur le son rythmé, mélancolique et sombre : « Moi
j’ai beaucoup de cœur, le truc c’est que je suis malin aussi…
». Sur des coups d’épées musicales espacées Dreyf fait un
constat amer de son existence à travers son expérience : en
cherchant les similitudes de sa vie en région parisienne avec
celle de quelqu’un dans un coin du Bronx : « Les beaux
jours se meurent... On en a vu des vertes et des pas
mûres… j’ai traîné mes bulles d’air dans bien des rues de
merde… dans le temps j’aurai put devenir taré… je rap
comme dans un coin du Bronx » et donne un sens et une
valeur, à leur musique : « Ecrire contre l’oublie ou la
routine… j’suis pas dans la course à qui terrorisera les
groupies… »
Le refrain original est construit comme une sorte
d’interview : après chaque « Toi » Dreyf se pose lui même
des questions et leur apporte des réponses à travers son, le «
Moi » : « (TOI) Pourquoi tu chantes comme si tu volais dans
les airs ? (MOI) pour pas que je dégante à force d’arpenter
le désert… ». Le texte allie poésie et technicité : les images,
métaphores et multi-syllabiques s’enchaînent habillement : «
Libre n’est pas celui qui pense l’être, garde ça en tête, si tu
veux croquer la vie avec des dents d’laits… Après quelques
vodkas bullred, les mots me manquent, les maux me
hantent, comme si j’avais rotca une vielle... » Après le
deuxième refrain : un passage au violon accompagne le
piano et la voix de miel de Dreyf. Le morceau se referme
avec une voix grave rappelant le titre et thème du morceau :
« Comme dans un coin du Bronx ».
Ornicard
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Réf. Pimp your shoes (p. 40)
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