Lettre web du musée n°28

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Lettre web du musée n°28
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N°28
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Une vie de peintre
Nouvelles données sur Francis Tattegrain
Depuis l’entrée du legs Marguerite Tattegrain dans les
collections, le fonds qui documente la vie et l’œuvre
de celui qui fut le véritable pilier de l’activité artistique
à Berck ne cesse de se développer. En juin dernier, plus
de trois cents feuilles d’études, auxquelles s’ajoutent
des photographies et plusieurs plaques gravées à l’eauforte, ont été données, ainsi qu’une étonnante ardoise de
pendaison de crémaillère. Le même mois, un ensemble
documentaire de plusieurs centaines de pièces entièrement
lié au peintre a été acquis en salle des ventes d’Enghien.
Y figurent des éléments inédits qui éclairent notamment
les débuts d’une vocation.
Œuvres de jeunesse
Daté de 1867, "Frèr. To" montre déjà une qualité de trait
remarquable que conforte l’enseignement du professeur
amiénois Charles Crauk (1819 - 1905). Adolescent,
Francis Tattegrain dessine avec une frénésie qui n’épargne
aucun support, comme en témoigne le verso du faire-part
de décés de Mme Marie-Charlotte de Beffroy de la Grève
qui nous permet de dater une série d’esquisses autour de
1870.
La pratique de l’eau-forte marque également le début
de la carrière de Francis Tattegrain. L’enrichissement
dans ce domaine est conséquent avec des paysages
des environs de la propriété familiale de Devise et des
scènes amiènoises, les premiers portraits, les sujets
relatifs à la chasse (plaque et tirages) et à la marine, un
exemple d’usage domestique comme la plaque ayant
servi pour le faire-part de naissance de son fils Robert.
Plus inattendue, parmi les documents d’Enghien
figurent une série de dessins de jeunesse de Thérèse
Voillemier (1819 - 1881), épouse de Charles Louis
Jules Tattegrain (1806 - 1879) et mère de Francis. Ces
études d’après l’antique (le grand-père maternel de
Francis, fervent amateur en la matière, avait constitué
une belle collection dans la maison de Senlis dont
héritera Francis) laissent entendre que la sensibilité de
ses parents - plus particulièrement de sa mère - ne se
limitait pas à la musique qu’ils pratiquaient tous deux.
De la méthode
Les deux acquisitions du mois de juin documentent une
fois de plus l’importance de la phase de préparation pour
chaque sujet. Bien sûr, on retrouve de très nombreuses
feuilles d’esquisses mais aussi des notes qui permettent
d’en corriger les défauts (ci-contre) ou la copie de
textes anciens devant servir de base à la composition
de sujets d’histoire comme les Chroniques de Jean de
Troyes (ci-dessous)
Esquisses pour Nos hommes sont perdus
(Musée de Valenciennes)
De nombreuses photographies illustrent l’usage qu’en a
fait Tattegrain pour travailler sur les thèmes les plus variés,
le cas échéant, en mettant des proches à contribution.
On voit par exemple le Chanoine Müller de la paroisse de
Saint-Leu-Esserent (ci-contre) prendre complaisamment
la pose, y compris avec un accessoire dont l’adéquation
avec sa dignité ecclésiastique semble peu évidente.
On trouve bien sûr des clichés de marine, comme ceux
qui ont servis à la préparation pour les envois aux
Salons de 1882 ou de 1906.
Même les vedettes porcines du tableau du Salon de
1914 (Le palais infesté) ont justifié une documentation
photographique particulière. Pour Batterie de côte
engagée (1911), Tattegrain recourt aux spécialistes du
musée de l’armée et accumule les notes qui l’aident à
l’élaboration des études.
Déjà publié dans le catalogue de l’exposition, le cliché
sur lequel Tattegrain lui-même prend la pose pour
préparer son Rescapé à l’Offrande (1909) vient de
rejoindre notre documentation, comme celui, inédit,
qui montre le peintre au travail dans son atelier de
l’Entonnoir, lors de la réalisation de la reddition des
Casselois pour le salon de 1887. C’est au sujet de cet
atelier qu’une étonnante plaque commémorative (cidessous) vient apporter de précieuses informations
dont la date de pendaison de crémaillère. Parmi les
invités figurent le constructeur et son apprenti. Conty
était alors le seul fabriquant des cabines de plage.
Quant à la Virginie, contrariée par le retard pris par
la grillade des harengs, il s’agit très certainement de
Virginie Demont-Breton, artiste de l’école de Wissant
et amie proche de Tattegrain.
Une autre vue prise dans l’atelier de l’Entonnoir
montre une mise au carreau des Quêteuses de l’Asile
Maritime (réplique ou toile du salon de 1894 ?)
derrière lesquelles on entrevoit l’étude (?) d’Attendant
marée basse présenté au salon de 1909. Un autre cliché
montre, avec le même arrière-plan, Débarquement de
vérotiers en Baie d’Authie, du même salon de 1894.
Les jalons d’une carrière
Parmi les papiers acquis à Enghien figurent les diplomes
reçus par Francis Tattegrain : Salons des Artistes
Français de 1881, 1883 et 1899, exposition de Tours de
1892, expositions universelles de 1889, 1893 (Chicago)
et 1900.
Couronnement de la carrière de Francis Tattegrain, la
médaille d’honneur obtenue au Salon de 1899 et léguée
au musée par Marguerite Tattegrain est maintenant
accompagnée de son diplome.
La sollicitation de la Galerie des Offices de Florence
pour que l’autoportrait du maître rejoigne sa célèbre
collection est le reflet de la notoriété acquise par le
peintre au début du XXe siècle.
Artiste consacré à la fin du XIXe siècle et occupant d’un des premiers chalets de l’Entonnoir, Francis Tattegrain a
été le personnage central de ce qu’il est convenu d’appeler l’école de Berck. Présent ici de plus de cinquante ans, il
marque de sa personnalité la vie locale en même temps qu’il réalise - ne serait-ce le caractère un peu tardif de son
couronnement au salon des artistes français - une carrière idéale pour un artiste de la IIIe République. En ce sens,
la réunion la plus exhaustive possible d’oeuvres et de documents le concernant est un enjeu majeur pour le musée
d’Opale-Sud. L’élan donné par le legs de Marguerite Tattegrain semble ne pas devoir s’interrompre et d’autres
opportunités ne manqueront pas de venir enrichir cet ensemble exceptionnel.
Attentes
11 juin - 5 septembre 2016
Musée d’Opale-Sud
60 rue de l’Impératrice 62600 Berck
Collections des musées d’Etaples, du Touquet
et du département du Pas-de-Calais.

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