CRASH D`UN AIRBUS A330

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CRASH D`UN AIRBUS A330
CRASH D’UN AIRBUS A330
Diverses pistes pour une explication.
Créé le 02.06.09 à 15h25 | Mis à jour le 04.06.09 à 09h20 |
Un Airbus A330-200 d'Air-France, sur le point de se poser au Canada./Photo Flickr CC/ By Caribb
DECRYPTAGE - L'accident de l'Airbus d'Air France survenu lundi au large des côtes
brésiliennes laisse beaucoup de questions en suspens...
La foudre a-t-elle provoqué le crash? Une erreur humaine est-elle envisagée? Un pilote de
ligne, qui a souhaité garder l'anonymat, François Grangier, expert auprès de la cour de
cassation, et un ancien commandant de bord, Gérard Feldzer, nous éclairent sur les multiples
éléments techniques entourant le drame.
1) L'airbus A 330 est-il un avion sûr?
Sans aucun doute. L’A330-200 fait partie de la dernière génération d’avions sorti des usines
Airbus. «Les pilotes l’adorent. Plus moderne, plus fiable que son petit frère l’A320, il vole en
toute sûreté», assure le pilote. L’airbus A330-200 du vol AF447 a effectué son premier vol le
18 avril 2005. Il totalisait 18.870 heures de circulation aérienne. Le dernier contrôle technique
en date, réalisé le 16 avril 2009, n’avait rien détecté d’anormal.
2) Le foudroiement, envisagé par Air France, peutil expliquer à lui seul l’accident?
Pour le pilote de ligne, «le foudroiement n’a jamais
empêché de voler, il ne peut être la cause seule du
drame. C’est en tout cas très improbable. On n’a
encore jamais vu un coup de foudre déclencher une
panne électrique totale, qui mettrait en danger la
sécurité d’un vol». Avérée, la panne électrique à bord
«n’est sans doute que la partie émergée de l’iceberg.
Un élément extérieur est forcément survenu». Un avion comme l’A330-200 possède trois
alternateurs, dont un sur chacun des deux moteurs, et un troisième intégré à la queue de
l’avion. «Même si l’un venait à tomber en panne, les autres prendraient immédiatement le
relais.» Et même dans le pire des scénarios, l'arrêt des trois alternateurs électriques, une petite
éolienne sortirait automatiquement pour alimenter l'avion et le maintenir en vol.
Autre hypothèse envisagée, celle de la «dépressurisation explosive» de l'appareil. En d'autres
termes : «le vide se fait d'un coup dans l'avion. Par exemple, un hublot ou le pare-brise du
cockpit explosent, le trou provoqué entraîne une raréfaction immédiate d'oxygène et une
baisse de température jusqu'à -60°. Il est quasiment impossible de réagir», explique Gérard
Feldzer, ancien commandant de bord et actuel directeur du Musée de l'air du Bourget.
François Grangier, pilote de ligne et expert de la Cour de
cassation, soutient une autre hypothèse, celle de la «cascade
de pannes.» «Que l'A330 ait été foudroyé ou pas, ça
m'importe peu», explique l'intéressé, «l'important, c'est
l'accumulation de messages automatiques envoyés par l'avion
avant le crash». En cas de dysfonctionnement majeur, l'avion
envoie un message au service de maintenance, comme un
email. Dans ce cas précis, une dizaine de messages ont été
émis, pour sûrement autant de pannes.
3) Et l'erreur humaine?
«On ne peut écarter formellement cette piste, ni celle de l’attentat.» Selon cet habitué de
l’A330, «une multitude d’éléments peuvent venir expliquer un crash. Nous n’en sommes
encore qu’aux prémices de l’enquête.» De son côté, l’Aviation civile présente l’équipage du
vol AF447 comme «très expérimenté». Le commandant comptait 11.000 heures de vol, dont
1.700 aux commandes d’un A330. Quant aux deux copilotes, ils totalisaient respectivement
3.000 et 6.600 heures dans les airs.
4) Et la piste de l'attentat?
Mardi, le ministre en charge des Transports, Jean-Louis Borloo, n'excluait rien, y compris «la
piste terroriste», même si «aucun élément» n'allait dans ce sens. Mais la disparition
soudaine de l'A330-200, sans message de détresse de son commandant de bord, pourrait
trouver une explication plausible dans la théorie de l'attentat. Au micro de RMC, le
témoignage de Jean Serrat, ancien commandant de bord, vient étayer une piste «tout à fait
possible»: «Les autorités ne veulent pas parler d'attentat; ce que je comprends tout à fait;
seulement quand un avion disparaît en plein milieu de l'Atlantique, comme ça, d'un seul
coup... Soit il a heurté un autre avion et on le saurait. Soit il y a une explosion d'un réservoir
d'essence. Soit il est entré dans des turbulences absolument inimaginables et il s'est cassé en
vol; mais ça paraît tellement improbable. Soit ça peut être un attentat et une bombe à bord,
c'est tout à fait possible. Je ne vois pas comment on pourrait affirmer ça, mais également ne
pas le prendre en compte.»
5) Le vol Rio-Paris traverse-t-il des zones climatiques à
risque?
Comme tout trajet passant dans une zone intertropicale, à
l’instar de certaines régions africaines, le vol Rio-Paris doit
faire face à de fortes turbulences liées au climat. Dans la
zone de disparition de l'Airbus, les conditions
météorologiques étaient particulièrement dangereuses. Des
masses d'air chaud et humides se rencontrant à très haute altitude créent un amas de
cumulonimbus qui empêchent les avions de les survoler, phénomène appelé «pot au noir».
Mais, équipés de radars météo, les appareils peuvent choisir de les contourner plusieurs
centaines de kilomètres à l'avance sans incident. Mais dans son interview au Parisien,
François Grangier n'exclut pas que, avec sa radio UHF-VHF et son radar météo en panne,
l'équipage ait pu alors «naviguer à l'aveugle et se diriger vers les orages sans le savoir».
«Tous nos avions sont conçus pour résister aux pires conditions météorologiques et survivre
aux pires scénarios», défend pour sa part le pilote sous anonymat.
6) Pourquoi l’avion n’a-t-il pas essayé d’amerrir?
Parce qu’il n’a pas pu. L’hypothèse d’un amerrissage d’urgence a tout de suite été exclue par
les experts. «L’avion aurait forcément envoyé ses coordonnées une fois posé sur l’eau»,
explique le pilote. Déjà délicate dans le cas de
l’amerrissage exceptionnel effectué dans les
eaux de l’Hudson à New York le 15 janvier
dernier, la manœuvre devient impossible
lorsque l’appareil traverse de très fortes
turbulences à plus de 10.000 mètres d’altitude.
7) Doit-on s’inquiéter lorsqu'un
disparaît des écrans radars?
avion
Les zones sans couverture radar existent, et en
nombre. Après qu'il a émis une série de
messages automatiques de défaillance, alors
qu’il survole l’océan Atlantique, l’AF 447 n’apparait plus sur aucun radar. Sur ce dernier
point, rien d’anormal: «Des milliers d’avions traversent ces zones tous les jours», rassure le
pilote. Même s’il disparaît des écrans, l’avion peut toujours communiquer avec la tour de
contrôle: «De la fréquence traditionnelle, VHF, le contact s’effectue alors par radio HF
(de moins bonne qualité) ou par message satellite.» Dans le cas du vol AF 447, aucun
message de détresse n’a été reçu, aucune fréquence d’urgence n’a été utilisée. «S'il y a un
véritable problème, un "mayday" peut-être envoyé. Il faut environ 15 minutes pour le
recevoir. Rien n'a été transmis», a assuré à 20minutes.fr la Direction générale de l'aviation
civile (DGAC). Ce qui fait dire au pilote que «le drame s’est probablement déroulé de
manière très violente et très rapide. Probablement entre 30 secondes et une minute».
8) Des débris ont semble-t-il été retrouvés, comment va évoluer l'enquête?
La priorité reste la même aux
yeux de François
Grangier,
«trouver
des
survivants». Le pilote
de ligne et expert auprès de la
Cour de cassation ne
perd pas espoir, «il y a toujours
des miraculés, il peut
y en avoir». Les enquêteurs
devront
ensuite
s'assurer de manière formelle
«qu'il s'agit bien du
bon endroit» et «trouver des
éléments précis qui
permettent d'identifier l'avion».
Enfin, «on pourra
tout ramasser et localiser les
restes de l'épave».
Mais le gros du travail reste à faire. Retrouver et remonter les boîtes noires pourrait poser
problème. «Si elles reposent à 4.000 ou 4.500 mètres de fond, c'est jouable. Au delà, on ne
sait pas faire» explique François Grangier. Auquel cas, l'examen de l'épave devra trouver,
seul, une explication au crash du vol AF 447.
9) L'avion, le moyen de transport le plus sûr au monde?
«Il y a plus de morts sur les routes en une journée pendant le week-end de pentecôte, qu’en
dix années de vol. C’est de loin le transport le plus sûr, devant le train, la voiture et le bateau»,
rappelle le pilote. De par leur caractère spectaculaire, les accidents aériens bénéficient d’une
couverture médiatique plus importante. Ils restent, pourtant, extrêmement rares. «Les
accidents ont été divisés par 5 depuis une vingtaine d'années», assure l'ancien commandant de
bord.
C.B et R.G
Une nappe de kérosène vue d'un avion de l'armée de l'air brésilienne. [Reuters]
Website : http://www.20minutes.fr/article/329795/Monde-Qu-a-t-il-pu-se-passer-surle-vol-AF-447.php
Date : 05. 06. 2009
Mise en page par :
Alliance Pierres Vivantes – APV
M. J-P. Trachsel
CH-1678 Siviriez – Suisse