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Questions internationales
11.03.2016
Partenariat de Deauville : des progrès dans un contexte difficile
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Le Partenariat de Deauville a été créé fin mai 2011. Il vise à soutenir les réformes des pays d’Afrique du Nord,
notamment leur démocratisation et développement économique.
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Compte-tenu de la situation politique et économique difficile de la région, le Partenariat de Deauville est une
initiative importante pour maintenir la dynamique de la transformation engagée.
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Dans le cadre de sa présidence du G7, l’Allemagne a assuré la présidence du Partenariat de Deauville de juillet
2014 à décembre 2015, avec l´intention d´organiser un soutien de long-terme aux réformes et à la croissance.
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L’un des principaux thèmes était l’accès, pour la population, aux services financiers de base (Financial
Inclusion). Un plan d’action a été élaboré en avril 2015 à cet effet. Il constitue une première approche
coordonnée dans la région afin d’améliorer le financement des entreprises et faciliter l’accès des particuliers
aux services financiers de base.
1. Introduction
Le 17 décembre 2010 - il y a plus de cinq ans - Mohamed Bouazizi, un jeune diplômé au chômage, s’immolait par le
feu en Tunisie pour protester contre les autorités corrompues et l´absence de perspectives. Cet évènement dramatique a
déclenché des révoltes et des bouleversements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les protestations et les
manifestations dans l´ensemble de la Tunisie se sont rapidement étendues à d’autres pays, dont l’Egypte, le Maroc, la
Jordanie et la Libye. La presse se mit à parler de « printemps arabe ». La communauté internationale a, elle aussi, réagi :
le Partenariat de Deauville fut créé en mai 2011 sous la présidence française du G8 (aujourd’hui G7). Lors des sommets
suivants de Camp David (2012), de Lough Erne (2013), de Bruxelles (2014) et enfin d’Elmau (2015), les chefs d’Etat et
de gouvernement ont confirmé leur engagement pour les populations d´Afrique du Nord et du Moyen-Orient et ont
réitéré leur volonté d’accompagner et de soutenir activement les réformes dans cette région, notamment le processus de
démocratisation et le développement économique. En assurant la présidence du G7, l’Allemagne a également pris la
présidence du Partenariat de Deauville.
Source: Ministère fédéral des Finances
2. Le Partenariat de Deauville
L’objectif du Partenariat de Deauville est de soutenir les pays arabes en transition comme la Tunisie, l’Egypte, le Maroc,
la Jordanie, la Libye et le Yémen vers la stabilité et les réformes et de mieux coordonner l’aide politique et financière
internationale. Le Partenariat est un forum qui place au premier plan la perspective de transformation à long terme,
surtout par le biais de réformes structurelles. La composition du Partenariat de Deauville en fait une plateforme unique :
outre les pays en transition et les pays membres du G7, il compte en effet également en son sein des partenaires
régionaux importants comme les Etats du Golfe (l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, les Emirats arabes unis) et la
Turquie. Le Partenariat de Deauville bénéficie en outre d´une coopération et une coordination étroites avec les
institutions internationales comme le Fonds monétaire international (FMI), plusieurs banques multilatérales de
développement (la Banque mondiale, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la
Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque islamique de développement, la Banque africaine de
développement). Deux fonds arabes régionaux (le Fonds monétaire arabe et le Fonds de l’OPEP pour le développement
international) et l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) sont également actifs au sein
du Partenariat de Deauville.
Le Partenariat de Deauville est accompagné par les ministres des Affaires étrangères et les ministres des Finances des
Etats membres, correspondant aux niveaux politique et économique.
3. Les défis de la région
Le début des bouleversements dans les pays du Maghreb et du Machrek date de la fin 2010. Une certaine désillusion a
succédé aux espoirs initiaux. Les conflits et le terrorisme dans la région (en Irak, en Syrie, en Libye et au Yémen) ont
conduit à des reculs. L´évolution de la question des réfugiés place notamment la Jordanie face à de grands défis, étant
donné que les réfugiés représentent désormais une part importante de la population jordanienne (environ 12 % selon le
HCR). La capacité d’action et de réaction des Etats face à des défis soudains apparait à cette aune comme
particulièrement importante. Des réformes structurelles et des meilleures perspectives d´avenir pour les habitants de
cette région sont à cet égard indispensables.
Malgré un contexte difficile, certains Etats partenaires ont pu enregistrer au cours de ces dernières années des succès en
matière de stabilisation macroéconomique et de réformes structurelles. Toutefois, la mise en œuvre des réformes est
globalement trop hésitante pour permettre de poser les bases d’une croissance inclusive (c’est-à-dire touchant
l’ensemble de la population) et de combattre le plus grand défi de la région : le chômage élevé.
Prévisions des indicateurs des six pays réformateurs pour l´anne 2015
Croissance du
PIB réel
(%)
Solde budgétaire
(% du PIB)
Dette publique nette
(% du PIB)
Taux de
chômage
(%)
Taux de chômage
des jeunes
(%)
Egypte
4,2
–11,7
90,0
13,1
41,9
Jordanie
2,9
–3,0
90,0
12,2
28,6
Libye
–6,1
–79,1
50,5
19,2
49,6
Maroc
4,9
–4,3
63,9
9,0
20,5
Tunisie
1,0
–5,7
54,0
15,0
32,1
Yémen
–28,1
–8,5
67,0
17,2
29,7
Source : FMI- Perspectives de l´économie mondiale, octobre 2015/Bureau international du travail Perspectives pour l´emploi et le social dans le monde: Tendances 2015
Le taux de chômage, notamment des femmes et des jeunes, enregistré dans la région est un des plus élevés au monde.
Ce chômage élevé chez les jeunes alimente leur sentiment d’absence de perspectives. L’insécurité économique qui
résulte de cette situation se traduit également par un ralentissement du progrès social et par une augmentation du risque
émanant des mouvances radicales et des fondamentalistes religieux.
En même temps, l’accès aux services financiers est également le plus faible au monde, comparable seulement à celui de
l’Afrique subsaharienne. Tant les petites et moyennes entreprises (PME) que de larges groupes de la population n´ont
accès ni au crédit ni à la possibilité d’épargner des avoirs ou d’effectuer des virements d´argent sûrs et peu coûteux.
L’accès à ces services joue un rôle important dans la promotion du développement économique et de la croissance
inclusive. La croissance crée en effet des emplois, dynamise le commerce et améliore les conditions de vie de la
population de la région.
Source: Ministère fédéral des Finances
4. Les thèmes centraux sous la présidence allemande
La présidence allemande avait choisi de mettre l´accent sur la « Financial Inclusion » (accès aux services financiers de
base) et, pour lutter contre le chômage élevé, « Promoting Job Creation » (Promotion de la création d’emplois). Des
conférences ont eu lieu à Berlin sur ces sujets en avril et septembre 2015.
Un plan d’action - une première approche coordonnée dans la région – a vu le jour dans le cadre de la première
conférence de haut rang intitulée « Financial Inclusion for Social Inclusion and Stability » (L’accès aux services
financiers de base pour l’inclusion sociale et la stabilité) qui s’est tenue au Ministère fédéral allemand des Finances et a
réuni plus d’une centaine de représentants de banques centrales, de ministères des Finances, du secteur privé et
d’institutions financières internationales. Le financement des PME, la protection des consommateurs et les technologies
numériques ont été abordés. Les participants à ces discussions ont souligné l’importance du plan d’action régional audelà du G7, notamment en lien avec le groupe de travail du G20 Global Partnership for Financial Inclusion (Partenariat
mondial pour l’accès aux services financiers de base) (GPFI). L’objectif du GPFI est de mettre en œuvre un plan
d’action du G20 pour l’accès aux services financiers de base impliquant des acteurs importants - notamment les secteurs
et privé, les organisations non gouvernementales (ONG) et les organismes internationaux de régulation.
Lors de la conférence Promoting Job Creation (Promotion de la création d’emplois) qui s’est tenue à Berlin en
septembre 2015, plus de 120 participants ont échangé des expériences et des idées innovantes, afin d´augmenter non
seulement le nombre, mais aussi la qualité des emplois. Une alliance entre différents acteurs - notamment des
gouvernements, des entreprises, des syndicats et la société civile - réunis pendant cette conférence doit faire avancer des
initiatives et promouvoir le potentiel de création d’emplois du secteur privé. Le Partenariat de Deauville fournit le
forum adéquat, qui peut aussi être relié aux travaux du G20. Le groupe de travail sur l’emploi (Employment Working
Group) du G20 créé en 2014 a commencé son travail en 2015 : il élabore des recommandations politiques afin de
renforcer la contribution de la politique du marché du travail et de l’emploi à la croissance économique, en ayant en tête
l’objectif de croissance commun du G20 de 2 % supplémentaires du produit intérieur brut (PIB) du G20 d’ici 2018
(comme annoncé lors du sommet du G20 de Brisbane en 2014). Une meilleure activité professionnelle des femmes et
des jeunes y joue un rôle important.
Les institutions internationales impliquées ont déclaré être disposées à soutenir par des projets les initiatives de la
présidence allemande. C´est notamment le cas de la Banque islamique de développement et ses Microfinance Support
Programm (Programme de soutien de la microfinance) et Youth Employment Support Program (Programme de soutien
de l’emploi des jeunes). L’OCDE, le Fonds monétaire arabe et la Banque mondiale apportent une contribution via un
projet d’éducation financière. La Banque mondiale se charge elle d´une étude sur la finance numérique en Tunisie. Un
soutien supplémentaire est apporté sous la forme d’aide technique ou de conseil. Au cours de la présidence allemande,
des contributions supplémentaires ont pu être mobilisées pour un fonds d’aide (Transition Fund). En outre, l’Allemagne
a indiqué être disposée à soutenir financièrement les réformes dans la région par le biais de l’aide technique apportée
par le FMI.
Le Partenariat de Deauville constitue une plateforme permettant d’assurer une coordination plus efficace entre les pays
et institutions donneurs, un échange des expériences et une aide internationale pour s’aider soi-même.
5. Perspectives
Le Partenariat de Deauville est et demeure - malgré la situation difficile de plusieurs pays réformateurs - un forum
pertinent et efficace pour le dialogue politique et la stabilisation économique. Grâce aux membres du Partenariat de
Deauville, il a été possible pendant la présidence allemande d’obtenir des résultats substantiels dans des domaines
importants comme l´accès aux services financiers de base et la promotion de l’emploi. En réaction à l’évolution du
contexte et aux réformes politiques et économiques engagées, des procédures ont été modifiées sous la présidence
allemande, en concertation avec les partenaires de Deauville. Afin d’améliorer plus encore l’efficacité du Partenariat de
Deauville, les volets politique et économique ont été unifiés. Le Japon, en tant que nouveau président, a d’ores et déjà
annoncé la mise en œuvre de cette nouvelle approche en 2016.
La prochaine réunion du Partenariat de Deauville se tiendra sous la présidence japonaise le 2 mars 2016 à Tokyo.
en savoir plus sur
Deauville Partnership with Arab Countries in Transition / Finance Ministers’ Meeting in Lima
G7 Deauville Partnership High Level Conference (www.bmz.de)
IMF Policy Paper: Arab Countries in Transition - Economic Outlook and Key Challenges (www.imf.org)
© Ministère fédéral des Finances