POR TR AIT D`ÉC RIVAIN - Bibliothèque de Maisons

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POR TR AIT D`ÉC RIVAIN - Bibliothèque de Maisons
Mai 2015
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Natsumé Sôseki
(1867-1916)
Tous les titres en gras peuvent être
empruntés à la bibliothèque municipale
Bibliothèque Municipale
de Maisons-Laffitte
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Natsumé Sôseki se nomme en réalité Kinnosuke Natsumé. À son vrai patronyme, l’auteur a ajouté « Sôseki » ,
qui signifie « obstiné ».
Il est né en 1867 à Edo (actuellement Tôkyô). Sa naissance correspond au début de l’ère Meiji (1867-1912),
période de modernisation du Japon.
Sôseki est un enfant non désiré, le sixième et dernier de
la famille. Sa mère, déjà âgée lorsqu’il naît, le rejette. Il
sera confié à un couple de serviteurs jusqu’à ses neuf ans.
De retour dans sa famille, sa mère meurt lorsqu’il a quatorze ans.
Au collège, il se passionne pour la littérature chinoise. À
l’université, il commence des études d’architecture et parallèlement d’anglais. Il apprend également le français et
l’allemand, ce qui est exceptionnel pour un japonais à
l’époque. Après l’obtention de son diplôme au département d’anglais, il enseigne dans différents établissements
pendant une dizaine d’années durant lesquelles il connut
des mois de maladie et de dépression. En 1900, le gouvernement l’envoie à Londres pour étudier, il y restera
deux ans. Il garde un souvenir mitigé de son séjour en
Angleterre car il n’a pas beaucoup d’argent pour vivre et
passe tout son temps plongé dans ses livres. Mais surtout,
il souffre de solitude et déprime gravement.
Après avoir regagné son pays, il est professeur dans un
lycée puis obtient un poste de lecteur de littérature anglaise à l’université de Tôkyô. Mais, en 1907, il abandonne l’enseignement pour devenir critique littéraire du
Journal du matin de Tôkyô, le journal le plus important
de la capitale. Il gardera cet emploi jusqu’à sa mort, en
1916.
Si le fait d’écrire des romans lui causait beaucoup de fatigue, il éprouvait toujours un grand réconfort à écrire des
poèmes. Ses haïkus (poèmes classiques japonais de dix-sept
syllabes réparties en trois vers) sont très admirés, il est considéré comme un spécialiste en la matière et il fut aussi un
bon peintre.
Je suis un chat
Un chat est recueilli par un professeur. Plein d’esprit et très
observateur, l’animal décrit ce qu’il voit, le quotidien de son
maître et de son entourage. Le professeur ressemble beaucoup à Sôseki qui a été enseignant lui aussi et qui souffrait,
comme son personnage, d’une maladie d’estomac. À part le
maître de maison qui l’a adopté, personne ne semble apprécier le chat qui est souvent très indigné de la façon dont le
traitent les humains. Ce roman est le plus humoristique de
l’auteur. À ce sujet, Jean Cholley, traducteur et préfacier du
roman a écrit : « Il manquait à la littérature japonaise un
livre d’humour (…) Je suis un chat comble à lui seul cette
lacune avec un rare bonheur et suffit amplement à démentir
l’opinion si répandue selon laquelle les Japonais manquent
d’humour. »
Ce roman est paru sous forme de feuilleton de 1905 à 1906
dans le journal Hototogisu (« coucou » en français) et a remporté un grand succès auprès du public. Il figure parmi les
classiques de la littérature japonaise. C’est ce roman qui a
permit à Sôseki de ne plus enseigner.
Botchan
Un jeune homme de Tôkyô vient enseigner en province,
dans un petit lycée de l’île de Kyûshû. Les élèves, très insolents, ne cessent de se moquer de lui et de lui faire de mauvaises blagues et ses collègues de travail sont quasiment tous
malveillants. Naïf, Botchan vivra de nombreuses mésaventures avant de pouvoir enfin repartir pour la capitale. Ce roman d’apprentissage, humoristique mais aussi un peu amer,
a gardé toute sa fraîcheur bien qu’il ait été écrit il y a plus de
cent ans.
Botchan est un personnage très célèbre au Japon, autant que Cosette pour nous ou Tom Sawyer pour les
Américains.
Oreiller d’herbes
Un peintre part dans les montagnes pour méditer et
prendre du recul sur sa vie. Il réfléchit à la peinture,
aux différences entre l’art japonais et l’art occidental, à
la poésie. Dans l’auberge où il séjourne, il est émerveillé par une belle jeune femme, assez mystérieuse,
qu’il aimerait peindre.
Pour Sôseki, Oreiller d’herbes est un texte d’un genre
nouveau qu’il nommera « roman-haïku ».
Pour entrer dans le roman et en comprendre sa magie
poétique, il faut se laisser porter par le fil des pensées
et les émotions du narrateur, ses réflexions sur la création artistique, enrichies de poèmes, et ses descriptions
de paysages.
Sanshirô
Un jeune provincial, Sanshirô, débarque à Tôkyô et se
laisse guider par un ami, bien plus calculateur que lui,
pour découvrir la capitale, le monde estudiantin et les
femmes.
Ce roman d’apprentissage décrit un Japon en pleine mutation et contradiction, écartelé entre ses traditions ancestrales et son désir de modernité. Sanshirô reprend,
d’une manière inversé, le thème de Botchan.
Sôsuke et Oyone sont mariés depuis plusieurs années
mais n’ont pas d’enfants, aucune des grossesses
d’Oyone n’ayant pu aboutir.
Le couple vit à l’écart, de façon assez monotone mais
dignement.
Ce n’est pas l’intrigue qui fait la force du roman mais la
manière dont l’auteur décrit psychologiquement la relation entre le mari et la femme, de façon extrêmement
fine et juste.
Petits contes de printemps
Publiés la même année que Sanshirô, ces courts textes
sont, tour à tour, tendres, ironiques, drôles ou nostalgiques et toujours partiellement autobiographiques puisqu’ils sont des fragments de journal intime de l’auteur.
Une bonne introduction pour découvrir Sôseki, son univers étrange et poétique, et la culture japonaise du début
du siècle dernier.
Et puis
Le mineur
Pour Sôseki, Le mineur n’est pas un roman mais plutôt
un récit qui met à jour la souffrance de l’humanité.
Le narrateur, un jeune homme sans nom, fuit Tôkyô et
erre au hasard jusqu’à ce qu’il rencontre un individu
qui lui propose de travailler dans une mine de cuivre.
Sur sa route, il fait connaissance avec des êtres
étranges et, à la mine, vit des aventures angoissantes.
Peu lu et commenté jusqu’à une date récente, contrairement aux autres écrits de l’auteur, Le mineur est
maintenant considéré comme une œuvre résolument
moderne : les interrogations philosophiques et littéraires qu’il pose étant toujours d’actualité.
La Porte
Daisuké, trentenaire et éternel célibataire, refuse successivement toutes les prétendantes au mariage. Grand contemplatif, il ne cherche pas à travailler puisque son père
lui donne tous les mois de l’argent. Sa vie se trouve
bouleversée quand son ancien meilleur ami, qu’il a perdu de vue, et sa femme, reviennent s’installer en ville.
Le couple est en difficulté. Le mari, Hiraoka, est endetté
et sa compagne, Michiyo, qui vient de perdre un bébé,
est malade du cœur. Rapidement, Daisuké se rend
compte que les sentiments qu’il ressent pour la femme
de son meilleur ami sont extrêmement forts et qu’il n’a
jamais ressenti cela pour personne auparavant. Tiraillé
entre ses émotions et son honneur, Daisuké est obligé
d’agir pour la première fois de sa vie. Une histoire
d’amour d’une grande délicatesse.
Le pauvre cœur des hommes
Un jeune étudiant rencontre un jour, sur une plage, un
homme fascinant, et décide de faire de lui son maître
spirituel. Au bout de plusieurs mois, alors que le jeune
homme fréquente assidûment son « Maître », il est contraint de partir quelques jours dans sa famille, à la campagne, auprès de son père mourant. Mais, au cours de
son séjour, il reçoit une lettre de son Maître, écrite
avant que celui-ci ne se suicide. Dans cette lettreconfession, il y explique les raisons de son acte.
L’histoire, assez mystérieuse, ne se dévoile que peu à
peu au lecteur. Avec Le pauvre cœur des hommes,
Sôseki prouve, à nouveau, son raffinement et sa finesse
psychologique.
Un roman très fort, sur l’expiation.
Rafales d’automne
Deux jeunes hommes, amis depuis leurs études universitaires, mais socialement très différent, commencent à
se lancer dans la vie active. Le plus riche ne pense qu’à
son mariage alors que le plus modeste, à la santé fragile, rêve de devenir romancier. Ils font la connaissance
d’un professeur excentrique et rebelle, Dôya.
Un livre audacieux qui milite contre le pouvoir de l’argent et le dangers du capitalisme que Sôseki, visionnaire, pressentait déjà en 1908, date de la première édition du roman.
À lire aussi :
Echos illusoires du luth suivi du Goût en héritage,
un recueil de deux nouvelles

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