Un tourbillon libanais emporte São Paulo

Transcription

Un tourbillon libanais emporte São Paulo
Les Libanais dans le monde
lundi 5 décembre 2016
5
Conférence
Un tourbillon libanais emporte
São Paulo
Une force extraordinaire s’est dégagée de la réunion qui s’est tenue du 26 au 28
novembre à São Paulo, capitale économique et industrielle du Brésil, qui porte bien
son nom : « Potentiel de la diaspora libanaise ».
Naji FARAH
La réunion sur le potentiel de
la diaspora libanaise, qui s’est
déroulée en novembre au
Brésil, est la deuxième conférence majeure sur le thème
de l’émigration libanaise qui
se tient hors du Liban, et la
première en Amérique latine.
Elle sera suivie l’année prochaine par un congrès similaire, les 24 et 25 novembre
2017, au Mexique cette fois.
Au cours de ce rassemblement du Brésil, une délégation de 60 personnes de haut
niveau figurait parmi les participants, estimés à quelque
mille personnes.
Temer en première
ligne
Dans une mise en scène
digne de Hollywood, le
président du Brésil Michel
Temer fait son entrée devant
un parterre de personnalités
qui sont toutes, comme lui,
d’origine libanaise, venues
de toute l’Amérique latine.
Le ministre brésilien des
Affaires étrangères José Serra
était aussi présent, ainsi que
le président de la Chambre
brésilienne des députés, Rodrigo Maia, et le gouverneur
de l’État de São Paulo, Geraldo Alckmin. Le discours
des plus hauts dirigeants brésiliens a été axé sur l’impor-
tance, pour les Libano-Brésiliens et leurs compatriotes
d’Amérique latine, de recouvrer le passeport libanais.
L’État libanais était lui
aussi bien représenté, avec
les ministres sortants des
Affaires étrangères, Gebran
Bassil, et du Tourisme, Michel Pharaon, très applaudis
lors de leurs interventions
respectives. Michel Temer
devrait bientôt donner suite
à l’invitation, reçue par son
homologue libanais, de visiter une nouvelle fois sa patrie
d’origine.
La capitale de l’émigration
libanaise a été ainsi secouée,
en ce dimanche 26 novembre,
Le consul du Liban à São Paulo, Kabalan Frangié, en compagnie de Naji Farah et
Rosarita Tawil, lors de la cérémonie pour l’Indépendance du Liban.
par la vague sismique libanaise qui a célébré à cette
occasion la fête de l’Indépendance du Liban, autour d’un
cocktail en ce même Palacio
dos Bandeirantes.
Huit conférences,
quatre thèmes-clés
Quatre thèmes-clés ont
dominé les diverses séances
qui ont suivi : les demandes
de restitution du passeport
libanais, les visites au Liban
à la découverte des racines,
la commercialisation des
produits libanais et les investissements dans les pays
d’Amérique latine à travers
les réseaux libanais.
Une grande soirée de gala a
clôturé l’événement au Club
Monte-Líbano, animée en
particulier par la vedette brésilienne Sabrina Sato Rahal,
d’origine japonaise, suisse et
libanaise. Le célèbre chanteur
Fagner (famille Lebbos, de
Aïn Ebel) a chanté l’hymne
national brésilien, qui était
précédé par celui du Liban.
De nombreux prix ont été remis aux invités d’honneur et
aux sponsors par le ministre
Gebran Bassil, accompagné
de Rosarita Tawil.
Parmi les convives, se
trouvaient aussi le directeur
du département des émigrés
au ministère des Affaires
Messe à l’église maronite Notre-Dame du Liban de São Paulo le 27 novembre.
Le ministre Michel Pharaon honorant le directeur culturel Antonio Trabulsi Kaím et le chercheur
Roberto Khatlab. Photos N.F.
étrangères Haytham Jomaa,
l’ambassadeur du Brésil au
Liban Jorge Kadri, l’ambassadeur du Liban au Brésil
Joseph Sayah, le consul du
Liban à Mexico City Rudi
el-Azzi, le consul du Liban
à Rio de Janeiro Ziad Itani
et le consul du Liban à São
Paulo Kabalan Frangié, qui
n’a pas ménagé ses efforts
pour la réussite de cet événement historique. Étaient
aussi présents, des responsables de l’Union libanaise
culturelle mondiale (ULCM)
et de la Fondation maronite
dans le monde, ainsi que les
évêques maronites du Brésil,
Mgr Edgar Madi, et d’Ar-
gentine, Mgr Habib Chamié,
qui ont célébré une grande
messe à l’église Notre-Dame
du Liban.
Deux dîners privés se sont
tenus durant le congrès, l’un
au domicile de l’homme d’affaires Naji Nahas, la veille de
l’ouverture, et l’autre offert
par Milad Khoury, au cours
duquel a été lancée la Fondation chrétienne de la diaspora libanaise au Brésil qu’il
préside.
Parmi les conférences très
remarquées, notons celle de
Nabih Chartouni, président
de l’Association al-Fannan
du Centro Libanés de México City, qui a présenté sa
nouvelle méthode d’apprentissage de la langue libanaise
dialectale, traduite en espagnol, en portugais et bientôt
en anglais, et le discours en
forme de poème de Antonio Trabulsi Kaím, directeur
culturel du Centro Libanés,
qui a fortement ému l’assistance.
M. Trabulsi a reçu les félicitations du ministre Michel
Pharaon, ainsi que notre collaborateur Roberto Khatlab,
directeur du Cecal-Usek, en
reconnaissance à son œuvre
de publication et de traduction en portugais de livres
touristiques, culturels et historiques sur le Liban.
Emilio et Raoul Jafet, membres de la grande famille d’émigrés venue de Dhour Choueir,
avec Naji Farah et Rosarita Tawil, au cours du dîner de gala au Club Monte-Líbano le 28
novembre.
Médecine
Discours
Temer promet « un très grand rapprochement PMA : le Pr Jean-Marc Ayoubi à la tête
entre le Brésil et le Liban »
d’un nouveau centre en France
Voici de très larges extraits du discours du président brésilien
Michel Temer, prononcé en portugais à l’ouverture du congrès sur le
potentiel de la diaspora libanaise en Amérique latine, qui s’est tenu
le 27 novembre au Palacio dos bandeirantes à São Paulo.
« Les Libanais sont très déterminés, et c’est cette détermination qui a guidé l’activité
de tous les Libanais au Brésil,
accompagnée en même temps
d’une immense affection, chaleur et sentiment de fraternité.
C’est ce qui ressort du ton du
discours du ministre (libanais
des Affaires étrangères) Gebran Bassil. Le ton poétique
de son discours dépeint bien la
communauté libanaise au Brésil et son activité.
« Par ailleurs, j’ai déjà demandé au ministre Bassil de
féliciter le président du Liban
(pour son élection). Il peut
lui dire, car la coïncidence est
intéressante, qu’il s’agit peutêtre d’une chose, disons, cosmique ou divine : le Liban a
un Michel à sa tête et le Brésil
un autre Michel. Nous allons
lancer un très grand rapprochement, tout naturellement,
entre nos deux pays (…)
« À vrai dire, le lien affectif entre le Brésil et le Liban
est centenaire. Le gouverneur
Geraldo Alckmin l’a bien dit,
en référence au gouverneur
Dom Pedro II, qu’il a un nom
de famille, je pense, arabe,
parce que son nom est Dom
Pedro Alcântara, et chaque
mot qui contient al en son
milieu est d’origine libanaise.
N’est-ce pas vrai ?
« Voilà pourquoi je pense
que l’un des premiers voyages
qu’a fait l’empereur, il y a
140 ans, a été au Liban. Et
là, il donna le coup d’envoi
d’une immigration libanaise
extraordinaire. D’ailleurs, j’ai
noté qu’à son arrivée à Beyrouth, Dom Pedro de Alcântara a écrit (…) : “À partir
d’aujourd’hui, commence un
nouveau monde. Le Liban
se tient devant moi avec ses
symboles enneigés, son aspect
sévère comme il sied à cette
sentinelle de la Terre sainte.”
L’empereur savait à peine que,
avec sa présence, s’ouvrait un
monde pour des millions de
Libanais qui construisirent
leur vie ici, qui s’installèrent ici
définitivement.
« Il est intéressant de savoir
que le gouverneur Geraldo
Alckmin a mentionné le fait
que mon père et moi, encore
enfant, avions à cette époque
un vieux tourne-disque qui
jouait l’hymne libanais. Il me
le faisait écouter et il me disait : “Garde toujours comme
moi tes sentiments pour le Liban, mais adore le Brésil, parce
que le Brésil est le pays où se
fait l’Amérique.”
« Mon père disait : “Faire
l’Amérique”. Pour lui, c’était un
lieu où les immigrants venaient
pour développer leurs activités.
Ainsi, le sentiment de mon
père révèle bien comment les
Libanais sont venus au Brésil.
Ils sont venus faire l’Amérique.
Et en faisant l’Amérique, ils
ont offert un grand service au
Le président brésilien Michel Temer en conversation avec le
ministre Gebran Bassil. (Photo fournie par Naji Farah)
développement de notre pays.
Ce n’est pas sans raison que
le gouverneur Geraldo Alckmin a mentionné les différents
secteurs où ils sont actifs. Il n’y
a pas un seul secteur d’activité
professionnelle, commerciale,
industrielle, politique qui n’ait
été marqué par des membres
de la communauté arabe.
« Je vois qu’une diaspora
s’installe ici. Il est intéressant de noter que la diaspora
signifie “qui se propage dans
le monde entier.” Et la diaspora libanaise s’est répandue
dans plusieurs pays du monde.
Que ce soit au Brésil, au Liban
ou dans d’autres pays, on ne
peut pas oublier les mots du
poète Khalil Gibran : « Pour
la mémoire, il n’existe pas de
distances. Seulement pour
« Ce qui nous distingue, c’est l’identité libanaise »
Voici un extrait du discours du
directeur culturel du Centro
Libanés de Mexico City, Antonio Trabulsi Kaím :
« Nous venons de tous les
coins d’Amérique latine, mais
ce qui nous distingue, c’est
l’identité libanaise. Nous
sommes libanais, sans aucune
autre définition, et nous le
sommes avec amour. Sûrement
que dans votre foyer, ou dans
la maison du grand-père, vous
avez écouté des paroles se
référant à vos origines, sur les
vallées, mer et montagnes, les
couleurs du ciel, les musulmans, druzes et chrétiens… Il
y avait l’Empire ottoman, qui
dura quatre siècles !
« De Beyrouth, ils sont montés
en bateau, ont dit adieu aux
parents et aux frères, pour
un voyage sans retour… Si le
bled était un paradis, pourquoi
l’ont-ils quitté ? Ils ont ainsi
étendu leur Liban, mais ne
l’ont jamais abandonné. Ils
ont porté aux confins des
cinq continents leur vocation de culture, de travail et
d’amitié. Ils ont recherché la
douce patrie où leurs propres
descendants pouvaient dormir
tranquilles, sans domination ni
anxiété… »
l’oubli, il y a un précipice que
ni la voix ni la vue ne peuvent
traverser. » Donc, il n’y a pas
de distance, Monsieur le Ministre, qui nous sépare du Liban. Mais il y a un sentiment
de fraternité, d’intégration,
qui pourra se faire, comme l’a
rappelé le ministre José Serra,
grâce à un développement des
relations commerciales entre
le Brésil et le Liban.
« Par conséquent, je ne peux
m’empêcher de dire combien
d’histoires existent sur la manière dont le Brésil a accueilli
les Libanais. Et il a même été
écrit que je suis un exemple
vivant de l’affection portée
par les Brésiliens aux Libanais, dans la mesure où nous
pouvons arriver là où nous
sommes aujourd’hui. Mais,
Monsieur le Ministre, il n’y a
pas que mon histoire. En fait,
c’est l’histoire de millions de
fils de Libanais, Syriens, Japonais, Italiens, Portugais qui
sont arrivés ici. Une histoire
d’hospitalité et de possibilités
illimitées. Une histoire qu’il
convient au final à chacun de
nous d’écrire. Et je suis sûr que
votre venue avec votre équipe
au Brésil pour cette diaspora,
pour cette réunion, pour cette
conférence, servira encore une
fois à renforcer les liens déjà
très solides entre le Brésil et le
Liban. »
Le centre réunit sur une superficie de 1 500 mètres carrés plus de
quarante spécialistes. L’objectif est d’assurer une prise en charge
globale du couple, alliant la meilleure technicité à la compétence et
l’humanisme.
Élie MASBOUNGI (à Paris)
À l’initiative du Pr JeanMarc Ayoubi, l’hôpital Foch
de Suresnes s’est équipé d’un
nouveau centre de procréation médicalement assistée
(PMA). Une unité implantée sur 1 500 mètres carrés
considérée comme le plus
important projet hospitalier et
universitaire du genre réalisé
ces vingt dernières années en
France.
« Il a fallu cinq ans de travail pour sélectionner ce qu’il
y a de mieux au monde, et ce
lors de visites effectuées dans
de nombreux pays dont les
États-Unis où les résultats en
matière de PMA atteignent
le double de la moyenne française », explique le Pr Ayoubi,
chef du service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital
Foch de Suresnes.
Le centre, fruit d’une collaboration étroite entre l’hôpital
et la Fondation Foch, la faculté de médecine de Paris-Ouest
et l’Université de Versailles
Saint-Quentin-en-Yvelines
(UVSQ), est déjà opérationnel. Sa particularité est de regrouper sur un même lieu l’ensemble des étapes de la PMA,
de la première consultation
pour infertilité jusqu’à la grossesse. Le projet du Pr Ayoubi
a pour ambition d’assurer une
prise en charge globale et
optimale du couple, alliant la
meilleure technicité à la compétence et l’humanisme.
Coordonnateur du centre, le
Pr Ayoubi, est entouré d’une
équipe comprenant de grands
noms de cette spécialité et
de quarante professionnels
médicaux et paramédicaux.
« Nous avons opté pour l’un
des derniers incubateurs multichambres mis sur le marché,
souligne le spécialiste. Les
ovocytes des patientes, une
fois fécondés, ont chacun sa
petite boîte où ils sont maintenus à la bonne température,
avec un bon taux d’oxygène,
et surveillés par des caméras.
Beaucoup d’incubateurs en
France se font encore à l’air
ambiant qui contient 21 %
d’oxygène, alors qu’il n’y en a
que 5 % dans la trompe de la
femme. »
Pour ce qui est de l’équipe,
on compte le Pr René Frydman, père d’Amandine, premier bébé né par fécondation
in vitro (FIV) en France, le
Pr Renato Franchin, ancien
responsable du service FIV à
l’hôpital Antoine Béclère, le
Pr Philippe Bouchard, endocrinologue de la reproduction
et ancien chef du service FIV
à l’hôpital Cochin, et le Dr C.
Yazbeck, ancien responsable
du service PMA à l’hôpital
Bichat.
L’équipe de biologie de la
reproduction a été par ailleurs
renforcée par l’arrivée des Drs
M. Poulain, F. Bonneaud et
F. Allali. La prise en charge et
le développement de la chirurgie de l’infertilité sont assurés
par une équipe comprenant le
Pr Ayoubi et les Drs M. Charbonnel et J. Goetgheluck.
« Plusieurs dimensions caractérisent ce projet, précise le Pr
Ayoubi, à savoir : un concept
de prise en charge globale de
l’infertilité avec une équipe de
plus de quarante personnes
qui accompagne les couples
dans les difficiles parcours de
soins dès la première consultation jusqu’à l’exploration, le
traitement et la stimulation.
L’ensemble de ce processus
assure désormais aux couples
suivis une approche unique
qui devrait contribuer à obtenir les meilleurs résultats possibles. »
Une autre dimension importante reste l’universitaire,
en termes de recherche et de
développement. Ce volet universitaire comprendra, outre
la recherche, la mise en place
d’un diplôme au sein de la
faculté de médecine, ouvert
aux médecins francophones
du monde entier, et enfin une
plateforme de simulation sur
le double plan clinique et biologique.
Le Pr Jean-Marc Ayoubi (au centre), entouré des chefs des équipes du centre.
Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : [email protected] – www.rjliban.com

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