REVISION DE VIE ET D`ACTION OUVRIÈRE
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REVISION DE VIE ET D`ACTION OUVRIÈRE
VII CONSELHO INTERNACIONAL CONSEIL INTERNATIONAL CONSEJO INTERNACIONAL INTERNATIONAL COUNCIL J.O.C. J.O.C. J.O.C. Y.C.W. REVISION DE VIE ET D'ACTION OUVRIÈRE Secrétariat International de la JOC Av. Georges Rodenbach 4 – 1030 Bruxelles tél: 0032/2/2421811 INTRODUCTION Ce document se veut une mise à jour de la méthode fondamentale de la JOC afin d'être un instrument utile dans l'action et la formation des militants et des jeunes travailleurs. C'est pourquoi nous avons tenu compte des expériences -tant positives que négatives- réalisées au cours des dernières années, et particulièrement depuis l'évaluation faite par le Comité Exécutif International de 1968 et l'étude réalisée durant le Conseil International en 1969. Ce document fut étudié et discuté aux Comités Exécutifs Internationaux de 1973 et 1974, et finalement approuvé par le Conseil International en 1975. Ce document ne prétend pas être une recette pour effectuer systématiquement une révision, ni un schéma à suivre au pied de la lettre, mais il essaye de clarifier et d'ordonner une série d'éléments dont il faut tenir compte et qui serviront de points de référence lorsque le moment sera venu de faire la révision de notre action militante. Au début, il s'intitulait «Révision de Vie Ouvrière» et impliquait la révision de notre action dans la vie ouvrière et nous-mêmes au sein de cette action. Au fil du temps, le titre s'est déformé et on emploie communément celui de «Révision de Vie». Le contenu s'est également transformé et dans beaucoup d'endroits, aussi bien dans la JOC qu'à l'extérieur, il s'agit d'une révision de la vie des personnes. Ainsi le titre «Révision de Vie et d'Action Ouvrière» veut aller au-delà de cette déformation historique et préciser le sens de l'emploi de la méthode de la JOC. Votre expérience montrera si oui ou non ces éléments garantissent la qualité de la révision de vie et d'action ouvrière. SOMMAIRE I. QUE FAUT-IL REVISER II. COMMENT VOIR III.L'ATTITUDE POUR VOIR IV. COMMENT JUGER V. AGIR FACE A QUOI VI. COMMENT AGIR VII.CE QU'EST LA REVISON DE VIE ET D'ACTION OUVRIÉRE VIII.CE QUE N'EST PAS LA REVISION DE VIE ET D'ACTION OUVRIÉRE 2 I. QUE FAUT-IL REVISER? Notre action Le point de départ est la révision de notre action. Notre vie En partant de notre action, il est certain que nous allons voir le lien entre la situation et notre vie. Pas la vie en général ni ses aspects superficiels; non plus les faits qui ne nous concernent pas. Ce qui nous concerne Seulement de cette manière nous pourrons aboutir à des changements réels dans notre vie, dans notre entourage et dans la situation qui nous concerne. Situation générale La situation peut et doit être révisée, mais à partir de celle-ci nous devons arriver à la situation concrète dans laquelle nous sommes impliqués et sur laquelle nous allons mener l'action. II. COMMENT VOIR? En partant de ce que nous avons déjà réalisé, que se passe-t-il dans mon entourage tous les jours? A. Que se passe-t-il à mon travail, dans mon quartier ou commune, dans ma famille, etc.? Quelles sont les conditions de travail ou de vie dans les quartiers? Quelles sont les réactions des travailleurs, des voisins ou autres personnes avec qui nous agissons déjà? Ceci nous donnera immédiatement une vision de la réalité concrète et immédiate dans laquelle nous vivons. Combien de gens vivent la même situation? Ceci nous donnera une vision de la dimension de la situation, s'il s'agit d'un problème individuel ou collectif. progressivement nous découvrirons l'ampleur du problème. 3 B. Quelles en sont les conséquences pour les gens? Ceci nous donnera une idée de la gravité et de la profondeur du problème de l'influence de la situation sur les gens, des limites concrètes des personnes, en raison de la situation qu'ils vivent. Dans la mesure où nous approfondissons les conséquences, nous découvrirons pourquoi il faut agir. Notre conscience nous incite à luter avec les autres afin de sortir de la situation. La souffrance, le désir de s'épanouir et l'impossibilité d'y arriver ou les aspirations frustrées – tous ces facteurs constituent une motivation fondamentale pour l'action. Nous ne pouvons pas militer ni agir d'une façon permanente sans avoir une motivation profonde. La connaissance des conséquences de la situation pour les jeunes travailleurs nous mènera à découvrir leurs comportements et réactions propres, en fait, à prendre en considération chaque travailleur, tel qu'il est, avec ses valeurs potentielles et avec ses limites pratiques. Ce n'est que de cette façon que nous serons en mesure de donner une réponse concrète et adéquate puisqu'elle sera basée sur la vie des jeunes travailleurs. C. Pourquoi les gens subissent-ils une Pourquoi une telle situation existe-t-elle? telle situation? Les gens ne vivent pas cette situation par hasard. Il y a des causes et des raisons qui ont provoqué une telle situation. Il est important de découvrir ces causes si nous voulons trouver la solution ou le chemin qui nous conduira à la solution. A cet égard, la réponse à certaines questions nous viendra en aide: des questions telles que: la situation, à qui porte-t-telle préjudice ou à qui profite-t-elle? De qui dépend la solution? Pourquoi n'a-t-on pas encore trouvé de solution? Cette situation a-t-elle toujours existé? Double cause: les structures et nous Ainsi nous pourrons voir, et chaque fois avec plus de clarté, que les solutions ne sont ni simples ni faciles; que les situations concrètes sont conditionnées par des facteurs externes; qu'il ne s'agit pas seulement de bonne ou de mauvaise volonté. Et nous verrons surtout qu'il existe outre des raisons ou structures économiques, politiques et même répressives, des conditionnements culturels, un manque d'organisation parmi ceux qui subissent la situation et, dans 4 de nombreux cas, un manque considérable de conscience ou de préparation pour faire face à la situation. Besoin d'une bonne connaissance avant de juger Si nous ne connaissons pas suffisamment la situation et le pourquoi de son existence, nous devons envisager comment nous pourrions mieux la connaître. Qui peut nous aider? Il est important d'avoir cet esprit de recherche pour arriver à des connaissances chaque fois mieux fondées pour connaître le pourquoi de notre situation, les problèmes qui y sont mêlés et qui rendent la connaissance de notre société plus difficile. Il en résultera le besoin indispensable d'élaborer des plans de formation complémentaire que le Mouvement doit prendre en charge pour aider les militants à avancer efficacement dans l'action, à mesure que ceux-ci découvrent leurs besoins concrets pour mener l'action. D. Qu'en pensent ceux qui subissent la situation et pourquoi? Si nous l'ignorons, nous devons tout faire pour le savoir. Notre première préoccupation et action sera celle de savoir ce que pensent nos compagnons sur la situation que nos vivons. Cet esprit de recherche est essentiel, mais pour qu'il soit authentique, il doit être partagé par tous ceux qui nous entourent et avec qui nous sommes en contact. Ainsi, nous apprendrons et en même temps, nous inciterons les autres jeunes travailleurs à voir certains aspects de la situation concrète que nous vivons et, de ce fait, à être responsables ou commencer à l'être, de ce qui nous concerne tous. De cette façon, par notre réflexion faite lors de notre Révision de la vie et de l'action ouvrière (au cours de la réunion des militants, nous nous enrichissons davantage grâce aux nouveaux aspects découverts que nous, à notre tour, nous partageons avec nos compagnons, et qui serviront de points d'appui pour continuer ou commencer à faire quelque chose ensemble, là où nous vivons. Connaître leur capacité de réagir Savoir ce que nos compagnons pensent et comment ils réagissent par rapport à ce que nous pensons, nous révèle leur niveau de compréhension et le type d'action que ceux-ci sont prêts à entreprendre. Si nous négligeons cet aspect, nous proposerions aux jeunes travailleurs des choses qu'ils ne veulent pas faire ou pour lesquelles il ne sont pas préparés. Nous nous éloignerions d'eux en 5 brisant le processus éducatif qui leur permettrait de découvrir les étapes suivantes. Enfin, la connaissance des opinions de nos compagnons déterminera les phases pédagogiques dont il faut tenir compte lors de l'action afin de respecter le niveau des personnes et assurer d'être efficaces. Qui d'autre se montre préoccupé de la situation? Il est important de voir si d'autres groupes ou personnes sont préoccupés de la même situation. Nous devons savoir qui ils sont, ce qu'ils font et ce qu'ils envisagent. Ainsi, nous pourrions faire une analyse plus fondée sur la nécessité de provoquer quelque chose de nouveau ou de se joindre aux actions en cours. Mais nous ne pouvons nullement agir comme si nous étions les seuls à faire quelque chose. III. ATTITUDE A ADOPTER POUR VOIR Esprit de recherche Vu l'importance de la découverte précise de la réalité, des conditions de vie de la jeunesse travailleuse, et vu l'importance de ces conditions dans notre vie afin de nous permettre de nous épanouir en tant que personnes, il est nécessaire d'avoir un instrument -la recherche- ainsi qu'une attitude -l'esprit de recherche-. Ne pas préjuger ni supposer quoi que ce soit Il est d'une importance fondamentale de nous abstenir de toute supposition ou préjugé. Nous devons voir et voir en profondeur. Avoir un esprit de recherche veut dire: être attentif à la vie concrète des personnes -et spécialement ceux avec qui nous sommes engagés dans l'action- ainsi qu'à leur comportement devant les situation, évènements et actions que nous vivons. Nous devons également chercher la manière de nous engager dans l'action ou de la continuer, afin de répondre aux besoins et aux aspirations exprimées. 6 Il faut également voir avec le coeur Notre façon de VOIR ne peut pas être celle des statisticiens professionnels ou de simples observateurs de laboratoire, mais nous devons également «voir» avec notre coeur afin de sentir profondément la souffrance de nos frères travailleurs et de notre peuple tout entier, tout en gardant la tête froide pour voir clair. Voir avec l'esprit d'apprendre quelque chose Un vrai militant n'est pas nécessairement celui qui «voit» tout, mais plutôt celui qui apprend également des autres. Voir clair et en profondeur afin d'avoir un jugement correct Notre engagement ou interprétation sera correct dans la mesure où nous verrons avec clarté et en profondeur. Sinon, nous aurons toujours une vision superficielle de la société. Notre action, et de ce fait, notre engagement est en faveur ou en défaveur de la situation selon que notre façon de VOIR est profonde ou superficielle. Une capacité progressive de voir par l'expérience Il va de soi que la capacité de voir s'acquiert avec l'expérience de la révision de l'action. C'est un processus progressif, mais accessible à n'importe quel niveau d'âge et de préparation intellectuelle. Petit à petit, notre vision de la réalité deviendra plus complète et, par conséquent, plus réelle et aboutira finalement à une vision globale de la société dans laquelle nous vivons. IV. COMMENT JUGER? Notre opinion et conscience A. Que pensons-nous de tout ce que nous avons vu? Il est important que chacun exprime ses idées. L'attitude facile de s'appuyer sur les autres ou sur quelqu'un qui «sait» davantage, ou de se borner à des textes écrits pour sanctionner et juger la situation à priori, est sans valeur. Il faut faire un effort pour réfléchir et utiliser la capacité de réflexion dont tout homme dispose. Ainsi, nous 7 développerons notre responsabilités. capacité critique et notre sens des Nous devons nous efforcer d'avoir une opinion propre afin de nous débarrasser de notre complexe d'infériorité, de nos craintes devant la liberté et la responsabilité, et nous défaire de notre confort. Nous commencerons à développer nos propres critères quant à ce que nous voulons, et nous éviterons la manipulation si nous parvenons à comparer entre nous la réalité existante avec la situation que nous aimerions vivre. B. L'opinion et la conscience des autres – Que pensent les autres groupes d'ouvriers organisés et quelles sont leurs actions? Pourquoi pensent-ils ainsi? Il est important d'écouter et de connaître l'opinion et l'action des autres, tout spécialement de ceux qui poursuivent les mêmes objectifs de libération de la classe ouvrière, à savoir: syndicats, coopératives, comités ouvriers, etc. Bien que dans certains cas il se pourrait que nous ne coïncidions ou ne soyons pas d'accord avec eux, il est important de savoir ce qu'ils font et quels objectifs ils poursuivent, afin d'avoir plus d'éléments au moment de juger et d'éviter de tirer des conclusions superficielles. La lutte pour la construction d'une nouvelle société et d'un homme nouveau n'est pas une lutte spontanée ni improvisée. C'est pourquoi nous devons nous intéresser et respecter ce que d'autres ouvriers ont réalisé au cours des années antérieures pour pouvoir comprendre la complexité de la solution et l'importance d'un engagement continu. C. Confrontation Essayons de comprendre la situation à partir des points de référence suivants: a. Notre conception de l'Homme – les valeurs que l'homme vit ou qui sont anéanties dans la situation actuelle. b. Le modèle d'Homme que le Christ nous a révélé. L'Évangile, la Bible. c. La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. d. La pensée et le témoignage des grands combattants du peuple, reconnus par la masse. e. L'histoire de la lutte de libération des peuples. 8 Tous les militants n'utiliseront pas tous ces points de référence en même temps. Quelques uns mettront davantage l'accent sur certains points et accorderont moins d'importance à d'autres, et élargiront les sources de référence. Ce qui importe est de ne pas nous borner à notre propre opinion qui restera toujours limitée, malgré son importance. Ainsi, nous éviterons d'être dogmatiques ou moralisateurs (au sens négatif), mais nous amplifierons nos fondements et motivations. En approfondissant et en élargissant notre réflexion avec plus de points de référence, nous aurons plus de points en commun avec la jeunesse travailleuse toute entière qui n'a pas découvert le Christ comme point de référence. Cette confrontation amène de nouvelles valeurs La confrontation entre la situation et l'ensemble des points de référence ou éléments de comparaison développe notre capacité critique, crée et amène de nouvelles valeurs que les hommes, le Peuple et plus particulièrement nous les jeunes travailleurs, devons vivre. En même temps, elle nous aide à envisager des éléments qui doivent composer la nouvelle société que nous voulons construire, une société au service de l'humanité. D. Auto-critique et transformation – VOIR comment nous sommes impliqués dans le même mal que nous voulons combattre, en maintenant les mêmes points de référence Exigences de changement dans notre propre vie Ici, nous devons développer une auto-critique, ce qui nous impose un changement personnel et collectif. Sans cette transformation personnelle, nous ne serons pas en mesure de construire la nouvelle société, sans cela, nous reproduirons une société avec les mêmes erreurs que l'actuelle. Il ne suffit pas d'essayer d'instaurer d'autres structures sans changer l'Homme. C'est-à-dire que nos devons nous défaire de tous les germes d'exploitation tant des autres que de nous-mêmes: égoïsme, paresse, vanité, soif de pouvoir, qui font de l'Homme une machine à consommer, à produire et à détruire. 9 Un style de vie qui met en cause Nous ne pouvons pas attendre l'implantation de nouvelles structures pour commencer à vivre les nouvelles valeurs. Il faut les vivre déjà maintenant comme une anticipation de ce qui pourrait être une nouvelle société. Notre style de vie doit changer comme conséquence de notre action et réflexion. Ce style de vie commence à être contagieux et met également en cause la vie des autres puisqu'il est l'image d'un idéal à poursuivre. E. Évaluer le progrès réalisé au cours de l'action C'est-à-dire, juger notre action telle que nous sommes en train de la réaliser. Sans évaluation, il n'y a pas de progrès possible parce que l'on ne réadapte pas les objectifs à la réalité qui se transforme. Comment évaluer notre action? - En comparant le résultat avec l'objectif 1. En comparant ce qu'on a obtenu avec ce qu'on aimerait atteindre. Sur ce point, il est important de ne rien supposer ni être superficiel, mais par contre de reconnaître avec objectivité ce que nous avons atteint. Il ne s'agit pas de faire beaucoup ou peu, mais de faire ce qui était prévu. En examinant si nous avançons ou reculons 2. Juger si nos actions engendrent des changements ou pas. C'est-àdire voir si nos compagnons réagissent, s'ils participent consciemment et s'ils s'engagent; s'il se produit en eux un changement personnel; un minimum d'organisation naturelle ou de groupes stables dirigés par les ouvriers eux-mêmes se créent. S'ils assument les conséquences de l'action y compris dans le domaine financier, et s'ils obtiennent leurs revendications. En valorisant tout, même le moindre détail 3. Il est important de tout valoriser, même le moindre détail, dans le cadre global de ce qu'on a prévu de réaliser. Chaque chose est un pas en avant, une victoire sur la paresse, la routine, l'égoïsme, l'inconscience et la dépendance. Dans ce sens, il est important de valoriser tout ce que nous avons obtenu au cours de l'action: nouvelles expériences, nouveaux moyens d'organisation, progression dans la méthode, confiance en nous-mêmes et dans les jeunes travailleurs, et le sens de la force. Si les gens prennent l'habitude de décider eux-mêmes, de dialoguer, de critiquer et de 10 financer leurs actions; s'ils élargissent leur vision, s'ils assument des responsabilités, etc. En analysant les moyens et les difficultés 4. Juger si les moyens que nous utilisons sont adéquats et suffisants. C'est-à-dire, s'ils sont en proportion avec la capacité des gens; s'ils savent s'en servir et les financer; si les moyens ont été efficaces ou s'il faut les corriger. Dans ce sens, il convient de voir quelles difficultés nous avons dû affronter, tant de notre part que de la part du Mouvement ou venant de l'extérieur. Dans le même sens, il est nécessaire d'analyser les nouveaux mécanismes de répression et d'intégration dont se servent les forces ennemies au cours de l'action. Financement de l'action, ses moyens et son organisation 5. Dans une société comme la nôtre où l'argent domine tout, il est important de réviser toujours qui a financé l'action et de voir comment les jeunes travailleurs financent les moyens, rencontres, etc. indispensables à l'action. C'est au cours de cette évaluation que surgit l'exigence de soutenir financièrement le Mouvement comme faisant partie de nous. En décidant l'action ou la continuité de l'action 6. Après avoir fait le travail antérieur, le moment est venu de juger s'il faut continuer ou pas ce que nous sommes en train de faire et pourquoi. C'est-à-dire qu'il faut voir si nos motivations et nos objectifs sont toujours valables pour nous et pour les jeunes travailleurs concernés. C'est pourquoi il est essentiel de réviser les motivations des jeunes travailleurs qui ont pris part à l'action. La continuité de l'action, et par conséquent, l'action elle-même en dépend. Le rôle que joue le Mouvement 7. Après l'évaluation de l'action avec tous les éléments antérieurs, il est important d'évaluer le rôle et la place du Mouvement dans l'action. C'est-à-dire, voir si le Mouvement a été présent d'une manière ou d'une autre; si un jeune travailleur a découvert la JOC, ce qu'il a découvert et à travers quoi. Si la JOC s'est étendue et si cette extension est en proportion avec la capacité du Mouvement. Ceci nous aidera à voir en quoi et comment le Mouvement peut ou doit soutenir ce qui se réalise. 11 En voyant quelles sont les exigences pour le Mouvement et le groupe 8. L'évaluation ou le jugement de notre action crée une série d'exigences pour le groupe qui le réalise, et pour le Mouvement dans son ensemble: besoin de s'informer et de se former davantage, les différentes formes de coordination, révision des moyens dont dispose le Mouvement (journaux de masse, rencontres de masse, etc.) Ainsi, on assurera que le Mouvement et les moyens qu'il emploie, soient en fonction de l'action de ses militants et des jeunes travailleurs. V. AGIR FACE A QUOI? Les perspectives de l'action; personnes et structures La révision ou l'analyse de la situation et le jugement que nous aurons d'elle nous diront que toute l'action n'est qu'une solution partielle. Il est évident que nous ne pourrons éliminer les causes de notre situation qu'en tenant compte de notre système économique, politique et idéologique actuel et qu'en changeant la façon dont les hommes s'entendent et se comportent. C'est pourquoi toute action ou plan devra toujours avoir ces perspectives globales bien qu'elles ne se manifestent pas toujours explicitement. Plan à long terme En analysant la dimension du problème, avec ses causes et ses conséquences, et le niveau de conscience et d'organisation des jeunes travailleurs, nous saurons également qu'il est impossible de résoudre les problèmes et de changer la situation moyennant des actions spontanées, isolées d'un plan à long terme. Chaque action, même la plus petite, doit être un pas en avant de plus dans l'ensemble de pas et d'efforts réalisés par la jeunesse travailleuse toute entière et le peuple en général, et non pas un pas en arrière ni de l'énergie gaspillée. 12 Les actions quotidiennes constituent le plan à long terme C'est pourquoi à long terme engagements ouvrière devra nous devons définir quelques objectifs fondamentaux dans lesquels nous insérerons les actions et les concrets que chaque Révision de vie et d'action engendrer. VI. COMMENT AGIR? Processus méthodologique A. Ces objectifs fondamentaux devront tenir compte du fait que ce sont les jeunes travailleurs qui doivent les réaliser consciemment afin d'arriver à des changements réels et de permettre aux hommes de se transformer. C'est pourquoi il faut tenir compte du processus méthodologique de la JOC, vu sa tâche au sein de la masse des jeunes travailleurs. Éléments Fondamentaux − Comment réaliser une action de conscientisation? − Comment réaliser une action qui favorise l'organisation et la coordination des jeunes travailleurs? − Comment créer des infrastructures dans tous les secteurs de la vie, permettant à tous les jeunes travailleurs d'agir consciemment, de découvrir progressivement les causes et les conséquences de la situation, de se former, de se transformer et de développer tous les aspects de leur personne, en leur permettant de s'organiser, de prendre la direction, de planifier, de contrôler et d'évaluer l'action et les objectifs fixés? − Comment ces infrastructures sont en même temps des communautés de lutte pour la libération totale de l'homme? − Comment ces infrastructures sont des communautés avec des germes de changement du jeune travailleur, du peuple et de la société? B. COMMENT PLANIFIER L'ACTION?: Tout en tenant compte de ce qui précède, nous devons bien clarifier quels sont les objectifs d'action immédiats ou quotidiens, pour que la Révision de vie et d'action ouvrière nus apporte chaque fois plus d'éléments nouveaux, de suggestions ou motivations et de résultats. Dans ce sens, nous devons préciser les points suivants: 13 Qu'envisageons-nous de faire? 1. Quelles actions envisageons-nous dans notre entreprise, quartier, etc.? Par quel problème, aspect ou point d'intérêt allons-nous commencer ou sur lequel allons-nous mettre l'accent? Dans ce point, nous devons tenir compte des personnes à qui l'action est adressée, puisque nous ne sommes pas les seuls à chercher une solution à la situation ou au problème, mais nous devons le faire avec la prise de conscience des autres. Ce n'est qu'en joignant nos forces que nous avancerons. Préciser avec qui 2. Il faut préciser avec qui nous allons travailler. Il faut toujours pouvoir compter sur un nombre déterminé de personnes qui sont ou qui seront nos amis. Il faut voir qui est prêt à entreprendre une action pour atteindre les mêmes objectifs. Comment allons-nous les motiver? 3. Une fois décidé avec qui nous allons travailler, nous devons voir comment nous allons motiver leur collaboration, en tenant compte de leur niveau d'engagement ou de sensibilité, de conscience. Ainsi nous pourrons nous répartir les tâches à réaliser en fonction de la manière dont chacun de nos compagnons assume les objectifs et dont il est disposé à s'engager dans l'actions. Quels moyens allons-nous utiliser? 4. Il est nécessaire de faire l'inventaire des moyens dont nous disposons pour voir s'ils sont en proportion avec nos objectifs. Bien que les moyens matériels ne soient pas les seuls qui assurent le succès, il ne faut pas en sous-estimer la valeur. Nos devons être réalistes et tenir compte de nos propres forces. Quand allons-nous la faire et quand allons-nous la réviser? 5. − La prochaine évaluation sera un autre pas en avant. L'évaluation doit se faire périodiquement et assure une réorganisation de l'action du Mouvement. L'évaluation périodique nous maintient toujours dans une vision très réaliste et nous aide à mieux répondre aux exigences et aux difficultés qui surgissent. 14 − L'évaluation périodique assure une méthode de la JOC et sa remise à jour. VII. LA REVISION DE VIE ET D'ACTION OUVRIÈRE EST 1. La Révision de vie et d'action ouvrière es une METHODE et comme telle, l'instrument principal de FORMATION de la JOC. La réunion des militants est l'occasion de la mettre en pratique en équipe et de tracer des objectifs communs. 2. Cette révision est avant tout la révision de notre action. Celle-ci doit être le point de départ. 3. En partant de notre action, la révision de vie et d'action ouvrière est: A. Un instrument d'analyse objective de la réalité que nous vivons au niveau local et international. - Nous voyons la réalité immédiate, avec ses causes et ses conséquences pour la jeunesse travailleuse et le peuple. - En partant de notre vie, nous voyons la réalité d'une façon plus ample et plus globale, en recherchant davantage de données et d'informations. - Nous analysons cette réalité, avec ses causes et ses conséquences structurelles, idéologiques, culturelles, etc. B. Une comparaison entre la réalité existante et la réalité qui devrait exister. - Confrontation entre l'Homme-objet, uniquement producteur et consommateur, et l'Homme-sujet, avec ses aspirations non-accomplies, et le protagoniste actif de la marche de la société. - Confrontation entre la société actuelle, basée sur l'exploitation de l'Homme, sur l'existence de classe, sur la violence, sur la propriété privée des moyens de production, et le type de société qu'il faut construire afin de permettre à tous les 15 hommes de participer activement à la marche de la société et de s'épanouir pleinement. C. Une AUTO-CRITIQUE de nous-mêmes, de notre comportement et engagement. Elle est une exigence permanente de notre transformation personnelle et collective et un stimulant pour nous mettre totalement au service de la communauté. Où tout homme se présente et s'accepte tel qu'il est. Où tout homme a une opinion propre et détient une partie de la vérité. Où tout homme cherche, écoute, dialogue, émet des critiques selon son niveau de jugement, et est prêt à être critiqué. D. Est un plan d'action face à la réalité analysée et aux personnes qui vivent cette réalité. Les décisions sont prises en équipe. - Où on fixe des objectifs concrets qui seront révisés par la suite. - Où on fait l'évaluation des résultats obtenus qui seront comparés aux objectifs fixés. - Où l'action est réorientée selon l'évaluation faite. 4. La révision de vie et d'action ouvrière est une école de formation par l'action où chacun participe en personne, par sa vie et son action. Elle est donc toujours au même niveau que celui des personnes qui font la révision. 5. La révision de vie et d'action ouvrière, réalisée en commun au niveau local, national et international, conduit finalement à l'élaboration d'objectifs et de plans d'action nationaux et internationaux. Ces objectifs et ces plans d'action doivent être évalués, réorientés et réorganisés d'une façon permanente. Ces objectifs communs sont l'axe central qui unit le Mouvement et qui donne le sentiment de constituer un corps international. 6. Lorsque dans le cadre de ces objectifs et plans d'action, nous nous concentrons sur un problème déterminé avec un objectif et un plan d'action précis et limité dans le temps, nos faisons une campagne d'action (selon les endroits elle reçoit une dénomination différente: campagne-enquête, campagne d'action, plan d'action, enquête spéciale ou simplement campagne). En tout cas, une étape de recherche y est toujours impliquée. 16 VIII. LA REVISION DE VIE ET D'ACTION OUVRIÉRE N'EST PAS 1. VOIR d'une façon simpliste et superficielle. 2. JUGER d'une façon moraliste. 3. AGIR de façon confortable. 4. L'étude, de façon intellectuelle, des thèmes ou des aspects de la vie n'entraînant aucun engagement d'action et changement. 5. La critique de la vie privée des autres. 6. Une «recette magique» qui peut être appliquée à n'importe quel moment et avec n'importe qui. 7. Le repentir spontané d'erreurs commises sans faire en même temps une analyse du pourquoi on les a commises et comment on peut les éviter à l'avenir. 8. Bien sûr, une heure et demie de réunion, sans effet sur notre vie. Droits de reproduction et de traduction réservés 17