Le Grand Requin présente LA FEMME COMME CHAMP DE

Transcription

Le Grand Requin présente LA FEMME COMME CHAMP DE
L'HISTOIRE
L'action se déroule dans une clinique en Allemagne
donnant sur le lac de Constance près de la frontière suisse.
Nous sommes juste après le conflit bosniaque.
Kate est américaine, émigrée irlandaise de la troisième génération, psychothérapeute,
mutée à la suite d'une « crise » pendant sa mission d'aide humanitaire,
lors de l'ouverture des charniers en Bosnie.
Dorra est bosniaque et a été violée pendant la guerre. Elle découvre qu'elle est enceinte.
Dans le dialogue de ces deux femmes meurtries éclate sans concession
le témoignage unique de la femme universelle en tant que victime de guerre.
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Cette pièce, inspirée du drame bosniaque, reste une œuvre de fiction.
L'auteur a pourtant consulté une vaste bibliographie concernant les Balkans,
et a utilisé quelques vrais témoignages pour la scène de la fouille des charniers
et pour décrire « l'image » du pays de Dorra.
Dans cette dernière scène, par exemple, l'auteur s'est inspiré notamment de certains
des témoignages bouleversants apportés par Velibor Colic
dans son livre « Chronique des oubliés » paru en 1994
aux Editions La Digitale et réédité ensuite chez Le Serpent A Plumes.
EXTRAITS DE LA PIECE
DORRA :
" Les Balkans, c'est comme ça. Une poudrière sentimentale.
Dans les Balkans, on sait boire. Tiens, on s'est pas vu depuis trois semaines,
ça fait long, ça fait insupportable, allons boire un coup. Et on boit jusqu'au petit matin.
Parce que dans les Balkans, lorsqu'on est copains, on ne supporte pas de ne pas se voir
pendant trois semaines ; tout prétexte est bon pour picoler jusqu'à cinq heures du matin.
On ne s'est pas vu depuis une semaine, oh là là, ça fait long, allons boire un coup.
Et on boit jusqu'à minuit. Pour que la séparation de deux amis soit supportable,
on doit boire un peu tous les jours.
Ca oui, si on boit tous les jours après le boulot, entre six heures et dix heures du soir,
ça peut aller, on peut ensuite rentrer chez soi, passer un petit quart d'heure avec les gosses.
Ou avec sa femme. Qui elle n'est qu'une pondeuse de gosses.
Elle ne sait qu'engueuler son mari dès qu'il se pointe à la maison.
C'est pour ça d'ailleurs que le mari rentre tard et repart tôt.
Le matin, il a la gueule de bois. C'est alors pour elle le meilleur moment pour l'engueuler.
Le soir, le sens de l'honneur est très fort chez les hommes des Balkans.
Le soir, si elle presse trop sur l'accélérateur de l'engueulade,
il se fâche et se tape encore un verre. Ou deux. Ou trois.
Car le soir, après avoir bu avec ses copains, l'homme des Balkans devient brusquement malheureux. (...) "
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KATE :
" Trop de pierres, c'est ça l'Europe.
Un jour, elle va sombrer sous le poids de ses pierres.
D'ailleurs, elle a déjà commencé à sombrer.
Ca a été d'ailleurs la première image que je me suis faite de l'Europe :
une montagne géante de pierres, une sorte d'iceberg de pierre qui sombre doucement
de l'autre côté de l'Océan.
Mais il y avait aussi aux pieds de cette montagne, un petit jardin avec deux ou trois
arbres fragiles et maladifs... et là je voyais mon grand-père, armé d'une pioche,
penché sur ses terres pour extirper cent pierres par jour de la terre...
Je crois que c'est à cause de cette image que je suis partie en Bosnie.
Lorsqu'on m'a dit que je devais aider les équipes de spécialistes à ouvrir les charniers,
j'ai vu tout de suite devant moi l'image de mon grand-père déterrant les pierres.
On est tous des déterreurs-né dans la famille McNoil.
Mais moi, je devais déterrer des cadavres. "
L'AUTEUR
Matéi Visniec, dramaturge, poète et journaliste est né en Roumanie en 1956.
Il a écrit à ce jour une vingtaine de pièces, toutes censurées dans son pays d'origine
par le régime totalitaire de l'époque.
En 1987, il arrive en France, demande l'asile politique et travaille dès lors comme
journaliste à Radio France Internationale.
Depuis, il a obtenu la nationalité française et écrit toutes ses pièces en français.
Depuis dix ans, ses pièces sont régulièrement jouées en Avignon et connaissent un intérêt croissant chez les metteurs en scène de Paris et de province.
Enfin, il est aujourd'hui l'auteur contemporain le plus joué en Roumanie et reçoit une reconnaissance internationale puisque ses pièces sont montées
dans les grands théâtres étrangers (Young Vic à Londres, Piccolo Teatro de Milan, Théâtre Royal de Stokholm, Théâtre National d'Istambul, Théâtre
Stary de Cracovie, etc...).
NOTE DE L'AUTEUR
J'ai écrit cette pièce sur la Bosnie et sur la folie nationaliste parce que je cherchais une réponse aux questions
suivantes :
Quel est le mécanisme qui transforme des gens normaux en bêtes sauvages et en brutes bestiales ?
Qui sont ceux qui ont abruti les abrutis ?
Comment peut-on abrutir des masses entières sous les yeux du monde dit « civilisé » ?
Dans quel contexte géographique et historique, avec quelles complicités, sur le fond de quels malentendus et de quelles lâchetés le
drame bosniaque a-t-il été possible ?
Le procès de la barbarie ne sera pas accompli seulement avec la mise en accusation par le Tribunal Pénal International d'un Slobodan Milosevic, Radovan
Karadzic ou Ratko Mladic, des hordes serbes qui ont tué des milliers de musulmans à Srebrenica, et des extrémistes
de tous bords qui ont endeuillé la fin du XXème siècle en Europe.
Pour faire le procès de la barbarie, il faut aussi comprendre « comment cela a été possible»
En paraphrasant Abraham Lincoln, je vais dire qu'on peut abrutir tout un peuple pour un certain temps, qu'on peut même maintenir une partie d'un
peuple en état d'abrutissement tout le temps, mais qu'on ne peut pas à la fois abrutir tout un peuple et le maintenir
en état d'abrutissement tout le temps.
Mais l'espoir ne sera jamais crédible sans une dénonciation qui creuse jusqu'aux couches profondes qui engendrent la barbarie.
Mon travail de journaliste à Radio France Internationale m'a beaucoup aidé à écrire cette pièce sur une guerre qui avait lieu dans une région du monde
que je connaissais bien (car né à l'Est), où j'avais voyagé, où j'avais des amis... J'ai eu un accès rapide, continu
et parfois direct à l'information (il faut dire peut-être à l'horreur).
Un jour, le journaliste que je suis a voulu exorciser son impuissance.
Je voulais réagir contre la barbarie, mais je ne pouvais pas le faire physiquement, je ne pouvais pas me placer derrière chaque combattant en Bosnie
pour dévier les balles qu'ils se tiraient dessus, pour les convaincre d'arrêter leur folie meurtrière.
Alors j'ai réagi en écrivain engagé et j'ai écrit cette pièce.
Une pièce où j'ai voulu donner, pour une fois la parole aux femmes.
Je voulais capter dans ma pièce ce que l'information, et les médias ne pouvaient pas transmettre : la complexité de la situation, le fait que la guerre
avait les racines dans les couches profondes de ces âmes damnées, dans les dilemmes de l'histoire...
J'ai donc imaginé une situation dramatique, parfois insoutenable, comme est insoutenable parfois la réalité. J'observe maintenant que ce conflit,
qui avait tous les ingrédients d'une nouvelle guerre mondiale, est en train d'être oublié...
Les médias braquent leurs caméras ailleurs. Mais les causes qui ont engendré ce conflit en plein centre de l'Europe ne sont pas tout à fait résolues.
Je suis heureux que « La femme comme champs de bataille » continue d'être montée en France. Je vis dans chaque mise en scène de cette pièce
une sorte de prise de conscience, une protestation contre l'oubli, une façon de dire dans le langage émotionnel de l'art
« attention, rien n'est réglé sur la terre, la barbarie peut resurgir à tout moment et partout ». C'est aussi, je crois, le rôle, ou l'un des rôles que doit
jouer le théâtre.
LE METTEUR EN SCENE - David SZTULMAN
David Sztulman,
metteur en scène, comédien et professeur au Cours Simon est né à Toulouse en 1967.
Il a joué dans une douzaine de pièces telles que Caligula de Camus, Britannicus et Bérénice de Racine,
Romulus le Grand de Dürrenmatt ou encore Les fourberies de Scapin de Molière.
Mais c'est surtout la mise en scène qui l'attire, désir né d'un long apprentissage avec ses diverses
promotions d'élèves avec lesquelles il a travaillé pendant ses douze années de professorat au Cours
Simon.
Ainsi il a monté
« les Diablogues » de Roland Dubillard au théâtre de Boulogne,
« Partenaires » de David Mamet pour le festival d'Avignon,
« L'impromptu de Versailles » de Molière,
« Peer Gynt » d'Ibsen au théâtre de l'Atelier,
« Le songe d'une nuit d'été » de Shakespeare,
« La guerre de Troie n'aura pas lieu » de Giraudoux,
« L'Atelier » de Jean-Claude Grumberg au théâtre du Gymnase-Marie Bell,
et enfin « Couple ouvert à deux battants » de Dario Fo qui connaît un succès tant critique
que public puisque la pièce vient de passer les 300 représentations au théâtre
des Blancs-Manteaux.
LA NOTE DU METTEUR EN SCENE
La femme comme champ de bataille » est inspirée de la tragédie bosniaque de ces dernières années.
C'est le face-à-face de deux femmes que tout sépare et qui vont tenter non pas de communiquer entre elles, mais d'aller au-delà du traumatisme
humain afin que la vie ne soit pas totalement vidée de sens, pour que le monde ne demeure pas qu'une machine à broyer les victimes.
Kate, la thérapeute et Dorra, la femme violée vont se battre pour extirper la douleur et gagner, un temps, le droit de survivre à la guerre et
ses séquelles.
Par le fait que la guerre de Bosnie ait été une guerre interethnique, Matéi Visniec développe une réflexion très précise sur le mode de fonctionnement des
bourreaux dans l'accomplissement de leur destruction : par-delà l'horreur du massacre massif des populations civiles, se profile la stratégie de désespérer
« l'ennemi » par la souillure.
La femme de « l'ennemi » est donc la cible idéale.
Démoralisé, un combattant est plus vulnérable. Enfin, le fantasme de posséder la femme de son voisin, de son « ami », ou encore de celui que l'on jalouse
depuis longtemps, est une motivation supplémentaire à s'enfoncer un peu plus dans la barbarie.
Le sexe de la femme devient alors ce champ de bataille, ce charnier de cadavres pestilentiels aux relents de culpabilité et d'incompréhension. De ce
charnier naissent aussi les enfants de la guerre, suprême marque de la défaite qui se perdure dans ce qu'il reste de l'existence à venir.
Nombreux sont les textes philosophiques, théâtraux, romanesques qui, avec pertinence et talent traitent de la guerre et de la barbarie, mais lorsque je lus
« la femme comme champ de bataille », j'eus conscience pour la première fois de la véritable ampleur du désastre
que suscite l'avilissement de la femme dans le conflit des hommes.
Les hommes font la guerre sur le champ de bataille, les femmes plus rarement. Le viol, l'assouvissement de la virilité et du sadisme sont depuis toujours
les armes qu'utilisent les hommes pour atteindre et détruire d'autres hommes.
Dans cette relation codifiée, la femme sert à la fois de victime et d'arme.
Ainsi, à la douleur physique s'ajoute la torture de la culpabilité.
Humiliées, dépossédées de leur corps et de leur volonté, les femmes inscrivent les tragédies historiques dans leurs solitudes...
A la fin du siècle dernier et en ce début de millénaire, nous assistons à une redistribution de l'horreur guerrière : il est important que le théâtre s'interroge
et témoigne ouvertement de ces révolutions.
La réflexion dont fait preuve Matéi Visniec dans cette pièce s'ajoute aux écrits de Hannah Arendt, de Primo Lévi, de Georges Semprun, de Bruno
Bettelheim, de Imre Kertész, de Robert Anthelme, ainsi que des quelques autres qui avec les armes de la pensée s'engagent de toute éternité dans la lutte
contre la barbarie.
Sans tomber dans le piège d'apparaître comme une œuvre formellement intellectuelle, « La femme comme champ de bataille »
trouve sa raison d'être aux côtés des grandes pièces de répertoire, car elle ajoute à la constance du théâtre sa nécessité.
LES COMEDIENNES
Marie-Lorna VACONSIN
est née le 2 mai 1979 à Paris.
Elle a suivi pendant trois ans une formation professionnelle d'art
dramatique au Cours Simon dans la classe de David Sztulman.
Au théâtre, elle a joué dans Peer Gynt, Le songe d'une nuit d'été (rôle de
Titania) et la guerre de Troie n'aura pas lieu (rôle d'Hélène) dans les mises
en scène de ce dernier.
Parallèlement à son activité théâtrale, elle poursuit de brillantes études,
puisque après avoir été sous-admissible à l'Ecole Normale Supérieure, elle
prépare un DEA de lettres modernes.
Gaëlle LEBERT
est née le 29 juin 1975 à Mont Saint Aignan dans le 96.
Elle a suivi pendant trois ans les cours de Chantal Brière au Cours Simon avec
laquelle elle a joué La folle de Chaillot (rôle-titre) dans une mise en scène de cette
dernière.
Depuis, elle n'arrête pas d'enchaîner les pièces de théâtre avec un enthousiasme sans
cesse renouvelé.
La boîte en coquillage de Philippe Beheydt,
Chronique des temps radieux de Joël Dragutin,
Divertissement bourgeois d'Eugène Durif,
La guerre de l'Elysée n'aura pas lieu de Christophe Barbier,
Stationnement provisoire de Christophe Gonnet,
Les Européens de Howard Barker, entre autres.
Actuellement elle triomphe au Mélo d'Amélie dans J'aime beaucoup ce que vous
faites de Carole Greep.
Enfin, elle a fait craquer Jean-Pierre Mocky puisqu'elle vient de tourner son dernier film
Touristes, oh yes !.
LA PRODUCTION
La pièce est produite par LE GRAND REQUIN, association loi 1901 qui existe depuis 1999.
LE GRAND REQUIN a produit à ce jour :
Partenaires
de David Mamet, pièce jouée au festival d'Avignon en 1999 au théâtre de la Luna,
mise en scène de David Sztulman.
Achat de Noël
court-métrage écrit et réalisé par David Sztulman, en co-production avec TEVA.
Couple ouvert à deux battants
de Dario Fo et Franca Rame, pièce actuellement jouée au théâtre des Blancs-Manteaux
à Paris 04 (plus de 300 représentations), mise en scène par David Sztulman.
A venir : Modigliani, dans le noir en riant
de Patrice Chaplin, pièce qui sera jouée au Guichet-Montparnasse
du 1er septembre au 31 octobre 2004, mise en scène David Sztulman.
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Le Grand Requin
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