seminaire indep-salariat

SEMINAIRE « CRISE DU SALARIAT, RENOUVEAU DE L’INDEPENDANCE ? »
UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE / IRISSO / Pôle MTEPS
JANVIER –JUIN 2014
Présentation
Après un siècle et demi de croissance quasi continue du salariat en France, le travail indépendant connaît
depuis quelques années un certain renouveau. Numériquement d’abord, puisque la plupart des pays
occidentaux ont vu la part du travail indépendant dans l’emploi total remonter périodiquement depuis les
années 1980 (Arum et Müller, 2004). Symboliquement ensuite, le travail indépendant faisant l’objet d’un
investissement renouvelé dans une société de travail déstabilisée par le chômage et par l’expansion des
« formes particulières d’emploi » participant d’un effritement du salariat (Castel, 1999). Pour certains, ces
tendances démontrent que « le mouvement législatif d’assimilation des travailleurs indépendants aux
salariés semble relativement essoufflé. La tendance paraît même s’inverser : le statut des salariés étant
perçu comme contraignant, insuffisamment souple et flexible, il s’agit de privilégier le statut
d’indépendance » (Chaumette, 1998). Pour autant, la multiplication des formes « atypiques » d’emploi et
le brouillage des frontières entre travail salarié et travail indépendant avec, notamment, le
développement des statuts « hybrides » (Dupuy et Larré, 1998 ; Supiot, 1999 ; Caveng, 2011) invitent à
questionner et à appréhender avec prudence ce renouveau de l’indépendance.
Ce séminaire vise à interroger ce renouveau du travail indépendant, en le mettant en perspective avec les
transformations des sociétés salariales. Ces dernières devront être entendues comme des sociétés dans
lesquelles la plupart des individus tirent l’essentiel de leur position et de leur protection de la place qu’ils
occupent dans la gamme du salariat. Les séances du séminaire proposeront une approche
pluridisciplinaire, en mobilisant des analyses sociologiques, mais aussi juridiques et historiques
permettant de questionner et d’appréhender les frontières entre salariat et indépendance ainsi que leurs
évolutions. En outre, loin d’être des formes d’ajustement automatiques de l’économie en temps de crise,
ces transformations devront être envisagées comme modelées par l’action publique, et ainsi être
appréhendées dans leurs dimensions politique et symbolique.
Les présentations et discussions seront orientées par une série (non exhaustive) de questions :
- Peut-on parler d’un renouveau du travail indépendant ? Et si oui, à quelle échelle et sous quelles
formes ? Quel est le rôle des pouvoirs publics et des employeurs dans ces évolutions ? Dans quelle
mesure ce renouveau du travail indépendant est-il lié au brouillage des frontières entre indépendance et
salariat ?
- Quels sont les outils juridiques de régulation des frontières de l’emploi ? Et comment les travailleurs et
les employeurs s’en saisissent-ils ?
- Comment comprendre le recours au travail indépendant dans des trajectoires professionnelles ? Ou
encore dans des trajectoires migratoires ? Comment s’articulent travail indépendant et statut familial ?
- Comment situer le travail indépendant dans les hiérarchies sociales ? Et ainsi, quels écarts et
correspondances peut-on identifier entre la désalarisation du travail subalterne et le travail indépendant
des classes intellectuelles et supérieures ?
- Comment le travail indépendant est-il structuré par des enjeux de genre ? Comment expliquer la forte
prédominance masculine des travailleurs indépendants ? Et quel est l’impact du non-salariat au sein des
économies domestiques ?
Organisation des séances :
Les séances seront organisées autour de deux interventions et de discussions. Elles auront lieu une fois
par mois le vendredi, de 14h à 17h (sauf le 14 février) à Dauphine, salle C110.
31 janvier : une porosité croissante des statuts d’emploi à l’échelle des pays développés ?
Présentation générale du séminaire (Sarah Abdelnour, Sophie Bernard, Julien Gros)
Christian Azaïs (IRISSO) : les figures émergentes de mise au travail, regards comparatifs
Olivier Giraud, Frédéric Rey (CNAM) : les normes d’emploi au défi des micro-entreprises : une
comparaison France-Brésil
Discutant : Bernard Gomel (CEE)
14 février : le droit face aux frontières de l’indépendance (exceptionnellement 9h30 - 12h30 en A304)
Evelyne Serverin (IRERP-Paris X) : Indépendance et autonomie dans la prestation de travail pour autrui
Discutante : Michèle Tallard (IRISSO)
Sarah Abdelnour (IRISSO) : les auto-entrepreneurs aux marges du droit
Discutant : Laurent Willemez (Printemps-UVSQ)
14 mars : le petit commerce dans les trajectoires sociales et migratoires
Anne-Sophie Bruno (Centre d'études de l'emploi - Université Paris 13) : entre contraintes du salariat et
attraits de l'indépendance, histoires de commerçants étrangers dans la crise (France, 20e s.)
Sophie Bernard et Céline Bessière (IRISSO) : Les trajectoires de franchisés du commerce : premières
pistes de recherche
Discutant : Cédric Lomba (CRESPPA-CSU, Université Paris 8)
11 avril : le genre de l’indépendance
Marion Rabier (CMH) : Carrières familiale, professionnelle et militante de dirigeantes engagées
Caroline Frau (LaSSP, IEP Toulouse) : La maisonnée boutiquière : plasticité spatio-temporelle et
éclatement des différenciations des sphères de vie chez les buralistes
Discutante : Sophie Pochic (CMH)
23 mai : travail intellectuel, travail indépendant
Mathieu Grégoire (CURAPP-ESS, UPJV) : Approches comparées du salariat : professions intellectuelles et
artistes du spectacle
Discutante : Marie-Christine Bureau (CNAM)
Angèle Christin (CMH/Princeton) : comparaison des statuts d’emploi des journalistes (France/USA) et
discussion sur la littérature américaine
Discutante : Donna Kesselman (IMAGER – Paris Est)
27 juin : la désalarisation du travail subalterne ? (attention, séance en salle P301)
Rémy Caveng (CURAPP-ESS, CNRS-UPJV, CREST-LSQ) : Institutionnalisation et usages d’un salariat libéral
Julien Gros (CMH/LSQ) : les statuts d’emploi des bûcherons, entre salariat et indépendance.
Discutante : Gabrielle Schütz (Printemps-UVSQ)
Clôture du séminaire par les organisateurs : Sarah Abdelnour, Sophie Bernard et Julien Gros.