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CHAPELET MÉDITÉ DU CHRIST ROY DE FRANCE MÉDITATION SUR LES MYSTÈRES GLORIEUX DU ROSAIRE AU NOM DU PÈRE, ET DU FILS, ET DU SAINT ESPRIT. AINSI SOIT-IL. Nous nous unissons à tous les Saints de France qui prient le Christ Roi de France, à tous les justes qui sont sur la terre, à toutes les âmes fidèles qui sont dans ce lieu. Nous nous unissons à vous, ô Jésus, pour louer dignement votre Très Sainte Mère, Reine de France et vous louer en Elle et par Elle. Nous renonçons à toutes les distractions qui nous viendront pendant ce rosaire, que nous voulons dire avec modestie, attention et dévotion, comme si c’était le dernier de notre vie. Nous vous offrons, ô très sainte Trinité, ce Credo pour honorer tous les mystères de notre Foi ; ce Credo qui fut, depuis Tolbiac, l’étendard et le palladium de la Foi romaine que nos pères brandirent dans le monde, en versant leur sang sur tous les champs de bataille de la Chrétienté et dans les pays de mission qui virent, tous, aborder un fils ou une fille de France, pour “porter Votre Nom devant tous les peuples et les rois de la terre” ; ce Pater et ces trois Ave pour honorer l’Unité de votre essence et la Trinité de vos personnes. Nous vous demandons la Foi des saints et des chevaliers de France, une Foi vive, une ferme Espérance et une ardente Charité. JE CROIS EN DIEU, etc. NOTRE PÈRE, etc. JE VOUS SALUE MARIE, etc. GLOIRE AU PÈRE, AU FILS ET AU SAINT-ESPRIT, etc. p. 1 PREMIER MYSTÈRE GLORIEUX : LA RÉSURRECTION Nous vous offrons, Seigneur Jésus, cette dizaine en l’honneur de votre Résurrestion glorieuse, et nous vous demandons, par ce mystère et par l’intercession de Notre Dame, Reine de France, L’AMOUR DE DIEU ET LA FERVEUR DANS VOTRE SERVICE. Ainsi soit-il. « Me trompais-je, mes Frères, dans l’impression que j’éprouvais tout à l’heure en vous entendant répéter l’invitation des apôtres à Madeleine : Dic nobis, Maria, quid vidisti in via : “Dites-nous ce que vous avez vu dans la route ? ». J’ai hâte de vous satisfaire, et cette même séquence pascale va me fournir les éléments de ma réponse : ‟ « J’ai vu le sépulcre d’un vivant, et dans ce sépulcre d’un vivant j’ai auguré “la gloire d’un ressuscitant” : Sepulcrum Christi viventis, et gloriam vidi resurgentis »… Ce que nous avons vu, nous disons d’abord que c’est un tombeau, mais le tombeau d’un vivant : sepulcrum viventis. C’est un tombeau. Pour avoir le droit de s’exprimer ainsi, il n’est pas besoin de se reporter aux époques lointaines de l’histoire, alors que la Rome des papes donnait le branle politique et imprimait la direction à toutes les sociétés civilisées, quand elle était le rendez-vous ordinaire de tout ce qu’il y avait de grand dans l’Europe chrétienne, quand les rois et les peuples réclamaient son arbitrage et se guidaient d’après ses réponses et ses décisions… la Rome dont les pompes religieuses étaient en même temps les plus magnifiques de toutes les pompes royales, la Rome enfin qui, comme l’antique capitale du peuple de Dieu, était la ville du grand et du beau, la ville du goût parfait, l’ornement, la joie, le modèle de toute la terre : Urbs perfecti decoris, gaudium universæ terræ… Mais parce que le sépulcre que j’ai vu est le sépulcre d’un vivant, au-dessus de ce tombeau d’où se dégage la vie, j’ai apercu, j’ai salué la gloire d’un ressuscitant : Sepulcrum viventis et gloriam vidi resurgentis. Quand je parle de résurrection, évidemment il ne s’agit pas du pouvoir spirituel et divin, sur lequel aucune force humaine n’a de prise… À ce point de vue, nous n’avons pas de relèvement à attendre ; nous sommes demeurés et nous demeurons debout. Et parce que nous sommes divinement debout, il n’est pas téméraire de prédire le relèvement plus ou moins prompt des choses humaines par le côté qui les lie aux intérêts de l’Église : Et gloriam vidi resurgentis… La gloire du ressuscitant, ce ne sera pas seulement la gloire de Rome, ce sera aussi la gloire de la France. Je n’ai plus le temps de vous le dire comme je le voudrais. Mais voici une affirmation qui ne souffre pas de démenti : c’est qu’au-delà des monts, ceux qui attendent et ceux qui redoutent le rétablissement de l’ordre chrétien dans le monde, sont d’accord pour ne le juger possible et réalisable que par la France. Quand et comment, me dites-vous ? Ce n’est pas la question et c’est le secret de Dieu seul. La France, je le confesse, a grand besoin de travailler à sa propre guérison avant de procurer la guérison aux autres. N’est-elle pas elle-même étendue et gisante sous le lourd couvercle du sépulcre ? Qui donc renversera la pierre du monument funèbre ? Je l’ignore, mais j’affirme que nous verrons cette pierre renversée… Vous étiez un sépulcre, mais un sépulcre où la foi avait heureusement maintenu des semences de vie et des germes de resurrection. Salut à la gloire du ressuscitant, à la gloire du ressuscité ! Salut à cet homme, salut à ce peuple qui a secoué, rejeté la pierre de son tombeau et qui resplendit de tout l’éclat de la Résurrection et de la vie : Et gloriam vidi resurgentis. Amen.” (Cardinal PIE, Homélie pascale 1873). GRÂCE DU MYSTÈRE DE LA RÉSURRECTION DE NOTRE-SEIGNEUR, DESCENDEZ DANS NOS ÂMES. AINSI SOIT-IL. p. 2 DEUXIÈME MYSTÈRE GLORIEUX : L’ASCENSION Nous vous offrons, Seigneur Jésus, cette dizaine en l’honneur de votre triomphante Ascension, et nous vous demandons, par ce mystère et par l’intercession de Notre Dame, Reine de France, UN DÉSIR ARDENT DU CIEL, NOTRE CHÈRE PATRIE. Ainsi soit-il. “N’avais-je pas raison de dire, journée de Loigny, journée d’héroïsme, mais d’héroïsme inspiré par la foi ? Ces guerriers qui ont ainsi donné leur vie, bon nombre d’entre eux, la veille et le matin, s’étaient nourris du pain des forts. D’autres avaient demandé et reçu l’absolution sur le champ de bataille. Dans la cause de la France, ils défendaient la cause déjà sacrée de la patrie : c’est autant qu’il en faut à des chrétiens pour les résigner à la mort. Mais de plus, derrière la patrie française, ils saluaient la patrie religieuse ; et par delà l’une et l’autre, ils envisageaient la patrie éternelle, terme de tous les vœux, récompense de tous les efforts. Quand ces convictions sont dans les esprits, ces espérances dans les cœurs, et quand la grâce de Dieu est dans les âmes, le courage guerrier ne connaît plus de bornes, parce que le sacrifice est accepté sans mesure… Bienheureux ceux qui ont accompli leur sacrifice et qui sont morts dans le Seigneur ! Mais que dire de ceux qui, dans cette église encombrée de cadavres, dans ces maisons à demi-brûlées, dans ces réduits livrés à tous les vents, et enfin là-bas à ciel ouvert, souffrent les horribles douleurs de l’agonie, ou bien, avec toute la plénitude de leur intelligence, voient à pas lents venir la mort, parce qu’ils ne voient pas venir et qu’ils ne peuvent espérer le secours ? Chrétiens, élevons nos pensées et comprenons la vérité de cette parole du sage : « Le patient vaut mieux que celui qui prend des villes » : Melior est patiens viro forti, et qui dominatur animo suo, expugnatore urbium. À l’heure où les victoires nous échappent, en voici une qu’on ne nous ravira pas et dont le ciel connaît seul tout le prix… Et si au-dessus de tous ces noms, il fallait inscrire une légende commune à tous, elle nous serait fournie par le blason d’une race antique qui, toujours semblable à elle-même, a vu tomber dans cette croisade nouvelle le père à côté du fils. A vero bello Christi : oui, la vraie guerre du Christ, le dévouement vrai et sans réserve à la cause du Christ, tel doit être aujourd’hui le cri de ralliement de tous les amis de l’ordre, de tous les défenseurs du pays. Quels que soient vos efforts, vous ne referez la patrie française si vous ne refaites la patrie chrétienne. Sans cela, vos travaux, vos actes les mieux intentionnés ne sont rien moins que les derniers coups portés à la France qui se dissout, à la patrie qui s’en va. Tous tant que nous sommes donc, à quelque profession et à quelque rang que nous appartenions, sur toutes les lignes, dans toutes les directions et toutes les applications du devoir public comme du devoir privé, soyons les hommes du Christ, les combattants, les militants du Christ. À cette condition nous serons les hommes de notre temps, les réparateurs du passé, les reconstructeurs de l’avenir. A vero bello Christi : c’est la grâce et c’est l’honneur que je vous souhaite à tous, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.” (Cardinal Pie, Éloge funèbre des soldats français morts pour la patrie dans la journée du 2 décembre 1870, Église de Loigny, 2 décembre 1871) GRÂCE DU MYSTÈRE DE L’ASCENSION DE NOTRE-SEIGNEUR, DESCENDEZ DANS NOS ÂMES. AINSI SOIT-IL. p. 3 TROISIÈME MYSTÈRE GLORIEUX : LA PENTECÔTE Nous vous offrons, Seigneur Jésus, cette dizaine en l’honneur du mystère de la Pentecôte, et nous vous demandons, par ce mystère et par l’intercession de Notre Dame, Reine de France, LA DESCENTE DU SAINT ESPRIT DANS NOS ÂMES. Ainsi soit-il. “Vous enverrez votre Esprit, Seigneur, et ce sera une seconde création, et vous renouvellerez la face de la terre. C’est qu’en effet la mission de l’Esprit-Saint n’a pas seulement pour objet de modifier et de perfectionner la terre, c’est-à-dire les peuples, les sociétés. Je n’ai plus le temps de vous dire comment le christianisme a transformé la face du monde, et la civilisation nouvelle dont il l’a enrichi. Mais ce qui existe pour vous désormais à l’état de démonstration acquise, c’est la nécessité de la permanence de l’Esprit de Dieu au sein des sociétés. Ce qui arrive aux peuples quand l’esprit de l’homme exile l’esprit de Dieu, notre pays l’a vu de ses yeux, et puisse-t-il ne plus le voir de nouveau ! Ah ! que deviendrait le monde si l’Église n’y conservait l’esprit de Dieu ? Mais elle ne conservera cet Esprit qu’à la condition de combattre l’esprit contraire. Attaquée, elle se défend : c’est son droit et son devoir. Ce qui a été annoncé à son divin Époux, c’est son histoire à elle-même : Dominare in medio inimicorum. Toujours reine, toujours affaiblie, son rôle ici-bas est militant. Plus d’une fois, elle aura paru vaincue. Dans les derniers temps, son règne extérieur semblera décliner. Il lui avait été dit par les prophètes : Bellabunt adversus te et non prævalebunt. Ils guerroieront contre toi et ils ne prévaudront pas. Mais le prophète du dernier âge a paru tenir un autre langage : Datum est bestiæ bellum facere cum sanctis et vincere eos. Il a été donné à la bête de faire la guerre contre les saints et de les vaincre ; mais cette victoire du dernier moment sera le prélude d’une prochaine défaite et d’une ruine définitive. Vous tous, mes Frères, si vous êtes condamnés à voir le triomphe du mal, ne l’acclamez jamais, ne dites jamais au mal : « Tu es le bien ; à la décadence : Tu es le progrès ; à la nuit : Tu es la lumière ; à la mort : Tu es la vie. Sanctifiez-vous dans les temps où Dieu vous a placés ; gémissez des maux et des désordres que Dieu tolère, opposez-y l’énergie de vos œuvres et de vos efforts, toute votre vie pure des erreurs, libre des entraînements mauvais, de telle sorte qu’après avoir vécu ici-bas unis avec l’Esprit du Seigneur, vous soyez admis à ne faire qu’un avec lui dans les siècles des siècles : Qui adhæret Domino unus spiritus est. Amen.” (Cal Pie, Homélie prononcée en la solennité de la Pentecôte dans la cathédrale d’Angoulême, 16 mai 1880) GRÂCE DU MYSTÈRE DE LA PENTECÔTE DE NOTRE-SEIGNEUR, DESCENDEZ DANS NOS ÂMES. AINSI SOIT-IL. p. 4 QUATRIÈME MYSTÈRE GLORIEUX : L’ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE Nous vous offrons, Seigneur Jésus, cette dizaine en l’honneur de la Résurrection et de la triomphante Assomption dans le Ciel de votre sainte Mère, Notre Dame, Reine de France, et nous vous demandons, par ce mystère et par son intercession, LA VRAIE DÉVOTION POUR UNE SI BONNE MÈRE. Ainsi soit-il. ÉDIT ROYAL DU 10 FÉVRIER 1638 DE CONSÉCRATION DE LA FRANCE ET DE LA FAMILLE ROYALE À LA SAINTE VIERGE. “LOUIS, par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre, Dieu qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l’esprit qu’il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre état, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne, sans y voir autant d’effets merveilleux de sa bonté, que d’accidents qui pourraient nous nuire. Lorsque nous sommes entrés au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d’en troubler la tranquillité… Les plus grandes forces des ennemis de cette couronne se sont ralliés pour conspirer sa ruine, Il a confondu leurs ambitieux desseins pour faire voir à toutes les nations que, comme sa providence a fondé cet état, sa bonté le conserve et sa puissance le défend… Tant de grâces si évidentes font que pour n’en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra de la même main dont nous les avons recues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les effets aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l’accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du fils de Dieu en notre chair, de nous consacrer à la grandeur de Dieu par son fils rabaissé jusqu’à nous et à ce fils par sa mère élevée jusqu’à lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre État, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte-Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n’étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables et c’est chose bien raisonnable qu’ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâce. À ces causes, nous avons déclaré et déclarons que prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre État, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que, soit qu’il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés en ce sujet, pour monument et marquee immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le Grand Autel de l’Église Cathédrale de Paris avec une image de la Vierge qui tienne en ses bras celle de son précieux Fils descendu de la Croix et où nous serons représentés aux pieds du Fils et de la Mère comme leur offrant notre couronne et notre sceptre… afin que sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu’il jouisse largement d’une bonne paix ; que Dieu y soit servi et réveré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons été créés ; car tel est notre plaisir.” GRÂCE DU MYSTÈRE DE L’ASSOMPTION, DESCENDEZ DANS NOS ÂMES. AINSI SOIT-IL. p. 5 CINQUIÈME MYSTÈRE GLORIEUX : LE COURONNEMENT DE MARIE Nous vous offrons, Seigneur Jésus, cette dizaine en l’honneur du Couronnement de votre sainte Mère, Notre Dame, Reine de France, et nous vous demandons, par ce mystère et par son intercession, LA PERSÉVÉRANCE DANS LA GRÂCE ET LA COURONNE DE GLOIRE. Ainsi soit-il. “Lorsque, en 1310, repoussés de la Terre-Sainte, les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem émigrèrent de Chypre à Rhodes, ils trouvèrent, au sud-ouest de l’île, sur la colline de Galisos, près de Trianda, une chapelle dédiée à Marie sous le nom de N. D. de PHILERME. Là était vénérée une de ces icônes, peintes, dit-on, par St Luc l’Évangéliste, le “peintre” de la Vierge. Elle était fort ancienne et se trouvait en ce lieu depuis des temps immémoriaux, rappelant plusieurs miracles, dont le souvenir était transmis par une tradition constante. Le fondateur de ce centre marial était un homme riche, dont l’histoire a perdu le nom. Ayant décidé, pour une cause inconnue de nous, de se suicider, il se rendit sur une hauteur où les Phéniciens, jadis, avaient élevé un temple à quelqu’une de leurs divinités solaires que les Doriens, leur succédant, avaient, dès le VIe siècle précédant notre ère, remplacé par un autre dédié à leur Athéna Polias, et qui était tombé en ruines après le triomphe du christianisme. Là, sur ce mont hanté de tous les démons du paganisme, notre désespéré s’apprêtait à réaliser son coupable dessein lorsqu’une Dame, toute blanche de lumière, lui apparaissant, l’en détourna par son sourire et le réconcilia avec la vie. Converti et pénitent, il se retira et vécut sur cette place visitée du ciel où il avait rencontré “la Cause de notre Joie”. Il y avait construit une chapelle où, dévotieusement, il plaça l’icône qu’il avait fait apporter de Jérusalem. Le culte envers cette image se répandit vite à travers l’île et la population prit l’habitude pieuse de la visiter… Dès leur arrivée, les chevaliers vouèrent une grande dévotion à N. D. de Philerme, dont le nom devint leur cri de guerre, tel qu’on le voit sculpté au fronton de “l’auberge” ou maison de France… Après la capitulation de Rhodes, le 24 décembre 1522, la Vierge de St Luc fut emportée sur les galères de l’Ordre avec les grandes reliques qu’il possédait… jusqu’à ce qu’elle s’installât enfin, en 1530, à l’église St Laurent, à Malte.” (Mgr Ducaud-Bourget, La spiritualité de l’Ordre de Malte, p. 137 et suiv.) N. D. de Philerme va jouer, comme on va le voir, un grand rôle dans le siège de Malte par les Turcs, de mai à septembre 1565. “Les Turcs continuèrent la sape et la mine, mais cessèrent leurs attaques de vive force pendant une semaine. Le coup décisif et dernier fut fixé au 7 septembre. La Valette, grand-maître de l’Ordre, qui en fut informé par des transfuges, employa ce temps à se fortifier et barricader avec les débris des maisons. Pour ne laisser de regrets à personne, il donna lui-même le premier coup de pioche au Palais-Magistral, qui fut démoli avant tous les autres ; du reste, uni de cœur à la vaillante population, il ne lui cachait rien et faisait afficher en ville, au fur et à mesure, les nouvelles du dehors, les bulletins du siège et les décisions du conseil. Au-dessus de toutes les mesures humaines, le pieux grand-maître plaçait la protection d’en haut. Il avait une profonde dévotion à la sainte Vierge. Le 31 août, un édit magistral annonça l’ouverture d’une neuvaine à la Nativité de la sainte Vierge, « qui, disait la Valette, se trouve en ce moment en dette vis-à-vis de notre Ordre. C’est pourquoi la supplierons vouloir bien nous payer par la délivrance de l’oppugnation turque ; et si elle accepte, lui baillerais-je avec joie et reconnaissance quittance en règle de tout dû. » Depuis lors, à tous ceux qui le pressaient d’une réponse immédiate sur les affaires de la ville, de la Religion ou du siège, il ripostait avec un sourire tranquille : “Attendez après le 8, et vous satisferay”. Il ne cacha qu’un point au conseil et aux habitants : c’est qu’il allait, avant dix jours, se trouver à court de vivres, de munitions, de vêtements et de remèdes pour les blessés ; et “dissimuloyt d’une constance admirable le soucy qui lui rongeoit le cueur, du retardement du grand secours de Sicile.”… p. 6 Enfin, le 6 septembre, la grande flotte royale (espagnole) commandée par Juan de Cardona, partit une troisième fois de la Sicile, tourna à l’ouest, puis au sud et vint atterir vers minuit dans la rade du Frioul, au nord de Malte. L’ennemi ne l’avait pas éventée. Toute la nuit se passa à mettre à terre le corps expéditionnaire, les bagages, les provisions et les munitions… Après quoi, toute l’armée espagnole, forte d’environ quinze mille combattants, prit la route de la Cité-Notable (La Valette aujourd’hui). C’était le 7 septembre… Le grand amiral turc rentra au port et monta au camp. Il y trouva tous les pachas réunis en conseil. On avait appris dès le matin l’arrivée du renfort espagnol, ce qui avait fait suspendre l’assaut projeté. Après une courte délibération, il fut unanimement reconnu que l’armée ottomane ne pouvait attendre dans ses lignes l’attaque des vigoureuses troupes d’Espagne ; il ne restait donc plus qu’à lever le siège. La sainte Vierge avait accepté la demande du grand-maître. Ce soir-là, tous les assiégés se confessèrent. À partir de minuit, les messes d’actions de grâces commencèrent dans les églises illuminées ; jusqu’à neuf heures du matin messes et communions n’arrêtèrent point. À neuf heures, la Valette répartit avec soin les dernières munitions, reçut de la Cité-Notable des messagers, parvenus à travers les lignes turques, pour lui détailler les forces des arrivants et lui demandèrent ses ordres, y répondit avec calme, et monta sur les remparts de la place. Une activité fébrile régnait dans le camp ennemi. On déchargeait sur la ville les dernières pièces, on démontait les batteries, on embarquait les provisions. Le dernier boulet turc tua, sur le bastion de Castille, un chevalier réputé, Bernardo de Cabrera, au moment où il achevait avec toute la garnison le dernier verset du Te Deum, et expira avec un sourire de joie. C’était un chevalier des plus accomplis, un religieux scrupuleux, savant, austère et chaste. On sut ensuite, d’un de ses amis, qu’il avait demandé à la sainte Vierge, de mourir le jour de sa Nativité glorieuse, sous la condition de voir Malte délivrée.” (P.-A. Farochon, les Chevaliers de Rhodes et de Malte, p. 393 à 396) GRÂCE DU COURONNEMENT DE GLOIRE DE MARIE, DESCENDEZ DANS NOS ÂMES. AINSI SOIT-IL. Prions : Je vous salue Marie, Fille très aimable du Père éternel, Mère admirable du Fils, Épouse très fidèle du SaintEsprit, temple auguste de la très sainte Trinité. Je vous salue, souveraine Princesse, à qui tout est soumis au ciel et sur la terre. Je vous salue, refuge assuré des pécheurs, Notre-Dame de miséricorde, qui n’avez jamais rebuté personne. Tout pécheur que je suis, je me jette à vos pieds et je vous prie de m’obtenir du bon Jésus, votre très cher Fils, la contrition et le pardon de tous mes péchés, avec la divine Sagesse. Je me consacre tout à vous, avec tout ce que j’ai. Je vous prends aujourd’hui pour ma Mère et ma Maîtresse ; traitez-moi donc comme le dernier de vos enfants et le plus soumis de vos serviteurs. Écoutez, ma Princesse, écoutez les soupirs d’un cœur qui désire vous aimer et vous servir fidèlement. Qu’il ne soit point dit que, de tous ceux qui ont eu recours à vous, j’aie été le premier abandonné. Ô mon espérance ! ô ma fidèle et immaculée Vierge Marie, défendez-moi, nourrissez-moi, exaucez-moi, instruisez-moi, sauvez-moi. Ainsi soit-il. Loué soit, adoré et aimé Jésus-Christ, au très saint Sacrement de l’autel. À jamais. Ô Jésus, mon aimable Jésus ! Ô Marie, Mère de Jésus et notre bonne Mère ! Donnez-nous, s’il vous plaît, votre sainte bénédiction. Supportez-nous dans nos misères, écoutez-nous dans nos prières et gardez-nous du monde et du démon. Ainsi soit-il. p. 7