Secteur grec du Textile - Chambre de commerce et d`industrie de sfax
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Secteur grec du Textile - Chambre de commerce et d`industrie de sfax
Secteur grec du Textile – Habillement Situation actuelle et perspectives 1) Un secteur important de l’économie grecque Historiquement, le secteur textile est un pilier de l’économie grecque, notamment à travers la culture du coton. Le pays dispose, en effet, d’une filière coton intégrée et se place au 5ème rang mondial des exportateurs. Malgré les pertes subies au cours des dernières années, la filière Textile – Habillement conserve toutefois une place très importante au sein de l’économie grecque. Elle participe à hauteur de 12% à la formation du PIB et emploie environ 100 000 personnes dont 16% dans le secteur de la transformation. Fortement exportatrice (50% de la fabrication), elle a contribué, en 2007, à 33,5% des exportations grecques de produits industriels et 11% des exportations totales du pays (soit 1,819 milliard d’euros). Aujourd’hui, ce secteur représente 7,5% de l’industrie de transformation grecque et 7,7% de la valeur totale des exportations du pays. Implantation géographique des entreprises du textile/habillement Production Négoce Grèce du Nord 45,8% 30,6% Grèce Centrale 52,5% 58,3% Iles d’Egée et Crète 1,7% 11,1% Source : IOBE (Fondation pour la Recherche Economique et Industrielle), SEPEE (Association grecque des entreprises de la maille et du prêt-à-porter), 2007. 2) Un marché de taille La taille du marché de l’habillement et des accessoires de mode représente plus de 2,8 milliards d’euros par an, dont 54,3% sont constitués par les articles féminins. L’agglomération d’Athènes génère la grande part du chiffre d’affaires (56% du chiffre d’affaires total du pays) suivie, par Thessalonique (8%), la 2ème grande ville de la Grèce. Le taux de croissance du marché prêt-à-porter féminin et des accessoires de mode a atteint 2,33% pour la période 1995-2006 et 4% entre 2007 et 2008. Les principaux fournisseurs de la Grèce sont les pays membres de l’UE : l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, et hors UE, la Chine. De nombreuses enseignes et marques françaises sont déjà présentes sur le marché. La France, 4ème fournisseur de la Grèce (après l’Italie, la Chine et l’Espagne) et 4ème client de la Grèce (derrière l’Allemagne, Chypre et l’Italie) a enregistré une hausse de ses exportations vers la Grèce entre 2007 et 2008. Il est à noter qu’à titre d’exemple, les exportations françaises textilehabillement vers la Grèce, en 2007, ont atteint 180 millions d’euros, alors que ses importations depuis ce même pays ont atteint les 85 millions d’euros. 3) Une situation fluctuante des dépenses de ménages destinées à l’habillement Au cours de la période 2004-2005, les dépenses des consommateurs grecs pour l’habillement se sont élevées à 5,9%. Athènes qui accueille plus de 30% de la population du pays, se place au premier rang des dépenses des ménages pour l’habillement, suivie de Thessalonique, puis de Patras. La demande est marquée par un caractère saisonnier : les ventes augmentent pendant les fêtes de Noël et de Pâques, tandis que leur niveau le plus bas se situe au mois de mars et pendant la saison estivale. Le consommateur grec est très attaché aux produits qui bénéficient d’une forte notoriété internationale ou locale à condition, toutefois, qu’ils allient un bon rapport qualité/prix. 4) Une grande palette de produits locaux et importés La filière Textile – Habillement est essentiellement dominée par des filatures et des fabricants de vêtements, les fabricants de tissus étant presque absents. Ainsi, la majorité des tissus qui servent à la fabrication est importée principalement d’Italie et de France. Par ailleurs, le secteur de la fabrication de vêtements présente des disparités importantes : d’une part, il existe de grandes entreprises disposant d’un haut niveau d’organisation, d’un équipement et de techniques de production modernes ; d’autre part, de nombreuses petites unités de production avec un équipement obsolète proposant des produits de qualité inférieure. La faible concentration qui caractérise la filière tant au niveau de la fabrication que de la distribution a conduit les acteurs locaux à une compétition centrée principalement sur le prix. Cette même concurrence devrait aussi conduire les grandes chaînes de magasins à créer des alliances avec de grandes sociétés étrangères tandis que les commerces indépendants seraient amenés à disparaître ou bien à s’intégrer aux réseaux des grandes enseignes tant internationales que locales (Zara, Naf-Naf, Mango…). La majeure partie des exportations grecques est dirigée vers l’Union Européenne (principalement l’Italie, la Bulgarie, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France). Bien que les exportations du secteur aient augmenté durant la période 2005-2007, elles ont commencé à enregistrer une baisse de l’ordre de 20% depuis la fin de 2007. Les importations de produits du secteur affichent une augmentation constante depuis 2005 à savoir, + 13%, en 2006, et +26% en 2007. 2 5) Une évolution des circuits de distribution Les enseignes internationales et locales disposent d’un réseau important de distribution sélective de leurs produits à travers des chaînes de boutiques unimarques. Le réseau de grands magasins, longtemps délaissé par les intervenants du marché grec, commence à gagner du terrain puisque à la fin 2008, on compte 5 groupes grecs importants gérant plus de 15 grands magasins où toutes les grandes marques sont présentes. La vente des vêtements à travers la grande distribution alimentaire a été inaugurée avec l’arrivée de grands groupes tels que Carrefour. A l’instar de ces groupes, l’évolution des Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) grecques devrait permettre un développement plus ample du secteur dans les années à venir. La franchise qui s’est développée en Grèce ces quatorze dernières années, s’est révélée un moyen efficace pour les grandes enseignes, en raison des avantages qu’elle offre aussi bien au franchisé qu’au franchiseur. Le secteur de l’habillement est celui où les entreprises françaises sont les plus actives en matière de franchise. La vente par correspondance, essentiellement dominée par des titres étrangers (La Redoute, Quelle, Otto, Neumann, Madeleine), commence à conquérir une clientèle plus au moins large en Grèce. 6) Un secteur dominé par la production du coton La Grèce dispose d’une filière coton intégrée qui produit plus d’un million de tonnes de coton. En 2007, les articles de coton (fils et tissus) représentaient encore 48% des exportations grecques de textiles. Outre son marché domestique, les principaux clients de l’industrie textile grecque sont européens. En 2007, 56% de ses livraisons étaient destinées aux membres de l’UE en 2007 tels que l’Italie (22,52%). La Turquie détient 25,32% de total de ses exportations hors de l’UE. Des partenariats importants existent avec des confectionneurs italiens, turcs et bulgares. Néanmoins, les producteurs grecs sont fortement concurrencés par les importations de textiles extra-européennes. On cite notamment les fournisseurs turcs (+15% en 2007), chinois (+22%), indiens (+28%) et pakistanais (+14%). 7) Difficultés dans la production du coton Depuis 2008, la réglementation sur le coton prévoit, entre autres, la mise en place des programmes de restructuration dans le pays (dotation communautaire de 4 millions d’euros par an de 2010 à 2013) ; la prolongation des programmes de restructuration n’entraînera pas de modification de ces prévisions budgétaires. Le Parlement européen a approuvé le projet de prolongation des programmes de restructuration de l’Espagne et de la Grèce dans le secteur du coton. Ce texte 3 prévoit aussi l’extension des aides à davantage d’usines d’égrenage de ces pays, selon la Commission de l’Agriculture du Parlement européen. 8) Un secteur confronté à une concurrence internationale farouche Depuis quatre ans, le secteur de la fabrication évolue dans un contexte difficile : importations massives de produits d’origine asiatique, notamment chinoise, suite à la suppression de l’accord multifibres, diminution constante de la production locale de fils et délocalisation des unités de fabrication vers des pays à faible coût de main d’oeuvre. En effet, selon une étude réalisée au cours de 2007, plus de la moitié (55,3%) des vêtements conçus par des entreprises locales a été sous-traitée dans des pays balkaniques proches, la Bulgarie se plaçant au premier rang, suivie de l’ARYM, de l’Albanie et de la Roumanie. Dès lors, les délocalisations s’avèrent désormais un problème pour l’économie grecque et il en résulte que le Nord de la Grèce connaît aujourd’hui une crise sociale brutale sans précédent. Certaines villes du Nord-ouest de la Grèce sont renommées depuis un siècle par leurs industries textiles, mais depuis la chute du Mur de Berlin, ces entreprises se sont délocalisées en masse vers la Bulgarie et une usine sur onze a fermé provoquant un taux de chômage record pour la région. Cette délocalisation vers la Bulgarie se justifie par de multiples raisons : les travailleurs bulgares ne sont pas syndiqués comme les Grecs, les horaires sont plus flexibles, les mouvements de grève inexistants et les salaires nettement plus bas. Le salaire de base des employés bulgares s’élève, depuis janvier 2008, à 120 euros/mois alors qu’en Grèce il atteint 650 euros. La délocalisation vers l’Est de l’Europe n’est probablement qu’un phénomène temporaire. Ces pays sont non seulement menacés par les entreprises asiatiques mais aussi par la chute des avantages comparatifs du fait de leur intégration effectuée ou à venir à l’UE. La concurrence dans ce secteur est devenue très grande. La Chine est entrée en jeu ainsi que d’autres pays de l’Est comme la Turquie, et ces pays parviennent à faire baisser encore davantage les prix. Cette concurrence pèse sur les performances de l’industrie textile du pays. La plupart des indicateurs passent au rouge : la production textile en volume a fortement chuté (-12,9% en 2006), l’emploi a diminué de 2,6%, pour la même année. Les problèmes s’expliquent notamment par un accroissement des coûts de production (+6% selon la Helenic Fashion Industry Association) qui rend plus intéressante une délocalisation de la production. Les coûts salariaux horaires ne sont, en effet, que de 1,55$ en Bulgarie et de 2,9$ en Turquie, contre 13,09$ en Grèce. 9) Un secteur qui ne tient qu’à un fil Les producteurs se plaignent d’une baisse importante des commandes venant de l’étranger. Des vagues de licenciements ont déjà commencé au début de cette 4 année et plusieurs entreprises ont même mis la clé sous la porte. La crise économique a frappé de plein fouet ce secteur qui est devenu non compétitif et connaîtra sans doute des faillites au cours des prochains mois. La situation pour les professionnels grecs devient encore plus difficile du fait que la Commission Européenne ne semble pas être disposée à adopter ou à supporter des mesures d’Etat pour soutenir le secteur. Suite à une étude élaborée récemment par la Fédération des Industriels Grecs du Textile, portant sur un échantillon de 68 entreprises (petites, moyennes et grandes), l’analyse des bilans de l’année 2008 a révélé que 70% de ces entreprises ont enregistré des résultats négatifs contre seulement 30% de positifs. Le total des pertes atteint 147 millions d’euros, tandis que les bénéfices s’élèvent à 5,9 millions d’euros, le manque à gagner en ventes atteignant les 95 millions d’euros pour l’ensemble de 68 entreprises. 10) Opportunités de partenariats Aujourd’hui, c’est grâce à la qualité des produits que certaines entreprises grecques peuvent perdurer sur le marché. Il reste à dire que pour les professionnels, le secteur du textile-habillement, comparée à d’autres branches, se porte plus au moins bien. Néanmoins, pour faire face à cette crise, il devra créer de nouvelles alliances et de nouveaux partenariats pour conquérir des marchés hors de l’Europe. La crise pourrait bien déboucher sur de formidables opportunités de développement pour les pays de la rive Sud de la Méditerranée. 5