Ecole d autrefois

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Ecole d autrefois
L’école d’autrefois
Le chemin de l’école
Les enfants devaient souvent se rendre très tôt à pied à l’école, par toutes les saisons,
en parcourant 4 à 10 Kms aller, mais en sabots… Et leur cartable était déjà lourd : livre de
lecture, cahier du soir, trousse, règle en bois, plumier et plumes Sergent Major, buvard.
A l’arrivée, les porte-manteaux du couloir accueillaient bonnets, cache-nez, grandes
pèlerines.
A la fin des cours, après 16h, les enfants retournaient chez eux pour aider leur famille
aux travaux des champs jusqu’au coucher du soleil. D’ailleurs dès l’âge de 7 ans, le travail
primait sur l’école.
L’instituteur
Doté d’un brevet de capacité, il était logé par la Commune et était nommé par arrêté
d’institution du Ministre de l’Instruction publique. Le Conseil Municipal présentait une liste
de candidats. Sa rétribution annuelle était payée par les parents des enfants aisés.
La loi du 28 juin 1833 permit d’assurer l’instruction à tous les enfants, y compris à
ceux dont les parents ne pouvaient la payer. Une liste des enfants à admettre gratuitement à
l’école était alors élaborée par délibération du Conseil Municipal, de concert avec le Curé.
Pour cette raison, l’instituteur, toujours payés par les parents, reçoit également une indemnité
trimestrielle. Lui est également accordée une indemnité de logement.
Avec les lois anti-religieuses de 1905, les instituteurs publics sont devenus laïcs. Les
religieuses ont dû abandonner leurs fonctions. Les crucifix furent ôtés des salles de classe.
Dans la classe
Fabriqués par le menuisier du village, pupitres en bois à 2, 3 voir 5 places, avec encrier
(faïence, verre ou bakélite) que le Maître remplissait de temps en temps d’encre violette et
ardoises attendaient les élèves.
Le Maître se trouvait sur une estrade, avec le grand tableau noir (les craies Robert
étaient les plus répandues).
Pour l’hiver, le poêle à bois ou charbon, remplacé progressivement par le chauffage
central, était alimenté par les enfants toute la journée.
Conditions hygiéniques : il fallait éviter l’exiguïté, favoriser l’aération de la salle.
Le matériel pédagogique
Assortiment d’instruments de pesage et de mesurage (système Duru) : mesures en fer
blanc pour l’apprentissage du système métrique ; tableau de système métrique ; bouliers puis
bûchettes dans l’entre-deux-guerres.
Au mur, des abécédaires, de belles cartes Vidal-Lablache du monde et de France, des
anatomies, des planches de botanique, une chronologie imagée. Un globe terrestre.
C’est après 1951 qu’apparaîtront des petits projecteurs à images fixes pour les leçons
de chose, la botanique, la zoologie ou la géographie (petits films 35 mm). L’école de Castres a
justement acquis le sien en 1951.
La bibliothèque était constituée par de généreux donateurs. En 1866, à Martillac, le
livre le plus souvent prêté était Mœurs des Israélites. Les autres ouvrages avaient pour titres
Morale pratique, Histoire de l’église, La Petite Jeanne, L’Enfance, L’Adolescence…
Les classes de garçons étaient en général mieux loties : cartes de géographie,
bibliothèque.
Les leçons
Jusqu’aux années 1970, les classes ne sont pas mixtes : il y a une école pour les filles
et une autre pour les garçons. Seule l’école enfantine (salle d’asile), ancêtre de l’école
maternelle, était mixte pour les moins de 6 ans.
Travaux de broderie et couture pour les filles (une « marque » = carré de tissu avec
l’alphabet et le nom brodés).
Le matin, les cours débutaient par un quart d’heure de leçon de morale et d’instruction
civique. Le reste consistait en calcul, lecture-grammaire avec dictée, récitation ou rédaction,
géographie. On pratiquait également l’éducation physique sur le terrain de sports.
Les récompenses
Bons points, témoignages de satisfaction, billets d’honneur, belles images
récompensaient quotidiennement les efforts des élèves.
Mais vers le mois de juin, la distribution des prix était attendu par les plus brillants
d’entre eux : boîte de compas achetée chez l’opticien pour les plus méritants, livres plus ou
moins luxueux selon les mentions.
A Castres, c’est en 1887 qu’une somme est désormais destinée à l’achat de
récompenses pour les élèves : des livres. Puis à partir de 1906, on préfèrera acheter des livres
pour la bibliothèque scolaire et attribuer 5 francs par élève ayant obtenu son certificat d’étude
sur un livret de la Caisse d’Epargne.
Le livret scolaire restait le lien privilégié entre l’école et la famille.
Les diplômes
A l’âge de 13 ans, on passait son certificat d’études primaires, généralement dans le
chef-lieu de canton, ici La Brède. Il fut institué par la loi du 28 mars 1882 de Jules Ferry,
rendant l’instruction primaire obligatoire de 6 à 13 ans. On pouvait s’y présenter dès l’âge de
11 ans. Ensuite, pour la majorité des enfants, c’était l’entrée dans la vie active. En 1936, la loi
Jean Zay prolonge l’instruction obligatoire jusqu’à 14 ans, puis Jean Berthoin à 16 ans en
1959. Il sera définitivement supprimé par un décret le 28 août 1989.
Les palmes académiques faisaient elles rêver l’instituteur, officier de l’Instruction
publique.
L’épreuve :
En 1867, l’examen comporte trois épreuves écrites (orthographe, style, calcul) et cinq
épreuves orales (lecture, histoire sainte, grammaire, calcul au tableau, système métrique).
L’écriture est évaluée sur le texte de la dictée. L’examen est obtenu si le candidat obtient la
moyenne à l'ensemble des épreuves et s'il n'a pas fait plus de dix fautes à la dictée.
En 1897, l’examen comporte trois épreuves écrites (dictée, calcul, rédaction portant
sur la morale, l’histoire-géographie ou les sciences), une épreuve de couture pour les filles,
une épreuve de dessin ou d’agriculture pour les garçons, des épreuves orales (lecturerécitation, histoire-géographie). L’examen est obtenu si le candidat obtient la moyenne aux
épreuves écrites et la moyenne à l’ensemble des épreuves. Le zéro est éliminatoire.
L’écriture est évaluée sur le texte de la dictée.
Vers les années 1950, l’examen se passe en une journée et comprend :
- Une épreuve de rédaction (50 min) sur 10 points avec deux sujets au choix
- Une épreuve d’orthographe (50 min) sur 20 points comprenant : une dictée d’environ 100 à
150 mots sur 10 points, trois questions, une question de compréhension générale, une
question d’explication d’une expression et une question de grammaire
- Une épreuve de calcul (50 min) comprenant deux exercices ou problème de 8 et 12 points
- Une épreuve de sciences (20 min) sur 10 points
- Une épreuve d'histoire et géographie (20 min) sur 10 points
- Une épreuve de calcul mental (cinq questions) sur 5 points
- Une épreuve de lecture sur 5 points
- Une épreuve de chant ou récitation sur 5 points
- Une épreuve de dessin, travaux manuels ou couture (50 min) sur 10 points
L’écriture est évaluée sur 5 points
Pour être reçu, il faut n’avoir eu zéro ni en orthographe, ni en calcul, avoir obtenu la
moyenne à l’ensemble rédaction-orthographe-calcul-sciences, avoir obtenu la moyenne à
l’ensemble des épreuves.
Le repas du midi
Les enfants qui ne pouvaient pas rentrer chez eux, habitant trop loin de l’école, ont
longtemps apporté leur musette ou panier avec leur déjeuner et leur goûter. Mais le repas
consistait le plus souvent en un simple morceau de pain noir, un hareng, parfois deux noix,
rarement un œuf dur et encore plus rarement un morceau de viande froide ou une galette de
seigle ou sarrasin. Certains devaient même se contenter d’un oignon. La Commune organisait
également une distribution de lait sucré ou d’oranges.
Puis quand l’argent le permettait, il était construit une cantine. A Castres, plusieurs
expériences n’avaient pas marché avant la Seconde Guerre mondiale. Après quelques mois, il
y avait été mis fin vu le nombre trop faible des enfants qui la fréquentaient. C’est à la rentrée
1977/1978 : que la première cantine fut aménagée dans l’ancienne classe. Les repas étaient
achetés à la cantine de Beautiran. Une régie de recette avait été créée et Mmes MarieThérèse Bonneau et Simone Lamoulie étaient les femmes de service. En 1984, on instaura
deux services. Puis, suite à l’achat d’un terrain en février 1992, des travaux de rénovation et la
construction d’un ensemble cantine-cuisine eurent lieu entre mars et novembre 1994.
La récré
Elle se passait dans la cour ou sous un préau par mauvais temps. Dans la cour se
trouvaient les « cabinets d’aisance », c’est-à-dire les toilettes.
Les enfants n’avaient pas les moyens de s’acheter des jouets : très souvent, c’étaient
leurs parents ou eux-mêmes qui fabriquaient toupies, yoyos, chariot, etc. Le jeu préféré des
garçons était les billes en terre cuite ou pour les plus fortunés en verre. Il y avait aussi le jeu
des osselets (pied de mouton). Les filles jouaient à la marelle, à la corde à sauter, etc.
Puis le rappel en classe se faisant au son de la cloche ou du sifflet des instituteurs.
Les passages obligés
- La photo de classe par des photographes ambulants.
- La vaccination, l’inspection médicale. En 1881, il y eut dans la région une importante
poussée de fièvre scarlatine.
L’école à Castres-Gironde
Avant la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, il y avait une école libre dirigée par les
Sœurs de la Doctrine chrétienne (dans l’actuelle rue du 8 mai 1945). Rue du Vieux Port,
une maison d’enseignement pour filles était dirigée par des dames patronnesses sous la haute
autorité du prêtre de la Commune. Mlle Noguès en fut l’un des directrices. Au lieu-dit le
Prieuré, des Sœurs dominicaines des campagnes prodiguèrent un enseignement religieux
jusqu’à la Première Guerre mondiale.
En 1870, on demande la création d’une école publique de filles.
2 décembre 1875 : installation de Pierre Dubois, instituteur public des garçons. Encore là en
1879, année où l’on demande la construction d’une maison d’école.
1876-1886 : Mlle Zulma Pérès, institutrice primaire.
Octobre 1881, l’instituteur et l’institutrice publics sont autorisés provisoirement à recevoir les
enfants depuis l’âge de 4 ans.
Situation en 1881 : on constate que « l’installation des écoles publiques de garçons et de filles
de la commune laisse beaucoup à désirer », que « la maison louée pour la tenue de l’école de
garçons est insuffisante, que la salle de classe n’a pas trois mètres d’élévation et qu’elle est
sombre et mal aérée. Que la cour est petite, les cabinets en mauvais état et qu’il n’y a pas de
préau ouvert ». On loue la maison de Monsieur Jean Campana, ancien maire de 1855 à
1861. Monsieur Bordelais fait partie de la commission qui est chargée de trouver un autre
local.
Rentrée 1884/1885 : à la suite d’une pétition des pères de famille se plaignant de la vétusté
des écoles, installation d’une école double et de la Mairie dans la maison Duluc appartenant à
Monsieur Bidens. Elle date de 1783. Les plans des réaménagements sont dus à l’architecte
bordelais Prévôt. Il a fait supprimer le balcon et le péristyle. Les artisans étaient Messieurs
Carrère et Ballet. La Commune manquant de ressources suite à de mauvaises récoltes, un
impôt supplémentaire de 5 centimes est instauré afin de rembourser l’emprunt auprès de la
caisse départementale des écoles (emprunt sur 30 ans).
1891 : Mlle Merlet est institutrice. Le jeune Barès a obtenu un second prix de lecture décerné
par le jury du concours des écoles du canton de La Brède.
1897 : Monsieur Boyer, ancien instituteur à Castres, donne des cours d’adulte.
1908 : les garçons pratiquent le tir scolaire avec des carabines, jusqu’à la Première Guerre
mondiale.
1931 : éclairage électrique des classes, assuré par les instituteurs qui touchent une indemnité
forfaitaire.
16 novembre 1946 : on décide la gémination complète des écoles.
Rentré 1956/1957 : une troisième classe est installée dans la salle haute de la Mairie.
1958 : la Commune achète le terrain de Monsieur Oriède, contre la somme de 1350000 francs,
pour y faire construire un groupe scolaire de 3 classes et 2 logements. L’architecte retenu est
Monsieur Bessagnet. Des difficultés financières vont faire traîner le début des travaux : une
première classe est en service à la rentrée 1961/1962, dirigée par Monsieur Pothet, avec
installation d’un terrain pour l’éducation physique, un préau et des wc. Une seconde classe est
ouverte à la rentrée 1962/1963. La troisième classe est en fonction le 18 novembre 1964 et la
quatrième classe n’est achevée qu’en 1966, avec le garage à vélos. La sixième tranche des
travaux d’achèvement (clôture, sols, plantations, trottoirs, etc.) a lieu en 1969. 27 juin 1970 :
inauguration du groupe scolaire complet, avec « chants et mouvements par les enfants »,
goûter et vin d’honneur.
1964 : les instituteurs sont Monsieur Pothet et Mmes Allain et Hazera.
Rentrée 1972/1973 : modification de la semaine scolaire (classe le jeudi mais congé le
mercredi après-midi et le samedi entier) et les deux écoles sont transformées en une école
mixte à 4 classes.
« Comme il n’existe pas d’école maternelle, l’inscription des enfants est acceptée dès l’âge de
5 ans : la scolarité ici se termine avec le cours moyen deuxième année ». Des lotissements
étant en prévision et la population scolaire augmentant, on demande la création d’une école
maternelle… Le projet est déposé en septembre 1977 et approuvé le 22 novembre 1979
(200000 francs sur 3 tranches par la S.I.C.A. Habitat Rural, comme à Saint-Médard
d’Eyrans). 5 septembre 1981 : inauguration de l’école maternelle (une salle de classe, une
salle aménagée de repos avec sanitaires et un préau).
Rentrée 1974/1975 : une cinquième classe est aménagée par la S.I.C.A. Habitat Rural dans
l’ancien local de l’école.
27 avril 1978 : inauguration de deux autres classes avec vestiaires et un deuxième préau.
1985 : arrivée d’un ordinateur.
Rentrée 1981/1982 : installation du téléphone à l’école.
Septembre 1986 : liquidation de la coopérative scolaire créée en 1980 et création d’une caisse
des écoles. Mme Meuris est institutrice à mi temps avec Mme Goulière.
Février 1987 : la classe enfantine part en classe de neige à Cauteret.
1987 : aménagement de la cour de l’école maternelle.
Septembre 1988 : transformation d’une classe élémentaire en classe maternelle, avec un poste
d’aide maternelle supplémentaire (Mmes Nathalie Conter et Marie-Hélène Vallecillos).
13 octobre 1991 : inauguration du foyer, la salle Maurice Pothet, dans l’ancienne salle de cet
instituteur qui y enseigna de 1935 à 1970. Sa femme a longtemps été secrétaire à la Mairie. Ils
étaient encore tous les deux présents.
De février à décembre 1992 : aménagement du parking de l’école.
5 septembre 1994 : le groupe scolaire prend le nom des Lions de Guyenne.
De janvier à mars 1998 : aménagement de salles de jeux.
Juin 1998 : transformation du préau en salle de jeux à l’école maternelle et travaux
d’aménagement de la classe d’adaptation.
Février 1999 : construction d’un préau.
Rentrée 2003/2004 : construction d’une salle de classe et agrandissement du dortoir.
Janvier 2004 : création d’un préau en
Rentrée 2007/2008 : construction d’une salle de classe primaire et d’une salle d’accueil
périscolaire.
Effectifs
1963/1964 : plus de 120 élèves
1973/1974 : 113 élèves
1975/1976 : 116 élèves
1976/1977 : 128 élèves
1986/1987 : 135 élèves
1987/1988 : 142 élèves
1994/1995 : 142 élèves
Bibliographie :
TAUZIN, Guy : « L’école à Castres » in Raconte-moi Castres, Association Saint-LaiseCadillac, Copifac, Talence, 2000, pp.145-171.