Le Viêtnam - La Jaune et la Rouge

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Le Viêtnam - La Jaune et la Rouge
REVUE MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ AMICALE DES ANCIENS ÉLÈVES DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE
5
V I Ê T NA M 2 0 0 5
Viêtnam Airlines, Airbus A321.
PHAM LAM HAI TRIEU
Baie d’Along. TRAN BANG
La Jaune et la Rouge,
revue mensuelle de la Société amicale
des anciens élèves de l’École polytechnique
Directeur de la publication :
Pierre-Henri GOURGEON (65)
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Alain THOMAZEAU (56)
Secrétaire de rédaction :
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Éditeur :
SOCIÉTÉ AMICALE DES ANCIENS ÉLÈVES
DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE
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Tarif 2005
Prix du numéro : 8 € €
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EURO CONSEIL ÉDITION
LOIRE OFFSET PLUS
Commission paritaire n° 0109 G 84221
ISSN n° 0021-5554
Tirage : 12 500 exemplaires
N° 609 • NOVEMBRE 2005
5 Éditorial de Noël FORGEARD (65), CEO EADS
7 Les relations bilatérales entre la France et le Viêtnam
par Jean-François BLAREL, ambassadeur de France au Viêtnam
Marché – Entreprises
9 Alcatel et le Viêtnam, une stratégie payante de partenariat durable en Asie
par Olivier BAUJARD (76), Chief Technology Officer d’Alcatel
11 Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est : une décennie de coopération et
d’opération au Viêtnam
par LÊ Van Phuc (64), directeur général Apave Sud Europe, président
du directoire Apave Groupe et Pierre DELOHEN, Le Moniteur
15 Marché aéronautique au Viêtnam
par TRAN Bang (2000), Supaéro 2004, Eurocopter
Économie – Relations internationales
20 Les négociations du Viêtnam pour l’adhésion à l’OMC : opportunités et défis
par LUONG Van Tu, vice-ministre du Commerce, chef de la mission
de négociation du Viêtnam à l’OMC
23 Le Viêtnam : une nouvelle réussite du modèle de développement asiatique
par Jean-Bernard VERON, conseiller, direction de la stratégie de l’Agence
française de développement
26 Les relations sino-vietnamiennes aujourd’hui
par le général Daniel SCHAEFFER, conseil en stratégie d’entreprise
à l’international (Chine et Asie du Sud-Est)
29 Coopération entre la DGAC et la CAAV
par René GAUDIN (65), directeur de la direction des Programmes aéronautiques civils, DGAC, et Emanuela LACARZE, chargé de mission géographique
Asie-Pacifique, DGAC
Culture – Pays
31 Le Viêtnam à travers langue et écriture
par Raphaël MONTELATICI (97) et LÊ Thái Hoàng (01)
36 Viêtnam : carnet de route
par Jean-Philippe KALFON, consultant en stratégie et photographe
38 Parcours d’un polytechnicien vietnamien
par VU Ngoc Anh (01) et DO Mai Phuong (99)
RETRAITES
41
41 Les retraites des professions non salariées
par Henri CHAFIOTTE (68), directeur de la Caisse autonome de
retraite des médecins de France
47 Les régimes de retraite complémentaire du secteur privé
par Bruno PASQUIER (68), directeur général de PARUNION
55
FORUM SOCIAL
55 Le “ Café Signes ” un café pas comme les autres
par Dominique DESCROIX (58)
57
ARTS, LETTRES ET SCIENCES
57 Les livres
60 Discographie par Jean SALMONA (56)
61 Jazz-X le samedi 19 novembre au Club Lionel Hampton du Méridien Étoile,
Allons au théâtre par Philippe OBLIN (46)
62 Bridge par François DELLACHERIE (88)
63 Récréations scientifiques par Jean Moreau de SAINT-MARTIN (56)
Énigme polytechnicienne ou le général de Gaulle et l’École polytechnique, réponse à
l’énigme de février 2005, de Pierre BOULEISTEX (61)
66 Solutions du bridge et des récréations scientifiques
67
V I E D E L’ A S S O C I AT I O N
67 Procès-verbal de la réunion du Conseil d’administration du 21 avril 2005
69 Procès-verbal de la réunion du Conseil d’administration du 20 juin 2005
70 Groupes X
71 Carnet professionnel
72 GPX
73 Rencontres avec des hommes remarquables, Entretien avec André COMTE-SPONVILLE et
Christophe ANDRÉ le mercredi 23 novembre 2005
74 2e colloque à l’initiative des Associations des anciens élèves de l’Institut national
agronomique Paris-Grignon, de l’ENA et de l’École polytechnique “ Alimentation : quel partage
des responsabilités ? ” le jeudi 19 janvier 2006,
X-Forum, les 16 et 17 novembre 2005
76 Carnet polytechnicien,
Le 115e Bal de l’X aura lieu le vendredi 31 mars 2006 à l’Opéra Garnier
ANNONCES
78
78 Bureau des carrières
80 Autres annonces
Comité éditorial de La Jaune et la Rouge
Pierre LASZLO, Gérard PILÉ (41), Maurice BERNARD (48), Michel HENRY (53), Michel GÉRARD (55),
Alain MATHIEU (57), Jean-Marc CHABANAS (58), Jacques-Charles FLANDIN (59), Jacques PARENT (61),
Gérard BLANC (68), Jacques DUQUESNE (69), Nicolas CURIEN (70), Alexandre MOATTI (78),
Hélène TONCHIA (83), Jean-Philippe PAPILLON (90), Bruno BENSASSON (92).
ÉDITORIAL
de Noël FORGEARD (65),
CEO EADS
L
E VIÊTNAM, fort de ses quatre-vingt-trois millions d’habitants
D.R.
et porté par une économie qui recueille les fruits de
profondes réformes structurelles, s’affirme aujourd’hui, à
côté des géants indiens et chinois, comme une des zones
les plus dynamiques du continent asiatique, avec un taux de
croissance annuel supérieur à 7%. En outre, ce pays cumule
un ensemble de facteurs qui le rendent particulièrement
attrayant pour les entreprises : stabilité politique, cohésion
sociale, bon niveau éducatif ou encore faibles coûts salariaux.
S’il figure parmi les premiers producteurs et exportateurs
mondiaux de riz, de café, de textile et de caoutchouc le
Viêtnam s’oriente aujourd’hui vers une phase de modernisation
de son industrie avec l’ambition de devenir un acteur majeur
dans les industries de l’électronique, des télécommunications,
de l’informatique et des services.
Cette ambition passe par une ouverture et une participation
plus active dans les organismes internationaux tels que l’ONU, l’ASEAN, l’APEC et bientôt
l’OMC d’une part et par la consolidation de ses relations économiques avec des pays
tels que la France, la Russie et les États-Unis. L’Europe y a toute sa place : n’oublions
pas, en effet, que l’Union européenne est aujourd’hui le premier client du Viêtnam,
devant les États-Unis et les pays de l’ASEAN dans leur ensemble.
Près de huit ans après la parution d’un numéro de La Jaune et la Rouge sur le Viêtnam,
force est de constater que beaucoup de choses ont évolué dans un sens positif, à
commencer par le PIB qui aura plus que doublé sur cette période. Ce nouveau numéro,
à travers des articles de fond géostratégiques, des points de vue d’industriels et de
captivantes réflexions sur la culture vietnamienne, apporte à mon sens un début de
réponse sur l’intérêt que doit susciter le Viêtnam pour les économies et les cultures
européennes.
Après une introduction due à Monsieur l’Ambassadeur de France à Hanoi, les articles
que présente ce numéro évoquent les expériences vietnamiennes d’Alcatel de l’APAVE.
Ils sont suivis de la contribution de Monsieur Luong, Vice-Ministre du Commerce, que
nous remercions tout particulièrement, retraçant les étapes de l’adhésion de son pays
à l’OMC, puis de l’évocation de la fructueuse coopération établie entre l’Administration
de l’Aviation civile vietnamienne et la Direction générale de l’Aviation civile française,
d’une analyse de la réussite brillante du pays ainsi que de ses rapports avec son grand
voisin chinois. Un aperçu des spécificités de la langue et de l’écriture d’un peuple de
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2 0 0 55
très ancienne civilisation, une introduction aux paysages de cette superbe contrée et
un texte sur les Vietnamiens à l’École polytechnique forment la conclusion de l’ensemble.
Cependant parmi ces articles, les lecteurs concevront aisément que mon intérêt se
porte tout spécialement sur celui de Tran Bang consacré au marché aéronautique et spatial
au Viêtnam. Ils y trouveront toutes les informations relatives à cette importante branche
d’activité qui à l’évidence suscite la plus grande attention de la part d’EADS. Des réussites
ont déjà été enregistrées dans plusieurs secteurs, qu’il s’agisse de l’aviation civile avec
Airbus, ATR et Eurocopter, des communications, de l’observation de la terre, ou encore
des équipements de défense et de sécurité, et EADS ambitionne de renforcer encore sa
présence, y compris sur le segment clé des avions à long rayon d’action.
Faisons le vœu aujourd’hui que les travaux préparatoires à la tenue du prochain congrès
du Parti communiste vietnamien en 2006, et la poursuite des réformes économiques
engagées par le Viêtnam permettent à ce pays marqué par une histoire douloureuse de
se hisser au rang auquel il peut légitimement prétendre compte tenu de ses nombreux
atouts.
Les succès du Viêtnam dans ses projets de développement devraient, je l’espère, se
traduire de manière très positive sur le renforcement de l’Europe dans la région et, pour
ce qui est de la place particulière de la France, je reprendrai le mot du Président Jacques
Chirac lors de sa visite officielle à Hanoi en 2004 : “ Pour la France, le Viêtnam est une
porte toute naturelle d’entrée en Asie et pour le Viêtnam, la France est une porte toute
naturelle d’entrée en Europe. ”
n
6NOVEMBRE 2005 – LA JAUNE ET LA ROUGE
VIÊTNAM 2005
Les relations bilatérales
entre la France et le Viêtnam
Jean-François BLAREL,
ambassadeur de France au Viêtnam
La France et le Viêtnam sont liés aujourd’hui par un partenariat
“ historique et exemplaire ” : c’est le qualificatif que le Président
de la République a donné à notre relation bilatérale en se rendant
à Hanoi en octobre 2004. S’il effectuait alors la troisième visite officielle
d’un chef d’État français au Viêtnam depuis le rétablissement de
nos relations diplomatiques en 1973, ce qui peut sembler peu,
il ne faut pas oublier que le président François Mitterrand a été,
en 1993, le premier chef d’État occidental à se rendre au Viêtnam après
le lancement de sa politique d’ouverture. Depuis lors, les visites au plus
haut niveau de l’État se sont succédé à un rythme régulier et la dernière
en date est celle du secrétaire général du Parti communiste vietnamien,
Nong Duc Manh, en France en juin dernier. Le dialogue au plus haut
niveau entre la France et le Viêtnam s’est renforcé à mesure de
l’ouverture du Viêtnam sur la scène internationale. Cela se traduit
par une forte proximité de vues sur la plupart des grandes questions
internationales et par le soutien constant de la France à l’intégration
sans cesse renforcée du Viêtnam à la communauté internationale.
É
La qualité de notre coopération s’apprécie non seulement en chiffres mais
aussi au regard de la pertinence des
secteurs d’intervention. Au cours de
ces dernières années, la France a
concentré ses efforts de coopération
autour de cinq objectifs :
• accompagner le Viêtnam dans sa
transition juridique et politique ;
• soutenir la modernisation du système éducatif et de recherche ;
• promouvoir une coopération culturelle fondée sur l’échange et le
transfert de savoir-faire ;
• accompagner la mutation de l’économie et faciliter l’intégration à venir
à l’Organisation mondiale du commerce ;
• contribuer à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration des acquis
sociaux.
PINE DORSALE de ce partenariat,
notre politique d’aide au développement a connu en 2005
une avancée considérable : avec
334 millions d’euros d’aide publique
au développement, la France est le
second bailleur bilatéral après le Japon.
Cet effort financier exceptionnel reflète
le soutien que souhaite apporter la
France à deux projets essentiels, le
projet de transport ferré urbain d’Hanoi
(engagement de 165 millions d’euros) et une seconde phase de modernisation des équipements de signalisation et de télécommunications
ferroviaires sur la ligne Hanoi-Vinh
(engagement de 40 millions d’euros).
La place particulière accordée à
l’enseignement supérieur, à la recherche,
à la culture et aux transferts de technologie donne à la France un spectre
d’action très large qui est une spécificité de notre action parmi les bailleurs
de fonds présents au Viêtnam. L’aide
française se caractérise également par
le grand nombre des acteurs présents
sur le terrain : on dénombre en effet
pas moins de 567 structures publiques,
parapubliques, associatives ou consulaires travaillant en coopération au
Viêtnam : structures académiques,
associations, collectivités locales, structures de santé…
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 7
Parmi les domaines de notre coopération, je voudrais insister sur notre
contribution à la formation des élites
vietnamiennes. L’enseignement supérieur est un des volets prioritaires de
l’action française au Viêtnam. Ces
coopérations se font sous deux formes :
• une action forte et ambitieuse des
établissements universitaires français
au Viêtnam, au travers de plus de
150 accords universitaires avec les
établissements d’enseignement supérieur vietnamien, qui visent à développer des formations au Viêtnam ;
• une action en vue de favoriser la
mobilité des étudiants vietnamiens en
France, premier pays européen pour
l’accueil des étudiants vietnamiens
avec près de 3 500 étudiants inscrits
dans les établissements d’enseignement supérieur français à la rentrée
universitaire 2004 d’autre part.
Au Viêtnam, depuis plusieurs
années, la France a contribué à la création de centres de formation et à la
mise en place de diplômes délocalisés des universités françaises :
Programme de formation des ingénieurs d’excellence du Viêtnam (PFIEV),
Centre franco-vietnamien de formation à la gestion (CFVG), Centre de formation à la maintenance industrielle
(CFMI). La France a décidé de franchir une nouvelle étape et de développer un programme d’ampleur dans
le domaine de la coopération universitaire, annoncé lors de la visite
d’État du Président Chirac au Viêtnam :
la création de Pôles universitaires français. Ce projet, inséré au sein de
l’Université nationale du Viêtnam à
Hanoi et à Ho Chi Minh-Ville,
accueillera des étudiants dès la rentrée
universitaire 2006. Les formations,
fortement articulées avec la recherche
fondamentale et appliquée, seront
dispensées dans les grands domaines
scientifiques, tels que les Sciences et
Technologies, les Sciences de la Vie et
les Biotechnologies, les Sciences économiques et de Gestion, les Sciences
juridiques et les Sciences sociales et
humaines. D’autre part, la France a
procédé à la mise en place à Hanoi et
à Ho Chi Minh-Ville de centres pour
les études en France, destinés à accroître
le nombre de brillants étudiants viet-
namiens que la France est fière de
recevoir chaque année dans les établissements d’enseignement supérieur
français.
En accompagnant le Viêtnam sur
la voie de sa modernisation économique et sociale, la France favorise
l’environnement nécessaire à un accroissement de nos relations économiques
bilatérales. Celles-ci sont d’une grande
densité.
La France est le premier investisseur étranger non-asiatique au Viêtnam,
avec un stock d’investissements de
2,5 milliards de dollars (soit 5 % du
stock des investissements étrangers
au Viêtnam) et plus de 200 entreprises implantées dans des secteurs
d’activité variés. Près de 20000 emplois
vietnamiens sont liés aux investissements français au Viêtnam. Les investissements les plus emblématiques
sont ceux d’EDF (centrale électrique
de Phu My), de France Télécom et
d’Alcatel dans les équipements de télécommunications, de Lafarge dans le
secteur du ciment, de Sanofi-Aventis
dans les produits pharmaceutiques,
ou du groupe Bourbon dans la grande
distribution (Big C). S’y ajoute une
forte présence des entreprises françaises sur des projets structurants.
Les secteurs-clés pour la poursuite
du développement des relations économiques bilatérales sont l’énergie
(centrales électriques, transport et distribution d’électricité, construction
de la raffinerie de Dung Quat, coopération pour l’élaboration de la loi sur
l’énergie nucléaire), les transports
urbains et ferroviaires, l’aéronautique
et le spatial, le domaine aéroportuaire,
l’environnement (gestion de l’eau et des
déchets de tous types), les télécommunications, le secteur cimentier, les
services financiers, la grande distribution, et l’agroalimentaire.
Enfin, les échanges commerciaux
entre la France et le Viêtnam ont été
multipliés par huit en dix ans pour
atteindre 1,2 milliard d’euros en 2004.
Les produits pharmaceutiques représentent le premier poste des exportations françaises vers le Viêtnam. Les
biens d’équipement constituent le
8 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
second secteur-clef pour nos exportations vers le Viêtnam. Cela recouvre
la fourniture par la France d’équipements technologiques modernes au
tissu productif vietnamien dans des
domaines aussi variés que la production et le transport d’énergie, et
notamment d’électricité, les cimenteries, les télécommunications et plus
généralement les technologies de l’information et de la communication.
Les produits agroalimentaires français, et notamment les vins et spiritueux,
connaissent une forte dynamique sur
le marché vietnamien. Nous souhaitons qu’elle se poursuive et attendons
des autorités vietnamiennes la mise
en œuvre de mesures améliorant encore
l’accès au marché pour ces produits,
notamment dans le cadre de l’accord
commercial signé à la fin de 2004
avec l’Union européenne et dont les
textes d’application n’ont pas encore
été publiés sur ce chapitre précis. Ces
échanges sont bien entendu appelés
à se développer encore de manière
significative, notamment via l’accession du Viêtnam à l’Organisation mondiale du commerce à laquelle la France
accorde son soutien.
Dialogue politique, coopération
dans les domaines-clés de la modernisation du Viêtnam, relations économiques et commerciales denses,
implication d’acteurs nombreux et
diversifiés : le partenariat entre la
France et le Viêtnam est singulier et
d’avenir. Mais il trouve aussi une nouvelle dimension dans son intégration
dans le cadre plus global des relations
entre l’Union européenne et le Viêtnam,
établies il y quinze ans. La France ne
perd pas de son influence à laisser
l’Union européenne s’exprimer sur
les droits de l’homme, sur la coopération économique, sur l’aide au développement… Au contraire, elle apporte
à ce dialogue son expérience, son histoire, ses valeurs. La France veut être
une porte d’entrée pour le Viêtnam
dans l’Union européenne : c’est le
meilleur moyen pour elle de donner
à son partenariat avec le Viêtnam l’élan
qui lui permettra de s’inscrire dans la
durée.
n
VIÊTNAM 2005
Marché – Entreprises
Alcatel et le Viêtnam,
une stratégie payante
de partenariat durable en Asie
Olivier BAUJARD (76),
Chief Technology Officer d’Alcatel
sionnelles favorisées pour les technologies de l’information, son potentiel de développement est estimé à ce
stade à plus de 100 000 lignes par an
pour de nombreuses années.
Implanté au Viêtnam dès la fin de la guerre en 1975, Alcatel a su
inscrire sa présence dans le temps, en bâtissant une relation de
partenariat avec l’opérateur public VNPT jusqu’à la création en 1993
d’une société commune enrichie par des transferts de technologies.
Aujourd’hui, Alcatel est en position de leader sur le marché
des télécommunications au Viêtnam et en poursuit la modernisation
en lançant un innovant chantier de nouvelle génération.
Le marché vietnamien
des télécommunications
Le marché des télécommunications au Viêtnam connaît depuis plusieurs années une croissance à un
rythme très soutenu et se classe en
2004 au deuxième rang mondial en
termes de croissance (+28%). Le marché de la téléphonie mobile a même
progressé de près de 50 % l’an passé.
C’est un marché qui a un fort potentiel de développement : sur près de
83 millions de Vietnamiens, seulement 12% ont accès aux services téléphoniques, partagés à peu près à égalité entre lignes fixes et mobiles. L’accès
haut débit, l’ADSL en particulier, est
encore peu présent et, grâce à un véritable engouement des milieux d’affaires et des catégories socioprofes-
La faiblesse du revenu moyen par
habitant et la forte proportion de la
population rurale (75 %) constituent
certes encore des freins au développement de services de télécommunication par les opérateurs. Mais tous
les indicateurs prédisent un décollage
économique futur à l’image de celui
que connaissent certains des pays voisins. Du coup la concurrence est déjà
très intense dans tous les segments
de marché.
Les grandes étapes
de l’implantation d’Alcatel
Alcatel s’est implanté au Viêtnam
il y a trente ans pour aider à la reconstruction du pays dévasté par des décennies de guerre. Ainsi, le Groupe a installé jusqu’en 1978 un câble de
transmission entre Hanoi et Haiphong.
De même, Alcatel a obtenu un important contrat de commutation à Hanoi
et Hô Chi Minh-Ville en 1988.
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 9
clients d’accéder à de nouveaux services
à valeur ajoutée, préparant ainsi l’avènement du haut débit mobile. Enfin
Alcatel suit avec intérêt le projet du
Viêtnam de se doter d’un satellite de
télécommunications.
En 1992, alors que le pays accomplit une transition vers l’économie
de marché, Alcatel inaugure son premier bureau de représentation. Dans
le cadre de cette ouverture aux investissements étrangers, Alcatel a consolidé sa relation de partenariat avec
l’opérateur public VNPT (Vietnam
Posts & Telecommunications Corporation) en créant en 1994 une société
commune (joint-venture), dénommée
Alcatel Network Systems Vietnam
(ANSV), détenue majoritairement
par Alcatel.
En novembre 2000, le Groupe a
conclu avec sa filiale un accord de
transfert de technologie qui introduit dans l’entreprise commune le
central multimédia, lui donnant un
avantage concurrentiel déterminant
sur le marché local. Aujourd’hui,
ANSV emploie 136 salariés et génère
une centaine d’emplois indirects. Son
chiffre d’affaires dans le pays est de
14 millions de dollars en 2004, en
croissance constante depuis cinq ans.
Le positionnement d’Alcatel
sur le marché vietnamien
Alcatel est aujourd’hui en position de leader dans le marché des
télécommunications au Viêtnam.
C’est grâce à notre joint-venture
qu’Alcatel a équipé plus de 2 millions
de lignes fixes à ce jour. En outre,
l’entreprise fournit des services d’installation, assemblage et maintenance
de tous les produits et solutions du
Groupe.
C’est ainsi qu’ont été équipées près
de 40% des lignes de VNPT. De même,
notre part de marché en lignes haut
débit (ADSL) est de l’ordre de 40 %.
Le Groupe est aussi bien positionné
dans les réseaux mobiles en fournissant les trois opérateurs GSM au
Viêtnam (Vinaphone, Mobiphone,
Viettel). Enfin, nous avons largement
pénétré le marché des grandes entreprises (Viettel, Vietnam Railways,
Electricity of Vietnam…) et des institutionnels en équipant notamment
le ministère de la Défense.
Un câble de 3 347 km connecte la Thaïlande
(Sri Racha), Viêtnam (Vung Tau) et HongKong (Deepwater Bay). Le câble a été fabriqué
par Alcatel Submarine Networks. L’installation
s’est terminée en septembre 1995.
Alcatel et le futur
des télécommunications
au Viêtnam
Notre stratégie pour le futur est de
poursuivre notre contribution au développement des télécommunications
au Viêtnam, notamment dans la phase
de transition du réseau vietnamien
vers des technologies NGN (Next
Generation Networks) et 3G qui augurent déjà la migration des réseaux fixes
ou mobiles vers le tout IP.
Alcatel est très bien positionné
pour assurer cette transition. En octobre
dernier, nous avons signé un contrat
pour fournir des réseaux de nouvelle
génération à VNPT, lui permettant de
porter le nombre d’utilisateurs de services de téléphonie fixe de qualité à
2 millions d’abonnés.
Idem dans le mobile puisque le dernier contrat conclu avec la filiale mobile
de VNPT, Vietnam Mobile Telecom
Services Co, porte sur une solution
complète d’infrastructure de réseau
GSM/GPRS/EDGE grâce à laquelle
l’opérateur pourra augmenter la capacité de son réseau à Hanoi et Hô Chi
Minh-Ville et ainsi permettre à ses
10 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
En somme, fort des liens tissés
depuis de nombreuses années avec
VNPT par le biais de sa joint-venture
et de son portefeuille technologique
très large, Alcatel souhaite continuer
à asseoir sa présence dans l’ensemble
des activités de télécommunications,
et notamment les plus novatrices. Par
ailleurs, Alcatel poursuit son action
engagée auprès des différents acteurs
nationaux afin de participer encore
plus efficacement au développement
des secteurs des télécommunications
et des technologies de l’information
comme leviers indispensables au développement du Viêtnam.
n
VIÊTNAM 2005
Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est :
une décennie de coopération
et d’opération au Viêtnam
LÊ Van Phuc (64),
directeur général Apave Sud Europe,
président du directoire Apave Groupe
et Pierre DELOHEN,
Le Moniteur
L’Apave, leader en France et bien implantée à l’international dans
le contrôle et l’assistance technique, n’a pas hésité à s’investir
au Viêtnam, pays émergent entré dans les années quatre-vingt-dix
dans une politique de développement économique.
Dix ans plus tard à peine, l’Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est, forte
désormais de six implantations à Hanoi, Hô Chi Minh-Ville, Danang,
Vung Tau, Nha Trang et Haiphong est le leader vietnamien en inspection
tierce partie, contrôle de bâtiments, contrôle non destructif et conseil
en management qualité et devient une référence dans la formation.
De cette plate-forme, l’Apave organise une manœuvre de conquête
de marchés dans l’Asie du Sud-Est et ce, sans sacrifier l’éthique
sur l’autel de l’économie en privilégiant les transferts de compétences
comme outil de coopération !
Q
UEL EST L’INTÉRÊT
présenté par
l’intervention d’une tierce partie
dans un pays en développement,
un concept qui a habituellement cours
dans les pays développés? s’interrogeait
Lê Van Phuc, directeur général de
l’Apave Sud Europe et initiateur du
développement au Viêtnam, en
mai 1997 dans La Jaune et la Rouge.
Réponse alors pleinement confirmée
en 2005 : parce que le Viêtnam engagé
dans une politique de développement
pour s’intégrer dans le marché mondial est condamné à brûler les étapes
dans le cadre de la mondialisation et
qu’il doit plus rapidement que d’autres
répondre aux enjeux que sont la qualité réglementaire, contractuelle ou
consensuelle, l’assurance qualité, etc.
Par sa politique de renouveau, le
Viêtnam devient un pays prometteur qui
dispose d’un atout maître avec ses 82 millions d’habitants réputés pour leur intellect et leur dynamisme observe Nguyen
Cong Phu, directeur Asie Pacifique
de l’Apave Sud Europe, directeur général de l’Apave Viêtnam et Asie du SudEst. La stratégie de développement
des activités qualité, sécurité et assis-
tance technique repose sur un trépied qui assure un équilibre stable :
industrie (réception des équipements,
contrôle non destructif), contrôle en
construction et génie civil, conseil en
organisation (ISO 9 000 et 14 000,
etc.). La relation avec les partenaires
construit un second trépied qualifié de
“triangle magique” par Nguyen Cong
Phu avec l’Apave en symbiose avec
une relation privilégiée avec l’autorité administrative et politique – sans
qui rien ne se fait – et les décideurs
industriels étrangers et vietnamiens.
L’Apave Viêtnam et Asie du SudEst n’a pas sacrifié son éthique à sa
croissance pourtant bien réelle :
25 000 dollars de chiffre d’affaires en
1998 contre 3 millions attendus en
2005. Ses dirigeants ont délibérément
choisi de fonctionner avec les niveaux
de compétences et de technologies
françaises comme outils de coopération avec les partenaires, publics et
privés, quitte à subir avec le temps
l’émergence d’une concurrence formée par elle ! L’Apave a ainsi formé
plusieurs centaines d’experts vietnamiens en interne et en externe. Un
choix qui n’est sans doute pas étranger à la réputation de la société qui a
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 11
grandement contribué à l’implantation du système de gestion de la qualité ISO 9 000 au Viêtnam et participé par son savoir-faire au contrôle
d’un nombre conséquent de grands
projets industriels pétroliers et gaziers
dans tout le pays.
Pour qui connaît la circulation aux
heures de pointe dans les rues d’Hô Chi
Minh-Ville avec sa noria de deux-roues
motorisées obéissant à d’obscures lois
– pour un Occidental prétendument
cartésien s’entend – l’implantation du
contrôle tierce partie tient de la gageure!
Comment imposer un partenaire indépendant entre le maître d’ouvrage, le
maître d’œuvre et l’entrepreneur quand
la tradition concourt au flou? Et pourtant par sa compétence, son savoirfaire et un indéniable réseau, les dirigeants de l’Apave sont parvenus à
susciter à tous niveaux la nécessité du
contrôle tierce partie 1.
L’Apave Viêtnam et Asie du SudEst dispose de toute latitude pour la
vérification et le contrôle des tours
d’habitation de plus de trente étages,
hôtels, buildings, locaux recevant du
public, usines d’engrais, thermiques,
unités chimiques, cimenteries, etc.
Indépendance et qualité, nous fondons nos interventions sur les normes et
la mise en conformité même si nous avons
parfois des difficultés à faire passer ces
deux notions qui n’appartiennent pas à
la culture locale témoigne Nguyen
Phuoc Tuy Ha, directrice marketing
et développement.
Dans le futur quartier de Thu
Thiem à Hô Chi Minh-Ville qui
accueillera à terme quelque deux millions d’habitants dans un méandre
de la rivière Saigon, l’Apave inspectait en juin 2005 trois chantiers d’immeubles résidentiels.
Conseil du maître d’ouvrage, nous
sommes présents sur le chantier du premier au dernier jour. Notre présence
apparaît normale témoigne Vo Minh
Son, ingénieur de l’Apave, responsable principal du contrôle sur le
projet An Khang. Ces immeubles de
dix-huit étages avec plus de 500 appar-
En dates
1995-1997 : établissement d’un bureau de représentation et de coopération avec
les ministères (Sciences et Technologies, Construction, direction de la Métrologie et
la Qualité) et de grandes compagnies (PetroVietnam, Vietnam Airlines, Lilama,
construction et montage d’opérations).
1997 : niveau de compétence internationale pour vingt ingénieurs vietnamiens,
autorisation d’établir une société à 100 % de capital français ; ouverture sur la Chine,
la Malaysia, la Thaïlande, l’Indonésie, la Birmanie, l’Inde, le Bangladesh, le Cambodge, etc.
2002 : participation à un projet pétro-gazier en Afrique.
2003-2008 : création avec la maison mère de l’Apave Malaysia ; établissement de
six structures du nord au sud du Viêtnam ; création à venir de structures à Shanghai,
Bangkok, Bombay, etc.
tements sont construits sur un sol à
tendance marécageuse. Au contrôle
in situ (avec observations écrites systématiques au maître d’ouvrage s’il
y a lieu) s’ajoute le contrôle du béton
directement à la centrale de production.
Nous contrôlons en appliquant en
plus la philosophie de la norme ISO
observe Nguyen Phuoc Loc, présent
sur le chantier d’An Thinh, immeuble
résidentiel de dix-sept étages où l’Apave
est cette fois le mandant du maître
d’ouvrage en matière de contrôle. Cet
ingénieur en structure et électricité
expérimenté, nouveau salarié de l’Apave
pour qui la qualité compte, analyse :
La rigueur spécifique de l’Apave est une
composante assez nouvelle sur des chantiers où les compagnons privilégient plutôt le respect du bon avancement du
chantier que sa qualité. La vérification
tierce partie intéresse également le
monde de l’industrie.
Les contrôles non destructifs (CND)
constituent le deuxième champ d’intervention de l’Apave Viêtnam et Asie
du Sud-Est avec son cortège d’essais
par radiographie, par magnétoscopie,
par ultrasons, par ressuage, etc., appliqué aux installations offshore, aux
pipelines, aux usines et aux navires.
À Vung Tau, l’ex-cap Saint-Jacques, la
société intervient sur les terminaux
de stockage de gaz et de gaz liquéfié
depuis 1999 avec, pour le premier,
un contrôle non destructif au démarrage des installations puis dans le
cadre de la maintenance réglementaire une inspection visuelle et un
12 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
CND : l’Apave concourt aujourd’hui
par appel d’offres pour l’arrêt pour
maintenance et inspection. Et pour
le second un CND pendant l’installation, un contrôle visuel et un CND
pendant la maintenance. Pour être
capable d’être reconnu par les clients
nationaux et internationaux, il a fallu
constamment précéder le marché en
formant les techniciens et ingénieurs
recrutés à l’avance, par des experts
formateurs venant de France, de
Singapour, de Malaisie. En outre, il
faut constamment investir en matériels modernes et résistants.
Alors que l’Apave travaille au maintien de ses positions dans un marché
concurrentiel très dur, comme dans
toute l’Asie du Sud-Est, l’entreprise
est confrontée à une autre concurrence dans le domaine spécifique de
l’industrie pétrolière avec l’omniprésence des normes et autres certifications anglo-saxonnes et américaines :
C Swip, ASNT, PCN, etc. Nous devons
les intégrer et former nos ingénieurs en
conséquence pour satisfaire nos clients
ajoute Nguyen Phuoc Tuy Ha, soucieuse de fortifier la présence de l’Apave
dans ce domaine particulier. À Vung
Tau, l’Apave participe au contrôle de
la construction d’une plate-forme
pétrolière Ruby B pour laquelle le
Malais Petronas, numéro un du pétrole
en Malaisie, a contracté avec
PetroVietnam la construction et l’ex1. Depuis avril 2005, une nouvelle loi sur l'obligation de l'inspection tierce partie est entrée en
vigueur pour assurer la qualité des grands projets, tels grands immeubles ou projets gouvernementaux.
Et parce que l’Apave Viêtnam et
Asie du Sud-Est s’est créée il y a dix
ans pour suivre le premier projet de
raffinerie, la société investit déjà la
gigantesque et future zone économique de Dung Quat au centre du
Viêtnam avec son aéroport, ses deux
ports pétroliers, sa raffinerie, ses usines
(textiles, chaussures, etc.), sa ville de
100 000 habitants, etc. L’Apave est
sur place et entame des discussions
préliminaires à la faveur de contrats
en cours pour les contrôles qualité de
la construction d’une usine de traitement des eaux usées et d’un relais
Un tremplin
L’Apave Sud Europe fait de sa filiale vietnamienne un tremplin, une plaque tournante
pour toute l’Asie du Sud-Est. Une conquête par étapes successives traduites par une
activité de l’Apave au Japon, à Taiwan, aux Philippines, en Thaïlande, au Bangladesh,
en Inde, en Birmanie, à Singapour, en Indonésie et jusqu’au Moyen-Orient et en
Afrique. Avec la création de l’Apave Malaysia à Kuala Lumpur, l’Apave ambitionne de
pénétrer le prometteur marché chinois. Et plus si affinité !
hertzien. Plus original, l’Apave Viêtnam
et Asie du Sud-Est, par ses prestations
qualité et contrôle, participe à la réalisation avec le Français Sogreah de
la digue de protection de 1,6 km du
futur port pétrolier pour produits raffinés et conseille sa construction par
Lung Lo, représentant du génie militaire vietnamien. Cette digue permettra la construction d’un port en
© GROUPE APAVE
Le conseil qualité et management,
dernier domaine d’intervention, se
décline en formation technique (techniciens des essais non destructifs et
soudeurs par exemple) et en management spécifique. Depuis les années
quatre-vingt-quinze avec l’aide à la
mise sous assurance qualité, ISO 9001
et 9 002 obtenues depuis, des deux
plus grands laboratoires d’essais étatiques Quatest 1 et Quatest 3 et le
plus important fabricant de compteurs électriques EMIC, l’Apave Viêtnam
et Asie du Sud-Est trace son sillon.
Chez MMVC, usine japonaise à Biên
Hòa, spécialisée dans la fabrication
de pièces pour motocycles et automobiles, et réputée pour son système
de fabrication déjà rigoureux issu de
la maison mère, l’Apave est appréciée
pour “ ses conseils pertinents ” et “ sa
méthodologie ” sur le chemin de la
certification ISO 9 000 acquise et ISO
14 000 à venir. Plus généralement,
les actions de formation organisées
par l’Apave avec ses séminaires ont
souvent rassemblé sous le signe de la
qualité plus de 1000 personnes, hauts
fonctionnaires, cadres dirigeants, directeurs techniques et ingénieurs de production. Un investissement très important a été réalisé au départ pendant
plusieurs années en envoyant en mission opérationnelle ou en mission de
formation plus d’une dizaine d’experts consultants de France.
© GROUPE APAVE
ploitation future. Hasbi Razak de
Petronas Carigali Vietnam Limited
apprécie la tierce partie de l’Apave,
les compétences déployées et la méthodologie proposée.
Contrôle technique pour Total Gaz, Viêtnam.
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 13
© GROUPE APAVE
eau profonde permettant à la nouvelle raffinerie de faire transiter le
pétrole et les produits finis.
Dans la banlieue d’Haiphong,
l’Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est
a établi ses quartiers depuis quelques
années déjà dans le très récent chantier naval de la compagnie Nam Trieu,
capable de construire de front cinq
cargos de gros tonnage. L’Apave répond
parfaitement à notre attente dans un
marché vietnamien concurrentiel explique
Vu Van Cu, vice-directeur. Les prix
sont raisonnables, le service excellent,
les personnels motivés et les échanges de
qualité. Les contrats s’enchaînent :
CND, conseil en gestion de la qualité
(ISO), formation de soudeurs, formation à l’utilisation des équipements
pour le CND avec délivrance de certificats internationaux…
Ce développement maîtrisé repose
avant tout sur la qualité des hommes
et des femmes qui forment le personnel de l’Apave Viêtnam et Asie du
Sud-Est. Ils étaient 250 en 2004 et
seront 270 en 2005, sans compter la
filiale Apave Malaysia managée à partir du Viêtnam, à comparer aux trois
pionniers de 1995. On notera en 2002
le doublement des effectifs à 180 personnes qui marque une étape majeure
du développement de la société.
Ingénieurs et techniciens comptent
désormais pour 85 % du personnel
total. Le personnel administratif est
lui-même bilingue ou trilingue, diplômé
des universités, qu’il faut bien sûr
sélectionner et former. L’entreprise
n’a plus d’expatriés techniques et
exporte des experts sur des chantiers
étrangers de sa maison mère !
L’initiateur, Lê Van Phuc, et son
relais sur place depuis la première
heure, Nguyen Cong Phu, expliquent
au-delà de la justesse de la résolution
de l’équation initiale – pourtant à de
nombreuses inconnues – ce succès
doublé d’un respect palpable sur place.
Qu’un Vietnamien, Lê Van Phuc, dirige
une société en France aussi importante que l’Apave Sud Europe reste
une source de fierté pour les partenaires de l’Apave Viêtnam et Asie du
Sud-Est. Tran Van Dung, vice-direc-
Contrôle de complexe d'habitation.
teur de Quatest 3, organisme de normalisation et de mesures de l’État,
acteur de la coopération initiale avec
l’Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est
à peine créée, témoigne et n’oublie
pas : Grâce à Lê Van Phuc, nous avons
bénéficié du transfert de compétences
dans la méthodologie du conseil et d’une
aide à la mise en place de la certification ISO au Viêtnam. Formation, consultance, conseil et management, le rapprochement avec l’Apave est très fort et
la collaboration étroite.
Avec quinze années d’ouverture
seulement, le Viêtnam s’est engagé
dans le rattrapage de son retard – une
trentaine d’années en termes de développement économique – face aux
autres dragons asiatiques : il en va de
14 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
son honneur national. L’Apave Viêtnam
et Asie du Sud-Est se veut une structure forte et compétente à valeur ajoutée
selon Nguyen Cong Phu. Sur la base
d’une bonne connaissance du marché local et d’un travail sans relâche
sur la technicité et sur l’assurance qualité, la société participe activement, à
sa mesure, à l’essor économique du
Viêtnam et à son intégration au commerce et aux échanges internationaux,
tout en privilégiant les fondamentaux
de toute entreprise, la satisfaction des
besoins du client et la marge.
n
VIÊTNAM 2005
Marché aéronautique
au Viêtnam
TRAN Bang (2000),
Généralités sur le marché
de transport aérien
vietnamien
Orientée vers un marché plus
libéral, l’économie vietnamienne a
enregistré des réussites remarquables.
Avec un marché de 83 millions d’habitants dont 50 % de jeunes et un
taux de croissance compris entre 6%
et 9 % par an, le Viêtnam est un des
deux pays qui se développent le plus
vite en Asie. Une position géographique favorable dans la région de
l’Asie du Sud-Est et Pacifique alliée
à une politique économique ouverte
vers l’extérieur et avantageuse pour
les investisseurs étrangers ainsi que
les avantages de sa main-d’œuvre
ont contribué à son développement
économique et à la création des
besoins d’échanges aussi bien intérieurs qu’extérieurs.
Dans ces conditions économiques
favorables, le trafic aérien possède
une croissance forte et durable, de
plus de 10 % par an. La demande de
renfort et de développement des flottes
aériennes régionales et long-courriers
devient de plus en plus importante.
Par conséquent le marché des services
(infrastructures, maintenance, télécommunications, équipements, etc.)
connaît une croissance remarquable.
Actuellement, il y a un système de
48 aéroports dont les plus grands sont
Noibai (Hanoi), Tan Son Nhat (Hô
Chi Minh-Ville) et le futur Long Thanh
(Dong Nai, à 40 km de Hô Chi MinhVille, capacité maximale de 80 millions de passagers par an, avec un
investissement de 8 milliards de dollars, mis en œuvre à partir de 2007).
Avec un réseau de 25 destinations
internationales et une vingtaine de
destinations régionales, le pays devient
un marché prometteur pour les
constructeurs et les équipementiers
aéronautiques et spatiaux.
Marché du transport civil :
le duopole Airbus (EADS) Boeing
Le marché des transports civils et
du fret est partagé principalement
entre Vietnam Airlines, le transporteur national et Pacific Airlines, une
compagnie par actions. Le transport
des passagers a augmenté avec un
taux de croissance moyen de 9,5 %
par an dans la période 1996-2002.
Du fait de la crise financière en Asie
du Sud-Est en 1997, le taux de croissance a diminué de 1 % cette annéelà et de 2,6 % l’année suivante. À partir de 2000, le secteur maintient un taux
de croissance très important, environ
© VIETNAM AIRLINES
Supaéro 2004, Eurocopter
15% par an, grâce aux passagers étrangers. En 2002, le nombre de passagers transportés par ces deux compagnies aériennes a doublé par rapport
à celui de 1996. Cette performance
est presque similaire pour le transport des marchandises, soit 70 % de
hausse par rapport à 1996. En 2004,
le taux de croissance du nombre des
passagers pour Vietnam Airlines est
de 16 % par rapport à 2003. Le premier trimestre de 2005, la compagnie
a réussi à atteindre une augmentation
du chiffre d’affaires de 25 % par rapport à la même période de l’année
précédente, soit 52,4 % de l’objectif
de 2005. Le nombre estimé des visiteurs étrangers pour le premier trimestre de 2005 est 877 500 1. Les
nouvelles lignes directes connectent
Hanoi et Hô Chi Minh-Ville avec les
1. Bureau de statistique générale, ministère des
Affaires étrangères du Viêtnam.
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 15
hubs en Europe comme Paris, Francfort,
Moscou ; en Asie-Pacifique comme
Séoul, Busan (Corée du Sud), Nagoya,
Tokyo (Japon); Melbourne (Australie)
et bientôt avec les hubs des États-Unis
(San Francisco ou Los Angeles).
Vietnam Airlines dessert deux types
de marchés : le régional et l’international. Le marché régional comprend
les lignes internes et les lignes vers
les pays en Asie du Sud-Est, la Chine,
Taiwan, Hong-Kong et Macao. Dans
les années quatre-vingt-dix, la majorité des activités économiques au
Viêtnam se concentrait dans cette
région. La forte demande régionale
concernant les voyages d’affaires et
touristiques permet à Vietnam Airlines
d’élargir sa flotte régionale. La coopération économique et technologique
avec les pays européens, le Japon et
les États-Unis favorise plus en plus le
transporteur. D’ailleurs, les deux millions de personnes d’origine vietnamienne installés aux États-Unis et en
Europe représentent un marché très prometteur pour Vietnam Airlines. Pour
mieux profiter de ce marché, Vietnam
Airlines est en train de renforcer sa
flotte de gros-porteurs pour desservir
ses nouvelles lignes sans escales connectant les hubs d’Europe, du Japon et
très bientôt des États-Unis.
Vietnam Airlines a commandé
5 nouveaux Airbus A321 en 2002 et
10 A321 en 2004. La compagnie a
négocié aussi pour 7 Boeing 777-200ER
dont 4 achetés et récemment pour
4 Boeing 787-8 pour la période 20092010, plus 11 appareils de cette famille
en option avant 2013. L’objectif de
Vietnam Airlines est d’avoir 49 avions
à la fin de cette année et 75 avions en
2010. Le montant total des contrats
est estimé à environ 4 milliards de
dollars pour cette période.
Récemment, le gouvernement a
proposé au parlement un projet de
modification de la loi sur l’aviation
civile, qui ouvre le marché pour les
investisseurs privés nationaux et étrangers. Cette modification permet au
marché du transport aérien civil de
s’élargir de façon plus rapide et plus
libérale. Ainsi, la concurrence entre
Après plus d’une décennie de renforcement de sa flotte et de sa réputation dans la
région, Vietnam Airlines est en train de s’élargir pour devenir un des transporteurs
au premier rang de la région.
Actuellement, la flotte de Vietnam Airlines 2 comprend :
• 10 Airbus A320-200,
• 5 Airbus A321-200 (plus 10 nouveaux A321-200 livrés à partir de 2006),
• 6 Boeing 767-300,
• 6 Boeing 777-200 (plus 2 Boeing 777-200ER loués par ILFC en juin et octobre 2005),
• 9 ATR-72,
• 2 Fokker 70.
Pacific Airlines gère une flotte de 1 Airbus A320-200 et 2 Boeing 737-400. La part
de marché de Pacific Airlines reste très modeste (10 %).
les transporteurs dans les marchés
régionaux et internationaux sera plus
forte. Une des priorités de Vietnam
Airlines est alors la modernisation de
sa flotte en utilisant de nouveaux
avions en les adaptant pour ses marchés spécifiques.
Marché des avions
de transport régional :
dominants Airbus et ATR
Le marché du transport régional
dessert 16 destinations nationales
(Hanoi, Hô Chi Minh-Ville, Danang,
Huê, Haiphong, Diên Biên Phu, Phu
Quôc, Vinh, Cam Ranh, Qui Nhon,
Rach Gia, Dalat, Buon Me Thuot, Chu
Lai, Plây Cu, Tuy Hoa) et aussi les
destinations proches (Bangkok, Manille,
Hong-Kong, Taiwan, etc.). Les appareils utilisés pour ces lignes sont des
avions courts et moyen-courriers
d’Airbus et les turbopropulseurs ATR
(Avions de transport régional), un
partenariat à parts égales entre Alenia
Aeronautica (Groupe Finmeccanica)
et EADS (European Aeronautic Defence
and Space Company).
L’exploitation des avions Airbus
et ATR a commencé avec la coopération entre Vietnam Airlines et Air
France dans les années quatre-vingtdix. La première phase de modernisation de la flotte de Vietnam Airlines
était la coopération avec les constructeurs européens pour améliorer la
réputation de la compagnie. Les avions
soviétiques sont retirés de la flotte
16 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
pendant cette période. Outre les avions,
les services de maintenance et les équipements aériens sont aussi fournis
pour que Vietnam Airlines puisse améliorer rapidement la performance, la
sécurité et sa réputation. Le transporteur devient ainsi un des premiers
opérateurs en Asie des avions A320,
l’avion best-seller d’Airbus.
Débutant avec des avions Airbus
de location, après une décennie de
développement très rapide, Vietnam
Airlines a construit un parc de 25 avions
de la famille A320 et 9 ATR-72. En
2002, Airbus a enregistré le premier
contrat avec Vietnam Airlines pour
5 avions A321-200. En 2004, la compagnie vietnamienne a signé une commande de 10 A321 supplémentaires.
“ L’exploitation des A320 et A321 par
Vietnam Airlines depuis plus de dix
ans est une grande réussite. Cette
toute dernière commande d’A321
confirme la confiance que nous avons
depuis longtemps dans ce produit et
permettra à Vietnam Airlines de
répondre aux besoins du marché vietnamien en rapide expansion” a déclaré
Nguyen Xuan Hien, le PDG de Vietnam
Airlines. “ Nous sommes également
fiers de constater que les excellentes
relations entre Vietnam Airlines et
Airbus ont largement contribué au
développement de la coopération économique et commerciale entre le
Viêtnam et l’Europe ” a-t-il ajouté.
“ Vietnam Airlines a été l’un des premiers utilisateurs de l’A320 en Asie,
2. Source www.nationmaster.com, chiffre
mai 2005.
et nous sommes évidemment très heureux que la compagnie continue à placer sa confiance dans nos produits à l’avenir. Je suis certain que les faibles coûts
d’exploitation de la famille A320, très
prisée des passagers, permettront à
Vietnam Airlines de rester en tête sur
le marché asiatique hautement concurrentiel ” a pour sa part déclaré Noël
Forgeard, président d’Airbus 3.
Le financement de ces contrats est
partiellement assuré par les banques
étrangères comme ABN Amro, Natexis
Banque Populaire (133 et 15 millions
de dollars, respectivement), les banques
publiques et le gouvernement vietnamien. D’après les sources officielles,
les prix catalogue des contrats sont
respectivement 250 et 750 millions
de dollars pour les contrats en 2002
et 2004.
Parallèlement à l’exploitation des
avions Airbus, Vietnam Airlines utilise ses 9 avions ATR dont 3 ATR 72500 neufs de nouvelle génération commandés en 2001 (valeur du contrat :
50 millions de dollars). Les ATR sont
très bien adaptés sur des lignes de
faibles distances en Indochine ou non
accessibles par les avions plus gros à
cause des longueurs de piste insuffisantes ou par manque des équipements aéroportuaires.
Les avions Boeing, au contraire,
ne sont présents officiellement au
Viêtnam que dans les dernières années
de la décennie 90. Une des raisons
de cette absence était l’embargo des
États-Unis 4 qui a empêché l’utilisation des avions avec les technologies
américaines au Viêtnam.
Marché des avions
long-courriers :
dominants Boeing
Pour desservir les lignes directes
internationales comme les hubs
d’Europe, d’Asie du Nord-Est,
d’Australie et d’Amérique du Nord,
Vietnam Airlines utilise ses nouveaux
Boeing 777-200ER ainsi que les Boeing
767. Récemment, pendant la visite
officielle du Premier ministre du
Viêtnam aux États-Unis en juin 2005,
Vietnam Airlines a signé un contrat
pour 4 Boeing 787-8, devenant le
8e client pour cette famille de Boeing.
Une option pour 11 Boeing 787 de
plus pour la période 2010-2013 est
incluse dans le contrat. Les montants
des contrats pour 4 Boeing 777-200ER
(2004) et 4 Boeing 787-8 (2005) sont
respectivement environ 680 et 500 millions de dollars au prix catalogue. Le
financement du contrat est assuré avec
la participation de l’Eximbank (ExportImport Bank), un agent du gouvernement américain.
Les contacts avec les constructeurs
et opérateurs aériens américains ont
commencé avec les premières visites
des dirigeants de Vietnam Airlines
organisées par Delta Airlines.
Boeing a ensuite beaucoup agi en
faveur de la levée de l’embargo économique américain et de la renonciation de l’application de l’amendement Jackson-Vanick 5. D’autre part
Boeing a contribué à l’accélération
des négociations pour l’accord bilatéral de commerce entre le Viêtnam et
les États-Unis. De plus Boeing s’est
joint au gouvernement américain pour
soutenir l’adhésion du Viêtnam à
l’Organisation mondiale de commerce.
Les avancées de l’intégration du Viêtnam
dans le système commercial mondial
est un bon signe pour l’économie du
pays, les échanges et donc les transports. Boeing soutient la mise en place
d’un accord dans le domaine de l’aviation civile entre les deux pays, permettant l’ouverture de lignes aériennes
directes. Boeing, en coopération avec
Singapore Aerospace Manufacturing
(SAM), a organisé un symposium pour
introduire et promouvoir l’industrie
aéronautique au Viêtnam. À court
terme, Boeing n’investit pas directement au Viêtnam mais le constructeur encourage ses partenaires à travailler dans les programmes communs.
Parallèlement aux efforts de Boeing,
les contacts officiels des entreprises
dans l’industrie aéronautique américaine comme GE, Raytheon International, Lockheed Martin Global, Gravitas
Digital Solutions, etc., visent à fournir des équipements et services du
domaine.
D’ailleurs, le géant américain a participé à des programmes humanitaires
comme la création de fonds pour aider
des victimes de l’inondation et de la
guerre. Toutes ces activités, selon Flint
– le représentant de Boeing au Viêtnam
– visent à consolider la présence de
Boeing au Viêtnam.
De son côté, Vietnam Airlines négociait avec Airbus l’achat ou la location des long-courriers Airbus comme
les A330/A340, sans abandonner les
négociations pour les avions Boeing.
Finalement Vietnam Airlines a décidé
d’acheter des avions Airbus pour le
réseau régional et les avions Boeing
pour le réseau long-courriers.
Marché des transports
spéciaux : hélicoptères
Des plates-formes pétrolières offshore, les services aux touristes, les
services de photographie aérienne,
etc. sont des clients de la compagnie
VASCO (Vietnam Aviation Services
Company) et SFC (Southern Service
Flight Company), les filiales de Vietnam
Airlines Corporation.
Les hélicoptères en service sont
les hélicoptères russes (Mi8, Mi17)
et les hélicoptères d’Eurocopter (Super
Puma AS332 L2 et EC155B). Le service de transport le plus rentable est
le transport des personnels et des
matériels pour des plates-formes pétrolières offshore. Ce service est assuré
par les hélicoptères d’Eurocopter. Et
Eurocopter continue ses projets pour
augmenter cette flotte chez SFC.
3. Source EADS, press communication, 2004.
4. L’embargo interdit toutes les activités de commerce, d’investissement ou des échanges technologiques entre le Viêtnam avec les États-Unis
et ses alliés. L’embargo est posé en 1964 (Viêtnam
du Nord et plus tard, Viêtnam en totalité) et est
levé en 1995.
5. L’amendement Jackson-Vanick interdit aux
États-Unis d’établir et de reconnaître le statut normal des échanges commerciaux d’un pays considéré comme n’assumant pas le droit de libre
immigration.
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 17
© HERVÉ MOREL, EUROCOPTER
Un Eurocopter EC155B pour les services offshore de SFC.
Les concurrents américains comme
Bell Helicopter et Sikorsky ont fait
des efforts pour percer dans ce marché. Cependant, le marché des hélicoptères reste toujours très difficile à
pénétrer.
Marché des services
aéroportuaires,
des équipements
et de la maintenance
Avec le développement de la flotte
des avions, le besoin de standardisation et de modernisation des services
(services au sol, contrôle du trafic
aérien, les services de maintenance
des avions) devient de plus en plus
important.
Les aéroports au Viêtnam accueilleront environ 15-17 millions de passagers à l’horizon de la période de
2020. En conséquence de l’augmentation du trafic aérien, les recettes des
aéroports sont doublées dans la période
de 1996-2002. Les aéroports en phase
d’expansion sont : Tan Son Nhat à
10 km de Hô Chi Minh-Ville (un nouveau terminal sera mis en service en
2006, le budget de 220 millions de
dollars étant fourni principalement
par le Japon ainsi qu’une nouvelle piste
pour accueillir les très gros-porteurs),
Noi Bai à Hanoi et Da Nang International
Airport (Danang). Les capacités maxi-
males de ces trois aéroports sont respectivement 15, 20 et 5 millions de
passagers par an. L’aéroport Tan Son
Nhat est pourtant trop proche de la
ville et ne peut pas s’étendre plus. Pour
résoudre le problème de surcharge de
Tan Son Nhat, l’aéroport Long Thanh
(à 40 km de Hô Chi Minh-Ville) est
en période de développement et de
réhabilitation. La capacité maximale
sera de 80 millions de passagers par
an, largement suffisante pour plusieurs
décennies. Long Thanh sera construit
pour accueillir des plus gros-porteurs
actuels comme les Airbus A380.
L’investissement pour cet aéroport est
estimé à environ 8 milliards de dollars, selon Vu Pham Nguyen Tung,
vice-directeur du département des
aéroports du CAAV (Civil Aviation
Administration of Vietnam) lors d’un
entretien avec le journal Tuoi Tre. La
première phase du projet de Long
Thanh a besoin d’environ 3 milliards
de dollars d’investissement et jusqu’à
2010, la capacité de cet aéroport serait
équivalente à celle de Tan Son Nhat
actuelle. L’ambition du CAAV est de
transformer Long Thanh en hub de
transport aérien de la région de l’Asie
du Sud-Est, ajoute M. Vu.
Avec les projets actuels et futurs
pour les aéroports, afin de satisfaire tous
les critères de développement, de
sécurité et pour faire face à la concurrence très forte dans la région, CAAV
a besoin d’une grande quantité d’équi-
18 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
pements aéroportuaires. Les technologies et services sont fournis par les
compagnies européennes, japonaises
ou américaines. Un exemple, en 2003,
la valeur des équipements et services
aéronautiques importés (estimée par
le service du commerce américain)
est environ 390 millions de dollars, dont
160 millions de dollars pour les contrats
des fournisseurs américains 6. Les
fournisseurs américains tiennent actuellement environ 10-30 % du marché
selon les types de projets. Le fait que
les fournisseurs européens ont déjà
travaillé depuis deux décennies avec
les partenaires vietnamiens et que les
normes européennes deviennent dominantes a posé certaines difficultés pour
les Américains à entrer dans le marché. De toute façon, le marché des
équipements et services aéroportuaires
au Viêtnam reste très concurrentiel
entre tous les fournisseurs.
La maintenance de la flotte de
Vietnam Airlines est effectuée dans
deux établissements A75 (Hô Chi
Minh-Ville) et A76 (Hanoi). À partir
de juillet 1998, Vietnam Airlines est
capable de mener la maintenance de
ses avions Airbus et ATR. Pour les
avions Boeing, la maintenance légère
a commencé en 1999. L’objectif de
Vietnam Airlines est l’amélioration de
la capacité de la maintenance totale
de sa flotte. Pour le réaliser, Vietnam
Airlines a travaillé avec ses partenaires
pour former des personnels, mettre
en œuvre des équipements, etc. Les
partenaires dans ce domaine sont les
compagnies aériennes comme Air
France, Japan Airlines ; les constructeurs comme EADS (Airbus) et Boeing;
les motoristes comme Snecma (France,
actuellement Groupe Safran) et GE
(États-Unis).
En juin 2005, lors du Salon du
Bourget, Vietnam Airlines a signé un
contrat de 3,5 millions d’euros avec
EADS Test & Services pour le banc
de test ATEC Série 6 pour la maintenance de ses Airbus A320/321, ATR
et ses Boeing 777-200ER.
6. Source Export America et US Department of
Commerce. Pourtant, les chiffres ne sont pas
officiels et estimés par des spécialistes.
© ASTRIUM
SPOT 5, un satellite d’observation optique de la Terre, construit par Astrium, EADS.
Marché spatial
Le marché spatial au Viêtnam reste
limité en échelle et en applications.
Les domaines prioritaires d’application sont les télécommunications, la
télévision, la navigation aérienne
civile. Le projet d’un satellite géostationnaire Vinasat de taille moyenne
avec de 25 à 30 modules de communication a commencé en 1995 et
est approuvé en 2002. Le lancement
prévu pour le satellite est en 20072008. Pour ce projet d’environ 200300 millions de dollars, les 4 constructeurs internationaux ont déjà répondu
à l’appel d’offres : NPOPM (Russie),
Alcatel Space et Astrium (EADS),
Lockheed Martin Space Systems et
Nec – Toshiba – Orbital Science
Corporation (entreprise américanojaponaise). L’entreprise choisie sera
responsable de la réalisation, de la
fabrication, du lancement et de la
gestion en orbite du satellite. Pourtant,
ce projet a été reporté plusieurs fois
faute d’accords entre les États dans les
négociations de coordination des services. Actuellement, les négociations
continuent avec le Japon et les îles
Tonga.
7. Source EADS Defence and Communication
System press communication.
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Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Courriel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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(10 numéros)
Signature :
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 19
"
Les progrès de la maintenance de
Vietnam Airlines permettent à la compagnie d’exporter ses services. L’Agence
nationale de l’aviation civile du Laos
a choisi Vietnam Airlines pour les services de maintenance de ses avions
Airbus A320 et aussi pour mettre en
place des techniciens, du personnel
de bord et des pilotes pour ce type
d’avion.
Dans le cadre de la coopération
scientifique et technique entre la France
et le Viêtnam dans le domaine de la
télédétection, le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles du Viêtnam a choisi EADS Defence
and Communication Systems (DCS)
comme fournisseur d’un système complet de surveillance de l’environnement et des ressources naturelles. Le
projet est de 20 millions de dollars et
comprend une station de réception et
d’analyse des images satellites Spot
et Envisat, un centre de production et
de distribution des images et 15 systèmes d’applications thématiques à
but opérationnel et de recherche 7. Les
bénéficiaires sont le ministère de
l’Agriculture, le ministère des Pêches,
le ministère de l’Environnement et
l’Agence nationale pour la sécurité
civile, l’Institut du pétrole, etc. Ce projet est un des systèmes les plus complets à ce jour en Asie.
n
VIÊTNAM 2005
Économie – Relations internationales
Les négociations du Viêtnam
pour l’adhésion à l’OMC :
opportunités et défis
LUONG Van Tu,
vice-ministre du Commerce,
chef de la mission de négociation du Viêtnam à l’OMC
D
EPUIS QUINZE ANS, la mise en
application de la politique
de renouvellement a aidé le
Viêtnam à atteindre un grand nombre
de réalisations importantes. Entre 1991
et 2000, le produit intérieur brut (PIB)
a été multiplié par deux (le revenu
par habitant est passé de 200 dollars
en 1991 à 400 dollars en 2000). La part
de la population sous le seuil de pauvreté a réduit de moitié pendant la
période allant de 1990 à 2000 (selon
les normes des Nations unies pour la
pauvreté, il a été abaissé à 28 % en
2001, contre 58% en 1990). Le niveau
de vie du peuple a été clairement amélioré, ainsi que la stabilité politico-
20 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
économique et les relations internationales. Depuis 2000, le taux de croissance économique du pays reste à
plus de 7 % ; en particulier ceux de
l’industrie, du service et de l’agriculture sont de l’ordre de 13-14 %, 67 % et 4-4,5 % respectivement. La
valeur totale des exportations et des
importations a constamment augmenté et a atteint 57,5 milliards de
dollars en 2004, ce qui représente
une croissance de 26,7 % par rapport
à l’année précédente. Le volume des
exportations a atteint 26 milliards de
dollars et celui des importations
31,82 milliards, augmentant de 28,9%
et de 25% respectivement. Cependant,
le Viêtnam est toujours un pays en
développement qui fait face à beaucoup de difficultés.
En entrant dans une nouvelle étape
du développement, ayant pour objectif d’aider le pays à sortir de son état
de pays en développement, d’améliorer la vie des Vietnamiens et de
créer une base stable pour devenir un
pays industrialisé d’ici 2020, le gou-
Pour l’instant, le Viêtnam entretient des relations commerciales avec
plus de 165 pays dans le monde et a
signé des accords commerciaux bilatéraux avec environ 80 pays. Le pays
est devenu membre de l’ASEAN en
1995, de l’ASEM en 1996 et de l’APEC
en 1998, et au début de l’année 1995
le gouvernement vietnamien a fait
une demande pour adhérer à l’OMC.
Jusqu’ici, le Viêtnam s'est préparé activement en organisant des discussions
avec d’autres pays dans de nombreux
domaines et en mettant en œuvre des
réformes nationales pour faciliter le
processus d’adhésion à l’OMC.
En ce qui concerne le processus
de négociation, le Viêtnam a connu
certains succès : neuf négociations
multilatérales ont été réussies, ainsi
que des négociations bilatérales avec
des pays comme l’Argentine, le Brésil,
le Chili, Cuba, l’Union européenne et
Singapour. À présent, le Viêtnam
tient des discussions bilatérales avec
environ vingt autres pays, et certaines
d’entre elles atteignent la phase finale.
Le Viêtnam se prépare également
pour la dixième négociation multilatérale afin de construire des documents de base pour l’adhésion du
pays à l’OMC.
Concernant les réformes nationales, il a été promulgué et mis en
œuvre certaines politiques visant à la
transition vers l’économie de marché,
par exemple des améliorations dans
le secteur des affaires et de l’environnement législatif de façon ouverte. Le
Viêtnam a fait des efforts pour encourager tous les secteurs à participer au
PHOTO DAVID GOURAND
vernement vietnamien se rend compte
qu’il faut avant tout utiliser au plus
haut degré toutes les ressources locales.
Simultanément, le pays devrait tirer
le meilleur parti des ressources extérieures par le processus d’intégration
internationale, y compris par les négociations pour l’adhésion à l’OMC.
Réalisant l’importance de l’intégration internationale, le Politburo du
Viêtnam a promulgué la Résolution 07,
datée du 27 novembre 2001, sur l’intégration active dans l’économie internationale.
Hô Chi Minh-Ville.
développement économique, pour
attirer les investisseurs étrangers, pour
faire des réformes dans les procédures
administratives et pour renforcer la
compétitivité des produits et des services nationaux.
Au cours du processus d’adhésion
à l’OMC, le Viêtnam rencontre beaucoup d’opportunités et autant de défis,
qui peuvent avoir des impacts à court
et long terme.
Opportunités
Selon l’objectif de la stratégie de
développement économique du pays,
le PIB sera doublé d’ici 2010, atteignant 800 USD par habitant en 2010
contre 400 USD en 2000, et le Viêtnam
deviendra un pays industrialisé d’ici
2020. Pour parvenir à cet objectif, le
Viêtnam doit fortement augmenter
ses exportations vers le marché mondial. En entrant dans l’OMC, la plus
grande organisation commerciale avec
148 membres, représentant respectivement 92%, 90% et 85% de la population mondiale, des échanges de services et des échanges de marchandises,
le Viêtnam bénéficierait du statut de
MFN (Most Favoured Nation) qui
fournit des conditions favorables pour
pénétrer dans ce marché.
L’OMC est la seule organisation
globale qui établit des règles et des
lois pour régir les relations commerciales entre les pays (www.wto.org :
“ L’organisation de commerce mondial (OMC) est la seule organisation
internationale globale traitant les règles
du commerce entre les nations ”).
L’OMC est également un forum pour
les négociations commerciales et le
règlement des conflits entre ses
membres. En participant à cette organisation, le Viêtnam aurait plus de
possibilités d’exercer ses droits légitimes contre des activités commerciales injustes.
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 21
L’adhésion à l’OMC signifie également l’amélioration de l’environnement législatif selon les principes
de la transparence, sous le contrôle
des règlements internationaux. Pousser
les établissements économiques vers
l’économie de marché et garantir un
environnement économique favorable
et égal pour tous les secteurs économiques consoliderait la confiance des
investisseurs domestiques et étrangers, ce qui peut mener à de nombreux investissements au Viêtnam.
C’est un facteur important pour que
le pays favorise fortement son processus de transition économique et
pour attirer des investissements. Malgré
le fait que les entreprises vietnamiennes
seraient en forte concurrence avec les
sociétés étrangères, c’est également
un facteur qui forcerait les entreprises
nationales à se développer dans le
cadre de la compétition internationale, ce qui leur permettrait de tirer
des leçons de management à partir
de leurs expériences et de faire des
bénéfices grâce au commerce.
Parallèlement au développement formidable des technologies scientifiques,
la mondialisation et le libéralisme
s’étendent rapidement et profondément. Certains pays resteraient en
arrière s’ils se repliaient sur eux-mêmes
et s’isolaient de cette tendance. Le
Viêtnam est récemment passé d’une
économie planifiée centralement à
une économie de marché avec un
faible niveau de développement. Par
conséquent, participer à l’intégration
internationale en vue d’améliorer la
capacité d’exportation, d’accroître les
capitaux d’investissement étrangers
et d’accéder à la technologie scientifique internationale avancée sont des
facteurs permettant de réduire les
risques de rester en arrière et également
d’augmenter la capacité de sélection
pour la production et la consommation d’entrée.
Défis
Malgré les grandes possibilités de
développement apportées par l’intégration internationale, il n’est en fait
pas facile pour le Viêtnam de trans-
former ces opportunités en atouts de
développement économique, car c’est
encore un pays pauvre avec beaucoup
de limites dans son niveau et sa capacité de développement.
Il faut se rendre compte que le
processus d’adhésion à l’OMC provoquera des défis exceptionnels.
Premièrement, quant au commerce,
les pressions de la concurrence deviendront plus fortes lorsque le niveau
de protection pour la production
nationale sera graduellement éliminé,
au cours de la mise en application
de l’intégration internationale, alors
que la compétitivité des produits,
des services et des entreprises du
Viêtnam est encore limitée. Cette
situation exige des entreprises vietnamiennes qu’elles ajustent ou réorganisent leur production pour renforcer
la compétitivité.
Beaucoup de règles concernant les
échanges de services, les droits de
propriété intellectuelle et le mécanisme de règlement des conflits sont
nouvelles pour le Viêtnam. La mise
en place des engagements dans ces
domaines nécessitera un certain temps
afin d’améliorer la connaissance des
fonctionnaires vis-à-vis de ces règles.
En même temps, le Viêtnam doit
mettre en place et compléter son système législatif pour qu’il réponde aux
exigences de la réforme administrative et de l’entrée dans l’OMC.
À cause d’une économie faible avec
une majorité de population pauvre
vivant dans les zones rurales, particulièrement dans les zones montagneuses et au sein des minorités ethniques, le procédé d’intégration aura
un impact négatif sur ces groupes vulnérables. Si aucune politique appropriée n’est appliquée pour supporter
le développement économique dans
ces régions, les impacts sociaux seront
très sérieux.
Afin d’atteindre ses objectifs dans
le processus d’adhésion à l’OMC, le
Viêtnam doit simultanément aborder
les questions suivantes : rénover les
entreprises publiques, ou plus précisément se concentrer sur l’améliora-
22 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
tion des entreprises publiques, gérer
le budget des dépenses publiques de
façon efficace, améliorer l’efficacité
opérationnelle du système bancaire
et accorder la priorité aux marchés
financiers et au marché du travail.
Ces problématiques doivent être
incluses dans les programmes principaux pour accélérer le processus de
réforme, afin d’aider tous les établissements économiques du marché à
fonctionner correctement, de façon
synchrone et moderne. C’est une étape
importante pour changer le mécanisme et donner l’orientation pour
l’allocation des ressources, particulièrement les capitaux d’investissement d’État, afin d’utiliser entièrement les avantages concurrentiels du
Viêtnam.
En ce qui concerne les entreprises,
elles devraient, plus que jamais, établir et renforcer leur compétitivité
pour répondre aux exigences de la
concurrence dans l’intégration internationale. Le temps disponible pour
aborder ces questions s’est graduellement raccourci. La diffusion de
l’information sur l’intégration internationale est nécessaire pour aider les
gens à prévoir leur propre période de
préparation à ce processus.
Récemment, le Viêtnam a accompli
beaucoup de résultats exceptionnels
en matière de développement social
et économique. Nous croyons vraiment que, grâce à la diligence et l’esprit créateur du peuple et à une gestion efficace de la part du
gouvernement, le Viêtnam surmontera les difficultés et les défis pour
s’engager avec succès sur le chemin
de la modernisation et de l’industrialisation, apportant la prospérité et
le bonheur à son peuple.
n
VIÊTNAM 2005
Le Viêtnam :
une nouvelle réussite du modèle
de développement asiatique
Jean-Bernard VERON,
conseiller, direction de la stratégie de l’Agence française de développement
Au départ, un pays pauvre
et exsangue,
au développement bloqué
Au tournant des années quatrevingt le Viêtnam sort de trois guerres
successives, avec la France d’abord,
les États-Unis ensuite et, enfin, au
Cambodge lors de l’épisode des Khmers
rouges. Il est alors désespérément
pauvre à l’aune tant du produit par
tête, qui est de l’ordre de 100 dollars,
que de l’équipement en infrastructures
ou de l’accès aux services sociaux de
base (santé, éducation, eau potable).
Malgré la prédominance des activités
agricoles, il peine certaines années à
assurer son autosuffisance alimentaire.
Non que le gouvernement n’ait rien
fait, mais parce que les maigres ressources nationales étaient drainées par
la guerre et que le modèle économique
en vigueur s’avérait peu efficace.
Le sursaut vint de la prise de
conscience que le mécontentement
grandissant des populations, en particulier rurales, était un facteur de
risque pour la pérennité du régime :
après tant d’épreuves elles attendaient
les dividendes de la paix. En outre, la
Chine, depuis l’arrivée au pouvoir de
Deng Ziaoping, montrait qu’un pays
socialiste pouvait profondément modifier les règles du jeu économique sans
mettre en péril sa stabilité politique.
Le changement de cap est formellement daté du 6e Congrès du Parti
communiste vietnamien (dit du Dôi
moi, ou renouveau) en 1986 avec les
premières réformes économiques centrées sur la décollectivisation de l’agriculture. Depuis, touche après touche
et de cette manière prudente et progressive qui caractérise la prise de décision au Viêtnam, on fait aux mécanismes de marché une place croissante
dans la régulation des activités économiques ; le secteur privé, tant national qu’extérieur, gagne en importance;
le pays s’ouvre aux échanges ainsi
qu’aux capitaux étrangers et se prépare à intégrer l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Un nouveau dragon est né
Les résultats de cet aggiornamento
ne se firent pas attendre.
Depuis maintenant une quinzaine
d’années le taux de croissance du PIB
est en moyenne de 7 % par an 1, ce
qui a permis de multiplier par cinq
le revenu par tête (de 98 dollars en
1990 à 482 en 2004). Bien que le
Viêtnam appartienne encore à la catégorie des Pays les moins avancés selon
le classement des Nations unies, l’impact social de ce dynamisme économique est flagrant : le pourcentage
de pauvres 2 est tombé de 70 % de la
population en 1990 à 29 % en 2004.
Cette croissance est tout à la fois
le produit et la conséquence d’une
profonde transformation des structures de l’économie nationale qui voit
se réduire la part des activités agricoles (39 % du PIB en 1990 et 22 %
en 2003) au profit de l’industrie (respectivement 23 % et 43 %). Cette
transformation ne signifie toutefois
pas que l’agriculture ait décliné, mais
que son rythme de croissance a été
1. Toutes les données chiffrées mentionnées
dans cet article ont été tirées de la base statistique de la Banque asiatique de développement.
2. Sont considérées comme pauvres, selon les standards de mesure internationaux, les personnes
ayant un revenu inférieur à 1 dollar par jour.
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 23
moins rapide. En effet, comparativement à d’autres pays du “ Sud ” engagés dans un processus de développement accéléré, le secteur rural
vietnamien est en expansion. À titre
d’illustration, le pays qui, avec une
production de 15 à 16 millions de
tonnes de riz, peinait à couvrir ses
besoins à la veille du Dôi moi a plus
que doublé les tonnages (35 millions
de tonnes en 2003) et est devenu le
troisième exportateur mondial de cette
céréale. Corrélativement, le Viêtnam
n’a pas connu de déplacement massif des populations rurales vers les
villes, puisque 80 % des Vietnamiens
vivaient à la campagne en 1990 et
qu’ils sont encore 75% en 2003. Cette
quasi-stabilité est le fruit d’une politique volontariste, judicieuse en son
temps mais qui freine aujourd’hui
l’amélioration de la productivité de
l’économie.
Ces performances impressionnantes sont certes à mettre au compte
des réformes économiques qui ont
libéré les énergies entrepreneuriales.
Mais elles n’auraient pas été possibles
sans, simultanément, un effort d’investissement exceptionnel et sans un
élargissement des débouchés par le
biais d’une ouverture croissante sur
l’extérieur.
S’agissant du premier point, la
formation brute de capital fixe, qui
représentait 12,6 % du PIB en 1990,
atteint aujourd’hui 35,1%. Tout aussi
remarquable est l’envolée de l’épargne
nationale. Sur la même période elle
est passée de 2,9 % du PIB à 28,2 %,
ce qui signifie que le Viêtnam finance
aujourd’hui les quatre cinquièmes
de ses investissements au moyen de
ses ressources propres. Même en
tenant compte du fait qu’une fraction encore majoritaire des investissements est portée par le secteur
public au sens large (budget national et entreprises d’État), l’effort
d’épargne n’en est pas moins remarquable eu égard au faible niveau de
revenu de la population.
En ce qui concerne l’ouverture sur
l’extérieur, elle s’est imposée pour
cette même raison de la faiblesse des
revenus qui bride le développement
du marché intérieur. C’est ainsi que
les exportations ont été multipliées
par 8 entre 1990 (2,4 milliards de
dollars) et 2003 (20,2 milliards de
dollars) et qu’elles équivalent désormais à 60 % du PIB.
Gestion économique prudente
et souci de stabilité politique
et sociale
Ce bref panorama ne serait pas
complet sans souligner deux points
complémentaires.
Le premier est la grande prudence
dont font preuve les autorités dans
leur gestion des paramètres macroéconomiques. Cela se marque de diverses
manières. En ce qui concerne l’endettement extérieur, le Viêtnam s’est
libéré de la dette contractée vis-à-vis
des pays qui appartenaient à l’ex-bloc
socialiste et mène depuis une politique rigoureuse. C’est ainsi que
l’encours de la dette est passé de 380%
du PIB en 1990 à 38 % en 2002 et
que son service ne représente que 6%
des exportations de biens et services.
Ce dernier ratio, fort modeste, s’explique
également par la composition de la
dette extérieure : elle provient, pour
les neuf dixièmes, de prêts concessionnels fournis par les bailleurs de
l’aide publique. Mais il est vrai que
cet engouement desdits bailleurs, qui
injectent bon an mal an près de 2 milliards de dollars dans le développement du Viêtnam, est largement fondé
sur ses performances dans le développement économique et social.
Cette gestion macroéconomique
de “bon père de famille” vaut aussi pour
le processus très graduel d’ouverture
du marché financier sur l’extérieur.
À la différence de certains pays voisins,
qui s’ouvrirent aux capitaux extérieurs
avant que leur système financier ne
soit assez robuste pour supporter les
violents allers et retours propres à ces
ressources et qui en firent durement
les frais lors de la crise asiatique de
1997-1998, le Viêtnam traversa ladite
crise sans autre dommage qu’un
modeste tassement de son taux de
24 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
croissance. Toujours dans le domaine
macroéconomique, on notera la politique de change qui, depuis la fin des
années quatre-vingt-dix, maintient
une parité à peu près stable entre le
dong et le dollar, ce qui, glissement
de cette dernière monnaie aidant, permet aux exportations vietnamiennes
de se placer aisément sur les marchés
extérieurs.
Le second point méritant d’être
souligné, et qui accompagne le rapide
développement économique du pays,
est la stabilité du régime. Inspiré du
modèle soviétique mais progressivement épuré des archaïsmes économiques qui contribuèrent tant à la
déconfiture du modèle en question,
le régime vietnamien reste celui d’un
État-Parti à direction collégiale, contrôlant le gouvernement, l’administration et l’armée et appuyé sur un puissant appareil sécuritaire. Jamais remis
en cause jusqu’à ce jour, il tient sa
survie, dans un monde où les pays
qualifiés de socialistes se raréfient, à
sa capacité à coller aux mutations de
la société vietnamienne, qu’il freine
parfois mais qu’il n’entrave jamais. À
n’en pas douter, cette flexibilité est
une des forces du système.
Un autre élément de robustesse
du régime est incontestablement sa
réussite en termes de développement
économique et social, qui le légitime
aux yeux de la population. Ainsi, la
santé et l’éducation sont correctement
dispensées, dans un pays qui reste
objectivement très pauvre et la croissance a globalement permis d’améliorer le niveau de vie moyen des
Vietnamiens.
Une nouvelle application
du modèle asiatique
Sans minimiser les mérites propres
au Viêtnam, il faut mettre ces bons
résultats à l’actif de ce que l’on pourrait appeler le modèle de développement asiatique. Celui-ci connaît certes
des variantes, qui tiennent aux particularités des sociétés nationales, à
leur histoire, à la configuration des
régimes politiques ainsi qu’aux points
de départ du processus de développement, mais il est frappant de constater que les mêmes recettes produisent peu ou prou les mêmes effets
dans nombre de pays de la région, et
cela quelle que soit l’idéologie dont
ils se réclament. En succession pressée Hong-Kong et Singapour, Taiwan
et la Corée du Sud, la Malaisie, la
Chine et la Thaïlande ont engrangé
des performances économiques flatteuses, bien supérieures à celles de
l’Amérique latine, de l’Afrique et du
Moyen-Orient, au point que certains
de ces pays rejoignent maintenant le
monde développé.
Le modèle en question se caractérise par des similitudes touchant
tant aux politiques mises en œuvre
qu’au fonctionnement des institutions
qui encadrent et régulent les activités
économiques : un État fort, capable
d’exercer un pilotage centralisé de
l’économie sans étouffer néanmoins
les initiatives individuelles ; un taux
d’investissement durablement élevé,
servi par un taux d’épargne non moins
élevé ; une libéralisation progressive
du jeu économique ; l’alliance étroite
entre l’appareil d’État et les opérateurs économiques, ce qui est évident
dans le cas des entreprises publiques
mais l’est également, de manière plus
subtile, pour les acteurs privés ; une
gouvernance technique, financière et
économique de qualité, du moins à
l’aune de ce qu’elle est habituellement
dans les pays en développement ; une
ouverture graduelle et dissymétrique
sur l’extérieur (soutien des exportations,
maintien de barrières sélectives aux
importations, fermeture du marché
intérieur aux entrées de capitaux spéculatifs étrangers) ; de bons fondamentaux macroéconomiques (gestion
raisonnablement prudente du budget, de la monnaie et de la dette).
Ce modèle se caractérise également par un décalage, qui peut atteindre
plusieurs décennies, entre le démarrage économique et l’émergence d’un
système politique pluraliste 3. À l’évidence, ce décalage n’est accepté que
parce que le modèle produit rapidement des résultats qui permettent
d’améliorer le sort matériel des populations et qui asseyent donc sa légitimité sur son efficacité en termes de
développement.
En conclusion, les défis
à venir
Ce passage en revue de la situation du Viêtnam et des fondements
de sa réussite donne à penser que les
perspectives d’avenir sont plutôt
bonnes. Cela ne signifie toutefois pas
que tout péril est écarté, que le développement est définitivement sur les
rails et que la stabilité du régime est
inébranlable. Les défis structurels sont
effet de taille.
Il faut d’abord que la machine économique continue à produire des
emplois à un rythme soutenu pour
absorber tant la croissance démographique naturelle 4 que l’exode rural.
Or cette création continue d’emplois
ne se peut sans la poursuite d’une
croissance économique forte. Celleci sera de plus en plus fonction d’une
part d’une diversification des activités vers des créneaux à plus haute
productivité et, d’autre part, d’une
montée en gamme qualitative.
L’économie vietnamienne devra donc
sortir d’un modèle qui reste fondé sur
la quantité et les produits simples ou
bas de gamme.
Il faut ensuite que les inégalités,
mécaniquement induites par la croissance, entre monde rural et monde
urbain, provinces riches et pauvres,
détenteurs du capital et salariés, ne
se creusent pas au-delà du raisonnable, sous peine de troubles sociaux
et de contestation du régime.
créances, et liquider, redimensionner
ou privatiser les entreprises publiques
en minimisant l’impact sur l’emploi.
Toutes tâches d’autant plus difficiles que le régime devra simultanément gérer la réduction progressive
de son contrôle direct de la sphère
économique et, à plus long terme, le
déverrouillage du système politique.
Objectifs qui ne sont toutefois pas
inatteignables, ainsi que le montrent
d’autres pays d’Asie de l’Est et du SudEst qui ont su, avant le Viêtnam, mener
à bien ces transitions.
Il est bien évidemment trop tôt
pour hasarder un pronostic, de réussite ou d’échec, mais un facteur lourd
pèsera sur l’avenir du pays : l’irrésistible montée en puissance de la Chine
et l’incertitude de ce qu’en seront les
effets sur les petits pays voisins. Les
éléments positifs sont l’énormité du
marché chinois et le dynamisme de
son économie. Mais ce même dynamisme, combiné à d’immenses gisements de main-d’œuvre à très bas
coût, peut tout aussi bien soumettre
le Viêtnam à une concurrence trop
rude et, in fine, le vassaliser économiquement.
n
3. Il est intéressant de noter que ce constat vaut
aussi bien pour les pays qui se réclament du
“ socialisme ” que pour ceux qui sont fermement
“ capitalistes ”.
4. Ce sont en effet 1,5 million de personnes supplémentaires qui arrivent chaque année sur le marché du travail du fait de la seule croissance
démographique.
Plus conjoncturellement, le Viêtnam
va être confronté, dans les années à
venir, à des risques d’instabilité accrue
du fait d’une ouverture extérieure de
plus en plus large dans le cadre de
son adhésion à l’OMC.
Il lui faudra également mener à
bien la réforme de son système financier public, accablé par les mauvaises
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 25
VIÊTNAM 2005
Les relations
sino-vietnamiennes aujourd’hui
Général (cr) Daniel SCHAEFFER,
conseil en stratégie d’entreprise à l’international
(Chine et Asie du Sud-Est)
Q
le début de
son histoire le Viêtnam a connu
des relations tumultueuses
avec son grand voisin du Nord, la
Chine, dont la vocation, héritée de
la pensée confucéenne surtout, était
de régner sur le reste du monde et
d’y faire régner l’harmonie. Cette
vision chinoise du monde amenait
les voisins immédiats de l’Empire du
Milieu à être intégrés dans une mouvance vassale à laquelle appartenait
le Viêtnam. Il est donc résulté de
cette conception du monde des
périodes de vives tensions et des
périodes d’accalmie entre les deux
nations, un petit pays comme le
Viêtnam n’ayant pas la capacité de
soutenir en permanence des relations
conflictuelles avec son suzerain.
UASIMENT DEPUIS
C’est vraisemblablement dans l’une
de ces phases de rémission que se
situent aujourd’hui les relations sinovietnamiennes. La Chine et le Viêtnam
d’aujourd’hui et de ces toutes dernières années ont en effet besoin de
disposer d’un environnement stable de
paix afin de pouvoir poursuivre leur
développement économique et, en ce
qui concerne la Chine, sa montée en
puissance, non seulement économique
mais aussi militaire, face à des
Américains qui ne semblent pas vouloir abandonner leur soutien à l’île
rebelle Taiwan.
Depuis la fin de l’ère coloniale qui
a vu la Chine communiste soutenir
son petit frère vietnamien contre
Français et Américains, et avant la
normalisation des relations en 1991,
les contentieux entre les deux pays
s’accumulent :
• obtention, par la diplomatie chinoise à la conférence de Genève de
1954, de la scission du Viêtnam en
deux parties à hauteur du 17e parallèle ; en 1974, conquête chinoise des
îles Paracels alors territoire vietnamien hérité de la colonisation française, héritage que les accords de
Genève n’avaient pas remis en cause ;
• colère de Pékin lorsque, en 1978, le
Viêtnam adhère au Conseil pour la
Coopération économique mutuelle
(COMECON), créé par les Soviétiques, collusion que la Chine considère et dénonce comme une alliance
militaire visant à l’encercler ;
• agression chinoise de 1979 pour
contraindre le Viêtnam à se retirer du
Cambodge et soulager la pression
militaire des “ bodoïs ” contre la résistance khmère dominée par les
Khmers rouges ;
• attaque navale surprise, au mois de
mars 1988, des positions vietnamiennes dans les îles Spratleys, en
mer de Chine méridionale, et
conquête de onze îles ;
• revendications chinoises sur la totalité de la mer de Chine méridionale
26 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
selon la délimitation en “ neuf traits ”
que le président Mao Zedong trace
sur la carte en 1949, ne laissant quasiment aux États riverains que leurs
eaux territoriales ;
• empiétements réciproques sur les
territoires frontaliers terrestres ;
• refus par la Chine de reconnaître
le partage du golfe du Tonkin par le
Méridien 108, partage hérité de l’ère
coloniale.
C’est sur ce lourd contentieux que
la Chine et le Viêtnam décident de
normaliser leurs relations en 1991,
d’autant que le Viêtnam, complètement éprouvé par son aventure cambodgienne, affaibli également par une
politique collectiviste extrême lancée
en 1986 et qui échoue, éprouve un
fort besoin de répit ainsi que celui de
réorienter sa politique économique
et internationale.
De 1991 à 1999, sur fond de suspicions réciproques et de poursuite
d’incidents nouveaux en mer de Chine
méridionale, les négociations sinovietnamiennes ne progressent que très
lentement. Il faut en effet attendre le
mois de février 1999 pour que les travaux avancent réellement avec, à la
suite des rencontres des secrétaires
généraux des partis communistes chinois et vietnamien de l’époque, la
détermination des lignes directrices
PHOTO TRAN BANG
et du cadre du développement des
relations bilatérales pour le XXIe siècle.
Ces relations devront reposer sur “une
stabilité à long terme, une orientation
vers l’avenir, le bon voisinage et l’amitié et une coopération tous secteurs ”.
Ce seront les principes en “ 16 caractères ”, principes qui seront ensuite
rappelés en permanence lors de tous
les entretiens bilatéraux.
C’est ainsi que, à partir de là, l’on
aboutit :
• le 30 décembre 1999, à la signature du traité sur la délimitation des
frontières terrestres ;
• à la fin du mois de décembre 2000,
à la signature d’un “ Accord sino-vietnamien sur la démarcation des eaux
territoriales, de la zone économique
exclusive et du plateau continental
du golfe du Tonkin ”, assorti d’un
“ accord sur la coopération sur les
pêches dans le golfe du Tonkin ” ;
• le 7 décembre 2002, à un accord
sur les couloirs aériens et l’organisation du contrôle aérien au-dessus de
la mer de Chine méridionale.
En outre, pour faire baisser la tension et tenter de dissiper les suspicions à son égard, les Chinois finissent
par proposer aux pays de l’Association
des Nations de l’Asie du Sud-Est
(ASEAN), au mois de novembre 2002,
une “ Déclaration sur la Conduite à
tenir par les parties prenantes en mer
de Chine du Sud ”. En adhérant à ce
code, les pays s’engagent à ne pas
recourir à la force, ni aux provocations, pour régler les contentieux.
En revanche et à ce jour, la question des îles Spratleys n’est toujours
pas réglée. Néanmoins, s’appuyant
sur l’application du droit de la mer
en matière d’exploitation économique
des zones contestées, les Chinois proposent aux Vietnamiens et aux
Philippins de procéder en commun
à la détection des réserves d’hydrocarbures en mer de Chine méridionale. Les deux pays adhèrent à la proposition en signant un accord avec
Pékin, au mois de septembre 2004
pour Manille, et au mois de mars 2005
pour Hanoi, ce qui, en contrepartie,
induit un risque de protestation de
Le lac de l’épée restituée – le lac légendaire au centre de Hanoi.
la part de Taiwan, de la Malaisie et
de Brunei de ce fait virtuellement écartés des bénéfices potentiels à tirer
d’éventuelles découvertes.
Ce n’est donc vraiment que depuis
1999 que les tensions se réduisent et
que les relations s’enrichissent sur le
plan économique. Car, sur le plan
politique comme sur le plan stratégique, les soupçons demeurent. Cette
“ montée en puissance pacifique ” chinoise ne dit en effet rien qui vaille
aux Vietnamiens comme aux
Américains dont Hanoi se rapproche
également beaucoup depuis le rétablissement des relations diplomatiques
en 1993.
Sur le plan des relations économiques, les négociations conduites
entre la Chine et le Viêtnam en vue de
l’adhésion du Viêtnam à l’Organisation
mondiale du commerce peuvent laisser espérer à Hanoi une possible admission à la fin de 2005. Les projets de
coopération se développent, favorisés
en cela par la multiplication des rencontres et des opérations de communication, par la création du Vietnam-
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 27
China Business Forum en septembre 2004, et par celle d’un extranet d’échanges d’informations sur les
opportunités d’affaires.
Sur le plan des échanges, le Viêtnam
espère accroître ses exportations en
direction de la Chine dans le domaine
agroalimentaire par abaissement de
ses taxes à l’exportation en vertu des
dispositions arrêtées entre le Viêtnam
et l’ASEAN contenues dans le
“Programme Première Récolte” (Early
Harvest Program).
Sur le plan des échanges, ceux-ci
progressent de 32 millions de dollars
en 1991 à 7,2 milliards de dollars en
2004, progrès peu attendu qui amènera vraisemblablement à revoir la
projection évaluée à 10 milliards de
dollars pour 2010. En revanche la
balance commerciale est déséquilibrée et le déficit vietnamien s’accroît
d’année en année, passant de 200 millions de dollars en 2001 à 1,7 milliard de dollars en 2004.
La Chine exporte vers le Viêtnam
des produits pétroliers, des machinesoutils, de la pharmacie, des matériels
agricoles. Elle en importe du pétrole,
des primeurs, des produits de l’aquaculture, des produits de base destinés à l’industrie pharmaceutique, du
caoutchouc, secteur qui rapporte
357 millions de dollars en 2004 et
susceptible d’en rapporter 480 en
2005. Le Viêtnam achète aussi de
l’acier à la Chine qui surproduit par
rapport à ses besoins tout en asséchant le marché mondial des produits
ferreux bruts. Il en résulte une augmentation du prix de l’acier, dont le
Viêtnam, comme les autres pays du
monde, subit les répercussions négatives. Le plus étonnant des projets est
celui de l’exportation chinoise d’électricité vers le Viêtnam à partir de 2006
alors que, depuis 2002, la Chine
connaît d’authentiques pénuries d’électricité qui affectent la continuité de
sa production industrielle nationale.
À côté des échanges commerciaux
les investissements directs chinois au
Viêtnam s’accroissent, se montant à
259 projets en mars 2004 pour un
capital total déclaré de 531 millions
de dollars. De nombreux projets de
coopération se font jour, et une très
forte relation se scelle entre les provinces vietnamiennes du Tonkin et
les provinces frontalières chinoises
du Viêtnam que sont le Guangxi et
le Yunnan.
Dans ce cadre, la Chine et le
Viêtnam décident de créer deux “couloirs économiques ”. Ils seront matérialisés par un faisceau de grandes
artères de communications reliant les
deux provinces du sud de la Chine,
le Yunnan et le Guangxi, au Viêtnam
du Nord et surtout, au port de
Haiphong. Deux de ces routes, qui
partent du Guangxi sont inaugurées
au mois d’avril 2005. Le dispositif
sera en outre complété par la création sino-vietnamienne d’une “ ceinture économique du golfe du Tonkin”.
En dehors de l’aspect économique
de l’opération qui permet à la Chine
de détourner vers les ports vietnamiens, celui de Haiphong surtout,
une partie du trafic actuellement
orienté vers les ports de la Chine du
Sud dont, celui de Hong-Kong, le
point le plus intéressant à souligner dans
cet accord sous-régional est son intérêt stratégique pour Pékin.
En effet, il constitue un authentique moyen pour la Chine d’arrimer
solidement le Viêtnam à elle. Par là,
Pékin atteint plusieurs objectifs :
• il contraint indirectement le
Viêtnam à baisser la voix sur ses
revendications en mer de Chine
méridionale ;
• il réduit les capacités vietnamiennes
à trop se rapprocher des Américains,
notamment sur le plan militaire à un
moment où la Chine se réserve en
option la possibilité de procéder par
la force à une réunification avec
Taiwan ;
• il apporte un complément important au dispositif stratégico-économique que Pékin fourbit depuis près
de vingt ans sur son Sud.
La présence chinoise en Myanmar
ouvre en effet largement à la Chine
les portes de l’océan Indien, à la fois
28 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
sur le plan militaire et sur le plan économique. Lorsque tous les projets en
cours seront complétés et achevés, ils
permettront à la Chine de sécuriser
une partie de ses voies d’approvisionnement, notamment en hydrocarbures, en privilégiant un acheminement par voie terrestre au travers de
la Birmanie pour arriver au Yunnan.
À partir de ce schéma, le parallèle
vietnamien est aisé à établir avec l’accès que la Chine s’ouvre aujourd’hui
à Haiphong, port à partir duquel, dès
lors qu’il sera suffisamment aménagé,
pourront transiter vers le Guangxi et
le Yunnan les hydrocarbures qui
seraient exploités en mer de Chine
méridionale, voire ailleurs.
Ainsi se présentent aujourd’hui les
relations entre la Chine et le Viêtnam.
Elles sont devenues des relations pacifiques commandées par des intérêts économiques qui priment sur bien d’autres
considérations. Mais ce sont aussi des
relations qui restent teintées de suspicion en regard des ambitions de
Pékin, ambitions que révèlent la montée en puissance économique et militaire du pays d’une part, et le recours
à une méthodique neutralisation diplomatique des pays de la région susceptibles de mettre en cause ces ambitions. Au grand jeu de go régional, la
Chine continue donc à marquer des
points importants contre le Viêtnam
et contre les pays d’Asie du Sud-Est,
voire, en fin de compte, contre les
États-Unis.
n
VIÊTNAM 2005
Coopération entre
la DGAC et la CAAV
René GAUDIN (65),
directeur de la direction des Programmes aéronautiques civils, DGAC,
et Emanuela LACARZE,
chargé de mission géographique Asie-Pacifique, DGAC
Le Viêtnam s’étire du nord au sud sur 1 600 km et représente
une superficie de 331 041 km2. Il a connu une forte croissance
de sa population qui compte aujourd’hui 83 millions d’habitants.
Depuis 1986, le Viêtnam a engagé une politique de rénovation
et de libéralisation progressive qui a permis l’essor de son économie.
L
A FRANCE, qui a été l’un des pre-
miers pays occidentaux à soutenir le Viêtnam dans sa politique de rénovation, entretient une
relation étroite avec ce pays. Cette
coopération étroite s’est tout particulièrement illustrée dans le secteur
de l’aéronautique. C’est l’Administration
de l’aviation civile du Viêtnam (Civil
Aviation Administration of Vietnam –
CAAV) qui est en charge, sous l’autorité
du Premier ministre, de gérer le secteur de l’aviation civile.
L’une des tâches essentielles de la
CAAV réside dans l’élaboration de la
réglementation et le contrôle de son
application de manière à s’assurer que
les règles internationales édictées par
l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) sont respectées.
D’autres entités, qui sont placées sous
la tutelle de la CAAV, couvrent les
autres secteurs de l’aviation civile.
Ainsi la gestion de l’espace aérien
national est assurée par “ Vietnam
Air Traffic Management ” (VATM)
qui est le fournisseur des services de
navigation aérienne. Cet organisme
est doté d’une personnalité juridique
et d’une certaine autonomie financière puisqu’il perçoit les redevances
de navigation aérienne auprès des
usagers.
Le Viêtnam dispose par ailleurs
de 316 aéroports civils et militaires
parmi lesquels 118 ont été retenus
par les autorités dans le plan de développement aéroportuaire.
Ces aéroports sont exploités en
régie directe par les trois régions
Nord, Centre et du Sud, qui sont placées sous l’autorité de la CAAV
(Northern Airport Authority, Middle
Airport Authority, Southern Airport
Authority). Les trois aéroports internationaux de Hanoi, Ho Chi MinhVille et de Danang font l’objet de travaux d’aménagement importants.
Enfin, la CAAV a la tutelle du “Civil
Aviation Training Center ” (CATC)
chargé d’assurer la formation aux
métiers de l’aviation civile.
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 29
Ces objectifs sont d’autant plus
prioritaires que le Viêtnam souhaite
jouer un rôle prédominant dans la
région.
L’une des premières tâches de la
CAAV a été de se doter d’une réglementation technique couvrant dans
un premier temps les domaines liés
aux licences des personnels, à l’exploitation des aéronefs et à leur navigabilité.
Ella a pour ce faire choisi de s’inspirer des règles européennes établies
par les “ Joint Aviation Authorities ”
(JAA) et a bénéficié de l’expertise française. Cette action qui a été menée
avec succès a permis au Viêtnam, lors
des audits menés par l’OACI dans le
cadre de son programme universel
d’audit de supervision de la sécurité,
lancé en 1999, d’être reconnu comme
se conformant aux normes internationales figurant dans les annexes
techniques à la convention relative à
l’aviation civile internationale, dite
convention de Chicago. Ces audits
ont d’abord porté sur les aspects liés
au contrôle technique des aéronefs
pour être étendus dès cette année aux
autres domaines et notamment à ceux
des aéroports et de la navigation
aérienne.
Ainsi, depuis près de dix ans des
liens forts se sont noués entre la CAAV
et la Direction générale de l’aviation
civile française, liens qui se sont concrétisés par la signature en octobre 1998
d’un arrangement de coopération technique. Cet arrangement permet
l’échange d’information et d’expérience dans les différents secteurs de
l’aviation civile, il permet aussi d’échanger des experts pour de courtes formations.
© VIETNAM AIRLINES
Face à la croissance du trafic aérien
dans la région (entre 1995 et 2000, le
trafic passagers a augmenté de 30 %
et le trafic de marchandises de 60 %)
et à la concurrence, l’autorité de l’aviation civile du Viêtnam s’est trouvée
confrontée à de nouveaux défis tels
que la modernisation et le développement de ses aéroports, le développement de ses équipements de navigation aérienne et la poursuite de la
formation de ses personnels.
Vietnam Airlines, Airbus A321.
Forte de ces liens étroits, la CAAV
n’a pas hésité à plusieurs reprises à
faire appel au savoir-faire de la Direction
générale de l’aviation civile dans des
domaines aussi variés que ceux de la
sécurité, de la navigation aérienne,
de la certification des aéroports, de
la maintenance et de la formation des
pilotes.
Des séminaires ont été également
organisés sur place avec le soutien de
l’industrie en 1998 sur le thème de
la sécurité, ou avec le soutien de la
Commission européenne en 2004,
sur le thème de la certification des
aéroports.
Ces relations de coopération étroites
qui se sont nouées ont renforcé l’ouverture de perspective pour les entreprises françaises dans les différents
secteurs de l’aéronautique. Elles constituent en outre l’un des meilleurs
exemples de partenariat “ gagnantgagnant ” dans ce domaine. En effet,
loin de se focaliser sur des affaires
ponctuelles auparavant commerciales,
les deux administrations ont dès le
départ investi sur une relation de
confiance de long terme.
Et les succès déjà obtenus sont le
gage de la poursuite réussie de cette
relation pour le futur.
n
30 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
VIÊTNAM 2005
Le Viêtnam
à travers langue et écriture
Raphaël MONTELATICI (97) et LÊ Thái Hoàng (01)
Le Viêtnam reste encore dans les esprits le triste
symbole d’une histoire contemporaine faite
de conflits idéologiques et militaires. Quiconque
a voyagé au Viêtnam sait que cette vision incomplète
cache l’essentiel. Au sein du monde sinisé, le Viêtnam
affiche l’originalité de sa culture, façonnée au cours
d’une histoire plurimillénaire. Celle-ci fut marquée
par des échanges culturels ininterrompus et plus
particulièrement par une relation d’attraction
répulsion avec le grand voisin chinois.
Nous proposons d’aborder la culture vietnamienne
au moyen des deux clés de compréhension
fondamentales que sont la langue et l’écriture.
Minet un jour grimpe à l’aréquier
De l’abscence du rat
Il se met à s’enquérir
Le rat vers le marché s’est éloigné
De la saumure et du sel il lui faut acheter
Pour honorer la mémoire du père de minet
(ca dao – chant populaire)
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 31
UNE PARTICULARITÉ DU VIETNAMIEN :
LE " TÙ’ LÁY "
Il s'agit d'un procédé de formation de mots au moyen de
redoublements syllabiques. Dans certains cas les syllabes sont
` râm
`
reproduites à l'identique : riu riu (à petit feu), râm
(bruyant). Plus souvent elles subissent des déformations :
ngai ngái (très légèrement âcre), ngan ngát (se dit d'un
parfum vaguement pénétrant), chúm chím (pincer légèrement
‘
‘
les lèvres), xôc
xêch
(débraillé).
On observe un jeu sur la mélodie que produit l'enchaînement :
alternance des tons, des voyelles ou des consonnes. Cette
construction convoie des nuances subtiles, qui bien souvent
ne peuvent être traduites qu'à l'aide de périphrases. On
obtient selon les cas un effet d'atténuation (ainsi ngai ngái
et ngan ngát sont les formes atténuées de ngái, légèrement
âcre et de ngát, parfum pénétrant), ou de renforcement
` râm
` est plus fort que râm).
` De plus il existe des doubles
(râm
‘
‘
‘
redoublements, comme xôc xa xôc
xêch
(complètement
débraillé).
32 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
PHOTO TRAN BANG.
Khue Van Cac (Pavillon de la Constellation de Littérature) à Van Mieu
(Temple de Littérature) – Quoc Tu Giam, la première “ université ” au
Viêtnam, fut construit en 1070.
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 33
PHOTO TRAN BANG.
Musée de l’Histoire du Viêtnam (ancienne École française d'ExtrêmeOrient).
34 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
PHOTO TRAN BANG.
Le Viêtnam traditionnel.
L'INFLUENCE DE LA LANGUE FRANÇAISE
(
L'époque coloniale a laissé son empreinte sur le lexique
vietnamien. Les emprunts au français sont présents dans
tous les domaines, citons bít têt‘ (bifteck), xúc xích (saucisse),
vét tông (veston), vi ô lông (violon), ca nông (canon). Au
contraire du chinois, dont la morphologie est proche du
vietnamien, le français a dû subir d'importantes déformations
pour s'intégrer au vietnamien. Certains mots ont été réduits
à une syllabe : ga (gare), kíp (équipe), d'autres ont vu leurs
- ten (dentelle)
consonnes se modifier : ban công (balcon), dang
et d'autres encore ont été pourvu de tons : cà phê (café),
cà rôt‘ (carotte).
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 35
VIÊTNAM 2005
Viêtnam : carnet de route
Jean-Philippe KALFON,
consultant en stratégie et photographe
Jean-Philippe Kalfon, consultant en stratégie, est
passionné de photo et de voyages. Voici un extrait
illustré de son carnet de route en Asie du Sud-Est…
D
ES MONTAGNES DÉCHIQUETÉES posées sur l’eau, des
pitons rocheux émergeant des rizières, le silence
pénétrant des hautes montagnes boisées, les
méandres paresseux des eaux brunes du Mékong… Au
Viêtnam, la nature est apaisante, majestueuse, surréaliste !
conducteurs de ces machines infernales qui défilent dans
une anarchie organisée dont eux seuls connaissent les
règles ? Bordé d’une promenade ombragée, le lac Hoan
Kiem est un havre de calme, un lieu de vie, de balade et
de causerie sur les bancs. Quelques vieillards y pratiquent
une gymnastique relaxante, adossés aux branches d’un
arbre qui surplombe l’eau. Nous y croisons M. Thinh,
ancien professeur d’écologie. En riant très fort, il nous
explique dans un français parfait qu’il aime les femmes,
et nous montre fièrement une photo de lui auprès du
‘
général Giap,
vainqueur de Diên Biên Phu…
Elle est mère nourricière, éternel théâtre d’un temps qui
passe au ralenti au rythme d’un labeur archaïque sous les
‘ la),
‘ le long des labours lentement
chapeaux coniques (non
creusés par un buffle ou sur les barques insolites des marchés flottants du Mékong…
Dans les villes, c’est l’effervescence, le tourbillon anarchique et frénétique ! Comme pour chasser une misère
encore présente… Droit devant, vite ! Le Viêtnam est en
marche…
Il bruine sur le pont supérieur. Le ciel est bas. L’eau est
d’huile et le navire chemine paisiblement dans le silence
pénétrant d’une mer infinie saupoudrée d’étranges montagnes aux formes longilignes et déchiquetées. Nous croisons quelques pêcheurs parmi les pains de sucre émergeant de l’eau. Derrière les montagnes, le soleil levant
baigne d’une lumière orangée les maisons de bois coloré
posées sur des barges flottantes. Quelques lampes s’allument, les enfants jouent, des pêcheurs sillonnent déjà le
village qui s’éveille, blotti quelque part, au creux de la
baie… Dans la brume fine et silencieuse, la baie d’Along
respire, terre et eau surréalistes, cachée derrière le monde…
Hanoi, la ville s’agite, fébrile, tel un dense tourbillon
de motos klaxonnant sans cesse. Pourtant, on ne s’y sent
pas oppressé. C’est peut-être le soleil, la pierre jaunie des
façades coloniales délabrées, les rues étroites aux allures
de province, le calme impassible des commerçants assis
par terre de chaque côté de la rue, ou le visage serein des
36 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
Hanoi, la ville s’agite, fébrile, tel un dense tourbillon de
motos klaxonnant sans cesse...
... et le calme... le lac Hoan Kiem.
Delta du Mékong.
Les yeux encore mi-clos, je pose un pied sur la petite
barque de bois. La jeune Bui démarre le moteur sous l’œil
attentif de son grand frère resté sur la berge. Nous nous
faufilons lentement entre les canaux étroits bordés d’une
dense forêt de cocotiers. Le soleil se lève sur les eaux
brunes du Mékong. Sur la rive, les habitants des petites
maisons de bois font leur toilette matinale. En quittant
les canaux, nous retrouvons un large bras du fleuve où
quatre rangées d’imposantes barques de bois brun à deux
étages sont alignées sur quelques centaines de mètres. Sur
chacune, une longue perche indique, par un échantillon
accroché, la variété de fruits ou légumes que l’on y trouve.
Un marché du delta du Mékong.
Nous sommes arrivés au marché flottant de Cai Rang, le
plus important du delta du Mékong. Autour, de petits
bateaux en bois, à rames ou à moteur, accostent ou repartent. Chargements, discussions, échanges, c’est l’abondance ! Sur les berges, le marché s’agite dans les ruelles
étroites. Derrière les canaux, les pêcheurs jettent leurs
filets entre les barques des vendeurs et trient les quelques
poissons attrapés parmi les nombreux détritus pris dans
les mailles… Le Mékong est calme. Il respire la vie dans
ses eaux boueuses. Une vie qui grouille, au ralenti ! n
Les femmes dans un marché.
Un portrait.
Et la fameuse baie d’Along...
PHOTOS DE JEAN-PHILIPPE KALFON
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 37
VIÊTNAM 2005
Parcours d’un polytechnicien
vietnamien
VU Ngoc Anh (01) et DO Mai Phuong (99)
À l’X, en 2005, un nouveau binet a été créé : le binet X-Viet.
Ce binet a le soutien total de tous les polytechniciens venus du Viêtnam
par la voie EV2 (élèves voie deux, qui ont suivi la filière universitaire)
et les amis français et internationaux qui sont intéressés par
la culture vietnamienne.
Les premiers élèves vietnamiens sont venus à l’X en 1996 pour rejoindre
la promotion 1995 en tant qu’EV2.
À partir de cette année, le nombre d’élèves vietnamiens par promotion
ne cesse d’augmenter : 2 pour la promo 96, 4 pour la promo 97 et 98,
jusqu’à 15 pour la promo 2001, d’où une moyenne de 10 personnes
par promotion.
Qui sont ces élèves ?
Élèves des programmes honorés
des plus grandes universités du Viêtnam
(Université nationale des sciences
naturelles de Hanoi et de Hô Chi
Minh-Ville, École polytechnique de
Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville), ils
sont tous sélectionnés par dossier et
puis par des épreuves orales qui ont
lieu à l’ambassade de France à Hanoi.
La plupart de ces élèves détiennent
une ou plusieurs médailles des concours
internationaux de mathématiques ou
de physique. Ils constituent la majorité des élèves d’élite du pays. Après
leur scolarité au Viêtnam, ils réussissent souvent à trouver des bourses à
l’étranger comme en France, au Japon,
aux États-Unis, en Australie, etc., pour
continuer leurs études supérieures
dans les domaines techniques, scientifiques, ainsi que pour enrichir leurs
connaissances culturelles.
Pourquoi la France
et l’École polytechnique ?
Au moment du concours d’entrée
à l’X, la majorité de ces élèves ont
passé les épreuves orales en anglais.
Malgré le challenge linguistique, il n’y
a pas de doute, ils vont à l’X pour
poursuivre leurs études car c’est un
des meilleurs établissements pour les
études supérieures dans des domaines
très variés. C’est vrai, l’École a tout
fait pour ses élèves et en particulier
pour les élèves étrangers : une scolarité variée, des professeurs sympathiques et disponibles, des facilités
pour toutes les activités sportives et culturelles. Le plus important est un environnement très sérieux de formation
et d’échange pour les élèves.
À l’École polytechnique, les binets
sont parmi les activités hors scolaires
les plus extraordinaires. Les élèves
38 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
vietnamiens participent aux divers
binets, du binet X-Entreprises au binet
Photo, du binet Robot au binet
International, etc. De la participation
individuelle dans des activités de l’École, l’envie de partager, de faire
connaître sa culture natale a poussé les
X vietnamiens à créer des activités
eux-mêmes. Les élèves de la promo 99
se souviennent sans doute de la journée vietnamienne à l’X, qui leur a permis d’assister à des spectacles d’arts martiaux et de danses traditionnelles. À
partir de la promo 2000, le nouvel
an asiatique, ou le Têt en vietnamien,
est fêté à l’X chaque année avec comme
organisateurs les élèves asiatiques de
la promo. L’idée de la création d’un
binet X-Viet avait son origine depuis
les premières promos de X-Viet (97).
Et la vie après l’X ?
En sortant de l’École, les élèves
vietnamiens ont autant de choix pour
leur quatrième année que leurs amis
français, sauf pour les corps d’État.
Bien que la plupart des élèves vietnamiens des promos précédentes (de
95 à 99) aient choisi la recherche
comme formation après l’X, la tendance a beaucoup changé au cours
des trois dernières années. La promotion 2000 a vu six élèves parmi
seize choisir une école d’application
après l’X. Cette tendance est même
plus forte pour les deux dernières
© JEAN-LUC DENIEL - ÉCOLE POLYTECHNIQUE
de la finance d’entreprises à la science
économique et bien sûr dans des
domaines des recherches scientifiques,
surtout en mathématique et physique.
Bien comprendre leur culture asiatique, avoir une bonne connaissance
de la culture occidentale sont deux
caractères “de facto”, sans préjudice des
solides connaissances techniques qu’ils
possèdent. Ouverts à des nouveaux
mondes, prêts à prendre en main des
discussions avec leurs partenaires, ces
anciens élèves de l’École joueront un
rôle important dans le développement
du Viêtnam.
Défilé le 14 juillet 2002.
On ne peut dire que peu de choses
sur la vie professionnelle des anciens
élèves vietnamiens car il n’y en a guère
parmi eux qui sont totalement entrés
sur le marché du travail. La plupart sont
en train de terminer soit leur thèse,
soit leur dernière année de l’école d’ingénieurs. Pourtant, la procédure d’évolution de ces élèves relève de plusieurs points importants. Étant sur le
campus de Palaiseau pendant deux
ans, ils ont obtenu des bases solides
pour les connaissances scientifiques
et la culture française. Le fait d’avoir
une double culture franco-vietnamienne est un atout pour bien s’intègrer dans la vie après l’X. Ils trouvent sans difficulté des stages de fin
d’études ou des postes dans les grands
groupes français. Poussés par l’ambition, certains d’entre eux vont même
faire des stages ou travailler dans des
entreprises à l’étranger comme aux
États-Unis, au Japon et en Angleterre.
Certains autres continuent des thèses
aux États-Unis et en Angleterre après
avoir fait une école d’ingénieurs française. Tout cela a pour but de leur
donner des complémentarités à ce
qu’ils ont appris en France.
S’il y a environ une dizaine d’élèves
vietnamiens pour chaque promotion,
dans trois ans il y aura près de 150 polytechniciens vietnamiens. Ils travailleront
dans tous les domaines, de la télécommunication à l’aérospatiale, de
l’industrie automobile à celle du pétrole,
© ÉCOLE POLYTECHNIQUE
promotions. De la promotion 2002,
qui vient de sortir de l’X, pour la première fois, le nombre des élèves vietnamiens qui suivent une formation
d’ingénieur est supérieur à ceux qui
font de la recherche (9 par rapport à
4). Le choix des écoles varie largement, de Télécom Paris, ENSAE, École
des mines de Paris, École des ponts et
chaussées, Supaéro à Toulouse, ENSTA
et également l’École du pétrole et des
moteurs. Comme les élèves français,
certains X vietnamiens partent à l’étranger pour effectuer leur quatrième
année : Harvard, Princeton aux ÉtatsUnis, Cambridge en Angleterre…
Ainsi la devise de l’École : “ Pour
la Patrie, les Sciences et la Gloire ”,
initialement française, guidera désormais les polytechniciens vietnamiens
dans leur chemin de vie.
n
Les polytechniciennes (dont quelques-unes sont vietnamiennes) dans le costume “ Ao Dai ”
à l’occasion de Têt, le nouvel an asiatique, en 2004.
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 39
RETRAITES
Les retraites des professions
non salariées
Henri CHAFIOTTE (68),
directeur de la Caisse autonome de retraite des médecins de France
L
ORS DE LA CRÉATION de la Sécurité
sociale après la fin de la Seconde
guerre mondiale, il avait été
envisagé un régime unique de retraite
pour l’ensemble des Français. Le
régime général, créé par les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945,
avait vocation à regrouper l’ensemble
des régimes, mais une première exception concernait les régimes spéciaux
(fonctionnaires, agents des collectivités territoriales, Mines, EDF-GDF…)
maintenus “provisoirement” et pérennisés en 1946.
Pour les non-salariés, qui étaient
auparavant dépourvus de toute assurance vieillesse obligatoire, le principe de généralisation et d’unité avait
été inscrit dans la loi du 22 mai 1946,
mais les particularismes professionnels étaient tels que des régimes autonomes furent instaurés par la loi du
17 janvier 1948 pour respectivement
les exploitants agricoles, les artisans,
les industriels et commerçants, et les
professions libérales groupées en
14 sections professionnelles, les avocats conservant un régime spécifique
(loi du 12 janvier 1948).
Malgré leurs différences, tous ces
régimes étaient fondés sur un principe commun, la répartition, avec
pour corollaire le caractère obligatoire des cotisations. Dans ce système,
les retraites payées chaque année sont
financées par les cotisations perçues
au cours de la même année, à l’inverse de la capitalisation où les retraites
sont financées par les cotisations et
les revenus financiers accumulés par
les cotisants au cours de leur vie active.
Par la suite ont été créés progressivement des régimes complémentaires : AGIRC (1947) pour les cadres
et ARRCO (de 1962 à 1972) pour les
salariés non-cadres, dès 1948 pour
certaines professions libérales, mais
très récemment (2004) pour les commerçants et industriels.
Les Pouvoirs publics ont toujours
eu pour objectif de rapprocher les
régimes de base des non-salariés du
régime général des salariés.
C’est ainsi que les régimes des artisans, commerçants et industriels ont
été “ alignés ” sur le régime général
en 1973.
Mais il a fallu attendre la loi “Fillon”
du 22 août 2003 portant réforme des
retraites, pour que les conditions de
départ à la retraite soient véritablement harmonisées entre le régime
général, les régimes spéciaux et les
régimes des non-salariés.
Cette loi a également créé des
régimes complémentaires obligatoires
pour les professions qui n’en avaient
pas encore (commerçants et industriels).
On examinera donc après un bref
rappel de l’organisation des régimes
des professions non salariées les
régimes de base qui présentent maintenant de grandes similitudes et les
régimes complémentaires qui restent
spécifiques.
L’organisation des régimes
de retraite des non-salariés
Depuis leur création, les régimes
de retraite des professions indépendantes sont organisés de manière autonome. Toutefois, la loi du 9 décembre
2004 prévoit la création d’un régime
social unique des indépendants, dont
les contours restent à définir.
L’organisation actuelle
Les organismes de retraite des indépendants (voir encadré) sont administrés par des professionnels élus
pour six ans par leurs pairs, contrairement aux organismes de régime
général qui sont composés à parité
de représentants des organisations
patronales et syndicales. Bien que
gérant un service public, ils ont un
statut de droit privé.
La retraite des exploitants agricoles est gérée, comme leur assurance
maladie, par la Mutualité sociale agricole (MSA) qui gère également la protection sociale des salariés agricoles.
De statut mutualiste, elle comprend
une caisse centrale et des caisses
locales (cinquante-huit en 2005).
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 41
La retraite des commerçants et
industriels est gérée par le réseau
ORGANIC (Organisation autonome
nationale de l’industrie et du commerce) constituée d’une caisse nationale, de vingt-sept caisses régionales
interprofessionnelles et de trois
caisses professionnelles.
La retraite des artisans est gérée
par le réseau AVA (Assurance
vieillesse des artisans) et comprend
une caisse nationale, la CANCAVA,
trente caisses régionales interprofessionnelles et deux caisses centrales
professionnelles.
Les caisses nationales déterminent
la politique générale, ventilent les ressources et coordonnent l’action des
caisses de base, qui sont chargées des
rapports avec les affiliés, du recouvrement des cotisations et du paiement des prestations.
La retraite des professions libérales est gérée par l’Organisation autonome des professions libérales qui comprend une caisse nationale, la CNAVPL,
et onze caisses professionnelles.
La caisse nationale coordonne la
gestion du régime de base, mais les
sections professionnelles gèrent les
régimes complémentaires de façon
autonome.
Par ailleurs, la retraite des avocats est gérée par une caisse séparée,
la Caisse nationale des barreaux français (CNBF).
Enfin, la retraite des religieux
est gérée par la CAVIMAC, Caisse
d’assurance vieillesse, invalidité et
maladie des cultes.
Pour l’ensemble de ces caisses, la
liberté de gestion est toute relative
puisque les caractéristiques des régimes
sont fixées par les pouvoirs publics
(lois et décrets), qui exercent par
ailleurs un pouvoir de tutelle (approbation des budgets, contrôle des décisions, contrôle de la gestion).
Le Régime social
des indépendants (RSI)
Dans le cadre des mesures de simplification du droit mises en œuvre
par les Pouvoirs publics, la loi du
9 décembre 2004 a prévu la création
par ordonnance d’un Régime social
des indépendants, qui exercera les
Les caisses de retraite des non-salariés
MSA (Mutualité sociale agricole) – www.msa.fr
ORGANIC (Organisation autonome nationale de l’industrie et du commerce) –
www.organic.fr
CANCAVA (Caisse autonome nationale de compensation de l’assurance vieillesse
des artisans) – www.cancava.fr
CNAVPL (Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales) – www.cnavpl.fr
CRN (Caisse de retraite des notaires) – www.crn.fr
CAVOM (Caisse d’assurance vieillesse des officiers ministériels, officiers publics et
des compagnies judiciaires) – www.cavom.fr
CARMF (Caisse autonome de retraite des médecins de France) – www.carmf.fr
CARCD (Caisse autonome de retraite des chirurgiens-dentistes) – www.carcd.tm.fr
CAVP (Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens) – www.cavp.fr
CARSAF (Caisse autonome de retraite des sages-femmes françaises) – www.carsaf.fr
CARPIMKO (Caisse autonome de retraite et de prévoyance des infirmiers, masseurskinésithérapeutes, pédicures-podologues, orthophonistes et orthoptistes) –
www.carpimko.fr
CARPV (Caisse autonome de retraite et de prévoyance des vétérinaires) –
www.carpv.veterinaire.fr
CAVAMAC (Caisse d’allocation vieillesse des agents généraux et des mandataires
non salariés de l’assurance et de la capitalisation) – www.cavamac.fr
CAVEC (Caisse d’assurance vieillesse des experts-comptables et des commissaires
aux comptes) – www.cavec.fr
CIPAV (Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance vieillesse) – www.cipavberri.org
CNBF (Caisse nationale des barreaux français) – www.cnbf.fr
CAVIMAC (Caisse d’assurance vieillesse, invalidité et maladie des cultes) – www.cavimac.fr
missions d’un interlocuteur social
unique et regroupera la gestion de
l’ensemble des prestations sociales
assurées par les différentes caisses
non agricoles (à l’exception de l’assurance vieillesse des professions
libérales).
Les élections des futurs Conseils
d’administration sont prévues en 2006,
mais dans la pratique, la fusion des
organismes devrait demander plus de
temps.
Portant sur l’organisation, ces dispositions ne modifieront pas les caractéristiques des régimes, de base et
complémentaires, résultant de la loi
Fillon.
Des régimes de base en voie
d’harmonisation
Si des disparités subsistent entre les
cotisations et les montants de retraites,
les conditions d’ouverture des droits
sont désormais les mêmes pour tous
les régimes.
42 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
Les cotisations
Les cotisations des régimes des
commerçants, industriels et artisans,
sont alignées sur celles du régime
général, soit 16,45 % du revenu dans
la limite du plafond annuel de la
Sécurité sociale (30192€ en 2005). Elles
sont calculées à titre prévisionnel sur
le revenu professionnel non salarié
de l’année n–2, et font l’objet d’une régularisation dès que le revenu de l’année
considérée est connu.
Pour les professions libérales, l’assiette et le taux des cotisations ont été
modifiés pour toutes les professions
à partir du 1er janvier 2004. Deux
taux de cotisations s’appliquent à deux
tranches de revenus :
• 8,6 % sur les revenus inférieurs à
85 % du plafond de la Sécurité
sociale (soit 25 663 € en 2005),
• 1,6 % sur les revenus supérieurs à
85 % du plafond de la Sécurité
sociale et inférieurs à 5 fois ce plafond (150 960 €).
Pour les avocats, la cotisation comprend une part forfaitaire, fonction de
l’ancienneté (1380€ maximum) et une
part proportionnelle de 2 % du revenu
(plafonné à 229 320 € en 2005).
Enfin, les exploitants agricoles ont
une double cotisation :
• Assurance vieillesse agricole
(AVA) : 10,97 % sur les revenus inférieurs au plafond de la Sécurité
sociale ; 1,64 % pour les revenus audessus du plafond.
• Assurance vieillesse individuelle
(AVI) : 3, 2 % sur les revenus inférieurs au plafond de la Sécurité
sociale.
Les travailleurs indépendants ont
de plus la possibilité de cotiser volontairement sur une assiette minorée
pour leur conjoint collaborateur.
Toutefois, une loi récente du 2 août
2005 a apporté des modifications
devant être précisées par décret.
Les retraites
Si les modalités de calcul restent
différentes, la loi Fillon du 21 août
2003 a aligné les conditions d’âge et
de départ à la retraite de tous les
régimes non salariés sur celles du
régime général. Les principes en sont
les suivants :
Pour bénéficier à partir de 60 ans
du taux maximum de retraite (taux
plein), le professionnel doit justifier
d’une durée d’activité, tous régimes
confondus, de 154 trimestres en 2005,
durée qui sera progressivement portée à 160 trimestres en 2008 et 164 trimestres en 2012 (pour les professions
libérales, cette durée est de 160 trimestres dès 2004).
Si le nombre de trimestres minimum n’est pas atteint, une décote
proportionnelle au nombre de trimestres manquants (ou, s’il est inférieur, au nombre de trimestres séparant l’âge de départ de 65 ans) est
appliquée, à hauteur de 1,25 % par
trimestre manquant. Les trimestres
manquants peuvent être rachetés (12
au maximum).
En revanche, si le nombre de trimestres au moment de la liquidation
est supérieur au minimum requis,
une surcote de 0,75 % par trimestre
supplémentaire est appliquée.
Enfin, les indépendants ayant commencé à travailler à partir de 14 ans
peuvent, sous certaines conditions,
bénéficier d’une retraite à taux plein
à partir de 56 ans.
Le montant de la retraite diffère
toutefois selon les régimes. Pour
l’ORGANIC et la CANCAVA, alignés
sur le régime général, le montant de
la retraite à taux plein est de 50 % du
revenu professionnel moyen limité
au plafond de la Sécurité sociale (soit
un montant maximum de retraite de
15 096 € par an en 2005).
La retraite à taux plein des exploitants agricoles comprend une part
forfaitaire, fonction du nombre d’années d’activité, et une part proportionnelle par points. Son montant
maximum annuel est égal à celui du
régime général (15 096 €).
La retraite à taux plein des professions libérales correspond au nombre
de points acquis sur les deux tranches
de cotisation. La retraite maximale,
actuellement d’environ 8000€ par an,
est inférieure de moitié à celle du
régime général et des régimes alignés.
Toutes les retraites des non-salariés sont réversibles sur la tête du
conjoint survivant. La loi Fillon a harmonisé le taux de réversion (54 %) et
supprimé progressivement les conditions d’âge, mais la pension de réversion est versée sous conditions de ressources (inférieures à 15 828 € par an
pour une personne seule, 25 326 €
pour un couple).
Si les conditions d’accès à la retraite
se rapprochent, les différents régimes
n’en connaissent pas moins des disparités techniques ayant des conséquences financières importantes.
Des disparités
démographiques nécessitant
des mécanismes
de compensation financière
La situation démographique des
régimes des non-salariés apparaît très
contrastée. L’équilibre financier d’un
régime dépend en effet du rapport
entre le nombre de cotisants et le
nombre de retraités. À cet égard, si
la situation des professions libérales
est satisfaisante, celle des artisans,
commerçants et industriels est beaucoup moins favorable, et celle des
agriculteurs pire encore.
Il est évident qu’avec un cotisant
pour trois retraités, les seules cotisations des exploitants agricoles ne suffisent pas à équilibrer le régime. Il en
est de même pour les commerçants,
industriels et artisans.
Des financements extérieurs contribuent donc à l’équilibre de ces régimes :
• jusqu’en 2003, l’État versait une
subvention au régime agricole,
• une Contribution sociale de solidarité à la charge des sociétés (CSSS)
a été instituée pour compenser la
perte de cotisants liée au passage du
statut d’indépendant à celui de salarié. Cette contribution (0,13 % du
chiffre d’affaires) est recouvrée par
l’ORGANIC,
• pour corriger l’effet des disparités
démographiques, des mesures de compensation financière ont été instituées
et généralisées en 1974. Ces mécanismes jouent entre régimes de salariés (régime général et régimes spéciaux) mais également entre régimes
de salariés et de non-salariés. C’est la
compensation généralisée vieillesse.
Effectifs 2004 (Régime de base)
Cotisants
Retraités*
Rapport
démographique
cotisants/retraités
MSA
641 512
1 918 080
0,33
ORGANIC
708 505
964 231
0,73
CANCAVA
546 826
764 304
0,72
Professions libérales
511 261
180 110
2,84
2 408 104
3 826 725
0,63
ENSEMBLE
* Droits propres et droits dérivés.
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 43
Principe
de la compensation
On suppose un régime unique fictif
regroupant l’ensemble des affiliés
des régimes et dans lequel tous les
retraités perçoivent la même
prestation, appelée “ prestation de
référence ”.
On calcule une cotisation par tête
équilibrant le régime dite “cotisation
de référence ”.
Dans ce cadre fictif, chaque caisse
prélève la cotisation de référence à
ses cotisants, verse la prestation de
référence à ses bénéficiaires et dégage
un solde, positif ou négatif selon sa
situation démographique.
Les soldes positifs sont versés à une
caisse de compensation (en
l’occurrence l’État) qui redistribue
l’argent aux caisses présentant des
soldes négatifs.
Au total, les soldes positifs et négatifs
s’annulent puisque le régime unique
fictif est équilibré.
Si le principe de la compensation
est simple (voir encadré), dans la pratique, les calculs sont complexes et
les paramètres difficiles à fixer vu la
disparité des régimes.
Néanmoins, les régimes des agriculteurs, artisans, commerçants et
industriels sont les grands bénéficiaires,
les professions libérales contribuant
pour leur part, de façon importante.
Des régimes complémentaires
spécifiques
Contrairement aux régimes de
base, les régimes complémentaires
ont des anciennetés et des caractéristiques très différentes chez les nonsalariés.
Les caisses des professions libérales se sont dotées de régimes complémentaires à partir de la fin des années
quarante jusqu’aux années quatrevingt. Celui des artisans a été créé en
1979, mais il a fallu attendre 2003 et
2004 pour les agriculteurs et les commerçants et industriels. Ces derniers
bénéficiaient auparavant d’un régime
facultatif en capitalisation, transféré
à la Mutualité.
Désormais, tous les non-salariés
bénéficient d’un régime complémentaire obligatoire. Ces régimes sont
tous des régimes par points, les caractéristiques variant en fonction des
professions.
Les cotisations sont en général proportionnelles aux revenus, dans la
limite d’un plafond. Les taux sont
variables : 2,97 % pour les agriculteurs, 6,5 % pour les commerçants et
industriels, 7 % pour les artisans.
Les modes de calcul sont très
variables chez les professions libérales (classes de cotisations, cotisation mixte forfaitaire et proportionnelle, cotisation proportionnelle).
L’âge de la retraite est à 60 ans
pour les agriculteurs, commerçants
et industriels, et artisans, mais 65 ans
pour les professions libérales, compte
44 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
tenu des carrières en général plus
courtes du fait de la longueur des
études.
Les professions libérales médicales
et paramédicales bénéficient d’un
second régime complémentaire,
l’Avantage social vieillesse (ASV) organisé par profession : médecins, chirurgiens-dentistes, infirmiers et masseurs-kinésithérapeutes, sages-femmes.
Ces régimes ont la particularité
d’être financés partiellement par les
caisses d’assurance maladie en contrepartie de contraintes conventionnelles
imposées aux professionnels de santé
(limitation d’honoraires par exemple).
Enfin, les professions libérales ont
créé en 1994, dans le cadre de la loi
Madelin, deux régimes facultatifs en
capitalisation : FONLIB, géré par la
CNAVPL pour l’ensemble des libéraux et CAPIMED, géré par la CARMF
pour les médecins.
Perspectives des régimes
Ce tour d’horizon des régimes de
retraite des non-salariés serait incomplet sans quelques éléments de prospective.
Après l’euphorie du “ baby-boom ”
et des années de croissance des années
soixante, et malgré les deux crises
pétrolières et la montée du chômage
des années 70-80, le problème des
retraites n’a vraiment été soulevé qu’à
partir du Livre blanc sur les retraites
publié en 1991. En 1995, un groupe
de travail du Commissariat général
au Plan, présidé par Raoul Briet, conduit
à un nouveau rapport : “ Perspectives
à long terme des retraites ”.
En 1999, un nouveau rapport de
Jean-Michel Charpin, commissaire au
Plan, sur L’avenir de nos retraites est
publié. Il faudra attendre 2003 pour
que la réforme des retraites voie le
jour avec la loi du 21 août.
Plus de dix ans ont été nécessaires
pour aboutir à une réforme qui a,
certes, le mérite d’introduire une plus
grande équité entre les différents
régimes de retraite, et de reculer sans
le dire, l’âge de départ en retraite,
mais qui sera sans doute insuffisante
à long terme. Toutes les projections
(et en particulier le dernier rapport
du Conseil d’orientation des retraites
du 3 juin 2004) montrent une dégradation du rapport cotisants-retraités,
due au passage à la retraite des “babyboomers ” et à l’augmentation de l’espérance de vie des retraités, entraînant des déséquilibres financiers
considérables.
Dans ce cadre, les régimes des
non-salariés connaîtront des évolutions contrastées : le rapport démographique des agriculteurs, tout en restant très bas, arrêtera de se dégrader
tout comme celui des commerçants
et industriels. On verra la situation du
régime des artisans se détériorer fortement, comme celle des professions
libérales qui conserveront toutefois le
meilleur rapport démographique des
non-salariés.
Les mécanismes de compensation
pourront-ils continuer à jouer leur
rôle dès lors que la situation des
grands régimes contributeurs (notamment le régime général) va elle aussi
se dégrader ?
En fait, c’est l’ensemble du système de retraite français, y compris
les régimes complémentaires, qui est
concerné.
Face à cette situation, quelles solutions envisager ?
Le système par répartition ne peut
pas faire faillite mais devra subir des
ajustements importants :
• la hausse des cotisations sera évidemment nécessaire, mais elle ne
pourra excéder un certain seuil,
• la baisse du niveau moyen des
retraites est enclenchée avec la loi
Fillon et se poursuivra inexorablement,
• l’augmentation de l’âge de la
retraite apparaît être le seul paramètre vraiment efficace d’un rééquilibrage. La retraite à 60 ans instituée
en 1982 portait les germes d’un déséquilibre à long terme. La France est
d’ailleurs un des seuls pays d’Europe
et du Monde à conserver l’affichage
de l’âge de départ à 60 ans. Toutes
les réformes en cours à l’étranger
visent à porter cet âge à 65 ans, voire
67 ou 70 ans, ce qui est d’ailleurs
logique compte tenu de l’entrée plus
tardive dans la vie active et de l’augmentation de l’espérance de vie,
• le recours partiel à la capitalisation
collective ou individuelle déjà engagé
devra être poursuivi. La création du
Fonds de réserve pour les retraites
(FRR) s’inscrit dans cet objectif de
même que les Plans d’épargne retraite
populaire (PERP) créés par la loi
Fillon.
Dans cette perspective, les régimes
des non-salariés pourront-ils conserver leurs spécificités ? Ils présentent
l’avantage de mieux associer leurs affiliés à la gestion par le biais de Conseils
d’administration composés de professionnels élus par leurs pairs et donc
proches de leurs préoccupations, et
constituent en matière de retraite un
interlocuteur unique des professionnels, alors que les salariés du régime
général dépendent de plusieurs caisses
(CNAMTS, AGIRC, ARRCO).
En outre, la diversité des régimes
complémentaires des non-salariés
appelle des gestions particulières
incompatibles avec une intégration
dans les régimes de salariés. L’exemple
des pays étrangers montre d’ailleurs
que la gestion des régimes complémentaires dits du “ deuxième pilier ”
est largement organisée par profession.
En matière de retraite, avec le développement des moyens modernes d’information et de communication, les
questions d’organisation deviennent
secondaires par rapport à la gestion à
long terme des régimes.
À cet égard, confier cette responsabilité à ceux qui sont concernés est
le meilleur moyen de faire prendre et
accepter les décisions nécessaires. n
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 45
RETRAITES
Les régimes
de retraite complémentaire
du secteur privé
Bruno PASQUIER (68),
directeur général de PARUNION
Historique
Les régimes de retraite complémentaire du secteur privé ont été
créés par conventions ou accords des
partenaires sociaux, c’est-à-dire des
organisations patronales et confédérations syndicales. Ils ont pour objet
de compléter l’assurance vieillesse
du régime général de la Sécurité
sociale. Ils sont fondés sur le principe de la répartition et, sauf exceptions historiques, fonctionnent en
“ points ” ce qui correspond à une
acquisition de droits selon un principe contributif.
Le premier accord fondateur de
ces régimes est celui de la Convention
nationale du 14 mars 1947 qui a mis
en place le régime de l’AGIRC
(Association générale des institutions
de retraite des cadres). Dès cette origine, l’objet du régime AGIRC est
d’assurer aux cadres des droits à
retraite par des cotisations assises sur
la part de salaire excédant le plafond
de la Sécurité sociale, le régime général étant lui-même assis sur le seul
salaire plafonné.
La convention de 1947 a incidemment permis de définir parmi
les salariés la catégorie des cadres. Il
est à noter que c’est l’emploi exercé,
et non le fait de bénéficier d’un salaire
dépassant le plafond, qui justifie
l’appartenance à cette catégorie, les
règles en ayant été précisées par des
accords propres aux différentes
branches professionnelles.
Dans la période qui a suivi, d’autres
accords, au sein de branches professionnelles ou à vocation interprofessionnelle, ont mis en place des
régimes particulièrement destinés
aux autres salariés (fréquemment
désignés par l’expression peu heureuse de “ non-cadres ”). Les cotisations à ces régimes portaient sur l’ensemble du salaire, le taux de cotisation
étant souvent majoré pour la part
éventuelle dépassant le plafond.
En 1961, un accord interprofessionnel a fédéré l’ensemble de ces
quelque 50 régimes “ non-cadres ” au
sein de l’ARRCO (Association des
régimes de retraites complémentaires), organisme dont la mission
initiale comportait trois volets : coordonner les régimes membres, organiser entre eux une compensation
financière à base démographique et
assurer la pérennité de l’ensemble.
Dans la décennie 1970, diverses
dispositions législatives ou conventionnelles ont généralisé l’obligation
d’adhésion des entreprises à ces
régimes, les cadres étant désormais affiliés, en plus de l’AGIRC, à un régime
ARRCO pour leur part de salaire inférieure au plafond.
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 47
Les partenaires sociaux nationaux,
CNPF devenu MEDEF, CGPME et
UPA, représentant les employeurs, et
les cinq syndicats de salariés représentatifs au plan national interprofessionnel, CFDT, CFE-CGC, CFTC,
CGT et CGT-FO, ont dû ensuite
prendre régulièrement les mesures
destinées à adapter les règles et paramètres de fonctionnement des régimes
aux évolutions de toute nature auxquelles ils devaient faire face : croissance du taux de chômage, retraite à
60 ans, évolution des ratios démographiques, etc.
Les accords successifs qu’ils ont
ainsi signés régulièrement ont également organisé une évolution du système d’ensemble vers une plus grande
homogénéité. C’est ainsi que les taux
de cotisation ont été, autant que possible, unifiés et que, à partir de 1999,
les régimes de l’ARRCO ont été fondus au sein d’un régime unique. Il
n’existe donc plus aujourd’hui que
deux régimes complémentaires, l’AGIRC
et l’ARRCO, dont les partenaires sociaux
s’attachent à simplifier et à rapprocher les règles de fonctionnement.
Les négociations sur les deux
régimes sont désormais systématiquement conjointes et les deux fédérations qui en assurent les fonctionnements respectifs, regroupées en un
GIE, sont, depuis peu, dirigées par le
même directeur général.
Mode de gouvernance
Le mode de gouvernance qui s’applique à l’ensemble des personnes
morales mettant en œuvre les retraites
complémentaires est celui du paritarisme qui se caractérise par des instances
dirigeantes réunissant en nombre égal
des représentants des employeurs (les
adhérents) et des représentants des
cotisants et des allocataires (les participants). Il en est ainsi des Conseils
d’administration des fédérations et
des commissions paritaires de leurs
deux régimes.
La gestion administrative des opérations des régimes de retraite complémentaire est réalisée par des institutions, personnes morales relevant du
code de la Sécurité sociale, disposant
de Conseils d’administration et
d’Assemblées générales eux-mêmes
paritaires. Diverses variantes de statuts déterminent les modalités d’accession à ces instances : élections par
l’ensemble des participants pour le
collège qui les représente ou désignation directe par les confédérations
syndicales.
Le collège des adhérents est, plus
généralement, composé par désignation du MEDEF conjointement avec
la CGPME et l’UPA.
Administrateurs et délégués aux
Assemblées générales exercent leurs
mandats bénévolement, seuls les frais
encourus leur étant remboursés.
Les Conseils d’administration élisent en leur sein le président et le
vice-président issus de collèges différents, avec principe d’alternance à
chaque renouvellement. Ils nomment
un directeur général, salarié, à qui ils
délèguent les pouvoirs nécessaires au
fonctionnement courant. Ils se réunissent trimestriellement pour définir
les orientations et vérifier leur mise
en œuvre par les services.
Chaque année, l’Assemblée générale ordinaire est appelée à se prononcer sur le rapport moral du Conseil
et à ratifier les comptes de l’exercice
préalablement audités par un commissaire aux comptes.
Le caractère social et sans but lucratif des institutions se traduit en particulier par l’existence d’un Fonds
social, alimenté par une fraction des
cotisations et des produits financiers,
donnant consistance à une action
sociale pilotée, dans le cadre des orientations générales du régime, par la
Commission sociale du Conseil d’administration.
Les groupes
de protection sociale
Depuis une dizaine d’années de
façon systématique, les institutions
se sont réunies par groupes de protection sociale.
Les groupes de protection sociale
sont, eux aussi, gouvernés paritairement. Outre les institutions de retraite
complémentaire AGIRC et ARRCO,
ils comportent d’autres organismes
comme des institutions de prévoyance,
des mutuelles ou des organismes spé-
48 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
cialisés en épargne salariale. Au sein
d’un groupe, les institutions de retraite
du même régime doivent fusionner
en application d’une décision des partenaires sociaux.
Les partenaires sociaux en avaient
fixé le nombre à 25, de façon indicative,
à l’occasion d’un accord signé en
2001. Cependant une tendance à la
concentration en poursuit la diminution et la situation pourrait se stabiliser à une quinzaine.
La tendance à la concentration
résulte d’une recherche de productivité, rendue nécessaire dans une
période récente par une baisse continue des dotations de gestion. Depuis
peu, elle est stimulée par la montée
en charge significative des actes de
gestion liés à l’arrivée à la retraite des
générations du “ baby-boom ” ainsi
que par les exigences accrues en
matière d’information des salariés
sur la constitution de leurs droits
futurs.
Les autres activités qui relèvent
souvent du domaine de la libre concurrence ne sont pas étrangères aux considérations de productivité, et leur développement implique un comportement
concurrentiel comparable à celui d’une
compagnie d’assurances.
Les principaux moyens dont les
groupes ont besoin pour remplir leurs
missions de gestion administrative
sont d’une part le personnel, poste
budgétaire qui dépasse couramment
60 % des dépenses, et d’autre part
les systèmes d’information.
Une concentration spécifique s’applique à ce second facteur de production. Justifiée pour des raisons
d’économie et d’efficacité, elle est
encouragée et d’une certaine façon
organisée par le GIE des fédérations
qui a mis sur pied un plan de convergence informatique dont l’objectif, à
moyen terme, est un applicatif unifié de gestion de toutes les opérations administratives des institutions
AGIRC et ARRCO.
Les groupes ont ainsi mutualisé
leurs moyens en personnel informaticien, en matériel et en logiciel.
Les mouvements en cours vont
réduire à moins de 10 le nombre des
plates-formes informatiques partagées par les groupes.
Les principes de la répartition
Les principes de la répartition dont
nous avons vu qu’ils étaient à la base
du fonctionnement des régimes complémentaires méritent quelques précisions car certaines de leurs particularités sont parfois méconnues.
La grande différence de ce système
avec celui de la capitalisation tient à
son absence de règle générale de provisionnement des engagements par
des actifs financiers. Ce mode de fonctionnement ne signifie cependant pas
l’absence de toute réserve, ni évidemment l’absence de prévision à
court, moyen et long terme.
Les Anglo-Saxons disent “Pay as you
go ” de façon quelque peu péjorative
mais un régime de retraite par répartition n’est pas dépourvu d’instruments de pilotage.
En effet, les recettes d’un exercice
ne sont pas redistribuées instantanément entre les prestataires du moment,
ce qui conduirait à des valeurs de
points chaotiques et sans garantie de
continuité. Au contraire, sur la base
d’hypothèses économiques et démographiques, les régimes conduisent
en permanence des études d’équilibre
pluriannuel.
Les régimes complémentaires, qui
fonctionnent en points, fixent chaque
année leur prix d’acquisition par cotisation ainsi que leur valeur de service
après liquidation.
D’autres leviers ont été mis en place
pour assurer les équilibres : ainsi les
cotisations font l’objet d’un “taux d’appel ”. Inférieur à 100 % à une époque
bénie des premières années de l’AGIRC,
il est aujourd’hui fixé à 125 %, le supplément de 25 % n’étant pas générateur de droits.
L’âge de la retraite est évidemment
un paramètre important pour l’équilibre d’un régime. Il est aussi très sensible politiquement et a donné lieu à
de nombreuses négociations ; nous
évoquerons ce sujet un peu plus loin.
Si des droits à retraite sont attribués
sans cotisation aux chômeurs indemnisés par l’UNEDIC, ceux-ci font
cependant l’objet d’un financement
quoique réduit par cet organisme. Il
en est de même pour certains dispositifs à financement public.
Mais le “quasi-miracle” de la répartition apparaît lors de sa mise en place :
le régime est alors immédiatement en
mesure de valider des périodes qui
n’ont jamais été cotisées. Dès qu’une
trésorerie suffisante est constituée, les
ressources des cotisations permettent
de verser des prestations alors que les
droits acquis par cotisations sont
encore minimes.
Les régimes de retraite complémentaire ont donc accompagné leur
démarrage de la validation souvent intégrale des périodes antérieures non cotisées, non seulement au bénéfice des
participants cotisants mais aussi des
anciens salariés des entreprises adhérentes.
Ce mécanisme a également été
mis en œuvre à l’occasion d’augmentations de taux de cotisation
contractuelle, notamment dans les
régimes ARRCO qui, jusqu’en 1995,
proposaient aux entreprises toute
une plage de valeurs pour leur taux
de cotisation contractuelle : de 4 à
8 % sur le salaire plafonné et de 4 à
16 % au-delà du plafond.
L’augmentation de taux s’accompagnait donc de la revalorisation des
droits des périodes antérieures des
actifs, et, totalement ou partiellement
pour les retraités du même groupe,
en fonction d’une “ pesée ” consistant
à estimer le rapport de charge de l’opération (prestations nouvelles/cotisations nouvelles) sur une période de
quinze ans.
Ces possibilités attractives ne sont
plus offertes par les régimes complémentaires, les taux contractuels de
cotisation ayant été unifiés à 6 % et
16 % respectivement sur les tranches
A (part de salaire inférieure au plafond) et B (part de salaire comprise
entre 1 et 4 plafonds).
Des dispositions antérieures cependant, il résulte des situations d’entreprises et même de branches professionnelles qui appliquent toujours
des taux supérieurs à ces standards.
Le retour à la situation de référence ne
peut pas se faire gratuitement : la disparition de ressources différentielles
devrait, symétriquement à ce qui s’était
produit lors de l’augmentation, donner lieu à annulation des droits correspondants même s’ils ont été cotisés et sont en cours de service! À cette
solution difficile prévue par la réglementation, on préfère celle du versement au régime d’une “ contribution
de maintien des droits ” représentant
la valeur actuelle des flux de prestations futures maintenues sans contrepartie de cotisations. Par sa nature,
cette dernière opération est équivalente à celle d’un régime en capitalisation.
Intégrations
Le champ d’application des régimes
AGIRC et ARRCO n’a cessé de s’étendre
à des secteurs professionnels qui, ayant
mis en place précédemment des systèmes de retraite particuliers leur apparaissant plus favorables, avaient préféré rester hors de la solidarité
interprofessionnelle.
L’équilibre de ces systèmes devenant trop difficile à maintenir en termes
de cotisations du fait des tendances
de la démographie propre à leur périmètre réduit, il devient alors impératif pour eux de rejoindre les régimes
complémentaires interprofessionnels.
Il s’agit alors d’une intégration qui,
vue des régimes, doit être traitée de
manière à ne pas modifier défavorablement les équilibres à venir. Une
pesée est alors pratiquée pour estimer le taux de validation des services
passés qui sera neutre sur ceux-ci.
Lorsque le résultat ne permet pas une
validation à 100 % des services passés, il revient alors au secteur intégré
de choisir entre la validation partielle
résultant de la pesée et le versement
d’une “ soulte ” de même nature que
la contribution de maintien des droits
mentionnée précédemment.
Les pesées se font actuellement en
prenant en considération des prévisions
sur une période future de vingt-cinq ans.
Lorsqu’une soulte s’avère nécessaire,
un paramètre très sensible est le taux
d’actualisation retenu pour la calculer.
Il fait généralement l’objet d’âpres
négociations.
Il convient de noter que l’évolution des normes comptables internationales est depuis peu à l’origine de
demandes d’intégration. Ces normes
contraignant à porter au bilan de l’entreprise l’ensemble des engagements
sociaux gérés en interne, le passif cor-
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 49
respondant aux engagements de retraite
“ maison ” serait généralement insupportable et pourrait conduire à la liquidation pour insuffisance d’actif.
Parmi les intégrations importantes
réalisées, il faut citer l’ensemble des
banques AFB qui ont apporté leurs
adhésions respectives à divers groupes
de protection sociale en 1994.
Le cas des industries électriques
et gazières a aussi été traité récemment d’une manière particulière ; les
médias en ont fait écho. L’originalité
de ce secteur a consisté à ne pas souhaiter une intégration administrative
complète, mais une forme financièrement équivalente qui a été appelée “ adossement ”.
Les calculs de pesée sont faits de
façon standard, mais les opérations
d’encaissement des cotisations et de
versement des allocations, réalisées
dans le strict respect des réglementations de l’AGIRC et de l’ARRCO, sont
déléguées à la Caisse nationale des
industries électriques et gazières. Cet
organisme créé à cet effet se charge
également de mettre en œuvre au profit des salariés de son secteur leur règlement de retraite qui, inchangé par l’intégration, est sensiblement différent
de celui que connaissent les participants directs de l’AGIRC et de l’ARRCO.
La pesée a conduit à ne valider
les services passés qu’à 54,8 % à
l’ARRCO et à 94,7 % à l’AGIRC ce
qui minore néanmoins significativement les engagements à provisionner par les entreprises du secteur.
Retraite à 60 ans
Bien que cela ait été envisagé dans
le cadre de certaines négociations, ce
qui a parfois suscité des inquiétudes
bien médiatisées, l’AGIRC et l’ARRCO
ne se sont pas dissociées du régime
général.
Il convient toutefois de souligner
que les gestionnaires des régimes
complémentaires ont, jusqu’à présent, conservé dans leur réglementation 65 ans comme seuil d’ouverture
des droits.
C’est un dispositif, aujourd’hui
dénommé AGFF, extérieur aux régimes
complémentaires proprement dits,
qui assure le financement des droits
servis avant cet âge. Il est alimenté
par des cotisations spécifiques (actuellement de 2 % sur la tranche A et de
2,2 % sur la tranche B) et prend en
charge les retraites complémentaires
versées aux allocataires de moins de
65 ans. Les excédents éventuels de ce
financement sont reversés aux régimes
AGIRC et ARRCO à proportion de
leurs charges d’allocations.
Remarquons que l’AGFF n’appelle
pas de cotisations sur la tranche C
(entre 4 et 8 plafonds SS), dont l’AGIRC
distingue les droits de ceux qui proviennent de la tranche B. Les points
“tranche C” ne peuvent donc pas être
liquidés sans abattement avant 65 ans
et les participants concernés ont le
choix entre une liquidation avec un
abattement fonction de leur âge de
départ en retraite et une liquidation
différée à leur 65e anniversaire.
sur les agents de maîtrise assimilés
cadres (article 36 dans le jargon
AGIRC) qui avaient historiquement
apporté beaucoup de cotisations au
régime, leurs effectifs étant nombreux
et leurs salaires dépassant généralement bien le plafond.
Malheureusement cette situation
a largement disparu, cette catégorie
ayant vu ses effectifs régresser et ses
salaires ne plus franchir que rarement le plafond. Il en résulte, pour
cette population de participants, des
charges d’allocations importantes
pour les nombreux retraités, sans
relation avec les cotisations des actifs
actuels.
La modalité retenue consiste donc
désormais à ce que le régime ARRCO
prenne en charge le déficit technique
constaté par l’AGIRC pour le groupe
des “ articles 36 ”.
Solidarité AGIRC ARRCO
Adaptations
Les évolutions économiques, démographiques et sociales ne sont pas particulièrement favorables aux régimes
de retraite. Le caractère différentiel
de son assiette de cotisation a aussi
plus souvent que l’inverse pénalisé
les ressources du régime AGIRC. En
effet, l’assiette de cotisation AGIRC
est directement entamée par toute
revalorisation du plafond de la Sécurité
sociale et, en 1994 notamment, le
régime des cadres a dû prendre des
mesures douloureuses pour rééquilibrer ses comptes qui plongeaient
clairement dans le rouge.
Les mesures prises ont été efficaces
d’autant que les partenaires sociaux
les ont ensuite consolidées par un
principe de solidarité entre les deux
régimes. Ce principe a été mis en
œuvre initialement par une compensation classique entre l’ensemble ARRCO
et le régime AGIRC, les opérations de
celui-ci étant prises en compte avec
un facteur 6/16 pour tenir compte du
fait que l’augmentation d’une unité
de la valeur du plafond SS faisait perdre
16 centimes de cotisation à l’AGIRC
mais n’apportait qu’un supplément
de 6 centimes à l’ARRCO.
Le dernier accord signé par les
partenaires sociaux en novembre 2003
part d’une analyse différente portant
D’autres adaptations ont été retenues lors de ce dernier accord qui
s’est négocié après la publication de
la loi Fillon qui avait apporté un certain nombre de novations au régime
général, comme la possibilité de départ
en retraite avant 60 ans pour les salariés ayant commencé à travailler très
jeunes, celle de validation par rachat
de cotisation de périodes d’études,
tout en maintenant jusqu’à 2008 la
durée de cotisation requise pour un
départ en retraite entre 60 et 65 ans.
Les régimes complémentaires sont
directement concernés par les mesures
que la loi instaure en matière d’information des actifs sur leurs droits à
retraite. Ils s’organisent pour être en
mesure d’alimenter les systèmes d’information en cours de construction
dans le cadre d’un Groupement d’intérêt public créé à cet effet.
Les perspectives économiques et
démographiques ont conduit les signataires de l’accord à prévoir, pour les
deux régimes, les évolutions de paramètres suivantes :
• valeur du point indexée sur l’indice des prix hors tabac de l’INSEE,
• salaire de référence (prix d’achat
d’un point par la cotisation contractuelle) indexé sur le salaire moyen
des participants actifs.
50 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
L’accord est valable jusqu’en 2008
mais il comporte une clause de
“ revoyure ” en 2006 pour effectuer
un suivi de la situation et, le cas échéant,
prendre de nouvelles décisions.
TABLEAU 1
Exercice 2004 (Mds d’euros)
AGIRC
ARRCO
13,6
29,0
0,6
2,5
14,2
31,5
Allocations totales
16,2
31,1
Allocations à la charge de l’AGFF
- 2,1
- 4,2
Allocations à la charge du régime
14,1
26,9
Dotation de gestion
0,3
1,1
Dotation d’Action sociale
0,1
0,2
14,5
28,2
- 0,3
3,3
SOLIDARITÉ AGIRC-ARRCO
0,7
- 0,7
CONTRIBUTION ÉQUILIBRE AGFF
0,7
1,2
RÉSULTAT TECHNIQUE APRÈS SOLIDARITÉ
1,1
3,8
RÉSULTAT FINANCIER
0,2
0,9
RÉSULTAT DE L’EXERCICE
1,3
4,7
AGIRC
ARRCO
14,5
45,6
0,6
1,6
AGIRC
2005
2006
Effectif cotisants
1,6 %
1,6 %
Masse salariale
3,2 %
3,6 %
Plafond SS
1,6 %
3,0 %
Assiette TB + TC
3,2 %
2,0 %
0,45 Md€
0,2 Md€
ARRCO
2005
2006
Effectif cotisants
0,2 %
0,5 %
Salaire moyen
2,5 %
2,5 %
Assiette de cotisation
2,7 %
3,0 %
3,1 Md€
2,3 Md€
Cotisations entreprises
PRODUITS
Cotisations des tiers
Situation et perspectives
TOTAL
Les dernières situations connues
des régimes complémentaires se rapportent à la clôture de l’exercice 2004.
Ils présentent une situation globalement excédentaire (tableau 1).
L’appréciation de l’équilibre des
régimes complémentaires doit aussi
prendre en compte les réserves techniques dont ils disposent et qui font
l’objet de placements financiers respectant une réglementation prudentielle (tableau 2).
Ces réserves financières représentent respectivement pour l’AGIRC et
pour l’ARRCO 103 % et 170 % des
allocations de l’exercice.
Les perspectives à moyen terme
sont à évaluer à partir de cette situation de départ et des hypothèses les
plus vraisemblables d’évolution des
paramètres déterminants.
Concernant les ressources des
régimes, il est à noter que le taux de
cotisation contractuelle AGIRC passe
en 2006 de 16% à 16,24%. Cela étant,
c’est la situation de l’emploi salarié et
des salaires qui constitue l’hypothèse
centrale.
Les services des régimes ont retenu
pour la période 2005-2006 les évolutions et prévisions suivantes
(tableau 3).
Comme nous l’avons indiqué, les
partenaires sociaux, gestionnaires des
régimes, ont prévu de se réunir en
2006 pour faire le point et prendre
si nécessaire des décisions pour le
pilotage des régimes complémentaires.
Deux ans plus tard, en 2008, les
Pouvoirs publics sont engagés par la
loi Fillon à réexaminer les perspectives de l’ensemble des régimes de
retraite dont ils assument la responsabilité. Cette date coïncide pour les
partenaires sociaux de l’AGIRC et de
l’ARRCO avec l’échéance de leur accord
de novembre 2003 et les réunira donc
à nouveau autour d’une table de négociation.
n
CHARGES
TOTAL
SOLDE TECHNIQUE AVANT SOLIDARITÉ
TABLEAU 2
Au 31/12/2004 (Mds d’euros)
RÉSERVE TECHNIQUE (valeur compable)
PLUS-VALUES LATENTES
TABLEAU 3
Solde technique après transferts
Solde technique après transferts
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 51
L’Europe
dans la tenaille
Jean Estin,
Président, Estin & Co
a courbe d’expérience et ses
implications sur la concentration industrielle sont un phénomène économique largement répandu
dans tous les domaines d’activité.
Dans la plupart des activités industrielles, les coûts des différents
concurrents baissent en fonction de
leurs expériences cumulées. Celles-ci
sont liées aux augmentations de parts
de marché, tailles de séries, échelles
de production, conception des produits, ainsi qu’à l’amélioration des
technologies employées et des processus industriels.
Les acteurs qui gagnent des parts de
marché et croissent fortement baissent
leurs coûts plus vite que leurs suiveurs. Ils font baisser les prix du marché au rythme de leurs baisses de
coûts. Les concurrents marginaux qui
se laissent distancer voient les prix
s’effondrer par rapport à leurs coûts et
leurs marges s’évanouir, parce qu’ils
ne descendent pas la courbe d’expé-
L
rience au même rythme que les leaders. Ils finissent par disparaître (cf.
tableau 1).
La tenaille
L’irruption des entreprises chinoises
dans la concurrence mondiale est en
train de reproduire ce phénomène à
l’échelle macro économique au détriment des entreprises européennes.
Les entreprises chinoises descendent
rapidement leurs courbes d’expérience,
chacune dans son secteur industriel (cf.
tableaux 2, 3). Leur compétitivité, originalement basée sur les coûts salariaux, se développe également grâce
aux effets d’échelle et de séries permis
par le développement du marché chinois et par les gains de parts de marché
à l’échelle mondiale. Leurs niveaux de
qualité et leurs technologies employées
progressent, leur permettant d’atteindre progressivement les niveaux des
coeurs de marchés occidentaux dans
des activités de plus en plus complexes
(hier le textile, l'électroménager, …,
aujourd’hui l’électronique, les ordinateurs, les téléphones portables, …,
demain l'automobile, la construction
aéronautique, …).
Les hausses de coûts mondiaux de
l’énergie et des matières premières
engendrées par leur forte croissance
sont compensées dans leurs comptes
par les effets d’échelle qu’elles réalisent grâce à leurs croissances de 25% à
30% par an.
Les leaders chinois ont aujourd’hui
des coûts inférieurs aux leaders européens d’environ 15 à 30% dans la plupart des activités (coûts rendus
Europe)1, alors même que leurs parts
de marché et les tailles de leurs outils
de production sont au mieux égales à
50% de celles des leaders européens
et que leurs organisations industrielles et leurs productivités sont encore
inférieures.
Toutes choses égales par ailleurs (en
Siemens produisait 10 millions de téléphones portables en 2000 et a atteint 50 millions d’unités en 2004. Cette croissance rapide et les
effets d'échelle induits ont néanmoins été insuffisants, puisque la marge opérationnelle cumulée pendant ces 5 années a été nulle dans un
marché où les prix ont diminué de 15% par an.
Sur la même période, le leader chinois Ningbo Bird est passé de 700 000 à 15 millions de téléphones portables par an. D’abord tiré par
la croissance du marché chinois, il a attaqué sur la base de sa compétitivité naissante les marchés américains et européens à partir de
2003, et vend aujourd’hui 20 à 25% de sa production hors de Chine. Dès 2002, malgré sa petite échelle de production mais grâce à ses
coûts de facteurs, les coûts de Ningbo Bird étaient identiques à ceux de Siemens. En 2005, les coûts de production de Ningbo Bird, du
fait des coûts de facteurs et de l’échelle de production, étaient inférieurs de 15% à ceux de Siemens.
Siemens a cédé son activité téléphone portable en 2005 à BenQ (concurrent taiwanais).
particulier concernant les taux de
changes), leurs parts de marché mondiales et leurs échelles de production
augmentant, leurs coûts vont encore
baisser par rapport à ceux des entreprises européennes et il faut s’attendre à des écarts de coûts allant jusqu’à
30 à 35% (coûts rendus Europe) dans
de nombreux domaines industriels
dans les prochaines années si les taux
de change restent identiques (cf. en
tableau 2 l'exemple de Ningbo Bird vs
Siemens dans les téléphones portables).
Ces effets d’expérience ne seront pas
compensés dans les dix prochaines
années par les hausses suffisantes des
coûts salariaux. Compte tenu de la
taille de sa population, la Chine ne
verra pas ses coûts salariaux rejoindre
les coûts européens avant 2070.
Face à cette dynamique, les entreprises européennes des secteurs traditionnels voient leurs marges laminées
par un quadruple effet :
- Les baisses de prix rapides et fortes
(et/ou effondrements des parts de
marché) liées en partie ou en totalité
à la pénétration de produits chinois ;
- La stagnation ou la décroissance de
leurs marchés, un grand nombre de
marchés intermédiaires se délocalisant eux-mêmes en Chine ;
- Les hausses de coûts sur l’énergie et
les matières premières ;
- La baisse insuffisante des coûts ajoutés due à la faible croissance (et donc
aux gains de productivité limités).
Les exemples d'IBM vendant sa division PC au concurrent chinois Lenovo
ou de Siemens vendant son activité de
téléphones mobiles au taiwanais
BenQ vont donc se multiplier.
Ce squeeze se renforce par une
deuxième tenaille :
- Les coûts de restructuration sociale
sont élevés en Europe et leur mutualisation se traduit (ra) par des déficits publics élevés et donc des
impôts et/ou un coût du capital qui
augmenteront nécessairement ;
- L’incapacité à dégager de fortes
marges limite les investissements de
R&D ou de marque, qui permettent
justement de se différencier par rapport aux concurrents chinois ; elle
limite également les investissements
massifs dans d’autres secteurs d’activités transitoirement ou structurellement plus attractifs.
Le phénomène ne pourra être stoppé :
la Chine (1,3 milliard d’habitants) a
un pouvoir de négociation avec les
Analyses de compétitivité Estin & Co sur base 2004 : leader européen avec des outils localisés en Europe vs leader chinois : -50% à -60% dans
l'habillement ; -20% à -25% dans le textile ; -25% à -30% dans les chantiers navals ; -25% à -30% dans la fibre de verre ; -15% à -30% dans
l'électroménager (coûts rendus Europe) ; cf. également l'article "La Chine : quelques chiffres" de décembre 2003.
1
pays occidentaux supérieur à celui
qu’avait la Corée du Sud (48 millions
d’habitants) ou Taïwan (23 millions
d’habitants) dans les années 80 et 90,
engagées dans la même dynamique.
De plus, le marché chinois et sa croissance constituent un attrait insurpassable pour les grandes entreprises
mondiales qui préfèrent arbitrer en
faveur de l’accès à ce nouveau marché, quitte à devoir restructurer leurs
activités dans les pays occidentaux.
Comment sortir
de la tenaille ?
Les possibilités de riposte existent en
nombre limité :
- La relocalisation rapide des outils
industriels européens, non seulement
pour rester compétitif et continuer à
descendre la courbe d’expérience
dans les industries concernées, mais
surtout pour reconstituer les capacités
d'investissement dans les leviers différenciants (R&D, marques, ..) et/ou
réinvestir ailleurs ;
- Le desossage de la structure de valeur
dans certains métiers pour ne conserver que la conception, le service, la
production de certains composants
critiques, ou les assemblages complexes ;
- La gestion active du portefeuille d’activités en termes de métiers, segments
d’activité, niveaux de gammes, géo-
graphies, pour se focaliser sur les
domaines qui restent structurellement
ou transitoirement attractifs ;
- Le développement stratégique en
Chine pour conquérir les parts de
marché, avant ou en même temps que
les leaders chinois, au besoin en
acquérant certains d’entre eux, avant
que ceux-ci ne deviennent des leaders
mondiaux.
A l’échelle des entreprises, ces stratégies sont possibles. La capacité à les
mettre en œuvre rapidement et fortement sera un facteur discriminant entre
les grands groupes européens. Cette
vitesse d’exécution dans les restructurations et redéploiements nécessaires
sera un élément critique, autant que la
définition des cibles optimales en termes de portefeuilles d’activité, de chaînes de valeur ou de configurations
industrielles.
Pour la plupart des leaders européens,
il est donc aujourd'hui critique et
urgent d'analyser la dynamique de
croissance et de coûts des leaders chinois dans leurs activités et d'agir en
conséquence. Cette dynamique et ses
implications concurrentielles constituent aujourd'hui un élément structurant de toute stratégie.
Dans chaque activité, les entreprises qui
considèreront la Chine comme une
opportunité (développement d’un nouveau marché majeur, changement de
modèle d’activité, modification des axes
de segmentation et des leviers de compétitivité y compris en Europe, affaiblissement de leaders endormis, …) et non
comme une simple menace remporteront
la partie.
A l’échelle des Etats et de l’Europe, la
plus ou moins grande fluidité des marchés du travail, les coûts de sortie et de
restructuration (coûts sociaux, coûts de
dépollution, …), les coûts de fonctionnement des Etats (impôts, coût du capital), l’allocation des soutiens publics
entre secteurs ou thèmes (financement
de la R&D, de nouvelles technologies,
de nouvelles industries porteuses vs
soutien aux industries en déclin) créeront également des fortes différences
entre pays.
Une divergence accentuée
entre gagnants et perdants
La pression concurrentielle de la Chine
au cours des dix prochaines années va
accentuer la concentration des entreprises européennes et créer une grande
divergence entre les trajectoires de celles qui parviendront à renouveler leur
stratégie dans ce nouvel environnement et les autres.
Elle risque d’induire également la même
divergence entre les trajectoires des différents Etats européens, entre ceux qui
parviendront à s’adapter et les autres. La
convergence économique au sein de
l’Europe est loin d’être une évidence. ■
FORUM SOCIAL
L’envers du décor
Le “ Café Signes ”
un café pas comme les autres
Caissier de la promo 58, vice-président de l’Association “ Entraide
universitaire ”, Dominique Descroix est chargé des grands projets
de l’Association et, à ce titre, a piloté le projet “ Café Signes ”.
Un pari risqué
Cela ressemble à un café comme
un autre, même si une décoration soignée et originale attire peut-être plus
l’attention du passant. C’est un café
dans le 14e arrondissement de Paris,
au 33, de l’avenue Jean Moulin, entre
Alésia et la porte de Châtillon.
Mais, ce n’est pas un café comme
les autres !
C’est un café où les serveurs sont
sourds. Et de plus atteints d’autres handicaps, sensoriels ou psychologiques.
Il fallait oser : les gens du quartier
viendraient-ils ? Ne seraient-ils pas
retenus par une communication difficile ou par le handicap? Les serveurs
et cuisiniers sourds pourraient-ils se
faire au monde des entendants ? Ne
présumait-on pas trop de leurs capacités et ne sous-estimait-on pas les
obstacles à surmonter ?
Maintenant, c’est un pari gagné
pour l’Association “ Entraide universitaire” et pour le “CAT Jean Moulin”,
l’établissement médico-social dont
dépend le “ Café Signes ” : la fréquentation dépasse largement les prévisions. Ce café peut devenir un formidable outil d’insertion professionnelle
pour plusieurs catégories de handicapés, et gageons qu’il créera une passerelle entre le monde sourd et le
monde entendant.
Petit lexique
Inauguré en grande pompe par
plusieurs ministres et maires le 4 juin
2003, il a suscité l’intérêt, puis l’enthousiasme, de nombreux responsables
du handicap dans le monde entier,
d’Australie, de Corée, de GrandeBretagne, de Finlande et bien d’autres,
qui, avec les médias – presse, radio
et télévision –, se succèdent pour venir
voir “ comment ça marche ” et pour
demander qu’on les aide à faire leur
“ Café Signes ”.
LSF : langage français des signes, dans
lequel chaque mot est représenté
par un signe, une combinaison de
signes, avec la possibilité d’épeler
un mot.
CAT : centre d’aide par le travail,
centres dans lesquels les travailleurs
handicapés sont rémunérés en partie
par le ministère de l’Emploi, en partie
par l’établissement qui les emploie
à des tâches de production qui sont
commercialisées.
CATC : centre d’aide par le travail
et la communication.
Comment cela marche…
En cuisine
Six travailleurs sourds sont employés
en permanence au Café Signes : trois
en cuisine, trois en salle; ils ont été sélectionnés parmi les quarante-cinq ouvriers
du CAT en fonction de leur capacité
à s’adapter et surtout de leur motivation. Ils ont bien sûr été formés pour
assumer ces tâches nouvelles pour
eux ; un éducateur est toujours présent sur les lieux et participe également aux tâches du café.
Le responsable du Café, auparavant cuisinier du Foyer Jean Moulin,
communique sans difficulté en LSF*.
Enfin, l’aspect technique a été
confié à Sodexho “Santé” avec laquelle
l’Association a des contrats de partenariats couvrant plusieurs autres établissements.
Sous la houlette de Fabrice, un
cuisinier aussi expert en pâtisserie
qu’en cuisine régionale, devenu un
expert en LSF, trois aides sourds sont
chargés de dresser les plats et les
assiettes ainsi que de réaliser certains
assaisonnements et aussi des tâches
secondaires comme l’épluchage et la
plonge. Tout se passe en silence, bien
sûr, le langage des signes est de rigueur.
Un large hublot permet au cuisinier
de communiquer avec la salle : le
double vitrage n’est pas une barrière
quand on parle le LSF ! Et pour prévenir un serveur en salle que le plat
de son client est prêt, il suffit au chef
d’actionner le bouton qui correspond
à chacun des serveurs : une fois, deux
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2 0 055
5
fois ou trois fois : le serveur concerné
saura, grâce au vibreur qu’il porte et
qui est ainsi actionné que c’est l’entrée ou le dessert qui l’attendent en
cuisine. Tout paraît beaucoup plus
calme ici !
Bienvenue en LSF
En salle
C’est ici que l’on trouve le véritable enjeu de la communication entre
deux mondes bien distincts : les sourds
et les entendants.
Sur la table, les clients trouvent
un petit guide d’accueil qui leur donne
quelques explications sur le Café
Signes, le langage des signes et même
un petit lexique ; les serveurs sourds
déploient un maximum d’efforts pour
comprendre et se faire comprendre,
utilisant les menus imprimés, montrant l’ardoise qui affiche le menu à
plusieurs endroits de la salle ; et souvent, le vocabulaire “signes” du client
même s’il n’est pas orthodoxe peut
néanmoins être efficace.
En cas de besoin, des lampes clignotantes situées au-dessus des tables
peuvent être allumées grâce à des
interrupteurs à portée de main des
clients; mais c’est la plupart du temps
inutile, car les serveurs, n’ayant pas
à leur disposition le sens de l’ouïe,
développent celui de la vue et leur
regard balaie en permanence les tables,
à l’affût d’un verre ou d’une corbeille
à pain vides. Et enfin, en dernier
recours, il y a toujours un éducateur
qui peut faire l’interprète ou débrouiller
une situation plus complexe. Finalement, on ne s’ennuie pas, la relation entre serveurs et clients est des plus
amicales, voire complice. Et comme
la nourriture est bonne… même très
bonne… on y revient !
Au foyer et au CAT
Autre aspect tout à fait positif de
ce qui est encore une expérience,
même si elle est largement confirmée :
la cuisine est également en mesure de
fournir les repas pour les soixante
ouvriers sourds qui travaillent dans
le CAT juste en face du restaurant
(ateliers de bijouterie, de couture et
de routage) en liaison chaude le matin
et en liaison froide le soir ; c’est évi-
demment une activité qui assure un
revenu peu rémunérateur mais régulier et surtout qui renforce les liens
entre “ceux du restaurant” et les autres!
(CATC) Jean MOULIN. Pour ces personnes handicapées, l’accès à l’autonomie passe nécessairement par une
confrontation avec le monde extérieur, et du fait de leur surdité, avec
le monde dit “ entendant ”. Le Café
“ Signes ” représente pour elles un
moyen original de valorisation personnelle et d’insertion professionnelle.
La création du Café Signes répond
aussi à une préoccupation citoyenne :
il vise à favoriser les liens entre deux
mondes qui le plus souvent s’ignorent, et à diffuser par ce biais la “Langue
des Signes ”.
À l’image d’une équipe professionnelle spécialisée qui réunit sourds
et entendants, ce Café se veut une
invitation à dépasser les préjugés qui
concernent la surdité et les handicaps, quels qu’ils soient.
n
Dominique DESCROIX (58)
Le cybercafé
Dernière innovation, et non des
moindres, le “ cybercafé ”. Grâce à
IBM, deux ordinateurs connectables
à Internet sont disponibles au fond
de la salle : ce moyen de communication peut être intégralement approprié par les sourds : des logiciels spécifiques leur sont destinés; mais surtout,
ils n’ont pas de problème pour communiquer au loin avec leurs proches !
De plus, des écrans plasma, judicieusement placés dans la salle, permettent de voir la télévision, de faire
de la formation au langage des signes
et comme récemment lors d’une
réunion de sensibilisation à la prise
en charge des problèmes du handicap
au niveau européen que deux ministres
avaient choisi d’organiser au “ Café
Signes ”, de traduire directement en
langage écrit les dialogues de la salle !
Une création qui tient
ses promesses
Le CAFÉ Signes est l’aboutissement d’une réflexion entamée depuis
plusieurs années par le Centre d’aide
par le travail et la communication
56
N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
ouvert du lundi au vendredi
de 8 heures à 19 heures,
repas le midi seulement.
33, avenue Jean Moulin,
75014 Paris.
Métro Alésia,
bus 38, 28, 69, PC.
ARTS, LETTRES ET SCIENCES
Les livres
La publication d’une recension n’implique
en aucune façon que La Jaune et la Rouge soit
d’accord avec les idées développées dans l’ouvrage
en cause ni avec celles de l’auteur de la recension.
Voyage à travers une vie
Paul Bourrières (34)
Paris – Éditions de l’Harmattan – 2005
Il n’est pas si fréquent de nos jours que l’on ose parler de l’Afrique sans se croire obligé d’évoquer la malfaisance de la colonisation. C’est pourtant bien en échappant à cet impératif du politiquement correct que notre
camarade Paul Bourrières a publié son Voyage à travers
une vie dans la collection “ Graveurs de mémoire ” des éditions de L’Harmattan.
On ne saurait trop recommander aux amis de l’Afrique,
passée et présente, la lecture de ces souvenirs. Ils découvriront, sauf certains des plus vieux d’entre eux qui auraient
pu la connaître, ce que fut la vie, difficile, d’un ingénieur
chargé de famille dans cette Afrique subsaharienne des
années quarante et cinquante. Bourrières, ingénieur des
Ponts et Chaussées, y fut successivement adjoint au directeur des Travaux publics et du Chemin de fer de Côted’Ivoire, de 1942 à 1945, directeur des Travaux publics
du Dahomey et du Chemin de fer Bénin-Niger de 1945
à 1947, enfin directeur du Port de Dakar de 1947 à 1952.
Revenu en France, notre camarade, après un temps de
paperasseries au ministère de la France d’Outre-mer, se
vit confier la direction générale du BCEOM, alors réceptacle de Gouverneurs en panne de gouvernance. En
quelques années, il en fit un bureau de conseil en développement, couvrant aussi bien les aspects infrastructures
qu’économie et finances, de renommée internationale,
fort apprécié de la Banque Mondiale entre autres, toujours florissant aujourd’hui, tant sur le plan humain que
financier.
Les fonctions de Bourrières au BCEOM et sa renommée d’expert lui valurent en outre bien des missions dans
des contrées lointaines et pittoresques, mais parfois
dangereuses, dont le lecteur trouvera de savoureuses
évocations.
Il apprendra aussi des choses que l’on a peine à imaginer, si l’on n’a pas connu les vicissitudes inattendues de
la guerre et de l’occupation germano-nazie. Il saura, par
exemple, comment deux jeunes ingénieurs des Ponts,
dont notre camarade, alors fonctionnaires du gouvernement de Vichy, furent, en octobre 1941, et comme si de
rien n’était, envoyés en mission d’études aux États-Unis,
dûment munis de tous les passeports, visas et ausweis
requis, et Dieu sait s’il en fallait, ainsi que d’un solide viatique en dollars américains, comment ils voyagèrent à
bord d’un paquebot de l’American Export Line assurant
la liaison Lisbonne-New York, comment ils furent placés
deux mois en résidence surveillée, mais débonnaire, aux
Bermudes par les autorités de sa Gracieuse Majesté britannique,
comment ils accomplirent néanmoins leur mission aux
USA, alors dans toute l’effervescence de Pearl Harbor,
comment ils revinrent en France, derechef par voie maritime, toujours comme si de rien n’était, porteurs, entre
autres, d’un lexique américain-français des termes de génie
civil qu’ils avaient rédigés et qui, publié à leur retour, fit
longtemps autorité. Ainsi allaient les choses en pleine
guerre !
Voilà donc un livre qu’il faut avoir dans sa bibliothèque, riche aussi de bien des réflexions infiniment touchantes, que l’on découvrira au fil des pages !
Philippe OBLIN (46)
L’amiral Henri Rieunier,
ministre de la Marine
La vie extraordinaire
d’un grand marin 1833-1918
Hervé Bernard 1
L’ouvrage que nous signalons à l’attention de nos lecteurs relève d’un genre peu commun. C’est la biographie
de l’amiral Rieunier, mais aussi celle d’Émile Bertin (X1858)
ainsi que celle de membres de leur famille dont plusieurs
morts pour la France.
LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005 57
C’est aussi un album de famille et un album réunissant de très nombreux documents et photographies concernant les deux grands hommes, leur carrière et leur famille.
L’ensemble est un magnifique volume in-quarto de
618 pages, abondamment illustré de pièces pour la plupart rarissimes et qui évoquent de manière très vivante
une époque et des pays lointains.
Jean DUQUESNE (52)
1. Pour se procurer cet ouvrage, s’adresser à l’auteur : M. Hervé
Bernard, Villa Mendealha, 44, avenue du Braou, 64200 Biarritz.
Tél. : 05.59.23.15.62.
Mesurer le monde
1792-1799 : l’incroyable histoire
de l’invention du mètre
Ken Alder
Traduction de Martine Devillers-Argouarc’h
Paris – Flammarion – 2005
Connaissez-vous Delambre et Méchain ? “ Pas précisément, mais j’en ai entendu parler. ” C’est probablement
la réponse que beaucoup de Français (et peut-être même
un certain nombre de polytechniciens…) pourraient faire
à cette question. On sait qu’ils ont mesuré le méridien de
Dunkerque à Perpignan, mais cela ne va pas toujours
beaucoup plus loin. Un universitaire américain, Ken Alder,
professeur d’histoire, et doublement bilingue si l’on peut
dire, car c’est un partisan déclaré du système métrique, a
voulu en savoir davantage sur ces deux personnages qui
sortent de l’ordinaire.
Il est donc venu en France en 2000, l’année de la
Méridienne verte, et, en bicyclette, a suivi le trajet de
Delambre et Méchain, montant sur les clochers sur lesquels ils étaient montés, et escaladant les montagnes qu’ils
avaient escaladées. En bon historien, il a profité du voyage
pour visiter les archives départementales et les bibliothèques municipales qui se trouvaient sur son chemin,
sans oublier la Bibliothèque de l’École polytechnique, les
archives de l’Archevêché de Paris et celles de l’Observatoire
de Paris, pour ne citer que celles-là, car la liste est impressionnante.
Le résultat de ce travail à la fois érudit et sportif est un
gros livre, très savant et très instructif, mais qui se lit
comme un roman d’aventures. Car c’était une véritable
aventure que de faire une triangulation de haute précision de Dunkerque à Barcelone (car ils avaient été jusqu’en Espagne) entre 1792 et 1799, dans le chaos de la
France de la Révolution. Ces inconnus qui se déplaçaient
avec des instruments étranges (le cercle répétiteur de
Borda), grimpaient sur les clochers, les faisaient même
réparer quand la Révolution venait de commencer à les démolir, qui étaient-ils ? Des espions ? L’espionnite sévissait un
58 NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
peu partout. Des sorciers ? Dans certaines zones de la
France profonde de l’époque, une telle accusation n’était
pas exclue, et les deux hommes se sont trouvés chacun de
leur côté à plusieurs reprises en état d’arrestation, mais
finissaient toujours par trouver quelqu’un de suffisamment informé qui les faisait libérer. Par surcroît Méchain
qui était responsable de la moitié sud de la méridienne
de Barcelone à Rodez s’était rendu directement à Barcelone
où il était arrivé en juillet 1792, mais l’exécution de
Louis XVI en janvier 1793 conduisit à la guerre entre la
France et l’Espagne, et les travaux de géodésie de Méchain,
dans une région frontière où se trouvaient de nombreux
ouvrages militaires, suscitèrent évidemment la méfiance
des généraux espagnols. Et naturellement il n’avait plus
de liaison avec Paris, au moment où la politique scientifique du Comité de salut public faisait quelques victimes
dont la plus illustre est évidemment Lavoisier, un des
seconds rôles de ce livre passionnant.
Ce livre n’est pas seulement un livre d’histoire, car il
renferme une réflexion qui devrait vivement intéresser les
lecteurs polytechniciens sur le rôle des erreurs dans l’avancement de la science. Méchain, contraint de rester à
Barcelone en raison de la guerre entre la France et l’Espagne,
en a profité pour une mesure très précise de la latitude
de Barcelone. Hélas les très nombreuses mesures qu’il
avait faites n’étaient pas cohérentes, et il constata une différence de trois secondes d’arc quand il rapprocha les
mesures relatives à deux points de Barcelone. Quelle était
donc la véritable latitude de Barcelone ? Le récit des conséquences de cette erreur sur Méchain et sur la mesure du
méridien est un des autres chapitres passionnants de cet
ouvrage.
On ne peut pas résumer en quelques lignes le contenu
de ce livre de près de 400 pages, et le meilleur conseil
que l’on puisse donner est de se le procurer et de le lire.
Henri ARNOUX (46)
Guide pratique des galeries
multiréseaux
Clé de Sol
Vingt personnes 2 environ ont rédigé cet ouvrage,
sous les directives et la coordination du président
et du directeur technique de “ Clé de Sol ”, Michel
Gérard (55) et Tchen Nguyên
Voiron – Territorial 3 – 2005
La multiplication des réseaux, l’encombrement du
sous-sol public, les travaux répétitifs dans les rues ? Un
casse-tête pour les responsables urbains, des nuisances et
des gênes pour les citadins ! La solution ? La galerie multiréseaux chaque fois qu’elle s’avère rentable. Or c’est de
plus en plus fréquent.
Résultat de cinq ans de recherches menées sur ce sujet
dans le cadre du Projet national en génie civil “ Clé de
Sol ”, ce guide livre les clés et les outils nécessaires en trois
parties, dont une sous CD-Rom.
Il aborde la conception technique, la sécurité, l’exploitation, mais aussi le droit, l’analyse socio-économique et
le montage juridico-financier, points décisifs quand on
touche au domaine public et qu’on y investit.
Le nouveau régime du partenariat privé-public offre
désormais des chances remarquables à de nombreux projets rentables, dont les occasions se présentent tous les
jours. Ayant eu jusqu’à présent des difficultés à se concrétiser pour de multiples raisons, toutes démontrées et
dénouées dans le guide, ces projets devraient enfin voir
le jour.
J. R.
2. Dont Alain Constant (Ville de Paris), Odile Rocher (EADS-APSYS),
Laurent Coty (Ville de Besançon), Philippe Billet, professeur agrégé
de droit public, Vincent Piron (68) (Vinci-Concessions), Michel Croc
(67) (Égis-Ville), Michel Gérard (55), Tchen Nguyên et Jacques
Welker, ingénieur. Antoine Leroux, du Certu, a coordonné l’établissement des textes et illustrations.
3. B. P. 215 – 38506 Voiron Cedex. Tél. : 04.76.65.87.17. Fax :
04.76.05.01.63. www.territorial.fr
Analyse numérique
et optimisation
Grégoire Allaire 4
Palaiseau – Éditions de l’École polytechnique 5 – 2005
Ce livre est issu d’un cours enseigné à l’École polytechnique dont l’objectif, au-delà de la présentation de
l’analyse numérique et de l’optimisation, est d’introduire
les étudiants au monde de la modélisation mathématique
et de la simulation numérique. La modélisation et la simulation ont pris une importance considérable ces dernières
décennies dans tous les domaines de la science et des
applications industrielles (ou sciences de l’ingénieur). En
effet, depuis leur apparition au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale les ordinateurs ont profondément transformé les mathématiques en en faisant une science expérimentale : on fait des “ expériences numériques ” (des calculs sur ordinateurs) comme d’autres font des exercices
physiques. L’analyse numérique est justement la discipline qui conçoit et analyse les méthodes ou algorithmes
de calcul. La simulation numérique permet aux mathématiciens de s’attaquer à des problèmes beaucoup plus
complexes et concrets qu’auparavant, issus de motivations immédiates industrielles ou scientifiques, auxquels
on peut apporter des réponses à la fois qualitatives mais
aussi quantitatives : c’est la modélisation mathématique.
Remarquons qu’à côté des champs d’applications traditionnels que sont la chimie, la mécanique et la physique
se sont ouvertes de nouvelles perspectives en biologie,
environnement, finance, médecine et sciences sociales.
Par ailleurs, l’ingénieur ou le scientifique qui a réussi à
simuler numériquement son problème ne s’arrête pas en
si bon chemin : il veut ensuite pouvoir intervenir sur certains paramètres pour améliorer ou optimiser le fonctionnement, le rendement, ou la réponse d’un système en
maximisant (ou minimisant) des fonctions associées. C’est
précisément le but de l’optimisation qui fournit des outils
théoriques ou numériques pour ce faire. L’analyse numérique et l’optimisation sont donc deux outils essentiels et
complémentaires de la modélisation mathématique.
J. R.
4. Professeur des universités et professeur à l’École polytechnique.
5. École polytechnique, 91128 Palaiseau Cedex.
Économie des déchets
Gérard Bertolini
Paris – Éditions Technip 6 – 2005
Longtemps négligés car sans valeur, les déchets sont devenus une préoccupation majeure des politiques, des élus
locaux, des citoyens et des industriels qui les produisent
ou les traitent.
La demande sociale en faveur de l’environnement s’est
accrue et s’est accompagnée, avec l’appui de réglementations plus contraignantes du développement d’une écoindustrie du déchet. Le recyclage et la prévention sont
devenus l’objet d’un intérêt croissant, sans oublier qu’il
est également indispensable de traiter au mieux le reste
(“ l’ultime ”, selon le terme consacré).
Ce livre de référence, écrit par un chercheur, fournit
une vision large, dans le cadre européen et mondial, et
profonde de la question des déchets.
J. R.
6. 27, rue Ginoux, 75737 Paris Cedex 15.
E = mc2 ?
Jean-Louis Bobin (54)
Le Pommier 7, Collection Les Petites Pommes du Savoir – 2005
E = mc2 ? D’où vient le fabuleux destin de cette formule
mythique nimbée de l’aura de la Relativité ? Avant toute
chose, est-on bien certain de connaître les trois “ ingrédients ” qui la composent : masse, énergie et vitesse de
la lumière ? Comment se sont-ils retrouvés mis en équation ? Et quelles en ont été les conséquences ?
J. R.
7. 239, rue Saint-Jacques – 75005 Paris.
LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005 59
Une musique classique “ populaire ” ?
Discographie
Jean Salmona (56)
Pour une (petite) sociologie de la musique
La musique dite “ classique ” passe pour un art élitiste.
D’ailleurs, son seul nom semble choisi pour décourager
les non-initiés, tout comme ses autres appellations (“grande”
musique, musique “ sérieuse ”, etc.). En même temps, ses
happy few, parfois saisis d’une générosité lyrique, aimeraient qu’elle révèle ses plaisirs ineffables à ceux que sa
grâce n’a pas encore touchés, et pourquoi pas aux jeunes
des banlieues, leur apportant ainsi, du même coup, le
calme et la sérénité. Mais comment vaincre cette barrière
culturelle, qui fait que ses amateurs sont, dans leur immense
majorité, ceux qui y ont été initiés dès leur jeune âge
(l’amour de la musique classique se transmet dans les
familles comme un meuble ancien) ? Il y a, bien sûr, l’Éducation nationale et la télévision, mais…
Deux tentatives
Il y a cependant des tentatives pour briser ce que l’on
pourrait nommer le “ musical divide ” (comme il y a le
“ digital divide ”). L’une d’entre elles est de médiatiser un
très bon interprète en lui conférant un look familier au
public visé. C’est le cas de Nigel Kennedy, élève, enfant,
de Yehudi Menuhin, dont le look vaguement punk, ajouté
à d’anciennes extravagances qui ont défrayé un moment
la chronique, contribue à sa renommée chez le public
jeune. Son dernier enregistrement présente l’intégrale des
Concertos de Bach (pour violon, deux violons, violon et hautbois) avec le Philharmonique de Berlin, ainsi que les transcriptions pour violon et violoncelle de trois Inventions à deux
voix 1. C’est très bien joué, et le CD est accompagné d’un
DVD des mêmes œuvres. Un très bon disque pour initier
vos enfants ou petits-enfants à la musique de Bach.
Une autre voie est de métisser des œuvres classiques
avec de la musique traditionnelle, pour toucher, notamment, un public “ ethnique ”. Hughes de Courson, qui
avait innové avec le disque Mozart l’Égyptien, renouvelle
sa tentative avec Mozart l’Égyptien 22, qui devrait connaître
le même succès que le précédent. Le principe : faire appel
à deux ensembles, l’un classique – le Bulgarian Symphony
Orchestra – l’autre de musique arabe – l’Ensemble du Caire
– et leur faire jouer conjointement des pièces de Mozart
et des arrangements à la fois libres et fidèles sur ces mêmes
pièces, dans le style traditionnel. C’est très joli, une vraie
réussite, grâce à d’excellents musiciens. Au moment où
certains parlent d’un conflit de civilisations, un disque
comme celui-là témoigne que la musique peut transcender
des frontières pourtant apparemment infranchissables.
Mozart, l’amoureux du genre humain, aurait aimé.
60 NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
La musique d’Isaac Albéniz, largement inspirée du
folklore espagnol, est de cette catégorie rare qui a pu à la
fois séduire les salons bourgeois de la fin du XIXe siècle,
et rencontrer un véritable succès populaire, grâce à des
mélodies et des harmonies simples et délicieuses, et des
rythmes qui donnent envie de danser. Miguel Balsaga
s’avère un interprète idéal de la Suite espagnole, par un
toucher très fin, une retenue qui évite les pièges de l’hispanisme de folklore, et un parfait sens du rythme, ainsi
que de la Sonate n° 4 et la Suite ancienne n° 2, pièces plus
ambitieuses 3.
Une autre voie est celle de la musique imitative, ou à
programme, dont un bon exemple est constitué par un
disque récent et intéressant : deux œuvres nommées La
Mer, l’une de Glazounov, l’autre de Debussy, enregistrées
en 1993 par Evgeny Svetlanov et l’Orchestre Symphonique
d’État de l’ex-URSS 4. Le rapprochement est saisissant :
Glazounov reste résolument classique, tandis que Debussy
est tourné vers l’avenir. Inutile de dire qu’aucune de ces
deux œuvres – superbement enregistrées ici – ne franchit
la barrière qui sépare la musique élitiste de l’autre.
Avec Chostakovitch, on touche à un cas typique : un
compositeur qui, dans la société soviétique, écrit, certes,
de la musique populaire (valses, musique de film), mais
ne parvient pas à se résoudre, malgré les pressions politiques qui l’amènent au bord de la paranoïa, à plier son
art, comme d’autres le font autour de lui, pour le rendre
populaire. La Symphonie n° 13 “ Babi Yar ”, sur le célèbre
poème d’Evtouchenko, et qui dénonce notamment l’antisémitisme officiel, est en opposition frontale avec la ligne
du Parti et ne pourra être jouée dans son intégralité que
dix ans après sa composition. Musique rien moins que
populaire, ni bourgeoise, d’ailleurs, la 13e Symphonie est
l’archétype de l’œuvre libre, qui véhicule un message social
fort, et qui se soucie peu d’être accessible à d’autres que
l’élite intellectuelle au sein de laquelle elle est née. Superbe
enregistrement de Mariss Jansons qui dirige l’Orchestre
et les chœurs de la Radio bavaroise, avec la basse Sergeï
Aleksashkin 5.
Musique de chambre
Aujourd’hui, comme au XVIIIe siècle, la musique de
Carl Philipp Emanuel Bach, écrite par un intellectuel,
est destinée aux amateurs éclairés. Musicien de cour,
puis, à Londres, composant pour la classe moyenne,
Emanuel a un style bien à lui, original, recherché, plus
près de ses contemporains Mozart et Haydn que de son
père. Mais il n’alla vraisemblablement pas au bout de ses
intentions quasi révolutionnaires : il fallait vivre, et le
goût de son public lui imposait des contraintes. Deux
de ses Concertos pour clavier, enregistrés par Miklos
Spanyi avec l’Ensemble Opus X dirigé par Petri Tapio
Mattson 6, sont un bel exemple de cette originalité bridée par la société. Ils sont accompagnés par une jolie
Sonatine, très mozartienne.
Jazz-X
samedi 19 novembre à 20 heures
au Club Lionel Hampton
du Méridien Étoile
Après la soirée mémorable organisée au Petit Journal Montparnasse
en novembre 2004, Jazz-X organise une soirée exceptionnelle
au cours de laquelle on pourra entendre de nombreux orchestres
qui parcourent l’histoire du jazz du New Orleans au Be-bop.
Tous ces orchestres, dont certains ont fait l’histoire du jazz en
France, comptent dans leurs rangs des X, voire sont dirigés par
l’un deux. On pourra en particulier entendre :
Le tentette de Claude Abadie (38) avec Francis Behr (59) et
Albert Glowinski (58),
Les Dixieland Seniors de François Mayer (45),
Le Quintette South Blue avec Jean Salmona (56),
Le Quintette de François de Larrard (78),
Les Harlem Lions Trio avec Philippe Souplet (85),
Monky Business, quartet en hommage à Thelonious Monk,
avec Jean-Marc Phelippeau (89) et Jean-Louis Dornstetter (77),
Quartier Rouge (jazz fusion), avec Frédéric Morlot et ses camarades
de la 2000 et de la 2001,
Le Freeloader Funky Beat Jazz Orchestra avec Sylvain Streiff et
ses camarades de la 2004.
Une soirée riche d’imprévus, d’humour et d’émotion qui se
terminera par une grande jam-session.
Le disque du mois – Offenbach :
une musique hors classes ?
La Grande-Duchesse de Gérolstein a été révélée à beaucoup par la production du Châtelet dirigée par Marc
Minkovski avec les Musiciens du Louvre-Grenoble et
Felicity Lott, production que l’on retrouve dans un enregistrement diffusé tout récemment 8. “ Parodie du canon,
du plumet, de l’habit brodé, de la majesté de la guerre et
de la majesté du boudoir ”, comme l’écrit un journaliste
de l’époque, opéra-bouffe politique, toléré par Napoléon III
puis, plus difficilement, par Thiers après la défaite de
1870, sommet de l’art d’Offenbach, La Grande-Duchesse
échappe à toutes les modes et fait vibrer aussi bien dans
les années 2000 les bourgeois parisiens au Châtelet que
le public populaire marseillais de l’Odéon. Une musique
facile, peut-être, mais merveilleusement écrite, enlevée,
exquise, que Labiche réutilisa dans Doit-on le dire, et qui
est rien moins qu’élitiste. Mais le champagne est-il un
aujourd’hui un vin de classe ?
n
1. 1 CD + 1 DVD EMI 3 32118 2.
2. 1 CD VIRGIN 5 45740 2.
3. 1 CD BIS 1443.
4. 1 CD GREAT HALL 018.
5. 1 CD EMI 5 57902 2.
6. 1 CD BIS 1487.
7. 1 SACD PENTATONE 5 186 056.
8. 2 CD VIRGIN 5 45734 2.
Le nombre de place étant limité,
réservez dès à présent en téléphonant au
Club Lionel Hampton du Méridien Étoile,
81, boulevard Gouvion Saint-Cyr, 75017 Paris,
01.40.68.30.42.
Trois pièces pour orchestre à cordes, composées
entre 1937 et 1939, avant la grande apocalypse, et qui ne
feront guère pour la démocratisation de la musique dite
classique, mais qui sont exceptionnelles de beauté et de
force : les Variations sur un thème de Frank Bridge, de
Benjamin Britten, le Divertimento pour cordes de Bela Bartok,
et le Concerto funèbre de Karl Amadeus Hartmann, enregistrées par le Netherlands Chamber Orchestra dirigé par
Gordan Nikolic 7. La musique de Britten est, comme toujours, faussement facile, comme celle de Poulenc, et dissimule derrière une apparence de “ musique pour initiés
mondains ” une puissance créatrice et une subtilité semblables à la manière de Proust, autre spécialiste du double
jeu. Bartok, de même, écrit un Divertissement d’inspiration folklorique, qui n’a de divertissant que le nom : œuvre
profonde et douloureuse, qui précède de peu son départ
définitif de l’Europe. Quant à Hartmann, l’antinazi qui
passera la guerre en Allemagne dans un mutisme absolu,
il écrit son Concerto lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie.
Un grand disque.
Allons
au théâtre
Philippe Oblin (46)
L
E MÉTIER de comédien s’apprend, ou du moins le
devrait-il. Voilà la raison pourquoi il convient de
se méfier des “ comédiens amateurs ” : personne ne
leur a enseigné les ficelles du métier. On en vient même
parfois à se demander s’ils savent seulement qu’elles existent, et que leur ignorance peut se révéler fâcheuse. Sans
doute bien des amateurs possèdent-ils des dons innés,
qu’un minimum de pratique du plateau leur permet de développer, pour le plus grand agrément des spectateurs. Pour
peu qu’ils aient en outre le physique de l’emploi, ils se
croient bons. Et ils le sont en effet, en répétition ou même
en représentation intime, pareils à George Sand et ses
amis sur le petit théâtre de Nohant, où la scène est plus
grande que la salle, réduite à quelques fauteuils.
Ils se croient bons parce que, se conformant aux dons
que leur a conférés la nature, ils sont en effet “ naturels ”.
Mais le hic est que personne ne possède, de naissance, le
LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005 61
don de se faire entendre des spectateurs du dernier rang
sans hurler, même dans une salle de taille moyenne. Or
c’est bien ce que l’on attend, je serais tenté de dire d’abord,
d’un comédien. Et comme il ne peut s’agir d’un don, c’est
précisément cette pratique qui s’apprend. Elle passe, en
premier lieu, par la qualité de la diction, mais une bonne
diction n’est pas tout. Il ne suffit point de s’abstenir de
manger des syllabes pour être compris, il faut en outre
maîtriser la technique de la respiration ventrale, celle du
chat qui dort, pas celle du sportif. Et cette pratique n’est
pas naturelle du tout. Seuls de laborieux exercices peuvent
en faire une seconde nature, un réflexe à quoi l’on ne
pense plus. Tous les gens de métier le savent bien. Les
comédiens amateurs l’ignorent trop souvent.
De sorte que s’ils sont naturels sur scène et y susurrent de leur voix naturelle des douceurs à leur dulcinée,
même les spectateurs du premier rang ne les comprendront pas. Être naturel et paraître naturel sont en la matière
deux choses bien différentes.
Je me faisais ces réflexions l’autre soir en assistant à
une représentation, par une jeune troupe pourtant bien
sympathique, de L’Importance d’être Constant d’Oscar
Wilde. Amusante satire de la gentry anglaise victorienne,
où l’on entend une lady à principes déclarer à l’orphelin
prétendant à la main de sa fille que “ perdre un parent est
un malheur, mais perdre les deux devient de la négligence ”,
elle se laisse voir avec plaisir.
Quoi qu’il en soit, le spectacle offrait bien des qualités : sobriété de bon aloi du décor, raffinement des costumes, victoriens à souhait, élégance et grâce des jeunes
comédiennes, aisance des garçons sachant en général que
faire de leurs mains, ce qui n’est pas si facile, croyez-moi.
On ne pouvait en outre que dire du bien de la mise en
scène, parfaitement réglée, où les gestes et les déplacements, jamais inutiles, paraissaient couler de source.
La diction aussi semblait bonne, du moins lorsque l’on
entendait ce qui se disait sur scène. Circonstance hélas
exceptionnelle : même au second rang, où nous nous trouvions, on ne percevait le plus souvent qu’une façon de
murmure. D’évidence ces jeunes comédiens, plus ou moins
amateurs me semble-t-il, n’avaient pas encore appris à
respirer.
C’était grand dommage pour Oscar Wilde, dont on
perdait beaucoup de l’humour mélancolique et fin. Cher
Wilde, que l’on ne joue plus guère en France à présent,
sans doute parce que les dizaines de personnages de ses
pièces les ont rendues hors de portée de budgets peu subventionnés. Peut-être aussi parce qu’elles sont parfois un
tantinet bavardes. Défaut hélas assez répandu en ce stupide XIXe siècle qui fut le sien.
Le théâtre de cet Irlandais n’est d’ailleurs pas fait seulement de pièces amusantes et gracieuses. On y trouve
aussi des drames noirs, tels cette Véra ou les nihilistes, sorte
de Hernani mâtiné de grand-guignol, où l’on voit une nihiliste au grand cœur, un tsarévitch ami du peuple, une
grande abondance de conspirateurs, des ministres corrompus, un tsar plus couard qu’un rat musqué finissant
assassiné. Un salmigondis à coup sûr injouable, quelque
62 NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
chose de pire encore que Les Mains sales du regretté Sartre.
Ce que l’on sait moins peut-être, c’est que Wilde maniait
parfaitement notre langue : son dernier drame, Salomé,
fut en effet écrit en français, à Paris où il se réfugia après
ses malheurs et son emprisonnement à Reading. Cette
Salomé qui servit d’argument à Richard Strauss (et à son
librettiste von Hofmannsthal) pour composer son turgescent opéra du même nom. Il est d’ailleurs amusant de
noter que les Anglais, revenus de leurs préjugés homophobes et victoriens et voulant faire du maudit un auteur
bien de chez eux en publiant ses œuvres complètes, durent
faire traduire Salomé.
Quel dommage donc que tant de talent créateur, si
varié, n’ait pas été mieux servi, faute de technique vocale,
le soir de cette Importance d’être Constant !
n
Bridge
François Dellacherie (88)
Problème de bridge n° 14 (HH)
Personne vulnérable, Est donneur (une donne adaptée
de l’excellent livre de Reese et Hoffmann Play it again
Sam).
Ouest
Nord
Est
Sud
Contre
5u
3«
Passe
4«
6u
2« (1)
Contre (2)
Fin
(1) 2 faible, 6 cartes, 6-10 H
(2) Contre inutile !
Les enchères sont un peu bizarres… mais c’est comme ça !
Nord entame le Valet de «, et Sud met la Dame.
«
ª
u
¨
–
A V 4
A R V 6 3
V 7 6 5 2
«
ª
u
¨
8
R
D
A
5
7
10
R
4
2
9
3
2
Comment jouez-vous ?
Mise sur la voie
1. Combien avez-vous de perdantes ? (H)
2. Comment sont les Piques ? (H)
3. Où sont les Dames de ¨ et ª ? (H)
4. Peut-on éliminer la perdante ¨ ? (H)
5. Comment éliminer la perdante ª ? (HH)
6. La teneur à l’atout du mort vous fait-elle penser à une
technique particulière ? (HHH)
7. Quelle est la bonne ligne ?
Solutions page 66
Récréations
scientifiques
Énigme
polytechnicienne
Jean Moreau de Saint-Martin (56)
ou le général de Gaulle
et l’École polytechnique
1) Cosmographie
et géographie poétiques
Presque tout le monde a appris par cœur au lycée le sonnet Les Conquérants de José Maria de Heredia, extrait du
recueil Les Trophées (1893) qui a valu à son auteur d’entrer à l’Académie un an plus tard.
On se rappelle particulièrement le tercet final :
“ Ou, penchés à l’avant des blanches caravelles
“ Ils regardaient monter en un ciel ignoré
“ Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles. ”
C’est très beau, mais il y a une bizarrerie. Saurez-vous la
trouver ?
2) Tout sauf un
On jette un dé et on renouvelle l’opération tant que le dé
ne tombe pas sur le un, en totalisant les points obtenus à
chaque coup.
a) quelle est l’espérance mathématique du nombre de
coups ?
b) quelle est l’espérance mathématique du total obtenu ?
Réponse à l’énigme de février 2005
“ … Nous sommes débarrassés maintenant du règne de
l’École polytechnique dont une des funestes influences sur l’esprit de ceux qu’elle a formés est de leur donner le seul goût
des jugements a priori et de leur faire croire à la valeur absolue des hommes et des moyens. Soyez assurée comme je le suis
que nous nous trouverons le mieux du monde de ce changement…”
est extrait d’une lettre adressée à sa mère le 8 septembre
1917 par le capitaine de Gaulle, depuis la forteresse de
Rosenberg (à Kronach, au nord de la Bavière, non loin de
Bayreuth), où il fut prisonnier de juillet à novembre de
la même année, une de ses neuf “ garnisons ” de captif
entre Douaumont le 2 mars 1916 et Magdebourg le
11 novembre 1918, et où il réalisa les 15 et 30 octobre 1917
deux de ses cinq évasions, toutes athlétiques ou rocambolesques : lanières de draps tressées en corde de trente
mètres, panier à linge, etc.
D.R.
[email protected]
3) Le classement mystérieux
Quel est le classement du cocon de la 41 reçu immédiatement après le numéro 26 ?
Solutions page 66
Francis GASPALOU (60) signale qu’il a créé un site sur les
carrés magiques :
http://www.gaspalou.fr/magic-squares
Ce site – en anglais – traite de la structure des carrés
magiques ainsi que des méthodes et outils pour les
recenser. C’est en fait l’application de la théorie des
groupes aux carrés magiques.
Forteresse de Rosenberg à Kronach, Bavière.
Félicitations à Jean Coninx (41) et Alain Raoult (66)
pour avoir trouvé la réponse dans De Gaulle, traits d’esprit où Marcel Jullian cite ce courrier mais avec une mention calendaire inexacte “ août 1917 ”, car nous avons vu
LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005 63
“ Messieurs, j’ai l’honneur de vous saluer.
Mettez-vous au repos, s’il vous plaît, et asseyez-vous.
Je vois que l’X, comme la France, est en pleine évolution.
L’X, comme la France, est vieille, et en même temps elle est
toute neuve. Polytechnique, comme la France, reste ellemême à travers tous les changements. Je ne veux pas manquer
de rendre hommage à tout ce qui fut fait ici et à tout ce que
fut l’École polytechnique depuis l’origine. Je le fais avec
respect, avec émotion. L’État a voulu que l’École donnât à
ses élèves une haute culture scientifique et qu’elle les préparât
à devenir des hommes qui seraient des cadres supérieurs
pour la Nation. Et, en effet, c’est ce qui est arrivé. C’est
pourquoi je tiens à saluer cette réussite séculaire.
Il faut dire que Polytechnique a eu la chance, naguère,
de trouver deux éléments essentiels qui ont été extrêmement
favorables à son caractère et à son développement. D’abord
il se trouvait qu’elle s’est recrutée, qu’elle a vécu, qu’elle a
rayonné en un temps où la France était, voulait être et devait
être une grande puissance militaire. En un temps où, par
conséquent, une notable partie de l’élite nationale et, du
même coup, bon nombre de Polytechniciens, faisaient carrière
dans les rangs de l’armée. À ce point de vue il est vrai que,
surtout après les longues années qui ont suivi le désastre de
70, un grand nombre de vos anciens ont participé à cette
volonté profonde du peuple français d’effacer l’humiliation.
Et puis c’était le temps même où les transformations de
l’énergie, des transports, des communications, des fabrications
étaient essentielles, après l’ère uniquement agricole et
artisanale. Alors, les grands Corps : des Mines – des Ponts
et Chaussées – des Ports – des Chemins de Fer – des Postes,
des Télégraphes et Téléphones – des Fabrications d’armement
64 NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
Le général de Gaulle passe en revue la promotion 1957 le 9 juin 1959.
– des Constructions et de l’Artillerie navales…, ces grands
corps ont été les champs d’action, les royaumes des
Polytechniciens. Vos anciens y ont déployé une immense
valeur. Ils ont été beaucoup critiqués pour leurs défauts, ou
pour leurs soi-disant défauts, mais, au total, depuis le jour
où la Convention nationale a décrété la naissance de l’École
polytechnique, jusqu’au jour où Joffre, Foch, Fayolle défilèrent
sous l’Arc de Triomphe, l’École a bien servi la France. Et
maintenant, dans notre temps tel qu’il est et tel qu’il devient,
la France en appelle, encore une fois, à l’École polytechnique.
Mais les conditions dans lesquelles nous vivons, l’essor
incroyable de notre ère industrielle et tout ce qui s’y rattache
en fait de technique, de recherches, de réalisations, tout ce
qui s’y rapporte d’énergie, de masse, de vitesse, nous enveloppe
de conditions matérielles qui tendent à nous emporter. C’est
© ECPAD/FRANCE
Quarante et un an, neuf mois et un jour plus tard le
même personnage, revenu au pouvoir en 1958 après avoir
été chef de la France Libre de 1940 à 1944 puis chef du
Gouvernement provisoire de 1944 à 1946, rendait visite
à l’École polytechnique le 9 juin 1959, cinq mois seulement après la prise de ses fonctions de Président de la
République le 8 janvier 1959, probablement par amitié
avec le général de Guillebon (30) qui en était alors le commandant, un de ses plus fidèles “ Compagnons de la
Libération” : chef d’état-major de Leclerc, Tchad, Tripolitaine,
Tunisie, Normandie, Paris où il entre l’un des premiers
le 25 août 1944, Colmar, Berchtesgaden le 5 mai 1945.
Il s’adressa en ces termes aux élèves des promotions 1957
et 1958 réunis à l’amphithéâtre Arago :
© ECPAD/FRANCE
cette lettre avec effectivement en tête “8 septembre 1917”
à l’exposition De Gaulle soldat en 2000 au “ Mémorial
Leclerc et de la Libération de Paris ” (au-dessus de la gare
Montparnasse), et elle est d’ailleurs publiée avec cette
même date dans Lettres, notes et carnets. Merci aussi de
sa réponse à Pierre Monghal (29), mais ce n’était pas
Clemenceau.
Le général de Gaulle s’adresse aux promotions 1957 et 1958
à l’amphithéâtre Arago le 9 juin 1959.
Vous êtes ici des élèves, des militaires et des camarades.
Je vous dis que cela est beau et que cela est bien. Comme
vous avez de la chance ! Vous êtes ici adonnés à tout ce que
l’intelligence humaine découvre de plus élevé. Vous y êtes réunis
en promotions pleines d’espérances. Vous y êtes au contact
de maîtres qui sont un honneur pour la France et à qui
devant vous j’en rends, en son nom, le témoignage. Vous
allez entrer à votre tour dans l’activité de votre époque, et
de quelle époque ! Vous allez y entrer pour conduire les
hommes et pour gouverner les choses. Vous aller y entrer comme
des guides. Et puis, vous allez y entrer comme des Français,
c’est-à-dire comme les fils d’une nation qui est, précisément,
faite pour l’effort, pour le progrès et pour l’exemple. Oui, vous
avez de la chance !
Messieurs, je veux terminer ces quelques mots en vous
invitant à élever avec moi votre pensée, justement, vers la
France. Ce qu’elle attend de vous est à la mesure de ce qu’elle
vous donne et de ce qu’elle vous a donné. Ensuite, dès que
vous entrerez, et ce ne sera pas long, dans la période de la
vie où vous serez en activité, vous porterez, à son égard –,
vous portez déjà – l’honneur des responsabilités.
Vive l’École polytechnique ! Vive la France ! ”
À l’issue de cette visite le Chef de l’État signa le livre
d’or de l’École, mais sans y apposer de mention manuscrite
particulière. Le général de Boissieu, son gendre, qui est
peut-être celui qui l’a le mieux connu dans ses rapports
avec l’armée, nous a fait savoir que la sévère appréciation
de 1917 était principalement liée aux circonstances difficiles
dans lesquelles elle a été rédigée, et que son beau-père
prenait, en chaque occasion, pour chaque mission, celui
qui lui paraissait le mieux indiqué quelle que fût son
origine, polytechnicien ou non.
Il n’existe pas d’autres expressions publiques ou officielles du général de Gaulle au sujet de l’École polytechnique si ce n’est, de loin en loin, en Conseil des ministres,
les modifications des textes statutaires ainsi que les nominations des généraux commandant l’École.
Toutefois le livre du diplomate Jean-Paul Alexis Au
protocole du général de Gaulle, souvenirs insolites de l’Élysée
relate ainsi un incident sérieux survenu le 16 mai 1962 :
D.R.
pourquoi il est essentiel que, plus ces conditions matérielles
s’élèvent, déferlent, cherchent à gouverner, et plus doit
persister et s’imposer la domination de l’esprit. En notre
temps, ce que la France demande à Polytechnique, c’est
justement de former, comme l’École l’a toujours voulu, des
hommes dont l’intelligence et dont le caractère soient capables
de maîtriser la matière et, par conséquent, de l’utiliser dans
l’intérêt général, au lieu de laisser le monde s’asservir sous
sa loi. Que vous pratiquiez ici, Messieurs, tout ce qui définit
votre École et fait sa grandeur : la connaissance scientifique,
la discipline et la solidarité, le travail personnel, tout cela
est capital pour assurer le triomphe de l’esprit sur la matière.
Dans la cour de l’École le 16 mai 1962 (photo archives).
“ [La promotion 1960] allait recevoir bientôt la promotion
jumelle de Saint-Cyr, venue de Coëtquidan à Paris. Les saintcyriens sont donc reçus à l’École polytechnique (encore à Paris,
rue Descartes) mais, pendant le salut aux couleurs, ils reçoivent une pluie de papier toilette venue des fenêtres des étages
élevés du bâtiment. L’affront est patent et si grave que quatre
élèves mal notés sont renvoyés et, par solidarité, le major se
joint à eux.
Mon beau-frère [Albert Costa de Beauregard, X 60, ce
major], âgé de vingt ans, téléphone à l’Élysée pour me demander d’arranger les choses. Je raconte donc l’incident au colonel
de Bonneval [aide de camp du Général] en plaidant l’indulgence. Funeste initiative ! Bonneval, choqué de l’insulte au drapeau, en parle au Général, entre saint-cyriens, et la sanction
est confirmée. Le général de Gaulle se souvenait pourtant d’une
visite exemplaire à Polytechnique le 9 juin 1959 après avoir été
grossièrement reçu, un trimestre avant, non loin de là, rue
d’Ulm, à l’École normale supérieure [où des élèves avaient
refusé de lui serrer la main, ce qui mit fin très prématurément
à ses visites dans des établissements universitaires, du moins en
France], mais il songeait surtout, d’évidence, à ses officiers de
l’armée de terre, traumatisés par les événements d’Algérie et
justement susceptibles sur l’honneur de leur école.
Ainsi un simple chahut, d’un goût détestable, devenait,
un peu par ma faute, une affaire d’État. Finalement, après
des jours d’angoisse, il y eut des sanctions, des excuses, mais
aucun renvoi. ”
Bien qu’il fût au pouvoir encore dix ans jusqu’au 28 avril
1969, le Général n’est jamais retourné à l’École après la visite
du 9 juin 1959. Son père Henri de Gaulle (1848-1932)
s’était présenté au concours en 1867, y avait été admissible
mais pas admis.
Tels sont, en quelques lignes, les éléments de “ l’intersection ” entre le général de Gaulle et l’École polytechnique, brossés à l’occasion de la redécouverte d’une lettre
inattendue d’il y a quatre-vingt-huit ans.
n
Pierre BOULESTEIX (61)
LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005 65
Solutions du bridge
1. Vous avez 2 perdantes : un Cœur et un Trèfle.
2. Il semble bien d’après les enchères et l’entame que Sud
possède ARDxxx à Pique.
3. Dans ce cas, comme Sud a ouvert d’un deux faible,
Nord possède les deux dames manquantes.
4. La seule chance d’éliminer la perdante Trèfle est d’espérer la Dame seconde.
5. L’impasse Cœur étant vouée à l’échec, il faut trouver
une autre solution pour se débarrasser de la perdante à ª.
Une solution serait de défausser un ª du mort sur le
4e Trèfle, pour ensuite couper un ª au mort. Malheureusement, c’est impossible, car le 4e Trèfle sera coupé
par l’adversaire.
6. Si la Dame de Trèfle n’est pas seconde, on peut songer
à un mort inversé. La forte teneur à l’atout du mort le
permet. De plus on a les remontées nécessaires au mort.
On réalise ainsi 3 levées u du mort, 3 coupes, 4 levées de
¨ et 2 levées de ª. Ce plan nécessite que les deux
mineures soient réparties 3-2.
7. On commence par deux tours d’atout pour vérifier
qu’ils ne sont pas 4-1 (auquel cas le mort inversé est voué
à l’échec). S’ils sont 4-1, il faudra s’en remettre à la chute
de la Dame de ¨ seconde. Si les atouts sont 3-2, on dispose de 3 remontées au mort (AR de ¨ et As de Cœur)
pour couper deux Piques en main, puis aller purger le
dernier atout. Il suffit ensuite de donner sa Dame de ¨ à
Nord (qui n’a plus de «).
Sud avait : « ARD763 ª 963 u 54 ¨ 94.
Solutions des récréations scientifiques
1) Cosmographie et géographie poétiques
Claude Cardot (37), qui nous propose cette énigme,
répond :
“ Les caravelles, voulant découvrir l’Amérique, faisaient
indiscutablement route à l'Ouest.
“ Or, si on regarde à l’avant d’un navire faisant route vers
l’Ouest, on ne peut voir monter aucune étoile, nouvelle
ou pas, pour la simple raison que c’est à l’Est que se lèvent
les astres et à l’Ouest qu’ils se couchent comme chacun
peut le voir... Les conquistadores auraient donc dû regarder à l’arrière !
“ Heredia a simplement fait tourner la Terre à l’envers ! ”
Ma propre conclusion est un peu différente.
De Pékin à New York en passant par l’Europe, tant
qu'on est à la même latitude, ce sont les mêmes constel-
66 NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
lations qu’on voit défiler – d'Est en Ouest, bien entendu.
Où découvrir “ en un ciel ignoré des étoiles nouvelles ” ?
Dans le ciel austral. Ce sont les navigateurs découvreurs
des mers du Sud – Vasco de Gama le long des côtes africaines, Magellan vingt ans plus tard le long des côtes américaines – qui en ont eu la primeur, voyant monter ces
étoiles à bâbord de leurs navires piquant au Sud, plutôt
que Christophe Colomb, Cortés ou Pizarre.
2) Tout sauf un
proposé par Hubert Lévy-Lambert (53)
a) Il y a une chance sur six que le un sorte au premier
coup, cinq sur six que l’on se retrouve à la case départ,
mais avec une unité de plus au compteur de coups.
L’espérance x du nombre de coups est donc x = (1/6)1 +
(5/6)(1 + x), d’où x = 6.
b) De même, on a pour le premier coup un total 1 avec
probabilité 1/6 (et le tirage s’arrête), ou un total d’espérance 4 (moyenne de 2, 3, 4, 5 et 6) avec probabilité 5/6
(et le tirage se poursuit, avec le compteur de points incrémenté d’autant).
L’espérance y du nombre de points sortis est donc y =
(1/6)1 + (5/6)(4 + y), d’où y = 21.
Remarque : dans le a), le choix de la face de dé qui met
fin au tirage n’intervient pas. Quel que soit ce choix, on
a x = 6, chaque face de dé sort en moyenne une fois, et
donc y = 1 + 2 + ... + 6 = 21 pour la question b).
3) Le classement mystérieux
En application des lois scélérates de Vichy, et bien qu’il
soit de nationalité française, Bernard Lévi (41), classé juste
après le n° 26, a été classé 26 bis comme s’il était étranger. Il le raconte dans son livre de souvenirs intitulé, précisément, X bis (voir recension dans La Jaune et la Rouge
d’août-septembre 2005, page 69).
Post-scriptum au 2e problème
de juin-juillet 2005
Roger Lassiaille (54) est choqué que l’influence d’une
boule grise sur le risque de tout perdre (par tirage d’une
boule rouge) ne soit pas prise en compte dans la stratégie. Il préconise d’arrêter le tirage à la première des deux
limites : 4 boules blanches ou 6 boules tirées en tout.
C’est à chaque joueur de choisir sa stratégie en fonction
de son aversion au risque : je ne sais pas mesurer celle-ci
autrement que par son coût, la réduction d’espérance de
gain qui en résulte par rapport à la stratégie basée purement sur l’espérance mathématique. Lassiaille accepte
ainsi une espérance 8,223 euros au lieu de 8,547.
VIE DE L’ASSOCIATION
Procès-verbal de la réunion
du Conseil d’administration
du 21 avril 2005
Étaient présents :
É. CRESPEL (56) ♦ J. SALMONA (56) ♦ C. CASTAIGNET (57) ♦ J.-C. PÉLISSOLO (58) ♦ M. SCHELLER (59) ♦ M. BERRY (63) ♦ F. X. MARTIN (63)
♦ P.-H. GOURGEON (65) ♦ B. PITIÉ (67) ♦ É. LE
MER (71) ♦ S. CATOIRE (75) ♦ P. PUY (75)
♦ H. ZWIRN (75) ♦ A. BORIES (76) ♦ A. MOATTI
(78) ♦ N. CHARLES (84) ♦ R. DAUTRICHE (87)
♦ M. K. WOO (90) ♦ F. FALÉZAN (91) ♦ M. VOLATIER (91) ♦ B. de SINGLY (95) ♦ S. CHARBONNIER (2000) ♦ H. MARTRE (47) ♦ J. BOUTTES
(52) ♦ T. DUJARDIN (65).
Étaient excusés :
J. LECLERCQ (63) ♦ M. LENOT (67) ♦ É. BONNEVIE (73) ♦ P.-R. SEGUIN (73) ♦ B. BOUQUOT
(76) ♦ J.-M. DAILLANCE (77) • O. HERZ (79)
♦ P. DEMIGNÉ (82) ♦ A. LUCAUSSY (84)
♦ H. SUQUET (85) ♦ A.-T.MOCILNIKAR (86)
♦ L. GUILLOT (90) ♦ B. PACHE (54) ♦ F. AILLERET (56) ♦ J. DELACARTE (47) ♦ ROULET (54)
♦ F. CHAZE (97) ♦ J.-P. BÉGON-LOURS (62).
Assistaient également à la réunion :
♦ A. BRISAC (58), délégué général de l’AX,
♦ P. MARY (60), délégué général adjoint,
♦ Y. STIERLÉ (65),
♦ J. DUQUESNE (52), rédacteur en chef de
La Jaune et la Rouge,
♦ A.THOMAZEAU (56), rédacteur conseil de
La Jaune et la Rouge,
♦ É. JACQUEMIN (69), commissaire aux
comptes.
1. Approbation
du procès-verbal
de la réunion
du 17 février 2005
Jean SALMONA et Alexandre MOATTI
demandent quelques modifications aux comptes
rendus de leurs interventions. Il en sera tenu
compte dans la version définitive du procèsverbal qui sera publiée dans La Jaune et la
Rouge du mois de novembre. Sous réserve de
l’application de ces modifications, le procèsverbal de la réunion du Conseil d’administration du 17 février 2005 est approuvé à
l’unanimité.
2. Rapport moral
sur l’exercice 2004
Le rapport moral sur l’exercice 2004 ayant
été diffusé à tous les membres du Conseil
préalablement à la présente réunion, il n’est
pas procédé à une lecture dudit rapport mais
les membres du Conseil sont invités à faire
part de leurs commentaires ou à proposer des
modifications.
Jean-Claude PÉLISSOLO précise que les présidents des groupes “ X-Pays étrangers ”
(cf. paragraphe “Internationalisation de l’AX”
du rapport) ne sont pas encore membres de
la Commission X-International mais vont le
devenir. Jean SALMONA propose en séance
un texte sur l’avancement du projet de nouvelle revue à insérer après le paragraphe relatif à La Jaune et la Rouge. Sous réserve de l’introduction de ces précisions ou modifications,
le rapport moral sur l’exercice 2004 est approuvé
à l’unanimité.
des bénévoles. Compte tenu de son expérience dans ce domaine, le Conseil lui demande
de piloter un groupe de réflexion sur ce sujet.
Étienne JACQUEMIN, commissaire aux
comptes, déclare certifier que les comptes
annuels sont réguliers et sincères et qu’ils donnent une image fidèle du résultat des opérations de l’exercice écoulé ainsi que de la situation financière et du patrimoine de l’Association
à la fin de l’exercice.
Il est proposé d’affecter le résultat bénéficiaire de l’exercice (195 000 ¤) au report à
nouveau.
Le Conseil approuve à l’unanimité le rapport financier sur l’exercice 2004 ainsi que
les trois résolutions y incluses qui seront proposées au vote de l’Assemblée générale du
6 juin 2005, dont celle relative à l’affectation
du résultat.
Le budget 2005 annexé au rapport financier est identique à celui voté par le Conseil
le 17 décembre 2004.
3. Rapport financier
sur l’exercice 2004
4. Assemblée générale
du 6 juin 2005
Étienne CRESPEL présente la nouvelle
forme du rapport qui suit les nouvelles règles
applicables aux comptes des associations. Les
résultats sont meilleurs que la prévision budgétaire en raison principalement de l’amélioration de la Bourse et d’une diminution des
dépenses de la Caisse de secours.
La diminution des dépenses de la Caisse
de secours fait l’objet d’un débat. Christian
CASTAIGNET indique que cette diminution
n’est pas due à des refus de secours et que
l’on constate une évolution des demandeurs,
avec de plus en plus de camarades jeunes
ayant des problèmes d’emploi graves pouvant
conduire à des problèmes familiaux. On
constate aussi une baisse des visites au Bureau
des Carrières sans qu’il y ait une explication
sûre. Hervé ZWIRN signale que le même phénomène lui a été rapporté par le responsable
du Bureau des Carrières de l’ENST. Étienne
CRESPEL estime que l’AX devrait développer
davantage des actions de “coaching” des camarades en difficulté, sachant que ces actions
sont chères quand elles ne sont pas faites par
La traditionnelle conférence qui suivra la
première partie de l’Assemblée générale, le
6 juin 2005, sera sous la forme d’un dialogue
entre le général de NOMAZY, directeur général de l’École, et Alain BRAVO (65), directeur
général de SupElec, sur le thème de ParisTech.
Seront ainsi comparés les points de vue des directeurs de deux écoles, l’une faisant partie de
ParisTech et l’autre non, sur leurs projets respectifs.
5. Renouvellement
du Conseil d’administration
L’établissement de la liste des candidats
proposés par le Conseil pour son renouvellement en juin prochain donne lieu au préalable à un débat sur la méthodologie de recrutement d’un nouveau président et plus
généralement sur le fonctionnement interne
de l’Association.
À l’issue de ce débat, le Conseil décide :
1) de créer un groupe de travail chargé de
LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005
67
ses groupes internationaux, la Fondation,
polytechnique.org, leurs missions et les actions
menées au profit des élèves étrangers ainsi
que le réseau polytechnicien. La venue d’élèves
étrangers nombreux pose le problème, entre
autres, de leur intégration à la vie en France.
L’AX a sur ce point un rôle à jouer. La proposition qu’un ancien parraine un élève a
recueilli leur intérêt. Un appel à volontaires va
donc être lancé auprès des anciens.
8. Groupe de travail
sur les cours en ligne
de ParisTech
Le groupe s’est réuni avec Alain BAMBERGER,
DGAE de l’École. Celui-ci a apporté des précisions sur les objectifs, les coûts et l’avancement de l’opération. Un rapport sera diffusé
aux membres du Conseil très prochainement.
Il est rappelé que l’École souhaite un soutien
de l’AX de 30 k¤ par an pendant trois ans.
9. Questions diverses
Rodolphe DAUTRICHE, dans un courriel retransmis par la Délégation générale à
tous les membres du Conseil, exprimait la
nécessité de mener une réflexion approfondie sur les orientations à donner à l’AX en
fonction de l’évolution actuelle et prévisible
de l’École.
Le Conseil estime que les questions soulevées par Rodolphe Dautriche sont importantes et demandent une réflexion approfondie. Rodolphe DAUTRICHE accepte de piloter
un groupe de travail sur les sujets évoqués
dans son courriel. Jacques BOUTTES, JeanClaude PÉLISSOLO, Sophie CHARBONNIER
et Martin VOLATIER se sont déclarés intéressés à participer aux travaux de ce groupe.
D’autres membres du Conseil, dont Jean-Marc
DAILLANCE, seraient susceptibles de les
rejoindre. Le Conseil confie à Rodolphe
DAUTRICHE le soin de constituer ce groupe
de travail avec les membres du Conseil précités et de le présider.
Jean SALMONA informe le Conseil que
Michel PÉBEREAU et Carlos GHOSN ont
donné leur accord pour faire partie du Comité
de parrainage de la nouvelle revue, aux côtés
de Claude BÉBÉAR, Raymond LÉVY, Pierre
LAFFITTE et Thierry de MONTBRIAL.
Plus rien n’étant à l’ordre du jour et personne ne demandant la parole, la séance est
levée à 20 h 30.
■
Cérémonie de la Flamme
à l’Arc de Triomphe
PHOTO J. D.
définir ce que l’Association attend du président
qui sera élu en juin 2006, compte tenu de la
conjoncture actuelle et à moyen terme. Ses
travaux devront être terminés pour le 15 octobre
2005. Le président Pierre-Henri GOURGEON
propose qu’il soit constitué du Bureau et
d’autres membres du Conseil volontaires. Jean
SALMONA et Hervé ZWIRN se portent candidats en séance pour y participer. Leur participation est approuvée par le Conseil. Plusieurs
camarades demandent que tout nouveau
contact avec des candidats potentiels soit suspendu en attendant les résultats des travaux
du groupe. Cette demande n’est pas soumise
au vote et le Conseil ne se prononce donc pas
à ce sujet ;
2) de constituer un groupe de travail sur le
fonctionnement interne de l’Association.
Patrick PUY se propose de piloter ce groupe.
Alexandre MOATTI, Jean-Claude PÉLISSOLO,
Éric LE MER et Bertrand de SINGLY se portent candidats en séance pour y participer. Leur
participation ainsi que le pilotage du groupe
par Patrick PUY sont approuvés par le Conseil.
Le Conseil a pris acte des démissions,
pour des raisons personnelles, de Marc LENOT
et Frédérique CHAZE et les remercie pour
leur action au sein du Conseil.
La liste des candidats proposés par le
Conseil pour les douze postes à pourvoir a
été arrêtée. Elle figurera sur les bulletins de
vote à la prochaine assemblée générale dont
l’envoi aux membres de l’Association est
imminent.
Il est enfin confirmé qu’il serait souhaitable que les membres du Conseil, candidats au prochain Bureau, se fassent connaître
de la Délégation générale dans la mesure du
possible avant la prochaine réunion. La liste
de ceux des candidats qui auront bien voulu
se faire connaître à l’avance sera diffusée au
Conseil.
6. Bilan du Bal 2005
Alain BORIES, président exécutif de la
Commission du Bal, dresse le bilan du Bal
2005 tenu le 1er avril dernier à l’Opéra Garnier.
L’ensemble des participants et des entreprises
partenaires se sont déclarés très satisfaits.
Aucun problème notable dans l’organisation
du Bal n’est à signaler même si des progrès
doivent encore être faits dans certains domaines.
Le résultat financier est légèrement déficitaire
en coût complet mais largement bénéficiaire
en coût direct.
Le Conseil félicite le président exécutif et
la Délégation générale. Il confirme Alain
BORIES dans sa fonction de président exécutif de la Commission du Bal pour le Bal
2006 qui se tiendra le 31 mars 2006, toujours
à l’Opéra Garnier.
7. Commission permanente
” International ”
Jean-Claude PÉLISSOLO rend compte de
la réunion tenue à l’École le 19 avril 2005
avec les nouveaux élèves étrangers de la filière
EV2. Cette réunion a permis de présenter l’AX,
68
Le lundi 10 octobre 2005 Pierre-Henri GOURGEON, président de l’AX, accompagné du
général Xavier MICHEL, directeur général de l’École, a déposé une gerbe et ranimé la flamme
de la tombe du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe.
Une délégation d’élèves en grand uniforme participait à cette cérémonie ainsi qu’un groupe
d’anciens.
Pour mieux souligner l’importance de cet événement et assurer la pérennité du souvenir
qu’il symbolise, il serait bon que nos camarades y participent en plus grand nombre.
NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
Procès-verbal de la réunion
du Conseil d’administration
du 20 juin 2005
Étaient présents :
É. CRESPEL (56) ♦ J. SALMONA (56) ♦ C. CASTAIGNET (57) ♦ Y. PÉLIER (58) ♦ J.-C. PÉLISSOLO (58) ♦ M. SCHELLER (59) ♦ J.-M. LEVAUX
(64) ♦ P.-H. GOURGEON (65) ♦ J.-M. YOLIN (65)
♦ R. MIZRAHI (70) ♦ É. BONNEVIE (73) ♦ P. PUY
(75) ♦ H. ZWIRN (75) ♦ A. BORIES (76) ♦ B. BOUQUOT (76) ♦ A. MOATTI (78) ♦ O. HERZ (79) ♦
D. NICOLAS (81) ♦ P. DEMIGNÉ (82) ♦ J. BEUNARDEAU (83) ♦ L. BILLÈS-GARABÉDIAN (83)
♦ A. LUCAUSSY (84) ♦ A.-T. MOCILNIKAR (86)
♦ R. DAUTRICHE (87) ♦ P. LOGAK (89) ♦
F. FALÉZAN (91) ♦ B. de SINGLY (95) ♦ S. CHARBONNIER (2000) ♦ S. LANDRY (01) ♦ H. MARTRE
(47) ♦ J. BOUTTES (52) ♦ B. PACHE (54) ♦ F. AILLERET (56) ♦ J. DELACARTE (47) ♦ T. DUJARDIN
(65).
Étaient excusés :
J.-P. BOUYSSONNIE (39) ♦ ROULET (54) ♦ J. LECLERCQ (63) ♦ É. LE MER (71) ♦ J.-M. DAILLANCE
(77) ♦ H. SUQUET (85) ♦ L. GUILLOT (90) ♦
M. K. WOO (90) ♦ M. VOLATIER (91)
♦ J.-P. BÉGON-LOURS (62).
Assistaient également à la réunion :
♦ P. MARY (60), délégué général,
♦ Y. STIERLÉ (65), délégué général adjoint,
♦ J. DUQUESNE (52), rédacteur en chef de
La Jaune et la Rouge,
♦ A. THOMAZEAU (56), rédacteur conseil de
La Jaune et la Rouge.
Le Conseil est ouvert sous la présidence
de Pierre-Henri GOURGEON.
1. Approbation
du procès-verbal
de la réunion du Conseil
du 21 avril 2005
Plusieurs membres du Conseil ont adressé
à la Délégation générale, préalablement à la
présente réunion, des propositions de modifications du projet de procès-verbal. Certaines
sont mineures et seront prises en compte dans
le texte définitif.
D’autres propositions de modifications
ont été débattues. Elles portent sur le paragraphe 5 du projet de procès-verbal et émanent notamment de Jean SALMONA, Patrick
PUY, Alexandre MOATTI et Michel SCHELLER.
Ainsi, concernant le premier alinéa du
paragraphe 5, Jean SALMONA préconise d’ajouter : “ En attendant, aucun nouveau contact ne
sera pris avec des candidats potentiels. ”
Rodolphe DAUTRICHE rappelle que sa
suggestion d’un vote éventuel sur ce sujet
n’avait pas été retenue. Mention sera ainsi faite
de la proposition des quatre camarades précités, le Conseil ne s’étant pas prononcé formellement sur le sujet lors de sa réunion du
21 avril 2005.
Le Président fait ensuite remarquer que
le terme de commission employé dans le
projet de procès-verbal est impropre dans la
mesure où la décision prise était de constituer une instance consultative provisoire
composée de quelques membres du Bureau et
de quelques membres du Conseil ne siégeant
pas au Bureau. Le terme de groupe de travail
lui paraît donc plus approprié.
Enfin, il est décidé d’entériner la participation
de Patrick PUY et de Michel SCHELLER qui
se sont joints à la première réunion du groupe
avec l’accord des participants au dit groupe.
En conséquence l’alinéa 1) du paragraphe 5
du procès-verbal sera ainsi rédigé :
“ 1) de créer un groupe de travail chargé
de définir ce que l’Association attend du président qui sera élu en juin 2006, compte tenu
de la conjoncture actuelle et à moyen terme.
Ses travaux devront être terminés pour le
15 octobre 2005. Le président Pierre-Henri
GOURGEON propose qu’il soit constitué du
Bureau et d’autres membres du Conseil volontaires. Jean SALMONA et Hervé ZWIRN se
portent candidats en séance pour y participer.
Leur participation est approuvée par le Conseil.
Plusieurs camarades demandent que tout nouveau contact avec des candidats potentiels
soit suspendu en attendant les résultats des
travaux du groupe. Cette demande n’est pas
soumise au vote et le Conseil ne se prononce
donc pas à ce sujet. ”
La discussion sur le deuxième alinéa porte
essentiellement sur l’appellation à donner à
la deuxième instance créée à l’occasion du
même point de l’ordre du jour. Plusieurs camarades, dont son président, Patrick PUY, rappellent qu’elle a été dénommée en séance
“ Commission pour la révision des statuts ”.
Le Président fait tout d’abord remarquer
qu’il ne peut s’agir d’une commission permanente telle que l’entendent les statuts et le
règlement intérieur de l’Association mais
plutôt d’un groupe de travail sur un sujet particulier et non permanent. Si, à l’issue de ses
travaux, le groupe conclut qu’une révision
des statuts est nécessaire, alors le Conseil décidera d’engager, éventuellement, une telle révision. Celle-ci est une opération lourde comme
le font remarquer deux camarades, Brigitte
BOUQUOT et Jean DELACARTE. Elle résul-
terait non seulement des propositions d’amélioration du fonctionnement interne de
l’Association qui seront faites par le groupe
en question mais aussi des propositions du
groupe de travail sur le rôle et les orientations
à donner à l’AX, présidé par Rodolphe
DAUTRICHE.
En conséquence l’alinéa 2) du paragraphe 5
du procès-verbal sera ainsi rédigé :
“ 2) de constituer un groupe de travail sur
le fonctionnement interne de l’Association.
Patrick PUY se propose de piloter ce groupe.
Alexandre MOATTI, Jean-Claude PÉLISSOLO,
Éric LE MER et Bertrand de SINGLY se portent candidats en séance pour y participer.
Leur participation ainsi que le pilotage du
groupe par Patrick PUY sont approuvés par le
Conseil. ”
L’approbation du procès-verbal de la réunion
du Conseil du 21 avril 2005 reste soumise à l’approbation du présent procès-verbal.
2. Proclamation
des résultats du vote
pour le renouvellement
du Conseil d’administration
Le président Pierre-Henri GOURGEON
lit le procès-verbal du vote et proclame les
résultats, lesquels seront publiés dans La Jaune
et la Rouge d’août-septembre.
Il félicite les nouveaux élus et cède la présidence du Conseil à Christian CASTAIGNET
(57), doyen d’âge.
Christian CASTAIGNET souhaite la bienvenue aux nouveaux membres du Conseil. Il
invite ensuite ceux des membres du Conseil
qui le souhaitent à déclarer leur candidature
pour le poste de président.
Pierre-Henri GOURGEON (65) annonce
qu’il est candidat à un nouveau mandat.
Michel SCHELLER (59) confirme qu’il est
candidat.
Chacun des candidats, Pierre-Henri
GOURGEON puis Michel SCHELLER, expose
son programme.
Après l’intervention de plusieurs camarades exposant leur point de vue sur ces deux
candidatures, il est alors procédé au vote.
Sur 29 votants, Pierre-Henri GOURGEON
recueille 14 voix et Michel SCHELLER 12 voix.
Il y a 3 bulletins blancs ou nuls.
Christian CASTAIGNET et l’ensemble du
conseil félicitent Pierre-Henri GOURGEON
pour son élection et celui-ci reprend la présidence de la séance.
LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005
69
3. Élections des membres
du Bureau
Le Président invite tout d’abord les membres
du Conseil qui le souhaitent à poser leur candidature pour l’un des quatre postes de viceprésident.
Se portent candidats :
• Jean SALMONA (56),
• Christian CASTAIGNET (57),
• Alain BORIES (76),
• Antoine-Tristan MOCILNIKAR (86).
Il est alors procédé au vote. Sur 29 votants :
• Jean SALMONA obtient 22 voix,
• Christian CASTAIGNET obtient 25 voix,
• Alain BORIES obtient 25 voix,
• Antoine-Tristan MOCILNIKAR obtient
26 voix.
Jean SALMONA, Christian CASTAIGNET,
Alain BORIES et Antoine-Tristan MOCILNIKAR
sont déclarés élus vice-présidents.
La séance est interrompue à 20 h 45
pour remettre à des élèves de la promotion
2003 des bourses humanitaires. Elle est
reprise à 21 h 30.
Le Président invite les membres du Conseil
qui le souhaitent à poser leur candidature
pour le poste de secrétaire général et le poste
de secrétaire général adjoint. Il informe au
préalable qu’Alexandre MOATTI, obligé pour
des raisons personnelles de quitter la séance,
lui a signifié qu’il retirait sa candidature formulée il y a quelques semaines par un courrier et ce dans la mesure où il n’y aurait que
deux candidats.
Se portent candidats pour chacun des
deux postes :
• Laurent BILLÈS-GARABÉDIAN (83),
• Rodolphe DAUTRICHE (87).
Il est convenu de procéder à un vote unique
pour les deux postes, le candidat obtenant le
plus de voix étant déclaré élu secrétaire général et l’autre candidat déclaré élu secrétaire
général adjoint, et les bulletins de vote pouvant comporter un ou deux noms.
Il est alors procédé au vote. Sur 28 votants :
• Laurent BILLÈS-GARABÉDIAN obtient
26 voix. Il est élu secrétaire général,
• Rodolphe DAUTRICHE obtient 23 voix. Il
est élu secrétaire général adjoint.
Le Président invite ensuite les membres
du Conseil qui le souhaitent à poser leur candidature pour le poste de trésorier.
Étienne CRESPEL (56) se porte candidat
pour ce poste.
Il est alors procédé au vote. Sur 27 votants
Étienne CRESPEL obtient 19 voix. Il est élu
trésorier. À noter que 8 voix se sont portées
sur Bertrand de SINGLY qui n’était pas candidat à ce poste.
Le Président invite enfin les membres du
Conseil qui le souhaitent à poser leur candidature pour le poste de trésorier adjoint.
Laurent GUILLOT (90) s’est porté candidat par courriel adressé à la Délégation générale. Bertrand de SINGLY (95) se porte candidat en séance.
Il est alors procédé au vote. Sur 26 votants :
• Bertrand de SINGLY obtient 14 voix.
• Laurent GUILLOT obtient 12 voix.
Bertrand de SINGLY est déclaré élu trésorier
adjoint.
70
4. Désignation des
présidents de commissions,
du délégué général
et du rédacteur en chef
de La Jaune et la Rouge
Les statuts de l’Association prévoient
qu’ensuite soient désignés le président de la
Caisse de secours, les présidents des commissions permanentes, le délégué général et le
rédacteur en chef de La Jaune et la Rouge.
Sont désignés respectivement, pour ces
différents postes :
• président de la Caisse de secours : Christian
CASTAIGNET (56), à l’unanimité,
• président de la commission “ Publications ” :
Pierre-Henri GOURGEON (65), à l’unanimité,
• président de la commission “Titre d’ingénieur” :
Jacques BOUTTES (52), à l’unanimité,
• président de la commission “ Emploi ” :
Philippe DEMIGNÉ (82), à l’unanimité,
• président de la commission “Communication” :
François-Xavier MARTIN (63), à l’unanimité,
• président de la commission “ Évolution de
l’École, relations avec le CNISF, le CNGE et
la CGE ” : Rodolphe DAUTRICHE (87), à
l’unanimité,
• président de la commission “ Internationalisation et développement du réseau
RETIX ” : Jean-Claude PÉLISSOLO (58), à
l’unanimité,
• délégué général : Pierre MARY (60), à l’unanimité,
• rédacteur en chef de La Jaune et la Rouge :
Jean DUQUESNE (52), à l’unanimité.
5. Renouvellement
des membres du Comité
de gestion de la Caisse
de secours
Les membres du Comité de gestion de la
Caisse de secours sont renouvelés dans leur
mandat.
6. ParisTech
Le Conseil est unanime pour reconnaître
la nécessité d’une réflexion approfondie sur ce
sujet. Il décide de créer à cet effet un groupe
de travail dont la présidence est proposée à
Michel SCHELLER (59). Celui-ci demande à
réfléchir sur la proposition qui lui est faite. Il
donnera sa réponse au plus tard lors de la
prochaine réunion.
7. Élection
d’un vice-président
d’honneur
Le Président propose au Conseil de nommer
vice-président d’honneur François Xavier
MARTIN (63) en raison des éminents services
qu’il a rendus à l’Association au cours de ses
deux mandats d’administrateur, notamment
dans ses fonctions de vice-président. Le Conseil
NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
approuve cette proposition. François Xavier
MARTIN est élu vice-président d’honneur de
l’AX à l’unanimité.
8. Suite du Conseil
Tous les points inscrits à l’ordre du jour
n’ayant pas pu être traités, il est décidé de
convoquer le Conseil le 25 août 2005 à 18h30
à la Maison des X. L’ordre du jour de cette
réunion sera le suivant :
• point d’avancement du groupe de travail
pour le choix du prochain président,
• point sur Manageurs.com,
• ParisTech,
• rapport de la commission “ Internationalisation ”,
• projet de nouvelle revue.
Personne ne demandant plus la parole, la
séance est levée à 23 h.
■
GROUPES X
X-HISTOIRE
ET ARCHÉOLOGIE
Président : Maurice BERNARD (48),
tél. : 01.55.88.81.83 ou 06.83.69.45.65,
[email protected]
Secrétaire : Jacqueline POTTIER,
tél. : 01.42.50.65.57,
[email protected]
PROCHAINE CONFÉRENCE
À 18 h 30, Maison des X,
12, rue de Poitiers, 75007 Paris.
■ Mercredi 7 décembre 2005
Des polytechniciens aux États-Unis par
Christian MARBACH (56).
Au début du XIXe siècle, Simon BERNARD
(1794), Claudius CROZET (1805), Pierre
Benjamin BUISSON (1811) et quelques autres
ont exercé leurs talents aux États-Unis, notamment en Louisiane.
Christian MARBACH, président d’honneur de la SABIX, la Société des amis de la
Bibliothèque de l’X, a suivi les traces qu’ils
ont laissées de l’autre côté de l’Atlantique. Il
raconte leurs ambitions, leurs aventures, leurs
réalisations.
Dans son exposé, inspiré des travaux qu’il
vient de publier dans le dernier Bulletin de la
SABIX, Christian MARBACH replace ces destins individuels dans le cadre de la formation
et de la carrière des polytechniciens et dans
celui des relations franco-américaines, aussi bien
scientifiques que politiques.
X-HÉRAULT-GARD
VISITE À UN JEUNE CENTENAIRE
Au début de l’automne, François TEISSIER
du CROS (24) a eu cent ans et, pour cette
occasion, nous étions une vingtaine à le fêter,
rassemblés autour de lui dans sa vieille mai-
son de famille au pied des Cévennes, héritée
d’une dynastie de filateurs de soie.
François TEISSIER du CROS a commencé
sa carrière dans le corps des Ponts et Chaussées.
Très tôt intéressé par la physique quantique
à ses débuts, élève de Max Born à la veille de
la guerre, c’est seulement à partir de 1957
qu’il pourra se consacrer entièrement à la
recherche, au sein du laboratoire de physique
de l’X. Il y dirigera jusqu’à sa retraite, en 1973,
une équipe vouée aux lasers et à leurs applications.
Une nouvelle vie commence alors pour
lui : fréquentant les laboratoires et les bibliothèques de l’École, il n’a pas cessé de suivre
les développements de la physique des particules. Depuis quelques années, il porte son
attention à l’étude des réactions ultrarapides
en biologie, rendue possible grâce aux lasers
à impulsions ultracourtes (le femtoseconde !).
Nous lui avons remis, comme cadeau
d’anniversaire et suivant son vœu, le compte
rendu intégral de la XXIe conférence internationale sur la physique et l’astrophysique
du neutrino, qui s’était tenue au Collège de
France au printemps 2004 et à laquelle il avait
regretté de ne pas avoir pu assister.
Au cours de l’échange d’idées qui a suivi,
François a forcé notre admiration par la pénétration de ses réflexions. Il a un souhait pour
2006 : rendre visite aux équipes du CERN.
Nous avons découvert qu’un lointain oncle
de François TEISSIER du CROS avait fait partie de la deuxième promotion de l’X. Officier
du Génie, il avait conçu pour son frère le filateur la première unité industrielle de conditionnement des cocons de vers à soie. Il en
reste aujourd’hui un bâtiment, la “ coconnière ”, converti en gîte d’étape à Valleraugue,
sur un chemin de grande randonnée des
Cévennes.
X-RÉSISTANCE
La prochaine réunion d’X-Résistance aura
lieu au Musée Jean Moulin, 23, allée de la
2e DB, Jardin Atlantique (accès possible depuis
la gare Montparnasse) le lundi (jour de fermeture
au public) 5 décembre 2005 à 15 h 30.
Madame Christine LÉVISSE-TOUZÉ,
conservatrice du Mémorial Maréchal LeclercMusée Jean Moulin, qui met une salle du
musée à notre disposition, introduira la visite
de l’exposition qui y sera présentée.
Il s’agit de l’exposition sur :
Les cheminots dans la Résistance,
réalisée par la Fondation de la Résistance avec
le Mémorial-Musée et la participation de la
SNCF.
CARNET
PROFESSIONNEL
En partenariat avec :
• Thierry COSTE (61) est nommé vice-président du Conseil de surveillance de Caceis.
• Charles CANETTI (67) est nommé président d’Amadeus-Dirigeants.
• Mohamed FASSI-FEHRI (67) est nommé
président délégué de l’Institut et de la Fondation
Caisse de dépôt et de gestion (CDG) (Maroc).
• Luc VIGNERON (73) est réélu président
du Conseil d’administration de GIAT Industries.
• Gérard MOHR (74) est nommé directeur
général délégué du Groupe Cegelec.
• André RENAUDIN (76) est nommé président-directeur général du Groupe La Mondiale.
• Didier RETALI (76) est nommé directeur
général délégué de Suez Énergie Services.
• Gérard PIGNAULT (78) est nommé président de Créalys.
• Jean-Pierre DAVERIO (80) est nommé directeur général adjoint stratégie, ventes et marketing de Servisair-GlobeGround.
• Fathi JERFEL (80) est nommé directeur
général du Crédit Agricole Structured Asset
Management (CASAM).
• Marc LITZLER (80) est nommé président
du Conseil d’administration du Crédit Agricole
Structured Asset Management (CASAM).
• François de VARENNE (87) est nommé
directeur de la gestion d’actifs et du Corporate
Finance du Groupe Scor.
• Gaëlle MONTEILLER (88) est nommée président de Lafarge Béton Vallée de Seine.
• Damien BARBIER (90) est nommé chef du
Service de la surveillance des marchés à la
DESM (Direction des enquêtes et de la surveillance des marchés).
X-EXPERTISE
Le groupe X-Expertise
se réunira à 18 heures
le mercredi 30 novembre 2005
à la Maison des Polytechniciens,
12, rue de Poitiers, 75007 Paris.
Le camarade Yves POISSONNIER (52)
fera un exposé sur
L’évaluation des préjudices.
Ensuite nous dînerons sur place.
Pour tous renseignements, s’adresser à :
Jacques LUTFALLA (55), 01.48.87.85.92
ou [email protected]
ARPLASTIX
Les membres du groupe exposeront leurs
œuvres à la galerie COURTIEUX, Esplanade
des Courtieux, place du général Leclerc à
Suresnes.
Exposition publique du 5 au 10 décembre
2005, de 14 heures à 19 heures du lundi au
vendredi, de 9 à 19 heures le samedi.
La visite pourra aussi être l’occasion, pour
les camarades intéressés, de s’informer sur les
activités du groupe Arplastix : atelier, sorties
aquarelle, visites, conférences, voyages...
Résultats de la 16e enquête socioprofessionnelle
du CNISF sur les ingénieurs diplômés en France
• un document de 92 pages
• une fonction du calcul
de son salaire en ligne
• un CD-Rom pour les entreprises
L'enquête de référence en France
Des informations uniques sur les salaires, la mobilité,
la satisfaction professionnelle des ingénieurs.
Consultez sans attendre le site du CNISF : www.cnisf.org
LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005
71
GROUPE PARISIEN DES X
VISITES CULTURELLES
• Klimt, Schiele, Kokoschka, Moser au Grand Palais.
• Camille Claudel au musée Marmottan.
CONFÉRENCES-DÎNERS
12, rue de Poitiers, 75007 Paris.
Téléphone : 01.45.48.52.04.
Télécopie : 01.45.48.64.50.
Courriel : [email protected]
Site Internet : gpx.polytechnique.org
Au programme
des activités du GPX
DÎNER-DÉBAT
Lundi 12 décembre à 19 h 30 : Les choix de l’Homme face aux
grands enjeux éthiques, de la naissance à la mort par le célèbre
professeur Bernard DEBRÉ, urologue de réputation internationale,
député de Paris, auteur de nombreux ouvrages sur les interrogations
que posent désormais les évolutions présentes ou à venir de la
génétique et de la biologie.
✂
BULLETIN D’ADHÉSION AU GPX
Saison 2005-2006
Nom : ................................................................................
Prénom : ...................................... Promotion : ................
Adresse : ..........................................................................
..........................................................................................
Courriel : ..........................................................................
Tél. : ..................................................................................
Désire adhérer comme :
64 euros *
❏ membre sociétaire (avec droit de priorité)
30 euros
❏ membre associé
et adresse ci-joint un chèque de ............................ euros
au GPX, 12, rue de Poitiers, 75007 Paris.
* 32 euros pour les promos 92 et postérieures et pour les veuves.
72
NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
• Lundi 28 novembre à 18 h 30 : La tour Eiffel, quelle aventure ! par
François BEDAUX (41).
• Mercredi 7 décembre à 18 h 30 : Des polytechniciens aux ÉtatsUnis par Christian MARBACH (56), en liaison avec le groupe X-Histoire
et Archéologie.
• Lundi 23 janvier à 18 h 30 : Érasme, la naissance de l’humanisme ?
par le professeur André GODIN.
THÉÂTRE
• Le meilleur professeur au Petit Théâtre de Paris.
• Love letters au Théâtre de la Madeleine.
• La chèvre ou qui est Sylvia au Théâtre de la Madeleine.
• Moins deux Théâtre Hébertot.
BRIDGE
• Des tournois officiels, homologués par la FFB, ont lieu tous les
lundis à 14 h 15 à la Maison des X, réunissant le Groupe de Bridgeurs
polytechniciens (GBX) affilié à la Fédération et les bridgeurs du GPX
qui désirent participer à des tournois homologués.
• Des parties libres (ou tournois officieux) se tiennent tous les mercredis après-midi à 14 h 30 à la Maison des X.
• Des cours de perfectionnement de second niveau sous la conduite
de Norbert LEBELY ont lieu certains vendredis après-midi à 14 h 30 :
le 18 novembre, 2 et 16 décembre.
• Un cycle de premier niveau “ Jouer au bridge avec de bonnes bases ”
les jeudis matin...
VOYAGES
• LACS, VILLAS ET JARDINS D’ITALIE DU NORD
7 jours de Milan à Venise en septembre 2006.
L’enchantement des lacs italiens dans leur cadre alpestre : lac Majeur,
lac de Lugano, lac de Lecco, lac de Côme, lac de Garde. La splendeur des villes historiques : Vérone, Mantoue, Padoue, et croisière
vers Venise. Extension possible de trois jours à Venise.
PROMENADE À PIED
Dimanche 20 novembre 2005 avec Hugues STURBOIS (85) :
01.49.36.98.15 ou 06.79.89.16.01.
Boucle de 18 km à partir de Saint-Rémy-les-Chevreuse. Parcours vallonné passant par le château de la Madeleine et l’abbaye de Port-Royal.
Départ de Châtelet-les-Halles à 9 h 11, par le RER B (mission PEPE),
Denfert-Rochereau à 9 h 19.
Arrivée à Saint-Rémy-les-Chevreuse à 9 h 57.
Retour de Saint-Rémy-les-Chevreuse à 16 h 57 par le RER B.
Arrivée à Châtelet-les-Halles à 17 h 44 (un train toutes les 15 minutes).
YOGA
Les séances de yoga dirigées par Madame JONGLEZ de LIGNE ont
repris à la Maison des X. Il reste quelques places pour les cours du
jeudi de 18 heures à 20 heures.
ŒNOLOGIE
Les cours d’œnologie ont lieu à la Maison des X sous deux formes :
• initiation aux vins de France, certains lundis de 20 heures à 22 heures,
• perfectionnement aux vins de France et du Monde, certains jeudis
de 20 heures à 22 heures.
D.R.
D.R.
Rencontres avec des hommes
remarquables
Entretien avec
André Comte-Sponville et Christophe André
Mercredi 23 novembre 2005 à 19 heures
Salle ASIEM – 6, rue Albert de Lapparent
75007 Paris – Métro Ségur
Amour sage, amour fou
André Comte-Sponville
Aimer et revenir à l’essentiel
Christophe André
André COMTE-SPONVILLE est né à Paris, en 1952. Ancien élève
de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégé de philosophie,
docteur de troisième cycle, Docteur Honoris Causa de l’université
de Mons-Hainaut, en Belgique, il fut pendant longtemps Maître de
Conférences à la Sorbonne (université Paris I).
Toulousain acclimaté à Paris, Christophe ANDRÉ est marié et
père de 3 filles. Il est aussi médecin psychiatre dans le Service
hospitalo-universitaire de l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, où il
dirige une unité spécialisée dans le traitement des troubles
anxieux et phobiques.
André Comte-Sponville est l’auteur de nombreux articles et essais.
Parmi ses publications les plus connues, citons : un Traité du désespoir
et de la béatitude (1984, actuellement à sa 15e édition), trois recueils
d’articles : Une éducation philosophique, Valeur et vérité (Études
cyniques), et Impromptus mais aussi, L’amour, la solitude et Présentations
de la philosophie. Son livre le plus fameux : Petit traité des grandes
vertus (publié en 1995, et traduit en 24 langues). Ses livres les plus
récents : La sagesse des Modernes, avec Luc Ferry ; L’être-temps, Le
bonheur, désespérément, Dictionnaire philosophique; Le capitalisme
est-il moral ? La philosophie. Enfin vient de paraître La vie humaine,
en collaboration avec l’artiste peintre Sylvie Thybert.
Christophe André est également enseignant à l'université Paris X.
Conjointement, il a beaucoup écrit sur “l’intelligence des émotions”.
Il est l'auteur de nombreux articles et ouvrages scientifiques, ainsi
que de livres à destination du grand public qui ont connu un grand
succès, tels : L’estime de soi, Comment gérer les personnalités
difficiles en collaboration avec François Lelord, La force des
émotions, Petites angoisses et grosses phobies avec Muzo, ou
encore, La peur des autres avec Patrick Légeron.
Enfin, vient de paraître (2004), Vivre heureux ou la psychologie
du bonheur.
L’amour est le sujet le plus intéressant, et aucun autre n’a d’intérêt, qu’à proportion de l’amour qu’il mérite ou qu’on lui prête. Il existe mille et
une maladies d’amour : carences ou souffrances, besoins ou chagrins, peurs ou douleurs... Et ces maladies peuvent porter sur mille et un objets :
troubles de l’amour de soi, des autres, de la vie. La science confirme que l’amour est chez l’être humain un besoin et une chance, une force biologique
universelle et une construction psychologique individuelle. D’une certaine façon, la psychologie ne fait que parler d’amour; et les psychothérapeutes
ne font qu’entendre des récits autour de l’amour. C’est l’amour qui sauve ; c’est donc lui qu’il s’agit de sauver.
André Comte-Sponville et Christophe André nous emmèneront sur tous les rivages de l’Amour. Le rêve de la fusion, l’expérience du manque,
la passion et l’amitié, l’amour qui prend et l’amour qui donne mais aussi “ la grande souffrance du désir ”, “ sa puissance et sa joie ”... Et puis il y
a la charité, la très douce et très pure charité. Mais en sommes-nous capables ?
Cet événement est conçu et organisé par l’Association “ Rencontres avec des hommes remarquables ” TM.
Les bénéfices de cette conférence servent intégralement à financer des projets humanitaires ou à caractère non lucratif.
En partenariat avec :
CONFÉRENCE ANDRÉ COMTE-SPONVILLE ET CHRISTOPHE ANDRÉ – 23 NOVEMBRE 2005 À 19 HEURES
Coupon-réponse à retourner au plus tard le 20 novembre 2005, accompagné d’un règlement de 20 €,
à l’Association “ Rencontres avec des hommes remarquables ”,
37, rue du Bois de Boulogne, 92200 Neuilly-sur-Seine
Nom : .............................................................................................................................. Prénom : ............................................................ Promotion : ......................
Tél. : ............................................................................................... Courriel : ..................................................................................................................................................
Assistera à la conférence d’André Comte-Sponville et Christophe André,
accompagné de ......... personnes.
Ci-joint un chèque de participation de 20 euros x ......... = ......... euros
LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005
73
2e colloque à l’initiative des Associations
des anciens élèves de l’Institut national
agronomique Paris – Grignon, de l’ENA
et de l’École polytechnique
Notez d’ores et déjà ce rendez-vous !
Le jeudi 19 janvier 2006
Centre français du Commerce extérieur –
Ubifrance
Alimentation :
quel partage des responsabilités ?
En présence de :
• Xavier Bertrand, ministre de la Santé et des Solidarités
• Dominique Bussereau, ministre de l’Agriculture et de la Pêche
RENSEIGNEMENTS
Secrétariat général du colloque
REGARDS International, Olga JOHNSON,
8, rue Fallempin, 75015 Paris.
Tél. : 01.45.78.18.50. Fax : 01.45.77.73.61.
Courriel : [email protected]
www.regards-international.com
X-Forum, les 16 et 17 novembre 2005
Tous les ans, X-Forum réunit à l’École polytechnique de nombreuses entreprises, écoles d’application, corps et universités
étrangères pour offrir aux élèves l’occasion de s’informer sur leur avenir étudiant et professionnel.
L’édition de cette année aura lieu les 16 et 17 novembre et sera parrainée par le groupe AREVA.
Ce forum est gratuit et ouvert à tout le monde, en particulier aux X des promotions les plus récentes qui désireraient évoluer
dans le marché du travail.
Seront en effet présentes pour les renseigner des entreprises de tous secteurs : industrie, aéronautique, télécoms, chimie, audit,
conseil, banques, assurances, BTP…
Le détail du forum est disponible sur notre site Internet www.xentreprises.com
Mercredi 16 novembre
• 13 h :
Présentation de la Fondation de l’X.
• 14 h :
Présentation de la direction des Relations extérieures. Les X en formation à l’étranger.
• 15h :
Rencontres avec les laboratoires de l’X et des entreprises partenaires des conventions CIFRE.
• 17 h :
Table ronde “ Les recherches sur l’électronique embarquée ”.
• 18 h 30 : Cocktail de clôture de l’Espace Recherche.
Jeudi 17 novembre
•9h:
Ouverture des stands : rencontre des élèves avec les entreprises, les corps de l’État et les écoles.
• 9 h 30 : Ouverture des points débats et de l’Espace Conseil.
• 17 h :
Conférence de clôture par Mme Lauvergeon, présidente du directoire d’Areva.
• 18 h 10 : Remise du Prix Pierre Faurre.
• 18 h 30 : Cocktail de clôture du X-Forum 2005.
74
NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
Carnet polytechnicien
n 1927
Décès de Robert Hamard le 19.10.2005.
n 1928
Décès de Gaston Forgues le 22.5.2005.
n 1930
Décès de Jean-Robert Muzard le
13.10.2005.
n 1933
Décès de Gilbert Bernard le
11.9.2005.
n 1934
Décès de Jean Huraux le 15.10.2005.
n 1937
Louis Isnard fait part de la naissance
de sa petite-fille Camille, le 13.6.2005,
chez Arnaud et Monica.
Robert Lagane fait part de la naissance
de ses 35 e et 36 e petits-enfants :
Philomène le 23.11.2004, chez Pierre
et Cécile Lagane; Cyprien le 23.8.2005,
chez Étienne et Marie-Laure Lagane.
n 1950
André Michaud fait part du décès de son
épouse Isabel, le 4.10.2005.
n 1951
Décès d’Étienne Chambron le 30.9.2005.
115e Bal de l’X
vendredi 31 mars 2006
Palais Garnier
Pour plus de renseignements,
veuillez consulter
le site Internet du Bal de l’X
www.baldelx.com
n 1938
Décès de Louis Le Saget le 17.9.2005.
n 1939
Décès de Noël Goulounès le
24.9.2005.
n 1942
Décès de Pierre Caillat le 20.10.2005.
n 1946
Décès de Jean Pouchot-CamozGandorne le 27.8.2005.
Décès de Jacques Fauvel le 19.9.2005.
Décès d’Henri Grimond le 1.10.2005.
Décès de Madame André Léonard
le 21.10.2005.
Contact individuels :
01 56 81 11 04
Contact entreprises :
01 56 81 16 93
n 1955
Jean-Michel Guittard fait part du mariage
de sa fille Marine avec Gregory Gruslin,
le 10.9.2005.
Philippe Champel fait part de la naissance
d’Anatole le 18.8.2005, chez Damien
et Camille.
n 1960
Pierre Zervudacki fait part de la
naissance de sa première petite-fille,
Éléa, le 20.6.2005, chez Emmanuel
et Valérie Zervudacki.
n 1961
Pierre Boulesteix fait part de la
naissance de ses troisième et quatrième
petits-enfants, Marie le 29.3.2005
chez Laurent et Laurence Leplongeon
et Romain le 17.7.2005 chez Rémy
(91) et Aurélie Boulesteix.
n 1963
Bruno Masnou fait part du mariage
de son fils Laurent avec Cécile
Terminet, le 28.5.2005.
n 1964
Jean de La Brunetière fait part du
mariage de son fils Henry avec Sophie
Budin, petite-fille de François Budin
(43) et d’Henri Jeannin (39), le
20.8.2005.
n 1965
Patrice Urvoy fait part de la naissance de son cinquième petit-enfant,
Émilie, le 21.9.2005, fille de Tanguy
Urvoy et de Carine Hue.
n 1966
Daniel Bréfort fait part de la naissance
de sa troisième petite-fille, Inès, chez
Anne-Sophie et Cédric Richard.
n 1947
Gabriel Hamy fait part de la naissance
de son cinquième petit-enfant, Nathan,
le 20.6.2005, chez son fils Hervé
(89) et Chantal.
n 1967
Jean Hervet fait part de la naissance
de sa troisième petite-fille, Judith, le
19.4.2005, chez Marie-Laure (94) et
Christophe Hervet (94).
n 1948
Jean-Marie Buscailhon fait part de
la naissance de son troisième petitenfant, Charlotte, le 22.5.2005, chez
Florence et Jean-Marc Gautier.
n 1969
Robert Cohen fait part du mariage
de son fils Raphaël, petit-fils de Louis
Pacaud (46, décédé) avec Jill
Markowitz, le 29.5.2005.
76
N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
Bernard Bresson fait part de la naissance de son sixième petit-enfant et
premier petit-fils, Ambroise, le
3.7.2005, chez Maëlys et François
Charles Luxor.
n 1972
Hélène et Christian Blondin font
part de la naissance de leur petitefille, Lea Blondin Saldarriaga, le
14.7.2005 et du mariage de leur fils
Stéphane avec Mariola Saldarriaga,
le 15.9.2005.
n 1973
Décès de Jean-Marie Segaud le
13.10.2005.
n 1976
Michel Goniak fait part du décès de
son père Szczepan Goniak, le
25.8.2005.
Vendredi 31 mars 2006
Palais Garnier
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ou par courriel :
[email protected]
n 1978
Bruno Thiard fait part de la naissance
de son petit-fils, Thomas Danilo, le
8.9.2005, fils de Clémence et Jérôme,
premier arrière-petit-enfant d’Antoine
Thiard (47).
n 1994
Olivier Ondet fait part de son mariage
avec Claire Villeneuve le 9.7.2005.
Marie-Laure Mallet et Christophe
Hervet font part de la naissance de
leur fille Judith, le 19.4.2005.
Anne et Gaël Diaz de Tuesta font
part de la naissance de Marc, le
23.8.2005.
n 1997
Sébastien Courcambeck fait part
de son mariage avec Jessica Baumann
le 2.7.2005.
Anne et Nathanaël Leclercq font
part de la naissance de Justin, le
1.9.2005, arrière-petit-fils de Robert
Leclercq (39).
Stéphanie et Julien Merveilleux font
part de la naissance de leur fille Chloé,
le 11.9.2005.
n 1988
Christophe Bertagnolio fait part de
la naissance de Pacôme, le 18.9.2005.
n 1989
Chantal et Hervé Hamy font part de
la naissance de leur troisième enfant,
Nathan, le 20.6.2005, petit-fils de
Gabriel Hamy (47).
Maud et Florent Chabaud font part
de la naissance de leur fils Antonin,
le 29.9.2005.
n 1991
Julien Pouillot fait part de son mariage
avec Florence Dugelay, le 14.5.2005.
Hèlène Lavanant et Jérôme Walter (90)
font part de la naissance de leur second
enfant, Paul, le 13.5.2005.
Marc Bocquet et Anne (92) font part de
la naissance de leur troisième enfant,
Alice, le 14.7.2005.
n 1993
Nicolas Morel fait part de son mariage
avec Lorraine Pelletier, le 28.5.2005.
Pascal Agin fait part de la naissance
de sa fille, Julie, le 5.7.2005.
n 1995
Mathieu Truant fait part de son
mariage avec Sylvie Dambre le
20.8.2005.
Éric Coustures fait part de son
mariage avec Angela Goodarzi, le
24.9.2005.
Jean-François Curci et Tiphaine
Tiengou (92) font part de la naissance
de Pierre, le 13.1.2005.
n 1980
Anne-Isabelle et Bruno Comby font
part de la naissance de leur premier
enfant, Damien, le 24.9.2005.
n 1990
Jérôme Walter et Hélène Lavanant
(91) font part de la naissance de leur
second enfant, Paul, le 13.5.2005.
Jean-Laurent et Emmanuelle Anglade
(née Thibault) font part de la naissance
de leur deuxième fille, Héloïse, le
11.7.2005.
Anne Bocquet et Marc (91) font part
de la naissance de leur troisième
enfant, Alice, le 14.7.2005.
n 1998
Marion Bertagnolio fait part de la
naissance de Pacôme, le 18.9.2005.
Rémy Boulesteix et Aurélie font part de
la naissance de leur deuxième enfant,
Romain, le 17.7.2005, petit-fils de Pierre
Boulesteix (61).
n 1992
Tiphaine Tiengou et Jean-François Curci
(95) font part de la naissance de Pierre,
le 13.1.2005.
Roger Averbuch et Marie-Hélène font
part de la naissance de leur fille Capucine,
le 2.5.2005.
n 2001
Jean Prudhomme et Bérengère Caffart
(02) font part de leur mariage le 15.10.2005.
Matthieu Attali fait part de son mariage
avec Dorothée Odent, le 30.7.2005.
Pierre Wadier fait part de son mariage
avec Anne-Laure Tiberi, le 8.10.2005.
n 2002
Bérengère Caffart et Jean Prudhomme
(01) font part de leur mariage le 15.10.2005.
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2 0 077
5
ANNONCES
BUREAU DES CARRIÈRES – AX
5, rue Descartes, 75005 Paris.
Téléphone : 01.56.81.11.14. Télécopie : 01.56.81.11.03.
Courriel : [email protected]
Site Web : www.abcdx.com
Nicolas ZARPAS (58) du BUREAU DES CARRIÈRES est à la disposition des camarades en recherche
d’emploi ou souhaitant réfléchir sur l’orientation de leur carrière, pour les recevoir et les conseiller. En effet,
un entretien est toujours souhaitable et peut aider efficacement avant un changement de situation.
Compte tenu de son expérience professionnelle, le Bureau des Carrières peut aussi répondre aux questions que
se posent les jeunes camarades avant leur premier emploi, ou, plus généralement, au moment où ils réfléchissent
à leur orientation et cherchent à définir leur projet professionnel.
Pour aider les camarades en recherche d’emploi, et leur permettre de se rencontrer pour débattre de leurs
démarches, l’AX met à leur disposition, gratuitement, un bureau situé à l’AX, 5, rue Descartes, 75005 Paris.
Les camarades intéressés par les Offres d’emploi adressées par des sociétés ou des “ chasseurs de têtes ”
peuvent les consulter sur www.manageurs.com site à vocation internationale de mise en contact entre
recruteurs et anciens ou élèves.
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reçues par courrier,
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seront traitées
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en fin d’année.
Les annonces à publier
dans le numéro
de janvier 2006
devront nous parvenir
au plus tard le
mardi 6 décembre 2005.
Elles sont sur le site Web :
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technologiques pluridisciplinaires (330
personnes dont 250 ingénieurs en mécanique,
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des responsables d’activités à haut potentiel
(management d’équipes, conduite d’études
et de développement d’équipements à forte
valeur ajoutée).
Esprit d’entreprise, innovation technologique,
professionnalisme dans la satisfaction des
clients et la conduite de projets sont nos
valeurs. Venez les partager avec nous et nos
partenaires.
Contact : Philippe Demigné X 82, président.
Tél. : 01.39.30.61.00.
[email protected] - www.bertin.fr
n 9243 - CONSULTANTS
CONSEIL OPÉRATIONNEL
EN RÉDUCTION DE COÛTS
CRISTAL DÉCISIONS est un cabinet de
conseil opérationnel en réduction de coûts,
spécialisé dans la réduction des dépenses
de télécommunications des grands comptes.
Les quatre principes fondateurs de Cristal
Décisions sont :
1) la focalisation sur la mise en œuvre des
économies,
2) une position d’hyperspécialiste dans le
domaine des télécommunications (téléphonie
fixe, mobile, data, réseau de données et
monétique),
3) une rémunération indexée sur les
économies réalisées,
4) une indépendance totale.
Créée il y a trois ans, Cristal Décisions
compte parmi ses clients des sociétés telles
que Air Liquide, Bosch, Nouvelles Frontières,
la Caisse des Dépôts, Crit Interim, Norbert
Dentressangle, Disney Resorts Paris, France
Loisirs, Gide Loyrette Nouel, Havas, Lilly
France, McKinsey, Novartis, Quiksilver,
Randstad, Securitas, Sodexho, Thomas
Cook, Valeo, Védio Bis.
En 2004, Cristal Décisions réalise un chiffre
d’affaires de 3 M€.
Pour accompagner sa très forte croissance
et l’élargissement de son offre à d’autres
catégories que les télécommunications,
Cristal Décisions recrute plusieurs consultants,
avec ou sans expérience de conseil préalable.
Vous êtes rigoureux, vif, avez le goût du
contact client et des chiffres. Vous prendrez
en charge de A à Z la gestion des missions
qui vous sont confiées : analyse des dossiers,
préparation et conduite des négociations
fournisseurs, gestion de la relation client,
mise en œuvre et mesure des économies.
Contacter :
Hervé CORLAY (X 86), président
[email protected]
n 9318 - ModelEdition SA, spécialiste
amélioration processus budgétaire et business
plan intervenant auprès directions grandes
entreprises. Pour accompagner notre
développement recherchons futurs partenaires
seniors avec expérience confirmée conseil
en management et/ou direction générale
dans un ou plusieurs secteurs industriels.
Contacter Raoul de Saint-Venant (X 73),
[email protected]
n 9566 - GLOBAL SA, société de services
et de conseil en informatique, intervient
pour le compte de grands groupes bancaires
et financiers nationaux et internationaux.
Parmi nos domaines de référence, celui des
systèmes des marchés de capitaux et des
instruments financiers connaît un fort
développement.
Dans ce cadre, GLOBAL SA recherche des
consultants juniors et seniors issu(e)s de
grandes écoles d’ingénieurs.
Nous souhaitons rencontrer des futurs collaborateurs à fort potentiel, autonomes, désirant s’investir sur des projets innovants dans
des environnements techniquement en pointe,
fonctionnellement très sophistiqués, et en
particulier intéressés par les systèmes d’information et les systèmes d’aide à la décision en salle de marché.
Une première expérience dans le domaine
de la finance de marché (bourse, titres, instruments financiers, mathématiques financières) serait un plus.
Anglais courant, idéalement expériences
internationales.
Notre responsable RH Arina LUNEL est
prête à vous rencontrer ou si vous le souhaitez vous pouvez vous inscrire en ligne à
nos réunions d’information sur ces opportunités.
Arina LUNEL - Responsable RH - GLOBAL
SA - Immeuble Le Linéa - 92047 Paris La
Défense Cedex. Tél. : 01.41.45.87.13. Fax :
01.41.45.87.01. E-mail : [email protected]
n 1076 - A.I.R. Grâce à l’informatique, les
aveugles et les malvoyants retrouvent une
autonomie impensable jusque-là pour lire,
écrire, communiquer… L’Association A.I.R.
la leur apporte en leur apprenant à utiliser
un ordinateur. En plein développement, elle
recherche un jeune retraité bénévole prêt à
s’investir et désireux d’y prendre des
responsabilités.
S’adresser à Pierre Miret (X 52)
A.I.R. - 4, rue Auber - 75009 Paris.
Tél. : 01.400.600.60.
E-mail : [email protected]
Site : www.air-asso.org
DEMANDES
DE SITUATION
n 3462 - X76, MBA Insead. Anglais courant.
Vente et marketing B2B - Conseil - Systèmes
d’information - Supply chain management.
Expérience 23 ans chez Hewlett-Packard,
IBM, i2 Technologies.
Recherche poste de direction secteurs des
prestations de services, systèmes d’information,
industries High-Tech.
n 3463 - X 75, ENSAE (statisticien économiste), doctorat en mathématiques de
la décision. Forte expérience dans le domaine
de la formation (enseignement en écoles
d’ingénieurs et de gestion) et ingénierie de
la formation (conseil pédagogique, direction
d’études) et expérience significative en
entreprise (consulting), maîtrise de l’anglais
et allemand courants + arabe.
Recherche poste à caractère pédagogique
(formation, conseil en formation, direction
d’études).
n 3464 - Formation : École polytechnique
(79), ENSTA - Expérience managériale et
technique réussie (direction usine, production,
achats) acquise au sein d’entreprises
internationales productrices de biens de
consommation dans des milieux très
concurrentiels.
Recherche un poste de Direction générale
de business unit au sein d’entreprise à
composante industrielle.
Anglais, allemand courants.
Elles sont sur le site Web :
www.abcdx.com
n 3455 - Formation : École polytechnique
(81), ENSTA - Expérience réussie dans
différentes fonctions des opérations
(production, industriel, achats) au sein
d’entreprises internationales de biens de
consommation.
Recherche un poste de Directeur des opérations
ou Directeur des achats dans un groupe
international à composante industrielle.
Anglais, allemand courants.
n 3460 - Formation : École polytechnique
(76), Sup-Aéro civil, 48 ans, 23 ans
d’expérience dans la R & D et l’innovation
(management de projets et de bureaux
d’études, stratégie technique, business
development) dans différents secteurs hitech (aéronautique, spatial, armement,
nucléaire, productique) au sein de grandes
entreprises (Thomson, Matra, Dassault, Giat)
ainsi qu’en PME.
Cherche poste tourné vers l’innovation et
la préparation de l’avenir : direction technique,
prospective, développement d’activité,
marketing stratégique.
n 3461 - Chef de projet X 81, Télécom.
Compétences affirmées en architecture et
développement de produits complexes,
encadrement d’équipes pluridisciplinaires,
mise en place de contrats et pilotage de soustraitants majeurs, maîtrise des coûts et des
délais. Expérience variée dans le secteur
spatial (clients, contraintes coûts et délais,
anomalies).
Recherche poste de Direction de Projet,
encadrement de chefs de projet, direction
d’études et développements dans un secteur
à fort contenu technologique.
LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2 0 079
5
ANNONCES
AUTRES ANNONCES
5, rue Descartes, 75005 Paris
Téléphone : 01.56.81.11.11. Télécopie : 01.56.81.11.01
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N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE
Les annonces sont publiées
à titre de service rendu
aux camarades et n’engagent
pas la responsabilité de l’AX.
Elles sont publiées
sur le site Internet
www.polytechniciens.com
au début du mois
de parution dans la revue.
Tarifs 2005 : la ligne
Demandes de situation :
Offres d’emploi :
Immobilier :
Divers :
7€
9€
13 €
15 €
Les annonces à publier
dans le numéro
de janvier 2006
devront nous parvenir
au plus tard le
mardi 6 décembre 2005.

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