Le Viêtnam - La Jaune et la Rouge
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Le Viêtnam - La Jaune et la Rouge
REVUE MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ AMICALE DES ANCIENS ÉLÈVES DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE 5 V I Ê T NA M 2 0 0 5 Viêtnam Airlines, Airbus A321. PHAM LAM HAI TRIEU Baie d’Along. TRAN BANG La Jaune et la Rouge, revue mensuelle de la Société amicale des anciens élèves de l’École polytechnique Directeur de la publication : Pierre-Henri GOURGEON (65) Rédacteur en chef : Jean DUQUESNE (52) Rédacteur conseil : Alain THOMAZEAU (56) Secrétaire de rédaction : Michèle LACROIX Éditeur : SOCIÉTÉ AMICALE DES ANCIENS ÉLÈVES DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE 5, rue Descartes, 75005 Paris Tél. : 01.56.81.11.00 Mél : [email protected] Fax : 01.56.81.11.01 Abonnements, Annuaire, Cotisations : 01.56.81.11.15 Annonces immobilières : 01.56.81.11.11 Fax : 01.56.81.11.01 Bureau des Carrières : 01.56.81.11.14 Fax : 01.56.81.11.03 Rédaction : 5, rue Descartes, 75005 Paris Tél. : 01.56.81.11.13 Mél : [email protected] Fax : 01.56.81.11.02 Tarif 2005 Prix du numéro : 8 € € Abonnements : 10 numéros par an : 33 € € Promos 1995 à 1998 : 25 € € Promos 1999 à 2001 : 17 € € Publicité : FFE, 18, AVENUE PARMENTIER BP 169, 75523 PARIS CEDEX 11 TÉLÉPHONE : 01.53.36.20.40 Impression : EURO CONSEIL ÉDITION LOIRE OFFSET PLUS Commission paritaire n° 0109 G 84221 ISSN n° 0021-5554 Tirage : 12 500 exemplaires N° 609 • NOVEMBRE 2005 5 Éditorial de Noël FORGEARD (65), CEO EADS 7 Les relations bilatérales entre la France et le Viêtnam par Jean-François BLAREL, ambassadeur de France au Viêtnam Marché – Entreprises 9 Alcatel et le Viêtnam, une stratégie payante de partenariat durable en Asie par Olivier BAUJARD (76), Chief Technology Officer d’Alcatel 11 Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est : une décennie de coopération et d’opération au Viêtnam par LÊ Van Phuc (64), directeur général Apave Sud Europe, président du directoire Apave Groupe et Pierre DELOHEN, Le Moniteur 15 Marché aéronautique au Viêtnam par TRAN Bang (2000), Supaéro 2004, Eurocopter Économie – Relations internationales 20 Les négociations du Viêtnam pour l’adhésion à l’OMC : opportunités et défis par LUONG Van Tu, vice-ministre du Commerce, chef de la mission de négociation du Viêtnam à l’OMC 23 Le Viêtnam : une nouvelle réussite du modèle de développement asiatique par Jean-Bernard VERON, conseiller, direction de la stratégie de l’Agence française de développement 26 Les relations sino-vietnamiennes aujourd’hui par le général Daniel SCHAEFFER, conseil en stratégie d’entreprise à l’international (Chine et Asie du Sud-Est) 29 Coopération entre la DGAC et la CAAV par René GAUDIN (65), directeur de la direction des Programmes aéronautiques civils, DGAC, et Emanuela LACARZE, chargé de mission géographique Asie-Pacifique, DGAC Culture – Pays 31 Le Viêtnam à travers langue et écriture par Raphaël MONTELATICI (97) et LÊ Thái Hoàng (01) 36 Viêtnam : carnet de route par Jean-Philippe KALFON, consultant en stratégie et photographe 38 Parcours d’un polytechnicien vietnamien par VU Ngoc Anh (01) et DO Mai Phuong (99) RETRAITES 41 41 Les retraites des professions non salariées par Henri CHAFIOTTE (68), directeur de la Caisse autonome de retraite des médecins de France 47 Les régimes de retraite complémentaire du secteur privé par Bruno PASQUIER (68), directeur général de PARUNION 55 FORUM SOCIAL 55 Le “ Café Signes ” un café pas comme les autres par Dominique DESCROIX (58) 57 ARTS, LETTRES ET SCIENCES 57 Les livres 60 Discographie par Jean SALMONA (56) 61 Jazz-X le samedi 19 novembre au Club Lionel Hampton du Méridien Étoile, Allons au théâtre par Philippe OBLIN (46) 62 Bridge par François DELLACHERIE (88) 63 Récréations scientifiques par Jean Moreau de SAINT-MARTIN (56) Énigme polytechnicienne ou le général de Gaulle et l’École polytechnique, réponse à l’énigme de février 2005, de Pierre BOULEISTEX (61) 66 Solutions du bridge et des récréations scientifiques 67 V I E D E L’ A S S O C I AT I O N 67 Procès-verbal de la réunion du Conseil d’administration du 21 avril 2005 69 Procès-verbal de la réunion du Conseil d’administration du 20 juin 2005 70 Groupes X 71 Carnet professionnel 72 GPX 73 Rencontres avec des hommes remarquables, Entretien avec André COMTE-SPONVILLE et Christophe ANDRÉ le mercredi 23 novembre 2005 74 2e colloque à l’initiative des Associations des anciens élèves de l’Institut national agronomique Paris-Grignon, de l’ENA et de l’École polytechnique “ Alimentation : quel partage des responsabilités ? ” le jeudi 19 janvier 2006, X-Forum, les 16 et 17 novembre 2005 76 Carnet polytechnicien, Le 115e Bal de l’X aura lieu le vendredi 31 mars 2006 à l’Opéra Garnier ANNONCES 78 78 Bureau des carrières 80 Autres annonces Comité éditorial de La Jaune et la Rouge Pierre LASZLO, Gérard PILÉ (41), Maurice BERNARD (48), Michel HENRY (53), Michel GÉRARD (55), Alain MATHIEU (57), Jean-Marc CHABANAS (58), Jacques-Charles FLANDIN (59), Jacques PARENT (61), Gérard BLANC (68), Jacques DUQUESNE (69), Nicolas CURIEN (70), Alexandre MOATTI (78), Hélène TONCHIA (83), Jean-Philippe PAPILLON (90), Bruno BENSASSON (92). ÉDITORIAL de Noël FORGEARD (65), CEO EADS L E VIÊTNAM, fort de ses quatre-vingt-trois millions d’habitants D.R. et porté par une économie qui recueille les fruits de profondes réformes structurelles, s’affirme aujourd’hui, à côté des géants indiens et chinois, comme une des zones les plus dynamiques du continent asiatique, avec un taux de croissance annuel supérieur à 7%. En outre, ce pays cumule un ensemble de facteurs qui le rendent particulièrement attrayant pour les entreprises : stabilité politique, cohésion sociale, bon niveau éducatif ou encore faibles coûts salariaux. S’il figure parmi les premiers producteurs et exportateurs mondiaux de riz, de café, de textile et de caoutchouc le Viêtnam s’oriente aujourd’hui vers une phase de modernisation de son industrie avec l’ambition de devenir un acteur majeur dans les industries de l’électronique, des télécommunications, de l’informatique et des services. Cette ambition passe par une ouverture et une participation plus active dans les organismes internationaux tels que l’ONU, l’ASEAN, l’APEC et bientôt l’OMC d’une part et par la consolidation de ses relations économiques avec des pays tels que la France, la Russie et les États-Unis. L’Europe y a toute sa place : n’oublions pas, en effet, que l’Union européenne est aujourd’hui le premier client du Viêtnam, devant les États-Unis et les pays de l’ASEAN dans leur ensemble. Près de huit ans après la parution d’un numéro de La Jaune et la Rouge sur le Viêtnam, force est de constater que beaucoup de choses ont évolué dans un sens positif, à commencer par le PIB qui aura plus que doublé sur cette période. Ce nouveau numéro, à travers des articles de fond géostratégiques, des points de vue d’industriels et de captivantes réflexions sur la culture vietnamienne, apporte à mon sens un début de réponse sur l’intérêt que doit susciter le Viêtnam pour les économies et les cultures européennes. Après une introduction due à Monsieur l’Ambassadeur de France à Hanoi, les articles que présente ce numéro évoquent les expériences vietnamiennes d’Alcatel de l’APAVE. Ils sont suivis de la contribution de Monsieur Luong, Vice-Ministre du Commerce, que nous remercions tout particulièrement, retraçant les étapes de l’adhésion de son pays à l’OMC, puis de l’évocation de la fructueuse coopération établie entre l’Administration de l’Aviation civile vietnamienne et la Direction générale de l’Aviation civile française, d’une analyse de la réussite brillante du pays ainsi que de ses rapports avec son grand voisin chinois. Un aperçu des spécificités de la langue et de l’écriture d’un peuple de LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2 0 0 55 très ancienne civilisation, une introduction aux paysages de cette superbe contrée et un texte sur les Vietnamiens à l’École polytechnique forment la conclusion de l’ensemble. Cependant parmi ces articles, les lecteurs concevront aisément que mon intérêt se porte tout spécialement sur celui de Tran Bang consacré au marché aéronautique et spatial au Viêtnam. Ils y trouveront toutes les informations relatives à cette importante branche d’activité qui à l’évidence suscite la plus grande attention de la part d’EADS. Des réussites ont déjà été enregistrées dans plusieurs secteurs, qu’il s’agisse de l’aviation civile avec Airbus, ATR et Eurocopter, des communications, de l’observation de la terre, ou encore des équipements de défense et de sécurité, et EADS ambitionne de renforcer encore sa présence, y compris sur le segment clé des avions à long rayon d’action. Faisons le vœu aujourd’hui que les travaux préparatoires à la tenue du prochain congrès du Parti communiste vietnamien en 2006, et la poursuite des réformes économiques engagées par le Viêtnam permettent à ce pays marqué par une histoire douloureuse de se hisser au rang auquel il peut légitimement prétendre compte tenu de ses nombreux atouts. Les succès du Viêtnam dans ses projets de développement devraient, je l’espère, se traduire de manière très positive sur le renforcement de l’Europe dans la région et, pour ce qui est de la place particulière de la France, je reprendrai le mot du Président Jacques Chirac lors de sa visite officielle à Hanoi en 2004 : “ Pour la France, le Viêtnam est une porte toute naturelle d’entrée en Asie et pour le Viêtnam, la France est une porte toute naturelle d’entrée en Europe. ” n 6NOVEMBRE 2005 – LA JAUNE ET LA ROUGE VIÊTNAM 2005 Les relations bilatérales entre la France et le Viêtnam Jean-François BLAREL, ambassadeur de France au Viêtnam La France et le Viêtnam sont liés aujourd’hui par un partenariat “ historique et exemplaire ” : c’est le qualificatif que le Président de la République a donné à notre relation bilatérale en se rendant à Hanoi en octobre 2004. S’il effectuait alors la troisième visite officielle d’un chef d’État français au Viêtnam depuis le rétablissement de nos relations diplomatiques en 1973, ce qui peut sembler peu, il ne faut pas oublier que le président François Mitterrand a été, en 1993, le premier chef d’État occidental à se rendre au Viêtnam après le lancement de sa politique d’ouverture. Depuis lors, les visites au plus haut niveau de l’État se sont succédé à un rythme régulier et la dernière en date est celle du secrétaire général du Parti communiste vietnamien, Nong Duc Manh, en France en juin dernier. Le dialogue au plus haut niveau entre la France et le Viêtnam s’est renforcé à mesure de l’ouverture du Viêtnam sur la scène internationale. Cela se traduit par une forte proximité de vues sur la plupart des grandes questions internationales et par le soutien constant de la France à l’intégration sans cesse renforcée du Viêtnam à la communauté internationale. É La qualité de notre coopération s’apprécie non seulement en chiffres mais aussi au regard de la pertinence des secteurs d’intervention. Au cours de ces dernières années, la France a concentré ses efforts de coopération autour de cinq objectifs : • accompagner le Viêtnam dans sa transition juridique et politique ; • soutenir la modernisation du système éducatif et de recherche ; • promouvoir une coopération culturelle fondée sur l’échange et le transfert de savoir-faire ; • accompagner la mutation de l’économie et faciliter l’intégration à venir à l’Organisation mondiale du commerce ; • contribuer à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration des acquis sociaux. PINE DORSALE de ce partenariat, notre politique d’aide au développement a connu en 2005 une avancée considérable : avec 334 millions d’euros d’aide publique au développement, la France est le second bailleur bilatéral après le Japon. Cet effort financier exceptionnel reflète le soutien que souhaite apporter la France à deux projets essentiels, le projet de transport ferré urbain d’Hanoi (engagement de 165 millions d’euros) et une seconde phase de modernisation des équipements de signalisation et de télécommunications ferroviaires sur la ligne Hanoi-Vinh (engagement de 40 millions d’euros). La place particulière accordée à l’enseignement supérieur, à la recherche, à la culture et aux transferts de technologie donne à la France un spectre d’action très large qui est une spécificité de notre action parmi les bailleurs de fonds présents au Viêtnam. L’aide française se caractérise également par le grand nombre des acteurs présents sur le terrain : on dénombre en effet pas moins de 567 structures publiques, parapubliques, associatives ou consulaires travaillant en coopération au Viêtnam : structures académiques, associations, collectivités locales, structures de santé… LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 7 Parmi les domaines de notre coopération, je voudrais insister sur notre contribution à la formation des élites vietnamiennes. L’enseignement supérieur est un des volets prioritaires de l’action française au Viêtnam. Ces coopérations se font sous deux formes : • une action forte et ambitieuse des établissements universitaires français au Viêtnam, au travers de plus de 150 accords universitaires avec les établissements d’enseignement supérieur vietnamien, qui visent à développer des formations au Viêtnam ; • une action en vue de favoriser la mobilité des étudiants vietnamiens en France, premier pays européen pour l’accueil des étudiants vietnamiens avec près de 3 500 étudiants inscrits dans les établissements d’enseignement supérieur français à la rentrée universitaire 2004 d’autre part. Au Viêtnam, depuis plusieurs années, la France a contribué à la création de centres de formation et à la mise en place de diplômes délocalisés des universités françaises : Programme de formation des ingénieurs d’excellence du Viêtnam (PFIEV), Centre franco-vietnamien de formation à la gestion (CFVG), Centre de formation à la maintenance industrielle (CFMI). La France a décidé de franchir une nouvelle étape et de développer un programme d’ampleur dans le domaine de la coopération universitaire, annoncé lors de la visite d’État du Président Chirac au Viêtnam : la création de Pôles universitaires français. Ce projet, inséré au sein de l’Université nationale du Viêtnam à Hanoi et à Ho Chi Minh-Ville, accueillera des étudiants dès la rentrée universitaire 2006. Les formations, fortement articulées avec la recherche fondamentale et appliquée, seront dispensées dans les grands domaines scientifiques, tels que les Sciences et Technologies, les Sciences de la Vie et les Biotechnologies, les Sciences économiques et de Gestion, les Sciences juridiques et les Sciences sociales et humaines. D’autre part, la France a procédé à la mise en place à Hanoi et à Ho Chi Minh-Ville de centres pour les études en France, destinés à accroître le nombre de brillants étudiants viet- namiens que la France est fière de recevoir chaque année dans les établissements d’enseignement supérieur français. En accompagnant le Viêtnam sur la voie de sa modernisation économique et sociale, la France favorise l’environnement nécessaire à un accroissement de nos relations économiques bilatérales. Celles-ci sont d’une grande densité. La France est le premier investisseur étranger non-asiatique au Viêtnam, avec un stock d’investissements de 2,5 milliards de dollars (soit 5 % du stock des investissements étrangers au Viêtnam) et plus de 200 entreprises implantées dans des secteurs d’activité variés. Près de 20000 emplois vietnamiens sont liés aux investissements français au Viêtnam. Les investissements les plus emblématiques sont ceux d’EDF (centrale électrique de Phu My), de France Télécom et d’Alcatel dans les équipements de télécommunications, de Lafarge dans le secteur du ciment, de Sanofi-Aventis dans les produits pharmaceutiques, ou du groupe Bourbon dans la grande distribution (Big C). S’y ajoute une forte présence des entreprises françaises sur des projets structurants. Les secteurs-clés pour la poursuite du développement des relations économiques bilatérales sont l’énergie (centrales électriques, transport et distribution d’électricité, construction de la raffinerie de Dung Quat, coopération pour l’élaboration de la loi sur l’énergie nucléaire), les transports urbains et ferroviaires, l’aéronautique et le spatial, le domaine aéroportuaire, l’environnement (gestion de l’eau et des déchets de tous types), les télécommunications, le secteur cimentier, les services financiers, la grande distribution, et l’agroalimentaire. Enfin, les échanges commerciaux entre la France et le Viêtnam ont été multipliés par huit en dix ans pour atteindre 1,2 milliard d’euros en 2004. Les produits pharmaceutiques représentent le premier poste des exportations françaises vers le Viêtnam. Les biens d’équipement constituent le 8 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE second secteur-clef pour nos exportations vers le Viêtnam. Cela recouvre la fourniture par la France d’équipements technologiques modernes au tissu productif vietnamien dans des domaines aussi variés que la production et le transport d’énergie, et notamment d’électricité, les cimenteries, les télécommunications et plus généralement les technologies de l’information et de la communication. Les produits agroalimentaires français, et notamment les vins et spiritueux, connaissent une forte dynamique sur le marché vietnamien. Nous souhaitons qu’elle se poursuive et attendons des autorités vietnamiennes la mise en œuvre de mesures améliorant encore l’accès au marché pour ces produits, notamment dans le cadre de l’accord commercial signé à la fin de 2004 avec l’Union européenne et dont les textes d’application n’ont pas encore été publiés sur ce chapitre précis. Ces échanges sont bien entendu appelés à se développer encore de manière significative, notamment via l’accession du Viêtnam à l’Organisation mondiale du commerce à laquelle la France accorde son soutien. Dialogue politique, coopération dans les domaines-clés de la modernisation du Viêtnam, relations économiques et commerciales denses, implication d’acteurs nombreux et diversifiés : le partenariat entre la France et le Viêtnam est singulier et d’avenir. Mais il trouve aussi une nouvelle dimension dans son intégration dans le cadre plus global des relations entre l’Union européenne et le Viêtnam, établies il y quinze ans. La France ne perd pas de son influence à laisser l’Union européenne s’exprimer sur les droits de l’homme, sur la coopération économique, sur l’aide au développement… Au contraire, elle apporte à ce dialogue son expérience, son histoire, ses valeurs. La France veut être une porte d’entrée pour le Viêtnam dans l’Union européenne : c’est le meilleur moyen pour elle de donner à son partenariat avec le Viêtnam l’élan qui lui permettra de s’inscrire dans la durée. n VIÊTNAM 2005 Marché – Entreprises Alcatel et le Viêtnam, une stratégie payante de partenariat durable en Asie Olivier BAUJARD (76), Chief Technology Officer d’Alcatel sionnelles favorisées pour les technologies de l’information, son potentiel de développement est estimé à ce stade à plus de 100 000 lignes par an pour de nombreuses années. Implanté au Viêtnam dès la fin de la guerre en 1975, Alcatel a su inscrire sa présence dans le temps, en bâtissant une relation de partenariat avec l’opérateur public VNPT jusqu’à la création en 1993 d’une société commune enrichie par des transferts de technologies. Aujourd’hui, Alcatel est en position de leader sur le marché des télécommunications au Viêtnam et en poursuit la modernisation en lançant un innovant chantier de nouvelle génération. Le marché vietnamien des télécommunications Le marché des télécommunications au Viêtnam connaît depuis plusieurs années une croissance à un rythme très soutenu et se classe en 2004 au deuxième rang mondial en termes de croissance (+28%). Le marché de la téléphonie mobile a même progressé de près de 50 % l’an passé. C’est un marché qui a un fort potentiel de développement : sur près de 83 millions de Vietnamiens, seulement 12% ont accès aux services téléphoniques, partagés à peu près à égalité entre lignes fixes et mobiles. L’accès haut débit, l’ADSL en particulier, est encore peu présent et, grâce à un véritable engouement des milieux d’affaires et des catégories socioprofes- La faiblesse du revenu moyen par habitant et la forte proportion de la population rurale (75 %) constituent certes encore des freins au développement de services de télécommunication par les opérateurs. Mais tous les indicateurs prédisent un décollage économique futur à l’image de celui que connaissent certains des pays voisins. Du coup la concurrence est déjà très intense dans tous les segments de marché. Les grandes étapes de l’implantation d’Alcatel Alcatel s’est implanté au Viêtnam il y a trente ans pour aider à la reconstruction du pays dévasté par des décennies de guerre. Ainsi, le Groupe a installé jusqu’en 1978 un câble de transmission entre Hanoi et Haiphong. De même, Alcatel a obtenu un important contrat de commutation à Hanoi et Hô Chi Minh-Ville en 1988. LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 9 clients d’accéder à de nouveaux services à valeur ajoutée, préparant ainsi l’avènement du haut débit mobile. Enfin Alcatel suit avec intérêt le projet du Viêtnam de se doter d’un satellite de télécommunications. En 1992, alors que le pays accomplit une transition vers l’économie de marché, Alcatel inaugure son premier bureau de représentation. Dans le cadre de cette ouverture aux investissements étrangers, Alcatel a consolidé sa relation de partenariat avec l’opérateur public VNPT (Vietnam Posts & Telecommunications Corporation) en créant en 1994 une société commune (joint-venture), dénommée Alcatel Network Systems Vietnam (ANSV), détenue majoritairement par Alcatel. En novembre 2000, le Groupe a conclu avec sa filiale un accord de transfert de technologie qui introduit dans l’entreprise commune le central multimédia, lui donnant un avantage concurrentiel déterminant sur le marché local. Aujourd’hui, ANSV emploie 136 salariés et génère une centaine d’emplois indirects. Son chiffre d’affaires dans le pays est de 14 millions de dollars en 2004, en croissance constante depuis cinq ans. Le positionnement d’Alcatel sur le marché vietnamien Alcatel est aujourd’hui en position de leader dans le marché des télécommunications au Viêtnam. C’est grâce à notre joint-venture qu’Alcatel a équipé plus de 2 millions de lignes fixes à ce jour. En outre, l’entreprise fournit des services d’installation, assemblage et maintenance de tous les produits et solutions du Groupe. C’est ainsi qu’ont été équipées près de 40% des lignes de VNPT. De même, notre part de marché en lignes haut débit (ADSL) est de l’ordre de 40 %. Le Groupe est aussi bien positionné dans les réseaux mobiles en fournissant les trois opérateurs GSM au Viêtnam (Vinaphone, Mobiphone, Viettel). Enfin, nous avons largement pénétré le marché des grandes entreprises (Viettel, Vietnam Railways, Electricity of Vietnam…) et des institutionnels en équipant notamment le ministère de la Défense. Un câble de 3 347 km connecte la Thaïlande (Sri Racha), Viêtnam (Vung Tau) et HongKong (Deepwater Bay). Le câble a été fabriqué par Alcatel Submarine Networks. L’installation s’est terminée en septembre 1995. Alcatel et le futur des télécommunications au Viêtnam Notre stratégie pour le futur est de poursuivre notre contribution au développement des télécommunications au Viêtnam, notamment dans la phase de transition du réseau vietnamien vers des technologies NGN (Next Generation Networks) et 3G qui augurent déjà la migration des réseaux fixes ou mobiles vers le tout IP. Alcatel est très bien positionné pour assurer cette transition. En octobre dernier, nous avons signé un contrat pour fournir des réseaux de nouvelle génération à VNPT, lui permettant de porter le nombre d’utilisateurs de services de téléphonie fixe de qualité à 2 millions d’abonnés. Idem dans le mobile puisque le dernier contrat conclu avec la filiale mobile de VNPT, Vietnam Mobile Telecom Services Co, porte sur une solution complète d’infrastructure de réseau GSM/GPRS/EDGE grâce à laquelle l’opérateur pourra augmenter la capacité de son réseau à Hanoi et Hô Chi Minh-Ville et ainsi permettre à ses 10 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE En somme, fort des liens tissés depuis de nombreuses années avec VNPT par le biais de sa joint-venture et de son portefeuille technologique très large, Alcatel souhaite continuer à asseoir sa présence dans l’ensemble des activités de télécommunications, et notamment les plus novatrices. Par ailleurs, Alcatel poursuit son action engagée auprès des différents acteurs nationaux afin de participer encore plus efficacement au développement des secteurs des télécommunications et des technologies de l’information comme leviers indispensables au développement du Viêtnam. n VIÊTNAM 2005 Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est : une décennie de coopération et d’opération au Viêtnam LÊ Van Phuc (64), directeur général Apave Sud Europe, président du directoire Apave Groupe et Pierre DELOHEN, Le Moniteur L’Apave, leader en France et bien implantée à l’international dans le contrôle et l’assistance technique, n’a pas hésité à s’investir au Viêtnam, pays émergent entré dans les années quatre-vingt-dix dans une politique de développement économique. Dix ans plus tard à peine, l’Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est, forte désormais de six implantations à Hanoi, Hô Chi Minh-Ville, Danang, Vung Tau, Nha Trang et Haiphong est le leader vietnamien en inspection tierce partie, contrôle de bâtiments, contrôle non destructif et conseil en management qualité et devient une référence dans la formation. De cette plate-forme, l’Apave organise une manœuvre de conquête de marchés dans l’Asie du Sud-Est et ce, sans sacrifier l’éthique sur l’autel de l’économie en privilégiant les transferts de compétences comme outil de coopération ! Q UEL EST L’INTÉRÊT présenté par l’intervention d’une tierce partie dans un pays en développement, un concept qui a habituellement cours dans les pays développés? s’interrogeait Lê Van Phuc, directeur général de l’Apave Sud Europe et initiateur du développement au Viêtnam, en mai 1997 dans La Jaune et la Rouge. Réponse alors pleinement confirmée en 2005 : parce que le Viêtnam engagé dans une politique de développement pour s’intégrer dans le marché mondial est condamné à brûler les étapes dans le cadre de la mondialisation et qu’il doit plus rapidement que d’autres répondre aux enjeux que sont la qualité réglementaire, contractuelle ou consensuelle, l’assurance qualité, etc. Par sa politique de renouveau, le Viêtnam devient un pays prometteur qui dispose d’un atout maître avec ses 82 millions d’habitants réputés pour leur intellect et leur dynamisme observe Nguyen Cong Phu, directeur Asie Pacifique de l’Apave Sud Europe, directeur général de l’Apave Viêtnam et Asie du SudEst. La stratégie de développement des activités qualité, sécurité et assis- tance technique repose sur un trépied qui assure un équilibre stable : industrie (réception des équipements, contrôle non destructif), contrôle en construction et génie civil, conseil en organisation (ISO 9 000 et 14 000, etc.). La relation avec les partenaires construit un second trépied qualifié de “triangle magique” par Nguyen Cong Phu avec l’Apave en symbiose avec une relation privilégiée avec l’autorité administrative et politique – sans qui rien ne se fait – et les décideurs industriels étrangers et vietnamiens. L’Apave Viêtnam et Asie du SudEst n’a pas sacrifié son éthique à sa croissance pourtant bien réelle : 25 000 dollars de chiffre d’affaires en 1998 contre 3 millions attendus en 2005. Ses dirigeants ont délibérément choisi de fonctionner avec les niveaux de compétences et de technologies françaises comme outils de coopération avec les partenaires, publics et privés, quitte à subir avec le temps l’émergence d’une concurrence formée par elle ! L’Apave a ainsi formé plusieurs centaines d’experts vietnamiens en interne et en externe. Un choix qui n’est sans doute pas étranger à la réputation de la société qui a LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 11 grandement contribué à l’implantation du système de gestion de la qualité ISO 9 000 au Viêtnam et participé par son savoir-faire au contrôle d’un nombre conséquent de grands projets industriels pétroliers et gaziers dans tout le pays. Pour qui connaît la circulation aux heures de pointe dans les rues d’Hô Chi Minh-Ville avec sa noria de deux-roues motorisées obéissant à d’obscures lois – pour un Occidental prétendument cartésien s’entend – l’implantation du contrôle tierce partie tient de la gageure! Comment imposer un partenaire indépendant entre le maître d’ouvrage, le maître d’œuvre et l’entrepreneur quand la tradition concourt au flou? Et pourtant par sa compétence, son savoirfaire et un indéniable réseau, les dirigeants de l’Apave sont parvenus à susciter à tous niveaux la nécessité du contrôle tierce partie 1. L’Apave Viêtnam et Asie du SudEst dispose de toute latitude pour la vérification et le contrôle des tours d’habitation de plus de trente étages, hôtels, buildings, locaux recevant du public, usines d’engrais, thermiques, unités chimiques, cimenteries, etc. Indépendance et qualité, nous fondons nos interventions sur les normes et la mise en conformité même si nous avons parfois des difficultés à faire passer ces deux notions qui n’appartiennent pas à la culture locale témoigne Nguyen Phuoc Tuy Ha, directrice marketing et développement. Dans le futur quartier de Thu Thiem à Hô Chi Minh-Ville qui accueillera à terme quelque deux millions d’habitants dans un méandre de la rivière Saigon, l’Apave inspectait en juin 2005 trois chantiers d’immeubles résidentiels. Conseil du maître d’ouvrage, nous sommes présents sur le chantier du premier au dernier jour. Notre présence apparaît normale témoigne Vo Minh Son, ingénieur de l’Apave, responsable principal du contrôle sur le projet An Khang. Ces immeubles de dix-huit étages avec plus de 500 appar- En dates 1995-1997 : établissement d’un bureau de représentation et de coopération avec les ministères (Sciences et Technologies, Construction, direction de la Métrologie et la Qualité) et de grandes compagnies (PetroVietnam, Vietnam Airlines, Lilama, construction et montage d’opérations). 1997 : niveau de compétence internationale pour vingt ingénieurs vietnamiens, autorisation d’établir une société à 100 % de capital français ; ouverture sur la Chine, la Malaysia, la Thaïlande, l’Indonésie, la Birmanie, l’Inde, le Bangladesh, le Cambodge, etc. 2002 : participation à un projet pétro-gazier en Afrique. 2003-2008 : création avec la maison mère de l’Apave Malaysia ; établissement de six structures du nord au sud du Viêtnam ; création à venir de structures à Shanghai, Bangkok, Bombay, etc. tements sont construits sur un sol à tendance marécageuse. Au contrôle in situ (avec observations écrites systématiques au maître d’ouvrage s’il y a lieu) s’ajoute le contrôle du béton directement à la centrale de production. Nous contrôlons en appliquant en plus la philosophie de la norme ISO observe Nguyen Phuoc Loc, présent sur le chantier d’An Thinh, immeuble résidentiel de dix-sept étages où l’Apave est cette fois le mandant du maître d’ouvrage en matière de contrôle. Cet ingénieur en structure et électricité expérimenté, nouveau salarié de l’Apave pour qui la qualité compte, analyse : La rigueur spécifique de l’Apave est une composante assez nouvelle sur des chantiers où les compagnons privilégient plutôt le respect du bon avancement du chantier que sa qualité. La vérification tierce partie intéresse également le monde de l’industrie. Les contrôles non destructifs (CND) constituent le deuxième champ d’intervention de l’Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est avec son cortège d’essais par radiographie, par magnétoscopie, par ultrasons, par ressuage, etc., appliqué aux installations offshore, aux pipelines, aux usines et aux navires. À Vung Tau, l’ex-cap Saint-Jacques, la société intervient sur les terminaux de stockage de gaz et de gaz liquéfié depuis 1999 avec, pour le premier, un contrôle non destructif au démarrage des installations puis dans le cadre de la maintenance réglementaire une inspection visuelle et un 12 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE CND : l’Apave concourt aujourd’hui par appel d’offres pour l’arrêt pour maintenance et inspection. Et pour le second un CND pendant l’installation, un contrôle visuel et un CND pendant la maintenance. Pour être capable d’être reconnu par les clients nationaux et internationaux, il a fallu constamment précéder le marché en formant les techniciens et ingénieurs recrutés à l’avance, par des experts formateurs venant de France, de Singapour, de Malaisie. En outre, il faut constamment investir en matériels modernes et résistants. Alors que l’Apave travaille au maintien de ses positions dans un marché concurrentiel très dur, comme dans toute l’Asie du Sud-Est, l’entreprise est confrontée à une autre concurrence dans le domaine spécifique de l’industrie pétrolière avec l’omniprésence des normes et autres certifications anglo-saxonnes et américaines : C Swip, ASNT, PCN, etc. Nous devons les intégrer et former nos ingénieurs en conséquence pour satisfaire nos clients ajoute Nguyen Phuoc Tuy Ha, soucieuse de fortifier la présence de l’Apave dans ce domaine particulier. À Vung Tau, l’Apave participe au contrôle de la construction d’une plate-forme pétrolière Ruby B pour laquelle le Malais Petronas, numéro un du pétrole en Malaisie, a contracté avec PetroVietnam la construction et l’ex1. Depuis avril 2005, une nouvelle loi sur l'obligation de l'inspection tierce partie est entrée en vigueur pour assurer la qualité des grands projets, tels grands immeubles ou projets gouvernementaux. Et parce que l’Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est s’est créée il y a dix ans pour suivre le premier projet de raffinerie, la société investit déjà la gigantesque et future zone économique de Dung Quat au centre du Viêtnam avec son aéroport, ses deux ports pétroliers, sa raffinerie, ses usines (textiles, chaussures, etc.), sa ville de 100 000 habitants, etc. L’Apave est sur place et entame des discussions préliminaires à la faveur de contrats en cours pour les contrôles qualité de la construction d’une usine de traitement des eaux usées et d’un relais Un tremplin L’Apave Sud Europe fait de sa filiale vietnamienne un tremplin, une plaque tournante pour toute l’Asie du Sud-Est. Une conquête par étapes successives traduites par une activité de l’Apave au Japon, à Taiwan, aux Philippines, en Thaïlande, au Bangladesh, en Inde, en Birmanie, à Singapour, en Indonésie et jusqu’au Moyen-Orient et en Afrique. Avec la création de l’Apave Malaysia à Kuala Lumpur, l’Apave ambitionne de pénétrer le prometteur marché chinois. Et plus si affinité ! hertzien. Plus original, l’Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est, par ses prestations qualité et contrôle, participe à la réalisation avec le Français Sogreah de la digue de protection de 1,6 km du futur port pétrolier pour produits raffinés et conseille sa construction par Lung Lo, représentant du génie militaire vietnamien. Cette digue permettra la construction d’un port en © GROUPE APAVE Le conseil qualité et management, dernier domaine d’intervention, se décline en formation technique (techniciens des essais non destructifs et soudeurs par exemple) et en management spécifique. Depuis les années quatre-vingt-quinze avec l’aide à la mise sous assurance qualité, ISO 9001 et 9 002 obtenues depuis, des deux plus grands laboratoires d’essais étatiques Quatest 1 et Quatest 3 et le plus important fabricant de compteurs électriques EMIC, l’Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est trace son sillon. Chez MMVC, usine japonaise à Biên Hòa, spécialisée dans la fabrication de pièces pour motocycles et automobiles, et réputée pour son système de fabrication déjà rigoureux issu de la maison mère, l’Apave est appréciée pour “ ses conseils pertinents ” et “ sa méthodologie ” sur le chemin de la certification ISO 9 000 acquise et ISO 14 000 à venir. Plus généralement, les actions de formation organisées par l’Apave avec ses séminaires ont souvent rassemblé sous le signe de la qualité plus de 1000 personnes, hauts fonctionnaires, cadres dirigeants, directeurs techniques et ingénieurs de production. Un investissement très important a été réalisé au départ pendant plusieurs années en envoyant en mission opérationnelle ou en mission de formation plus d’une dizaine d’experts consultants de France. © GROUPE APAVE ploitation future. Hasbi Razak de Petronas Carigali Vietnam Limited apprécie la tierce partie de l’Apave, les compétences déployées et la méthodologie proposée. Contrôle technique pour Total Gaz, Viêtnam. LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 13 © GROUPE APAVE eau profonde permettant à la nouvelle raffinerie de faire transiter le pétrole et les produits finis. Dans la banlieue d’Haiphong, l’Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est a établi ses quartiers depuis quelques années déjà dans le très récent chantier naval de la compagnie Nam Trieu, capable de construire de front cinq cargos de gros tonnage. L’Apave répond parfaitement à notre attente dans un marché vietnamien concurrentiel explique Vu Van Cu, vice-directeur. Les prix sont raisonnables, le service excellent, les personnels motivés et les échanges de qualité. Les contrats s’enchaînent : CND, conseil en gestion de la qualité (ISO), formation de soudeurs, formation à l’utilisation des équipements pour le CND avec délivrance de certificats internationaux… Ce développement maîtrisé repose avant tout sur la qualité des hommes et des femmes qui forment le personnel de l’Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est. Ils étaient 250 en 2004 et seront 270 en 2005, sans compter la filiale Apave Malaysia managée à partir du Viêtnam, à comparer aux trois pionniers de 1995. On notera en 2002 le doublement des effectifs à 180 personnes qui marque une étape majeure du développement de la société. Ingénieurs et techniciens comptent désormais pour 85 % du personnel total. Le personnel administratif est lui-même bilingue ou trilingue, diplômé des universités, qu’il faut bien sûr sélectionner et former. L’entreprise n’a plus d’expatriés techniques et exporte des experts sur des chantiers étrangers de sa maison mère ! L’initiateur, Lê Van Phuc, et son relais sur place depuis la première heure, Nguyen Cong Phu, expliquent au-delà de la justesse de la résolution de l’équation initiale – pourtant à de nombreuses inconnues – ce succès doublé d’un respect palpable sur place. Qu’un Vietnamien, Lê Van Phuc, dirige une société en France aussi importante que l’Apave Sud Europe reste une source de fierté pour les partenaires de l’Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est. Tran Van Dung, vice-direc- Contrôle de complexe d'habitation. teur de Quatest 3, organisme de normalisation et de mesures de l’État, acteur de la coopération initiale avec l’Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est à peine créée, témoigne et n’oublie pas : Grâce à Lê Van Phuc, nous avons bénéficié du transfert de compétences dans la méthodologie du conseil et d’une aide à la mise en place de la certification ISO au Viêtnam. Formation, consultance, conseil et management, le rapprochement avec l’Apave est très fort et la collaboration étroite. Avec quinze années d’ouverture seulement, le Viêtnam s’est engagé dans le rattrapage de son retard – une trentaine d’années en termes de développement économique – face aux autres dragons asiatiques : il en va de 14 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE son honneur national. L’Apave Viêtnam et Asie du Sud-Est se veut une structure forte et compétente à valeur ajoutée selon Nguyen Cong Phu. Sur la base d’une bonne connaissance du marché local et d’un travail sans relâche sur la technicité et sur l’assurance qualité, la société participe activement, à sa mesure, à l’essor économique du Viêtnam et à son intégration au commerce et aux échanges internationaux, tout en privilégiant les fondamentaux de toute entreprise, la satisfaction des besoins du client et la marge. n VIÊTNAM 2005 Marché aéronautique au Viêtnam TRAN Bang (2000), Généralités sur le marché de transport aérien vietnamien Orientée vers un marché plus libéral, l’économie vietnamienne a enregistré des réussites remarquables. Avec un marché de 83 millions d’habitants dont 50 % de jeunes et un taux de croissance compris entre 6% et 9 % par an, le Viêtnam est un des deux pays qui se développent le plus vite en Asie. Une position géographique favorable dans la région de l’Asie du Sud-Est et Pacifique alliée à une politique économique ouverte vers l’extérieur et avantageuse pour les investisseurs étrangers ainsi que les avantages de sa main-d’œuvre ont contribué à son développement économique et à la création des besoins d’échanges aussi bien intérieurs qu’extérieurs. Dans ces conditions économiques favorables, le trafic aérien possède une croissance forte et durable, de plus de 10 % par an. La demande de renfort et de développement des flottes aériennes régionales et long-courriers devient de plus en plus importante. Par conséquent le marché des services (infrastructures, maintenance, télécommunications, équipements, etc.) connaît une croissance remarquable. Actuellement, il y a un système de 48 aéroports dont les plus grands sont Noibai (Hanoi), Tan Son Nhat (Hô Chi Minh-Ville) et le futur Long Thanh (Dong Nai, à 40 km de Hô Chi MinhVille, capacité maximale de 80 millions de passagers par an, avec un investissement de 8 milliards de dollars, mis en œuvre à partir de 2007). Avec un réseau de 25 destinations internationales et une vingtaine de destinations régionales, le pays devient un marché prometteur pour les constructeurs et les équipementiers aéronautiques et spatiaux. Marché du transport civil : le duopole Airbus (EADS) Boeing Le marché des transports civils et du fret est partagé principalement entre Vietnam Airlines, le transporteur national et Pacific Airlines, une compagnie par actions. Le transport des passagers a augmenté avec un taux de croissance moyen de 9,5 % par an dans la période 1996-2002. Du fait de la crise financière en Asie du Sud-Est en 1997, le taux de croissance a diminué de 1 % cette annéelà et de 2,6 % l’année suivante. À partir de 2000, le secteur maintient un taux de croissance très important, environ © VIETNAM AIRLINES Supaéro 2004, Eurocopter 15% par an, grâce aux passagers étrangers. En 2002, le nombre de passagers transportés par ces deux compagnies aériennes a doublé par rapport à celui de 1996. Cette performance est presque similaire pour le transport des marchandises, soit 70 % de hausse par rapport à 1996. En 2004, le taux de croissance du nombre des passagers pour Vietnam Airlines est de 16 % par rapport à 2003. Le premier trimestre de 2005, la compagnie a réussi à atteindre une augmentation du chiffre d’affaires de 25 % par rapport à la même période de l’année précédente, soit 52,4 % de l’objectif de 2005. Le nombre estimé des visiteurs étrangers pour le premier trimestre de 2005 est 877 500 1. Les nouvelles lignes directes connectent Hanoi et Hô Chi Minh-Ville avec les 1. Bureau de statistique générale, ministère des Affaires étrangères du Viêtnam. LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 15 hubs en Europe comme Paris, Francfort, Moscou ; en Asie-Pacifique comme Séoul, Busan (Corée du Sud), Nagoya, Tokyo (Japon); Melbourne (Australie) et bientôt avec les hubs des États-Unis (San Francisco ou Los Angeles). Vietnam Airlines dessert deux types de marchés : le régional et l’international. Le marché régional comprend les lignes internes et les lignes vers les pays en Asie du Sud-Est, la Chine, Taiwan, Hong-Kong et Macao. Dans les années quatre-vingt-dix, la majorité des activités économiques au Viêtnam se concentrait dans cette région. La forte demande régionale concernant les voyages d’affaires et touristiques permet à Vietnam Airlines d’élargir sa flotte régionale. La coopération économique et technologique avec les pays européens, le Japon et les États-Unis favorise plus en plus le transporteur. D’ailleurs, les deux millions de personnes d’origine vietnamienne installés aux États-Unis et en Europe représentent un marché très prometteur pour Vietnam Airlines. Pour mieux profiter de ce marché, Vietnam Airlines est en train de renforcer sa flotte de gros-porteurs pour desservir ses nouvelles lignes sans escales connectant les hubs d’Europe, du Japon et très bientôt des États-Unis. Vietnam Airlines a commandé 5 nouveaux Airbus A321 en 2002 et 10 A321 en 2004. La compagnie a négocié aussi pour 7 Boeing 777-200ER dont 4 achetés et récemment pour 4 Boeing 787-8 pour la période 20092010, plus 11 appareils de cette famille en option avant 2013. L’objectif de Vietnam Airlines est d’avoir 49 avions à la fin de cette année et 75 avions en 2010. Le montant total des contrats est estimé à environ 4 milliards de dollars pour cette période. Récemment, le gouvernement a proposé au parlement un projet de modification de la loi sur l’aviation civile, qui ouvre le marché pour les investisseurs privés nationaux et étrangers. Cette modification permet au marché du transport aérien civil de s’élargir de façon plus rapide et plus libérale. Ainsi, la concurrence entre Après plus d’une décennie de renforcement de sa flotte et de sa réputation dans la région, Vietnam Airlines est en train de s’élargir pour devenir un des transporteurs au premier rang de la région. Actuellement, la flotte de Vietnam Airlines 2 comprend : • 10 Airbus A320-200, • 5 Airbus A321-200 (plus 10 nouveaux A321-200 livrés à partir de 2006), • 6 Boeing 767-300, • 6 Boeing 777-200 (plus 2 Boeing 777-200ER loués par ILFC en juin et octobre 2005), • 9 ATR-72, • 2 Fokker 70. Pacific Airlines gère une flotte de 1 Airbus A320-200 et 2 Boeing 737-400. La part de marché de Pacific Airlines reste très modeste (10 %). les transporteurs dans les marchés régionaux et internationaux sera plus forte. Une des priorités de Vietnam Airlines est alors la modernisation de sa flotte en utilisant de nouveaux avions en les adaptant pour ses marchés spécifiques. Marché des avions de transport régional : dominants Airbus et ATR Le marché du transport régional dessert 16 destinations nationales (Hanoi, Hô Chi Minh-Ville, Danang, Huê, Haiphong, Diên Biên Phu, Phu Quôc, Vinh, Cam Ranh, Qui Nhon, Rach Gia, Dalat, Buon Me Thuot, Chu Lai, Plây Cu, Tuy Hoa) et aussi les destinations proches (Bangkok, Manille, Hong-Kong, Taiwan, etc.). Les appareils utilisés pour ces lignes sont des avions courts et moyen-courriers d’Airbus et les turbopropulseurs ATR (Avions de transport régional), un partenariat à parts égales entre Alenia Aeronautica (Groupe Finmeccanica) et EADS (European Aeronautic Defence and Space Company). L’exploitation des avions Airbus et ATR a commencé avec la coopération entre Vietnam Airlines et Air France dans les années quatre-vingtdix. La première phase de modernisation de la flotte de Vietnam Airlines était la coopération avec les constructeurs européens pour améliorer la réputation de la compagnie. Les avions soviétiques sont retirés de la flotte 16 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE pendant cette période. Outre les avions, les services de maintenance et les équipements aériens sont aussi fournis pour que Vietnam Airlines puisse améliorer rapidement la performance, la sécurité et sa réputation. Le transporteur devient ainsi un des premiers opérateurs en Asie des avions A320, l’avion best-seller d’Airbus. Débutant avec des avions Airbus de location, après une décennie de développement très rapide, Vietnam Airlines a construit un parc de 25 avions de la famille A320 et 9 ATR-72. En 2002, Airbus a enregistré le premier contrat avec Vietnam Airlines pour 5 avions A321-200. En 2004, la compagnie vietnamienne a signé une commande de 10 A321 supplémentaires. “ L’exploitation des A320 et A321 par Vietnam Airlines depuis plus de dix ans est une grande réussite. Cette toute dernière commande d’A321 confirme la confiance que nous avons depuis longtemps dans ce produit et permettra à Vietnam Airlines de répondre aux besoins du marché vietnamien en rapide expansion” a déclaré Nguyen Xuan Hien, le PDG de Vietnam Airlines. “ Nous sommes également fiers de constater que les excellentes relations entre Vietnam Airlines et Airbus ont largement contribué au développement de la coopération économique et commerciale entre le Viêtnam et l’Europe ” a-t-il ajouté. “ Vietnam Airlines a été l’un des premiers utilisateurs de l’A320 en Asie, 2. Source www.nationmaster.com, chiffre mai 2005. et nous sommes évidemment très heureux que la compagnie continue à placer sa confiance dans nos produits à l’avenir. Je suis certain que les faibles coûts d’exploitation de la famille A320, très prisée des passagers, permettront à Vietnam Airlines de rester en tête sur le marché asiatique hautement concurrentiel ” a pour sa part déclaré Noël Forgeard, président d’Airbus 3. Le financement de ces contrats est partiellement assuré par les banques étrangères comme ABN Amro, Natexis Banque Populaire (133 et 15 millions de dollars, respectivement), les banques publiques et le gouvernement vietnamien. D’après les sources officielles, les prix catalogue des contrats sont respectivement 250 et 750 millions de dollars pour les contrats en 2002 et 2004. Parallèlement à l’exploitation des avions Airbus, Vietnam Airlines utilise ses 9 avions ATR dont 3 ATR 72500 neufs de nouvelle génération commandés en 2001 (valeur du contrat : 50 millions de dollars). Les ATR sont très bien adaptés sur des lignes de faibles distances en Indochine ou non accessibles par les avions plus gros à cause des longueurs de piste insuffisantes ou par manque des équipements aéroportuaires. Les avions Boeing, au contraire, ne sont présents officiellement au Viêtnam que dans les dernières années de la décennie 90. Une des raisons de cette absence était l’embargo des États-Unis 4 qui a empêché l’utilisation des avions avec les technologies américaines au Viêtnam. Marché des avions long-courriers : dominants Boeing Pour desservir les lignes directes internationales comme les hubs d’Europe, d’Asie du Nord-Est, d’Australie et d’Amérique du Nord, Vietnam Airlines utilise ses nouveaux Boeing 777-200ER ainsi que les Boeing 767. Récemment, pendant la visite officielle du Premier ministre du Viêtnam aux États-Unis en juin 2005, Vietnam Airlines a signé un contrat pour 4 Boeing 787-8, devenant le 8e client pour cette famille de Boeing. Une option pour 11 Boeing 787 de plus pour la période 2010-2013 est incluse dans le contrat. Les montants des contrats pour 4 Boeing 777-200ER (2004) et 4 Boeing 787-8 (2005) sont respectivement environ 680 et 500 millions de dollars au prix catalogue. Le financement du contrat est assuré avec la participation de l’Eximbank (ExportImport Bank), un agent du gouvernement américain. Les contacts avec les constructeurs et opérateurs aériens américains ont commencé avec les premières visites des dirigeants de Vietnam Airlines organisées par Delta Airlines. Boeing a ensuite beaucoup agi en faveur de la levée de l’embargo économique américain et de la renonciation de l’application de l’amendement Jackson-Vanick 5. D’autre part Boeing a contribué à l’accélération des négociations pour l’accord bilatéral de commerce entre le Viêtnam et les États-Unis. De plus Boeing s’est joint au gouvernement américain pour soutenir l’adhésion du Viêtnam à l’Organisation mondiale de commerce. Les avancées de l’intégration du Viêtnam dans le système commercial mondial est un bon signe pour l’économie du pays, les échanges et donc les transports. Boeing soutient la mise en place d’un accord dans le domaine de l’aviation civile entre les deux pays, permettant l’ouverture de lignes aériennes directes. Boeing, en coopération avec Singapore Aerospace Manufacturing (SAM), a organisé un symposium pour introduire et promouvoir l’industrie aéronautique au Viêtnam. À court terme, Boeing n’investit pas directement au Viêtnam mais le constructeur encourage ses partenaires à travailler dans les programmes communs. Parallèlement aux efforts de Boeing, les contacts officiels des entreprises dans l’industrie aéronautique américaine comme GE, Raytheon International, Lockheed Martin Global, Gravitas Digital Solutions, etc., visent à fournir des équipements et services du domaine. D’ailleurs, le géant américain a participé à des programmes humanitaires comme la création de fonds pour aider des victimes de l’inondation et de la guerre. Toutes ces activités, selon Flint – le représentant de Boeing au Viêtnam – visent à consolider la présence de Boeing au Viêtnam. De son côté, Vietnam Airlines négociait avec Airbus l’achat ou la location des long-courriers Airbus comme les A330/A340, sans abandonner les négociations pour les avions Boeing. Finalement Vietnam Airlines a décidé d’acheter des avions Airbus pour le réseau régional et les avions Boeing pour le réseau long-courriers. Marché des transports spéciaux : hélicoptères Des plates-formes pétrolières offshore, les services aux touristes, les services de photographie aérienne, etc. sont des clients de la compagnie VASCO (Vietnam Aviation Services Company) et SFC (Southern Service Flight Company), les filiales de Vietnam Airlines Corporation. Les hélicoptères en service sont les hélicoptères russes (Mi8, Mi17) et les hélicoptères d’Eurocopter (Super Puma AS332 L2 et EC155B). Le service de transport le plus rentable est le transport des personnels et des matériels pour des plates-formes pétrolières offshore. Ce service est assuré par les hélicoptères d’Eurocopter. Et Eurocopter continue ses projets pour augmenter cette flotte chez SFC. 3. Source EADS, press communication, 2004. 4. L’embargo interdit toutes les activités de commerce, d’investissement ou des échanges technologiques entre le Viêtnam avec les États-Unis et ses alliés. L’embargo est posé en 1964 (Viêtnam du Nord et plus tard, Viêtnam en totalité) et est levé en 1995. 5. L’amendement Jackson-Vanick interdit aux États-Unis d’établir et de reconnaître le statut normal des échanges commerciaux d’un pays considéré comme n’assumant pas le droit de libre immigration. LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 17 © HERVÉ MOREL, EUROCOPTER Un Eurocopter EC155B pour les services offshore de SFC. Les concurrents américains comme Bell Helicopter et Sikorsky ont fait des efforts pour percer dans ce marché. Cependant, le marché des hélicoptères reste toujours très difficile à pénétrer. Marché des services aéroportuaires, des équipements et de la maintenance Avec le développement de la flotte des avions, le besoin de standardisation et de modernisation des services (services au sol, contrôle du trafic aérien, les services de maintenance des avions) devient de plus en plus important. Les aéroports au Viêtnam accueilleront environ 15-17 millions de passagers à l’horizon de la période de 2020. En conséquence de l’augmentation du trafic aérien, les recettes des aéroports sont doublées dans la période de 1996-2002. Les aéroports en phase d’expansion sont : Tan Son Nhat à 10 km de Hô Chi Minh-Ville (un nouveau terminal sera mis en service en 2006, le budget de 220 millions de dollars étant fourni principalement par le Japon ainsi qu’une nouvelle piste pour accueillir les très gros-porteurs), Noi Bai à Hanoi et Da Nang International Airport (Danang). Les capacités maxi- males de ces trois aéroports sont respectivement 15, 20 et 5 millions de passagers par an. L’aéroport Tan Son Nhat est pourtant trop proche de la ville et ne peut pas s’étendre plus. Pour résoudre le problème de surcharge de Tan Son Nhat, l’aéroport Long Thanh (à 40 km de Hô Chi Minh-Ville) est en période de développement et de réhabilitation. La capacité maximale sera de 80 millions de passagers par an, largement suffisante pour plusieurs décennies. Long Thanh sera construit pour accueillir des plus gros-porteurs actuels comme les Airbus A380. L’investissement pour cet aéroport est estimé à environ 8 milliards de dollars, selon Vu Pham Nguyen Tung, vice-directeur du département des aéroports du CAAV (Civil Aviation Administration of Vietnam) lors d’un entretien avec le journal Tuoi Tre. La première phase du projet de Long Thanh a besoin d’environ 3 milliards de dollars d’investissement et jusqu’à 2010, la capacité de cet aéroport serait équivalente à celle de Tan Son Nhat actuelle. L’ambition du CAAV est de transformer Long Thanh en hub de transport aérien de la région de l’Asie du Sud-Est, ajoute M. Vu. Avec les projets actuels et futurs pour les aéroports, afin de satisfaire tous les critères de développement, de sécurité et pour faire face à la concurrence très forte dans la région, CAAV a besoin d’une grande quantité d’équi- 18 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE pements aéroportuaires. Les technologies et services sont fournis par les compagnies européennes, japonaises ou américaines. Un exemple, en 2003, la valeur des équipements et services aéronautiques importés (estimée par le service du commerce américain) est environ 390 millions de dollars, dont 160 millions de dollars pour les contrats des fournisseurs américains 6. Les fournisseurs américains tiennent actuellement environ 10-30 % du marché selon les types de projets. Le fait que les fournisseurs européens ont déjà travaillé depuis deux décennies avec les partenaires vietnamiens et que les normes européennes deviennent dominantes a posé certaines difficultés pour les Américains à entrer dans le marché. De toute façon, le marché des équipements et services aéroportuaires au Viêtnam reste très concurrentiel entre tous les fournisseurs. La maintenance de la flotte de Vietnam Airlines est effectuée dans deux établissements A75 (Hô Chi Minh-Ville) et A76 (Hanoi). À partir de juillet 1998, Vietnam Airlines est capable de mener la maintenance de ses avions Airbus et ATR. Pour les avions Boeing, la maintenance légère a commencé en 1999. L’objectif de Vietnam Airlines est l’amélioration de la capacité de la maintenance totale de sa flotte. Pour le réaliser, Vietnam Airlines a travaillé avec ses partenaires pour former des personnels, mettre en œuvre des équipements, etc. Les partenaires dans ce domaine sont les compagnies aériennes comme Air France, Japan Airlines ; les constructeurs comme EADS (Airbus) et Boeing; les motoristes comme Snecma (France, actuellement Groupe Safran) et GE (États-Unis). En juin 2005, lors du Salon du Bourget, Vietnam Airlines a signé un contrat de 3,5 millions d’euros avec EADS Test & Services pour le banc de test ATEC Série 6 pour la maintenance de ses Airbus A320/321, ATR et ses Boeing 777-200ER. 6. Source Export America et US Department of Commerce. Pourtant, les chiffres ne sont pas officiels et estimés par des spécialistes. © ASTRIUM SPOT 5, un satellite d’observation optique de la Terre, construit par Astrium, EADS. Marché spatial Le marché spatial au Viêtnam reste limité en échelle et en applications. Les domaines prioritaires d’application sont les télécommunications, la télévision, la navigation aérienne civile. Le projet d’un satellite géostationnaire Vinasat de taille moyenne avec de 25 à 30 modules de communication a commencé en 1995 et est approuvé en 2002. Le lancement prévu pour le satellite est en 20072008. Pour ce projet d’environ 200300 millions de dollars, les 4 constructeurs internationaux ont déjà répondu à l’appel d’offres : NPOPM (Russie), Alcatel Space et Astrium (EADS), Lockheed Martin Space Systems et Nec – Toshiba – Orbital Science Corporation (entreprise américanojaponaise). L’entreprise choisie sera responsable de la réalisation, de la fabrication, du lancement et de la gestion en orbite du satellite. Pourtant, ce projet a été reporté plusieurs fois faute d’accords entre les États dans les négociations de coordination des services. Actuellement, les négociations continuent avec le Japon et les îles Tonga. 7. Source EADS Defence and Communication System press communication. Abonnement à La Jaune et la Rouge Que vous soyez ou non ancien de l’École polytechnique, vous avez la possibilité de vous abonner à notre revue en renvoyant le bulletin ci-dessous, accompagné d’un chèque de 33 euros à l’ordre de Amicale AX, à l’adresse suivante : AX, 5, rue Descartes, 75005 Paris. Pour toute inscription avant décembre 2005, vous recevrez les trois derniers numéros gratuitement. Bulletin d’abonnement à La Jaune et la Rouge Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .......................................................................................................................... Courriel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Téléphone : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . o Désire être abonné à La Jaune et la Rouge en 2006. (10 numéros) Signature : LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 19 " Les progrès de la maintenance de Vietnam Airlines permettent à la compagnie d’exporter ses services. L’Agence nationale de l’aviation civile du Laos a choisi Vietnam Airlines pour les services de maintenance de ses avions Airbus A320 et aussi pour mettre en place des techniciens, du personnel de bord et des pilotes pour ce type d’avion. Dans le cadre de la coopération scientifique et technique entre la France et le Viêtnam dans le domaine de la télédétection, le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles du Viêtnam a choisi EADS Defence and Communication Systems (DCS) comme fournisseur d’un système complet de surveillance de l’environnement et des ressources naturelles. Le projet est de 20 millions de dollars et comprend une station de réception et d’analyse des images satellites Spot et Envisat, un centre de production et de distribution des images et 15 systèmes d’applications thématiques à but opérationnel et de recherche 7. Les bénéficiaires sont le ministère de l’Agriculture, le ministère des Pêches, le ministère de l’Environnement et l’Agence nationale pour la sécurité civile, l’Institut du pétrole, etc. Ce projet est un des systèmes les plus complets à ce jour en Asie. n VIÊTNAM 2005 Économie – Relations internationales Les négociations du Viêtnam pour l’adhésion à l’OMC : opportunités et défis LUONG Van Tu, vice-ministre du Commerce, chef de la mission de négociation du Viêtnam à l’OMC D EPUIS QUINZE ANS, la mise en application de la politique de renouvellement a aidé le Viêtnam à atteindre un grand nombre de réalisations importantes. Entre 1991 et 2000, le produit intérieur brut (PIB) a été multiplié par deux (le revenu par habitant est passé de 200 dollars en 1991 à 400 dollars en 2000). La part de la population sous le seuil de pauvreté a réduit de moitié pendant la période allant de 1990 à 2000 (selon les normes des Nations unies pour la pauvreté, il a été abaissé à 28 % en 2001, contre 58% en 1990). Le niveau de vie du peuple a été clairement amélioré, ainsi que la stabilité politico- 20 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE économique et les relations internationales. Depuis 2000, le taux de croissance économique du pays reste à plus de 7 % ; en particulier ceux de l’industrie, du service et de l’agriculture sont de l’ordre de 13-14 %, 67 % et 4-4,5 % respectivement. La valeur totale des exportations et des importations a constamment augmenté et a atteint 57,5 milliards de dollars en 2004, ce qui représente une croissance de 26,7 % par rapport à l’année précédente. Le volume des exportations a atteint 26 milliards de dollars et celui des importations 31,82 milliards, augmentant de 28,9% et de 25% respectivement. Cependant, le Viêtnam est toujours un pays en développement qui fait face à beaucoup de difficultés. En entrant dans une nouvelle étape du développement, ayant pour objectif d’aider le pays à sortir de son état de pays en développement, d’améliorer la vie des Vietnamiens et de créer une base stable pour devenir un pays industrialisé d’ici 2020, le gou- Pour l’instant, le Viêtnam entretient des relations commerciales avec plus de 165 pays dans le monde et a signé des accords commerciaux bilatéraux avec environ 80 pays. Le pays est devenu membre de l’ASEAN en 1995, de l’ASEM en 1996 et de l’APEC en 1998, et au début de l’année 1995 le gouvernement vietnamien a fait une demande pour adhérer à l’OMC. Jusqu’ici, le Viêtnam s'est préparé activement en organisant des discussions avec d’autres pays dans de nombreux domaines et en mettant en œuvre des réformes nationales pour faciliter le processus d’adhésion à l’OMC. En ce qui concerne le processus de négociation, le Viêtnam a connu certains succès : neuf négociations multilatérales ont été réussies, ainsi que des négociations bilatérales avec des pays comme l’Argentine, le Brésil, le Chili, Cuba, l’Union européenne et Singapour. À présent, le Viêtnam tient des discussions bilatérales avec environ vingt autres pays, et certaines d’entre elles atteignent la phase finale. Le Viêtnam se prépare également pour la dixième négociation multilatérale afin de construire des documents de base pour l’adhésion du pays à l’OMC. Concernant les réformes nationales, il a été promulgué et mis en œuvre certaines politiques visant à la transition vers l’économie de marché, par exemple des améliorations dans le secteur des affaires et de l’environnement législatif de façon ouverte. Le Viêtnam a fait des efforts pour encourager tous les secteurs à participer au PHOTO DAVID GOURAND vernement vietnamien se rend compte qu’il faut avant tout utiliser au plus haut degré toutes les ressources locales. Simultanément, le pays devrait tirer le meilleur parti des ressources extérieures par le processus d’intégration internationale, y compris par les négociations pour l’adhésion à l’OMC. Réalisant l’importance de l’intégration internationale, le Politburo du Viêtnam a promulgué la Résolution 07, datée du 27 novembre 2001, sur l’intégration active dans l’économie internationale. Hô Chi Minh-Ville. développement économique, pour attirer les investisseurs étrangers, pour faire des réformes dans les procédures administratives et pour renforcer la compétitivité des produits et des services nationaux. Au cours du processus d’adhésion à l’OMC, le Viêtnam rencontre beaucoup d’opportunités et autant de défis, qui peuvent avoir des impacts à court et long terme. Opportunités Selon l’objectif de la stratégie de développement économique du pays, le PIB sera doublé d’ici 2010, atteignant 800 USD par habitant en 2010 contre 400 USD en 2000, et le Viêtnam deviendra un pays industrialisé d’ici 2020. Pour parvenir à cet objectif, le Viêtnam doit fortement augmenter ses exportations vers le marché mondial. En entrant dans l’OMC, la plus grande organisation commerciale avec 148 membres, représentant respectivement 92%, 90% et 85% de la population mondiale, des échanges de services et des échanges de marchandises, le Viêtnam bénéficierait du statut de MFN (Most Favoured Nation) qui fournit des conditions favorables pour pénétrer dans ce marché. L’OMC est la seule organisation globale qui établit des règles et des lois pour régir les relations commerciales entre les pays (www.wto.org : “ L’organisation de commerce mondial (OMC) est la seule organisation internationale globale traitant les règles du commerce entre les nations ”). L’OMC est également un forum pour les négociations commerciales et le règlement des conflits entre ses membres. En participant à cette organisation, le Viêtnam aurait plus de possibilités d’exercer ses droits légitimes contre des activités commerciales injustes. LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 21 L’adhésion à l’OMC signifie également l’amélioration de l’environnement législatif selon les principes de la transparence, sous le contrôle des règlements internationaux. Pousser les établissements économiques vers l’économie de marché et garantir un environnement économique favorable et égal pour tous les secteurs économiques consoliderait la confiance des investisseurs domestiques et étrangers, ce qui peut mener à de nombreux investissements au Viêtnam. C’est un facteur important pour que le pays favorise fortement son processus de transition économique et pour attirer des investissements. Malgré le fait que les entreprises vietnamiennes seraient en forte concurrence avec les sociétés étrangères, c’est également un facteur qui forcerait les entreprises nationales à se développer dans le cadre de la compétition internationale, ce qui leur permettrait de tirer des leçons de management à partir de leurs expériences et de faire des bénéfices grâce au commerce. Parallèlement au développement formidable des technologies scientifiques, la mondialisation et le libéralisme s’étendent rapidement et profondément. Certains pays resteraient en arrière s’ils se repliaient sur eux-mêmes et s’isolaient de cette tendance. Le Viêtnam est récemment passé d’une économie planifiée centralement à une économie de marché avec un faible niveau de développement. Par conséquent, participer à l’intégration internationale en vue d’améliorer la capacité d’exportation, d’accroître les capitaux d’investissement étrangers et d’accéder à la technologie scientifique internationale avancée sont des facteurs permettant de réduire les risques de rester en arrière et également d’augmenter la capacité de sélection pour la production et la consommation d’entrée. Défis Malgré les grandes possibilités de développement apportées par l’intégration internationale, il n’est en fait pas facile pour le Viêtnam de trans- former ces opportunités en atouts de développement économique, car c’est encore un pays pauvre avec beaucoup de limites dans son niveau et sa capacité de développement. Il faut se rendre compte que le processus d’adhésion à l’OMC provoquera des défis exceptionnels. Premièrement, quant au commerce, les pressions de la concurrence deviendront plus fortes lorsque le niveau de protection pour la production nationale sera graduellement éliminé, au cours de la mise en application de l’intégration internationale, alors que la compétitivité des produits, des services et des entreprises du Viêtnam est encore limitée. Cette situation exige des entreprises vietnamiennes qu’elles ajustent ou réorganisent leur production pour renforcer la compétitivité. Beaucoup de règles concernant les échanges de services, les droits de propriété intellectuelle et le mécanisme de règlement des conflits sont nouvelles pour le Viêtnam. La mise en place des engagements dans ces domaines nécessitera un certain temps afin d’améliorer la connaissance des fonctionnaires vis-à-vis de ces règles. En même temps, le Viêtnam doit mettre en place et compléter son système législatif pour qu’il réponde aux exigences de la réforme administrative et de l’entrée dans l’OMC. À cause d’une économie faible avec une majorité de population pauvre vivant dans les zones rurales, particulièrement dans les zones montagneuses et au sein des minorités ethniques, le procédé d’intégration aura un impact négatif sur ces groupes vulnérables. Si aucune politique appropriée n’est appliquée pour supporter le développement économique dans ces régions, les impacts sociaux seront très sérieux. Afin d’atteindre ses objectifs dans le processus d’adhésion à l’OMC, le Viêtnam doit simultanément aborder les questions suivantes : rénover les entreprises publiques, ou plus précisément se concentrer sur l’améliora- 22 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE tion des entreprises publiques, gérer le budget des dépenses publiques de façon efficace, améliorer l’efficacité opérationnelle du système bancaire et accorder la priorité aux marchés financiers et au marché du travail. Ces problématiques doivent être incluses dans les programmes principaux pour accélérer le processus de réforme, afin d’aider tous les établissements économiques du marché à fonctionner correctement, de façon synchrone et moderne. C’est une étape importante pour changer le mécanisme et donner l’orientation pour l’allocation des ressources, particulièrement les capitaux d’investissement d’État, afin d’utiliser entièrement les avantages concurrentiels du Viêtnam. En ce qui concerne les entreprises, elles devraient, plus que jamais, établir et renforcer leur compétitivité pour répondre aux exigences de la concurrence dans l’intégration internationale. Le temps disponible pour aborder ces questions s’est graduellement raccourci. La diffusion de l’information sur l’intégration internationale est nécessaire pour aider les gens à prévoir leur propre période de préparation à ce processus. Récemment, le Viêtnam a accompli beaucoup de résultats exceptionnels en matière de développement social et économique. Nous croyons vraiment que, grâce à la diligence et l’esprit créateur du peuple et à une gestion efficace de la part du gouvernement, le Viêtnam surmontera les difficultés et les défis pour s’engager avec succès sur le chemin de la modernisation et de l’industrialisation, apportant la prospérité et le bonheur à son peuple. n VIÊTNAM 2005 Le Viêtnam : une nouvelle réussite du modèle de développement asiatique Jean-Bernard VERON, conseiller, direction de la stratégie de l’Agence française de développement Au départ, un pays pauvre et exsangue, au développement bloqué Au tournant des années quatrevingt le Viêtnam sort de trois guerres successives, avec la France d’abord, les États-Unis ensuite et, enfin, au Cambodge lors de l’épisode des Khmers rouges. Il est alors désespérément pauvre à l’aune tant du produit par tête, qui est de l’ordre de 100 dollars, que de l’équipement en infrastructures ou de l’accès aux services sociaux de base (santé, éducation, eau potable). Malgré la prédominance des activités agricoles, il peine certaines années à assurer son autosuffisance alimentaire. Non que le gouvernement n’ait rien fait, mais parce que les maigres ressources nationales étaient drainées par la guerre et que le modèle économique en vigueur s’avérait peu efficace. Le sursaut vint de la prise de conscience que le mécontentement grandissant des populations, en particulier rurales, était un facteur de risque pour la pérennité du régime : après tant d’épreuves elles attendaient les dividendes de la paix. En outre, la Chine, depuis l’arrivée au pouvoir de Deng Ziaoping, montrait qu’un pays socialiste pouvait profondément modifier les règles du jeu économique sans mettre en péril sa stabilité politique. Le changement de cap est formellement daté du 6e Congrès du Parti communiste vietnamien (dit du Dôi moi, ou renouveau) en 1986 avec les premières réformes économiques centrées sur la décollectivisation de l’agriculture. Depuis, touche après touche et de cette manière prudente et progressive qui caractérise la prise de décision au Viêtnam, on fait aux mécanismes de marché une place croissante dans la régulation des activités économiques ; le secteur privé, tant national qu’extérieur, gagne en importance; le pays s’ouvre aux échanges ainsi qu’aux capitaux étrangers et se prépare à intégrer l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Un nouveau dragon est né Les résultats de cet aggiornamento ne se firent pas attendre. Depuis maintenant une quinzaine d’années le taux de croissance du PIB est en moyenne de 7 % par an 1, ce qui a permis de multiplier par cinq le revenu par tête (de 98 dollars en 1990 à 482 en 2004). Bien que le Viêtnam appartienne encore à la catégorie des Pays les moins avancés selon le classement des Nations unies, l’impact social de ce dynamisme économique est flagrant : le pourcentage de pauvres 2 est tombé de 70 % de la population en 1990 à 29 % en 2004. Cette croissance est tout à la fois le produit et la conséquence d’une profonde transformation des structures de l’économie nationale qui voit se réduire la part des activités agricoles (39 % du PIB en 1990 et 22 % en 2003) au profit de l’industrie (respectivement 23 % et 43 %). Cette transformation ne signifie toutefois pas que l’agriculture ait décliné, mais que son rythme de croissance a été 1. Toutes les données chiffrées mentionnées dans cet article ont été tirées de la base statistique de la Banque asiatique de développement. 2. Sont considérées comme pauvres, selon les standards de mesure internationaux, les personnes ayant un revenu inférieur à 1 dollar par jour. LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 23 moins rapide. En effet, comparativement à d’autres pays du “ Sud ” engagés dans un processus de développement accéléré, le secteur rural vietnamien est en expansion. À titre d’illustration, le pays qui, avec une production de 15 à 16 millions de tonnes de riz, peinait à couvrir ses besoins à la veille du Dôi moi a plus que doublé les tonnages (35 millions de tonnes en 2003) et est devenu le troisième exportateur mondial de cette céréale. Corrélativement, le Viêtnam n’a pas connu de déplacement massif des populations rurales vers les villes, puisque 80 % des Vietnamiens vivaient à la campagne en 1990 et qu’ils sont encore 75% en 2003. Cette quasi-stabilité est le fruit d’une politique volontariste, judicieuse en son temps mais qui freine aujourd’hui l’amélioration de la productivité de l’économie. Ces performances impressionnantes sont certes à mettre au compte des réformes économiques qui ont libéré les énergies entrepreneuriales. Mais elles n’auraient pas été possibles sans, simultanément, un effort d’investissement exceptionnel et sans un élargissement des débouchés par le biais d’une ouverture croissante sur l’extérieur. S’agissant du premier point, la formation brute de capital fixe, qui représentait 12,6 % du PIB en 1990, atteint aujourd’hui 35,1%. Tout aussi remarquable est l’envolée de l’épargne nationale. Sur la même période elle est passée de 2,9 % du PIB à 28,2 %, ce qui signifie que le Viêtnam finance aujourd’hui les quatre cinquièmes de ses investissements au moyen de ses ressources propres. Même en tenant compte du fait qu’une fraction encore majoritaire des investissements est portée par le secteur public au sens large (budget national et entreprises d’État), l’effort d’épargne n’en est pas moins remarquable eu égard au faible niveau de revenu de la population. En ce qui concerne l’ouverture sur l’extérieur, elle s’est imposée pour cette même raison de la faiblesse des revenus qui bride le développement du marché intérieur. C’est ainsi que les exportations ont été multipliées par 8 entre 1990 (2,4 milliards de dollars) et 2003 (20,2 milliards de dollars) et qu’elles équivalent désormais à 60 % du PIB. Gestion économique prudente et souci de stabilité politique et sociale Ce bref panorama ne serait pas complet sans souligner deux points complémentaires. Le premier est la grande prudence dont font preuve les autorités dans leur gestion des paramètres macroéconomiques. Cela se marque de diverses manières. En ce qui concerne l’endettement extérieur, le Viêtnam s’est libéré de la dette contractée vis-à-vis des pays qui appartenaient à l’ex-bloc socialiste et mène depuis une politique rigoureuse. C’est ainsi que l’encours de la dette est passé de 380% du PIB en 1990 à 38 % en 2002 et que son service ne représente que 6% des exportations de biens et services. Ce dernier ratio, fort modeste, s’explique également par la composition de la dette extérieure : elle provient, pour les neuf dixièmes, de prêts concessionnels fournis par les bailleurs de l’aide publique. Mais il est vrai que cet engouement desdits bailleurs, qui injectent bon an mal an près de 2 milliards de dollars dans le développement du Viêtnam, est largement fondé sur ses performances dans le développement économique et social. Cette gestion macroéconomique de “bon père de famille” vaut aussi pour le processus très graduel d’ouverture du marché financier sur l’extérieur. À la différence de certains pays voisins, qui s’ouvrirent aux capitaux extérieurs avant que leur système financier ne soit assez robuste pour supporter les violents allers et retours propres à ces ressources et qui en firent durement les frais lors de la crise asiatique de 1997-1998, le Viêtnam traversa ladite crise sans autre dommage qu’un modeste tassement de son taux de 24 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE croissance. Toujours dans le domaine macroéconomique, on notera la politique de change qui, depuis la fin des années quatre-vingt-dix, maintient une parité à peu près stable entre le dong et le dollar, ce qui, glissement de cette dernière monnaie aidant, permet aux exportations vietnamiennes de se placer aisément sur les marchés extérieurs. Le second point méritant d’être souligné, et qui accompagne le rapide développement économique du pays, est la stabilité du régime. Inspiré du modèle soviétique mais progressivement épuré des archaïsmes économiques qui contribuèrent tant à la déconfiture du modèle en question, le régime vietnamien reste celui d’un État-Parti à direction collégiale, contrôlant le gouvernement, l’administration et l’armée et appuyé sur un puissant appareil sécuritaire. Jamais remis en cause jusqu’à ce jour, il tient sa survie, dans un monde où les pays qualifiés de socialistes se raréfient, à sa capacité à coller aux mutations de la société vietnamienne, qu’il freine parfois mais qu’il n’entrave jamais. À n’en pas douter, cette flexibilité est une des forces du système. Un autre élément de robustesse du régime est incontestablement sa réussite en termes de développement économique et social, qui le légitime aux yeux de la population. Ainsi, la santé et l’éducation sont correctement dispensées, dans un pays qui reste objectivement très pauvre et la croissance a globalement permis d’améliorer le niveau de vie moyen des Vietnamiens. Une nouvelle application du modèle asiatique Sans minimiser les mérites propres au Viêtnam, il faut mettre ces bons résultats à l’actif de ce que l’on pourrait appeler le modèle de développement asiatique. Celui-ci connaît certes des variantes, qui tiennent aux particularités des sociétés nationales, à leur histoire, à la configuration des régimes politiques ainsi qu’aux points de départ du processus de développement, mais il est frappant de constater que les mêmes recettes produisent peu ou prou les mêmes effets dans nombre de pays de la région, et cela quelle que soit l’idéologie dont ils se réclament. En succession pressée Hong-Kong et Singapour, Taiwan et la Corée du Sud, la Malaisie, la Chine et la Thaïlande ont engrangé des performances économiques flatteuses, bien supérieures à celles de l’Amérique latine, de l’Afrique et du Moyen-Orient, au point que certains de ces pays rejoignent maintenant le monde développé. Le modèle en question se caractérise par des similitudes touchant tant aux politiques mises en œuvre qu’au fonctionnement des institutions qui encadrent et régulent les activités économiques : un État fort, capable d’exercer un pilotage centralisé de l’économie sans étouffer néanmoins les initiatives individuelles ; un taux d’investissement durablement élevé, servi par un taux d’épargne non moins élevé ; une libéralisation progressive du jeu économique ; l’alliance étroite entre l’appareil d’État et les opérateurs économiques, ce qui est évident dans le cas des entreprises publiques mais l’est également, de manière plus subtile, pour les acteurs privés ; une gouvernance technique, financière et économique de qualité, du moins à l’aune de ce qu’elle est habituellement dans les pays en développement ; une ouverture graduelle et dissymétrique sur l’extérieur (soutien des exportations, maintien de barrières sélectives aux importations, fermeture du marché intérieur aux entrées de capitaux spéculatifs étrangers) ; de bons fondamentaux macroéconomiques (gestion raisonnablement prudente du budget, de la monnaie et de la dette). Ce modèle se caractérise également par un décalage, qui peut atteindre plusieurs décennies, entre le démarrage économique et l’émergence d’un système politique pluraliste 3. À l’évidence, ce décalage n’est accepté que parce que le modèle produit rapidement des résultats qui permettent d’améliorer le sort matériel des populations et qui asseyent donc sa légitimité sur son efficacité en termes de développement. En conclusion, les défis à venir Ce passage en revue de la situation du Viêtnam et des fondements de sa réussite donne à penser que les perspectives d’avenir sont plutôt bonnes. Cela ne signifie toutefois pas que tout péril est écarté, que le développement est définitivement sur les rails et que la stabilité du régime est inébranlable. Les défis structurels sont effet de taille. Il faut d’abord que la machine économique continue à produire des emplois à un rythme soutenu pour absorber tant la croissance démographique naturelle 4 que l’exode rural. Or cette création continue d’emplois ne se peut sans la poursuite d’une croissance économique forte. Celleci sera de plus en plus fonction d’une part d’une diversification des activités vers des créneaux à plus haute productivité et, d’autre part, d’une montée en gamme qualitative. L’économie vietnamienne devra donc sortir d’un modèle qui reste fondé sur la quantité et les produits simples ou bas de gamme. Il faut ensuite que les inégalités, mécaniquement induites par la croissance, entre monde rural et monde urbain, provinces riches et pauvres, détenteurs du capital et salariés, ne se creusent pas au-delà du raisonnable, sous peine de troubles sociaux et de contestation du régime. créances, et liquider, redimensionner ou privatiser les entreprises publiques en minimisant l’impact sur l’emploi. Toutes tâches d’autant plus difficiles que le régime devra simultanément gérer la réduction progressive de son contrôle direct de la sphère économique et, à plus long terme, le déverrouillage du système politique. Objectifs qui ne sont toutefois pas inatteignables, ainsi que le montrent d’autres pays d’Asie de l’Est et du SudEst qui ont su, avant le Viêtnam, mener à bien ces transitions. Il est bien évidemment trop tôt pour hasarder un pronostic, de réussite ou d’échec, mais un facteur lourd pèsera sur l’avenir du pays : l’irrésistible montée en puissance de la Chine et l’incertitude de ce qu’en seront les effets sur les petits pays voisins. Les éléments positifs sont l’énormité du marché chinois et le dynamisme de son économie. Mais ce même dynamisme, combiné à d’immenses gisements de main-d’œuvre à très bas coût, peut tout aussi bien soumettre le Viêtnam à une concurrence trop rude et, in fine, le vassaliser économiquement. n 3. Il est intéressant de noter que ce constat vaut aussi bien pour les pays qui se réclament du “ socialisme ” que pour ceux qui sont fermement “ capitalistes ”. 4. Ce sont en effet 1,5 million de personnes supplémentaires qui arrivent chaque année sur le marché du travail du fait de la seule croissance démographique. Plus conjoncturellement, le Viêtnam va être confronté, dans les années à venir, à des risques d’instabilité accrue du fait d’une ouverture extérieure de plus en plus large dans le cadre de son adhésion à l’OMC. Il lui faudra également mener à bien la réforme de son système financier public, accablé par les mauvaises LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 25 VIÊTNAM 2005 Les relations sino-vietnamiennes aujourd’hui Général (cr) Daniel SCHAEFFER, conseil en stratégie d’entreprise à l’international (Chine et Asie du Sud-Est) Q le début de son histoire le Viêtnam a connu des relations tumultueuses avec son grand voisin du Nord, la Chine, dont la vocation, héritée de la pensée confucéenne surtout, était de régner sur le reste du monde et d’y faire régner l’harmonie. Cette vision chinoise du monde amenait les voisins immédiats de l’Empire du Milieu à être intégrés dans une mouvance vassale à laquelle appartenait le Viêtnam. Il est donc résulté de cette conception du monde des périodes de vives tensions et des périodes d’accalmie entre les deux nations, un petit pays comme le Viêtnam n’ayant pas la capacité de soutenir en permanence des relations conflictuelles avec son suzerain. UASIMENT DEPUIS C’est vraisemblablement dans l’une de ces phases de rémission que se situent aujourd’hui les relations sinovietnamiennes. La Chine et le Viêtnam d’aujourd’hui et de ces toutes dernières années ont en effet besoin de disposer d’un environnement stable de paix afin de pouvoir poursuivre leur développement économique et, en ce qui concerne la Chine, sa montée en puissance, non seulement économique mais aussi militaire, face à des Américains qui ne semblent pas vouloir abandonner leur soutien à l’île rebelle Taiwan. Depuis la fin de l’ère coloniale qui a vu la Chine communiste soutenir son petit frère vietnamien contre Français et Américains, et avant la normalisation des relations en 1991, les contentieux entre les deux pays s’accumulent : • obtention, par la diplomatie chinoise à la conférence de Genève de 1954, de la scission du Viêtnam en deux parties à hauteur du 17e parallèle ; en 1974, conquête chinoise des îles Paracels alors territoire vietnamien hérité de la colonisation française, héritage que les accords de Genève n’avaient pas remis en cause ; • colère de Pékin lorsque, en 1978, le Viêtnam adhère au Conseil pour la Coopération économique mutuelle (COMECON), créé par les Soviétiques, collusion que la Chine considère et dénonce comme une alliance militaire visant à l’encercler ; • agression chinoise de 1979 pour contraindre le Viêtnam à se retirer du Cambodge et soulager la pression militaire des “ bodoïs ” contre la résistance khmère dominée par les Khmers rouges ; • attaque navale surprise, au mois de mars 1988, des positions vietnamiennes dans les îles Spratleys, en mer de Chine méridionale, et conquête de onze îles ; • revendications chinoises sur la totalité de la mer de Chine méridionale 26 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE selon la délimitation en “ neuf traits ” que le président Mao Zedong trace sur la carte en 1949, ne laissant quasiment aux États riverains que leurs eaux territoriales ; • empiétements réciproques sur les territoires frontaliers terrestres ; • refus par la Chine de reconnaître le partage du golfe du Tonkin par le Méridien 108, partage hérité de l’ère coloniale. C’est sur ce lourd contentieux que la Chine et le Viêtnam décident de normaliser leurs relations en 1991, d’autant que le Viêtnam, complètement éprouvé par son aventure cambodgienne, affaibli également par une politique collectiviste extrême lancée en 1986 et qui échoue, éprouve un fort besoin de répit ainsi que celui de réorienter sa politique économique et internationale. De 1991 à 1999, sur fond de suspicions réciproques et de poursuite d’incidents nouveaux en mer de Chine méridionale, les négociations sinovietnamiennes ne progressent que très lentement. Il faut en effet attendre le mois de février 1999 pour que les travaux avancent réellement avec, à la suite des rencontres des secrétaires généraux des partis communistes chinois et vietnamien de l’époque, la détermination des lignes directrices PHOTO TRAN BANG et du cadre du développement des relations bilatérales pour le XXIe siècle. Ces relations devront reposer sur “une stabilité à long terme, une orientation vers l’avenir, le bon voisinage et l’amitié et une coopération tous secteurs ”. Ce seront les principes en “ 16 caractères ”, principes qui seront ensuite rappelés en permanence lors de tous les entretiens bilatéraux. C’est ainsi que, à partir de là, l’on aboutit : • le 30 décembre 1999, à la signature du traité sur la délimitation des frontières terrestres ; • à la fin du mois de décembre 2000, à la signature d’un “ Accord sino-vietnamien sur la démarcation des eaux territoriales, de la zone économique exclusive et du plateau continental du golfe du Tonkin ”, assorti d’un “ accord sur la coopération sur les pêches dans le golfe du Tonkin ” ; • le 7 décembre 2002, à un accord sur les couloirs aériens et l’organisation du contrôle aérien au-dessus de la mer de Chine méridionale. En outre, pour faire baisser la tension et tenter de dissiper les suspicions à son égard, les Chinois finissent par proposer aux pays de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), au mois de novembre 2002, une “ Déclaration sur la Conduite à tenir par les parties prenantes en mer de Chine du Sud ”. En adhérant à ce code, les pays s’engagent à ne pas recourir à la force, ni aux provocations, pour régler les contentieux. En revanche et à ce jour, la question des îles Spratleys n’est toujours pas réglée. Néanmoins, s’appuyant sur l’application du droit de la mer en matière d’exploitation économique des zones contestées, les Chinois proposent aux Vietnamiens et aux Philippins de procéder en commun à la détection des réserves d’hydrocarbures en mer de Chine méridionale. Les deux pays adhèrent à la proposition en signant un accord avec Pékin, au mois de septembre 2004 pour Manille, et au mois de mars 2005 pour Hanoi, ce qui, en contrepartie, induit un risque de protestation de Le lac de l’épée restituée – le lac légendaire au centre de Hanoi. la part de Taiwan, de la Malaisie et de Brunei de ce fait virtuellement écartés des bénéfices potentiels à tirer d’éventuelles découvertes. Ce n’est donc vraiment que depuis 1999 que les tensions se réduisent et que les relations s’enrichissent sur le plan économique. Car, sur le plan politique comme sur le plan stratégique, les soupçons demeurent. Cette “ montée en puissance pacifique ” chinoise ne dit en effet rien qui vaille aux Vietnamiens comme aux Américains dont Hanoi se rapproche également beaucoup depuis le rétablissement des relations diplomatiques en 1993. Sur le plan des relations économiques, les négociations conduites entre la Chine et le Viêtnam en vue de l’adhésion du Viêtnam à l’Organisation mondiale du commerce peuvent laisser espérer à Hanoi une possible admission à la fin de 2005. Les projets de coopération se développent, favorisés en cela par la multiplication des rencontres et des opérations de communication, par la création du Vietnam- LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 27 China Business Forum en septembre 2004, et par celle d’un extranet d’échanges d’informations sur les opportunités d’affaires. Sur le plan des échanges, le Viêtnam espère accroître ses exportations en direction de la Chine dans le domaine agroalimentaire par abaissement de ses taxes à l’exportation en vertu des dispositions arrêtées entre le Viêtnam et l’ASEAN contenues dans le “Programme Première Récolte” (Early Harvest Program). Sur le plan des échanges, ceux-ci progressent de 32 millions de dollars en 1991 à 7,2 milliards de dollars en 2004, progrès peu attendu qui amènera vraisemblablement à revoir la projection évaluée à 10 milliards de dollars pour 2010. En revanche la balance commerciale est déséquilibrée et le déficit vietnamien s’accroît d’année en année, passant de 200 millions de dollars en 2001 à 1,7 milliard de dollars en 2004. La Chine exporte vers le Viêtnam des produits pétroliers, des machinesoutils, de la pharmacie, des matériels agricoles. Elle en importe du pétrole, des primeurs, des produits de l’aquaculture, des produits de base destinés à l’industrie pharmaceutique, du caoutchouc, secteur qui rapporte 357 millions de dollars en 2004 et susceptible d’en rapporter 480 en 2005. Le Viêtnam achète aussi de l’acier à la Chine qui surproduit par rapport à ses besoins tout en asséchant le marché mondial des produits ferreux bruts. Il en résulte une augmentation du prix de l’acier, dont le Viêtnam, comme les autres pays du monde, subit les répercussions négatives. Le plus étonnant des projets est celui de l’exportation chinoise d’électricité vers le Viêtnam à partir de 2006 alors que, depuis 2002, la Chine connaît d’authentiques pénuries d’électricité qui affectent la continuité de sa production industrielle nationale. À côté des échanges commerciaux les investissements directs chinois au Viêtnam s’accroissent, se montant à 259 projets en mars 2004 pour un capital total déclaré de 531 millions de dollars. De nombreux projets de coopération se font jour, et une très forte relation se scelle entre les provinces vietnamiennes du Tonkin et les provinces frontalières chinoises du Viêtnam que sont le Guangxi et le Yunnan. Dans ce cadre, la Chine et le Viêtnam décident de créer deux “couloirs économiques ”. Ils seront matérialisés par un faisceau de grandes artères de communications reliant les deux provinces du sud de la Chine, le Yunnan et le Guangxi, au Viêtnam du Nord et surtout, au port de Haiphong. Deux de ces routes, qui partent du Guangxi sont inaugurées au mois d’avril 2005. Le dispositif sera en outre complété par la création sino-vietnamienne d’une “ ceinture économique du golfe du Tonkin”. En dehors de l’aspect économique de l’opération qui permet à la Chine de détourner vers les ports vietnamiens, celui de Haiphong surtout, une partie du trafic actuellement orienté vers les ports de la Chine du Sud dont, celui de Hong-Kong, le point le plus intéressant à souligner dans cet accord sous-régional est son intérêt stratégique pour Pékin. En effet, il constitue un authentique moyen pour la Chine d’arrimer solidement le Viêtnam à elle. Par là, Pékin atteint plusieurs objectifs : • il contraint indirectement le Viêtnam à baisser la voix sur ses revendications en mer de Chine méridionale ; • il réduit les capacités vietnamiennes à trop se rapprocher des Américains, notamment sur le plan militaire à un moment où la Chine se réserve en option la possibilité de procéder par la force à une réunification avec Taiwan ; • il apporte un complément important au dispositif stratégico-économique que Pékin fourbit depuis près de vingt ans sur son Sud. La présence chinoise en Myanmar ouvre en effet largement à la Chine les portes de l’océan Indien, à la fois 28 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE sur le plan militaire et sur le plan économique. Lorsque tous les projets en cours seront complétés et achevés, ils permettront à la Chine de sécuriser une partie de ses voies d’approvisionnement, notamment en hydrocarbures, en privilégiant un acheminement par voie terrestre au travers de la Birmanie pour arriver au Yunnan. À partir de ce schéma, le parallèle vietnamien est aisé à établir avec l’accès que la Chine s’ouvre aujourd’hui à Haiphong, port à partir duquel, dès lors qu’il sera suffisamment aménagé, pourront transiter vers le Guangxi et le Yunnan les hydrocarbures qui seraient exploités en mer de Chine méridionale, voire ailleurs. Ainsi se présentent aujourd’hui les relations entre la Chine et le Viêtnam. Elles sont devenues des relations pacifiques commandées par des intérêts économiques qui priment sur bien d’autres considérations. Mais ce sont aussi des relations qui restent teintées de suspicion en regard des ambitions de Pékin, ambitions que révèlent la montée en puissance économique et militaire du pays d’une part, et le recours à une méthodique neutralisation diplomatique des pays de la région susceptibles de mettre en cause ces ambitions. Au grand jeu de go régional, la Chine continue donc à marquer des points importants contre le Viêtnam et contre les pays d’Asie du Sud-Est, voire, en fin de compte, contre les États-Unis. n VIÊTNAM 2005 Coopération entre la DGAC et la CAAV René GAUDIN (65), directeur de la direction des Programmes aéronautiques civils, DGAC, et Emanuela LACARZE, chargé de mission géographique Asie-Pacifique, DGAC Le Viêtnam s’étire du nord au sud sur 1 600 km et représente une superficie de 331 041 km2. Il a connu une forte croissance de sa population qui compte aujourd’hui 83 millions d’habitants. Depuis 1986, le Viêtnam a engagé une politique de rénovation et de libéralisation progressive qui a permis l’essor de son économie. L A FRANCE, qui a été l’un des pre- miers pays occidentaux à soutenir le Viêtnam dans sa politique de rénovation, entretient une relation étroite avec ce pays. Cette coopération étroite s’est tout particulièrement illustrée dans le secteur de l’aéronautique. C’est l’Administration de l’aviation civile du Viêtnam (Civil Aviation Administration of Vietnam – CAAV) qui est en charge, sous l’autorité du Premier ministre, de gérer le secteur de l’aviation civile. L’une des tâches essentielles de la CAAV réside dans l’élaboration de la réglementation et le contrôle de son application de manière à s’assurer que les règles internationales édictées par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) sont respectées. D’autres entités, qui sont placées sous la tutelle de la CAAV, couvrent les autres secteurs de l’aviation civile. Ainsi la gestion de l’espace aérien national est assurée par “ Vietnam Air Traffic Management ” (VATM) qui est le fournisseur des services de navigation aérienne. Cet organisme est doté d’une personnalité juridique et d’une certaine autonomie financière puisqu’il perçoit les redevances de navigation aérienne auprès des usagers. Le Viêtnam dispose par ailleurs de 316 aéroports civils et militaires parmi lesquels 118 ont été retenus par les autorités dans le plan de développement aéroportuaire. Ces aéroports sont exploités en régie directe par les trois régions Nord, Centre et du Sud, qui sont placées sous l’autorité de la CAAV (Northern Airport Authority, Middle Airport Authority, Southern Airport Authority). Les trois aéroports internationaux de Hanoi, Ho Chi MinhVille et de Danang font l’objet de travaux d’aménagement importants. Enfin, la CAAV a la tutelle du “Civil Aviation Training Center ” (CATC) chargé d’assurer la formation aux métiers de l’aviation civile. LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 29 Ces objectifs sont d’autant plus prioritaires que le Viêtnam souhaite jouer un rôle prédominant dans la région. L’une des premières tâches de la CAAV a été de se doter d’une réglementation technique couvrant dans un premier temps les domaines liés aux licences des personnels, à l’exploitation des aéronefs et à leur navigabilité. Ella a pour ce faire choisi de s’inspirer des règles européennes établies par les “ Joint Aviation Authorities ” (JAA) et a bénéficié de l’expertise française. Cette action qui a été menée avec succès a permis au Viêtnam, lors des audits menés par l’OACI dans le cadre de son programme universel d’audit de supervision de la sécurité, lancé en 1999, d’être reconnu comme se conformant aux normes internationales figurant dans les annexes techniques à la convention relative à l’aviation civile internationale, dite convention de Chicago. Ces audits ont d’abord porté sur les aspects liés au contrôle technique des aéronefs pour être étendus dès cette année aux autres domaines et notamment à ceux des aéroports et de la navigation aérienne. Ainsi, depuis près de dix ans des liens forts se sont noués entre la CAAV et la Direction générale de l’aviation civile française, liens qui se sont concrétisés par la signature en octobre 1998 d’un arrangement de coopération technique. Cet arrangement permet l’échange d’information et d’expérience dans les différents secteurs de l’aviation civile, il permet aussi d’échanger des experts pour de courtes formations. © VIETNAM AIRLINES Face à la croissance du trafic aérien dans la région (entre 1995 et 2000, le trafic passagers a augmenté de 30 % et le trafic de marchandises de 60 %) et à la concurrence, l’autorité de l’aviation civile du Viêtnam s’est trouvée confrontée à de nouveaux défis tels que la modernisation et le développement de ses aéroports, le développement de ses équipements de navigation aérienne et la poursuite de la formation de ses personnels. Vietnam Airlines, Airbus A321. Forte de ces liens étroits, la CAAV n’a pas hésité à plusieurs reprises à faire appel au savoir-faire de la Direction générale de l’aviation civile dans des domaines aussi variés que ceux de la sécurité, de la navigation aérienne, de la certification des aéroports, de la maintenance et de la formation des pilotes. Des séminaires ont été également organisés sur place avec le soutien de l’industrie en 1998 sur le thème de la sécurité, ou avec le soutien de la Commission européenne en 2004, sur le thème de la certification des aéroports. Ces relations de coopération étroites qui se sont nouées ont renforcé l’ouverture de perspective pour les entreprises françaises dans les différents secteurs de l’aéronautique. Elles constituent en outre l’un des meilleurs exemples de partenariat “ gagnantgagnant ” dans ce domaine. En effet, loin de se focaliser sur des affaires ponctuelles auparavant commerciales, les deux administrations ont dès le départ investi sur une relation de confiance de long terme. Et les succès déjà obtenus sont le gage de la poursuite réussie de cette relation pour le futur. n 30 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE VIÊTNAM 2005 Le Viêtnam à travers langue et écriture Raphaël MONTELATICI (97) et LÊ Thái Hoàng (01) Le Viêtnam reste encore dans les esprits le triste symbole d’une histoire contemporaine faite de conflits idéologiques et militaires. Quiconque a voyagé au Viêtnam sait que cette vision incomplète cache l’essentiel. Au sein du monde sinisé, le Viêtnam affiche l’originalité de sa culture, façonnée au cours d’une histoire plurimillénaire. Celle-ci fut marquée par des échanges culturels ininterrompus et plus particulièrement par une relation d’attraction répulsion avec le grand voisin chinois. Nous proposons d’aborder la culture vietnamienne au moyen des deux clés de compréhension fondamentales que sont la langue et l’écriture. Minet un jour grimpe à l’aréquier De l’abscence du rat Il se met à s’enquérir Le rat vers le marché s’est éloigné De la saumure et du sel il lui faut acheter Pour honorer la mémoire du père de minet (ca dao – chant populaire) LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 31 UNE PARTICULARITÉ DU VIETNAMIEN : LE " TÙ’ LÁY " Il s'agit d'un procédé de formation de mots au moyen de redoublements syllabiques. Dans certains cas les syllabes sont ` râm ` reproduites à l'identique : riu riu (à petit feu), râm (bruyant). Plus souvent elles subissent des déformations : ngai ngái (très légèrement âcre), ngan ngát (se dit d'un parfum vaguement pénétrant), chúm chím (pincer légèrement ‘ ‘ les lèvres), xôc xêch (débraillé). On observe un jeu sur la mélodie que produit l'enchaînement : alternance des tons, des voyelles ou des consonnes. Cette construction convoie des nuances subtiles, qui bien souvent ne peuvent être traduites qu'à l'aide de périphrases. On obtient selon les cas un effet d'atténuation (ainsi ngai ngái et ngan ngát sont les formes atténuées de ngái, légèrement âcre et de ngát, parfum pénétrant), ou de renforcement ` râm ` est plus fort que râm). ` De plus il existe des doubles (râm ‘ ‘ ‘ redoublements, comme xôc xa xôc xêch (complètement débraillé). 32 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE PHOTO TRAN BANG. Khue Van Cac (Pavillon de la Constellation de Littérature) à Van Mieu (Temple de Littérature) – Quoc Tu Giam, la première “ université ” au Viêtnam, fut construit en 1070. LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 33 PHOTO TRAN BANG. Musée de l’Histoire du Viêtnam (ancienne École française d'ExtrêmeOrient). 34 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE PHOTO TRAN BANG. Le Viêtnam traditionnel. L'INFLUENCE DE LA LANGUE FRANÇAISE ( L'époque coloniale a laissé son empreinte sur le lexique vietnamien. Les emprunts au français sont présents dans tous les domaines, citons bít têt‘ (bifteck), xúc xích (saucisse), vét tông (veston), vi ô lông (violon), ca nông (canon). Au contraire du chinois, dont la morphologie est proche du vietnamien, le français a dû subir d'importantes déformations pour s'intégrer au vietnamien. Certains mots ont été réduits à une syllabe : ga (gare), kíp (équipe), d'autres ont vu leurs - ten (dentelle) consonnes se modifier : ban công (balcon), dang et d'autres encore ont été pourvu de tons : cà phê (café), cà rôt‘ (carotte). LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 35 VIÊTNAM 2005 Viêtnam : carnet de route Jean-Philippe KALFON, consultant en stratégie et photographe Jean-Philippe Kalfon, consultant en stratégie, est passionné de photo et de voyages. Voici un extrait illustré de son carnet de route en Asie du Sud-Est… D ES MONTAGNES DÉCHIQUETÉES posées sur l’eau, des pitons rocheux émergeant des rizières, le silence pénétrant des hautes montagnes boisées, les méandres paresseux des eaux brunes du Mékong… Au Viêtnam, la nature est apaisante, majestueuse, surréaliste ! conducteurs de ces machines infernales qui défilent dans une anarchie organisée dont eux seuls connaissent les règles ? Bordé d’une promenade ombragée, le lac Hoan Kiem est un havre de calme, un lieu de vie, de balade et de causerie sur les bancs. Quelques vieillards y pratiquent une gymnastique relaxante, adossés aux branches d’un arbre qui surplombe l’eau. Nous y croisons M. Thinh, ancien professeur d’écologie. En riant très fort, il nous explique dans un français parfait qu’il aime les femmes, et nous montre fièrement une photo de lui auprès du ‘ général Giap, vainqueur de Diên Biên Phu… Elle est mère nourricière, éternel théâtre d’un temps qui passe au ralenti au rythme d’un labeur archaïque sous les ‘ la), ‘ le long des labours lentement chapeaux coniques (non creusés par un buffle ou sur les barques insolites des marchés flottants du Mékong… Dans les villes, c’est l’effervescence, le tourbillon anarchique et frénétique ! Comme pour chasser une misère encore présente… Droit devant, vite ! Le Viêtnam est en marche… Il bruine sur le pont supérieur. Le ciel est bas. L’eau est d’huile et le navire chemine paisiblement dans le silence pénétrant d’une mer infinie saupoudrée d’étranges montagnes aux formes longilignes et déchiquetées. Nous croisons quelques pêcheurs parmi les pains de sucre émergeant de l’eau. Derrière les montagnes, le soleil levant baigne d’une lumière orangée les maisons de bois coloré posées sur des barges flottantes. Quelques lampes s’allument, les enfants jouent, des pêcheurs sillonnent déjà le village qui s’éveille, blotti quelque part, au creux de la baie… Dans la brume fine et silencieuse, la baie d’Along respire, terre et eau surréalistes, cachée derrière le monde… Hanoi, la ville s’agite, fébrile, tel un dense tourbillon de motos klaxonnant sans cesse. Pourtant, on ne s’y sent pas oppressé. C’est peut-être le soleil, la pierre jaunie des façades coloniales délabrées, les rues étroites aux allures de province, le calme impassible des commerçants assis par terre de chaque côté de la rue, ou le visage serein des 36 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE Hanoi, la ville s’agite, fébrile, tel un dense tourbillon de motos klaxonnant sans cesse... ... et le calme... le lac Hoan Kiem. Delta du Mékong. Les yeux encore mi-clos, je pose un pied sur la petite barque de bois. La jeune Bui démarre le moteur sous l’œil attentif de son grand frère resté sur la berge. Nous nous faufilons lentement entre les canaux étroits bordés d’une dense forêt de cocotiers. Le soleil se lève sur les eaux brunes du Mékong. Sur la rive, les habitants des petites maisons de bois font leur toilette matinale. En quittant les canaux, nous retrouvons un large bras du fleuve où quatre rangées d’imposantes barques de bois brun à deux étages sont alignées sur quelques centaines de mètres. Sur chacune, une longue perche indique, par un échantillon accroché, la variété de fruits ou légumes que l’on y trouve. Un marché du delta du Mékong. Nous sommes arrivés au marché flottant de Cai Rang, le plus important du delta du Mékong. Autour, de petits bateaux en bois, à rames ou à moteur, accostent ou repartent. Chargements, discussions, échanges, c’est l’abondance ! Sur les berges, le marché s’agite dans les ruelles étroites. Derrière les canaux, les pêcheurs jettent leurs filets entre les barques des vendeurs et trient les quelques poissons attrapés parmi les nombreux détritus pris dans les mailles… Le Mékong est calme. Il respire la vie dans ses eaux boueuses. Une vie qui grouille, au ralenti ! n Les femmes dans un marché. Un portrait. Et la fameuse baie d’Along... PHOTOS DE JEAN-PHILIPPE KALFON LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 37 VIÊTNAM 2005 Parcours d’un polytechnicien vietnamien VU Ngoc Anh (01) et DO Mai Phuong (99) À l’X, en 2005, un nouveau binet a été créé : le binet X-Viet. Ce binet a le soutien total de tous les polytechniciens venus du Viêtnam par la voie EV2 (élèves voie deux, qui ont suivi la filière universitaire) et les amis français et internationaux qui sont intéressés par la culture vietnamienne. Les premiers élèves vietnamiens sont venus à l’X en 1996 pour rejoindre la promotion 1995 en tant qu’EV2. À partir de cette année, le nombre d’élèves vietnamiens par promotion ne cesse d’augmenter : 2 pour la promo 96, 4 pour la promo 97 et 98, jusqu’à 15 pour la promo 2001, d’où une moyenne de 10 personnes par promotion. Qui sont ces élèves ? Élèves des programmes honorés des plus grandes universités du Viêtnam (Université nationale des sciences naturelles de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville, École polytechnique de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville), ils sont tous sélectionnés par dossier et puis par des épreuves orales qui ont lieu à l’ambassade de France à Hanoi. La plupart de ces élèves détiennent une ou plusieurs médailles des concours internationaux de mathématiques ou de physique. Ils constituent la majorité des élèves d’élite du pays. Après leur scolarité au Viêtnam, ils réussissent souvent à trouver des bourses à l’étranger comme en France, au Japon, aux États-Unis, en Australie, etc., pour continuer leurs études supérieures dans les domaines techniques, scientifiques, ainsi que pour enrichir leurs connaissances culturelles. Pourquoi la France et l’École polytechnique ? Au moment du concours d’entrée à l’X, la majorité de ces élèves ont passé les épreuves orales en anglais. Malgré le challenge linguistique, il n’y a pas de doute, ils vont à l’X pour poursuivre leurs études car c’est un des meilleurs établissements pour les études supérieures dans des domaines très variés. C’est vrai, l’École a tout fait pour ses élèves et en particulier pour les élèves étrangers : une scolarité variée, des professeurs sympathiques et disponibles, des facilités pour toutes les activités sportives et culturelles. Le plus important est un environnement très sérieux de formation et d’échange pour les élèves. À l’École polytechnique, les binets sont parmi les activités hors scolaires les plus extraordinaires. Les élèves 38 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE vietnamiens participent aux divers binets, du binet X-Entreprises au binet Photo, du binet Robot au binet International, etc. De la participation individuelle dans des activités de l’École, l’envie de partager, de faire connaître sa culture natale a poussé les X vietnamiens à créer des activités eux-mêmes. Les élèves de la promo 99 se souviennent sans doute de la journée vietnamienne à l’X, qui leur a permis d’assister à des spectacles d’arts martiaux et de danses traditionnelles. À partir de la promo 2000, le nouvel an asiatique, ou le Têt en vietnamien, est fêté à l’X chaque année avec comme organisateurs les élèves asiatiques de la promo. L’idée de la création d’un binet X-Viet avait son origine depuis les premières promos de X-Viet (97). Et la vie après l’X ? En sortant de l’École, les élèves vietnamiens ont autant de choix pour leur quatrième année que leurs amis français, sauf pour les corps d’État. Bien que la plupart des élèves vietnamiens des promos précédentes (de 95 à 99) aient choisi la recherche comme formation après l’X, la tendance a beaucoup changé au cours des trois dernières années. La promotion 2000 a vu six élèves parmi seize choisir une école d’application après l’X. Cette tendance est même plus forte pour les deux dernières © JEAN-LUC DENIEL - ÉCOLE POLYTECHNIQUE de la finance d’entreprises à la science économique et bien sûr dans des domaines des recherches scientifiques, surtout en mathématique et physique. Bien comprendre leur culture asiatique, avoir une bonne connaissance de la culture occidentale sont deux caractères “de facto”, sans préjudice des solides connaissances techniques qu’ils possèdent. Ouverts à des nouveaux mondes, prêts à prendre en main des discussions avec leurs partenaires, ces anciens élèves de l’École joueront un rôle important dans le développement du Viêtnam. Défilé le 14 juillet 2002. On ne peut dire que peu de choses sur la vie professionnelle des anciens élèves vietnamiens car il n’y en a guère parmi eux qui sont totalement entrés sur le marché du travail. La plupart sont en train de terminer soit leur thèse, soit leur dernière année de l’école d’ingénieurs. Pourtant, la procédure d’évolution de ces élèves relève de plusieurs points importants. Étant sur le campus de Palaiseau pendant deux ans, ils ont obtenu des bases solides pour les connaissances scientifiques et la culture française. Le fait d’avoir une double culture franco-vietnamienne est un atout pour bien s’intègrer dans la vie après l’X. Ils trouvent sans difficulté des stages de fin d’études ou des postes dans les grands groupes français. Poussés par l’ambition, certains d’entre eux vont même faire des stages ou travailler dans des entreprises à l’étranger comme aux États-Unis, au Japon et en Angleterre. Certains autres continuent des thèses aux États-Unis et en Angleterre après avoir fait une école d’ingénieurs française. Tout cela a pour but de leur donner des complémentarités à ce qu’ils ont appris en France. S’il y a environ une dizaine d’élèves vietnamiens pour chaque promotion, dans trois ans il y aura près de 150 polytechniciens vietnamiens. Ils travailleront dans tous les domaines, de la télécommunication à l’aérospatiale, de l’industrie automobile à celle du pétrole, © ÉCOLE POLYTECHNIQUE promotions. De la promotion 2002, qui vient de sortir de l’X, pour la première fois, le nombre des élèves vietnamiens qui suivent une formation d’ingénieur est supérieur à ceux qui font de la recherche (9 par rapport à 4). Le choix des écoles varie largement, de Télécom Paris, ENSAE, École des mines de Paris, École des ponts et chaussées, Supaéro à Toulouse, ENSTA et également l’École du pétrole et des moteurs. Comme les élèves français, certains X vietnamiens partent à l’étranger pour effectuer leur quatrième année : Harvard, Princeton aux ÉtatsUnis, Cambridge en Angleterre… Ainsi la devise de l’École : “ Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire ”, initialement française, guidera désormais les polytechniciens vietnamiens dans leur chemin de vie. n Les polytechniciennes (dont quelques-unes sont vietnamiennes) dans le costume “ Ao Dai ” à l’occasion de Têt, le nouvel an asiatique, en 2004. LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 39 RETRAITES Les retraites des professions non salariées Henri CHAFIOTTE (68), directeur de la Caisse autonome de retraite des médecins de France L ORS DE LA CRÉATION de la Sécurité sociale après la fin de la Seconde guerre mondiale, il avait été envisagé un régime unique de retraite pour l’ensemble des Français. Le régime général, créé par les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945, avait vocation à regrouper l’ensemble des régimes, mais une première exception concernait les régimes spéciaux (fonctionnaires, agents des collectivités territoriales, Mines, EDF-GDF…) maintenus “provisoirement” et pérennisés en 1946. Pour les non-salariés, qui étaient auparavant dépourvus de toute assurance vieillesse obligatoire, le principe de généralisation et d’unité avait été inscrit dans la loi du 22 mai 1946, mais les particularismes professionnels étaient tels que des régimes autonomes furent instaurés par la loi du 17 janvier 1948 pour respectivement les exploitants agricoles, les artisans, les industriels et commerçants, et les professions libérales groupées en 14 sections professionnelles, les avocats conservant un régime spécifique (loi du 12 janvier 1948). Malgré leurs différences, tous ces régimes étaient fondés sur un principe commun, la répartition, avec pour corollaire le caractère obligatoire des cotisations. Dans ce système, les retraites payées chaque année sont financées par les cotisations perçues au cours de la même année, à l’inverse de la capitalisation où les retraites sont financées par les cotisations et les revenus financiers accumulés par les cotisants au cours de leur vie active. Par la suite ont été créés progressivement des régimes complémentaires : AGIRC (1947) pour les cadres et ARRCO (de 1962 à 1972) pour les salariés non-cadres, dès 1948 pour certaines professions libérales, mais très récemment (2004) pour les commerçants et industriels. Les Pouvoirs publics ont toujours eu pour objectif de rapprocher les régimes de base des non-salariés du régime général des salariés. C’est ainsi que les régimes des artisans, commerçants et industriels ont été “ alignés ” sur le régime général en 1973. Mais il a fallu attendre la loi “Fillon” du 22 août 2003 portant réforme des retraites, pour que les conditions de départ à la retraite soient véritablement harmonisées entre le régime général, les régimes spéciaux et les régimes des non-salariés. Cette loi a également créé des régimes complémentaires obligatoires pour les professions qui n’en avaient pas encore (commerçants et industriels). On examinera donc après un bref rappel de l’organisation des régimes des professions non salariées les régimes de base qui présentent maintenant de grandes similitudes et les régimes complémentaires qui restent spécifiques. L’organisation des régimes de retraite des non-salariés Depuis leur création, les régimes de retraite des professions indépendantes sont organisés de manière autonome. Toutefois, la loi du 9 décembre 2004 prévoit la création d’un régime social unique des indépendants, dont les contours restent à définir. L’organisation actuelle Les organismes de retraite des indépendants (voir encadré) sont administrés par des professionnels élus pour six ans par leurs pairs, contrairement aux organismes de régime général qui sont composés à parité de représentants des organisations patronales et syndicales. Bien que gérant un service public, ils ont un statut de droit privé. La retraite des exploitants agricoles est gérée, comme leur assurance maladie, par la Mutualité sociale agricole (MSA) qui gère également la protection sociale des salariés agricoles. De statut mutualiste, elle comprend une caisse centrale et des caisses locales (cinquante-huit en 2005). LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 41 La retraite des commerçants et industriels est gérée par le réseau ORGANIC (Organisation autonome nationale de l’industrie et du commerce) constituée d’une caisse nationale, de vingt-sept caisses régionales interprofessionnelles et de trois caisses professionnelles. La retraite des artisans est gérée par le réseau AVA (Assurance vieillesse des artisans) et comprend une caisse nationale, la CANCAVA, trente caisses régionales interprofessionnelles et deux caisses centrales professionnelles. Les caisses nationales déterminent la politique générale, ventilent les ressources et coordonnent l’action des caisses de base, qui sont chargées des rapports avec les affiliés, du recouvrement des cotisations et du paiement des prestations. La retraite des professions libérales est gérée par l’Organisation autonome des professions libérales qui comprend une caisse nationale, la CNAVPL, et onze caisses professionnelles. La caisse nationale coordonne la gestion du régime de base, mais les sections professionnelles gèrent les régimes complémentaires de façon autonome. Par ailleurs, la retraite des avocats est gérée par une caisse séparée, la Caisse nationale des barreaux français (CNBF). Enfin, la retraite des religieux est gérée par la CAVIMAC, Caisse d’assurance vieillesse, invalidité et maladie des cultes. Pour l’ensemble de ces caisses, la liberté de gestion est toute relative puisque les caractéristiques des régimes sont fixées par les pouvoirs publics (lois et décrets), qui exercent par ailleurs un pouvoir de tutelle (approbation des budgets, contrôle des décisions, contrôle de la gestion). Le Régime social des indépendants (RSI) Dans le cadre des mesures de simplification du droit mises en œuvre par les Pouvoirs publics, la loi du 9 décembre 2004 a prévu la création par ordonnance d’un Régime social des indépendants, qui exercera les Les caisses de retraite des non-salariés MSA (Mutualité sociale agricole) – www.msa.fr ORGANIC (Organisation autonome nationale de l’industrie et du commerce) – www.organic.fr CANCAVA (Caisse autonome nationale de compensation de l’assurance vieillesse des artisans) – www.cancava.fr CNAVPL (Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales) – www.cnavpl.fr CRN (Caisse de retraite des notaires) – www.crn.fr CAVOM (Caisse d’assurance vieillesse des officiers ministériels, officiers publics et des compagnies judiciaires) – www.cavom.fr CARMF (Caisse autonome de retraite des médecins de France) – www.carmf.fr CARCD (Caisse autonome de retraite des chirurgiens-dentistes) – www.carcd.tm.fr CAVP (Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens) – www.cavp.fr CARSAF (Caisse autonome de retraite des sages-femmes françaises) – www.carsaf.fr CARPIMKO (Caisse autonome de retraite et de prévoyance des infirmiers, masseurskinésithérapeutes, pédicures-podologues, orthophonistes et orthoptistes) – www.carpimko.fr CARPV (Caisse autonome de retraite et de prévoyance des vétérinaires) – www.carpv.veterinaire.fr CAVAMAC (Caisse d’allocation vieillesse des agents généraux et des mandataires non salariés de l’assurance et de la capitalisation) – www.cavamac.fr CAVEC (Caisse d’assurance vieillesse des experts-comptables et des commissaires aux comptes) – www.cavec.fr CIPAV (Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance vieillesse) – www.cipavberri.org CNBF (Caisse nationale des barreaux français) – www.cnbf.fr CAVIMAC (Caisse d’assurance vieillesse, invalidité et maladie des cultes) – www.cavimac.fr missions d’un interlocuteur social unique et regroupera la gestion de l’ensemble des prestations sociales assurées par les différentes caisses non agricoles (à l’exception de l’assurance vieillesse des professions libérales). Les élections des futurs Conseils d’administration sont prévues en 2006, mais dans la pratique, la fusion des organismes devrait demander plus de temps. Portant sur l’organisation, ces dispositions ne modifieront pas les caractéristiques des régimes, de base et complémentaires, résultant de la loi Fillon. Des régimes de base en voie d’harmonisation Si des disparités subsistent entre les cotisations et les montants de retraites, les conditions d’ouverture des droits sont désormais les mêmes pour tous les régimes. 42 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE Les cotisations Les cotisations des régimes des commerçants, industriels et artisans, sont alignées sur celles du régime général, soit 16,45 % du revenu dans la limite du plafond annuel de la Sécurité sociale (30192€ en 2005). Elles sont calculées à titre prévisionnel sur le revenu professionnel non salarié de l’année n–2, et font l’objet d’une régularisation dès que le revenu de l’année considérée est connu. Pour les professions libérales, l’assiette et le taux des cotisations ont été modifiés pour toutes les professions à partir du 1er janvier 2004. Deux taux de cotisations s’appliquent à deux tranches de revenus : • 8,6 % sur les revenus inférieurs à 85 % du plafond de la Sécurité sociale (soit 25 663 € en 2005), • 1,6 % sur les revenus supérieurs à 85 % du plafond de la Sécurité sociale et inférieurs à 5 fois ce plafond (150 960 €). Pour les avocats, la cotisation comprend une part forfaitaire, fonction de l’ancienneté (1380€ maximum) et une part proportionnelle de 2 % du revenu (plafonné à 229 320 € en 2005). Enfin, les exploitants agricoles ont une double cotisation : • Assurance vieillesse agricole (AVA) : 10,97 % sur les revenus inférieurs au plafond de la Sécurité sociale ; 1,64 % pour les revenus audessus du plafond. • Assurance vieillesse individuelle (AVI) : 3, 2 % sur les revenus inférieurs au plafond de la Sécurité sociale. Les travailleurs indépendants ont de plus la possibilité de cotiser volontairement sur une assiette minorée pour leur conjoint collaborateur. Toutefois, une loi récente du 2 août 2005 a apporté des modifications devant être précisées par décret. Les retraites Si les modalités de calcul restent différentes, la loi Fillon du 21 août 2003 a aligné les conditions d’âge et de départ à la retraite de tous les régimes non salariés sur celles du régime général. Les principes en sont les suivants : Pour bénéficier à partir de 60 ans du taux maximum de retraite (taux plein), le professionnel doit justifier d’une durée d’activité, tous régimes confondus, de 154 trimestres en 2005, durée qui sera progressivement portée à 160 trimestres en 2008 et 164 trimestres en 2012 (pour les professions libérales, cette durée est de 160 trimestres dès 2004). Si le nombre de trimestres minimum n’est pas atteint, une décote proportionnelle au nombre de trimestres manquants (ou, s’il est inférieur, au nombre de trimestres séparant l’âge de départ de 65 ans) est appliquée, à hauteur de 1,25 % par trimestre manquant. Les trimestres manquants peuvent être rachetés (12 au maximum). En revanche, si le nombre de trimestres au moment de la liquidation est supérieur au minimum requis, une surcote de 0,75 % par trimestre supplémentaire est appliquée. Enfin, les indépendants ayant commencé à travailler à partir de 14 ans peuvent, sous certaines conditions, bénéficier d’une retraite à taux plein à partir de 56 ans. Le montant de la retraite diffère toutefois selon les régimes. Pour l’ORGANIC et la CANCAVA, alignés sur le régime général, le montant de la retraite à taux plein est de 50 % du revenu professionnel moyen limité au plafond de la Sécurité sociale (soit un montant maximum de retraite de 15 096 € par an en 2005). La retraite à taux plein des exploitants agricoles comprend une part forfaitaire, fonction du nombre d’années d’activité, et une part proportionnelle par points. Son montant maximum annuel est égal à celui du régime général (15 096 €). La retraite à taux plein des professions libérales correspond au nombre de points acquis sur les deux tranches de cotisation. La retraite maximale, actuellement d’environ 8000€ par an, est inférieure de moitié à celle du régime général et des régimes alignés. Toutes les retraites des non-salariés sont réversibles sur la tête du conjoint survivant. La loi Fillon a harmonisé le taux de réversion (54 %) et supprimé progressivement les conditions d’âge, mais la pension de réversion est versée sous conditions de ressources (inférieures à 15 828 € par an pour une personne seule, 25 326 € pour un couple). Si les conditions d’accès à la retraite se rapprochent, les différents régimes n’en connaissent pas moins des disparités techniques ayant des conséquences financières importantes. Des disparités démographiques nécessitant des mécanismes de compensation financière La situation démographique des régimes des non-salariés apparaît très contrastée. L’équilibre financier d’un régime dépend en effet du rapport entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités. À cet égard, si la situation des professions libérales est satisfaisante, celle des artisans, commerçants et industriels est beaucoup moins favorable, et celle des agriculteurs pire encore. Il est évident qu’avec un cotisant pour trois retraités, les seules cotisations des exploitants agricoles ne suffisent pas à équilibrer le régime. Il en est de même pour les commerçants, industriels et artisans. Des financements extérieurs contribuent donc à l’équilibre de ces régimes : • jusqu’en 2003, l’État versait une subvention au régime agricole, • une Contribution sociale de solidarité à la charge des sociétés (CSSS) a été instituée pour compenser la perte de cotisants liée au passage du statut d’indépendant à celui de salarié. Cette contribution (0,13 % du chiffre d’affaires) est recouvrée par l’ORGANIC, • pour corriger l’effet des disparités démographiques, des mesures de compensation financière ont été instituées et généralisées en 1974. Ces mécanismes jouent entre régimes de salariés (régime général et régimes spéciaux) mais également entre régimes de salariés et de non-salariés. C’est la compensation généralisée vieillesse. Effectifs 2004 (Régime de base) Cotisants Retraités* Rapport démographique cotisants/retraités MSA 641 512 1 918 080 0,33 ORGANIC 708 505 964 231 0,73 CANCAVA 546 826 764 304 0,72 Professions libérales 511 261 180 110 2,84 2 408 104 3 826 725 0,63 ENSEMBLE * Droits propres et droits dérivés. LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 43 Principe de la compensation On suppose un régime unique fictif regroupant l’ensemble des affiliés des régimes et dans lequel tous les retraités perçoivent la même prestation, appelée “ prestation de référence ”. On calcule une cotisation par tête équilibrant le régime dite “cotisation de référence ”. Dans ce cadre fictif, chaque caisse prélève la cotisation de référence à ses cotisants, verse la prestation de référence à ses bénéficiaires et dégage un solde, positif ou négatif selon sa situation démographique. Les soldes positifs sont versés à une caisse de compensation (en l’occurrence l’État) qui redistribue l’argent aux caisses présentant des soldes négatifs. Au total, les soldes positifs et négatifs s’annulent puisque le régime unique fictif est équilibré. Si le principe de la compensation est simple (voir encadré), dans la pratique, les calculs sont complexes et les paramètres difficiles à fixer vu la disparité des régimes. Néanmoins, les régimes des agriculteurs, artisans, commerçants et industriels sont les grands bénéficiaires, les professions libérales contribuant pour leur part, de façon importante. Des régimes complémentaires spécifiques Contrairement aux régimes de base, les régimes complémentaires ont des anciennetés et des caractéristiques très différentes chez les nonsalariés. Les caisses des professions libérales se sont dotées de régimes complémentaires à partir de la fin des années quarante jusqu’aux années quatrevingt. Celui des artisans a été créé en 1979, mais il a fallu attendre 2003 et 2004 pour les agriculteurs et les commerçants et industriels. Ces derniers bénéficiaient auparavant d’un régime facultatif en capitalisation, transféré à la Mutualité. Désormais, tous les non-salariés bénéficient d’un régime complémentaire obligatoire. Ces régimes sont tous des régimes par points, les caractéristiques variant en fonction des professions. Les cotisations sont en général proportionnelles aux revenus, dans la limite d’un plafond. Les taux sont variables : 2,97 % pour les agriculteurs, 6,5 % pour les commerçants et industriels, 7 % pour les artisans. Les modes de calcul sont très variables chez les professions libérales (classes de cotisations, cotisation mixte forfaitaire et proportionnelle, cotisation proportionnelle). L’âge de la retraite est à 60 ans pour les agriculteurs, commerçants et industriels, et artisans, mais 65 ans pour les professions libérales, compte 44 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE tenu des carrières en général plus courtes du fait de la longueur des études. Les professions libérales médicales et paramédicales bénéficient d’un second régime complémentaire, l’Avantage social vieillesse (ASV) organisé par profession : médecins, chirurgiens-dentistes, infirmiers et masseurs-kinésithérapeutes, sages-femmes. Ces régimes ont la particularité d’être financés partiellement par les caisses d’assurance maladie en contrepartie de contraintes conventionnelles imposées aux professionnels de santé (limitation d’honoraires par exemple). Enfin, les professions libérales ont créé en 1994, dans le cadre de la loi Madelin, deux régimes facultatifs en capitalisation : FONLIB, géré par la CNAVPL pour l’ensemble des libéraux et CAPIMED, géré par la CARMF pour les médecins. Perspectives des régimes Ce tour d’horizon des régimes de retraite des non-salariés serait incomplet sans quelques éléments de prospective. Après l’euphorie du “ baby-boom ” et des années de croissance des années soixante, et malgré les deux crises pétrolières et la montée du chômage des années 70-80, le problème des retraites n’a vraiment été soulevé qu’à partir du Livre blanc sur les retraites publié en 1991. En 1995, un groupe de travail du Commissariat général au Plan, présidé par Raoul Briet, conduit à un nouveau rapport : “ Perspectives à long terme des retraites ”. En 1999, un nouveau rapport de Jean-Michel Charpin, commissaire au Plan, sur L’avenir de nos retraites est publié. Il faudra attendre 2003 pour que la réforme des retraites voie le jour avec la loi du 21 août. Plus de dix ans ont été nécessaires pour aboutir à une réforme qui a, certes, le mérite d’introduire une plus grande équité entre les différents régimes de retraite, et de reculer sans le dire, l’âge de départ en retraite, mais qui sera sans doute insuffisante à long terme. Toutes les projections (et en particulier le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites du 3 juin 2004) montrent une dégradation du rapport cotisants-retraités, due au passage à la retraite des “babyboomers ” et à l’augmentation de l’espérance de vie des retraités, entraînant des déséquilibres financiers considérables. Dans ce cadre, les régimes des non-salariés connaîtront des évolutions contrastées : le rapport démographique des agriculteurs, tout en restant très bas, arrêtera de se dégrader tout comme celui des commerçants et industriels. On verra la situation du régime des artisans se détériorer fortement, comme celle des professions libérales qui conserveront toutefois le meilleur rapport démographique des non-salariés. Les mécanismes de compensation pourront-ils continuer à jouer leur rôle dès lors que la situation des grands régimes contributeurs (notamment le régime général) va elle aussi se dégrader ? En fait, c’est l’ensemble du système de retraite français, y compris les régimes complémentaires, qui est concerné. Face à cette situation, quelles solutions envisager ? Le système par répartition ne peut pas faire faillite mais devra subir des ajustements importants : • la hausse des cotisations sera évidemment nécessaire, mais elle ne pourra excéder un certain seuil, • la baisse du niveau moyen des retraites est enclenchée avec la loi Fillon et se poursuivra inexorablement, • l’augmentation de l’âge de la retraite apparaît être le seul paramètre vraiment efficace d’un rééquilibrage. La retraite à 60 ans instituée en 1982 portait les germes d’un déséquilibre à long terme. La France est d’ailleurs un des seuls pays d’Europe et du Monde à conserver l’affichage de l’âge de départ à 60 ans. Toutes les réformes en cours à l’étranger visent à porter cet âge à 65 ans, voire 67 ou 70 ans, ce qui est d’ailleurs logique compte tenu de l’entrée plus tardive dans la vie active et de l’augmentation de l’espérance de vie, • le recours partiel à la capitalisation collective ou individuelle déjà engagé devra être poursuivi. La création du Fonds de réserve pour les retraites (FRR) s’inscrit dans cet objectif de même que les Plans d’épargne retraite populaire (PERP) créés par la loi Fillon. Dans cette perspective, les régimes des non-salariés pourront-ils conserver leurs spécificités ? Ils présentent l’avantage de mieux associer leurs affiliés à la gestion par le biais de Conseils d’administration composés de professionnels élus par leurs pairs et donc proches de leurs préoccupations, et constituent en matière de retraite un interlocuteur unique des professionnels, alors que les salariés du régime général dépendent de plusieurs caisses (CNAMTS, AGIRC, ARRCO). En outre, la diversité des régimes complémentaires des non-salariés appelle des gestions particulières incompatibles avec une intégration dans les régimes de salariés. L’exemple des pays étrangers montre d’ailleurs que la gestion des régimes complémentaires dits du “ deuxième pilier ” est largement organisée par profession. En matière de retraite, avec le développement des moyens modernes d’information et de communication, les questions d’organisation deviennent secondaires par rapport à la gestion à long terme des régimes. À cet égard, confier cette responsabilité à ceux qui sont concernés est le meilleur moyen de faire prendre et accepter les décisions nécessaires. n LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 45 RETRAITES Les régimes de retraite complémentaire du secteur privé Bruno PASQUIER (68), directeur général de PARUNION Historique Les régimes de retraite complémentaire du secteur privé ont été créés par conventions ou accords des partenaires sociaux, c’est-à-dire des organisations patronales et confédérations syndicales. Ils ont pour objet de compléter l’assurance vieillesse du régime général de la Sécurité sociale. Ils sont fondés sur le principe de la répartition et, sauf exceptions historiques, fonctionnent en “ points ” ce qui correspond à une acquisition de droits selon un principe contributif. Le premier accord fondateur de ces régimes est celui de la Convention nationale du 14 mars 1947 qui a mis en place le régime de l’AGIRC (Association générale des institutions de retraite des cadres). Dès cette origine, l’objet du régime AGIRC est d’assurer aux cadres des droits à retraite par des cotisations assises sur la part de salaire excédant le plafond de la Sécurité sociale, le régime général étant lui-même assis sur le seul salaire plafonné. La convention de 1947 a incidemment permis de définir parmi les salariés la catégorie des cadres. Il est à noter que c’est l’emploi exercé, et non le fait de bénéficier d’un salaire dépassant le plafond, qui justifie l’appartenance à cette catégorie, les règles en ayant été précisées par des accords propres aux différentes branches professionnelles. Dans la période qui a suivi, d’autres accords, au sein de branches professionnelles ou à vocation interprofessionnelle, ont mis en place des régimes particulièrement destinés aux autres salariés (fréquemment désignés par l’expression peu heureuse de “ non-cadres ”). Les cotisations à ces régimes portaient sur l’ensemble du salaire, le taux de cotisation étant souvent majoré pour la part éventuelle dépassant le plafond. En 1961, un accord interprofessionnel a fédéré l’ensemble de ces quelque 50 régimes “ non-cadres ” au sein de l’ARRCO (Association des régimes de retraites complémentaires), organisme dont la mission initiale comportait trois volets : coordonner les régimes membres, organiser entre eux une compensation financière à base démographique et assurer la pérennité de l’ensemble. Dans la décennie 1970, diverses dispositions législatives ou conventionnelles ont généralisé l’obligation d’adhésion des entreprises à ces régimes, les cadres étant désormais affiliés, en plus de l’AGIRC, à un régime ARRCO pour leur part de salaire inférieure au plafond. LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 47 Les partenaires sociaux nationaux, CNPF devenu MEDEF, CGPME et UPA, représentant les employeurs, et les cinq syndicats de salariés représentatifs au plan national interprofessionnel, CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT et CGT-FO, ont dû ensuite prendre régulièrement les mesures destinées à adapter les règles et paramètres de fonctionnement des régimes aux évolutions de toute nature auxquelles ils devaient faire face : croissance du taux de chômage, retraite à 60 ans, évolution des ratios démographiques, etc. Les accords successifs qu’ils ont ainsi signés régulièrement ont également organisé une évolution du système d’ensemble vers une plus grande homogénéité. C’est ainsi que les taux de cotisation ont été, autant que possible, unifiés et que, à partir de 1999, les régimes de l’ARRCO ont été fondus au sein d’un régime unique. Il n’existe donc plus aujourd’hui que deux régimes complémentaires, l’AGIRC et l’ARRCO, dont les partenaires sociaux s’attachent à simplifier et à rapprocher les règles de fonctionnement. Les négociations sur les deux régimes sont désormais systématiquement conjointes et les deux fédérations qui en assurent les fonctionnements respectifs, regroupées en un GIE, sont, depuis peu, dirigées par le même directeur général. Mode de gouvernance Le mode de gouvernance qui s’applique à l’ensemble des personnes morales mettant en œuvre les retraites complémentaires est celui du paritarisme qui se caractérise par des instances dirigeantes réunissant en nombre égal des représentants des employeurs (les adhérents) et des représentants des cotisants et des allocataires (les participants). Il en est ainsi des Conseils d’administration des fédérations et des commissions paritaires de leurs deux régimes. La gestion administrative des opérations des régimes de retraite complémentaire est réalisée par des institutions, personnes morales relevant du code de la Sécurité sociale, disposant de Conseils d’administration et d’Assemblées générales eux-mêmes paritaires. Diverses variantes de statuts déterminent les modalités d’accession à ces instances : élections par l’ensemble des participants pour le collège qui les représente ou désignation directe par les confédérations syndicales. Le collège des adhérents est, plus généralement, composé par désignation du MEDEF conjointement avec la CGPME et l’UPA. Administrateurs et délégués aux Assemblées générales exercent leurs mandats bénévolement, seuls les frais encourus leur étant remboursés. Les Conseils d’administration élisent en leur sein le président et le vice-président issus de collèges différents, avec principe d’alternance à chaque renouvellement. Ils nomment un directeur général, salarié, à qui ils délèguent les pouvoirs nécessaires au fonctionnement courant. Ils se réunissent trimestriellement pour définir les orientations et vérifier leur mise en œuvre par les services. Chaque année, l’Assemblée générale ordinaire est appelée à se prononcer sur le rapport moral du Conseil et à ratifier les comptes de l’exercice préalablement audités par un commissaire aux comptes. Le caractère social et sans but lucratif des institutions se traduit en particulier par l’existence d’un Fonds social, alimenté par une fraction des cotisations et des produits financiers, donnant consistance à une action sociale pilotée, dans le cadre des orientations générales du régime, par la Commission sociale du Conseil d’administration. Les groupes de protection sociale Depuis une dizaine d’années de façon systématique, les institutions se sont réunies par groupes de protection sociale. Les groupes de protection sociale sont, eux aussi, gouvernés paritairement. Outre les institutions de retraite complémentaire AGIRC et ARRCO, ils comportent d’autres organismes comme des institutions de prévoyance, des mutuelles ou des organismes spé- 48 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE cialisés en épargne salariale. Au sein d’un groupe, les institutions de retraite du même régime doivent fusionner en application d’une décision des partenaires sociaux. Les partenaires sociaux en avaient fixé le nombre à 25, de façon indicative, à l’occasion d’un accord signé en 2001. Cependant une tendance à la concentration en poursuit la diminution et la situation pourrait se stabiliser à une quinzaine. La tendance à la concentration résulte d’une recherche de productivité, rendue nécessaire dans une période récente par une baisse continue des dotations de gestion. Depuis peu, elle est stimulée par la montée en charge significative des actes de gestion liés à l’arrivée à la retraite des générations du “ baby-boom ” ainsi que par les exigences accrues en matière d’information des salariés sur la constitution de leurs droits futurs. Les autres activités qui relèvent souvent du domaine de la libre concurrence ne sont pas étrangères aux considérations de productivité, et leur développement implique un comportement concurrentiel comparable à celui d’une compagnie d’assurances. Les principaux moyens dont les groupes ont besoin pour remplir leurs missions de gestion administrative sont d’une part le personnel, poste budgétaire qui dépasse couramment 60 % des dépenses, et d’autre part les systèmes d’information. Une concentration spécifique s’applique à ce second facteur de production. Justifiée pour des raisons d’économie et d’efficacité, elle est encouragée et d’une certaine façon organisée par le GIE des fédérations qui a mis sur pied un plan de convergence informatique dont l’objectif, à moyen terme, est un applicatif unifié de gestion de toutes les opérations administratives des institutions AGIRC et ARRCO. Les groupes ont ainsi mutualisé leurs moyens en personnel informaticien, en matériel et en logiciel. Les mouvements en cours vont réduire à moins de 10 le nombre des plates-formes informatiques partagées par les groupes. Les principes de la répartition Les principes de la répartition dont nous avons vu qu’ils étaient à la base du fonctionnement des régimes complémentaires méritent quelques précisions car certaines de leurs particularités sont parfois méconnues. La grande différence de ce système avec celui de la capitalisation tient à son absence de règle générale de provisionnement des engagements par des actifs financiers. Ce mode de fonctionnement ne signifie cependant pas l’absence de toute réserve, ni évidemment l’absence de prévision à court, moyen et long terme. Les Anglo-Saxons disent “Pay as you go ” de façon quelque peu péjorative mais un régime de retraite par répartition n’est pas dépourvu d’instruments de pilotage. En effet, les recettes d’un exercice ne sont pas redistribuées instantanément entre les prestataires du moment, ce qui conduirait à des valeurs de points chaotiques et sans garantie de continuité. Au contraire, sur la base d’hypothèses économiques et démographiques, les régimes conduisent en permanence des études d’équilibre pluriannuel. Les régimes complémentaires, qui fonctionnent en points, fixent chaque année leur prix d’acquisition par cotisation ainsi que leur valeur de service après liquidation. D’autres leviers ont été mis en place pour assurer les équilibres : ainsi les cotisations font l’objet d’un “taux d’appel ”. Inférieur à 100 % à une époque bénie des premières années de l’AGIRC, il est aujourd’hui fixé à 125 %, le supplément de 25 % n’étant pas générateur de droits. L’âge de la retraite est évidemment un paramètre important pour l’équilibre d’un régime. Il est aussi très sensible politiquement et a donné lieu à de nombreuses négociations ; nous évoquerons ce sujet un peu plus loin. Si des droits à retraite sont attribués sans cotisation aux chômeurs indemnisés par l’UNEDIC, ceux-ci font cependant l’objet d’un financement quoique réduit par cet organisme. Il en est de même pour certains dispositifs à financement public. Mais le “quasi-miracle” de la répartition apparaît lors de sa mise en place : le régime est alors immédiatement en mesure de valider des périodes qui n’ont jamais été cotisées. Dès qu’une trésorerie suffisante est constituée, les ressources des cotisations permettent de verser des prestations alors que les droits acquis par cotisations sont encore minimes. Les régimes de retraite complémentaire ont donc accompagné leur démarrage de la validation souvent intégrale des périodes antérieures non cotisées, non seulement au bénéfice des participants cotisants mais aussi des anciens salariés des entreprises adhérentes. Ce mécanisme a également été mis en œuvre à l’occasion d’augmentations de taux de cotisation contractuelle, notamment dans les régimes ARRCO qui, jusqu’en 1995, proposaient aux entreprises toute une plage de valeurs pour leur taux de cotisation contractuelle : de 4 à 8 % sur le salaire plafonné et de 4 à 16 % au-delà du plafond. L’augmentation de taux s’accompagnait donc de la revalorisation des droits des périodes antérieures des actifs, et, totalement ou partiellement pour les retraités du même groupe, en fonction d’une “ pesée ” consistant à estimer le rapport de charge de l’opération (prestations nouvelles/cotisations nouvelles) sur une période de quinze ans. Ces possibilités attractives ne sont plus offertes par les régimes complémentaires, les taux contractuels de cotisation ayant été unifiés à 6 % et 16 % respectivement sur les tranches A (part de salaire inférieure au plafond) et B (part de salaire comprise entre 1 et 4 plafonds). Des dispositions antérieures cependant, il résulte des situations d’entreprises et même de branches professionnelles qui appliquent toujours des taux supérieurs à ces standards. Le retour à la situation de référence ne peut pas se faire gratuitement : la disparition de ressources différentielles devrait, symétriquement à ce qui s’était produit lors de l’augmentation, donner lieu à annulation des droits correspondants même s’ils ont été cotisés et sont en cours de service! À cette solution difficile prévue par la réglementation, on préfère celle du versement au régime d’une “ contribution de maintien des droits ” représentant la valeur actuelle des flux de prestations futures maintenues sans contrepartie de cotisations. Par sa nature, cette dernière opération est équivalente à celle d’un régime en capitalisation. Intégrations Le champ d’application des régimes AGIRC et ARRCO n’a cessé de s’étendre à des secteurs professionnels qui, ayant mis en place précédemment des systèmes de retraite particuliers leur apparaissant plus favorables, avaient préféré rester hors de la solidarité interprofessionnelle. L’équilibre de ces systèmes devenant trop difficile à maintenir en termes de cotisations du fait des tendances de la démographie propre à leur périmètre réduit, il devient alors impératif pour eux de rejoindre les régimes complémentaires interprofessionnels. Il s’agit alors d’une intégration qui, vue des régimes, doit être traitée de manière à ne pas modifier défavorablement les équilibres à venir. Une pesée est alors pratiquée pour estimer le taux de validation des services passés qui sera neutre sur ceux-ci. Lorsque le résultat ne permet pas une validation à 100 % des services passés, il revient alors au secteur intégré de choisir entre la validation partielle résultant de la pesée et le versement d’une “ soulte ” de même nature que la contribution de maintien des droits mentionnée précédemment. Les pesées se font actuellement en prenant en considération des prévisions sur une période future de vingt-cinq ans. Lorsqu’une soulte s’avère nécessaire, un paramètre très sensible est le taux d’actualisation retenu pour la calculer. Il fait généralement l’objet d’âpres négociations. Il convient de noter que l’évolution des normes comptables internationales est depuis peu à l’origine de demandes d’intégration. Ces normes contraignant à porter au bilan de l’entreprise l’ensemble des engagements sociaux gérés en interne, le passif cor- LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 49 respondant aux engagements de retraite “ maison ” serait généralement insupportable et pourrait conduire à la liquidation pour insuffisance d’actif. Parmi les intégrations importantes réalisées, il faut citer l’ensemble des banques AFB qui ont apporté leurs adhésions respectives à divers groupes de protection sociale en 1994. Le cas des industries électriques et gazières a aussi été traité récemment d’une manière particulière ; les médias en ont fait écho. L’originalité de ce secteur a consisté à ne pas souhaiter une intégration administrative complète, mais une forme financièrement équivalente qui a été appelée “ adossement ”. Les calculs de pesée sont faits de façon standard, mais les opérations d’encaissement des cotisations et de versement des allocations, réalisées dans le strict respect des réglementations de l’AGIRC et de l’ARRCO, sont déléguées à la Caisse nationale des industries électriques et gazières. Cet organisme créé à cet effet se charge également de mettre en œuvre au profit des salariés de son secteur leur règlement de retraite qui, inchangé par l’intégration, est sensiblement différent de celui que connaissent les participants directs de l’AGIRC et de l’ARRCO. La pesée a conduit à ne valider les services passés qu’à 54,8 % à l’ARRCO et à 94,7 % à l’AGIRC ce qui minore néanmoins significativement les engagements à provisionner par les entreprises du secteur. Retraite à 60 ans Bien que cela ait été envisagé dans le cadre de certaines négociations, ce qui a parfois suscité des inquiétudes bien médiatisées, l’AGIRC et l’ARRCO ne se sont pas dissociées du régime général. Il convient toutefois de souligner que les gestionnaires des régimes complémentaires ont, jusqu’à présent, conservé dans leur réglementation 65 ans comme seuil d’ouverture des droits. C’est un dispositif, aujourd’hui dénommé AGFF, extérieur aux régimes complémentaires proprement dits, qui assure le financement des droits servis avant cet âge. Il est alimenté par des cotisations spécifiques (actuellement de 2 % sur la tranche A et de 2,2 % sur la tranche B) et prend en charge les retraites complémentaires versées aux allocataires de moins de 65 ans. Les excédents éventuels de ce financement sont reversés aux régimes AGIRC et ARRCO à proportion de leurs charges d’allocations. Remarquons que l’AGFF n’appelle pas de cotisations sur la tranche C (entre 4 et 8 plafonds SS), dont l’AGIRC distingue les droits de ceux qui proviennent de la tranche B. Les points “tranche C” ne peuvent donc pas être liquidés sans abattement avant 65 ans et les participants concernés ont le choix entre une liquidation avec un abattement fonction de leur âge de départ en retraite et une liquidation différée à leur 65e anniversaire. sur les agents de maîtrise assimilés cadres (article 36 dans le jargon AGIRC) qui avaient historiquement apporté beaucoup de cotisations au régime, leurs effectifs étant nombreux et leurs salaires dépassant généralement bien le plafond. Malheureusement cette situation a largement disparu, cette catégorie ayant vu ses effectifs régresser et ses salaires ne plus franchir que rarement le plafond. Il en résulte, pour cette population de participants, des charges d’allocations importantes pour les nombreux retraités, sans relation avec les cotisations des actifs actuels. La modalité retenue consiste donc désormais à ce que le régime ARRCO prenne en charge le déficit technique constaté par l’AGIRC pour le groupe des “ articles 36 ”. Solidarité AGIRC ARRCO Adaptations Les évolutions économiques, démographiques et sociales ne sont pas particulièrement favorables aux régimes de retraite. Le caractère différentiel de son assiette de cotisation a aussi plus souvent que l’inverse pénalisé les ressources du régime AGIRC. En effet, l’assiette de cotisation AGIRC est directement entamée par toute revalorisation du plafond de la Sécurité sociale et, en 1994 notamment, le régime des cadres a dû prendre des mesures douloureuses pour rééquilibrer ses comptes qui plongeaient clairement dans le rouge. Les mesures prises ont été efficaces d’autant que les partenaires sociaux les ont ensuite consolidées par un principe de solidarité entre les deux régimes. Ce principe a été mis en œuvre initialement par une compensation classique entre l’ensemble ARRCO et le régime AGIRC, les opérations de celui-ci étant prises en compte avec un facteur 6/16 pour tenir compte du fait que l’augmentation d’une unité de la valeur du plafond SS faisait perdre 16 centimes de cotisation à l’AGIRC mais n’apportait qu’un supplément de 6 centimes à l’ARRCO. Le dernier accord signé par les partenaires sociaux en novembre 2003 part d’une analyse différente portant D’autres adaptations ont été retenues lors de ce dernier accord qui s’est négocié après la publication de la loi Fillon qui avait apporté un certain nombre de novations au régime général, comme la possibilité de départ en retraite avant 60 ans pour les salariés ayant commencé à travailler très jeunes, celle de validation par rachat de cotisation de périodes d’études, tout en maintenant jusqu’à 2008 la durée de cotisation requise pour un départ en retraite entre 60 et 65 ans. Les régimes complémentaires sont directement concernés par les mesures que la loi instaure en matière d’information des actifs sur leurs droits à retraite. Ils s’organisent pour être en mesure d’alimenter les systèmes d’information en cours de construction dans le cadre d’un Groupement d’intérêt public créé à cet effet. Les perspectives économiques et démographiques ont conduit les signataires de l’accord à prévoir, pour les deux régimes, les évolutions de paramètres suivantes : • valeur du point indexée sur l’indice des prix hors tabac de l’INSEE, • salaire de référence (prix d’achat d’un point par la cotisation contractuelle) indexé sur le salaire moyen des participants actifs. 50 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE L’accord est valable jusqu’en 2008 mais il comporte une clause de “ revoyure ” en 2006 pour effectuer un suivi de la situation et, le cas échéant, prendre de nouvelles décisions. TABLEAU 1 Exercice 2004 (Mds d’euros) AGIRC ARRCO 13,6 29,0 0,6 2,5 14,2 31,5 Allocations totales 16,2 31,1 Allocations à la charge de l’AGFF - 2,1 - 4,2 Allocations à la charge du régime 14,1 26,9 Dotation de gestion 0,3 1,1 Dotation d’Action sociale 0,1 0,2 14,5 28,2 - 0,3 3,3 SOLIDARITÉ AGIRC-ARRCO 0,7 - 0,7 CONTRIBUTION ÉQUILIBRE AGFF 0,7 1,2 RÉSULTAT TECHNIQUE APRÈS SOLIDARITÉ 1,1 3,8 RÉSULTAT FINANCIER 0,2 0,9 RÉSULTAT DE L’EXERCICE 1,3 4,7 AGIRC ARRCO 14,5 45,6 0,6 1,6 AGIRC 2005 2006 Effectif cotisants 1,6 % 1,6 % Masse salariale 3,2 % 3,6 % Plafond SS 1,6 % 3,0 % Assiette TB + TC 3,2 % 2,0 % 0,45 Md€ 0,2 Md€ ARRCO 2005 2006 Effectif cotisants 0,2 % 0,5 % Salaire moyen 2,5 % 2,5 % Assiette de cotisation 2,7 % 3,0 % 3,1 Md€ 2,3 Md€ Cotisations entreprises PRODUITS Cotisations des tiers Situation et perspectives TOTAL Les dernières situations connues des régimes complémentaires se rapportent à la clôture de l’exercice 2004. Ils présentent une situation globalement excédentaire (tableau 1). L’appréciation de l’équilibre des régimes complémentaires doit aussi prendre en compte les réserves techniques dont ils disposent et qui font l’objet de placements financiers respectant une réglementation prudentielle (tableau 2). Ces réserves financières représentent respectivement pour l’AGIRC et pour l’ARRCO 103 % et 170 % des allocations de l’exercice. Les perspectives à moyen terme sont à évaluer à partir de cette situation de départ et des hypothèses les plus vraisemblables d’évolution des paramètres déterminants. Concernant les ressources des régimes, il est à noter que le taux de cotisation contractuelle AGIRC passe en 2006 de 16% à 16,24%. Cela étant, c’est la situation de l’emploi salarié et des salaires qui constitue l’hypothèse centrale. Les services des régimes ont retenu pour la période 2005-2006 les évolutions et prévisions suivantes (tableau 3). Comme nous l’avons indiqué, les partenaires sociaux, gestionnaires des régimes, ont prévu de se réunir en 2006 pour faire le point et prendre si nécessaire des décisions pour le pilotage des régimes complémentaires. Deux ans plus tard, en 2008, les Pouvoirs publics sont engagés par la loi Fillon à réexaminer les perspectives de l’ensemble des régimes de retraite dont ils assument la responsabilité. Cette date coïncide pour les partenaires sociaux de l’AGIRC et de l’ARRCO avec l’échéance de leur accord de novembre 2003 et les réunira donc à nouveau autour d’une table de négociation. n CHARGES TOTAL SOLDE TECHNIQUE AVANT SOLIDARITÉ TABLEAU 2 Au 31/12/2004 (Mds d’euros) RÉSERVE TECHNIQUE (valeur compable) PLUS-VALUES LATENTES TABLEAU 3 Solde technique après transferts Solde technique après transferts LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2005 51 L’Europe dans la tenaille Jean Estin, Président, Estin & Co a courbe d’expérience et ses implications sur la concentration industrielle sont un phénomène économique largement répandu dans tous les domaines d’activité. Dans la plupart des activités industrielles, les coûts des différents concurrents baissent en fonction de leurs expériences cumulées. Celles-ci sont liées aux augmentations de parts de marché, tailles de séries, échelles de production, conception des produits, ainsi qu’à l’amélioration des technologies employées et des processus industriels. Les acteurs qui gagnent des parts de marché et croissent fortement baissent leurs coûts plus vite que leurs suiveurs. Ils font baisser les prix du marché au rythme de leurs baisses de coûts. Les concurrents marginaux qui se laissent distancer voient les prix s’effondrer par rapport à leurs coûts et leurs marges s’évanouir, parce qu’ils ne descendent pas la courbe d’expé- L rience au même rythme que les leaders. Ils finissent par disparaître (cf. tableau 1). La tenaille L’irruption des entreprises chinoises dans la concurrence mondiale est en train de reproduire ce phénomène à l’échelle macro économique au détriment des entreprises européennes. Les entreprises chinoises descendent rapidement leurs courbes d’expérience, chacune dans son secteur industriel (cf. tableaux 2, 3). Leur compétitivité, originalement basée sur les coûts salariaux, se développe également grâce aux effets d’échelle et de séries permis par le développement du marché chinois et par les gains de parts de marché à l’échelle mondiale. Leurs niveaux de qualité et leurs technologies employées progressent, leur permettant d’atteindre progressivement les niveaux des coeurs de marchés occidentaux dans des activités de plus en plus complexes (hier le textile, l'électroménager, …, aujourd’hui l’électronique, les ordinateurs, les téléphones portables, …, demain l'automobile, la construction aéronautique, …). Les hausses de coûts mondiaux de l’énergie et des matières premières engendrées par leur forte croissance sont compensées dans leurs comptes par les effets d’échelle qu’elles réalisent grâce à leurs croissances de 25% à 30% par an. Les leaders chinois ont aujourd’hui des coûts inférieurs aux leaders européens d’environ 15 à 30% dans la plupart des activités (coûts rendus Europe)1, alors même que leurs parts de marché et les tailles de leurs outils de production sont au mieux égales à 50% de celles des leaders européens et que leurs organisations industrielles et leurs productivités sont encore inférieures. Toutes choses égales par ailleurs (en Siemens produisait 10 millions de téléphones portables en 2000 et a atteint 50 millions d’unités en 2004. Cette croissance rapide et les effets d'échelle induits ont néanmoins été insuffisants, puisque la marge opérationnelle cumulée pendant ces 5 années a été nulle dans un marché où les prix ont diminué de 15% par an. Sur la même période, le leader chinois Ningbo Bird est passé de 700 000 à 15 millions de téléphones portables par an. D’abord tiré par la croissance du marché chinois, il a attaqué sur la base de sa compétitivité naissante les marchés américains et européens à partir de 2003, et vend aujourd’hui 20 à 25% de sa production hors de Chine. Dès 2002, malgré sa petite échelle de production mais grâce à ses coûts de facteurs, les coûts de Ningbo Bird étaient identiques à ceux de Siemens. En 2005, les coûts de production de Ningbo Bird, du fait des coûts de facteurs et de l’échelle de production, étaient inférieurs de 15% à ceux de Siemens. Siemens a cédé son activité téléphone portable en 2005 à BenQ (concurrent taiwanais). particulier concernant les taux de changes), leurs parts de marché mondiales et leurs échelles de production augmentant, leurs coûts vont encore baisser par rapport à ceux des entreprises européennes et il faut s’attendre à des écarts de coûts allant jusqu’à 30 à 35% (coûts rendus Europe) dans de nombreux domaines industriels dans les prochaines années si les taux de change restent identiques (cf. en tableau 2 l'exemple de Ningbo Bird vs Siemens dans les téléphones portables). Ces effets d’expérience ne seront pas compensés dans les dix prochaines années par les hausses suffisantes des coûts salariaux. Compte tenu de la taille de sa population, la Chine ne verra pas ses coûts salariaux rejoindre les coûts européens avant 2070. Face à cette dynamique, les entreprises européennes des secteurs traditionnels voient leurs marges laminées par un quadruple effet : - Les baisses de prix rapides et fortes (et/ou effondrements des parts de marché) liées en partie ou en totalité à la pénétration de produits chinois ; - La stagnation ou la décroissance de leurs marchés, un grand nombre de marchés intermédiaires se délocalisant eux-mêmes en Chine ; - Les hausses de coûts sur l’énergie et les matières premières ; - La baisse insuffisante des coûts ajoutés due à la faible croissance (et donc aux gains de productivité limités). Les exemples d'IBM vendant sa division PC au concurrent chinois Lenovo ou de Siemens vendant son activité de téléphones mobiles au taiwanais BenQ vont donc se multiplier. Ce squeeze se renforce par une deuxième tenaille : - Les coûts de restructuration sociale sont élevés en Europe et leur mutualisation se traduit (ra) par des déficits publics élevés et donc des impôts et/ou un coût du capital qui augmenteront nécessairement ; - L’incapacité à dégager de fortes marges limite les investissements de R&D ou de marque, qui permettent justement de se différencier par rapport aux concurrents chinois ; elle limite également les investissements massifs dans d’autres secteurs d’activités transitoirement ou structurellement plus attractifs. Le phénomène ne pourra être stoppé : la Chine (1,3 milliard d’habitants) a un pouvoir de négociation avec les Analyses de compétitivité Estin & Co sur base 2004 : leader européen avec des outils localisés en Europe vs leader chinois : -50% à -60% dans l'habillement ; -20% à -25% dans le textile ; -25% à -30% dans les chantiers navals ; -25% à -30% dans la fibre de verre ; -15% à -30% dans l'électroménager (coûts rendus Europe) ; cf. également l'article "La Chine : quelques chiffres" de décembre 2003. 1 pays occidentaux supérieur à celui qu’avait la Corée du Sud (48 millions d’habitants) ou Taïwan (23 millions d’habitants) dans les années 80 et 90, engagées dans la même dynamique. De plus, le marché chinois et sa croissance constituent un attrait insurpassable pour les grandes entreprises mondiales qui préfèrent arbitrer en faveur de l’accès à ce nouveau marché, quitte à devoir restructurer leurs activités dans les pays occidentaux. Comment sortir de la tenaille ? Les possibilités de riposte existent en nombre limité : - La relocalisation rapide des outils industriels européens, non seulement pour rester compétitif et continuer à descendre la courbe d’expérience dans les industries concernées, mais surtout pour reconstituer les capacités d'investissement dans les leviers différenciants (R&D, marques, ..) et/ou réinvestir ailleurs ; - Le desossage de la structure de valeur dans certains métiers pour ne conserver que la conception, le service, la production de certains composants critiques, ou les assemblages complexes ; - La gestion active du portefeuille d’activités en termes de métiers, segments d’activité, niveaux de gammes, géo- graphies, pour se focaliser sur les domaines qui restent structurellement ou transitoirement attractifs ; - Le développement stratégique en Chine pour conquérir les parts de marché, avant ou en même temps que les leaders chinois, au besoin en acquérant certains d’entre eux, avant que ceux-ci ne deviennent des leaders mondiaux. A l’échelle des entreprises, ces stratégies sont possibles. La capacité à les mettre en œuvre rapidement et fortement sera un facteur discriminant entre les grands groupes européens. Cette vitesse d’exécution dans les restructurations et redéploiements nécessaires sera un élément critique, autant que la définition des cibles optimales en termes de portefeuilles d’activité, de chaînes de valeur ou de configurations industrielles. Pour la plupart des leaders européens, il est donc aujourd'hui critique et urgent d'analyser la dynamique de croissance et de coûts des leaders chinois dans leurs activités et d'agir en conséquence. Cette dynamique et ses implications concurrentielles constituent aujourd'hui un élément structurant de toute stratégie. Dans chaque activité, les entreprises qui considèreront la Chine comme une opportunité (développement d’un nouveau marché majeur, changement de modèle d’activité, modification des axes de segmentation et des leviers de compétitivité y compris en Europe, affaiblissement de leaders endormis, …) et non comme une simple menace remporteront la partie. A l’échelle des Etats et de l’Europe, la plus ou moins grande fluidité des marchés du travail, les coûts de sortie et de restructuration (coûts sociaux, coûts de dépollution, …), les coûts de fonctionnement des Etats (impôts, coût du capital), l’allocation des soutiens publics entre secteurs ou thèmes (financement de la R&D, de nouvelles technologies, de nouvelles industries porteuses vs soutien aux industries en déclin) créeront également des fortes différences entre pays. Une divergence accentuée entre gagnants et perdants La pression concurrentielle de la Chine au cours des dix prochaines années va accentuer la concentration des entreprises européennes et créer une grande divergence entre les trajectoires de celles qui parviendront à renouveler leur stratégie dans ce nouvel environnement et les autres. Elle risque d’induire également la même divergence entre les trajectoires des différents Etats européens, entre ceux qui parviendront à s’adapter et les autres. La convergence économique au sein de l’Europe est loin d’être une évidence. ■ FORUM SOCIAL L’envers du décor Le “ Café Signes ” un café pas comme les autres Caissier de la promo 58, vice-président de l’Association “ Entraide universitaire ”, Dominique Descroix est chargé des grands projets de l’Association et, à ce titre, a piloté le projet “ Café Signes ”. Un pari risqué Cela ressemble à un café comme un autre, même si une décoration soignée et originale attire peut-être plus l’attention du passant. C’est un café dans le 14e arrondissement de Paris, au 33, de l’avenue Jean Moulin, entre Alésia et la porte de Châtillon. Mais, ce n’est pas un café comme les autres ! C’est un café où les serveurs sont sourds. Et de plus atteints d’autres handicaps, sensoriels ou psychologiques. Il fallait oser : les gens du quartier viendraient-ils ? Ne seraient-ils pas retenus par une communication difficile ou par le handicap? Les serveurs et cuisiniers sourds pourraient-ils se faire au monde des entendants ? Ne présumait-on pas trop de leurs capacités et ne sous-estimait-on pas les obstacles à surmonter ? Maintenant, c’est un pari gagné pour l’Association “ Entraide universitaire” et pour le “CAT Jean Moulin”, l’établissement médico-social dont dépend le “ Café Signes ” : la fréquentation dépasse largement les prévisions. Ce café peut devenir un formidable outil d’insertion professionnelle pour plusieurs catégories de handicapés, et gageons qu’il créera une passerelle entre le monde sourd et le monde entendant. Petit lexique Inauguré en grande pompe par plusieurs ministres et maires le 4 juin 2003, il a suscité l’intérêt, puis l’enthousiasme, de nombreux responsables du handicap dans le monde entier, d’Australie, de Corée, de GrandeBretagne, de Finlande et bien d’autres, qui, avec les médias – presse, radio et télévision –, se succèdent pour venir voir “ comment ça marche ” et pour demander qu’on les aide à faire leur “ Café Signes ”. LSF : langage français des signes, dans lequel chaque mot est représenté par un signe, une combinaison de signes, avec la possibilité d’épeler un mot. CAT : centre d’aide par le travail, centres dans lesquels les travailleurs handicapés sont rémunérés en partie par le ministère de l’Emploi, en partie par l’établissement qui les emploie à des tâches de production qui sont commercialisées. CATC : centre d’aide par le travail et la communication. Comment cela marche… En cuisine Six travailleurs sourds sont employés en permanence au Café Signes : trois en cuisine, trois en salle; ils ont été sélectionnés parmi les quarante-cinq ouvriers du CAT en fonction de leur capacité à s’adapter et surtout de leur motivation. Ils ont bien sûr été formés pour assumer ces tâches nouvelles pour eux ; un éducateur est toujours présent sur les lieux et participe également aux tâches du café. Le responsable du Café, auparavant cuisinier du Foyer Jean Moulin, communique sans difficulté en LSF*. Enfin, l’aspect technique a été confié à Sodexho “Santé” avec laquelle l’Association a des contrats de partenariats couvrant plusieurs autres établissements. Sous la houlette de Fabrice, un cuisinier aussi expert en pâtisserie qu’en cuisine régionale, devenu un expert en LSF, trois aides sourds sont chargés de dresser les plats et les assiettes ainsi que de réaliser certains assaisonnements et aussi des tâches secondaires comme l’épluchage et la plonge. Tout se passe en silence, bien sûr, le langage des signes est de rigueur. Un large hublot permet au cuisinier de communiquer avec la salle : le double vitrage n’est pas une barrière quand on parle le LSF ! Et pour prévenir un serveur en salle que le plat de son client est prêt, il suffit au chef d’actionner le bouton qui correspond à chacun des serveurs : une fois, deux LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2 0 055 5 fois ou trois fois : le serveur concerné saura, grâce au vibreur qu’il porte et qui est ainsi actionné que c’est l’entrée ou le dessert qui l’attendent en cuisine. Tout paraît beaucoup plus calme ici ! Bienvenue en LSF En salle C’est ici que l’on trouve le véritable enjeu de la communication entre deux mondes bien distincts : les sourds et les entendants. Sur la table, les clients trouvent un petit guide d’accueil qui leur donne quelques explications sur le Café Signes, le langage des signes et même un petit lexique ; les serveurs sourds déploient un maximum d’efforts pour comprendre et se faire comprendre, utilisant les menus imprimés, montrant l’ardoise qui affiche le menu à plusieurs endroits de la salle ; et souvent, le vocabulaire “signes” du client même s’il n’est pas orthodoxe peut néanmoins être efficace. En cas de besoin, des lampes clignotantes situées au-dessus des tables peuvent être allumées grâce à des interrupteurs à portée de main des clients; mais c’est la plupart du temps inutile, car les serveurs, n’ayant pas à leur disposition le sens de l’ouïe, développent celui de la vue et leur regard balaie en permanence les tables, à l’affût d’un verre ou d’une corbeille à pain vides. Et enfin, en dernier recours, il y a toujours un éducateur qui peut faire l’interprète ou débrouiller une situation plus complexe. Finalement, on ne s’ennuie pas, la relation entre serveurs et clients est des plus amicales, voire complice. Et comme la nourriture est bonne… même très bonne… on y revient ! Au foyer et au CAT Autre aspect tout à fait positif de ce qui est encore une expérience, même si elle est largement confirmée : la cuisine est également en mesure de fournir les repas pour les soixante ouvriers sourds qui travaillent dans le CAT juste en face du restaurant (ateliers de bijouterie, de couture et de routage) en liaison chaude le matin et en liaison froide le soir ; c’est évi- demment une activité qui assure un revenu peu rémunérateur mais régulier et surtout qui renforce les liens entre “ceux du restaurant” et les autres! (CATC) Jean MOULIN. Pour ces personnes handicapées, l’accès à l’autonomie passe nécessairement par une confrontation avec le monde extérieur, et du fait de leur surdité, avec le monde dit “ entendant ”. Le Café “ Signes ” représente pour elles un moyen original de valorisation personnelle et d’insertion professionnelle. La création du Café Signes répond aussi à une préoccupation citoyenne : il vise à favoriser les liens entre deux mondes qui le plus souvent s’ignorent, et à diffuser par ce biais la “Langue des Signes ”. À l’image d’une équipe professionnelle spécialisée qui réunit sourds et entendants, ce Café se veut une invitation à dépasser les préjugés qui concernent la surdité et les handicaps, quels qu’ils soient. n Dominique DESCROIX (58) Le cybercafé Dernière innovation, et non des moindres, le “ cybercafé ”. Grâce à IBM, deux ordinateurs connectables à Internet sont disponibles au fond de la salle : ce moyen de communication peut être intégralement approprié par les sourds : des logiciels spécifiques leur sont destinés; mais surtout, ils n’ont pas de problème pour communiquer au loin avec leurs proches ! De plus, des écrans plasma, judicieusement placés dans la salle, permettent de voir la télévision, de faire de la formation au langage des signes et comme récemment lors d’une réunion de sensibilisation à la prise en charge des problèmes du handicap au niveau européen que deux ministres avaient choisi d’organiser au “ Café Signes ”, de traduire directement en langage écrit les dialogues de la salle ! Une création qui tient ses promesses Le CAFÉ Signes est l’aboutissement d’une réflexion entamée depuis plusieurs années par le Centre d’aide par le travail et la communication 56 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE ouvert du lundi au vendredi de 8 heures à 19 heures, repas le midi seulement. 33, avenue Jean Moulin, 75014 Paris. Métro Alésia, bus 38, 28, 69, PC. ARTS, LETTRES ET SCIENCES Les livres La publication d’une recension n’implique en aucune façon que La Jaune et la Rouge soit d’accord avec les idées développées dans l’ouvrage en cause ni avec celles de l’auteur de la recension. Voyage à travers une vie Paul Bourrières (34) Paris – Éditions de l’Harmattan – 2005 Il n’est pas si fréquent de nos jours que l’on ose parler de l’Afrique sans se croire obligé d’évoquer la malfaisance de la colonisation. C’est pourtant bien en échappant à cet impératif du politiquement correct que notre camarade Paul Bourrières a publié son Voyage à travers une vie dans la collection “ Graveurs de mémoire ” des éditions de L’Harmattan. On ne saurait trop recommander aux amis de l’Afrique, passée et présente, la lecture de ces souvenirs. Ils découvriront, sauf certains des plus vieux d’entre eux qui auraient pu la connaître, ce que fut la vie, difficile, d’un ingénieur chargé de famille dans cette Afrique subsaharienne des années quarante et cinquante. Bourrières, ingénieur des Ponts et Chaussées, y fut successivement adjoint au directeur des Travaux publics et du Chemin de fer de Côted’Ivoire, de 1942 à 1945, directeur des Travaux publics du Dahomey et du Chemin de fer Bénin-Niger de 1945 à 1947, enfin directeur du Port de Dakar de 1947 à 1952. Revenu en France, notre camarade, après un temps de paperasseries au ministère de la France d’Outre-mer, se vit confier la direction générale du BCEOM, alors réceptacle de Gouverneurs en panne de gouvernance. En quelques années, il en fit un bureau de conseil en développement, couvrant aussi bien les aspects infrastructures qu’économie et finances, de renommée internationale, fort apprécié de la Banque Mondiale entre autres, toujours florissant aujourd’hui, tant sur le plan humain que financier. Les fonctions de Bourrières au BCEOM et sa renommée d’expert lui valurent en outre bien des missions dans des contrées lointaines et pittoresques, mais parfois dangereuses, dont le lecteur trouvera de savoureuses évocations. Il apprendra aussi des choses que l’on a peine à imaginer, si l’on n’a pas connu les vicissitudes inattendues de la guerre et de l’occupation germano-nazie. Il saura, par exemple, comment deux jeunes ingénieurs des Ponts, dont notre camarade, alors fonctionnaires du gouvernement de Vichy, furent, en octobre 1941, et comme si de rien n’était, envoyés en mission d’études aux États-Unis, dûment munis de tous les passeports, visas et ausweis requis, et Dieu sait s’il en fallait, ainsi que d’un solide viatique en dollars américains, comment ils voyagèrent à bord d’un paquebot de l’American Export Line assurant la liaison Lisbonne-New York, comment ils furent placés deux mois en résidence surveillée, mais débonnaire, aux Bermudes par les autorités de sa Gracieuse Majesté britannique, comment ils accomplirent néanmoins leur mission aux USA, alors dans toute l’effervescence de Pearl Harbor, comment ils revinrent en France, derechef par voie maritime, toujours comme si de rien n’était, porteurs, entre autres, d’un lexique américain-français des termes de génie civil qu’ils avaient rédigés et qui, publié à leur retour, fit longtemps autorité. Ainsi allaient les choses en pleine guerre ! Voilà donc un livre qu’il faut avoir dans sa bibliothèque, riche aussi de bien des réflexions infiniment touchantes, que l’on découvrira au fil des pages ! Philippe OBLIN (46) L’amiral Henri Rieunier, ministre de la Marine La vie extraordinaire d’un grand marin 1833-1918 Hervé Bernard 1 L’ouvrage que nous signalons à l’attention de nos lecteurs relève d’un genre peu commun. C’est la biographie de l’amiral Rieunier, mais aussi celle d’Émile Bertin (X1858) ainsi que celle de membres de leur famille dont plusieurs morts pour la France. LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005 57 C’est aussi un album de famille et un album réunissant de très nombreux documents et photographies concernant les deux grands hommes, leur carrière et leur famille. L’ensemble est un magnifique volume in-quarto de 618 pages, abondamment illustré de pièces pour la plupart rarissimes et qui évoquent de manière très vivante une époque et des pays lointains. Jean DUQUESNE (52) 1. Pour se procurer cet ouvrage, s’adresser à l’auteur : M. Hervé Bernard, Villa Mendealha, 44, avenue du Braou, 64200 Biarritz. Tél. : 05.59.23.15.62. Mesurer le monde 1792-1799 : l’incroyable histoire de l’invention du mètre Ken Alder Traduction de Martine Devillers-Argouarc’h Paris – Flammarion – 2005 Connaissez-vous Delambre et Méchain ? “ Pas précisément, mais j’en ai entendu parler. ” C’est probablement la réponse que beaucoup de Français (et peut-être même un certain nombre de polytechniciens…) pourraient faire à cette question. On sait qu’ils ont mesuré le méridien de Dunkerque à Perpignan, mais cela ne va pas toujours beaucoup plus loin. Un universitaire américain, Ken Alder, professeur d’histoire, et doublement bilingue si l’on peut dire, car c’est un partisan déclaré du système métrique, a voulu en savoir davantage sur ces deux personnages qui sortent de l’ordinaire. Il est donc venu en France en 2000, l’année de la Méridienne verte, et, en bicyclette, a suivi le trajet de Delambre et Méchain, montant sur les clochers sur lesquels ils étaient montés, et escaladant les montagnes qu’ils avaient escaladées. En bon historien, il a profité du voyage pour visiter les archives départementales et les bibliothèques municipales qui se trouvaient sur son chemin, sans oublier la Bibliothèque de l’École polytechnique, les archives de l’Archevêché de Paris et celles de l’Observatoire de Paris, pour ne citer que celles-là, car la liste est impressionnante. Le résultat de ce travail à la fois érudit et sportif est un gros livre, très savant et très instructif, mais qui se lit comme un roman d’aventures. Car c’était une véritable aventure que de faire une triangulation de haute précision de Dunkerque à Barcelone (car ils avaient été jusqu’en Espagne) entre 1792 et 1799, dans le chaos de la France de la Révolution. Ces inconnus qui se déplaçaient avec des instruments étranges (le cercle répétiteur de Borda), grimpaient sur les clochers, les faisaient même réparer quand la Révolution venait de commencer à les démolir, qui étaient-ils ? Des espions ? L’espionnite sévissait un 58 NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE peu partout. Des sorciers ? Dans certaines zones de la France profonde de l’époque, une telle accusation n’était pas exclue, et les deux hommes se sont trouvés chacun de leur côté à plusieurs reprises en état d’arrestation, mais finissaient toujours par trouver quelqu’un de suffisamment informé qui les faisait libérer. Par surcroît Méchain qui était responsable de la moitié sud de la méridienne de Barcelone à Rodez s’était rendu directement à Barcelone où il était arrivé en juillet 1792, mais l’exécution de Louis XVI en janvier 1793 conduisit à la guerre entre la France et l’Espagne, et les travaux de géodésie de Méchain, dans une région frontière où se trouvaient de nombreux ouvrages militaires, suscitèrent évidemment la méfiance des généraux espagnols. Et naturellement il n’avait plus de liaison avec Paris, au moment où la politique scientifique du Comité de salut public faisait quelques victimes dont la plus illustre est évidemment Lavoisier, un des seconds rôles de ce livre passionnant. Ce livre n’est pas seulement un livre d’histoire, car il renferme une réflexion qui devrait vivement intéresser les lecteurs polytechniciens sur le rôle des erreurs dans l’avancement de la science. Méchain, contraint de rester à Barcelone en raison de la guerre entre la France et l’Espagne, en a profité pour une mesure très précise de la latitude de Barcelone. Hélas les très nombreuses mesures qu’il avait faites n’étaient pas cohérentes, et il constata une différence de trois secondes d’arc quand il rapprocha les mesures relatives à deux points de Barcelone. Quelle était donc la véritable latitude de Barcelone ? Le récit des conséquences de cette erreur sur Méchain et sur la mesure du méridien est un des autres chapitres passionnants de cet ouvrage. On ne peut pas résumer en quelques lignes le contenu de ce livre de près de 400 pages, et le meilleur conseil que l’on puisse donner est de se le procurer et de le lire. Henri ARNOUX (46) Guide pratique des galeries multiréseaux Clé de Sol Vingt personnes 2 environ ont rédigé cet ouvrage, sous les directives et la coordination du président et du directeur technique de “ Clé de Sol ”, Michel Gérard (55) et Tchen Nguyên Voiron – Territorial 3 – 2005 La multiplication des réseaux, l’encombrement du sous-sol public, les travaux répétitifs dans les rues ? Un casse-tête pour les responsables urbains, des nuisances et des gênes pour les citadins ! La solution ? La galerie multiréseaux chaque fois qu’elle s’avère rentable. Or c’est de plus en plus fréquent. Résultat de cinq ans de recherches menées sur ce sujet dans le cadre du Projet national en génie civil “ Clé de Sol ”, ce guide livre les clés et les outils nécessaires en trois parties, dont une sous CD-Rom. Il aborde la conception technique, la sécurité, l’exploitation, mais aussi le droit, l’analyse socio-économique et le montage juridico-financier, points décisifs quand on touche au domaine public et qu’on y investit. Le nouveau régime du partenariat privé-public offre désormais des chances remarquables à de nombreux projets rentables, dont les occasions se présentent tous les jours. Ayant eu jusqu’à présent des difficultés à se concrétiser pour de multiples raisons, toutes démontrées et dénouées dans le guide, ces projets devraient enfin voir le jour. J. R. 2. Dont Alain Constant (Ville de Paris), Odile Rocher (EADS-APSYS), Laurent Coty (Ville de Besançon), Philippe Billet, professeur agrégé de droit public, Vincent Piron (68) (Vinci-Concessions), Michel Croc (67) (Égis-Ville), Michel Gérard (55), Tchen Nguyên et Jacques Welker, ingénieur. Antoine Leroux, du Certu, a coordonné l’établissement des textes et illustrations. 3. B. P. 215 – 38506 Voiron Cedex. Tél. : 04.76.65.87.17. Fax : 04.76.05.01.63. www.territorial.fr Analyse numérique et optimisation Grégoire Allaire 4 Palaiseau – Éditions de l’École polytechnique 5 – 2005 Ce livre est issu d’un cours enseigné à l’École polytechnique dont l’objectif, au-delà de la présentation de l’analyse numérique et de l’optimisation, est d’introduire les étudiants au monde de la modélisation mathématique et de la simulation numérique. La modélisation et la simulation ont pris une importance considérable ces dernières décennies dans tous les domaines de la science et des applications industrielles (ou sciences de l’ingénieur). En effet, depuis leur apparition au lendemain de la Seconde Guerre mondiale les ordinateurs ont profondément transformé les mathématiques en en faisant une science expérimentale : on fait des “ expériences numériques ” (des calculs sur ordinateurs) comme d’autres font des exercices physiques. L’analyse numérique est justement la discipline qui conçoit et analyse les méthodes ou algorithmes de calcul. La simulation numérique permet aux mathématiciens de s’attaquer à des problèmes beaucoup plus complexes et concrets qu’auparavant, issus de motivations immédiates industrielles ou scientifiques, auxquels on peut apporter des réponses à la fois qualitatives mais aussi quantitatives : c’est la modélisation mathématique. Remarquons qu’à côté des champs d’applications traditionnels que sont la chimie, la mécanique et la physique se sont ouvertes de nouvelles perspectives en biologie, environnement, finance, médecine et sciences sociales. Par ailleurs, l’ingénieur ou le scientifique qui a réussi à simuler numériquement son problème ne s’arrête pas en si bon chemin : il veut ensuite pouvoir intervenir sur certains paramètres pour améliorer ou optimiser le fonctionnement, le rendement, ou la réponse d’un système en maximisant (ou minimisant) des fonctions associées. C’est précisément le but de l’optimisation qui fournit des outils théoriques ou numériques pour ce faire. L’analyse numérique et l’optimisation sont donc deux outils essentiels et complémentaires de la modélisation mathématique. J. R. 4. Professeur des universités et professeur à l’École polytechnique. 5. École polytechnique, 91128 Palaiseau Cedex. Économie des déchets Gérard Bertolini Paris – Éditions Technip 6 – 2005 Longtemps négligés car sans valeur, les déchets sont devenus une préoccupation majeure des politiques, des élus locaux, des citoyens et des industriels qui les produisent ou les traitent. La demande sociale en faveur de l’environnement s’est accrue et s’est accompagnée, avec l’appui de réglementations plus contraignantes du développement d’une écoindustrie du déchet. Le recyclage et la prévention sont devenus l’objet d’un intérêt croissant, sans oublier qu’il est également indispensable de traiter au mieux le reste (“ l’ultime ”, selon le terme consacré). Ce livre de référence, écrit par un chercheur, fournit une vision large, dans le cadre européen et mondial, et profonde de la question des déchets. J. R. 6. 27, rue Ginoux, 75737 Paris Cedex 15. E = mc2 ? Jean-Louis Bobin (54) Le Pommier 7, Collection Les Petites Pommes du Savoir – 2005 E = mc2 ? D’où vient le fabuleux destin de cette formule mythique nimbée de l’aura de la Relativité ? Avant toute chose, est-on bien certain de connaître les trois “ ingrédients ” qui la composent : masse, énergie et vitesse de la lumière ? Comment se sont-ils retrouvés mis en équation ? Et quelles en ont été les conséquences ? J. R. 7. 239, rue Saint-Jacques – 75005 Paris. LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005 59 Une musique classique “ populaire ” ? Discographie Jean Salmona (56) Pour une (petite) sociologie de la musique La musique dite “ classique ” passe pour un art élitiste. D’ailleurs, son seul nom semble choisi pour décourager les non-initiés, tout comme ses autres appellations (“grande” musique, musique “ sérieuse ”, etc.). En même temps, ses happy few, parfois saisis d’une générosité lyrique, aimeraient qu’elle révèle ses plaisirs ineffables à ceux que sa grâce n’a pas encore touchés, et pourquoi pas aux jeunes des banlieues, leur apportant ainsi, du même coup, le calme et la sérénité. Mais comment vaincre cette barrière culturelle, qui fait que ses amateurs sont, dans leur immense majorité, ceux qui y ont été initiés dès leur jeune âge (l’amour de la musique classique se transmet dans les familles comme un meuble ancien) ? Il y a, bien sûr, l’Éducation nationale et la télévision, mais… Deux tentatives Il y a cependant des tentatives pour briser ce que l’on pourrait nommer le “ musical divide ” (comme il y a le “ digital divide ”). L’une d’entre elles est de médiatiser un très bon interprète en lui conférant un look familier au public visé. C’est le cas de Nigel Kennedy, élève, enfant, de Yehudi Menuhin, dont le look vaguement punk, ajouté à d’anciennes extravagances qui ont défrayé un moment la chronique, contribue à sa renommée chez le public jeune. Son dernier enregistrement présente l’intégrale des Concertos de Bach (pour violon, deux violons, violon et hautbois) avec le Philharmonique de Berlin, ainsi que les transcriptions pour violon et violoncelle de trois Inventions à deux voix 1. C’est très bien joué, et le CD est accompagné d’un DVD des mêmes œuvres. Un très bon disque pour initier vos enfants ou petits-enfants à la musique de Bach. Une autre voie est de métisser des œuvres classiques avec de la musique traditionnelle, pour toucher, notamment, un public “ ethnique ”. Hughes de Courson, qui avait innové avec le disque Mozart l’Égyptien, renouvelle sa tentative avec Mozart l’Égyptien 22, qui devrait connaître le même succès que le précédent. Le principe : faire appel à deux ensembles, l’un classique – le Bulgarian Symphony Orchestra – l’autre de musique arabe – l’Ensemble du Caire – et leur faire jouer conjointement des pièces de Mozart et des arrangements à la fois libres et fidèles sur ces mêmes pièces, dans le style traditionnel. C’est très joli, une vraie réussite, grâce à d’excellents musiciens. Au moment où certains parlent d’un conflit de civilisations, un disque comme celui-là témoigne que la musique peut transcender des frontières pourtant apparemment infranchissables. Mozart, l’amoureux du genre humain, aurait aimé. 60 NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE La musique d’Isaac Albéniz, largement inspirée du folklore espagnol, est de cette catégorie rare qui a pu à la fois séduire les salons bourgeois de la fin du XIXe siècle, et rencontrer un véritable succès populaire, grâce à des mélodies et des harmonies simples et délicieuses, et des rythmes qui donnent envie de danser. Miguel Balsaga s’avère un interprète idéal de la Suite espagnole, par un toucher très fin, une retenue qui évite les pièges de l’hispanisme de folklore, et un parfait sens du rythme, ainsi que de la Sonate n° 4 et la Suite ancienne n° 2, pièces plus ambitieuses 3. Une autre voie est celle de la musique imitative, ou à programme, dont un bon exemple est constitué par un disque récent et intéressant : deux œuvres nommées La Mer, l’une de Glazounov, l’autre de Debussy, enregistrées en 1993 par Evgeny Svetlanov et l’Orchestre Symphonique d’État de l’ex-URSS 4. Le rapprochement est saisissant : Glazounov reste résolument classique, tandis que Debussy est tourné vers l’avenir. Inutile de dire qu’aucune de ces deux œuvres – superbement enregistrées ici – ne franchit la barrière qui sépare la musique élitiste de l’autre. Avec Chostakovitch, on touche à un cas typique : un compositeur qui, dans la société soviétique, écrit, certes, de la musique populaire (valses, musique de film), mais ne parvient pas à se résoudre, malgré les pressions politiques qui l’amènent au bord de la paranoïa, à plier son art, comme d’autres le font autour de lui, pour le rendre populaire. La Symphonie n° 13 “ Babi Yar ”, sur le célèbre poème d’Evtouchenko, et qui dénonce notamment l’antisémitisme officiel, est en opposition frontale avec la ligne du Parti et ne pourra être jouée dans son intégralité que dix ans après sa composition. Musique rien moins que populaire, ni bourgeoise, d’ailleurs, la 13e Symphonie est l’archétype de l’œuvre libre, qui véhicule un message social fort, et qui se soucie peu d’être accessible à d’autres que l’élite intellectuelle au sein de laquelle elle est née. Superbe enregistrement de Mariss Jansons qui dirige l’Orchestre et les chœurs de la Radio bavaroise, avec la basse Sergeï Aleksashkin 5. Musique de chambre Aujourd’hui, comme au XVIIIe siècle, la musique de Carl Philipp Emanuel Bach, écrite par un intellectuel, est destinée aux amateurs éclairés. Musicien de cour, puis, à Londres, composant pour la classe moyenne, Emanuel a un style bien à lui, original, recherché, plus près de ses contemporains Mozart et Haydn que de son père. Mais il n’alla vraisemblablement pas au bout de ses intentions quasi révolutionnaires : il fallait vivre, et le goût de son public lui imposait des contraintes. Deux de ses Concertos pour clavier, enregistrés par Miklos Spanyi avec l’Ensemble Opus X dirigé par Petri Tapio Mattson 6, sont un bel exemple de cette originalité bridée par la société. Ils sont accompagnés par une jolie Sonatine, très mozartienne. Jazz-X samedi 19 novembre à 20 heures au Club Lionel Hampton du Méridien Étoile Après la soirée mémorable organisée au Petit Journal Montparnasse en novembre 2004, Jazz-X organise une soirée exceptionnelle au cours de laquelle on pourra entendre de nombreux orchestres qui parcourent l’histoire du jazz du New Orleans au Be-bop. Tous ces orchestres, dont certains ont fait l’histoire du jazz en France, comptent dans leurs rangs des X, voire sont dirigés par l’un deux. On pourra en particulier entendre : Le tentette de Claude Abadie (38) avec Francis Behr (59) et Albert Glowinski (58), Les Dixieland Seniors de François Mayer (45), Le Quintette South Blue avec Jean Salmona (56), Le Quintette de François de Larrard (78), Les Harlem Lions Trio avec Philippe Souplet (85), Monky Business, quartet en hommage à Thelonious Monk, avec Jean-Marc Phelippeau (89) et Jean-Louis Dornstetter (77), Quartier Rouge (jazz fusion), avec Frédéric Morlot et ses camarades de la 2000 et de la 2001, Le Freeloader Funky Beat Jazz Orchestra avec Sylvain Streiff et ses camarades de la 2004. Une soirée riche d’imprévus, d’humour et d’émotion qui se terminera par une grande jam-session. Le disque du mois – Offenbach : une musique hors classes ? La Grande-Duchesse de Gérolstein a été révélée à beaucoup par la production du Châtelet dirigée par Marc Minkovski avec les Musiciens du Louvre-Grenoble et Felicity Lott, production que l’on retrouve dans un enregistrement diffusé tout récemment 8. “ Parodie du canon, du plumet, de l’habit brodé, de la majesté de la guerre et de la majesté du boudoir ”, comme l’écrit un journaliste de l’époque, opéra-bouffe politique, toléré par Napoléon III puis, plus difficilement, par Thiers après la défaite de 1870, sommet de l’art d’Offenbach, La Grande-Duchesse échappe à toutes les modes et fait vibrer aussi bien dans les années 2000 les bourgeois parisiens au Châtelet que le public populaire marseillais de l’Odéon. Une musique facile, peut-être, mais merveilleusement écrite, enlevée, exquise, que Labiche réutilisa dans Doit-on le dire, et qui est rien moins qu’élitiste. Mais le champagne est-il un aujourd’hui un vin de classe ? n 1. 1 CD + 1 DVD EMI 3 32118 2. 2. 1 CD VIRGIN 5 45740 2. 3. 1 CD BIS 1443. 4. 1 CD GREAT HALL 018. 5. 1 CD EMI 5 57902 2. 6. 1 CD BIS 1487. 7. 1 SACD PENTATONE 5 186 056. 8. 2 CD VIRGIN 5 45734 2. Le nombre de place étant limité, réservez dès à présent en téléphonant au Club Lionel Hampton du Méridien Étoile, 81, boulevard Gouvion Saint-Cyr, 75017 Paris, 01.40.68.30.42. Trois pièces pour orchestre à cordes, composées entre 1937 et 1939, avant la grande apocalypse, et qui ne feront guère pour la démocratisation de la musique dite classique, mais qui sont exceptionnelles de beauté et de force : les Variations sur un thème de Frank Bridge, de Benjamin Britten, le Divertimento pour cordes de Bela Bartok, et le Concerto funèbre de Karl Amadeus Hartmann, enregistrées par le Netherlands Chamber Orchestra dirigé par Gordan Nikolic 7. La musique de Britten est, comme toujours, faussement facile, comme celle de Poulenc, et dissimule derrière une apparence de “ musique pour initiés mondains ” une puissance créatrice et une subtilité semblables à la manière de Proust, autre spécialiste du double jeu. Bartok, de même, écrit un Divertissement d’inspiration folklorique, qui n’a de divertissant que le nom : œuvre profonde et douloureuse, qui précède de peu son départ définitif de l’Europe. Quant à Hartmann, l’antinazi qui passera la guerre en Allemagne dans un mutisme absolu, il écrit son Concerto lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie. Un grand disque. Allons au théâtre Philippe Oblin (46) L E MÉTIER de comédien s’apprend, ou du moins le devrait-il. Voilà la raison pourquoi il convient de se méfier des “ comédiens amateurs ” : personne ne leur a enseigné les ficelles du métier. On en vient même parfois à se demander s’ils savent seulement qu’elles existent, et que leur ignorance peut se révéler fâcheuse. Sans doute bien des amateurs possèdent-ils des dons innés, qu’un minimum de pratique du plateau leur permet de développer, pour le plus grand agrément des spectateurs. Pour peu qu’ils aient en outre le physique de l’emploi, ils se croient bons. Et ils le sont en effet, en répétition ou même en représentation intime, pareils à George Sand et ses amis sur le petit théâtre de Nohant, où la scène est plus grande que la salle, réduite à quelques fauteuils. Ils se croient bons parce que, se conformant aux dons que leur a conférés la nature, ils sont en effet “ naturels ”. Mais le hic est que personne ne possède, de naissance, le LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005 61 don de se faire entendre des spectateurs du dernier rang sans hurler, même dans une salle de taille moyenne. Or c’est bien ce que l’on attend, je serais tenté de dire d’abord, d’un comédien. Et comme il ne peut s’agir d’un don, c’est précisément cette pratique qui s’apprend. Elle passe, en premier lieu, par la qualité de la diction, mais une bonne diction n’est pas tout. Il ne suffit point de s’abstenir de manger des syllabes pour être compris, il faut en outre maîtriser la technique de la respiration ventrale, celle du chat qui dort, pas celle du sportif. Et cette pratique n’est pas naturelle du tout. Seuls de laborieux exercices peuvent en faire une seconde nature, un réflexe à quoi l’on ne pense plus. Tous les gens de métier le savent bien. Les comédiens amateurs l’ignorent trop souvent. De sorte que s’ils sont naturels sur scène et y susurrent de leur voix naturelle des douceurs à leur dulcinée, même les spectateurs du premier rang ne les comprendront pas. Être naturel et paraître naturel sont en la matière deux choses bien différentes. Je me faisais ces réflexions l’autre soir en assistant à une représentation, par une jeune troupe pourtant bien sympathique, de L’Importance d’être Constant d’Oscar Wilde. Amusante satire de la gentry anglaise victorienne, où l’on entend une lady à principes déclarer à l’orphelin prétendant à la main de sa fille que “ perdre un parent est un malheur, mais perdre les deux devient de la négligence ”, elle se laisse voir avec plaisir. Quoi qu’il en soit, le spectacle offrait bien des qualités : sobriété de bon aloi du décor, raffinement des costumes, victoriens à souhait, élégance et grâce des jeunes comédiennes, aisance des garçons sachant en général que faire de leurs mains, ce qui n’est pas si facile, croyez-moi. On ne pouvait en outre que dire du bien de la mise en scène, parfaitement réglée, où les gestes et les déplacements, jamais inutiles, paraissaient couler de source. La diction aussi semblait bonne, du moins lorsque l’on entendait ce qui se disait sur scène. Circonstance hélas exceptionnelle : même au second rang, où nous nous trouvions, on ne percevait le plus souvent qu’une façon de murmure. D’évidence ces jeunes comédiens, plus ou moins amateurs me semble-t-il, n’avaient pas encore appris à respirer. C’était grand dommage pour Oscar Wilde, dont on perdait beaucoup de l’humour mélancolique et fin. Cher Wilde, que l’on ne joue plus guère en France à présent, sans doute parce que les dizaines de personnages de ses pièces les ont rendues hors de portée de budgets peu subventionnés. Peut-être aussi parce qu’elles sont parfois un tantinet bavardes. Défaut hélas assez répandu en ce stupide XIXe siècle qui fut le sien. Le théâtre de cet Irlandais n’est d’ailleurs pas fait seulement de pièces amusantes et gracieuses. On y trouve aussi des drames noirs, tels cette Véra ou les nihilistes, sorte de Hernani mâtiné de grand-guignol, où l’on voit une nihiliste au grand cœur, un tsarévitch ami du peuple, une grande abondance de conspirateurs, des ministres corrompus, un tsar plus couard qu’un rat musqué finissant assassiné. Un salmigondis à coup sûr injouable, quelque 62 NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE chose de pire encore que Les Mains sales du regretté Sartre. Ce que l’on sait moins peut-être, c’est que Wilde maniait parfaitement notre langue : son dernier drame, Salomé, fut en effet écrit en français, à Paris où il se réfugia après ses malheurs et son emprisonnement à Reading. Cette Salomé qui servit d’argument à Richard Strauss (et à son librettiste von Hofmannsthal) pour composer son turgescent opéra du même nom. Il est d’ailleurs amusant de noter que les Anglais, revenus de leurs préjugés homophobes et victoriens et voulant faire du maudit un auteur bien de chez eux en publiant ses œuvres complètes, durent faire traduire Salomé. Quel dommage donc que tant de talent créateur, si varié, n’ait pas été mieux servi, faute de technique vocale, le soir de cette Importance d’être Constant ! n Bridge François Dellacherie (88) Problème de bridge n° 14 (HH) Personne vulnérable, Est donneur (une donne adaptée de l’excellent livre de Reese et Hoffmann Play it again Sam). Ouest Nord Est Sud Contre 5u 3« Passe 4« 6u 2« (1) Contre (2) Fin (1) 2 faible, 6 cartes, 6-10 H (2) Contre inutile ! Les enchères sont un peu bizarres… mais c’est comme ça ! Nord entame le Valet de «, et Sud met la Dame. « ª u ¨ – A V 4 A R V 6 3 V 7 6 5 2 « ª u ¨ 8 R D A 5 7 10 R 4 2 9 3 2 Comment jouez-vous ? Mise sur la voie 1. Combien avez-vous de perdantes ? (H) 2. Comment sont les Piques ? (H) 3. Où sont les Dames de ¨ et ª ? (H) 4. Peut-on éliminer la perdante ¨ ? (H) 5. Comment éliminer la perdante ª ? (HH) 6. La teneur à l’atout du mort vous fait-elle penser à une technique particulière ? (HHH) 7. Quelle est la bonne ligne ? Solutions page 66 Récréations scientifiques Énigme polytechnicienne Jean Moreau de Saint-Martin (56) ou le général de Gaulle et l’École polytechnique 1) Cosmographie et géographie poétiques Presque tout le monde a appris par cœur au lycée le sonnet Les Conquérants de José Maria de Heredia, extrait du recueil Les Trophées (1893) qui a valu à son auteur d’entrer à l’Académie un an plus tard. On se rappelle particulièrement le tercet final : “ Ou, penchés à l’avant des blanches caravelles “ Ils regardaient monter en un ciel ignoré “ Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles. ” C’est très beau, mais il y a une bizarrerie. Saurez-vous la trouver ? 2) Tout sauf un On jette un dé et on renouvelle l’opération tant que le dé ne tombe pas sur le un, en totalisant les points obtenus à chaque coup. a) quelle est l’espérance mathématique du nombre de coups ? b) quelle est l’espérance mathématique du total obtenu ? Réponse à l’énigme de février 2005 “ … Nous sommes débarrassés maintenant du règne de l’École polytechnique dont une des funestes influences sur l’esprit de ceux qu’elle a formés est de leur donner le seul goût des jugements a priori et de leur faire croire à la valeur absolue des hommes et des moyens. Soyez assurée comme je le suis que nous nous trouverons le mieux du monde de ce changement…” est extrait d’une lettre adressée à sa mère le 8 septembre 1917 par le capitaine de Gaulle, depuis la forteresse de Rosenberg (à Kronach, au nord de la Bavière, non loin de Bayreuth), où il fut prisonnier de juillet à novembre de la même année, une de ses neuf “ garnisons ” de captif entre Douaumont le 2 mars 1916 et Magdebourg le 11 novembre 1918, et où il réalisa les 15 et 30 octobre 1917 deux de ses cinq évasions, toutes athlétiques ou rocambolesques : lanières de draps tressées en corde de trente mètres, panier à linge, etc. D.R. [email protected] 3) Le classement mystérieux Quel est le classement du cocon de la 41 reçu immédiatement après le numéro 26 ? Solutions page 66 Francis GASPALOU (60) signale qu’il a créé un site sur les carrés magiques : http://www.gaspalou.fr/magic-squares Ce site – en anglais – traite de la structure des carrés magiques ainsi que des méthodes et outils pour les recenser. C’est en fait l’application de la théorie des groupes aux carrés magiques. Forteresse de Rosenberg à Kronach, Bavière. Félicitations à Jean Coninx (41) et Alain Raoult (66) pour avoir trouvé la réponse dans De Gaulle, traits d’esprit où Marcel Jullian cite ce courrier mais avec une mention calendaire inexacte “ août 1917 ”, car nous avons vu LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005 63 “ Messieurs, j’ai l’honneur de vous saluer. Mettez-vous au repos, s’il vous plaît, et asseyez-vous. Je vois que l’X, comme la France, est en pleine évolution. L’X, comme la France, est vieille, et en même temps elle est toute neuve. Polytechnique, comme la France, reste ellemême à travers tous les changements. Je ne veux pas manquer de rendre hommage à tout ce qui fut fait ici et à tout ce que fut l’École polytechnique depuis l’origine. Je le fais avec respect, avec émotion. L’État a voulu que l’École donnât à ses élèves une haute culture scientifique et qu’elle les préparât à devenir des hommes qui seraient des cadres supérieurs pour la Nation. Et, en effet, c’est ce qui est arrivé. C’est pourquoi je tiens à saluer cette réussite séculaire. Il faut dire que Polytechnique a eu la chance, naguère, de trouver deux éléments essentiels qui ont été extrêmement favorables à son caractère et à son développement. D’abord il se trouvait qu’elle s’est recrutée, qu’elle a vécu, qu’elle a rayonné en un temps où la France était, voulait être et devait être une grande puissance militaire. En un temps où, par conséquent, une notable partie de l’élite nationale et, du même coup, bon nombre de Polytechniciens, faisaient carrière dans les rangs de l’armée. À ce point de vue il est vrai que, surtout après les longues années qui ont suivi le désastre de 70, un grand nombre de vos anciens ont participé à cette volonté profonde du peuple français d’effacer l’humiliation. Et puis c’était le temps même où les transformations de l’énergie, des transports, des communications, des fabrications étaient essentielles, après l’ère uniquement agricole et artisanale. Alors, les grands Corps : des Mines – des Ponts et Chaussées – des Ports – des Chemins de Fer – des Postes, des Télégraphes et Téléphones – des Fabrications d’armement 64 NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE Le général de Gaulle passe en revue la promotion 1957 le 9 juin 1959. – des Constructions et de l’Artillerie navales…, ces grands corps ont été les champs d’action, les royaumes des Polytechniciens. Vos anciens y ont déployé une immense valeur. Ils ont été beaucoup critiqués pour leurs défauts, ou pour leurs soi-disant défauts, mais, au total, depuis le jour où la Convention nationale a décrété la naissance de l’École polytechnique, jusqu’au jour où Joffre, Foch, Fayolle défilèrent sous l’Arc de Triomphe, l’École a bien servi la France. Et maintenant, dans notre temps tel qu’il est et tel qu’il devient, la France en appelle, encore une fois, à l’École polytechnique. Mais les conditions dans lesquelles nous vivons, l’essor incroyable de notre ère industrielle et tout ce qui s’y rattache en fait de technique, de recherches, de réalisations, tout ce qui s’y rapporte d’énergie, de masse, de vitesse, nous enveloppe de conditions matérielles qui tendent à nous emporter. C’est © ECPAD/FRANCE Quarante et un an, neuf mois et un jour plus tard le même personnage, revenu au pouvoir en 1958 après avoir été chef de la France Libre de 1940 à 1944 puis chef du Gouvernement provisoire de 1944 à 1946, rendait visite à l’École polytechnique le 9 juin 1959, cinq mois seulement après la prise de ses fonctions de Président de la République le 8 janvier 1959, probablement par amitié avec le général de Guillebon (30) qui en était alors le commandant, un de ses plus fidèles “ Compagnons de la Libération” : chef d’état-major de Leclerc, Tchad, Tripolitaine, Tunisie, Normandie, Paris où il entre l’un des premiers le 25 août 1944, Colmar, Berchtesgaden le 5 mai 1945. Il s’adressa en ces termes aux élèves des promotions 1957 et 1958 réunis à l’amphithéâtre Arago : © ECPAD/FRANCE cette lettre avec effectivement en tête “8 septembre 1917” à l’exposition De Gaulle soldat en 2000 au “ Mémorial Leclerc et de la Libération de Paris ” (au-dessus de la gare Montparnasse), et elle est d’ailleurs publiée avec cette même date dans Lettres, notes et carnets. Merci aussi de sa réponse à Pierre Monghal (29), mais ce n’était pas Clemenceau. Le général de Gaulle s’adresse aux promotions 1957 et 1958 à l’amphithéâtre Arago le 9 juin 1959. Vous êtes ici des élèves, des militaires et des camarades. Je vous dis que cela est beau et que cela est bien. Comme vous avez de la chance ! Vous êtes ici adonnés à tout ce que l’intelligence humaine découvre de plus élevé. Vous y êtes réunis en promotions pleines d’espérances. Vous y êtes au contact de maîtres qui sont un honneur pour la France et à qui devant vous j’en rends, en son nom, le témoignage. Vous allez entrer à votre tour dans l’activité de votre époque, et de quelle époque ! Vous allez y entrer pour conduire les hommes et pour gouverner les choses. Vous aller y entrer comme des guides. Et puis, vous allez y entrer comme des Français, c’est-à-dire comme les fils d’une nation qui est, précisément, faite pour l’effort, pour le progrès et pour l’exemple. Oui, vous avez de la chance ! Messieurs, je veux terminer ces quelques mots en vous invitant à élever avec moi votre pensée, justement, vers la France. Ce qu’elle attend de vous est à la mesure de ce qu’elle vous donne et de ce qu’elle vous a donné. Ensuite, dès que vous entrerez, et ce ne sera pas long, dans la période de la vie où vous serez en activité, vous porterez, à son égard –, vous portez déjà – l’honneur des responsabilités. Vive l’École polytechnique ! Vive la France ! ” À l’issue de cette visite le Chef de l’État signa le livre d’or de l’École, mais sans y apposer de mention manuscrite particulière. Le général de Boissieu, son gendre, qui est peut-être celui qui l’a le mieux connu dans ses rapports avec l’armée, nous a fait savoir que la sévère appréciation de 1917 était principalement liée aux circonstances difficiles dans lesquelles elle a été rédigée, et que son beau-père prenait, en chaque occasion, pour chaque mission, celui qui lui paraissait le mieux indiqué quelle que fût son origine, polytechnicien ou non. Il n’existe pas d’autres expressions publiques ou officielles du général de Gaulle au sujet de l’École polytechnique si ce n’est, de loin en loin, en Conseil des ministres, les modifications des textes statutaires ainsi que les nominations des généraux commandant l’École. Toutefois le livre du diplomate Jean-Paul Alexis Au protocole du général de Gaulle, souvenirs insolites de l’Élysée relate ainsi un incident sérieux survenu le 16 mai 1962 : D.R. pourquoi il est essentiel que, plus ces conditions matérielles s’élèvent, déferlent, cherchent à gouverner, et plus doit persister et s’imposer la domination de l’esprit. En notre temps, ce que la France demande à Polytechnique, c’est justement de former, comme l’École l’a toujours voulu, des hommes dont l’intelligence et dont le caractère soient capables de maîtriser la matière et, par conséquent, de l’utiliser dans l’intérêt général, au lieu de laisser le monde s’asservir sous sa loi. Que vous pratiquiez ici, Messieurs, tout ce qui définit votre École et fait sa grandeur : la connaissance scientifique, la discipline et la solidarité, le travail personnel, tout cela est capital pour assurer le triomphe de l’esprit sur la matière. Dans la cour de l’École le 16 mai 1962 (photo archives). “ [La promotion 1960] allait recevoir bientôt la promotion jumelle de Saint-Cyr, venue de Coëtquidan à Paris. Les saintcyriens sont donc reçus à l’École polytechnique (encore à Paris, rue Descartes) mais, pendant le salut aux couleurs, ils reçoivent une pluie de papier toilette venue des fenêtres des étages élevés du bâtiment. L’affront est patent et si grave que quatre élèves mal notés sont renvoyés et, par solidarité, le major se joint à eux. Mon beau-frère [Albert Costa de Beauregard, X 60, ce major], âgé de vingt ans, téléphone à l’Élysée pour me demander d’arranger les choses. Je raconte donc l’incident au colonel de Bonneval [aide de camp du Général] en plaidant l’indulgence. Funeste initiative ! Bonneval, choqué de l’insulte au drapeau, en parle au Général, entre saint-cyriens, et la sanction est confirmée. Le général de Gaulle se souvenait pourtant d’une visite exemplaire à Polytechnique le 9 juin 1959 après avoir été grossièrement reçu, un trimestre avant, non loin de là, rue d’Ulm, à l’École normale supérieure [où des élèves avaient refusé de lui serrer la main, ce qui mit fin très prématurément à ses visites dans des établissements universitaires, du moins en France], mais il songeait surtout, d’évidence, à ses officiers de l’armée de terre, traumatisés par les événements d’Algérie et justement susceptibles sur l’honneur de leur école. Ainsi un simple chahut, d’un goût détestable, devenait, un peu par ma faute, une affaire d’État. Finalement, après des jours d’angoisse, il y eut des sanctions, des excuses, mais aucun renvoi. ” Bien qu’il fût au pouvoir encore dix ans jusqu’au 28 avril 1969, le Général n’est jamais retourné à l’École après la visite du 9 juin 1959. Son père Henri de Gaulle (1848-1932) s’était présenté au concours en 1867, y avait été admissible mais pas admis. Tels sont, en quelques lignes, les éléments de “ l’intersection ” entre le général de Gaulle et l’École polytechnique, brossés à l’occasion de la redécouverte d’une lettre inattendue d’il y a quatre-vingt-huit ans. n Pierre BOULESTEIX (61) LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005 65 Solutions du bridge 1. Vous avez 2 perdantes : un Cœur et un Trèfle. 2. Il semble bien d’après les enchères et l’entame que Sud possède ARDxxx à Pique. 3. Dans ce cas, comme Sud a ouvert d’un deux faible, Nord possède les deux dames manquantes. 4. La seule chance d’éliminer la perdante Trèfle est d’espérer la Dame seconde. 5. L’impasse Cœur étant vouée à l’échec, il faut trouver une autre solution pour se débarrasser de la perdante à ª. Une solution serait de défausser un ª du mort sur le 4e Trèfle, pour ensuite couper un ª au mort. Malheureusement, c’est impossible, car le 4e Trèfle sera coupé par l’adversaire. 6. Si la Dame de Trèfle n’est pas seconde, on peut songer à un mort inversé. La forte teneur à l’atout du mort le permet. De plus on a les remontées nécessaires au mort. On réalise ainsi 3 levées u du mort, 3 coupes, 4 levées de ¨ et 2 levées de ª. Ce plan nécessite que les deux mineures soient réparties 3-2. 7. On commence par deux tours d’atout pour vérifier qu’ils ne sont pas 4-1 (auquel cas le mort inversé est voué à l’échec). S’ils sont 4-1, il faudra s’en remettre à la chute de la Dame de ¨ seconde. Si les atouts sont 3-2, on dispose de 3 remontées au mort (AR de ¨ et As de Cœur) pour couper deux Piques en main, puis aller purger le dernier atout. Il suffit ensuite de donner sa Dame de ¨ à Nord (qui n’a plus de «). Sud avait : « ARD763 ª 963 u 54 ¨ 94. Solutions des récréations scientifiques 1) Cosmographie et géographie poétiques Claude Cardot (37), qui nous propose cette énigme, répond : “ Les caravelles, voulant découvrir l’Amérique, faisaient indiscutablement route à l'Ouest. “ Or, si on regarde à l’avant d’un navire faisant route vers l’Ouest, on ne peut voir monter aucune étoile, nouvelle ou pas, pour la simple raison que c’est à l’Est que se lèvent les astres et à l’Ouest qu’ils se couchent comme chacun peut le voir... Les conquistadores auraient donc dû regarder à l’arrière ! “ Heredia a simplement fait tourner la Terre à l’envers ! ” Ma propre conclusion est un peu différente. De Pékin à New York en passant par l’Europe, tant qu'on est à la même latitude, ce sont les mêmes constel- 66 NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE lations qu’on voit défiler – d'Est en Ouest, bien entendu. Où découvrir “ en un ciel ignoré des étoiles nouvelles ” ? Dans le ciel austral. Ce sont les navigateurs découvreurs des mers du Sud – Vasco de Gama le long des côtes africaines, Magellan vingt ans plus tard le long des côtes américaines – qui en ont eu la primeur, voyant monter ces étoiles à bâbord de leurs navires piquant au Sud, plutôt que Christophe Colomb, Cortés ou Pizarre. 2) Tout sauf un proposé par Hubert Lévy-Lambert (53) a) Il y a une chance sur six que le un sorte au premier coup, cinq sur six que l’on se retrouve à la case départ, mais avec une unité de plus au compteur de coups. L’espérance x du nombre de coups est donc x = (1/6)1 + (5/6)(1 + x), d’où x = 6. b) De même, on a pour le premier coup un total 1 avec probabilité 1/6 (et le tirage s’arrête), ou un total d’espérance 4 (moyenne de 2, 3, 4, 5 et 6) avec probabilité 5/6 (et le tirage se poursuit, avec le compteur de points incrémenté d’autant). L’espérance y du nombre de points sortis est donc y = (1/6)1 + (5/6)(4 + y), d’où y = 21. Remarque : dans le a), le choix de la face de dé qui met fin au tirage n’intervient pas. Quel que soit ce choix, on a x = 6, chaque face de dé sort en moyenne une fois, et donc y = 1 + 2 + ... + 6 = 21 pour la question b). 3) Le classement mystérieux En application des lois scélérates de Vichy, et bien qu’il soit de nationalité française, Bernard Lévi (41), classé juste après le n° 26, a été classé 26 bis comme s’il était étranger. Il le raconte dans son livre de souvenirs intitulé, précisément, X bis (voir recension dans La Jaune et la Rouge d’août-septembre 2005, page 69). Post-scriptum au 2e problème de juin-juillet 2005 Roger Lassiaille (54) est choqué que l’influence d’une boule grise sur le risque de tout perdre (par tirage d’une boule rouge) ne soit pas prise en compte dans la stratégie. Il préconise d’arrêter le tirage à la première des deux limites : 4 boules blanches ou 6 boules tirées en tout. C’est à chaque joueur de choisir sa stratégie en fonction de son aversion au risque : je ne sais pas mesurer celle-ci autrement que par son coût, la réduction d’espérance de gain qui en résulte par rapport à la stratégie basée purement sur l’espérance mathématique. Lassiaille accepte ainsi une espérance 8,223 euros au lieu de 8,547. VIE DE L’ASSOCIATION Procès-verbal de la réunion du Conseil d’administration du 21 avril 2005 Étaient présents : É. CRESPEL (56) ♦ J. SALMONA (56) ♦ C. CASTAIGNET (57) ♦ J.-C. PÉLISSOLO (58) ♦ M. SCHELLER (59) ♦ M. BERRY (63) ♦ F. X. MARTIN (63) ♦ P.-H. GOURGEON (65) ♦ B. PITIÉ (67) ♦ É. LE MER (71) ♦ S. CATOIRE (75) ♦ P. PUY (75) ♦ H. ZWIRN (75) ♦ A. BORIES (76) ♦ A. MOATTI (78) ♦ N. CHARLES (84) ♦ R. DAUTRICHE (87) ♦ M. K. WOO (90) ♦ F. FALÉZAN (91) ♦ M. VOLATIER (91) ♦ B. de SINGLY (95) ♦ S. CHARBONNIER (2000) ♦ H. MARTRE (47) ♦ J. BOUTTES (52) ♦ T. DUJARDIN (65). Étaient excusés : J. LECLERCQ (63) ♦ M. LENOT (67) ♦ É. BONNEVIE (73) ♦ P.-R. SEGUIN (73) ♦ B. BOUQUOT (76) ♦ J.-M. DAILLANCE (77) • O. HERZ (79) ♦ P. DEMIGNÉ (82) ♦ A. LUCAUSSY (84) ♦ H. SUQUET (85) ♦ A.-T.MOCILNIKAR (86) ♦ L. GUILLOT (90) ♦ B. PACHE (54) ♦ F. AILLERET (56) ♦ J. DELACARTE (47) ♦ ROULET (54) ♦ F. CHAZE (97) ♦ J.-P. BÉGON-LOURS (62). Assistaient également à la réunion : ♦ A. BRISAC (58), délégué général de l’AX, ♦ P. MARY (60), délégué général adjoint, ♦ Y. STIERLÉ (65), ♦ J. DUQUESNE (52), rédacteur en chef de La Jaune et la Rouge, ♦ A.THOMAZEAU (56), rédacteur conseil de La Jaune et la Rouge, ♦ É. JACQUEMIN (69), commissaire aux comptes. 1. Approbation du procès-verbal de la réunion du 17 février 2005 Jean SALMONA et Alexandre MOATTI demandent quelques modifications aux comptes rendus de leurs interventions. Il en sera tenu compte dans la version définitive du procèsverbal qui sera publiée dans La Jaune et la Rouge du mois de novembre. Sous réserve de l’application de ces modifications, le procèsverbal de la réunion du Conseil d’administration du 17 février 2005 est approuvé à l’unanimité. 2. Rapport moral sur l’exercice 2004 Le rapport moral sur l’exercice 2004 ayant été diffusé à tous les membres du Conseil préalablement à la présente réunion, il n’est pas procédé à une lecture dudit rapport mais les membres du Conseil sont invités à faire part de leurs commentaires ou à proposer des modifications. Jean-Claude PÉLISSOLO précise que les présidents des groupes “ X-Pays étrangers ” (cf. paragraphe “Internationalisation de l’AX” du rapport) ne sont pas encore membres de la Commission X-International mais vont le devenir. Jean SALMONA propose en séance un texte sur l’avancement du projet de nouvelle revue à insérer après le paragraphe relatif à La Jaune et la Rouge. Sous réserve de l’introduction de ces précisions ou modifications, le rapport moral sur l’exercice 2004 est approuvé à l’unanimité. des bénévoles. Compte tenu de son expérience dans ce domaine, le Conseil lui demande de piloter un groupe de réflexion sur ce sujet. Étienne JACQUEMIN, commissaire aux comptes, déclare certifier que les comptes annuels sont réguliers et sincères et qu’ils donnent une image fidèle du résultat des opérations de l’exercice écoulé ainsi que de la situation financière et du patrimoine de l’Association à la fin de l’exercice. Il est proposé d’affecter le résultat bénéficiaire de l’exercice (195 000 ¤) au report à nouveau. Le Conseil approuve à l’unanimité le rapport financier sur l’exercice 2004 ainsi que les trois résolutions y incluses qui seront proposées au vote de l’Assemblée générale du 6 juin 2005, dont celle relative à l’affectation du résultat. Le budget 2005 annexé au rapport financier est identique à celui voté par le Conseil le 17 décembre 2004. 3. Rapport financier sur l’exercice 2004 4. Assemblée générale du 6 juin 2005 Étienne CRESPEL présente la nouvelle forme du rapport qui suit les nouvelles règles applicables aux comptes des associations. Les résultats sont meilleurs que la prévision budgétaire en raison principalement de l’amélioration de la Bourse et d’une diminution des dépenses de la Caisse de secours. La diminution des dépenses de la Caisse de secours fait l’objet d’un débat. Christian CASTAIGNET indique que cette diminution n’est pas due à des refus de secours et que l’on constate une évolution des demandeurs, avec de plus en plus de camarades jeunes ayant des problèmes d’emploi graves pouvant conduire à des problèmes familiaux. On constate aussi une baisse des visites au Bureau des Carrières sans qu’il y ait une explication sûre. Hervé ZWIRN signale que le même phénomène lui a été rapporté par le responsable du Bureau des Carrières de l’ENST. Étienne CRESPEL estime que l’AX devrait développer davantage des actions de “coaching” des camarades en difficulté, sachant que ces actions sont chères quand elles ne sont pas faites par La traditionnelle conférence qui suivra la première partie de l’Assemblée générale, le 6 juin 2005, sera sous la forme d’un dialogue entre le général de NOMAZY, directeur général de l’École, et Alain BRAVO (65), directeur général de SupElec, sur le thème de ParisTech. Seront ainsi comparés les points de vue des directeurs de deux écoles, l’une faisant partie de ParisTech et l’autre non, sur leurs projets respectifs. 5. Renouvellement du Conseil d’administration L’établissement de la liste des candidats proposés par le Conseil pour son renouvellement en juin prochain donne lieu au préalable à un débat sur la méthodologie de recrutement d’un nouveau président et plus généralement sur le fonctionnement interne de l’Association. À l’issue de ce débat, le Conseil décide : 1) de créer un groupe de travail chargé de LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005 67 ses groupes internationaux, la Fondation, polytechnique.org, leurs missions et les actions menées au profit des élèves étrangers ainsi que le réseau polytechnicien. La venue d’élèves étrangers nombreux pose le problème, entre autres, de leur intégration à la vie en France. L’AX a sur ce point un rôle à jouer. La proposition qu’un ancien parraine un élève a recueilli leur intérêt. Un appel à volontaires va donc être lancé auprès des anciens. 8. Groupe de travail sur les cours en ligne de ParisTech Le groupe s’est réuni avec Alain BAMBERGER, DGAE de l’École. Celui-ci a apporté des précisions sur les objectifs, les coûts et l’avancement de l’opération. Un rapport sera diffusé aux membres du Conseil très prochainement. Il est rappelé que l’École souhaite un soutien de l’AX de 30 k¤ par an pendant trois ans. 9. Questions diverses Rodolphe DAUTRICHE, dans un courriel retransmis par la Délégation générale à tous les membres du Conseil, exprimait la nécessité de mener une réflexion approfondie sur les orientations à donner à l’AX en fonction de l’évolution actuelle et prévisible de l’École. Le Conseil estime que les questions soulevées par Rodolphe Dautriche sont importantes et demandent une réflexion approfondie. Rodolphe DAUTRICHE accepte de piloter un groupe de travail sur les sujets évoqués dans son courriel. Jacques BOUTTES, JeanClaude PÉLISSOLO, Sophie CHARBONNIER et Martin VOLATIER se sont déclarés intéressés à participer aux travaux de ce groupe. D’autres membres du Conseil, dont Jean-Marc DAILLANCE, seraient susceptibles de les rejoindre. Le Conseil confie à Rodolphe DAUTRICHE le soin de constituer ce groupe de travail avec les membres du Conseil précités et de le présider. Jean SALMONA informe le Conseil que Michel PÉBEREAU et Carlos GHOSN ont donné leur accord pour faire partie du Comité de parrainage de la nouvelle revue, aux côtés de Claude BÉBÉAR, Raymond LÉVY, Pierre LAFFITTE et Thierry de MONTBRIAL. Plus rien n’étant à l’ordre du jour et personne ne demandant la parole, la séance est levée à 20 h 30. ■ Cérémonie de la Flamme à l’Arc de Triomphe PHOTO J. D. définir ce que l’Association attend du président qui sera élu en juin 2006, compte tenu de la conjoncture actuelle et à moyen terme. Ses travaux devront être terminés pour le 15 octobre 2005. Le président Pierre-Henri GOURGEON propose qu’il soit constitué du Bureau et d’autres membres du Conseil volontaires. Jean SALMONA et Hervé ZWIRN se portent candidats en séance pour y participer. Leur participation est approuvée par le Conseil. Plusieurs camarades demandent que tout nouveau contact avec des candidats potentiels soit suspendu en attendant les résultats des travaux du groupe. Cette demande n’est pas soumise au vote et le Conseil ne se prononce donc pas à ce sujet ; 2) de constituer un groupe de travail sur le fonctionnement interne de l’Association. Patrick PUY se propose de piloter ce groupe. Alexandre MOATTI, Jean-Claude PÉLISSOLO, Éric LE MER et Bertrand de SINGLY se portent candidats en séance pour y participer. Leur participation ainsi que le pilotage du groupe par Patrick PUY sont approuvés par le Conseil. Le Conseil a pris acte des démissions, pour des raisons personnelles, de Marc LENOT et Frédérique CHAZE et les remercie pour leur action au sein du Conseil. La liste des candidats proposés par le Conseil pour les douze postes à pourvoir a été arrêtée. Elle figurera sur les bulletins de vote à la prochaine assemblée générale dont l’envoi aux membres de l’Association est imminent. Il est enfin confirmé qu’il serait souhaitable que les membres du Conseil, candidats au prochain Bureau, se fassent connaître de la Délégation générale dans la mesure du possible avant la prochaine réunion. La liste de ceux des candidats qui auront bien voulu se faire connaître à l’avance sera diffusée au Conseil. 6. Bilan du Bal 2005 Alain BORIES, président exécutif de la Commission du Bal, dresse le bilan du Bal 2005 tenu le 1er avril dernier à l’Opéra Garnier. L’ensemble des participants et des entreprises partenaires se sont déclarés très satisfaits. Aucun problème notable dans l’organisation du Bal n’est à signaler même si des progrès doivent encore être faits dans certains domaines. Le résultat financier est légèrement déficitaire en coût complet mais largement bénéficiaire en coût direct. Le Conseil félicite le président exécutif et la Délégation générale. Il confirme Alain BORIES dans sa fonction de président exécutif de la Commission du Bal pour le Bal 2006 qui se tiendra le 31 mars 2006, toujours à l’Opéra Garnier. 7. Commission permanente ” International ” Jean-Claude PÉLISSOLO rend compte de la réunion tenue à l’École le 19 avril 2005 avec les nouveaux élèves étrangers de la filière EV2. Cette réunion a permis de présenter l’AX, 68 Le lundi 10 octobre 2005 Pierre-Henri GOURGEON, président de l’AX, accompagné du général Xavier MICHEL, directeur général de l’École, a déposé une gerbe et ranimé la flamme de la tombe du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. Une délégation d’élèves en grand uniforme participait à cette cérémonie ainsi qu’un groupe d’anciens. Pour mieux souligner l’importance de cet événement et assurer la pérennité du souvenir qu’il symbolise, il serait bon que nos camarades y participent en plus grand nombre. NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE Procès-verbal de la réunion du Conseil d’administration du 20 juin 2005 Étaient présents : É. CRESPEL (56) ♦ J. SALMONA (56) ♦ C. CASTAIGNET (57) ♦ Y. PÉLIER (58) ♦ J.-C. PÉLISSOLO (58) ♦ M. SCHELLER (59) ♦ J.-M. LEVAUX (64) ♦ P.-H. GOURGEON (65) ♦ J.-M. YOLIN (65) ♦ R. MIZRAHI (70) ♦ É. BONNEVIE (73) ♦ P. PUY (75) ♦ H. ZWIRN (75) ♦ A. BORIES (76) ♦ B. BOUQUOT (76) ♦ A. MOATTI (78) ♦ O. HERZ (79) ♦ D. NICOLAS (81) ♦ P. DEMIGNÉ (82) ♦ J. BEUNARDEAU (83) ♦ L. BILLÈS-GARABÉDIAN (83) ♦ A. LUCAUSSY (84) ♦ A.-T. MOCILNIKAR (86) ♦ R. DAUTRICHE (87) ♦ P. LOGAK (89) ♦ F. FALÉZAN (91) ♦ B. de SINGLY (95) ♦ S. CHARBONNIER (2000) ♦ S. LANDRY (01) ♦ H. MARTRE (47) ♦ J. BOUTTES (52) ♦ B. PACHE (54) ♦ F. AILLERET (56) ♦ J. DELACARTE (47) ♦ T. DUJARDIN (65). Étaient excusés : J.-P. BOUYSSONNIE (39) ♦ ROULET (54) ♦ J. LECLERCQ (63) ♦ É. LE MER (71) ♦ J.-M. DAILLANCE (77) ♦ H. SUQUET (85) ♦ L. GUILLOT (90) ♦ M. K. WOO (90) ♦ M. VOLATIER (91) ♦ J.-P. BÉGON-LOURS (62). Assistaient également à la réunion : ♦ P. MARY (60), délégué général, ♦ Y. STIERLÉ (65), délégué général adjoint, ♦ J. DUQUESNE (52), rédacteur en chef de La Jaune et la Rouge, ♦ A. THOMAZEAU (56), rédacteur conseil de La Jaune et la Rouge. Le Conseil est ouvert sous la présidence de Pierre-Henri GOURGEON. 1. Approbation du procès-verbal de la réunion du Conseil du 21 avril 2005 Plusieurs membres du Conseil ont adressé à la Délégation générale, préalablement à la présente réunion, des propositions de modifications du projet de procès-verbal. Certaines sont mineures et seront prises en compte dans le texte définitif. D’autres propositions de modifications ont été débattues. Elles portent sur le paragraphe 5 du projet de procès-verbal et émanent notamment de Jean SALMONA, Patrick PUY, Alexandre MOATTI et Michel SCHELLER. Ainsi, concernant le premier alinéa du paragraphe 5, Jean SALMONA préconise d’ajouter : “ En attendant, aucun nouveau contact ne sera pris avec des candidats potentiels. ” Rodolphe DAUTRICHE rappelle que sa suggestion d’un vote éventuel sur ce sujet n’avait pas été retenue. Mention sera ainsi faite de la proposition des quatre camarades précités, le Conseil ne s’étant pas prononcé formellement sur le sujet lors de sa réunion du 21 avril 2005. Le Président fait ensuite remarquer que le terme de commission employé dans le projet de procès-verbal est impropre dans la mesure où la décision prise était de constituer une instance consultative provisoire composée de quelques membres du Bureau et de quelques membres du Conseil ne siégeant pas au Bureau. Le terme de groupe de travail lui paraît donc plus approprié. Enfin, il est décidé d’entériner la participation de Patrick PUY et de Michel SCHELLER qui se sont joints à la première réunion du groupe avec l’accord des participants au dit groupe. En conséquence l’alinéa 1) du paragraphe 5 du procès-verbal sera ainsi rédigé : “ 1) de créer un groupe de travail chargé de définir ce que l’Association attend du président qui sera élu en juin 2006, compte tenu de la conjoncture actuelle et à moyen terme. Ses travaux devront être terminés pour le 15 octobre 2005. Le président Pierre-Henri GOURGEON propose qu’il soit constitué du Bureau et d’autres membres du Conseil volontaires. Jean SALMONA et Hervé ZWIRN se portent candidats en séance pour y participer. Leur participation est approuvée par le Conseil. Plusieurs camarades demandent que tout nouveau contact avec des candidats potentiels soit suspendu en attendant les résultats des travaux du groupe. Cette demande n’est pas soumise au vote et le Conseil ne se prononce donc pas à ce sujet. ” La discussion sur le deuxième alinéa porte essentiellement sur l’appellation à donner à la deuxième instance créée à l’occasion du même point de l’ordre du jour. Plusieurs camarades, dont son président, Patrick PUY, rappellent qu’elle a été dénommée en séance “ Commission pour la révision des statuts ”. Le Président fait tout d’abord remarquer qu’il ne peut s’agir d’une commission permanente telle que l’entendent les statuts et le règlement intérieur de l’Association mais plutôt d’un groupe de travail sur un sujet particulier et non permanent. Si, à l’issue de ses travaux, le groupe conclut qu’une révision des statuts est nécessaire, alors le Conseil décidera d’engager, éventuellement, une telle révision. Celle-ci est une opération lourde comme le font remarquer deux camarades, Brigitte BOUQUOT et Jean DELACARTE. Elle résul- terait non seulement des propositions d’amélioration du fonctionnement interne de l’Association qui seront faites par le groupe en question mais aussi des propositions du groupe de travail sur le rôle et les orientations à donner à l’AX, présidé par Rodolphe DAUTRICHE. En conséquence l’alinéa 2) du paragraphe 5 du procès-verbal sera ainsi rédigé : “ 2) de constituer un groupe de travail sur le fonctionnement interne de l’Association. Patrick PUY se propose de piloter ce groupe. Alexandre MOATTI, Jean-Claude PÉLISSOLO, Éric LE MER et Bertrand de SINGLY se portent candidats en séance pour y participer. Leur participation ainsi que le pilotage du groupe par Patrick PUY sont approuvés par le Conseil. ” L’approbation du procès-verbal de la réunion du Conseil du 21 avril 2005 reste soumise à l’approbation du présent procès-verbal. 2. Proclamation des résultats du vote pour le renouvellement du Conseil d’administration Le président Pierre-Henri GOURGEON lit le procès-verbal du vote et proclame les résultats, lesquels seront publiés dans La Jaune et la Rouge d’août-septembre. Il félicite les nouveaux élus et cède la présidence du Conseil à Christian CASTAIGNET (57), doyen d’âge. Christian CASTAIGNET souhaite la bienvenue aux nouveaux membres du Conseil. Il invite ensuite ceux des membres du Conseil qui le souhaitent à déclarer leur candidature pour le poste de président. Pierre-Henri GOURGEON (65) annonce qu’il est candidat à un nouveau mandat. Michel SCHELLER (59) confirme qu’il est candidat. Chacun des candidats, Pierre-Henri GOURGEON puis Michel SCHELLER, expose son programme. Après l’intervention de plusieurs camarades exposant leur point de vue sur ces deux candidatures, il est alors procédé au vote. Sur 29 votants, Pierre-Henri GOURGEON recueille 14 voix et Michel SCHELLER 12 voix. Il y a 3 bulletins blancs ou nuls. Christian CASTAIGNET et l’ensemble du conseil félicitent Pierre-Henri GOURGEON pour son élection et celui-ci reprend la présidence de la séance. LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005 69 3. Élections des membres du Bureau Le Président invite tout d’abord les membres du Conseil qui le souhaitent à poser leur candidature pour l’un des quatre postes de viceprésident. Se portent candidats : • Jean SALMONA (56), • Christian CASTAIGNET (57), • Alain BORIES (76), • Antoine-Tristan MOCILNIKAR (86). Il est alors procédé au vote. Sur 29 votants : • Jean SALMONA obtient 22 voix, • Christian CASTAIGNET obtient 25 voix, • Alain BORIES obtient 25 voix, • Antoine-Tristan MOCILNIKAR obtient 26 voix. Jean SALMONA, Christian CASTAIGNET, Alain BORIES et Antoine-Tristan MOCILNIKAR sont déclarés élus vice-présidents. La séance est interrompue à 20 h 45 pour remettre à des élèves de la promotion 2003 des bourses humanitaires. Elle est reprise à 21 h 30. Le Président invite les membres du Conseil qui le souhaitent à poser leur candidature pour le poste de secrétaire général et le poste de secrétaire général adjoint. Il informe au préalable qu’Alexandre MOATTI, obligé pour des raisons personnelles de quitter la séance, lui a signifié qu’il retirait sa candidature formulée il y a quelques semaines par un courrier et ce dans la mesure où il n’y aurait que deux candidats. Se portent candidats pour chacun des deux postes : • Laurent BILLÈS-GARABÉDIAN (83), • Rodolphe DAUTRICHE (87). Il est convenu de procéder à un vote unique pour les deux postes, le candidat obtenant le plus de voix étant déclaré élu secrétaire général et l’autre candidat déclaré élu secrétaire général adjoint, et les bulletins de vote pouvant comporter un ou deux noms. Il est alors procédé au vote. Sur 28 votants : • Laurent BILLÈS-GARABÉDIAN obtient 26 voix. Il est élu secrétaire général, • Rodolphe DAUTRICHE obtient 23 voix. Il est élu secrétaire général adjoint. Le Président invite ensuite les membres du Conseil qui le souhaitent à poser leur candidature pour le poste de trésorier. Étienne CRESPEL (56) se porte candidat pour ce poste. Il est alors procédé au vote. Sur 27 votants Étienne CRESPEL obtient 19 voix. Il est élu trésorier. À noter que 8 voix se sont portées sur Bertrand de SINGLY qui n’était pas candidat à ce poste. Le Président invite enfin les membres du Conseil qui le souhaitent à poser leur candidature pour le poste de trésorier adjoint. Laurent GUILLOT (90) s’est porté candidat par courriel adressé à la Délégation générale. Bertrand de SINGLY (95) se porte candidat en séance. Il est alors procédé au vote. Sur 26 votants : • Bertrand de SINGLY obtient 14 voix. • Laurent GUILLOT obtient 12 voix. Bertrand de SINGLY est déclaré élu trésorier adjoint. 70 4. Désignation des présidents de commissions, du délégué général et du rédacteur en chef de La Jaune et la Rouge Les statuts de l’Association prévoient qu’ensuite soient désignés le président de la Caisse de secours, les présidents des commissions permanentes, le délégué général et le rédacteur en chef de La Jaune et la Rouge. Sont désignés respectivement, pour ces différents postes : • président de la Caisse de secours : Christian CASTAIGNET (56), à l’unanimité, • président de la commission “ Publications ” : Pierre-Henri GOURGEON (65), à l’unanimité, • président de la commission “Titre d’ingénieur” : Jacques BOUTTES (52), à l’unanimité, • président de la commission “ Emploi ” : Philippe DEMIGNÉ (82), à l’unanimité, • président de la commission “Communication” : François-Xavier MARTIN (63), à l’unanimité, • président de la commission “ Évolution de l’École, relations avec le CNISF, le CNGE et la CGE ” : Rodolphe DAUTRICHE (87), à l’unanimité, • président de la commission “ Internationalisation et développement du réseau RETIX ” : Jean-Claude PÉLISSOLO (58), à l’unanimité, • délégué général : Pierre MARY (60), à l’unanimité, • rédacteur en chef de La Jaune et la Rouge : Jean DUQUESNE (52), à l’unanimité. 5. Renouvellement des membres du Comité de gestion de la Caisse de secours Les membres du Comité de gestion de la Caisse de secours sont renouvelés dans leur mandat. 6. ParisTech Le Conseil est unanime pour reconnaître la nécessité d’une réflexion approfondie sur ce sujet. Il décide de créer à cet effet un groupe de travail dont la présidence est proposée à Michel SCHELLER (59). Celui-ci demande à réfléchir sur la proposition qui lui est faite. Il donnera sa réponse au plus tard lors de la prochaine réunion. 7. Élection d’un vice-président d’honneur Le Président propose au Conseil de nommer vice-président d’honneur François Xavier MARTIN (63) en raison des éminents services qu’il a rendus à l’Association au cours de ses deux mandats d’administrateur, notamment dans ses fonctions de vice-président. Le Conseil NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE approuve cette proposition. François Xavier MARTIN est élu vice-président d’honneur de l’AX à l’unanimité. 8. Suite du Conseil Tous les points inscrits à l’ordre du jour n’ayant pas pu être traités, il est décidé de convoquer le Conseil le 25 août 2005 à 18h30 à la Maison des X. L’ordre du jour de cette réunion sera le suivant : • point d’avancement du groupe de travail pour le choix du prochain président, • point sur Manageurs.com, • ParisTech, • rapport de la commission “ Internationalisation ”, • projet de nouvelle revue. Personne ne demandant plus la parole, la séance est levée à 23 h. ■ GROUPES X X-HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE Président : Maurice BERNARD (48), tél. : 01.55.88.81.83 ou 06.83.69.45.65, [email protected] Secrétaire : Jacqueline POTTIER, tél. : 01.42.50.65.57, [email protected] PROCHAINE CONFÉRENCE À 18 h 30, Maison des X, 12, rue de Poitiers, 75007 Paris. ■ Mercredi 7 décembre 2005 Des polytechniciens aux États-Unis par Christian MARBACH (56). Au début du XIXe siècle, Simon BERNARD (1794), Claudius CROZET (1805), Pierre Benjamin BUISSON (1811) et quelques autres ont exercé leurs talents aux États-Unis, notamment en Louisiane. Christian MARBACH, président d’honneur de la SABIX, la Société des amis de la Bibliothèque de l’X, a suivi les traces qu’ils ont laissées de l’autre côté de l’Atlantique. Il raconte leurs ambitions, leurs aventures, leurs réalisations. Dans son exposé, inspiré des travaux qu’il vient de publier dans le dernier Bulletin de la SABIX, Christian MARBACH replace ces destins individuels dans le cadre de la formation et de la carrière des polytechniciens et dans celui des relations franco-américaines, aussi bien scientifiques que politiques. X-HÉRAULT-GARD VISITE À UN JEUNE CENTENAIRE Au début de l’automne, François TEISSIER du CROS (24) a eu cent ans et, pour cette occasion, nous étions une vingtaine à le fêter, rassemblés autour de lui dans sa vieille mai- son de famille au pied des Cévennes, héritée d’une dynastie de filateurs de soie. François TEISSIER du CROS a commencé sa carrière dans le corps des Ponts et Chaussées. Très tôt intéressé par la physique quantique à ses débuts, élève de Max Born à la veille de la guerre, c’est seulement à partir de 1957 qu’il pourra se consacrer entièrement à la recherche, au sein du laboratoire de physique de l’X. Il y dirigera jusqu’à sa retraite, en 1973, une équipe vouée aux lasers et à leurs applications. Une nouvelle vie commence alors pour lui : fréquentant les laboratoires et les bibliothèques de l’École, il n’a pas cessé de suivre les développements de la physique des particules. Depuis quelques années, il porte son attention à l’étude des réactions ultrarapides en biologie, rendue possible grâce aux lasers à impulsions ultracourtes (le femtoseconde !). Nous lui avons remis, comme cadeau d’anniversaire et suivant son vœu, le compte rendu intégral de la XXIe conférence internationale sur la physique et l’astrophysique du neutrino, qui s’était tenue au Collège de France au printemps 2004 et à laquelle il avait regretté de ne pas avoir pu assister. Au cours de l’échange d’idées qui a suivi, François a forcé notre admiration par la pénétration de ses réflexions. Il a un souhait pour 2006 : rendre visite aux équipes du CERN. Nous avons découvert qu’un lointain oncle de François TEISSIER du CROS avait fait partie de la deuxième promotion de l’X. Officier du Génie, il avait conçu pour son frère le filateur la première unité industrielle de conditionnement des cocons de vers à soie. Il en reste aujourd’hui un bâtiment, la “ coconnière ”, converti en gîte d’étape à Valleraugue, sur un chemin de grande randonnée des Cévennes. X-RÉSISTANCE La prochaine réunion d’X-Résistance aura lieu au Musée Jean Moulin, 23, allée de la 2e DB, Jardin Atlantique (accès possible depuis la gare Montparnasse) le lundi (jour de fermeture au public) 5 décembre 2005 à 15 h 30. Madame Christine LÉVISSE-TOUZÉ, conservatrice du Mémorial Maréchal LeclercMusée Jean Moulin, qui met une salle du musée à notre disposition, introduira la visite de l’exposition qui y sera présentée. Il s’agit de l’exposition sur : Les cheminots dans la Résistance, réalisée par la Fondation de la Résistance avec le Mémorial-Musée et la participation de la SNCF. CARNET PROFESSIONNEL En partenariat avec : • Thierry COSTE (61) est nommé vice-président du Conseil de surveillance de Caceis. • Charles CANETTI (67) est nommé président d’Amadeus-Dirigeants. • Mohamed FASSI-FEHRI (67) est nommé président délégué de l’Institut et de la Fondation Caisse de dépôt et de gestion (CDG) (Maroc). • Luc VIGNERON (73) est réélu président du Conseil d’administration de GIAT Industries. • Gérard MOHR (74) est nommé directeur général délégué du Groupe Cegelec. • André RENAUDIN (76) est nommé président-directeur général du Groupe La Mondiale. • Didier RETALI (76) est nommé directeur général délégué de Suez Énergie Services. • Gérard PIGNAULT (78) est nommé président de Créalys. • Jean-Pierre DAVERIO (80) est nommé directeur général adjoint stratégie, ventes et marketing de Servisair-GlobeGround. • Fathi JERFEL (80) est nommé directeur général du Crédit Agricole Structured Asset Management (CASAM). • Marc LITZLER (80) est nommé président du Conseil d’administration du Crédit Agricole Structured Asset Management (CASAM). • François de VARENNE (87) est nommé directeur de la gestion d’actifs et du Corporate Finance du Groupe Scor. • Gaëlle MONTEILLER (88) est nommée président de Lafarge Béton Vallée de Seine. • Damien BARBIER (90) est nommé chef du Service de la surveillance des marchés à la DESM (Direction des enquêtes et de la surveillance des marchés). X-EXPERTISE Le groupe X-Expertise se réunira à 18 heures le mercredi 30 novembre 2005 à la Maison des Polytechniciens, 12, rue de Poitiers, 75007 Paris. Le camarade Yves POISSONNIER (52) fera un exposé sur L’évaluation des préjudices. Ensuite nous dînerons sur place. Pour tous renseignements, s’adresser à : Jacques LUTFALLA (55), 01.48.87.85.92 ou [email protected] ARPLASTIX Les membres du groupe exposeront leurs œuvres à la galerie COURTIEUX, Esplanade des Courtieux, place du général Leclerc à Suresnes. Exposition publique du 5 au 10 décembre 2005, de 14 heures à 19 heures du lundi au vendredi, de 9 à 19 heures le samedi. La visite pourra aussi être l’occasion, pour les camarades intéressés, de s’informer sur les activités du groupe Arplastix : atelier, sorties aquarelle, visites, conférences, voyages... Résultats de la 16e enquête socioprofessionnelle du CNISF sur les ingénieurs diplômés en France • un document de 92 pages • une fonction du calcul de son salaire en ligne • un CD-Rom pour les entreprises L'enquête de référence en France Des informations uniques sur les salaires, la mobilité, la satisfaction professionnelle des ingénieurs. Consultez sans attendre le site du CNISF : www.cnisf.org LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005 71 GROUPE PARISIEN DES X VISITES CULTURELLES • Klimt, Schiele, Kokoschka, Moser au Grand Palais. • Camille Claudel au musée Marmottan. CONFÉRENCES-DÎNERS 12, rue de Poitiers, 75007 Paris. Téléphone : 01.45.48.52.04. Télécopie : 01.45.48.64.50. Courriel : [email protected] Site Internet : gpx.polytechnique.org Au programme des activités du GPX DÎNER-DÉBAT Lundi 12 décembre à 19 h 30 : Les choix de l’Homme face aux grands enjeux éthiques, de la naissance à la mort par le célèbre professeur Bernard DEBRÉ, urologue de réputation internationale, député de Paris, auteur de nombreux ouvrages sur les interrogations que posent désormais les évolutions présentes ou à venir de la génétique et de la biologie. ✂ BULLETIN D’ADHÉSION AU GPX Saison 2005-2006 Nom : ................................................................................ Prénom : ...................................... Promotion : ................ Adresse : .......................................................................... .......................................................................................... Courriel : .......................................................................... Tél. : .................................................................................. Désire adhérer comme : 64 euros * ❏ membre sociétaire (avec droit de priorité) 30 euros ❏ membre associé et adresse ci-joint un chèque de ............................ euros au GPX, 12, rue de Poitiers, 75007 Paris. * 32 euros pour les promos 92 et postérieures et pour les veuves. 72 NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE • Lundi 28 novembre à 18 h 30 : La tour Eiffel, quelle aventure ! par François BEDAUX (41). • Mercredi 7 décembre à 18 h 30 : Des polytechniciens aux ÉtatsUnis par Christian MARBACH (56), en liaison avec le groupe X-Histoire et Archéologie. • Lundi 23 janvier à 18 h 30 : Érasme, la naissance de l’humanisme ? par le professeur André GODIN. THÉÂTRE • Le meilleur professeur au Petit Théâtre de Paris. • Love letters au Théâtre de la Madeleine. • La chèvre ou qui est Sylvia au Théâtre de la Madeleine. • Moins deux Théâtre Hébertot. BRIDGE • Des tournois officiels, homologués par la FFB, ont lieu tous les lundis à 14 h 15 à la Maison des X, réunissant le Groupe de Bridgeurs polytechniciens (GBX) affilié à la Fédération et les bridgeurs du GPX qui désirent participer à des tournois homologués. • Des parties libres (ou tournois officieux) se tiennent tous les mercredis après-midi à 14 h 30 à la Maison des X. • Des cours de perfectionnement de second niveau sous la conduite de Norbert LEBELY ont lieu certains vendredis après-midi à 14 h 30 : le 18 novembre, 2 et 16 décembre. • Un cycle de premier niveau “ Jouer au bridge avec de bonnes bases ” les jeudis matin... VOYAGES • LACS, VILLAS ET JARDINS D’ITALIE DU NORD 7 jours de Milan à Venise en septembre 2006. L’enchantement des lacs italiens dans leur cadre alpestre : lac Majeur, lac de Lugano, lac de Lecco, lac de Côme, lac de Garde. La splendeur des villes historiques : Vérone, Mantoue, Padoue, et croisière vers Venise. Extension possible de trois jours à Venise. PROMENADE À PIED Dimanche 20 novembre 2005 avec Hugues STURBOIS (85) : 01.49.36.98.15 ou 06.79.89.16.01. Boucle de 18 km à partir de Saint-Rémy-les-Chevreuse. Parcours vallonné passant par le château de la Madeleine et l’abbaye de Port-Royal. Départ de Châtelet-les-Halles à 9 h 11, par le RER B (mission PEPE), Denfert-Rochereau à 9 h 19. Arrivée à Saint-Rémy-les-Chevreuse à 9 h 57. Retour de Saint-Rémy-les-Chevreuse à 16 h 57 par le RER B. Arrivée à Châtelet-les-Halles à 17 h 44 (un train toutes les 15 minutes). YOGA Les séances de yoga dirigées par Madame JONGLEZ de LIGNE ont repris à la Maison des X. Il reste quelques places pour les cours du jeudi de 18 heures à 20 heures. ŒNOLOGIE Les cours d’œnologie ont lieu à la Maison des X sous deux formes : • initiation aux vins de France, certains lundis de 20 heures à 22 heures, • perfectionnement aux vins de France et du Monde, certains jeudis de 20 heures à 22 heures. D.R. D.R. Rencontres avec des hommes remarquables Entretien avec André Comte-Sponville et Christophe André Mercredi 23 novembre 2005 à 19 heures Salle ASIEM – 6, rue Albert de Lapparent 75007 Paris – Métro Ségur Amour sage, amour fou André Comte-Sponville Aimer et revenir à l’essentiel Christophe André André COMTE-SPONVILLE est né à Paris, en 1952. Ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégé de philosophie, docteur de troisième cycle, Docteur Honoris Causa de l’université de Mons-Hainaut, en Belgique, il fut pendant longtemps Maître de Conférences à la Sorbonne (université Paris I). Toulousain acclimaté à Paris, Christophe ANDRÉ est marié et père de 3 filles. Il est aussi médecin psychiatre dans le Service hospitalo-universitaire de l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, où il dirige une unité spécialisée dans le traitement des troubles anxieux et phobiques. André Comte-Sponville est l’auteur de nombreux articles et essais. Parmi ses publications les plus connues, citons : un Traité du désespoir et de la béatitude (1984, actuellement à sa 15e édition), trois recueils d’articles : Une éducation philosophique, Valeur et vérité (Études cyniques), et Impromptus mais aussi, L’amour, la solitude et Présentations de la philosophie. Son livre le plus fameux : Petit traité des grandes vertus (publié en 1995, et traduit en 24 langues). Ses livres les plus récents : La sagesse des Modernes, avec Luc Ferry ; L’être-temps, Le bonheur, désespérément, Dictionnaire philosophique; Le capitalisme est-il moral ? La philosophie. Enfin vient de paraître La vie humaine, en collaboration avec l’artiste peintre Sylvie Thybert. Christophe André est également enseignant à l'université Paris X. Conjointement, il a beaucoup écrit sur “l’intelligence des émotions”. Il est l'auteur de nombreux articles et ouvrages scientifiques, ainsi que de livres à destination du grand public qui ont connu un grand succès, tels : L’estime de soi, Comment gérer les personnalités difficiles en collaboration avec François Lelord, La force des émotions, Petites angoisses et grosses phobies avec Muzo, ou encore, La peur des autres avec Patrick Légeron. Enfin, vient de paraître (2004), Vivre heureux ou la psychologie du bonheur. L’amour est le sujet le plus intéressant, et aucun autre n’a d’intérêt, qu’à proportion de l’amour qu’il mérite ou qu’on lui prête. Il existe mille et une maladies d’amour : carences ou souffrances, besoins ou chagrins, peurs ou douleurs... Et ces maladies peuvent porter sur mille et un objets : troubles de l’amour de soi, des autres, de la vie. La science confirme que l’amour est chez l’être humain un besoin et une chance, une force biologique universelle et une construction psychologique individuelle. D’une certaine façon, la psychologie ne fait que parler d’amour; et les psychothérapeutes ne font qu’entendre des récits autour de l’amour. C’est l’amour qui sauve ; c’est donc lui qu’il s’agit de sauver. André Comte-Sponville et Christophe André nous emmèneront sur tous les rivages de l’Amour. Le rêve de la fusion, l’expérience du manque, la passion et l’amitié, l’amour qui prend et l’amour qui donne mais aussi “ la grande souffrance du désir ”, “ sa puissance et sa joie ”... Et puis il y a la charité, la très douce et très pure charité. Mais en sommes-nous capables ? Cet événement est conçu et organisé par l’Association “ Rencontres avec des hommes remarquables ” TM. Les bénéfices de cette conférence servent intégralement à financer des projets humanitaires ou à caractère non lucratif. En partenariat avec : CONFÉRENCE ANDRÉ COMTE-SPONVILLE ET CHRISTOPHE ANDRÉ – 23 NOVEMBRE 2005 À 19 HEURES Coupon-réponse à retourner au plus tard le 20 novembre 2005, accompagné d’un règlement de 20 €, à l’Association “ Rencontres avec des hommes remarquables ”, 37, rue du Bois de Boulogne, 92200 Neuilly-sur-Seine Nom : .............................................................................................................................. Prénom : ............................................................ Promotion : ...................... Tél. : ............................................................................................... Courriel : .................................................................................................................................................. Assistera à la conférence d’André Comte-Sponville et Christophe André, accompagné de ......... personnes. Ci-joint un chèque de participation de 20 euros x ......... = ......... euros LA JAUNE ET LA ROUGE • NOVEMBRE 2005 73 2e colloque à l’initiative des Associations des anciens élèves de l’Institut national agronomique Paris – Grignon, de l’ENA et de l’École polytechnique Notez d’ores et déjà ce rendez-vous ! Le jeudi 19 janvier 2006 Centre français du Commerce extérieur – Ubifrance Alimentation : quel partage des responsabilités ? En présence de : • Xavier Bertrand, ministre de la Santé et des Solidarités • Dominique Bussereau, ministre de l’Agriculture et de la Pêche RENSEIGNEMENTS Secrétariat général du colloque REGARDS International, Olga JOHNSON, 8, rue Fallempin, 75015 Paris. Tél. : 01.45.78.18.50. Fax : 01.45.77.73.61. Courriel : [email protected] www.regards-international.com X-Forum, les 16 et 17 novembre 2005 Tous les ans, X-Forum réunit à l’École polytechnique de nombreuses entreprises, écoles d’application, corps et universités étrangères pour offrir aux élèves l’occasion de s’informer sur leur avenir étudiant et professionnel. L’édition de cette année aura lieu les 16 et 17 novembre et sera parrainée par le groupe AREVA. Ce forum est gratuit et ouvert à tout le monde, en particulier aux X des promotions les plus récentes qui désireraient évoluer dans le marché du travail. Seront en effet présentes pour les renseigner des entreprises de tous secteurs : industrie, aéronautique, télécoms, chimie, audit, conseil, banques, assurances, BTP… Le détail du forum est disponible sur notre site Internet www.xentreprises.com Mercredi 16 novembre • 13 h : Présentation de la Fondation de l’X. • 14 h : Présentation de la direction des Relations extérieures. Les X en formation à l’étranger. • 15h : Rencontres avec les laboratoires de l’X et des entreprises partenaires des conventions CIFRE. • 17 h : Table ronde “ Les recherches sur l’électronique embarquée ”. • 18 h 30 : Cocktail de clôture de l’Espace Recherche. Jeudi 17 novembre •9h: Ouverture des stands : rencontre des élèves avec les entreprises, les corps de l’État et les écoles. • 9 h 30 : Ouverture des points débats et de l’Espace Conseil. • 17 h : Conférence de clôture par Mme Lauvergeon, présidente du directoire d’Areva. • 18 h 10 : Remise du Prix Pierre Faurre. • 18 h 30 : Cocktail de clôture du X-Forum 2005. 74 NOVEMBRE 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE Carnet polytechnicien n 1927 Décès de Robert Hamard le 19.10.2005. n 1928 Décès de Gaston Forgues le 22.5.2005. n 1930 Décès de Jean-Robert Muzard le 13.10.2005. n 1933 Décès de Gilbert Bernard le 11.9.2005. n 1934 Décès de Jean Huraux le 15.10.2005. n 1937 Louis Isnard fait part de la naissance de sa petite-fille Camille, le 13.6.2005, chez Arnaud et Monica. Robert Lagane fait part de la naissance de ses 35 e et 36 e petits-enfants : Philomène le 23.11.2004, chez Pierre et Cécile Lagane; Cyprien le 23.8.2005, chez Étienne et Marie-Laure Lagane. n 1950 André Michaud fait part du décès de son épouse Isabel, le 4.10.2005. n 1951 Décès d’Étienne Chambron le 30.9.2005. 115e Bal de l’X vendredi 31 mars 2006 Palais Garnier Pour plus de renseignements, veuillez consulter le site Internet du Bal de l’X www.baldelx.com n 1938 Décès de Louis Le Saget le 17.9.2005. n 1939 Décès de Noël Goulounès le 24.9.2005. n 1942 Décès de Pierre Caillat le 20.10.2005. n 1946 Décès de Jean Pouchot-CamozGandorne le 27.8.2005. Décès de Jacques Fauvel le 19.9.2005. Décès d’Henri Grimond le 1.10.2005. Décès de Madame André Léonard le 21.10.2005. Contact individuels : 01 56 81 11 04 Contact entreprises : 01 56 81 16 93 n 1955 Jean-Michel Guittard fait part du mariage de sa fille Marine avec Gregory Gruslin, le 10.9.2005. Philippe Champel fait part de la naissance d’Anatole le 18.8.2005, chez Damien et Camille. n 1960 Pierre Zervudacki fait part de la naissance de sa première petite-fille, Éléa, le 20.6.2005, chez Emmanuel et Valérie Zervudacki. n 1961 Pierre Boulesteix fait part de la naissance de ses troisième et quatrième petits-enfants, Marie le 29.3.2005 chez Laurent et Laurence Leplongeon et Romain le 17.7.2005 chez Rémy (91) et Aurélie Boulesteix. n 1963 Bruno Masnou fait part du mariage de son fils Laurent avec Cécile Terminet, le 28.5.2005. n 1964 Jean de La Brunetière fait part du mariage de son fils Henry avec Sophie Budin, petite-fille de François Budin (43) et d’Henri Jeannin (39), le 20.8.2005. n 1965 Patrice Urvoy fait part de la naissance de son cinquième petit-enfant, Émilie, le 21.9.2005, fille de Tanguy Urvoy et de Carine Hue. n 1966 Daniel Bréfort fait part de la naissance de sa troisième petite-fille, Inès, chez Anne-Sophie et Cédric Richard. n 1947 Gabriel Hamy fait part de la naissance de son cinquième petit-enfant, Nathan, le 20.6.2005, chez son fils Hervé (89) et Chantal. n 1967 Jean Hervet fait part de la naissance de sa troisième petite-fille, Judith, le 19.4.2005, chez Marie-Laure (94) et Christophe Hervet (94). n 1948 Jean-Marie Buscailhon fait part de la naissance de son troisième petitenfant, Charlotte, le 22.5.2005, chez Florence et Jean-Marc Gautier. n 1969 Robert Cohen fait part du mariage de son fils Raphaël, petit-fils de Louis Pacaud (46, décédé) avec Jill Markowitz, le 29.5.2005. 76 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE Bernard Bresson fait part de la naissance de son sixième petit-enfant et premier petit-fils, Ambroise, le 3.7.2005, chez Maëlys et François Charles Luxor. n 1972 Hélène et Christian Blondin font part de la naissance de leur petitefille, Lea Blondin Saldarriaga, le 14.7.2005 et du mariage de leur fils Stéphane avec Mariola Saldarriaga, le 15.9.2005. n 1973 Décès de Jean-Marie Segaud le 13.10.2005. n 1976 Michel Goniak fait part du décès de son père Szczepan Goniak, le 25.8.2005. Vendredi 31 mars 2006 Palais Garnier Associez votre entreprise au 115 e Bal de l’X Plaquette de présentation “ Spécial Entreprises ” sur simple demande par téléphone : 01 56 81 16 93 ou par courriel : [email protected] n 1978 Bruno Thiard fait part de la naissance de son petit-fils, Thomas Danilo, le 8.9.2005, fils de Clémence et Jérôme, premier arrière-petit-enfant d’Antoine Thiard (47). n 1994 Olivier Ondet fait part de son mariage avec Claire Villeneuve le 9.7.2005. Marie-Laure Mallet et Christophe Hervet font part de la naissance de leur fille Judith, le 19.4.2005. Anne et Gaël Diaz de Tuesta font part de la naissance de Marc, le 23.8.2005. n 1997 Sébastien Courcambeck fait part de son mariage avec Jessica Baumann le 2.7.2005. Anne et Nathanaël Leclercq font part de la naissance de Justin, le 1.9.2005, arrière-petit-fils de Robert Leclercq (39). Stéphanie et Julien Merveilleux font part de la naissance de leur fille Chloé, le 11.9.2005. n 1988 Christophe Bertagnolio fait part de la naissance de Pacôme, le 18.9.2005. n 1989 Chantal et Hervé Hamy font part de la naissance de leur troisième enfant, Nathan, le 20.6.2005, petit-fils de Gabriel Hamy (47). Maud et Florent Chabaud font part de la naissance de leur fils Antonin, le 29.9.2005. n 1991 Julien Pouillot fait part de son mariage avec Florence Dugelay, le 14.5.2005. Hèlène Lavanant et Jérôme Walter (90) font part de la naissance de leur second enfant, Paul, le 13.5.2005. Marc Bocquet et Anne (92) font part de la naissance de leur troisième enfant, Alice, le 14.7.2005. n 1993 Nicolas Morel fait part de son mariage avec Lorraine Pelletier, le 28.5.2005. Pascal Agin fait part de la naissance de sa fille, Julie, le 5.7.2005. n 1995 Mathieu Truant fait part de son mariage avec Sylvie Dambre le 20.8.2005. Éric Coustures fait part de son mariage avec Angela Goodarzi, le 24.9.2005. Jean-François Curci et Tiphaine Tiengou (92) font part de la naissance de Pierre, le 13.1.2005. n 1980 Anne-Isabelle et Bruno Comby font part de la naissance de leur premier enfant, Damien, le 24.9.2005. n 1990 Jérôme Walter et Hélène Lavanant (91) font part de la naissance de leur second enfant, Paul, le 13.5.2005. Jean-Laurent et Emmanuelle Anglade (née Thibault) font part de la naissance de leur deuxième fille, Héloïse, le 11.7.2005. Anne Bocquet et Marc (91) font part de la naissance de leur troisième enfant, Alice, le 14.7.2005. n 1998 Marion Bertagnolio fait part de la naissance de Pacôme, le 18.9.2005. Rémy Boulesteix et Aurélie font part de la naissance de leur deuxième enfant, Romain, le 17.7.2005, petit-fils de Pierre Boulesteix (61). n 1992 Tiphaine Tiengou et Jean-François Curci (95) font part de la naissance de Pierre, le 13.1.2005. Roger Averbuch et Marie-Hélène font part de la naissance de leur fille Capucine, le 2.5.2005. n 2001 Jean Prudhomme et Bérengère Caffart (02) font part de leur mariage le 15.10.2005. Matthieu Attali fait part de son mariage avec Dorothée Odent, le 30.7.2005. Pierre Wadier fait part de son mariage avec Anne-Laure Tiberi, le 8.10.2005. n 2002 Bérengère Caffart et Jean Prudhomme (01) font part de leur mariage le 15.10.2005. LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2 0 077 5 ANNONCES BUREAU DES CARRIÈRES – AX 5, rue Descartes, 75005 Paris. Téléphone : 01.56.81.11.14. Télécopie : 01.56.81.11.03. Courriel : [email protected] Site Web : www.abcdx.com Nicolas ZARPAS (58) du BUREAU DES CARRIÈRES est à la disposition des camarades en recherche d’emploi ou souhaitant réfléchir sur l’orientation de leur carrière, pour les recevoir et les conseiller. En effet, un entretien est toujours souhaitable et peut aider efficacement avant un changement de situation. Compte tenu de son expérience professionnelle, le Bureau des Carrières peut aussi répondre aux questions que se posent les jeunes camarades avant leur premier emploi, ou, plus généralement, au moment où ils réfléchissent à leur orientation et cherchent à définir leur projet professionnel. Pour aider les camarades en recherche d’emploi, et leur permettre de se rencontrer pour débattre de leurs démarches, l’AX met à leur disposition, gratuitement, un bureau situé à l’AX, 5, rue Descartes, 75005 Paris. Les camarades intéressés par les Offres d’emploi adressées par des sociétés ou des “ chasseurs de têtes ” peuvent les consulter sur www.manageurs.com site à vocation internationale de mise en contact entre recruteurs et anciens ou élèves. OFFRES DE SITUATION Seules les annonces reçues par courrier, fax ou courriel seront traitées (aucune annonce par téléphone). Tarifs 2005 annonce permanente : 9 € la ligne par mois Le règlement s’effectue en fin d’année. Les annonces à publier dans le numéro de janvier 2006 devront nous parvenir au plus tard le mardi 6 décembre 2005. Elles sont sur le site Web : www.abcdx.com Annonces permanentes n 0286 – Webnet conçoit, réalise et exploite des applications Internet, intranet, clientserveur pour les plus grandes entreprises françaises, en modes régie et forfait. Nous recherchons des ingénieurs de développement dans les environnements. Net et Java J2EE. Contacter Thierry SCHWAB (PDG, X 66), [email protected] - 01.46.84.05.05 www.webnet.fr - 32, rue de Bellevue - 92773 Boulogne Cedex. n 2455 – ABD, Agency of Business Design, société de conseil opérationnel, réalise pour le compte de grands groupes, des opérations de trois natures : – partenariats et en particulier des opérations d’externalisation, – cession et acquisition d’activités industrielles, – compétitivité des fonctions de support (utilités, logistique, fonctions administratives). Dans le cadre de son développement, ABD recherche des jeunes Chargé(e) s d’Affaires (de 0 à 3 ans d’expérience). ABD propose aux consultants des missions 78 N O V E M B R E 2005 • LA JAUNE ET LA ROUGE opérationnelles avec impacts concrets pour les clients au confluent de la stratégie, de la finance, de l’organisation et des ressources humaines. • Dynamiques, entrepreneurs et pragmatiques, ils travailleront avec leur directeur d’affaires qui les encadrera et avec les dirigeants de nos sociétés clientes sur des projets à forts enjeux. Ils bénéficieront d’une formation approfondie (stratégie, organisation, négociation, conduite de changement…). Rémunération attractive. Merci d’envoyer votre CV + lettre de motivation à Monsieur Hervé MOAL, ABD, 147, avenue Charles de Gaulle, 92200 Neuilly-surSeine ou par e-mail : [email protected] (ne pas téléphoner). n 3523 – Bertin Technologies, Groupe leader en expertises et en réalisations technologiques pluridisciplinaires (330 personnes dont 250 ingénieurs en mécanique, électronique, optique, logiciel, biologie…), recherche pour soutenir sa croissance des ingénieurs experts, des chefs de projets et des responsables d’activités à haut potentiel (management d’équipes, conduite d’études et de développement d’équipements à forte valeur ajoutée). Esprit d’entreprise, innovation technologique, professionnalisme dans la satisfaction des clients et la conduite de projets sont nos valeurs. Venez les partager avec nous et nos partenaires. Contact : Philippe Demigné X 82, président. Tél. : 01.39.30.61.00. [email protected] - www.bertin.fr n 9243 - CONSULTANTS CONSEIL OPÉRATIONNEL EN RÉDUCTION DE COÛTS CRISTAL DÉCISIONS est un cabinet de conseil opérationnel en réduction de coûts, spécialisé dans la réduction des dépenses de télécommunications des grands comptes. Les quatre principes fondateurs de Cristal Décisions sont : 1) la focalisation sur la mise en œuvre des économies, 2) une position d’hyperspécialiste dans le domaine des télécommunications (téléphonie fixe, mobile, data, réseau de données et monétique), 3) une rémunération indexée sur les économies réalisées, 4) une indépendance totale. Créée il y a trois ans, Cristal Décisions compte parmi ses clients des sociétés telles que Air Liquide, Bosch, Nouvelles Frontières, la Caisse des Dépôts, Crit Interim, Norbert Dentressangle, Disney Resorts Paris, France Loisirs, Gide Loyrette Nouel, Havas, Lilly France, McKinsey, Novartis, Quiksilver, Randstad, Securitas, Sodexho, Thomas Cook, Valeo, Védio Bis. En 2004, Cristal Décisions réalise un chiffre d’affaires de 3 M€. Pour accompagner sa très forte croissance et l’élargissement de son offre à d’autres catégories que les télécommunications, Cristal Décisions recrute plusieurs consultants, avec ou sans expérience de conseil préalable. Vous êtes rigoureux, vif, avez le goût du contact client et des chiffres. Vous prendrez en charge de A à Z la gestion des missions qui vous sont confiées : analyse des dossiers, préparation et conduite des négociations fournisseurs, gestion de la relation client, mise en œuvre et mesure des économies. Contacter : Hervé CORLAY (X 86), président [email protected] n 9318 - ModelEdition SA, spécialiste amélioration processus budgétaire et business plan intervenant auprès directions grandes entreprises. Pour accompagner notre développement recherchons futurs partenaires seniors avec expérience confirmée conseil en management et/ou direction générale dans un ou plusieurs secteurs industriels. Contacter Raoul de Saint-Venant (X 73), [email protected] n 9566 - GLOBAL SA, société de services et de conseil en informatique, intervient pour le compte de grands groupes bancaires et financiers nationaux et internationaux. Parmi nos domaines de référence, celui des systèmes des marchés de capitaux et des instruments financiers connaît un fort développement. Dans ce cadre, GLOBAL SA recherche des consultants juniors et seniors issu(e)s de grandes écoles d’ingénieurs. Nous souhaitons rencontrer des futurs collaborateurs à fort potentiel, autonomes, désirant s’investir sur des projets innovants dans des environnements techniquement en pointe, fonctionnellement très sophistiqués, et en particulier intéressés par les systèmes d’information et les systèmes d’aide à la décision en salle de marché. Une première expérience dans le domaine de la finance de marché (bourse, titres, instruments financiers, mathématiques financières) serait un plus. 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Recherche un poste de Direction générale de business unit au sein d’entreprise à composante industrielle. Anglais, allemand courants. Elles sont sur le site Web : www.abcdx.com n 3455 - Formation : École polytechnique (81), ENSTA - Expérience réussie dans différentes fonctions des opérations (production, industriel, achats) au sein d’entreprises internationales de biens de consommation. Recherche un poste de Directeur des opérations ou Directeur des achats dans un groupe international à composante industrielle. Anglais, allemand courants. n 3460 - Formation : École polytechnique (76), Sup-Aéro civil, 48 ans, 23 ans d’expérience dans la R & D et l’innovation (management de projets et de bureaux d’études, stratégie technique, business development) dans différents secteurs hitech (aéronautique, spatial, armement, nucléaire, productique) au sein de grandes entreprises (Thomson, Matra, Dassault, Giat) ainsi qu’en PME. Cherche poste tourné vers l’innovation et la préparation de l’avenir : direction technique, prospective, développement d’activité, marketing stratégique. n 3461 - Chef de projet X 81, Télécom. Compétences affirmées en architecture et développement de produits complexes, encadrement d’équipes pluridisciplinaires, mise en place de contrats et pilotage de soustraitants majeurs, maîtrise des coûts et des délais. Expérience variée dans le secteur spatial (clients, contraintes coûts et délais, anomalies). Recherche poste de Direction de Projet, encadrement de chefs de projet, direction d’études et développements dans un secteur à fort contenu technologique. LA JAUNE ET LA ROUGE • N O V E M B R E 2 0 079 5 ANNONCES AUTRES ANNONCES 5, rue Descartes, 75005 Paris Téléphone : 01.56.81.11.11. 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