les cahiers du dess mrh - e-RH

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LES CAHIERS DU DESS MRH
la compétence professionnelle, enjeu stratégique
les pratiques internationales en matière de compétences
les conditions de mise en œuvre de la démarche compétence
identifier et décrire les compétences professionnelles
acquérir et développer ses compétences professionnelles
évaluer et certifier les compétences professionnelles
les effets de la logique compétences professionnelles sur l’acte de former
les effets de la mise en œuvre des compétences professionnelles
compétences professionnelles et dialogue social
services à la personne : nouvelles compétences
NTIC : nouvelles compétences
Logique compétence …
synthèse des journées de Deauville
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Synthèses réalisées par Anne DELADIENNEE et Alexandre DRUEL
DESS MRH, 1999/2000
Notes & Commentaires
SOMMAIRE
LES ATELIERS
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Atelier
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Atelier
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Atelier
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7:
la compétence professionnelle, enjeu stratégique
les pratiques internationales en matière de compétences
les conditions de mise en œuvre de la démarche compétence
identifier et décrire les compétences professionnelles
acquérir et développer ses compétences professionnelles
évaluer et certifier les compétences professionnelles
les effets de la logique compétences professionnelles
sur l’acte de former
Atelier 8 : les effets de la mise en œuvre des compétences professionnelles
Atelier 9 : compétences professionnelles et dialogue social
Atelier 10 : services à la personne : nouvelles compétences
Atelier 11 : NTIC : nouvelles compétences
Conclusion
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En 1998, le CNPF (Conseil National du Patronat Français), plus connu depuis octobre
1998 sous le nom de MEDEF (Mouvement des Entreprises de France) a décidé de
promouvoir la logique compétences et d’y consacrer la 10 ème édition des Journées de
Deauville qui se sont déroulées les 7, 8, 9 Octobre 1998. Celles-ci ont restitué les
travaux conduits par le MEDEF depuis Avril 1997 (installation d’une cellule de 17
experts pour piloter les travaux, réflexion de 53 groupes de travail, synthèse effectuée
par les 10 groupes thématiques qui ont rédigé les « Cahiers de Deauville ». 11 ateliers
ont été organisés afin d’approfondir la réflexion de quelques 1500 participants.
Notes & Commentaires
En Juin 1999, la Maison des Professions de Marcq en Baroeul invitait quelques centaines
d’employeurs et cadres de la fonction Ressources Humaines et Direction générale de la
région afin de prolonger également cette réflexion autour de ces thèmes.
Au regard des moyens mis en œuvre, tout porte à croire que la compétence
professionnelle représente un réel enjeu pour les entreprises.
Nous proposons d’établir une synthèse de la séance plénière ainsi que des travaux.
Le discours du Président….
Le président du MEDEF, Ernest-Antoine Seillière, inscrit son discours préliminaire sur la
compétence comme une réelle préoccupation des entreprises et de tous ceux qui ont à
cœur son avenir et le présente comme un «concept porteur ».
En effet, l’entreprise est confrontée à de multiples bouleversements provoqués par la
mondialisation, la concurrence exacerbée ou encore les NTIC.
L’atout des entreprises réside alors dans leur capacité à s’adapter, à mettre en œuvre
souplesse et compétence.
Même si pour le président, la technologie et la performance des machines restent les
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premiers atouts des entreprises, l’homme s’inscrit dans sa capacité individuelle et
collective à faire évoluer l’organisation pour mieux satisfaire les clients.
Notes & Commentaires
Il introduit également une notion forte pour le salarié celle de l’employabilité, comme
capital de compétences. En effet, les entreprises n’assurent plus un travail à vie, elles
ont cependant le devoir d’apporter à ses salariés les moyens de les faire progresser.
C’est ce qu’il appelle la conjonction entre employeur et salarié.
Pour le salarié, les compétences acquises et reconnues représentent une consolidation
de son professionnalisme et une adaptation au changement.
Pour l’employeur, une meilleure performance et une plus grande responsabilisation.
Comme un thème de dialogue social important et un facteur d’évolution pour la
France.
Le diplôme a une grande valeur en France pourtant il apparaît ne pas être la panacée.
Le salarié aura à se former continuellement au sein de l’entreprise ce qui suppose un
système de validation des connaissances acquises tout au long de sa carrière
professionnelle. Cela implique aussi un lien entre qualification, compétence et bien sûr
rémunération.
La gestion des compétences est une stratégie d’entreprise et doit être impulsée par le
haut car elle suppose des remises en cause, des mutations.
Elle bouscule l’organisation du travail et semble mettre fin définitivement au
taylorisme (responsable de tous les maux ?) car elle se base sur la responsabilisation
des salariés et sur un renouvellement des rapports sociaux.
Avant de se centrer sur ce que représente la logique compétence en elle-même et de
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sa mise en œuvre. 3 intervenants sont venus exposer leur réflexion et leur diagnostic
sur l’emploi en France, sur la compétence, sur le défi français.
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C’est d’ailleurs Michel Godet, professeur au CNAM qui pose en premier sa réflexion sur
ce qu’il appelle «l'avenir autrement ».
L'avenir autrement
Pour M. Godet, la France s’est exposée à des clichés et aujourd’hui pour sortir de
l’impasse du chômage, de la croissance et de la réforme de son système éducatif, elle
devrait se poser les bonnes questions, même si celles-ci dérangent.
En effet, la mondialisation et la technologie ne sont pas responsables de tous nos
maux car selon lui, un territoire crée le développement par sa propre dynamique
économique. La crise vient du fait que nous voulons aborder l’avenir à reculons sans
rien changer à nos organisations et à nos comportements.
La forte croissance des 30 glorieuses a été portée par le baby boom alors que nous nous
vivons aujourd’hui un véritable baby-krach et une «mamy boom ». Quand un
vieillissement se conjugue avec une régression démographique, la croissance devient
molle et fluctuante même si l’on dope la demande pour compenser les pertes de
consommation. Il faudrait donc donner des primes pour les berceaux et non pour les
autos.
Le 2ème effet vient selon lui des illusions que chaque époque se fait sur les emplois de
demain. On se ferait donc peur inutilement.
Michel Godet estime qu’effectivement certains métiers changent mais la plupart des
compétences pour les exercer demeurent car elles son liées au comportement.
En effet, si l’on considère les qualités individuelles requises par la croissance et la
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compétitivité dans un contexte de changement seront certainement plus exigeantes en
termes d’attitudes et des comportements, du professionnalisme, de l’initiative et de la
responsabilité que du savoir lui-même.
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Pourtant en France, il faut regarder la vérité en face, la surabondance de diplômés et
de la pénurie de professionnels sévit en France plus qu’ailleurs. La formation ne suffit
pas à la compétence, c’est l’insertion qui est formatrice. Il faut donc insérer pour
former et pas seulement former pour insérer.
Cela pose la 3ème question de ce déséquilibre entre surabondance de diplômés et
pénurie de professionnels.
En France, avoir un diplôme ne vaut pas grand chose mais ne pas l’avoir empêche tout.
La formation reste indispensable puisque le taux de chômage d’un diplômé de
l’enseignement supérieur est plus faible de 50 % que celui d’un simple bachelier et
deux fois pus faible qu’un jeune sans diplôme.
Multiplier le nombre de diplômés ne fera que dévaluer les diplômes et engendreront
des frustrations.
2/3 des jeunes poursuivent des études et seuls 28% de jeunes français sont en activité,
2 fois moins que les jeunes suédois, britanniques, américains ou allemands. De
nouvelles formes d’insertion professionnelles doivent être développées
Autre constat, les portes du changement s’ouvrent de l’intérieur et d’en bas.
Michel Godet met en avant la réussite du terrain qui prend d’ailleurs souvent le pas à
la fiction des idées.
Dans les entreprises qui gagnent, ce sont les hommes et les organisations qui font la
différence. Lorsqu’une entreprise régresse, c’est d’abord en raison d’un défaut de
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qualité de management des responsables. Il est d’ailleurs temps de former des hommes
et des équipes efficaces.
Notes & Commentaires
Il semblerait donc inutile voire néfaste de subventionner les entreprises car c’est
l’initiative et l’innovation qui crée l’activité.
Le 4 ème constat est qu‘il faut travailler plus pour travailler tous, d’autant plus qu’en
raison de la conjonction du vieillissement de la population, le débat sera à l’heure du
report d l’âge de la retraite et à l’augmentation de la durée du travail dans certaines
périodes de la vie. L’homme ne veut pas travailler moins, il veut travailler
différemment.
Compétences et "littératie"
Quant à Pierre Vinde, ex-secrétaire Général Adjoint de L’OCDE se penche sur la
corrélation entre compétences et littératie et définit la définition de la compétence
comme suit, les compétences sont des capacités à effectuer un ensemble de tâches
précises observables et mesurables dans l’activité. Il en ajoute une notion
supplémentaire, celle de l’adaptation aux changements structurels et technologiques.
Selon une étude, 97 à 98 % de la population active est déjà en place. En 10 ans, on
remplace 20 à30 % de la population active. Il faut donc s’occuper de la majorité et
donc de ses compétences. Une autre étude menée par l’OCDE sur la capacité des
personnes à utiliser concrètement les connaissances de lecture et de calcul déjà
acquises. Cette étude appelée la "littératie", mot emprunté à l’anglais "literacy", a été
menée par 13 pays (2000 à 3000 personnes par pays).
5 niveaux de littératie ont été identifiés, 1 étant le niveau le plus faible et 5 le niveau
le plus élevé. La France a participé à cette étude mais celle-ci a refusé de faire publier
les résultats. En effet, la France se situerait dans le peloton de queue avec des
résultats entre 65 à 75 % de la population française ne dépassant pas le niveau 2.
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Pierre Vinde avance
que le système éducatif français est plus porté sur le
philosophique que sur le concret et sur la pratique. Il faut soutenir et renforcer sa
littératie en l’utilisant quotidiennement. Il semble donc que pour affronter les
changements rapides de nos économies et de nos sociétés, l’ensemble des acteurs
sociaux devraient mobiliser auprès de la population adulte le goût d’apprendre et de
s’instruire pour pouvoir progresser et pas seulement pour obtenir un diplôme.
Notes & Commentaires
Le défi français
Michel Crozier, chercheur et professeur de Sociologie exprime son intervention autour
de ce qu’il appelle le défi français, car malgré les idées reçues la population française
n’est pas bien formée et qualitativement apte à être efficace dans un monde qui est
en changement accéléré. Sa vision corrobore les propos de Pierre Vinde et Michel
Godet.
Pour lui, l’école est d’un bon niveau, elle apporte beaucoup de connaissances mais pas
la façon de s’en servir et de les entretenir. Le défi de demain repose sur cette
capacité à mettre en œuvre ce que l’on sait et à s’adapter à ce qu’il vient. Il faudra
aussi nous défendre contre notre complexe malthusien pour ne pas prendre du retard.
La réforme de notre devenir est de sortir d’une société de diplôme pour s’orienter vers
une société de compétences. Etre centré sur les compétences, c’est établir une
relation plus étroite entre les parties, être plus proches des réalités. Les compétences
se mesurent sur le terrain, cela suppose une part d’arbitraire et accepter les
différences et que ceux qui réussissent mieux, soient reconnus et récompensés.
Cela sous-entend que les responsables sont formés. Le passage à la société de
compétences commence par une révolution du management. Le vieux système sur
lequel nous vivons est à bout de souffle. La capacité de coopération tend à devenir
plus importante que l’ordre hiérarchique. Cela veut dire que les comités de direction
ne se protégeront plus par la possession du diplôme.
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Les entreprises doivent se rendre compte de leurs responsabilités car elles sont aux
prises avec la réalité et doivent être les déclencheurs si elle ne la fait pas, l’éducation
nationale ne s’y soumettra pas.
Notes & Commentaires
La collaboration a commencé mais il faut la redoubler. C’est ce que Michel Crozier
appelle le grand dessein et celui ci doit agir sur les modalités d’évaluation et sur les
comportements.
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