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RESUME
CREATIVITE ET INNOVATION DANS LES TERRITOIRES
Rapport de Michel Godet, Philippe Durance et Marc Mousli
Nous sommes à l’aube d’une troisième vague d’innovations dans un monde où émergent de nouveaux
producteurs. Il faut continuer à innover, non seulement dans les high tech mais aussi dans les
organisations, la gouvernance, la formation et le management. C’est la créativité dans les usages des
technologies qui démultipliera l’innovation et assurera l’avenir des entreprises.
Ce rapport s’appuie sur les réflexions d’un groupe de travail commun au Conseil d’analyse
économique, à la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l'attractivité
régionale et à l’Académie des technologies. Il montre qu’en symbiose avec une économie de la
production à vocation exportatrice, tirée par les pôles de compétitivité, il faut aussi développer une
économie présentielle, avec des « pôles d’attractivité et de qualité de vie ». S’appuyant sur de
nombreux exemples, ce rapport veut faire connaître les nouvelles formes d’innovation de toute nature
qui contribuent aux deux dimensions du développement des territoires : compétitivité et attractivité.
Vingt-cinq contributions originales complètent le rapport dont elles explicitent et illustrent les
principaux messages.
Ce rapport a été présenté à Monsieur Michel Mercier, Ministre de l'Espace rural et de l'Aménagement
du territoire, le mardi 18 mai 2010. La présente lettre, publiée sous la responsabilité de la cellule
permanente, en reprend les principales conclusions.
1/ Créativité et innovation
Le groupe a montré l’importance de l’innovation non technologique, en complément ou en appui à
l’innovation high-tech. En effet, à l’origine des trois-quarts des innovations des entreprises, on ne
trouve pas la science pure, mais les clients, les fournisseurs et les salariés. Le high-tech doit s’appuyer
sur des innovations dans les organisations, la gouvernance, la formation, le management. À niveau
technique comparable, c’est la créativité dans les usages des technologies qui démultiplie l’innovation
et fait la différence entre les entreprises.
Pour développer et aider à bon escient l’innovation, il est indispensable de clarifier les notions de
recherche, de découverte, de connaissance, de technologie et de technique, d’invention, de
développement, d’innovation, de développement économique territorial. Le rapport fournit les
éléments de cette clarification. Il cherche aussi à faire connaître les bonnes pratiques, les initiatives
performantes, afin d’en permettre la diffusion, la mutualisation lorsque c’est possible, et le débat
public en toute hypothèse.
1 Les cas d’innovations originaux relevés dans des territoires comme Saint-Bonnet-le-Froid ou
Ploufragan, des opérations comme ARDAN1, trouvent leur origine dans une crise ou des difficultés
qui semblaient au départ impossibles à surmonter. Des hommes ont su trouver des solutions
innovantes, et surtout les porter dans la durée : de 15 à 30 ans dans ces deux cas. Un temps long qui
transcende les échéances politiques, forcément à plus court terme.
Ces exemples et d’autres montrent que la France doit jouer sur plusieurs tableaux. Elle mène, avec les
pôles de compétitivité, une politique ambitieuse pour disposer d’une industrie high tech puissante.
Mais la production exportée hors d’un territoire ne procure que 20% à 25% des revenus de ce
territoire. Le reste repose sur une économie présentielle dans laquelle il faut aussi innover, que ce soit
dans les domaines du management, du commerce, de l’organisation des services publics et des
services à la personne, afin améliorer encore l’un des principaux atouts de notre pays : une qualité de
la vie que lui reconnaissent tous nos voisins Européens et les étrangers qui viennent y séjourner, voire
s’y installer.
Le rapport examine aussi la notion de créativité, capacité à imaginer, rapprocher et associer des idées
parfois très différentes, et à organiser de façon nouvelle des concepts existants. Il montre comment on
peut l’encourager au cours de la formation initiale des jeunes à travers des enseignements moins
magistraux, et comment les territoires peuvent la stimuler ou pour le moins lui offrir un terrain
favorable, en sachant que :
‐
La créativité a un lien étroit avec l’art et la culture générale, même lorsque les préoccupations
sont techniques et économiques. Tous les arts sont des tremplins pour la créativité.
1
Action régionale pour le développement d’activités nouvelles.
2 ‐
La créativité a un besoin vital de tolérance, de la part de la société civile autant que de celle
des institutions. La transgression lui est consubstantielle.
‐
La culture, la sociabilité, les occasions de rencontre et d’émulation pèsent plus que les
traditions autochtones et que les aménités naturelles pour développer la créativité – même si
celles-ci fournissent un contexte qui peut être favorable.
‐
La créativité dans un territoire repose sur sa capacité d’attirer les talents, ce qui suppose une
atmosphère de liberté et de tolérance, allant de pair avec une offre abondante de biens
culturels et de lieux d’échanges.
‐
Pour concrétiser les idées et les innovations, il est nécessaire de favoriser des financements
facilités par la présence de « Business Angels » privés ou du tiers secteur, ainsi que l’accès
aux ressources publiques des universités ou des centres de recherche.
2/ Enjeux de l’innovation pour les territoires
Il n’y a pas de modèle universel de l’innovation, mais seulement des enchaînements contingents de
processus et de conditions, vertueux ou non suivant le contexte et les territoires. Les territoires
gagnants du futur sont ceux qui seront capables de développer harmonieusement à la fois des pôles de
compétitivité et des pôles de qualité de vie. La qualité des lieux de vie est une condition favorable au
développement de la compétitivité. Elle suppose des efforts soutenus de la collectivité en faveur de la
culture, du cadre de vie, des établissements d’enseignement, de la sécurité des biens et des personnes,
de la richesse de la vie sociale et associative, ainsi qu’un bon fonctionnement des services publics.
Les fortes inégalités de coût de la vie, provoquées notamment par les difficultés de logement et de
transport dans certaines métropoles, à commencer par Paris, militent en faveur d’une différenciation
des revenus en fonction de ces données : l’on pourrait ainsi rendre certains territoires peu denses plus
attractifs pour les entreprises et, inversement, limiter la fuite des retraités et des familles franciliennes
avec enfants vers la province.
Au niveau national, l’innovation est surtout associée aux technologies de pointe, et celles-ci ne doivent
pas être négligées, mais les enjeux sont aujourd’hui aussi ceux du développement durable :
environnementaux, sociaux, économique et politiques. La France doit donc innover de façon
singulière, voire unique, dans des domaines où elle dispose d’atouts incontestables relevant de la
« qualité de la vie ». Et ce d’autant que le développement durable offre des opportunités pour les
entreprises et les collectivités locales, pour les green tech, le recyclage ou les économies d’énergie,
mais aussi parce que l’exigence de traçabilité va pousser à réhabiliter la proximité, à raccourcir les
chaînes du producteur au consommateur et à favoriser le retour à des productions plus locales. Cette
traçabilité est plus importante qu’il n’y paraît, puisqu’elle peut éviter une application maximaliste et
brutale du principe de précaution, qui risquerait de freiner sérieusement l’innovation.
La dimension sociale demande que la mixité des populations, l’intégration des immigrés et l’éducation
des jeunes en difficulté trouvent des solutions innovantes, parfois expérimentées dans des pays
voisins. Et les problèmes posés par le vieillissement de la population européenne seraient résolus plus
facilement si ces solutions innovantes étaient rapidement déployées.
3 La dimension économique comprend l’usage de ressources rares, mais aussi l’instabilité d’un modèle
de croissance reposant trop sur l’endettement. Une vision optimiste de la situation est de considérer
que ces contraintes, et notamment celle de la maîtrise des dépenses publiques, obligent les
administrations nationale et territoriale, tout comme les entreprises, à innover.
3/ Innovation et compétitivité des entreprises
La clé de la réussite des innovations dans les entreprises tient dans la capacité des dirigeants à adapter
leur management et leur organisation aux évolutions technologiques. Sans cet effort, les méthodes
nouvelles se heurtent à la culture ancienne et dégradent les relations sociales et humaines. Pour adapter
finement les organisations de travail à la nécessaire élévation des qualifications et faciliter les
apprentissages individuels, les communautés de pratiques et d’échange de connaissances, internes à
l’entreprise ou largement ouvertes, existent dans certains secteurs comme l’informatique, à l’exemple
du grand mouvement informel qui s’est créé autour de Linux. De nombreuses entreprises s’inspirent
de ces modèles de communautés. Naguère conditionné par la proximité des participants, leur
fonctionnement est aujourd’hui considérablement facilité et accéléré par Internet.
Un autre pilier de l’innovation, développé dans de nombreuses entreprises sur le modèle de Toyota, est
l’innovation participative, complément de l’innovation institutionnelle. Aujourd’hui, de nombreuses
entreprises industrielles se sont appropriées ces méthodes. Dans le secteur des services, le rapport cite
entre autres un exemple moins courant que dans l’industrie, mais intéressant, de démarche
participative dans l’hôtellerie.
Certaines entreprises n’hésitent pas à solliciter leurs clients pour améliorer ou orienter la production de
leurs produits. Le rapport évoque les pratiques de développement de logiciels en version « bêta » ainsi
que le parti qu’a su tirer Lego, le grand fabricant danois de jouets, de la créativité sans limite de ses
clients.
Les innovations organisationnelles portent aussi sur les structures juridiques des entreprises. Des
formes d’organisation originales permettent de renforcer le lien social et la confiance que les
structures trop hiérarchiques ne parviennent pas à établir. L’un des exemples emblématiques est celui
des Sociétés coopératives de production (SCOP). Elles ne représentent certes que 0,2% de l’emploi
marchand, mais en cinq ans leur nombre a augmenté de 23% et l’effectif de leurs salariés de 14%.
Deux autres statuts d’entreprise complètent la gamme d’entreprises alternatives : les Sociétés
coopératives d’intérêt collectif (SCIC) qui permettent d’associer salariés, bénévoles, usagers,
collectivités publiques, entreprises, associations et particuliers et les Coopératives d’activité et
d’emploi (CAE) qui offrent un cadre économique, juridique et social à la fois protecteur et stimulant
aux créateurs d’entreprises.
Le rapport s’intéresse également à deux innovations de rupture partant d’un même constat : dans des
sociétés ayant le souci du développement durable, l’avenir est à l’usage plus qu’à la possession. Pour
des raisons à la fois économiques et écologiques, il faut creuser les pistes ouvertes par l’économie
quaternaire, dans laquelle on cherche à satisfaire les besoins des consommateurs en optimisant grâce
aux TIC la mise à disposition de biens ou de personnes, et par l’économie de fonctionnalité, qui
privilégie l’usage de biens par des clients qui n’ont pas à les acheter, depuis le vélo en libre service
jusqu’à l’utilisation par des transporteurs de pneus payés au kilomètre parcouru, en passant par les
4 contrats de mise à disposition avec entretien et fourniture automatique des intrants, dans divers
secteurs économiques.
Le rapport montre aussi ce que pourrait gagner l’industrie touristique de notre pays en utilisant mieux
les technologies avancées (TIC, GPS, présence dans les systèmes de géolocalisation), et en innovant
pour améliorer sensiblement la qualité de l’accueil, talon d’Achille du tourisme français. Ce faisant,
les territoires peuvent être deux fois gagnants car l’attractivité du territoire pour les touristes vaut
également pour les retraités, les résidants secondaires et les professionnels, en particulier les créateurs
d’entreprise.
4/ Les territoires comme écosystèmes de l’innovation
Dans le débat sur le meilleur modèle de l’innovation, concentrée dans les grandes métropoles ou
répartie dans des « districts industriels » de différentes tailles, le rapport montre que la seconde
formule est plus immédiatement à portée de nombreux territoires ayant déjà une histoire et des
hommes dont la créativité et l’ingéniosité sont décuplées par la volonté de développer leur « petit
pays ». Même s’ils n’ont pas les moyens de créer des industries à vocation internationale, ils sont
souvent dotés de savoir-faire techniques très anciens et d’entreprises capables d’évoluer rapidement et
de travailler ensemble. Des stratégies de territoires innovantes, illustrées par d’astucieuses
labellisations de type « appellation d’origine contrôlée » (AOC), permettent un développement
endogène que peuvent soutenir efficacement des institutions publiques, privées ou consulaires
géographiquement proches et partageant les mêmes valeurs.
La politique des pôles de compétitivité, lancée en 2005, a stimulé l’innovation industrielle par le
décloisonnement du système productif sur une base territoriale. La formule de financement public des
pôles a constitué une véritable innovation administrative, en aidant les projets plutôt que les structures,
et en réussissant à mettre en place un «guichet unique » (le « fonds unique interministériel »).
Dans le même esprit de rapprochement des capacités de recherche et d’innovation, l’État a créé les
Instituts Carnot, présents dans de nombreux territoires, qui labellisent les centres de recherche de
qualité entretenant des partenariats avec les PMI et leur donnent des moyens financiers en fonction de
leurs projets communs.
Des gisements d’innovations existent aussi dans le domaine de la santé. Face au vieillissement de la
population, qui modifie les besoins sanitaires et sociaux, de nouvelles formes d’organisation peuvent
éviter ou pallier la désertification médicale. Les idées existent : réseaux territoriaux de santé, maisons
pluridisciplinaires, télémédecine, mais il est indispensable d’innover rapidement et efficacement dans
les méthodes d’implémentation et de management de ces organisations, d’autant plus indispensables
qu’elles répondent à la fois aux aspirations des jeunes professionnels, aux besoins des populations et
au souci de bonne gestion des pouvoirs publics.
L'innovation dans les méthodes pédagogiques et dans l’ingénierie de la formation existe, elle aussi,
dans les territoires, à l’état embryonnaire, et elle ne demande qu’à se développer. Entreprises et
formateurs partagent des plateformes technologiques et réalisent ensemble de nombreuses expériences
originales qui méritent d’être évaluées, diffusées et encouragées.
5/ Des territoires stratèges, innovants, créatifs ?
Le rapport montre combien sont liées l’économie productive et l’économie résidentielle, et
l’importance de ne sacrifier aucune des deux, sous peine de pénaliser l’autre. De nombreux territoires
5 ont des revenus élevés grâce à la qualité de vie qu’ils offrent et à l’attrait qu’ils exercent sur les
bénéficiaires de notre système de redistribution. Ce sont ces territoires qui bénéficient aujourd’hui, de
plus en plus, des migrations d’actifs – notamment de cadres et de professions intellectuelles –
facilitées par les progrès des transports à grande vitesse et à coût modéré et par les performances des
communications (outils mobiles, internet à haut débit, etc.). On commence même à y constater une
inversion conceptuelle étonnante : le revenu, output final du processus de création de richesses dans
les théories économiques traditionnelles, devient un input dont dépend en fait le PIB régional.
Autrement dit, grâce aux qualités « résidentielles » de ces territoires, les performances
« exportatrices » y progressent plus que dans des territoires traditionnellement « producteurs ».
Le coût de la vie pose un problème particulier d’aménagement du territoire : sa faiblesse est une force
pour certains territoires, rendus attractifs pour certaines industries recherchant les coûts les plus bas, et
son niveau élevé pose problème dans les territoires très attractifs, dont les prix montent trop pour les
ménages modestes, voire les classes moyennes. On pourrait envisager que ces écarts de coûts se
reflètent dans les revenus, qui pourraient varier, à qualification égale, selon les lieux. Ce qui
améliorerait le marché de l’emploi et celui du logement dans les deux types de territoires.
6/ Des recommandations pour l’action
Partant de ces constats, les auteurs formulent neuf recommandations pour l’action, qui s’adressent aux
pouvoirs publics et aux acteurs locaux :
Neuf recommandations pour l’action
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
Organiser la contagion des initiatives et des expérimentations dans les territoires
Organiser un désordre créateur : désigner chaque fois que nécessaire un « souspréfet à l’expérimentation »
Développer l’innovation participative, coproductrice d’efficacité et de lien
Étudier et expérimenter le revenu minimum territorialisé
Inciter à la mobilité professionnelle
Transformer tout ou partie du crédit d’impôt recherche en crédit d’impôt innovation
Refonder l’organisation par pays, en encourageant ceux qui ont de vrais projets et
une dynamique, en les laissant libres de s’organiser à leur guise
Créer un baromètre des innovations et développer un système d’évaluation de la
responsabilité sociale de l’innovation (RSI)
Renforcer les liens et les partenariats entre les formations générales, techniques et
professionnelles et les entreprises
7/ commentaire
Pierre Dartout, délégué à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale, partage la ligne
directrice du rapport qui place le territoire au cœur du processus d’innovation. Il partage l’opinion que
les territoires gagnants du futur sont ceux qui parviendront à développer harmonieusement à la fois des
pôles de compétitivité et des pôles de qualité de vie. Il souhaiterait que cette dernière notion de « pôle
de qualité de vie » soit plus développée dans le rapport. Il partage l’idée qu’il n’y a pas un modèle
universel de l’innovation mais plutôt une atmosphère « génératrice d’activités » à la Marshall.
Il demeure plus circonspect sur l’idée d’un soutien tous azimut » à l’innovation, source de dispersion
des moyens publics. Par contre, il encourage il apprécie l’idée de développement d’indicateurs
6 territorialisés qui permettraient d’analyser des logiques d’innovation différentes. Il évoque le cas de la
région Midi-Pyrénées à forte intensité technologique et de la région Bretagne également bien classée
en termes d’activités d’innovation, mais reposant plus sur des structures de gouvernance efficaces,
plusieurs pôles de développement et un attachement culturel des habitants à leur région
particulièrement marqué. Il conclue en rappelant le rôle des métropoles qui doivent demeurer
attractives car leur polarisation et densité de réseaux offrent alors les conditions propices à
l’innovation.
Michel Didier s’intéresse à l’apport du concept de créativité et son lien avec celui d’innovation. La
créativité serait-elle finalement l’aptitude à avoir des projets? L’innovation suppose de son côté
l’existence d’effets externes : non seulement elle crée de la valeur dans des activités entrepreneuriales
directes, mais elle apporte également à l’ensemble de l’économie un supplément de valeur par effet
externe. Cela est particulièrement vrai pour les innovations techniques. Cette distinction n’est pas
négligeable pour définir la légitimité du champs d’un crédit d’impôt recherche que le rapport propose
d’élargir. Le concept de créativité permet également de revisiter les conditions et les facteurs de
développement endogène des territoires. Michel Didier prend cependant quelques distances avec l’idée
que les infrastructures pèseraient peu dans le développement des territoires, ou celle que les processus
de type bottom-up des communautés de pratiques et des équipes de projets seraient plus féconds que
les approches top-down du modèle classique de R et D. Michel Didier regrette que le rapport
privilégie la force des nombreux exemples cités à la mobilisation d’évaluations empiriques de
l’efficacité économique des arguments donnés. Il aurait apprécié que le rapport s’intéresse plus à la
réforme de l’organisation territoriale actuellement à l’étude et sur laquelle les économistes pourrait
proposer des critères de délimitation optimale des territoires, de leur organisation et de leur
gouvernance du point de vue de la croissance et de l’emploi.
Christian Saint-Etienne reproche au rapport de ne pas assez tenir compte des enseignements de la
nouvelle économie géographique qui s’intéresse aux facteurs influençant le développement des
territoires. Il considère que les métropoles sont des lieux de créations de toute nature (économique,
culturelle, sociale,…) et qu’elles servent de locomotive aux autres territoires ; il trouve que le rapport
fait la part trop belle aux territoires « périphériques » en fort développement, qui ne contribuent pas
tant à l’amélioration de la compétitivité française. Par contre, quand les métropoles perdent leurs
retraités et leurs « manipulateurs de symboles », cela réduit d’autant leur potentiel dans une économie
mondialisée. Il apprécie tout particulièrement plusieurs des contributions annexées au rapport. En
particulier, il adhère à l’idée que nous sommes face à de nouvelles révolutions technologiques comme
les biotechnologies et celles des « cleantech » que nous risquons de laisser passer comme ce fut le cas
pour celle de la révolution numérique. Il pense également qu’au-delà de la recherche il faut
s’intéresser à l’étape du développement. Cette fonction ne peut être portée que par des innovateursentrepreneurs capables de maîtriser à la fois les savoirs et les savoir-faire empiriques permettant
d’optimiser la production et le service rendu au client final. 7