Au bon petit Charles
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Au bon petit Charles
cité de la musique François Gautier, président Brigitte Marger, directeur général Le spectacle Au bon petit Charles, présenté en septembre dernier en avant-première au festival Les Méditerranéennes de Céret (près de Perpignan), entame sa carrière parisienne à la cité de la musique. Nouvelle exploitation du patrimoine, conçu par Serge Hureau, co-mis en scène avec Elisabeth Chailloux, co-mis en musique avec Montferrat, Michel Risse et Pierre Sauvageot, ce spectacle plonge, avec respect et insolence, dans l’œuvre somme toute mal connue de Charles Trenet. Un parcours de quinze chansons choisies dans les débuts et les heures creuses du chanteur, pour leur étrangeté et leur secrète poésie musicale, ou leurs accents méditerranéens. Au bon petit Charles sera repris au Théâtre de l’Européen, du 12 mars au 26 avril 1998. mercredi 4, jeudi 5, vendredi 6, samedi 7 mars - 20h dimanche 8 mars - 15h / amphithéâtre du musée au bon petit Charles Je chante (paroles et musique de Charles Trenet, 1937) Le petit pensionnaire (paroles et musique de Charles Trenet, 1935) Le Roi Dagobert (paroles de Charles Trenet, musique de Charles Trenet et André Cadou, 1949) Au clair de la lune (paroles de Charles Trenet, musique de Charles Trenet sur un thème de Lulli, 1946) Au bal de la nuit (paroles et musique de Charles Trenet, 1970) L’abbé à l’harmonium (paroles et musique de Charles Trenet, 1971) Le petit oiseau (paroles et musique de Charles Trenet, 1934) La marche des jeunes (paroles et musique de Charles Trenet, 1942) Quand j’étais p’tit, je vous aimais... (paroles et musique de Charles Trenet, 1939) L’oiseau des vacances (paroles et musique de Charles Trenet, 1970) Pot pourri avec : La La La La tarentelle de Caruso (paroles et musique de Charles Trenet, 1966) jolie sardane (paroles et musique de Charles Trenet, 1952) polka du roi (paroles et musique de Charles Trenet, 1937) tarasque (traditionnel occitan) Le Noël des enfants noirs (paroles et musique de Charles Trenet, 1956) Les petits punis (paroles de Charles Trenet, musique de Johnny Hess, 1934) Papa pique et maman coud (paroles et musique de Charles Trenet, exergue de Jean Cocteau, 1940) La folle complainte (paroles et musique de Charles Trenet, 1945) Renaud - Renaud (paroles et musique de Charles Trenet, 1971) Toutes les chansons appartiennent au catalogue des Editions Raoul Breton, à l’exception de La marche des jeunes (Breton et Semi), La tarentelle de Caruso (Breton et Warner), Les petits punis (Charles et Johnny) et La folle complainte (Salabert). Serge Hureau, chant Montferrat, pieds et grelots, banjo, banjo préparé, guitare de voyage, accordéon de poche, voix, violon, tambour, guitare électrique, mandoline, moulin à paroles, tamora Michel Risse, pieds et grelots, chaises, tricotis, batteur, tapettes à mouches, batterie, derbouka, plateau-repas, voix, mélodica, castagnettes, guitare barbie, glockenspiel, piano, harmonica chromatique, transistor, nécessaire de plage, sifflet, tambour de basque, clavier d’épaule, boîte à rythmes, dés à coudre, crotales, moulin à café, guitare de voyage Pierre Sauvageot, grelots, sifflets, cloche, trompette, saxhorn baryton, voix, plateau-repas, piwana, maracas, clavier d’épaule, sucette à coulisse, boîte à musique, bombe super boum, vielle à roue, flûte à bec soprano, mélodion Serge Hureau, Elisabeth Chailloux, mise en scène Jean Grison, décor et création lumières Dorian Masset, accessoires et costumes Carlos Villalon, maquillage Héléna Rubinstein Giuseppe Scoccimaro, coiffure Moisant spectacle sans entracte, durée : 1 heure 20 coproduction cité de la musique, Sédiment et Azimuth avec le soutien de France Inter, Télérama, l’Adami, l’OARA et la Municipalité de Céret Au bon petit Charles Extraits Je chante Je chante ! Je chante soir et matin, Je chante sur mon chemin, Je chante, je vais de ferme en château Je chante pour du pain je chante pour de l’eau Je couche Sur l’herbe tendre des bois Les mouches Ne me piqu’nt pas Je suis heureux, j’ai tout et j’ai rien Je chante sur mon chemin (...) Au poste, D’autres moustaches m’ont dit, Au poste, « Ah ! mon ami, C’est vous le chanteur vagabond ? On va vous enfermer... oui, votre compte [est bon. » Ficelle, Tu m’as sauvé de la vie, Ficelle, sois donc bénie Car, grâce à toi, j’ai rendu l’esprit, Je me suis pendu cette nuit... et depuis... (...) Je chante. Et le pion, ce monstre noir Comme un gendarme Il m’suit des yeux La vie pour moi n’a plus de charme Dans le vacarme Des heur’s de jeu Souvent je vers’ plus d’une larme J’m’endors en pensant à ma mère, Et à mon gros chien que j’aim’ tant, Je suis le petit pensionnaire, Qu’on vient d’enfermer pour longtemps. Les haricots du réfectoire Sont tous obligatoires Et les patat’s et les navets Sont à vous fair’ crever... Il faut manger un sal’ potage Où les mouches surnagent Alors comme je n’veux pas encor’ mourir Je mang’ les mouch’s pour me nourrir. J’n’ai pas de camarade Je suis tout seul Et quand je suis malade Il faut qu’j’en fass’ mon deuil. (...) Le Roi Dagobert Le petit pensionnaire (...) Je suis le petit pensionnaire Qui rentr’ au bahut l’dimanch’ soir Après un seul jour éphémère De grand bonheur et d’espoir Après les minutes exquises Il faut retrouver le dortoir La veilleuse bleue La nuit grise Le bon Roi Dagobert A mis sa culotte à l’envers Mais ce qu’on n’sait pas, C’est que ce Roi-là Eut d’autres aventures Plus belles je vous l’jure (...) Le bon Roi Dagobert Chantait les chansons à l’envers Sur les routes de France Mille et une romances notes de programme |3 Au bon petit Charles Jaillissaient de lui, Fraîches comme la pluie Les oiseaux étonnés Le prenaient pour Charles Trenet Il peignait des tableaux Qu’il était seul à trouver beaux ! Fixant sur la toile la lueur des étoiles, De ses paysages Des chevaux sauvages Parfois même s’échappaient, Le Roi savait les rattraper (...) Quand j’étais p’tit je vous aimais... (...) Quand j’étais p’tit je vous aimais sans rien [vous dire Mais à présent dans ma chanson vous [trouverez Tous les aveux, les souvenirs Et tous les rêves qui soupirent Tous les projets, tous les serments, tous les [romans, Toutes les joies, tous les désirs, toutes les [larmes La jalousie, les cris, les pleurs et les baisers Quand j’étais p’tit j’ai pas osé Mais aujourd’hui y a plus d’gendarmes... On peut s’aimer à la folie On n’est plus p’tit ! avec l’aimable autorisation des © Editions Raoul Breton 4 |cité de la musique La folle complainte Les jours de repassage Dans la maison qui dort La bonne n’est pas sage Mais on la garde encor’ On l’a trouvée hier soir Derrière la port’ de bois Avec une passoire Se donnant de la joie La barbe de grand-père A tout remis en ordre Mais la bonne en colère A bien failli le mordre Il pleut sur les ardoises Il pleut sur la basse-cour Il pleut sur les framboises Il pleut sur mon amour Je me cach’ sous la table Le chat me griffe un peu Ce tigre est indomptable Et joue avec le feu Les pantoufles de grand-mère Seront mortes avant la nuit Dormons dans ma chaumière Dormez dormons sans bruit Berceau berçant des violes Un ange s’est caché Dans le placard aux fioles Où l’on me tient couché Remède pour le rhume Remède pour le cœur Remède pour la brume Remède pour le malheur (...) avec l’aimable autorisation des © Editions Salabert Au bon petit Charles Au bon petit Charles... Ça sonne comme l’enseigne d’un pensionnat ou d’un orphelinat, vous savez ces sortes d’asiles, l’enfer anathème des enfants récalcitrants ou malchanceux, la case prison du jeu de l’oie. Au bon petit Charles... Ça sonne comme la belle jardinière, là où, dans les années cinquante, on m’achetait des blasers et des pantalons de velours. Sur des kilomètres de rayons des uniformes de bonnes sœurs à cornette s’étalaient, suspendus à leur cintre. Au bon petit Charles... Ça sonne comme le « bon petit diable » avec sa mère Macmiche qui flanque des fessées qui font même pas mal, parce qu’on s’est collé dans la culotte des pièces de cuir comme celles qu’on cousait aux genoux de mes premières culottes longues achetées au magasin que vous savez. Au bon petit Charles... Ça sonne comme aux innocents les mains pleines, le paradoxe des enfants que les grands, en somme, voient si petits, et que les petits voient si grands. Comme leur grandeur ou petitesse insoupçonnées. Comme leur résistance au rouleau compresseur, méchante machine à normer, à traiter la singularité, trancher ce qui dépasse et inquiète l’ordinaire. Résistance à tout ça avec l’arme du masque, de la banane, du sourire accroché aux oreilles, histoire, comme dans « L’homme qui rit », de cacher sa blessure. Au bon petit Charles... l’aura-t-on compris déjà, sonne pour moi comme les galeries secrètes de Charles Trenet, les charmes de ce magicien. Au bon petit Charles... se présentera comme une chasse à Trenet enfant à laquelle je convierai le public. Poursuite aimante va sans dire, à la rescousse d’un petit fou évadé de la prison d’une maison trop chaude notes de programme |5 Au bon petit Charles ou trop froide, hantée tantôt par le Diable tantôt par le Bon Dieu. Parce qu’en somme, on est fait comme ça, nous les grands enfants ou vieux garçons, selon les jours. Derrière nos rires, on voit perler le désespoir, derrière nos pleurs briller le nez rouge des clowns. Pour moi, Trenet a toujours été Jean-qui-rit-Jean-qui-pleure à un rythme si rapide qu’on ne sait plus sur quel pied danser pour le suivre. Le Roi de la douche écossaise, celui qui répond le mieux à l’injonction de Cocteau, si surprenant que toujours il s’évade, prend l’air... l’air de France bien sûr. Trenet épouse la France, pour le pire et le meilleur de son histoire, prend son pli pour vous le renvoyer en miroir. Car, n’en déplaise aux belles âmes, le bon petit Charles qui se rêve éternel vagabond, est en fait l’ange et le voyou qui, sous les traits d’un facteur lourd de messages, nous rappellent en toute innocence, les diaboliques penchants qui nous rassemblent, le tragicomique de situation de notre enfermante nostalgie de l’enfance. Serge Hureau 6 |cité de la musique Au bon petit Charles une salle d’opération, trois hommes masqués, un fou qui chante Respecter une œuvre, ce n’est pas tenter de la « restaurer », ou de l’imiter ; c’est d’abord chercher à connaître ce qui l’a provoquée. Passé l’attendrissement amusé qu’on éprouve en réécoutant ces chansons, que reste-t-il lorsqu’on les débarrasse de leurs costumes zazou et de leur swing sautillant ? Depuis Gueules de Piaf, l’expérience de notre « orchestre de compositeurs » nous a appris qu’on peut faire avouer bien des choses aux chansons - au besoin sous la torture. Au lieu de les rhabiller d’un cache- poussière « moderne », on doit remonter aux sources même de leur naissance, et les doter des outils et ustensiles que leurs créateurs n’avaient peut-être pas sous la main. Nous les avons donc d’abord démontées, déshabillées, écorchées (c’est assez salissant) pour en mieux connaître les entrailles, avant de les opérer et de les recoudre, avec au passage quelques transplantations d’organes. Sous les rythmes importés du jazz ont surgi des danses et des traditions populaires de France et d’ailleurs ; les mélodies légères ont révélé des comptines, des chants de travail, ou des cantiques. Dans l’asile du bon petit Charles, il y a, derrière le « fou chantant », un orchestre de docteurs (ou de diables). Leur abondant instrumentarium hétéroclite n’est pas là simplement pour meubler ou faire rire (et tant mieux s’il fait rire). Il sert avant tout à faire de la musique - non à jouer des instruments. Sans doute une façon un peu plus chirurgicale, inquiétante et curative de faire de la « variété ». Montferrat Michel Risse Pierre Sauvageot notes de programme |7 Au bon petit Charles biographies Serge Hureau Metteur en scène et chanteur, il est l’interprète et le créateur des spectacles musicaux Les Habits du dimanche sur le monde des cantiques (1983), Yasmina ou l’oriental incognito autour de l’orientalisme (1987), Le tour de chant acidulé sur le répertoire enfantin et gourmand (1988), Chansons de Paname à Roma (1989) et Gueules de Piaf (1993) sur les faces B de la chanteuse célèbre. Il est aussi directeur du Hall de la Chanson depuis 1990, un centre national de la chanson et des variétés pour lequel il a créé Si Béranger m’était chanté (1990), C’est relâche (1991), La Marche à l’Etoile (1992), Tableaux de Service (1992) ainsi que des spectacles en bus (Les stations de Piaf, 1992 ; La Tournée des Grands Ducs, 1994). Il a écrit 8 |cité de la musique les scénarios des productions multimédia du Hall de la Chanson : Le Bastringue 50, Les Conquêtes de Piaf et La Chanson du Film (coproduites avec l’Institut National de l’Audiovisuel). Elisabeth Chailloux a été comédienne avec Jérôme Savary, Hans Peter Cloos, Ariane Mnouchkine, Bernard Sobel... En 1982, elle est nommée à la direction du Théâtre des Quartiers d’Ivry, et en 1984, elle crée, avec Adel Hakim, le Théâtre de la Balance. Elle met en scène, notamment, La Surprise de l’amour de Marivaux, Les Fruits d’or de Nathalie Sarraute, La Ménagerie de verre de Tennessee Williams... Montferrat Originaire du Var, il étudie le violon, la guitare et la musicologie. Il compose pour la chanson, le théâtre, la danse ou le cinéma. Il multiplie les expériences les plus variées dans le domaine du spectacle : on le voit tour à tour cofondateur de troupe théâtrale, animateur radio, organisateur de concerts, administrateur de chœur, ou encore chargé de toutes sortes de missions. On dit que Montferrat serait le nom de son village d’enfance. Il se murmure même qu’il enregistrerait des disques de chansons sous son vrai nom. Michel Risse Michel Risse a d’abord été le percussionniste de dizaines de musiques de films - avec très souvent l’image ou le scénario pour seules partitions - et batteur dans des formations aussi diverses que l’orchestre de Moondog ou de Vince Taylor, les Ahuaches et Gnaouas d’Afrique du Nord, ou le Grand Orchestre Bekummernis - pour Au bon petit Charles ne citer que les plus inattendues. Compositeur, décorateur sonore, multi-instrumentiste, réalisateur et journaliste, il a également composé plusieurs « décors sonores » électroacoustiques destinés à des expositions et lieux publics (Palais de Chaillot, Musée d’Art Moderne, cité de la musique...). Il prépare actuellement un ouvrage multimédia sur la révolution du studio domestique, ainsi qu’un CD de compositions personnelles. Avec Pierre Sauvageot, il a créé le studio Décor Sonore, outil de composition et de réalisation unique en son genre. Leur appétit et leur insatiable curiosité leur font mener simultanément de très nombreux projets. Toutes ces activités complémentaires leur permettent de forger une pensée musicale cohérente et contemporaine. Pierre Sauvageot est un musicien éclectique et boulimique. Compositeur, multiinstrumentiste, chef de chœur, électroacousticien, metteur en ondes, décorateur sonore, il est avant tout un inventeur de musique. L’espace libre et la rue sont ses lieux de prédilection, les passants sont ses auditeurs privilégiés. En 1997, à l’invitation de Lieux Publics, il crée Allegro Barbaro, Orchestre « symphonique » de Ville, avec cent musiciens marseillais armés de tous les instruments ou objets qui tissent le décor sonore de la Ville : accordéons et klaxons, saxophones, bombonnes, trombones et mégaphones, guitares et pétards, trompettes, mobylettes et amplis à roulettes... Parmi les œuvres réalisées avec Michel Risse, on peut citer : Grand Mix pour Tambours du Bronx, Voix Bulgares, Orchestre Philharmonique et Antoine Hervé, Ballet Mécanique pour trains, hélicoptères, grande roue foraine et engins de chantiers, Cinématophone, fanfare électroacoustique avec la compagnie Oposito. Décor Sonore travaille également à un festival dédié à l’Art Sonore Urbain et à la Création Musicale en Espace Libre, Le Bruit qui Court. technique cité de la musique Noël Le Riche régie générale Eric Briault régie plateau Guillaume Ravet régie lumières Gérard Police régie son Azimuth Vincent Bourlhomme régie plateau Jean Grison régie lumières Jean-Christophe Bourgeois régie son notes de programme |9