Presse écrite portugaise : focus hebdomadaire (du 5 au 12 juillet

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Presse écrite portugaise : focus hebdomadaire (du 5 au 12 juillet
Presse écrite portugaise : focus hebdomadaire
(du 5 au 12 juillet 2012)
Sélection, sous forme de résumés synthétiques, de deux ou trois sujets majeurs de l’actualité (politique, économique, sociale,
culturelle) traités par les principaux titres de la presse écrite portugaise.
I – « Passos va imposer plus d’austérité au privé pour compenser le véto de la Cour
constitutionnelle. » (Une du Diario Economico du 6 juillet). « Les chefs d’entreprises sont contre
plus d’austérité pour le secteur privé. » (Une du même journal le 9 juillet). Après la décision,
annoncée le 5 juillet par ladite Cour, de déclarer illégale la suppression des 13 ème et 14ème mois
pour les seuls fonctionnaires et retraités de l’Etat, à compter de l’année 2013, l’ensemble de la
presse s’est penché sur les conséquences politiques et économiques de ce jugement.
Les deux titres en une du quotidien économique résument le dilemme qui s’impose désormais au
premier ministre Passos Coelho : comment compenser financièrement pour l’exercice budgétaire de
2013 la décision qui oblige le gouvernement à trouver un peu plus de 2 milliards d’euros
supplémentaires d’économie ou de recettes, en respectant la décision de la Cour, mais sans obérer
l’économie nationale en ne restreignant pas plus la consommation ni en augmentant les charges
fiscales sur le secteur privé ?
Si pour plusieurs analystes, comme le souligne l’éditorialiste Bruno Proença, c’est la Constitution
qui pose problème, car « trop programmatique et basée sur une idéologie de gauche dépassée
depuis les années 70 », cette décision ne va pas faciliter la tâche du gouvernement qui souhaite
ardemment la réviser mais qui, sans l’accord du groupe socialiste au Parlement, ne peut y prétendre
(ndr toute modification de la Constitution implique une majorité des deux tiers de la Chambre). Elle
complique également l’entente entre la coalition de centre droit au pouvoir et l’opposition socialiste,
cette dernière étant pour sa part divisée par cette victoire obtenue par le soutien salutaire, contre sa
volonté, de plusieurs de ses députés à la demande d’évaluation présentée en décembre 2011 par le
groupe parlementaire du Bloc de Gauche (extrême gauche) à la Cour.
Quant au monde de l’entreprise, la décision qui déclare inconstitutionnelle une mesure temporaire de
réduction des salaires du secteur public ne peut l’être pour motif de violation du principe d’égalité.
Comme l’expliquent au journal plusieurs entrepreneurs de renom, cette notion d’égalité est
discutable « quand on sait que la fonction publique est régie par des lois du travail spécifiques, que
leurs employés ne connaissent pas le chômage et que les salaires cessent d’augmenter que très
rarement. », posant ainsi la question de l’équité de traitement entre les secteurs public et privé.
D’avis unanimes exprimés par les décideurs économiques interrogés, cette décision ne doit pas avoir
pour conséquence l’augmentation des charges fiscales qui « minerait un peu plus encore la
croissance ». Il ne resterait donc plus au gouvernement qu’à envisager la suppression du 14 ème mois
pour tous les salariés. Certains n’hésitent pas à penser que ce jugement facilitera même le travail du
gouvernement qui, prétextant ne pas avoir le choix, donnera de la sorte, in fine, la possibilité aux
entreprises de baisser les salaires.
II – Interview du ministre de l’économie, Alvaro Santos Pereira (Expresso du 7 juillet).
Prenant pour prétexte le premier anniversaire du gouvernement, l’hebdomadaire interviewe le
ministre de l’économie qui fait de son action un bilan globalement positif, et balaie les critiques
faites à l’encontre de son ministère, réfutant par ailleurs l’idée qu’il aurait été déchargé de plusieurs
dossiers. Indépendant, Alvaro Santos Pereira estime que les attaques des lobbies sont une preuve de
la maîtrise des nombreuses décisions qui ont été prises et des réformes abouties jusqu’alors.
Sans surprise, les deux fléaux de l’économie portugaise sont le chômage et le manque de
financement. Le ministre explique comment il espère amoindrir ces deux problèmes majeurs.
Estimant que l’économie nationale avait atteint un niveau où elle pouvait enfin «muter », grâce aux
réformes menées qui ont mis fin à plus de 15 ans de difficultés judiciaires et législatives mais aussi
concurrentielles et bureaucratiques, il parie sur un retour de la croissance assez rapide. Il reconnait
toutefois que ce retour dépend d’un ensemble de facteurs et principalement de celui de la
conjoncture internationale.
Concernant le chômage, le ministre explique que les premières mesures prises pour lutter contre,
commencent à porter leurs fruits. Qu’il s’agisse par exemple du programme Vida Ativa qui permet à
100 000 chômeurs de suivre une formation ou de Stimulation 2012 qui propose déjà 6000 offres
d’emplois, son équipe s’engage à renforcer toutes les actions concrètes de lutte. Cependant, il ne faut
pas être étonné par la progression rapide du nombre de chômeurs qui est provoquée par une
accumulation des déficits depuis les années 90, l’endettement excessif et une aggravation du déficit
extérieur.
Pour ce qui concerne les problèmes de financement, en plus du renforcement budgétaire des lignes
de crédits mises à disposition des PME, le ministre rappelle notamment la réforme du capital de
risque public et la reprogrammation technique du QREN en un temps record.
Enfin, parmi de nombreux autres sujets abordés, Alvaro Santos Pereira n’oublie pas de mentionner
l’accord de cohésion sociale qui est la base de la dynamique réformatrice des derniers mois.
III – Une nouvelle « affaire Relvas » fait l’actualité. Diplômé en science politique de
l’université Lusophone de Lisbonne, la presse écrite et audiovisuelle a révélé en milieu de
semaine que le ministre et bras droit du chef du gouvernement avait obtenu sa licence en un
an seulement, presque uniquement grâce à des équivalences professionnelles et en ayant
fréquenté, a priori, trois cours.
Si l’ensemble de la presse relève que l’obtention du diplôme est légale, la polémique a néanmoins
fait couler beaucoup d’encre, nombre de commentateurs n’hésitant pas à pointer du doigt le discrédit
général subit par l’université portugaise avec cette nouvelle affaire de diplôme « sans valeur ». Le
parallèle avec le cas de l’ancien premier ministre José Socrates, accusé en son temps d’avoir obtenu
son diplôme d’ingénieur sans passer tous les examens, est bien évidemment souligné, alors que les
principales réactions politiques des forces de l’opposition dénonce « le comportement d’hommes
politiques sans qualité ». Pour le premier ministre Passos Coelho, ami de longue date de Miguel
Relvas, cette information n’est pas un sujet digne d’intérêt.
L’université Lusophone s’est empressée de mettre à disposition de la presse, pendant trente minutes
et sans autorisation de photographier ni photocopier les documents du dossier, parmi lesquels figure
l’avis favorable du recteur en fonction en 2006 reconnaissant que l’expérience professionnelle,
politique et associative acquise par Miguel Relvas équivalait à 160 crédits sur un total de 180. Le
Publico dans son édition du 8 juillet relève que suite au tollé médiatique provoqué par cette
révélation, l’Université a décidé de réévaluer les dossiers de 89 étudiants qui ont obtenu entre 120 et
160 crédits pour équivalence professionnelle, dont celui du ministre, précisant toutefois que, selon
l’administration, cette réévaluation était un processus normal. Pourtant, relève le journal, les
protestations nombreuses et vives de deux associations d’anciens et actuels étudiants y sont
certainement pour beaucoup.