Bulletin Hebdomadaire International N°362 22 au 28 août
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Bulletin Hebdomadaire International N°362 22 au 28 août
Département Bulletin Hebdomadaire International N°362 International 22 au 28 août 2012 Ce bulletin a pour objectif de signaler les nouveaux évènements sanitaires survenant à l’étranger et susceptibles d’avoir des implications pour les populations françaises. Il ne prétend pas fournir un relevé exhaustif de l’ensemble des alertes sanitaires internationales. Ces informations recueillies auprès de différentes sources officielles et informelles sont destinées aux partenaires de l’InVS dans le cadre du réseau de santé publique. Malgré toutes les précautions prises pour fournir des informations précises, des erreurs peuvent survenir. L’InVS ne pourra en être tenu pour responsable et il incombe au lecteur d’utiliser les données contenues dans ce tableau avec précautions. Type Situation Le 28 août 2012, 20 cas nouveaux cas de Monkey Pox (dont un décès), survenus lors de la semaine épidémiologique 31, ont été rapportés dans la province de l’Equateur en République démocratique du Congo (RDC), nord-ouest du pays (cf. carte 1). Ce qui porte le nombre de cas à 727 dont 15 décès déjà enregistrés depuis le début de l’année 2012. Les zones les plus touchées sont Ndage (107 cas/1 décès), Yambuku (106 cas/0 décès), Djolu (70 cas/0 décès) et Iboko (57 cas/1 décès). Monkey pox République démocratique du Congo Zone Carte 1 : Province de l’Equateur, RDC Contact : Département International <[email protected]> Commentaire Le Monkey Pox est une zoonose sporadique découverte en 1959. En 1970, le premier cas humain a été décrit en RDC (cf. note Monkey Pox). La létalité chez l’homme est estimée entre 1 à 10 %. Depuis les années 1970, des épidémies ont été régulièrement décrites en Afrique, notamment en RDC et en République du Congo (Brazzaville). Depuis les années 2000, le nombre d’épidémies signalées en Afrique est en augmentation (entre 20 et 300 cas / an) : l’interruption de la vaccination antivariolique qui assurait une protection croisée contre le Monkey Pox contribue très probablement à cette recrudescence du nombre de cas. Pour 2012, le nombre de cas rapporté illustre une épidémie de large ampleur. L’extension de celle-ci à l’intérieur de la RDC et à la République du Congo voisine est possible. La situation doit être suivie avec attention et notamment son éventuelle extension aux zones urbaines. Page 1/7 Type Ebola - souche Bundibugyo République démocratique du Congo Zone Situation Au 28 août, 18 cas d’Ebola (2 confirmés Ebola-Bundibugyo) dont 12 décès ont été rapportés en RDC. 16 de ces cas dont 10 décès ont été rapportés depuis juin 2012 dans les villes d’Isiro et de Dungu (situées dans le district du Haut-Uélé), et à Pawa (district du Bas-Uélé), province Orientale, en RDC (cf. BHI n°361). Par ailleurs 2 cas suspects (en cours d’investigation) ont été rapportés dans le district du Bas-Uélé, Province Orientale et dans le Territoire de Beni dans la province du Nord Kivu (cf. carte 2). Ce dernier cas a été hospitalisé le 18 août et est décédé le 20 août 2012. Carte 2: Provinces Orientale et Kivu Commentaire Une réponse conjointe du ministère de la santé congolais, de l’OMS et de MSF est en cours afin d’assurer la recherche active des cas, la surveillance, la prise en charge des cas, l’information du public et de renforcer les mesures de contrôle de ces infections. Le Global Outbreak Alert and Response Network (GOARN) prépare actuellement l’envoi d’une mission d’investigation et de réponse de l’épidémie. Les derniers cas rapportés indiquent une potentielle extension géographique d’une part dans la Province Orientale, vers le district du Bas-Uélé et d’autre part vers la province du Nord Kivu. Un risque de propagation doit être considéré du fait de la combinaison de la difficulté d’accès aux soins, des limites des systèmes de surveillance et des capacités de réponse des autorités sanitaires. Le Nord Kivu est une zone particulièrement instable, en proie à une guerre civile avec d’importants déplacements de population, à la fois des déplacements de population internes et des mouvements transfrontaliers vers les pays voisins que sont le Rwanda et l’Ouganda. Dans ce contexte, l’extension de cette épidémie constituerait alors un défi majeur en termes de prise en charge. Adapté de OCHA Contact : Département International <[email protected]> Page 2/7 Zone Type Situation Depuis le début de l’année, la Sierra Leone a rapporté 12 456 cas de choléra, dont 224 décès (taux de létalité de 1,9 %). Le rythme d’apparition des nouveaux cas s’est accéléré fortement depuis le début du mois d’août : 5 706 cas ont été recensés en août et deux nouveaux districts, Bonthe et Kono, ont été touchés. Dix des 13 districts du pays enregistrent désormais des cas. Les deux districts les plus affectés sont Western Area (proche de Freetown) et Tonkolili. Choléra Sierra Leone Carte 3 : Distribution des cas de choléra dans la région OMS-Afro, janvier–août 2012. Commentaire Le choléra est endémo-épidémique dans de nombreuses régions d’Afrique de l’’Ouest (cf. carte 3). La survenue de choléra au Sierra Leone ne constitue pas en soi un phénomène inattendu. La survenue d’épidémies de choléra est liée aux difficultés d’accès à l’eau propre et à la désorganisation des infrastructures médicales et sanitaires dans la région. La dernière épidémie de grande ampleur au Sierra Leone remonte à 1995 avec plus de 10 000 cas. En raison de l’ampleur de l’épidémie actuelle touchant la capitale et ses environs et de son caractère rapidement évolutif, la situation doit être suivie avec attention. Le risque d’exportation de cas vers les pays limitrophes (notamment Guinée) ne peut être exclu. Un afflux de patients cholériques dans des zones où la situation sanitaire est déjà précaire, peut faire craindre la survenue de nouvelles flambées épidémiques. Source WHO Afrique Contact : Département International <[email protected]> Page 3/7 Type CCHF Roumanie Zone Situation Une étude, réalisée en 2008 et publiée 2012, rapporte pour la première fois une preuve de la circulation du virus de la fièvre hémorragique de Crimée Congo (CCHF) en Roumanie. Cette étude, réalisée dans le district de Tulcea, dans le nord du territoire de la Dobroudja (qui s’étend entre le sud du Danube et la mer noire) montre que 28% des moutons avaient des IgG dirigées contre le virus du CCHF. Le réservoir du CCHF, les tiques ixodidés (principalement des Hyalomma et Amblyomna), est présent en Roumanie. L’infection à CCHF est asymptomatique chez l’animal. Commentaire La CCHF entraine chez l’homme une infection qui est le plus souvent pauci-/asymptomatique. L’infection peut cependant entraîner un tableau de fièvre hémorragique virale sévère potentiellement fatal. Dans les pays endémiques, la transmission secondaire en milieu de soins est régulièrement décrite. Des cas humain de CCHF (séropositivité CCHF et cas cliniques) sont régulièrement rapportés dans les pays frontaliers de la Roumanie et sur pratiquement tout le pourtour de la mer Noire (cf. note Epidémiologie du virus CCHF ). La découverte d’une séroprévalence chez l’animal en Roumanie témoigne d’une extension de la zone de circulation du CCHF en Europe. Carte 4 : Situation de Yap, Etats fédérés de Micronésie Dengue Etat Fédérés de Micronésie Dans les Etats fédérés de Micronésie, 188 cas de dengue ont été rapportés depuis fin juillet 2012 sur l’île de Yap (cf. carte 4). 8 patients ont été hospitalisés et aucun décès n’a été rapporté. Contact : Département International <[email protected]> Des cas sporadiques de DEN-2 avaient été rapportés à Yap en 2007. Entre octobre 2011 et avril 2012, environ 1082 cas de dengue DEN- 2 avaient été rapportés après 4 ans de non circulation (cf. BHI n°344, BHI n°322). Il semble que l’épidémie actuelle soit la continuité de l’épidémie qui avait touché l’ile de Yap entre octobre 2011 et avril 2012 même si les résultats de laboratoire n’ont pas encore confirmé le sérotype. Dans les territoires français du Pacifique, les dernières circulations du sérotype DEN-2 datent de 1971 et 1997 en Polynésie française, de 1972 et 1999 en Nouvelle Calédonie et de 1998 à Wallis et Futuna. Les populations de ces 3 territoires sont donc particulièrement susceptibles vis-à-vis du sérotype DEN-2 qui n’a pas circulé depuis des années. Page 4/7 Type Médicaments ayurvédiques USA Zone Situation Des cas d’intoxications sévères au plomb chez des femmes enceintes (6 cas) ont été identifiés à New York entre 2011 et 2012 suite à l’utilisation d’une dizaine de médicaments ayurvédiques fabriqués en Inde. Ces personnes ont été identifiées à travers le programme de dépistage de l’intoxication au plomb mené dans l’Etat de New York auprès des populations à risque. Certains de ces médicaments contenaient aussi de l’arsenic et du mercure. Ces médicaments ayurvédiques, présentés comme suppléments diététiques contiennent ces métaux lourds soit par malfaçon initiale soit intentionnellement à visée thérapeutique. La composition de ces médicaments n’est pas inscrite sur les étiquettes (cf. figure 1). Les concentrations en plomb pour certains s’élevait à 2.4%. Les femmes enceintes constituent une population particulièrement à risque du fait des effets secondaires de l’exposition au plomb pour le fœtus (petit poids de naissance, retard de développement, troubles du comportement) et des risques que le plomb représente pour la grossesse (risque d’hypertension gestationnelle et d’avortements spontanés). Certains médicaments ont été retiré de la vente et de nombreuses alertes/ informations ont été diffusées. Sur 6 de ces cas, 5 s’étaient procuré les médicaments en Inde. Commentaire De nombreux patients américains consultent des médecins ayurvédiques (env. 214 000 en 2007). Entre 2004 et 2012, une vingtaine de médicaments ayurvédiques contenant des métaux lourds ont pu être identifiés à New York été fabriqués en Inde, aux USA et en Chine. Ils ont été achetés en Inde ou aux USA. Certains produits étaient déjà connus des autorités comme contenant du plomb mais ce rapport met en évidence la contamination des femmes enceintes après leur consommation. Elles suggèrent de rechercher une intoxication au plomb chez les femmes enceintes qui déclareraient consommer de tels produits. Ces retraits de produits interviennent dans le cadre de la vente sur internet ou approvisionnement à l’étranger. La commercialisation de ces suppléments diététiques est très difficile à contrôler (pas d’autorisation de la FDA…). La survenue de ces cas aux USA pose également le problème des flux commerciaux et des réseaux de distributions en France métropolitaine et les territoires ultramarins. Figure 1 : deux des dix médicaments ayurvédiques incriminés (2011-2012) Source MMWR Contact : Département International <[email protected]> Page 5/7 Situation Type syndrome pulmonaire à Hantavirus (SPH) USA Zone Le 27 août 2012, le département de santé de l’Etat de Californie et les autorités du Yosemite National Park rapportent 3 cas confirmés (dont 1 décès) et 1 cas probable de syndrome pulmonaire à Hantavirus (SPH) depuis juin 2012. Il s’agit de touristes californiens ayant résidé à Curry Village dans le parc national de Yosemite (Californie). Ces touristes avaient séjourné dans des petites maisons de toile (« tent cabins ») qui peuvent héberger des rongeurs. Contexte : Les hantaviroses sont endémiques dans les deux Amériques, au printemps et en été. Depuis 1993, la Californie a rapporté un total de, 60 cas dont 20 décès. Sur l’ensemble des EtatsUnis, 537 cas de SPH depuis 1993 ont été rapporté (en moyenne 30 cas/an dont 35% décèdent). Contact : Département International <[email protected]> Commentaire Les hantaviroses sont des zoonoses ubiquitaires (hôtes principaux : rongeurs). Elles sont reparties entre le Nouveau Monde (Amériques) et Ancien Monde (Europe + Asie). L’homme s’infecte le plus souvent par inhalation de déjections aérosolisées (fèces ou urines) du rongeur et beaucoup plus rarement par morsure ou par pénétration cutanéo-muqueuse. Les infections sont souvent associées à des facteurs d'exposition (professions forestières, agricoles ou du bâtiment, résidences à proximité d'une forêt, expositions en forêt ou dans des locaux fermés, chasse ….). Il existe de nombreux types d’Hantavirus (HTV) et ils constituent un groupe très hétérogène quant à leur localisation géographique et leurs réservoirs, ce qui implique des tableaux cliniques différents. Les formes cliniques retrouvées dans le Nouveau Monde (SPH) sont très différentes de celles retrouvées en Europe (fièvre hémorragique avec syndrome rénal, FHSR). Les HTV du Nouveau Monde causent un œdème pulmonaire non cardiogénique sévère (associé à de la fièvre, des frissons, des douleurs musculaires, nausées, détresse respiratoire et hypotension) appelé SPH dont la létalité peut atteindre 50%. Les premiers symptômes sont aspécifiques mais d’évolution rapide. En raison de la période d’incubation qui peut être lente (1 semaine à 2 mois), les autorités sanitaires américaines mettent en garde contre le fréquent retard à la consultation médicale, préjudiciable à une prise en charge efficace des cas. En raison de la période de transmission du virus (printemps-automne) et de l’attrait touristique de ce lieu, une attention particulière doit être portée aux visiteurs en direction ou au retour de ces zones. Page 6/7 Zone Situation Type Commentaire Cas Humains Epizootie Grippe A(H5N1) / Foyers aviaires Monde Nouveaux cas humains et foyers aviaires notifiés au cours de la semaine hors zones déjà touchées (sources : OMS, OIE/MinAg et MinSa). Localisation Régions / provinces n cas n décès Contact volaille documenté Cas notifiés à l'OMS Précédent (s) cas dans le pays Pas de nouveau cas humain cette semaine Localisation Régions / Provinces Sauvage / Elevage Précédente identification du virus A(H5N1) dans la région Les informations dont nous disposons à ce stade ne font pas état d’une modification dans la transmission du virus. Pas de nouvelle épizootie cette semaine Dernier bilan disponible des cas humains confirmés biologiquement et notifiés à l’OMS de 2003 au 28 août 2012 : 608 cas, 359 décès. Contact : Département International <[email protected]> Page 7/7