La traversée du temps - collegeaucinema37.com
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La traversée du temps #12 de Mamoru Hosoda Titre original Toki wo kakeru shôjo Japon – 2007 – 1h45 – couleurs Réalisation Mamoru Hosoda Scénario Satoko Okudera, d’après le roman La traversée du temps de Yasutaka Tsutsui Character design Yoshiyuki Sadamoto Direction de l’animation Hiroyuki Aoyama, Masashi Ishihama, Chikashi Kubota Musique Kiyoshi Yoshida Distribution Eurozoom Sortie française 4 juillet 2007 Makoto, adolescente japonaise, passe une journée marquée par la malchance. Tragiquement, en rentrant de l’école, elle finit sa course contre un train. Mais au lieu de mourir dans l’accident, elle échoue dans son lit. Elle comprend rapidement qu’elle a le don de voyager dans le temps et s’efforce de gérer au mieux ce nouveau don. Mais voyager dans le temps ne laisse par beaucoup de répit et occasionne bien des bouleversements… Mamoru Hosoda est né en 1967 à Toyama (Japon). Il entre à la Toei (productrice de nombreuses séries à succès telles que Goldorak, Albator, Candy ou encore Yu Gi-Oh !) en 1991. Après avoir participé à la réalisation de séries télévisées, il réalise plusieurs longs métrages d’animation dont Digimon, le film en 2000. Il est pressenti par le studio Ghibli pour être le réalisateur du Château dans le ciel. Ce sera finalement Hayao Miyazaki qui assurera la réalisation. C’est pour le studio Madhouse qu’il réalise La traversée du temps en 2006. www.delasuitedanslesimages.org Le syndrome des œufs de caille Le temps est une donnée importante au cinéma. Prenons d’abord la durée du film. Lorsqu’on évoque le début du cinéma, on parle non pas de durée mais de métrage. Par exemple, Les trois âges de Buster Keaton et Eddie Cline (1923) mesure 1602 mètres (de pellicule), soit de 63 minutes (300 mètres de pellicule représentant environ 11 minutes de film). Peu à peu, l’industrie du cinéma ne quantifia plus les œuvres en mètres mais en minutes. Il y a des courts (moins de 20 minutes), moyens (de 20 à 59 minutes) et longs métrages (au-delà de 60 minutes). Pourquoi lorsqu’un personnage voyage dans le passé, dit-on qu’il remonte le temps ? Aller dans le futur voudrait donc dire qu’on le descend ? Quoiqu’il en soit, ce voyage n’est pas sans problème. Le temps est féroce. Qui cherche à s’en échapper est aussitôt menacé. Il existe le mal du pays, mais le mal de l’époque est encore plus cruel. Mais avant de sombrer dans le pessimisme, examinons les ingrédients d’un bon voyage dans le temps. En premier lieu, l’appareillage du voyage. Il peut prendre la forme d’un élixir (Les Visiteurs, Jean-Marie Poiré, 1993), d’une luge parabolique (La machine à explorer le temps, George Pal, 1960) ou d’une voiture (Retour vers le Futur, Robert Zemeckis, 1985). Quel que soit l’engin, il est rare que cela soit de tout repos. Il y a toujours un impondérable qui contrarie les plans du héros. Appelons-le, en hommage à l’enchanteur des Visiteurs, le syndrome des œufs de caille. En effet, dans le film de Poiré, le mage omet un ingrédient – les œufs de caille – dans sa mixture. Les héros se voient alors projetés dans les “ couloirs du temps ” et atterrissent 700 ans après la date prévue. En second lieu, il y a une règle évidente à ne pas enfreindre lorsqu’on visite le passé : ne jamais rien y changer. Car, s’il est transformé, alors le présent le sera aussi, entraînant de lourdes conséquences. C’est le problème de Marty, le héros de Retour vers le Futur. Projeté quelques années avant sa naissance, il rencontre sa mère qui (malédiction) tombe amoureuse de lui. Outre le problème d’inceste (innocent de la part de sa mère), si ses parents ne se rencontrent pas, comment pourrait-il naître dans le futur (son présent en réalité) ? Difficile de suivre ! C’est ce qu’on nomme un paradoxe temporel : la modification du passé influe sur le futur. Jouer avec le passé devient un vrai casse-tête. A l’inverse, Retour vers le Futur II (1989) montre qu’il est plus facile de visiter le futur car toute intervention n’a aucune conséquence sur le présent. Doc, l’inventeur de la machine à traverser le temps, recherche Marty afin d’éviter que son fils (qu’il n’a pas encore eu) aille en prison. Serions-nous angoissés par l’avenir ? Chaque fois qu’un auteur parle de voyage dans le futur, c’est dans des termes apocalyptiques et alarmistes. George Pal, dans La machine à explorer le temps, voyait la catastrophe nucléaire sur toute la Terre pour 1966. La tragédie est la même dans La Jetée de Chris Marker (1962) alors que son remake L’armée des douze singes de Terry Gilliam (1995) met en scène une guerre bactériologique. Bref, c’est la panique lorsqu’on essaie d’imaginer demain. Ne parlons pas d’après-demain… Reste encore un cas de figure : le personnage du futur qui vient à notre époque. Les intentions des gens du futur sont rarement amicales. Il en est ainsi de l’androïde de Terminator de James Cameron (1984). Débarqué du futur, il a pour mission de tuer Sarah Connor, la future mère du chef des résistants au règne des machines dans l’avenir. Tuer la mère dans le présent aurait pour conséquence d’annihiler l’existence du chef des insurgés. Il faut savoir que les gens du futur, contrairement à ceux du présent, n’ont souvent aucun scrupule à venir modifier le passé. A l’évidence, et c’est sans doute pour cette raison que personne n’a découvert la solution pour voyager dans le temps, les aventures s’avèrent trop éprouvantes. Et pour les billets, il n’y a toujours pas de guichet. Compliquons les choses à présent : imaginons un personnage qui évoque un souvenir. Pour cela, au cinéma, les réalisateurs font ce qu’on appelle un flash-back (en français : retour en arrière). Le flash-back est une séquence qui rompt avec l’action en cours pour évoquer une action antérieure. Dans La véritable histoire du Petit Chaperon Rouge (Todd Edwards, Cory Edwards et Tony Leech, 2006), une grenouille mène l’enquête pour découvrir qui a séquestré Mère-Grand. Chaque suspect raconte sa version des faits. On assiste alors à cinq flash-back différents du même événement. Dans Kirikou et la sorcière (Michel Ocelot, 1998), le passé de Karaba la sorcière est livré aux spectateurs par un flash-back, tard dans l’histoire pour maintenir le plus longtemps le mystère sur ce personnage. Parfois, c’est une grande partie du film qui est un retour en arrière. C’est le cas de Titanic de James Cameron. Au tout début du film, Margaret, l’héroïne, raconte en 1996 (année de réalisation du film) ses souvenirs de la traversée et du naufrage du paquebot en 1912. Certaines séries télévisées basent aussi leur narration sur les retours en arrière, comme Lost ou Cold Case. Terminator La machine à explorer le temps A l’inverse, on peut utiliser des projections vers le futur. Phénomènes plus rares, ils sont appelés flash-forward. Ils donnent à voir au spectateur des images qui se dérouleront dans l’avenir. On peut ainsi évoquer le long métrage de David Cronenberg, Dead Zone (1983), dont la série du même nom est adaptée. Dans ce film, le personnage principal, après quelques années de coma, découvre qu’il a le don de voir l’avenir de ceux qu’il touche et de le modifier. Dans une moindre mesure, on peut évoquer le personnage d’Allison Dubois dans la série Medium. En effet le spectateur entrevoit l’avenir à travers les rêves de l’héroïne. Les visiteurs On peut également parler de l’époque à laquelle se situe l’action. Le péplum 300, réalisé par Zack Snyder en 2007, se déroule en 480 avant notre ère. La Planète au Trésor des studios Disney se passe dans le futur. Tandis que la saga Harry Potter nous est contemporaine. L’armée des 12 singes Le cinéma : tout est une question de temps A voir, à lire, en ligne A VOIR : A LIRE : La Jetée de Chris Marker L’armée des douze singes de Terry Gilliam Terminator de James Cameron Les Visiteurs de Jean-Marie Poiré Un jour sans fin de Harold Ramis La trilogie Retour vers le Futur de Robert Zemeckis La revue Dada n°62 : “ Le temps, vite ! ”, Mango. La traversée du temps de Yasutaka Tsutsui, L’école des Loisirs, 2007. Cette fiche pédagogique a été éditée par De la suite dans les images pour les adolescents participant à la préfiguration d’une action de découverte du cinéma et d’éducation à l’image, hors temps scolaire. Cette action reçoit le soutien du Conseil Général du Nord et du Conseil Général du Pas de Calais. EN LIGNE : Le site officiel du film : www.traverseedutemps-lefilm.com Rédaction Fabrice Vanneste Conception / réalisation Multicité / OH - CL [www.multicite.org] Impression Multicité © De la suite dans les images / octobre 2007 16 rue Boissy d’Anglas • 59000 LILLE Tel 03 20 93 04 84 / Fax 03 20 09 79 39 email [email protected] www.delasuitedanslesimages.org De la suite dans les images est le réseau de cinémas de proximité, généralistes et/ou classées Art et Essai, réparties sur le territoire du Nord - Pas de Calais. En lien avec l’association, qui a pour objet, d’une part, de défendre et promouvoir le cinéma Art et Essai et, d’autre part, de sensibiliser et former tous les publics, l’ensemble de ces salles se réunit pour concevoir et mettre en œuvre des actions à dimension culturelle et éducative.