L`espace public en villes nouvelles. Evolution de la notion d`espace
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L`espace public en villes nouvelles. Evolution de la notion d`espace
Programme interministériel d'Histoire et d'Evaluation des Villes Nouvelles françaises Atelier IV - Architecture, formes urbaines et cadre de vie L’ESPACE PUBLIC EN VILLES NOUVELLES Evolution de la notion d’espace public et réalisation d’espaces publics à Villeneuve-d’Ascq et Vitrolles (Rives de l’Etang-de-Berre) Rapport de synthèse rédigé par Arlette Hérat Avril 2005 L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 1 Ce rapport de synthèse, fait suite à la remise du rapport final présentant l’ensemble des résultats, déposé en Septembre 2004 par le laboratoire CLERSE/IFRESI (2 rue des Canonniers 59800 LILLE). Ce projet de recherche a été conduit dans le cadre du Programme d’Histoire et d’Evaluation des Villes Nouvelles françaises (lettre de commande n°2002-MR004 du 13/12/02), il a été suivi à ce titre par Isabelle BILLIARD, chargée de mission du Programme. Il s’est déroulé sous la responsabilité scientifique de Michel RAUTENBERG, professeur d’ethnologie à l’Institut de sociologie de l’Université de Lille (mrautenberg@ infonie.fr) et de Samuel BORDREUIL, sociologue, chercheur au LAMES/CNRS ([email protected]). Collaborateurs de la recherche : Arlette HERAT, urbaniste, maître-assistant à l’Ecole d’Architecture de Marseille, doctorante au LAMES ([email protected]) Bénédicte LEFEBVRE, sociologue, ([email protected] lille1.fr) ingénieur d’étude au CLERSE/CNRS Corinne SADOKH, architecte- urbaniste, doctorante au CLERSE ([email protected]) L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 2 1- OBJET DE LA RECHERCHE ET PROBLEMATIQUE 4 2- M E T HODOLOGIE ET TERRAINS D’ETUDE La place de l’espace public dans les pensées et doctrines de l’aménagement Investigations de terrain : des conceptions aux réalisations d’espaces publics 5 5 5 3- PRINCIPAUX RESULTATS 3-1 Les conditions de la renaissance de l’espace public comme objet de projet Un premier moment où le terme « espace public » n’est pas convoqué L’apparition du terme « espace public » Le terme « espace public » se généralise à partir de 1977 3-2 La conception des espaces publics : un « domaine réservé » L’invention de la maîtrise d’œuvre urbaine Un défaut d’approches réflexives concernant le processus d’action Principes urbanistiques et significations de l’espace public 3-3 Des conceptions aux réalisations : ma îtrise et décalages La « chaussée haute » à Villeneuve-d’Ascq : d’un espace public fédérateur à un espace public « de raccord » Le « mail de la Frescoule » à Vitrolles : l’emblème d’un espace public « générique » La conception des espaces pub lics confrontée à leur mise en oeuvre 3-4 Espace public et espace de débat Pour l’EPALE, une position difficile à tenir entre les « diktats » de l’Etat et les réactions locales A Vitrolles pèse le poids du partage initial du territoire entre municipalité et EPAREB Débat public et publicité 7 7 7 8 9 10 11 12 12 14 15 15 17 18 18 19 20 4- CONCLUSIONS : ville nouvelle et espace public 21 5- ANNEXES Annexe 1 : liste des entretiens réalisés Annexe 2 : bibliographie « ville nouvelle et espace public » Annexe 3 : corpus d’articles sélectionnés parmi les Cahiers de l’IAURP/IAURIF Annexe 4 : ressources documentaires locales Annexe 5 : iconographie 22 22 27 33 L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 3 34 38 1 - Objet de la recherche et problématique. Les villes nouvelles sont souvent désignées comme l’un des lieux où s’est forgé un changement de problématique sur la ville actant d’une rupture avec l’urbanisme du Mouvement Moderne 1 et faisant naître la recherche d’ « urbanité » comme principe essentiel de l’action d’aménagement. Dans ce changement de problématique, la catégorie « espace public » est venue prendre une place de premier plan, à la fois dans la manière de concevoir et de réaliser les villes, mais aussi plus généralement au sein d’un débat de société dans lequel la ville devient le sujet. L’espace public est devenu ainsi, au fil du temps, un filtre de lecture de la ville. Notre projet a été de comprendre en quoi, et comment, les villes nouvelles ont pesé dans cette évolution des pensées et doctrines. Pour cela, nous avons cherché à révéler ce qui a favorisé l’émergence de la notion « espace public » dans les discours et les pratiques des professionnels, à comprendre comment à travers les plans de ville et les conceptions d’opérations cette catégorie a été mobilisée, enfin, à évaluer les impacts concrets dans les réalisations. Nous avons pris pour terrain d’étude deux villes nouvelles de province : Villeneuve-d’Ascq (Nord) et Vitrolles, commune associée de la ville nouvelle des Rives de l’Etang-de-Berre (Bouches-du-rhône) 2 . Nous avions au départ deux hypothèses principales : - - L’apparition de nouveaux principes urbanistiques serait issue de liens qui se tissent alors entre concepteurs et disciplines relevant des sciences humaines. Le concept d’espace public en philosophie politique apparaît quant à lui dans les années 60 3 et c’est dans cette même période que se constitue en France une recherche urbaine fortement ancrée sur les sciences sociales. Les villes nouvelles, à travers une innovation dans les dispositifs d’action, auraient été le lieu d’une maîtrise entre conception de projets et réalisations. Ces nouveaux dispositifs auraient suscité un nouveau lien entre débat professionnel et débat de société. Les innovations que nous avions perçues relèvent à la fois de la constitution d'une maîtrise d'ouvrage urbaine (avec l’intégration d’équipes de concepteurs urbains tout au long de ses missions), des modes de relations entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre ainsi que de la structuration des maîtrises d’œuvre (reconnaissance de jeunes concepteurs…). Ces moyens nous paraissaient être propices à une mise en acte opérationnelle, maîtrisée, de principes urbanistiques conceptualisés, notamment dans le domaine des espaces publics. D’autre part, en transformant les modalités d’accès à la commande, dont un des aspects les plus visibles s'est traduit par l'organisation des premiers concours ouverts 4, ils auraient donné une scène ouverte au débat professionnel, prolongé par un débat d’opinions. 1 Sur la question « rupture ou continuité ? », nous renvoyons aux interventions de la journée d’études du 11 Juin 2003, organisée par le programme interministériel d’Histoire et d’Evaluation des Villes Nouvelles : « Des grands ensembles aux villes nouvelles », Université de Paris 1. 2 Compte-tenu de l’éclatement de la ville nouvelle des Rives de l’Etang-de-Berre, seule une approche communale nous est paru pertinente. 3 Cf. les écrits d’Hannah Arendt et de Jurgen Habermas. 4 Pratique très largement en rupture avec l’attribution des commandes lors de la période précédente aux grands Prix de Rome. L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 4 2 - Méthodologie et terrains d’étude. Compte-tenu des hypothèses de travail, les investigations ont porté à la fois sur les villes nouvelles en général et sur des terrains en particulier. Notre méthode a allié une approche itérative entre analyse documentaire, entretiens d’acteurs et observations de terrain. La place de l’espa ce public dans les pensées et doctrines de l’aménagement. Cette investigation a été conduite à partir d’une analyse documentaire et d’entretiens menés auprès de dix acteurs-témoins, choisis pour leur rôle dans la diffusion des pensées et dans l’évolution des principes d’aménagement 5 . Un premier travail a consisté en l’établissement d’un corpus de textes à étudier dans le but de repérer l’émergence et le sens attribué à la notion d’espace public. Pour cela nous avons puisé quinze articles dans les Cahiers de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Parisienne (Les Cahiers de l’IAURP)6 , publication qui nous est apparue comme étant un matériau spécialement intéressant au regard de notre problématique, car croisant approches théoriques et présentations d’expériences pratiques. Trois autres textes ont nourri notre analyse : il s’agit de deux documents d’orientation nationale sur les villes nouvelles7 et d’un document reflétant les réflexions alors à l’œuvre dans le monde professionnel8 . L’ensemble de ces documents couvre une période allant de 1966 à 1982. La bibliographie 9 que nous avons établie signale un certain nombre d’autres articles extraits de revues ayant trait aux domaines de la recherche, de la profession (architecture et urbanisme) et de l’art public. Le temps imparti à ce projet n’a pu permettre l’exploitation de ce corpus : cela reste un travail à poursuivre. Investigations de terrain : des conceptions aux réalisations d’espaces publics. Dans un deuxième temps, des investigations précises ont été conduites sur les villes retenues afin de traiter des espaces publics dans leurs dimensions pragmatiques à la fois spatiale et temporelle. Cette analyse a fait appel à un corpus documentaire 10 et archivistique 11 , à un recueil d’entretiens auprès d’acteurs locaux ainsi qu’à un travail d’observations sur des espaces choisis. 5 Voir la liste des personnes intervewées en annexe 1 p. 22. Publication créée par le district de la Région Parisienne en 1964 qui deviendra les Cahiers de l’Institut de la Région Ile -de-France (les Cahiers de l’IAURIF) en 1976 ; voir le corpus des articles sélectionnés en annexe 3 p. 33. 7 Duthilleul J.M, Lacome D’Estaleinx, B., Richez D., 1980, Les concours en question à partir de l’expérience des villes nouvelles françaises, SGVN, Paris, ENPC. Lecoin J.P, Ferniot B., Roscian C., Guyon F., Berger M., 1977, L'espace urbain des quartiers nouveaux à partir de l'expérience des premiers quartiers des villes nouvelles françaises, rapport de première phase d’étude, Paris, IAURIF. 8 Architecture, urbanisme et service public, 1982, La maîtrise d’œuvre urbaine, Cergy-Pontoise, Colloque AUSP, Paris, Palais du Luxembourg. 9 Voir annexe 2 p.27. 10 Voir annexe 4 p. 34. 11 Nous renvoyons ici à notre rapport final (septembre 2004). 6 L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 5 Les moyens déployés n’ont pas été équivalents dans une ville comme dans l’autre, ce qui rend compte de la composition de notre équipe de recherche, et témoigne également de deux histoires institutionnelles différentes. Plus précisément, Villeneuve-d’Ascq est la première ville nouvelle à être retombée dans le droit commun (l’EPALE12 a été dissout en 1983 avec l’arrêt des programmes de construction) et depuis, un processus de patrimonialisation de la ville nouvelle est en cours : éditions d’ouvrages, colloques, recueil de la mémoire des acteurs, etc... À Vitrolles, certaines opérations de la ville nouvelle ne sont pas encore achevées aujourd’hui. L’EPAREB 13 a été dissout fin 2001 en s’accompagnant de la dispersion (voire de la disparition) de ses archives ; l’histoire de la ville nouvelle reste encore à écrire. Plusieurs types d’acteurs ont été rencontrés au niveau local : membres des établissements publics (dans différentes fonctions), élus locaux, concepteurs en prestation libérale, techniciens municipaux, journaliste. En combinant approche documentaire, entretiens d’acteurs et observations, nous avons sélectionné dans chacune des villes deux sites, objets d’études plus spécifiques. A Villeneuve-d’Ascq : - le dispositif de « la chaussée haute » qui exprime la séparation poussée à l’extrême entre piétons et voitures dans le centre de la ville nouvelle ; - les espaces publics du quartier résidentiel du Château qui contribuent à valoriser des ensembles résidentiels. A Vitrolles : - le fragment du « boulevard urbain » dans le quartier du Liourat qui témoigne de la tentative de maîtrise par l’établissement public d’un aménagement qui a échappé (la vocation commerciale du secteur s’est dessinée dans un premier temps en dehors de la ville nouvelle) ; - le « mail de la Frescoule », héritage du tracé initial du centre de la ville nouvelle, qui structure aujourd’hui un quartier résidentiel, associant habitat collectif et lotissements. Ce rapport de synthèse privilégie, à une présentation des situations locales étudiées, une restitution de quelques grands enseignements organisés en quatre chapitres : le contexte général et théorique de l’émergence de la notion d’ « espace public » dans le monde de l’aménagement, la manière dont les concepteurs vont s’emparer de cette catégorie , comment ces projets vont être façonnés à travers les conditions opérationnelles , et enfin, en quoi les espaces publics on suscité des espaces de débat public dans la ville. 12 13 Etablissement Public d’Aménagement de Lille Est Etablissement Public d’Aménagement des Rives de l’Etang-de-Berre L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 6 3 - Principaux résultats 3-1 Les conditions de la renaissance de l’espace public comme objet de projet Le réinvestissement de l’espace public en objet de projet s’inscrit dans un cadre plus général de pensées théoriques sur la ville où nous relevons à la fois une critique de l’urbanisme moderne, alimentée notamment par des travaux de recherche urbaine 14 , et un crédit d’urbanité accordé à la ville traditionnelle, découlant des travaux menés entre autres à l’initiative d’architectes et d’historiens de l’art15 . L’exercice de la critique à l’encontre du Mouvement Moderne ainsi que ce renouveau théorique va permettre aux architectes de se repositionner professionnellement. Alors que leur profession était fortement « mise sur la sellette » au début des années 70 dans le débat d’opinion, les architectes vont parvenir dans les années 80 à renverser cette image. Pour certains, leur engagement professionnel s’est accompagné d’une prise de position politique, syndicale ou associative 16 . Ce phénomène rencontre un développement de la commande en urbanisme et en architecture sans précédent, ce qui va générer un amplificateur naturel à ces débats et nouvelles positions. Et les villes nouvelles vont jouer un rôle de premier plan dans le développement de cette commande, non seulement en tant que lieux où se forgent de nombreux projets, mais aussi parce qu’elles démocratisent un accès à la commande jusque- là très réservé. La pratique des concours (qui ne sont pas encore rendu obligatoires) et la publicité qui les entoure y contribuent fortement. La question de l’espace public surgit d’évidence avec les échelles de réflexion en jeu : la ville, les quartiers à créer. Elle apparaît nourrie d’une rencontre entre deux mondes : celui des sciences humaines et celui de l’aménagement. A cet égard, la lecture diachronique des articles des Cahiers de l’IAURP/IAURIF est éclairante ; nous avons identifié trois moments couvrant la période 1966-1982 qui nous permettent d’appréhender comment la catégorie « espace public » émerge puis se gé néralise dans les discours sur la ville. Un premier moment où le terme « espace public » n’est pas convoqué Il concerne 5 articles écrits en 1967 et 1968. L’examen des termes proches utilisés nous révèle que certaines notions ont alors pu faire écran. Par exemple le cahier n° 717 témoigne des mutations qui s’opèrent dans la société française et dans l’organisation de la vie urbaine ; sont alors mis en avant les mouvements séparateurs 18 dans lesquels sont pris les habitants et qui disloquent les termes de la vie communale. Face à cette constatation, les dispositifs sociaux qui paraissent devoir être requis pour éviter trop de dissociation entre l’espace social et l’espace géométrique sont des points d’ancrage ou des relais, mais qui ne sont plus à rechercher au niveau des quartiers. La perspective d’intégration de toutes les couches de population (le droit à la ville) préfigure un fondement fort de l’action d’aménagement, à savoir le rôle des équipements dans la fabrication du « vivre ensemble ». 14 Nous pensons aux travaux de Paul-Henry Chombart -de-Lauwe, Henry Lefebvre, Manuel Castells etc… Il s’agit des travaux d’A. Rossi, C. Aymonino, S. Muratori, M. Tafuri (en Italie) et de P. Panerai, B. Huet, C. Devillers, A. Chastel etc… 16 Il est intéressant à ce titre de se pencher sur les listes des membres du Syndicat des architectes ou du collectif des ateliers publics. 17 Le quartier et la ville – H. Lefebvre, M. Coornaert, C. Marlaut, A. Haumont, chercheurs à l’Institut de sociologie urbaine - 1967 18 Les termes en italique sont empruntés aux auteurs. 15 L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 7 Avec le cahier n° 1019 il apparaît clairement que la focalisation sur la centralité va convoquer une notion propre à cette question : la recherche d’une animation. Celle-ci est basée sur des échanges de personnes et d’idées et va se traduire directement en dispositifs urbanistiques, à travers notamment la création de zone piétonnière. Le poids de cette approche restera très fort tout au long de l’ensemble de la période. Abordant la question de la ville « de l'autre bout », depuis l'échelle résidentielle, un article tiré du cahier n°12/13 20 présente à travers la notion de lieux ayant une puissance occulte l’éloge d’une sociabilité de voisinage. Nous verrons par la suite combien cet idéal a été porteur du développement de la notion « espace public ». L’apparition d u terme « espace public » Entre 1969 et 1974, certains articles témoignent de l’apparition du terme « espace public ». Ces années sont marquées par des bouleversements de la société française suite aux événements de Mai 68 et la fin des « trente glorieuses ». Cette époque est celle de la concrétisation du projet des villes nouvelles (Loi Boscher, création du Groupe Central des Villes Nouvelles, des missions et des établissements publics) et celle où s'ébauche le renforcement du pouvoir local (création des premières communautés urbaines). Des aspirations nouvelles, d'ordre environnemental notamment, sont prises en compte, dans le même temps que se réalise un bouleversement dans le mode d’attribution de la commande en architecture (disparition des grands prix de Rome). Les publications professionnelles en direction des architectes et urbanistes se transforment (les jeunes architectes « entrent » dans les revues, Bernard Huet devient rédacteur en chef d’Architecture Aujourd’hui). Par ailleurs, c'est le moment où s'institutionnalise la recherche en architecture et en urbanisme : création de la mission de la recherche urbaine au Ministère de l’Equipement, du Plan Construction, du concours Programme d’Architecture Nouvelle, du CORDA. Six articles de notre corpus d'étude s’inscrivent dans cette période. Seuls trois articles utilisent le terme « espace public », et ce, de manière parcimonieuse ; les six articles relèvent tous du registre de l’action. Le terme apparaît quand un article traite d’une ville nouvelle française, avec le cahier n°15 21 . Deux définitions apparaissent simultanément : celle de l’espace structurant et celle de l’espace social (cette dernière notion était déjà apparue à la période précédente). Ce qui est nouveau et commun aux articles de cette période est la recherche d’une volonté de structuration de l’espace, à travers des termes tels que trame urbaine, armature, composition paysagère. Dans cette visée idéale, la notion d’espace public renvoie à la désignation de l’espace du vide, du cadre de la vie sociale, bénéficiaire d’une attention particulière : permettre de relier les espaces et les gens, y compris à travers un sentiment d’une commune appartenance. Cette recherche de structuration à travers les espaces libres paraît être un des fondements urbanistiques des schémas d’aménagement qui s’élaborent alors dans les villes nouvelles. On remarque cependant que le vocabulaire des termes proches reste encore très fortement imprégné par celui du Mouvement Moderne (références fréquentes aux espaces ouverts, espaces verts, espaces libres). 19 Les centres commerciaux aux USA – S. Goldberg directeur des études et recherches à l’IAURP - 1968 Qu’est-ce qu’une ville ? – E. Aillaud architecte praticien - 1968 21 Evry centre urbain nouveau et ville nouvelle – J. Michel (directeur de l’IAURP) et l’équipe de la mission : A. Lalande, M. Mottez, E. Cohen-Boulakia - 1969 20 L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 8 Le cahier n°23 22 vient ajouter à la figure sociale déjà vue du lieu de rencontre et des échanges, celle du dépaysement qu’apporte l’environnement particulier du centre. On remarque que le premier article de ce cahier s’il ne mentionne pas le terme « espace public », pare l’équipement de qualités qui seront plus tard attribuées à l’espace public (animation, vie sociale, identité locale). Le terme « espace public » se généralise à partir de 1977 Cette époque se caractérise par des changements politiques locaux à l’occasion des élections municipales, entraînant des négociations plus ou moins âpres entre établissements publics et élus locaux ; ces changements témoignent des premières réalisations effectives en villes nouvelles. Par ailleurs, le septennat de Valéry Giscard-d’Estaing (1974/1981) va marquer un tournant dans la politique architecturale et urbaine en France (loi sur l’Architecture, réforme des aides publiques au logement en faveur du logement individuel et de l’accession à la propriété, obligation de recourir aux concours dans le cadre des marchés publics). Enfin, le contexte est propice au développement d’une édition spécialisée dans la recherche : création des Cahiers de la recherche architecturale et des Annales de la recherche urbaine. L’année 1978 verra la traduction française du livre de J. Habermas « L’espace public ». Les deux textes les plus prolixes dans l'usage du syntagme « espace public » se situent en 1977 et en 1978 ; il s'agit des cahiers n°47 23 et n°52 24 . Il semblerait que les ancrages des projets présentés, qui sont des ancrages locaux (la maison, l'équipement) sélectionnent la qualification des « espaces entre » comme « espaces publics ». Il apparaît ainsi que l'attention à l'espace public dans le cas du concours « maisons de villes » vient comme l'attention à un espace qui est immédiatement là, de l'autre coté de la clôture, et qui « fait problème ». En ce qui concerne les équipements publics, l'attention se porte sur l'espace public environnant à raison d'un espoir placé dans l'équipement public qui est en quelque sorte qu'il « diffuse » ses propriétés sur l'environnement. Non seulement qu'il ne soit pas séparé, mais qu'il joue comme une sorte de « germe de publicité » (d'appropriation publique). Ces deux contextes confrontent les urbanistes au problème de savoir ce qui constitue la teneur publique d'un espace. A la fois cette teneur est posée comme une valeur (on cherche à la propager autour des équipements, ou bien à ce qu'elle ne se dégrade pas au-delà de la clôture), et en même temps il semblerait que cette valeur « ne prend pas soin d'elle même ». Bref, l'idéal d'urbanité, qui est visé dans l'expérience ville nouvelle, viendrait se décliner, se traduire, comme idéal de publicité 25 au niveau des espaces de proximité, et au fur et à mesure que ces espaces « sortent de terre ». Le cahier n°55 26 vient « mettre à mal » l’idée d’un espace de voisinage qualifié par les échanges et la convivialité, et ce à partir d’une évaluation des espaces libres des grands ensembles. Les auteurs nous invitent à mieux comprendre qu'il est un espace servant au passage et éventuellement à la rencontre, que son intérêt réside dans la possibilité d’y nouer des relations électives, et que parmi les codes de sociabilité, c’est bien celui de la mise à 22 Equipements culturels et socio-éducatifs - D. Ragu, J. Lécureuil chargés d’étude à l’IAURP, sous la direction de Pierre Merlin - 1971 23 Cergy-Pontoise, concours de maisons de ville à Jouy-le-Moutier – E. Tempia - 1977 24 Evry : les équipements publics, inventaire des équipements, repérage des types d'innovation – Etablissement Public de Cergy : P. Lafrasse, G. Vincent et SGVN : D. Alduy, M. Delpont.- 1978 25 Le terme de publicité est utilisé au sens de J. Habermas, de ce qui est rendu public. 26 Fonctionnement des espaces de prolongement des logements dans les nouveaux ensembles d’habitat – F. Guyon, A. Gotman chercheur - 1979 L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 9 distance qui est le plus saillant. Il apparaît alors que la question centrale dans les ensembles résidentiels est de proposer une nouvelle articulation de l’espace privé à l’espace public. A la lecture de ces articles, il apparaît que la notion d'espace public, telle qu’elle se constitue dans les années 70, est à la fois désignative et normative. Tantôt elle est mobilisée pour désigner un objet, en l’occurrence un type d’étendue « ici c’est privé, là c’est public », tantôt elle fait sens dans un registre normatif et elle désigne une qualité qui est moins de l'ordre de l'être que du « devoir être ». C'est une qualité idéale, et du coup c'est au nom de cet idéal qu'on saisit l'espace existant, comme le recelant plus ou moins. C'est moins quelque chose qui est dans la réalité, qu'un critère de jugement au filtre duquel on apprécie ce qu'il en est. Avec comme indice27 , l’évolution du statut des auteurs des articles tout au long de la période étudiée, il nous apparaît, que ce métissage entre monde de la recherche et monde de l’aménagement que nous venons de relater s’amoindrit avec l’enclenchement de la dynamique opérationnelle des villes nouvelles. 3-2 La conception des espaces publics : un « domaine réservé » Que se passe-t- il lorsque les projets d’espaces publics sont mis au point, à plusieurs échelles, dans les villes nouvelles ? Pour les concepteurs directement impliqués dans l’aménagement, le passage à la dimension opérationnelle va pouvoir donner corps à une ville qui nous paraît plus fondée sur un idéal (que nous pourrions résumer comme celui du droit à la ville pour tous), un rejet (celui des grands ensembles) et une nostalgie (la ville ancienne), qu’à travers une analyse construite intégrant les modes de fabrication de la ville. D’autant plus que la critique de l’urbanisme moderne, basée sur le rejet d’un modèle universel, va favoriser la prise de distances des concepteurs avec tout modèle théorique, au profit d’une approche contextuelle et déterminée par les conditions de l’actio n. Ce défaut d’analyse critique des mécanismes de production a privilégié une approche plutôt ancrée sur une image de ville que sur un processus à construire 28 . Et peu à peu, à travers la dimension opérationnelle de la construction des villes, les investissements croisés de disciplines autour de l’espace public et de la ville en général, se sont taris. Il me semble qu'il manquait aux gens qui ont travaillé, une dimension plus critique, plus théorique et fondée sur une analyse assez concrète du mode de production. (…) Et je pense que l'on s'est un peu trop vite satisfait d'une idée d'espace public qui était finalement, comme vous l'avez dit tout à l'heure, un peu trop générique. (Christian Devillers, architecte-urbaniste, entretien, 2003) Les recherches théoriques d’architectes29 sur le mode d’engendrement de la ville - c’est-à-dire sur la manière dont l’architecture et la morphologie urbaine sont liées dans la ville traditionnelle à travers les découpages viaire et parcellaire - ne seront que faiblement mobilisées pour penser l’action au sein des villes nouvelles. L’examen des découpages en îlots des ZAC en témoigne largement ; ils génèrent aujourd’hui de grandes questions quant à l’évolutivité de la ville. Ainsi les projets réalisés au titre d’une « architecture urbaine » 30 ont 27 Repéré cependant à partir d’une lecture rapide du nom des auteurs présentés dans la Bibliographie chronologique des Cahiers de l’IAURIF (2003). 28 La ville du Vaudreuil fait exception dans le paysage, en investissant de manière forte ce domaine, mais les difficultés opérationnelles et l’arrêt prématuré de cette expérience viendront condamner d’autant plus facilement toute entreprise d’efforts théoriques. 29 Cf. note n°15 p.7. 30 Doctrine en architecture qui s’appuie sur ces recherches théoriques. L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 10 pu se réduire pour l’essentiel à un ordonnancement des façades autour de l’espace public. C’est pourquoi nous souscrivons à la critique portée par Jean-Jacques Deluz concernant le hiatus entre domaine de la recherche et pratiques de l’aménagement. Faisant référence aux recherches menées par les architectes à cette époque, il en dit : « Dans le domaine de la recherche ces théories sont certainement utiles, mais dans le domaine de la pratique, elles peuvent faire des ravages. Faute de maîtriser ce rapport entre la recherche spécifique (réductrice) et la réalité complexe, toute tentative d’application théorique dogmatique est vouée à l’échec.(…) La vérité, si elle existe, n’est pas dans l’application de théories fragmentaires mais dans la maîtrise méthodologique. » 31 L’invention de la maîtrise d’œuvre urbaine La fonction de maîtrise d’œuvre urbaine (l’équipe de projet au sein des établissements publics) caractérise la spécificité du dispositif d’action qui se met en place dans les villes nouvelles. Ces équipes sont marquées par la présence forte de différents métiers de la conception. Parmi ceux-ci, l’architecte et l’ingénieur apparaissent en position dominante, l’architecte devenant urbaniste ; et, selon les établissements publics, va se négocier une place plus ou moins importante accordée au paysagiste. Au sein des équipes, se reproduit la lutte de pouvoirs qui, en France, marque l’histoire des professions de la conception32 . Cependant, la jeunesse des membres de ces équipes lors des premiers recrutements, le temps long dans lequel elles s’inscrivent, vont réellement permettre de développer un nouveau domaine de compétences, issu du travail en commun. Ici réside un des apports les plus importants à une maîtrise d’ouvrage publique à l’échelle urbaine. Mais lorsque le dialogue avec les décideurs politiques est difficile, les concepteurs ne seront pas à l’abri d’une tentation : celle où l’expérimentation prime et peut faire croire à une maîtrise technique de la fabrication de la ville. Comme en témoigne cet extrait d’un architecte d’opération à Vitrolles, évoquant la collusion d’intérêts avec l’équipe de l’EPAREB. On avait des points de vue générationnels identiques, on avait à peu près la même culture post 68, critiquer les tours et les barres, faire enfin la ville, l’utopie (…) Et on avait la chance, eux et nous, d’avoir trouvé un cadre dans les villes nouvelles, avec des politiques qui ne comprennent rien, auxquels on peut raconter ce qu’on veut etc… on fait la ville à leur place. (Guidu Antonietti, architecte libéral, entretien, 2004) Et cette tentation est d’autant plus grande que le « cercle » est fermé, et ne s’ouvre pas si facilement à la confrontation avec d’autres disciplines, comme celles, plutôt issues des sciences humaines, qui interviennent dans la programmation. Il paraît bien que le sentiment recueilli auprès de l’ancienne programmatrice de l’EPAREB sur sa position professionnelle au sein de l’établissement public, l’entre deux, soit partagé ailleurs. Le programmateur est bien souvent quelqu’un qui est resté à l’écart des grandes conceptions urbaines, orientant son intervention quasi exclusivement dans le domaine des équipements publics. C’est presque par défaut 33 , qu’à Miramas, pourra véritablement éclore une réflexion sur l’espace impliquant fortement la programmatrice dans le dossier H.V.S. de la Z.A.C. La Rousse et de la cité des Molières. 31 Jean-Jacques Deluz est architecte-urbaniste praticien, enseignant à l’Ecole Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme d’Alger. Citation tirée de : Alger, lumières sur la ville, colloque international tenu à Alger les 4,5 et 6 mai 2001, éditions Dalimen, Alger, 2004. 32 Sur ce point, nous renvoyons à l’ouvrage de Florent Champy (2001). 33 Par défaut d’implication de l’équipe de projet de l’EPAREB. L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 11 Un défaut d’approches réflexives concernant le processus d’action Si l’équipe de projet garde une place centrale au sein des établissements publics, même si des « tiraillements » forts existent avec le service commercial par exemple etc…, peu d’investissements intellectuels nous sont apparus concernant le processus d’action et la nécessité de penser un dispositif capable de rétroagir aux aléas de toute opération d’aménagement. Au sein des terrains d’études choisis, nous ne trouverons que très peu de convocations théoriques, de démarches réflexives ou évaluatives de l’action en cours. A quelques exceptions près, le domaine de la recherche va se couper du laboratoire en vraie grandeur que constituent les villes nouvelles, hormis la dimension expérimentale portée par le Plan Construction. Quelques tentatives de mener une analyse critique de l’expérience vont être générées, mais il semble qu’elles ont été quasi-exclusivement portées, depuis l’extérieur, par des architectes, tels que ceux réunis au sein du Collectif Atelier Public 34 . Or, c’est à cette même période que les architectes vont être mobilisés, à travers un élargissement de l’accès à la commande, pour construire en villes nouvelles. Je pense que les villes nouvelles ont eu un rôle générateur dans la position ultra médiatique de l’architecture française dans le monde. Générateur, c’est-à-dire que c’est la politique d’Etat qui a permis à l’architecture française de décoller. (Alain Pélissier, critique d’architecture, entretien, 2003) On peut alors comprendre un certain désengagement de la réflexion de la part de ces acteurs au profit de l’exercice de leur métier, d’autant plus que l’époque correspond aussi à une désillusion concernant une réforme en profondeur de l’organisation de la profession. 35 Ainsi, la difficulté pour le programmateur de se faire une place36 , l’absence de sociologue dans certaines équipes 37 , le faible recours à des équipes de chercheurs extérieurs pointent une des spécificités de la fabrication des villes nouvelles en France 38 : elles sont avant tout redevables de conceptions techniques (architecture, urbanisme, ingénierie, paysage) et ont donné une part bien faible dans l’aménagement aux sciences humaines. Cette absence révèle qu’il ne paraît pas y avoir eu beaucoup de « pare- feu » à l’action. Si de nouvelles relations entre sciences humaines et domaine de l’aménagement avaient pu conduire à l’éclosion de la notion « espace public », il nous paraît que la difficulté de construire une véritable pluridisciplinarité dans le processus de fabrication de la ville a alors pu induire une réduction de la complexité de la notion. Principes urbanistiques et significations de l’espace public Le corps de doctrines sur la ville qui sert de références aux concepteurs nous apparaît structuré autour de trois grandes idées qui vont peser sur la conception des espaces publics : - une vision fonctionnaliste traduite dans l’appréhension des déplacements (la séparation des flux est bien souvent convoquée) et dans la séparation fonctionnelle des espaces ; 34 Le Collectif Atelier Public (1981 – 1986) visait à promouvoir une maîtrise d’œuvre publique. Le collectif a fonctionné comme un lieu de réflexions critiques sur les productions urbaines et architecturales de l’époque. 35 Contrairement à sa promesse, François Mitterrand n’abolira pas l’ordre des architectes à la suite de son élection à la Présidence de la République. 36 Ce dernier point est révélateur de la difficulté de constituer une maîtrise d’ouvrage publique, car l’identité du programmateur se construit justement dans un rapport étroit à la Collectivité locale et aux élus. 37 Ce qui est le cas aux Rives de L’Etang-de-Berre comme à Villeneuve-d’Ascq. 38 Notre rencontre avec Jean Rémy , et son éclairage sur le rôle qu’il a été amené à jouer dans la conception et la réalisation de la ville de Louvain-la -Neuve en Belgique, nous a permis de bien pointer cette spécificité française. L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 12 - une conception de la ville fortement hiérarchisée entre centre et quartiers ; - un idéal de la « ville- nature » traduite dans l’importance croissante donnée au paysage (et aux paysagistes). En ce qui concerne les espaces publics, les concepteurs 39 s’appuient sur la construction d’une catégorie d’espace, définie à la fois dans sa généralisation et à partir de qualifications fortes. D’un côté, l’espace public est appréhendé comme la matrice de la ville moderne - celle qui naît avec la République - ce qui entraîne une généralisation des projets d’espace public à l’ensemble de la ville. Les termes utilisés rendent compte très clairement de ce phénomène : structure, trame, maille, chevelu… De l’autre, le sentiment que l’espace public va avoir à résoudre un certain nombre d’enjeux présents dans la société et inscrits dans la ville, va conduire les concepteurs à le qualifier : - en espace redistributeur de richesse urbaine afin de limiter les effets de marquage social ; ce rôle est notamment dévolu aux espaces publics résidentiels. Il amorce une conception « politique » de l’espace public. (…) ma génération en tout cas a milité pour retrouver partout, dans tous ces quartiers 40 , une continuité de l’espace public. Et qu’est-ce qui justifie cette continuité de l’espace public ? Ce ne sont évidemment pas des raisons esthétiques ou nostalgiques du retour à la vie ancienne, c’est une revendication d’égalité républicaine de tous les citoyens par rapport à l’espace public, mais entendu de façon plus large, c’est-à-dire, si la traduction physique est bien un réseau continu de voiries, la justification est beaucoup plus profonde et politique, et constitutionnelle même. (Devillers, entretien, 2004) - en espace fédérateur d’activités diverses, afin de pallier les effets du zonage fonctionnel, et devenir le support visible de la mixité sociale dans la ville ; ce rôle est particulièrement assigné aux espaces publics centraux. - en espace de valorisation de la « nature » en ville ; ce rôle renvoie à la création des grands parcs urbains et au traitement paysager des quartiers résidentiels. S’il est pressenti un certain nombre de points problématiques, ceux-ci sont renvoyés à « plus tard » (comme le recours à un besoin d’animation) mais ne remettent pas en cause le cadre établi, c’est-à-dire la conception formelle de l’espace. Les arts de la rue, à leur façon, révéleront de manière éclatante une conception d’espaces publics régie exclusivement par des règles formelles. Il n’y a rien, il n’y a pas de place41 , il a rempli faussement toutes les aspérités, il les a prises pour en faire du lisse comme une carte postale…toute l’aspérité est du trompe-l’œil. Les interstices, on ne peut rien y faire, sinon d’être dans une opposition totale et donc dans une destruction, comme si j’attaquais au marteau piqueur. Qu’est-ce que je fais ? (…) du vent. (Michel Crespin, Artiste fondateur de « Lieux Publics », entretien, 2004) Ce surpoids donné a la forme spatiale demeure, y compris lorsque des évolutions programmatiques majeures ont eu lieu. C’est ce que nous avons pu constater concernant le dispositif de la « chaussée haute », qui a subi très fortement la modification du tracé du métro, comme le « mail de la Frescoule » qui, en changeant d’échelon (de l’agglomération au quartier), a perdu de son intérêt. Ce qui est troublant dans ces deux exemples est qu’il n’y ait pas eu formulation de nouvelles hypothèses spatiales 42 . 39 Il s’agit des concepteurs des villes nouvelles, que nous avons interrogés ou dont nous avons analysé des écrits, mais aussi des concepteurs choisis en qualité de « témoins » même s’ils n’ont pas œuvré en villes nouvelles. 40 Christian Devillers fait référence aux quartiers d’habitat social. 41 Michel Crespin fait allusion à une installation qu’il réalise au Pala zzio d’Abraxas à Marne-le-Vallée, l’architecte (dont il parle) en est Ricardo Bofill. 42 Tous deux sont évoqués au chapitre suivant. L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 13 Ainsi, progressivement, l’espace public va se retrouver « enfermé » dans la logique de l’aménagement et ne sera plus confronté qu’à des principes urbanistiques ou à des contraintes opératoires, jusqu’à devenir, dans certains cas, instrumentalisé dans les négociations entre établissement public et promoteurs. C’est comme cela que nous pouvons comprendre le respect de règles urbaines sur l’espace public de la part de promoteurs, qui, par ailleurs, refusent toute « ingérence » concernant les prestations intérieures des logements qu’ils réalisent. Malgré l’idéal porté par de nombreux concepteurs, nos terrains d’étude montrent comment le projet de ville nouvelle a eu tendance à évoluer globalement vers un projet technique au détriment d’un projet politique. Cette évolution est redevable à notre sens de failles dans la constitution d’une maîtrise d’ouvrage publique à l’échelle urbaine, notamment dans sa difficulté à appréhender le projet sur la ville, plus comme un processus à construire, qu’un objet à réaliser. 3-3 Des conceptions aux réalisations : maîtrise et décalages Les conceptions préalables des espaces publics vont se heurter à la fois à leurs conditions de réalisation et à l’évolution des pratiques ; ainsi, la capacité de maîtrise par les établissements publics devient relative et nous avons observé dans les sites investigués : - une grande maîtrise dans les parcs urbains, par ailleurs plébiscités par l’ensemble des acteurs rencontrés. La réalisation de ces espaces de grande dimension est vraiment la marque de fabrique des villes nouvelles françaises. Au-delà, elle préfigure le rôle de plus en plus grand que va jouer la corporation des paysagistes dans les projets d’aménagement des villes. - dans les espaces à fort enjeu (comme les centres) cette maîtrise se délite et on passe globalement de la problématique de l’espace public fédérateur à celle de l’espace public « de raccord ». La « chaussée haute » à Villeneuve-d’Ascq et le « boulevard urbain » dans le quartier du Liourat à Vitrolles en sont tout à fait représentatifs. - dans les ensembles résidentiels, l’évaluation apparaît plus contrastée. Dans le quartier de la Frescoule, si nous constatons que la maîtrise a été forte, et au-delà nous relevons une ingénierie technique et paysagère inventive, nous nous interrogeons sur le sens des espaces publics produits. En effet, dans la vacuité observée de certains espaces nous lisons la faillite d’un modèle : celui du quartier de la ville industrielle fondé sur une sociabilité de voisinage. Dans le quartier du château, la structuration du quartier par les espaces publics est posée alors que les opérations de logement sont en cours de réalisation ; du coup, une démarche pragmatique de la part de l’EPALE va permettre aux habitants de participer aux « finitions » de leur quartier. Les parcs urbains faisant l’objet d’une investigation au sein du programme d’Histoire et d’Evaluation des Villes Nouvelles 43 , nous avons choisi des terrains d’étude qui nous permettent d’explorer la problématique du centre et celle du quartier résidentiel ; nous en présentons succinctement ici deux illustrations. 43 A travers le projet de recherche de N. Eleb-Harlé et S. Barles portant sur l’hydrologie en villes nouvelles L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 14 La « chaussée haute » à Villeneuve -d’Ascq : d’un fédérateur à un espace public « de raccord » espace public Les études de la « chaussée haute » se sont étalées sur une période de 5 ans entre 1973 et 1978. Bien qu’elle ait été idéalisée comme le dispositif majeur des espaces publics centraux, les évaluations rétrospectives de plusieurs acteurs ayant participé à un maillon de la chaîne, témoignent d’un regard sans complaisance sur sa réalisation. On peut s’y promener, c’est pas interdit, mais il n’y a rien à y faire. (Jean Jacques de Alzua, architecte-urbaniste EPALE, entretien, 2003) Et, il est vrai, que nos propres observations révèlent un espace somme toute peu pratiqué, au regard de son statut dans le projet de ville. Les principes d’origine sont d’ordre structurant : - au centre, séparation complète des flux voitures (niveau sol naturel) et des flux piétons et métro (niveau dalle artificielle : c’est-à-dire la « chaussée haute »). - sur la « chaussée haute » qui relie le centre commercial à l’université, doivent être installés de nombreux équipements et des commerces pourvoyeurs d’attractivité. La séparation des flux voitures/piétons entraîne d’énormes problèmes en terme d’usages et d’urbanité : une des questions essentielles à résoudre va devenir celle des raccords entre les niveaux haut et bas. Avec l’abandon du principe de circulation du métro en aérien (le passage sera décidé au niveau bas, suite au changement de municipalité en 1977) une cohérence se perd, ce qui va affecter les pratiques comme la visibilité de la « chaussée haute ». En effet, les équipements du haut vont « se retourner » côté chaussée routière pour gagner en visibilité et en confort d’accès pour les piétons depuis le métro et les parkings. Dans la foulée, les petits commerces ne s’engagent pas sur le niveau haut et le programme des rez-de-chaussée évolue vers des services. Quand au centre commercial (situé en bout de « chaussée haute ») avec sa galerie couverte bien active, il gardera toujours son entrée principale côté parkings, c’est à dire à l’arrière de la « chaussée haute ». Enfin, cette chaussée se réduit à une seule ligne ; elle n’a pas d’épaisseur, de parcours alternatifs témoignant d’ambiances différentes. Elle condamne ainsi les flux piétons à n’être que dans une seule orientation. Alors que son contenu s’effiloche, les dernières énergies viennent circonscrire un objet en soi44 et le réduiront à un traitement architectural ayant vocation à marquer la fonction de centralité (homogénéité des façades et système d’arcades) comme un geste venant masquer les défauts d’urbanité. Le « mail de la Frescoule » à Vitrolles : l’emblème d’un espace public « générique » L’EPAREB se distingue parmi les établissements publics des villes nouvelles par une action très forte en direction des espaces publics, qui se concrétise dans la réalisation des 44 Cf. plan en annexe 6 p. 38. Il montre le centre fragmenté en îlots opérationnels ; la « chaussée haute » (espace public et immeubles le bordant) y est représentée à travers un périmètre d’îlot réduit dont on ne voit plus la logique d’inscription dans un parcours plus vaste. L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 15 équipements tertiaires des ZAC, traditionnellement laissés aux promoteurs 45 . Cette action, fondée par défaut (faiblesse du marché entraînant une impossibilité à agir sur l’architecture), s’appuie cependant sur un idéal fort associant égalité républicaine et fédération d’espaces éclatés. On a essayé de fabriquer de l’espace public ordinaire, de qualité, mais qui ne soit ni ostentatoire dans un coin, ni stigmatisant dans l’autre. (Georges Demouchy, paysagiste EPAREB, entretien, 2004) Les espaces publics étaient en quelque sorte une des clés sur lesquelles on pouvait agir afin de redonner une certaine unité à cette ville complètement éclatée. (Lucien Gallas, directeur EPA REB, entretien, 2004) Le quartier de la Frescoule hérite du lieu où un centre nouveau était initialement pensé comme un des trois pôles majeurs de l’agglomération (avec Aix et Marseille). La révision de l’ambition du projet, due à la suspension dès 1975 de la deuxième tranche du complexe sidérurgique de Fos-sur-Mer mais aussi à l’action des forces locales de l’agglomération (municipalités et investisseurs) qui viennent « contrarier » la mise en œuvre des objectifs du SDAU, va reconvertir le centre en quartier. Seul le parc urbain gardera une vocation plus large. Les principes urbanistiques majeurs demeurent cependant pour la conception du quartier : le mail s’appuie sur un tracé ancien et est raccordé au parc. Mais son absence de débouché au Sud, consécutif à la difficulté de construire une action intercommunale avec les Pennes-Mirabeau, le condamne à finir en impasse. Et malgré le grand soin apporté à sa réalisation, quelque chose dérange. Ce sont des espaces très composés, dessinés sur plans, mais qui dans le vécu…c’est tout le décalage que l’on peut trouver entre le plan et la réalité. (Katherine Waléry, Directrice du patrimoine puis des projets urbains Mairie de Vitrolles, entretien, 2004) Pourtant, contrairement au « boulevard urbain » situé dans le secteur commercial de la ville, la maîtrise de l’établissement public a été forte, entre le dessin initial de l’espace et sa réalisation. Si la forme a été maintenue, c’est le contenu qui ici a fluctué : les commerces ne se sont pas installés en rez-de-chaussée (laissant des béances ouvertes au stationnement des voitures), et malgré les tentatives de programmation, il y a eu échec à diversifier les logements, deux produits devenant majoritaires : le locatif social en immeuble collectif et les villas en lotissements. L’image de vacuité qui imprègne ce lieu se renforce au regard d’une forme urbaine très volontaire : architecture symétrique de part et d’autre du mail, place monumentale, traitement séquencé du mail 46 . Il semble bien qu’un arbitrage ait eu lieu, en faveur de la maîtrise d’une image, au détriment du maintien des principes de diversité sociale et de fluidité des parcours. Ce que nous avons perçu est, qu’au sein de l’Etablissement public comme parmi les concepteurs prestataires, il n’a pas été véritable ment cherché à nourrir la question du « vivre ensemble », qui apparaît plus alors comme une norme que comme un chantier à investir. C’est ce que nous entendons dans cette citation du paysagiste maître d’œuvre de cette opération. On a fait un bloc, on a fait des secteurs (…) c’est lisible, ca a été pensé comme ça, et ça se voit comme ça, alors que cela aurait pu être beaucoup plus complexe (…). Vous auriez eu un mélange de populations, quelque chose de vivant, de brassé obligatoirement, peut être un peu conflictuel, mais peut être pas conflictuel parce que mélangé tout de suite. Alors que là, vous avez le logement social et derrière le lotissement, et chacun se tournant le dos allègrement. (Alain Marguerit, paysagiste libéral, entretien, 2004) 45 La réalisation des voiries tertiaires sous la responsabilité des promoteurs a d’ailleurs fait l’objet à Villeneuved’Ascq de luttes conjointes entre élus et habitants à l’encontre de l’EPALE. 46 Voir photos en annexe 5 p. 39. L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 16 Ce qui nous amène à qualifier ce type d’espace public de « générique », au sens où il relève de l’application d’un modèle urbanistique que l’on va tenter de décliner à toutes les échelles, conformément à un idéal républicain. Dans cette opération, le sens de l’espace public n’est plus appréhendé à travers ses relations à un contexte particulier et spécifique (ici, en l’occurrence, l’hyper résidentialité du secteur). La conception des espaces publics confrontée à leur mise en oeuvre Dans les exemples de terrain que no us avons étudiés, il ressort clairement que les espaces publics qui sortent de terre sont également modelés par les processus de fabrication (logiques d’acteurs, de segmentation opérationnelle, de financements…). Les décalages entre conceptions initiales et observations de terrain rendent visibles également un certain nombre d’évolutions liées aux pratiques des usagers et à celles des gestionnaires. Plusieurs points d’éclaircissement ont pu être mis en exergue, afin d’expliciter l’ensemble des décalages perçus. 1) Projet gaullien dans ses principes, l’aménagement des villes nouvelles se concrétise à l’heure du libéralisme économique, de la décentralisation et de la montée des intérêts particuliers. Dans ce contexte, l’absence d’une réflexion centrée sur les processus d’action (à la faveur des principes urbanistiques) ne va pas favoriser l’éclosion d’une conception négociée de l’aménagement ou d’un urbanisme de transactions47 . Ainsi, toute évolution dans les principes apparaît comme un élément négatif, à l’encontre du projet idéal ; cette attitude pouvant conduire soit à une situation de « clash » (Villeneuve-d’Ascq), soit à une situation d’enfermement dans un pouvoir technique (Vitrolles). 2) La vision centre/quartiers qui organise profondément la pensée sur la ville vient buter sur un double mouvement qui affecte les pratiques, et ce depuis les années 80 : - l’éclatement de la centralité, perçu notamment à travers les pratiques commerciales et de loisirs ; - la figure de « l’enfermement » qui devient dominante à l’échelle des quartiers ; le lieu de résidence est de plus en plus le lieu de « l’entre-soi ». Cette évolution est également perceptible en d’autres lieux que ceux de la résidence : voir les transformations qui condamnent des expériences de locaux partagés entre équipements 48 . Ces évolutions viennent mettre en porte-à-faux des conceptions initiales misant sur une forte intégration de toutes les fonctions de centralité d’une part (dans l’idéal : administrative, culturelle, de loisirs et commerciale) et sur une sociabilité de voisinage, idéalisée selon le modèle du quartier de la ville industrielle, d’autre part. 47 Selon la formulation de Jean Rémy lors de notre entretien. Comme celle qui avait été réalisée entre le lycée et la maison de quartier au centre de Villeneuve-d’Ascq durant les premières années. 48 L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 17 3) Les conditions de réalisation viennent bien souvent fragmenter ce qui avait été pensé de manière cohérente ; il en est ainsi : - de certains découpages en îlots à l’intérieur des ZAC ; - du sur-poids de certains acteurs (notamment les promoteurs commerciaux) dans les processus de contractualisation49 ; - des arbitrages financiers qui, faute de « donner le temps » au marché d’évoluer, préfèreront modifier les contenus des programmes au détriment de produits plus complexes dans les morphologies (habitat intermédiaire) et dans les financements (ce qui renvoie à la composition sociale). 4) Enfin la séparation très forte entre conception / réalisation, d’une part, et gestion, d’autre part, vient fragiliser des dispositifs pensés « en bulle » car bien évidemment la réalité de la décision politique et du pouvoir détenu par ceux qui maîtrisent la gestion urbaine s’imposera sur l’idéal50 . Loin de nous, l’idée de défendre une vision « pure » et idéale de l’aménagement ; la réflexion que nous soulevons à travers ces constats est plutôt celle de la « transparence » dans les arbitrages, de l’explicitation raisonnée des enjeux entre les différents acteurs… bref, de tout ce qu’il est convenu aujourd’hui de mobiliser au nom de la démarche de « projet urbain ». Et les expériences en cours montrent la difficulté de tenir la position d’une maîtrise d’ouvrage à l’échelle urbaine… 3-4 Espace public et espace de débat De manière plus ou moins « obligée », les espaces publics vont devenir le support de débats dans la ville ; débats qui dépasseront, ou non, le cercle des initiés élus/techniciens. C’est comme si après une phase de « réduction » de la conception de l’espace public à l’aune des projets et de leurs mise en œuvre, une « ouverture » se profilait sous l’effet de leur mise en usage. Afin de mieux saisir ce qu’a pu signifier l’émergence de ces débats, il paraît nécessaire de rappeler, dans quelles conditions locales, les deux villes nouvelles ont été instituées. Pour l’EPALE, une position difficile à tenir entre les « diktats » d e l’Etat et les réactions locales A Villeneuve-d’Ascq, la construction de la ville nouvelle « au milieu des champs de betteraves » à l’Est de Lille a été imaginée après l’implantation de la cité scientifique (inaugurée en 1964). La rapidité de la décision (la première en France), la brutalité avec laquelle celle-ci s’est imposée par l’expropriation d’exploitations agricoles et d’habitations sans information ni concertation, augurent du rapport de force qui s’installe entre l’Etat planificateur et la société locale. C’est avec la « complicité » des élus de l’époque que la ville nouvelle s’est créée malgré de fortes résistances. Née de la fusion en 1970 de trois communes semi-rurales : Ascq, Annappes 49 Ces deux points ont conduit peu à peu le « boulevard urbain » de Vitrolles pensé au départ comme une opportunité pour créer de l’urbanité au sein du secteur commercial à évoluer en un espace autonome (par rapport aux constructions qui le bordent) et fragmenté en objets techniques (chaussée, rond-point, trémie...). 50 L’exemple de la pose d’une clôture à l’école des Pinchinades à Vitrolles (école « ouverte » à son origine) est là pour en témoigner. L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 18 et Flers-lez-Lille, la ville est devenue en 10 ans la 4ème ville de l’agglomération de Lille 51 . Il va se dérouler dans un premier temps un jeu complexe et tendu entre l’Etat et les élus de la communauté urbaine, puis entre les élus de la communauté urbaine (appuyant la création de la ville nouvelle) et les élus de petites communes dépassés par les enjeux de l’opération. Dans un deuxième temps, nous verrons alors les élus municipaux se présenter, face aux « technocrates », comme les défenseurs des intérêts des habitants, et enfin, dans un troisième temps, comment les habitants vont se constituer, principalement dans le quartier du Château, en groupe de pression sur les décisions des aménageurs. En définitive, tout se passe un peu comme si chacun s’appropriait l’organisation du débat public, l’organisation de la participation des habitants et son impact sur l’évolution des projets. Si la pratique de mise en débat se fait parfois douloureusement, elle a le mérite d’avoir émaillé tout au long de l’aventure « ville nouvelle » la construction d’espaces de délibération dans la ville 52 . Nous avons ressenti dans les entretiens d’acteurs comme à travers les documents relatant l’histoire de la ville (ouvrages, archives orales) combien ces moments- là sont pleinement constitutifs de l’histoire de Villeneuve-d’Ascq. A Vitrolles pèse le poids du partage initial du territoire entre municipalité et EPAREB L'histoire de la constitution de la ville nouvelle des Rives de l’Etang-de-Berre est tout à fait particulière au regard des autres expériences en France, car fondée à l’origine sur un projet industriel de grande importance (complexe sidérurgique et portuaire de Fos-sur-Mer). On retiendra que suite à une énorme « partie de bras de fer » entre les élus locaux et l’Etat, le rapport de forces s'est traduit par la constitution d'une ville nouvelle répartie entre deux sites : - l'ensemble Fos-Istres-Miramas, qui tire sa cohérence des projets industriels à l'ouest de l'Etang-de-Berre. Le dispositif Ville Nouvelle n’a pas conduit cependant à effacer les entités communales marquées par des discontinuités urbaines ; - Vitrolles à l’est de l’Etang-de-Berre, dont le choix est justifié par son inscription comme pôle majeur du développement de l'agglomération dans le schéma d'aménagement de l'aire métropolitaine marseillaise 53 . Ainsi est née une géographie tout à fait particulière pour une ville nouvelle où une commune isolée, Vitrolles, est dite « associée » sans obligation d’intercommunalité. Le périmètre de l’EPAREB est alors circonscrit à la partie non urbanisée du territoire de la commune, consacrant ainsi un partage de pouvoir entre Municipalité et établissement public. Ce partage entre le Nord et le Sud de la commune, matérialisé par une infrastructure démesurée et hors d’échelle des pratiques piétonnes (le CD 9 et le rond-point du Griffon) est redevable d’une pensée technique dans laquelle va s’engager (se réfugier) l’EPAREB. Ce n’est donc qu’avec le temps et beaucoup de difficultés qu’un espace de dialogue se construira entre les deux acteurs, lorsqu’il s’agira de penser l’équilibre entre tissu existant et urbanisations nouvelles, puis très concrètement, lorsque l’espace public physique deviendra le réceptacle de nombreux enjeux et conflits (autour de la sécurité et de la gestion urbaine), dans lesquels les habitants viendront s’immiscer. Mais le partage initial pèsera toujours. Ainsi le 51 Sa population passe de 26 000 habitants en 1968 à 59 500 en 1983, d’après le Recensement Général de Population INSEE. 52 A travers différentes formules selon les périodes : les PHAR (Participation des Habitants Avant Réalisation) puis les chartes d’aménagement et de concertation, jusqu’à aujourd’hui avec les centres sociaux de quartier. 53 Réalisé par l'OREAM et approuvé en 1969. L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 19 quartier du Liourat, bien que situé en position centrale dans le territoire communal et représentant dès le début des années 70 un support d’activités intenses54 , ne sera que très tardivement pensé comme secteur majeur d’un projet de ville, car situé à l’origine à l’extérieur du périmètre opérationnel de l’EPAREB. Les difficultés rencontrées lors de sa réalisation témoignent de cet « handicap ». Débat public et publicité Il n’était donc pas aisé pour les villes nouvelles de relever ce pari de l’éclosion d’une pensée politique sur la ville, car elles sont parties avec un handicap majeur. En effet, leur origine est fondée sur la base d’un pouvoir technique fort, à travers les établissements publics, et une nouvelle entité politique plutôt faible, issue du rapport de force entre pouvoir local et Etat. Et dans ce cadre, les conditions opérationnelles vont même conduire des projets d’espaces publics à exprimer les lieux exclusifs d’une maîtrise possible de l’établissement public. Il en est ainsi à Vitrolles avec la forte motivation de l’EPAREB pour apporter des signes de l’urbain (voiries tertiaires, clôtures…) dans les lotissements qui façonnent fortement la ville nouvelle et qui témoignent de la faiblesse de sa marge de manœuvre à peser sur le marché de l’habitat. Or, en ces lieux, cette démarche nécessite parfois de « passer en force » à travers des désirs d’individualisation ou d’appropriation portés par les habitants. De ce point de vue, bien que fondé sur un idéal démocratique, l’espace public va aussi pouvoir signifier l’espace de l’expression du pouvoir public, lorsque pour « régler » le choix d’un modèle de clôture ou d’une teinte d’un enduit, il sera nécessaire pour les habitants d’en passer par des pétitions, recours aux élus, etc…. Mais cet handicap n’empêchera pas cependant l’éclosion d’un débat public local comme à Villeneuve-d’Ascq. Alors que lors de sa création il convenait plutôt de parler d’affrontements, progressivement au fur et à mesure que se mobilisent les habitants de la ville nouvelle et que conjointement se constitue un pouvoir politique local fort, un espace de débat se construit. Il aura donc fallu attendre en quelque sorte que ceux qui représentaient la finalité de l’action de l’EPALE soit présents 55 . Ce débat public aura des effets sur les programmes de l’établissement public comme sur les politiques menées par les élus locaux. Cette expérience aura permis de révéler à l’Etat et aux institutions locales l’intérêt porté par la « société civile » au devenir de la ville. Au-delà de la plus ou moins grande prégnance, localement, d’un espace de débat, nous constatons que les projets en villes nouvelles ont tenu pendant un certain temps le « devant de la scène » de la critique d’architecture. Notre hypothèse, visant à explorer en quoi cette communication a pu contribuer à la création d’un débat d’opinion, amorçant un tournant dans les objets de la pens ée sur la ville, n’a pu être travaillée dans le cadre de cette recherche. L’étude comparée des revues professionnelles et de la presse « grand public » reste à faire en ce sens, pour étudier sur quels mécanismes reposent le phénomène de publicité 56 . 54 Avec l’installation du plus grand centre commercial d’Europe de l’époque (groupe Carrefour) Alors que les premières mobilisations des « expropriés » paraissaient nettement moins légitimes, au titre de l’intérêt public, au nom duquel agit l’établissement public. 56 Comprise ici au sens de J. Habermas. 55 L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 20 4 – Conclusions : ville nouvelle et espace public En nous parlant de la ville politique, l’espace public nous ramène aux conditions de la naissance des villes nouvelles, au rôle des institutions d’Etat dans les processus d’urbanisation, à la conception même que se fait la puissance publique des limites entre ce qui est privé, où elle n’est pas sensée intervenir, et ce qui est public et relève de son domaine de compétence. La création des villes nouvelles nous rappelle les conceptions technicistes des institutions de la république gaullienne : on a créé des villes à la campagne en croyant que les logiques institutionnelles et les réponses techniques étaient capables de répondre à ce défi de démiurge. Au terme de cette étude, il nous apparaît que la notion d’espace public a joué, progressivement, un rôle qui était inattendu, du moins au départ du projet de construction des villes, celui de support au débat, débat entre les différents acteurs institutionnels, entre ceux-ci et les élus, entre les élus et les habitant s regroupés en collectifs divers. Ce débat s’est développé pendant que la notion d’espace public, au sein des milieux professionnels, était l’objet d’une attention nouvelle : l’approche fonctionnelle qui prévalait à la fin du mouvement moderne et avait dominé l’urbanisme des grands ensembles se complexifiait en s’enrichissant de dimensions sociologiques, symboliques, politiques. L’espace public, entre la fin des années 70 et le début des années 80, se déclinait tout autant en une problématique des usagers (véhicules, piétons, enfants…) ; en une problématique de la sociabilité dans laquelle il était plutôt défini par les échanges sociaux ou le temps libre qu’il permettait de passer dans un lieu collectif ; en une problématique politique quand il devenait syno nyme de débats, de construction du collectif, de confrontation entre les acteurs ; en une problématique idéologique quand nous voyons l’espace public utilisé pour tenter de contrecarrer le développement de l’habitat pavillonnaire et de l’individualisme résidentiel. Définir l’espace public, en définitive, n’est pas plus pertinent que définir la ville elle-même. Sauf à dire, peut-être, que pendant un temps, et pour certains acteurs sociaux et professionnels, l’espace public a été la ville, ville rêvée pour les uns, ville aménagée pour d’autres, ville tout simplement « urbaine » - c'est-à-dire faite pour ses habitants - pour le plus grand nombre. C'est dans ce moment-là, celui d'une cristallisation thématique, que l'expérience des villes nouvelles a joué à plein. Et c'est à l'émergence de ce moment- là - de ré articulation problématique autour du thème de la publicité - qu'elle aura contribué, ceci par les champs d'expérimentation qui s'y sont ouverts. Un espace-cadre programmatique dans l'enveloppe duquel on espère avoir montré que les nouveaux montages entre concepteurs qui s'y inventaient et les mises à l'épreuve de concepts urbains qui s'y risquaient ont eu partie liée. L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 21 Annexe 1 : Liste des entretiens réalisés. Entretiens avec des personnes témoins au niveau national Nom Fonctions ou parcours antérieurs, à l’époque de l’édification des villes nouvelles Fonctions actuelles Date Conditions Isabelle Billiard Animatrice du groupe de travail sur les espaces publics au Plan Urbain Chargée de mission du programme interministériel d’Histoire et d’Evaluation des villes nouvelles françaises Oct. 90’ 2003 Enregistré et en partie retranscrit Michel Crespin Fondateur et ancien directeur de « lieux publics » (arts de la rue), a animé la Ferme du Buisson à Marne-la-Vallée Chargé de mission pour la préfiguration du centre de formation des arts de la rue à Marseille. Fev. 75’ 2004 Enregistré et retranscrit Christian Devillers Architecte-urbaniste, théoricien du projet urbain, auteur de nombreux articles. Enseignant de 1984 à 1990 (Nancy, Paris, Genève, Harvard, Barcelone, Kentucky, Fall et Toronto) Depuis 1990 architecteurbaniste libéral. Depuis 1995, anime l’atelier « Projet urbain » avec A. Masboungi au Ministère de l’Equipement Oct. 90’ 2003 Enregistré et retranscrit Jean Harari Architecte, un des fondateurs du « collectif des ateliers publics » (1981-1986). Animateur de l’atelier public de Blois de 1989 à 1994 Architecte-urbaniste libéral. Déc. Enseignant à l’Ecole 2003 d’Architecture de Paris -la Villette 75’ Enregistré et retranscrit Alain Pélissier Docteur es-lettres, Architecte, Architecte, auteur praticien et auteur de nombreux Directeur de l’Ecole ouvrages et articles ; a collaboré à Spéciale d’Architecture la revue « Techniques et Architecture » de 1982 à 1989, a notamment réalisé une étude pour le SGVN sur les articles parus à propos des villes nouvelles françaises Déc. 2003 90’ Dominique Petitot Economiste. Directeur du service programmation d’équipement puis directeur financier de l’EPAREB jusqu’en 1982. Directeur général adjoint de l’EPAMARNE. de 1983 à 1997 Retraité Déc. 75’ 2003 Enregistré et retranscrit Jean Rémy Chercheur, Professeur de sociologie à l’Université catholique de Louvain-la -Neuve, auteur de nombreux ouvrages. A participé à la conception de Louvain la Neuve. Mission d’étude en 1977 sur le centre ville de Villeneuve-d’Ascq et la chaussée haute. Chercheur, Directeur Avril honoraire de la revue 2004 « Espaces et sociétés », Commission « Urbanisme » de Louvain-la-Neuve Enregistré et retranscrit 120’ + visite du centre de Louvain la Neuve Enregistré et retranscrit L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 22 Nom Fonctions ou parcours antérieurs, à l’époque de l’édification des villes nouvelles Fonctions actuelles Jean-Eudes Secrétaire général du Secrétariat Général des Villes Nouvelles (SGVN) Inspecteur général des Oct. Finances honoraire, 2003 responsable du programme interministériel d'Histoire et d'Evaluation des Villes Nouvelles françaises, Roullier Date Conditions 90’ Enregistré et en partie retranscrit Jacques Simon Paysagiste praticien et enseignant Paysagiste libéral (à l’école du paysage de Versailles, à Montréal, Toronto, Pennsylvanie, Los Angelès., ), rédacteur en chef et éditeur de la revue « espaces verts » de 1968 à 1982 , publications de la collection "Aménagement des espaces extérieurs"de 1974 à 1988 ; articles dans « Paysage Actualités » et auteur de nombreux ouvrages Oct. 90’ 2003 Prise de notes et retranscrit . Jean Tribel Un des fondateurs de l’A.U.A. en Architecte libéral 1959, architecte en chef de la Villeneuve de Grenoble 1968/1972, Architecte coordinateur du quartier central de Villeneuve d’Ascq, avec Loiseau 1974/78 . Assistant de J.P Duport à la direction de l’architecture 1981/84 . Mars 90’ 2004 Enregistré et retranscrit L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 23 Entretiens avec les acteurs locaux de la ville nouvelle de Villeneuve d’Ascq Nom Fonctions entre 1969 et 1983 Fonctions actuelles er Date Conditions Jean-Michel Stievenard Sociologue, 1 adjoint au maire Maire de Villeneuvede Villeneuve-d'Ascq (1977d’Ascq 1995), Co-auteur de «Villeneuved'Ascq, Une ville est née », 1980 3 Mars 70’ 2003 Enregistré et retranscrit Pascal Percq Journaliste Nord-Eclair de 1967 à 1985. Co-auteur « une ville est née », 1980 Attaché de presse de Martine Aubry, maire de Lille 3 Mars. 90’ 2003 Enregistré et retranscrit Architecte-urbaniste à l’EPALE de 1969 à 1983 Architecte libéral à Villeneuve-d’Ascq 4 Mars 60’ 2003 Enregistré et retranscrit Formation Sciences-Po, Conseil régional, Relations responsable de la communication, Publiques puis de l’information et de Retraité l’animation à l’EPALE de 1971 à 1981 11 Juin 120’ 2003 Enregistré et retranscrit Architecte-urbaniste direction de la conception EPALE + mission préfiguration (1969-1975) Retraité 10 Fév. et 15’ Notes et 11 Juin retranscription60’ visite 2003 des sites retenus : enregistré et retranscrit Retraité 22 Oct. 270’ 2003 Enregistré et retranscrit 26 Mars 2004 90’ Gérard Zeller Patrick Calais Jean-Jacques de Alzua Professeur à l’ Ecole d’Architecture de Villeneuved’ascq à partir de 1974 Jean Claude Ralite Missions de préfiguration et d’étude : 1967-68 Premier directeur de l’EPALE 1969-1973 Gérard Caudron Enseignant à Roubaix et militant PS à Villeneuve-d'Ascq, conseiller d’opposition en 1976, puis maire de Villeneuve.-d'Ascq de 77 à 2001 Député européen Anne Ioos Architecte Directrice adjointe de la Direction du Développement urbain et économique à Villeneuved'Ascq, depuis 1987 22 et 30 Mars 2004 150’ Doctorante Sciences Po, Ch. de mission Economie Solidaire à Villeneuve d’Ascq 4 Juin 2004 30’ Service urbanisme Villeneuve-d'Ascq 11 Mars 2004 30’ Architecte, service urbanisme Villeneuved'Ascq 11 Mars 2004 30’ Sergine Vaubourgeix Philippe Coucke Emmanuelle Thieffry Mairie de Villeneuve-d'Ascq Conseiller municipal Villeneuve-d'Ascq L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 24 Enregistré et retranscrit Enregistré et retranscrit Prise de notes et retranscrit Manuscrit Manuscrit Archives orales consultées au service culture, Château de Flers, Villeneuve- d’Ascq Nom Fonctions entre 1969 et 1983 Fonctions actuelles Date Disques écoutés (durée : 60’) Jean-Jacques Architecte-urbaniste, Direction de la conception EPALE. Professeur d’architecture à l’Ecole d’Architecture de Villeneuve-d’Ascq Retraité 29 Nov 2001, 2,5 disques en partie retranscrits (5 disques au total) Jean-Claude Rali te Missions de préfiguration et d’étude : 1967-68. Premier directeur de l’EPALE 1969-1983 Retraité Nov 2001 1 disque en partie retranscrit Patrick Calais Responsable de la communication, puis de l’information et de l’animation à l’EPALE de 1971 à 1981 Retraité 12 Avril 2001 1 disque en partie retranscrit Gérard Zeller Architecte-urbaniste EPALE de 1969 à 1983 Architecte libéral à Villeneuve-d'Ascq 2 Mai 2001 1 disque De Alzua 2002 L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 25 Entretiens avec les acteurs locaux de la ville nouvelle de Vitrolles Nom Fonctions ou parcours antérieurs, à l’époque de l’édification des villes nouvelles Fonctions actuelles Date Conditions Guidu Antonietti Architecte d’opération (logements et équipements) quartiers de la Frescoule et des Pinchinades Architecte D.P.L.G. – Archipel Aix-en-Provence 6 Mai 2004 90’ enregistré/retranscrit Georges Demouchy Paysagiste à l’EPAREB Consultant, chargé de formation 6 Avril 127’ 2004 enregistré/retranscrit Nicole Flavin Architecte-urbaniste à l’EPAREB Retraitée 1er Avril 2004 Lucien Gallas Directeur de l’EPAREB Retraité 6 Avril 81’ enregistré/retranscrit 2004 Anne-Marie Programmatrice à l’EPAREB Henriot Chargée de mission au Conseil Régional PACA 5 Mai 2004 Alain Marguerit Paysagiste, maître d’œuvre des espaces publics de la Frescoule Paysagiste – Atelier des Paysages 22 Montpellier Avril 2004 Gérard Plaisant Ingénieur à l’EPAREB Directeur régional du patrimoine immobilier de La Poste Marseille 13 Mai 64’ enregistré/retranscrit 2004 Patrick Sauze Ingénieur à l’EPAREB Direction départementale de l’équipement des Bouches-duRhône Juin 2003 Environ 80’ prises de notes manuscrites Katherine Waléry Responsable du patrimoine puis directrice des projets urbains – services techniques municipaux de Vitrolles. Directrice de l’aménagement à la Communauté d’Agglomération du Pays d’Aix. 30 Mars 2004 78’ enregistré/retranscrit L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 26 124’ enregistré/retranscrit 70’ enregistré/retranscrit 100’ enregistré/retranscrit Annexe 2 :Bibliographie générale « ville nouvelle et espace public ». Lieux ressources identifiés Paris : CDU, IAURIF Aix, Marseille : bibliothèque de l’école d’architecture de Marseille, DDE, CETE, Archives départementales. Lille : archives de l’EPALE (Hôtel de ville de Villeneuve-d’Ascq), bibliothèque de l’école d’architecture de Lille, centre de documentation de la Faculté se Sciences économiques et sociales, service du patrimoine de Villeneuve-d'Ascq (Château de Flers), médiathèque municipale de Villeneuve-d'Ascq (Chaussée haute). Toulouse : bibliothèque de l’école d’architecture de Toulouse, bibliothèque des sciences sociales- Arsenal. 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Mottez, E.Cohen-Boulakia 21 Octobre 1970 P.Carle Concours d’idées pour l’aménagement de la Plaine de Villetaneuse, Deuil-la-Barre, Montmagny comportant un ensemble urbain et universitaire 23 Mai 1971 D.Ragu, J.Lecureuil Equipements culturels et socio-éducatifs 23 Mai 1971 G.Piaulat, M.Macary Etude des équipements collectifs pour un premier quartier de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée 30 Février 1973 Mission d’aménagement de la ville nouvelle du Vaudreuil, avec l’aide technique de la SCOOPER Le Vaudreuil, une méthode d’étude et de réalisation 35 Octobre 1974 G.Hanning et l’équipe de l’IAURP La composition urbaine 47 Octobre 1977 E.Tempia Ville nouvelle de Cergy-Pontoise, concours de maisons de villes à Jouy-le Moutier 52 Septembre 1978 P.Lafrasse, G.Vincent, Evry : les équipements publics, inventaire des équipements, repérage des types d’innovation 55 Juin 1979 F.Guyon, A.Gotman Fonctionnement des espaces de prolongement des logements dans les nouveaux ensembles d’habitat 64 3ème trim. 1981 E.P.A de Saint Quentin Cœur de ville de St Quentin-en-Yvelines D.Alduy, M.Delpont L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 33 Annexe 4 : Ressources documentaires locales. Etudes, ouvrages et documents sur la ville nouvelle de Villeneuve d’Ascq Baudelle Guy, 1984, Villeneuve-d’Ascq, ville nouvelle, un exemple d’urbanisme concerté, EPALE, Ed. du Moniteur, Paris. Calais Patrick, 1976, Approche des problèmes d’imagibilité et de lisibilité de la ville nouvelle de Lille-est, EPALE. Communauté urbaine de Lille, 1968, Métropole du Nord, ville nouvelle de Lille-Est, Ministère de l’équipement et du logement, Paris. De Alzua Jean-Jacques, 1976, Création d’un quartier, Triolo, EPALE. De Alzua Jean-Jacques, 1976, Une ville plus humaine, in les espaces extérieurs urbains : Conception d’espaces et que lques expériences, ouvrage collectif, Séminaire des Services Techniques de l’Urbanisme (STU). Delbar Georges, 1977, La ville nouvelle de Lille-est. Son insertion et son rôle dans les schémas d’aménagement de la région Nord, EPALE, SDAU. Ecole nationale des Ponts et Chaussées, 1978, Villeneuve-d’Ascq, (ENPC), Paris. Leclercq Gérard, 1979, Le 1% culturel, EPALE. 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Villeneuve-d’Ascq, ville nouvelle, 1996, Séminaire « Architecture et communication », Ecole d’architecture de Lille et Région Nord-Pas de Calais, juin. Site Internet de la commune de Villeneuve-d’Ascq www.mairie-villeneuvedascq.fr L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 34 Articles parus dans la presse locale et nationale La Voix du Nord, 16-17 janvier 1969, An 1 de la CUDL et la création de la Ville-Est. La Voix du Nord, 20 juin 1969, « La fédération des expropriés de la ville-Est devant le tribunal administratif de Lille ». Nord-Eclair, 26 septembre 1973, « J.C. Ralite quitte la ville nouvelle : vers un changement des rapports de force élus - technocrates ». Nord-Matin, 28 juin 1974, « A Flers, tout sera prêt pour la rentréseuniversitaire, le 28 ». Nord-Matin, 3 janvier 1975, « Est-ce la mort du petit VAL ? ». Nord-Eclair, 30 juillet 1975, « Un curieux centre ville pas du tout central ». Liberté, 10 avril 1976, « L’Etat accorde 21 milliards d’anciens francs pour la 1ère tranche du Métro lillois ». Le Monde, 9 septembre 1976, « 10 ans de villes nouvelles ». Nord-Eclair, 30 décembre 1976, « Avec le centre commercial principal, c’est bien la vraie ville qui arrive ! ». La Voix du Nord, 8 janvier 1977, « Le centre Commercial V2 a été inauguré hier soir ». La Voix du Nord, 14 mai 1977 : « CUDL : M. Notebart succède à M. Notebart et la gauche prend tous les leviers de commande ». Le Point, 6 juin 1977, « Le bonheur horizontal ou l’habitat intermédiaire ». Le Monde, 22 juillet 1977, « Villeneuve-d'Ascq : détenir le pouvoir ». La Voix du Nord, 30 janvier 1999, « La moitié des Villeneuvois vivent en HLM ». La Voix du Nord, 21 octobre 1999, « Villeneuve-d'Ascq ne veut pas vieillir ». Télérama, 12 avril 2000, « Les villes nouvelles ont 30 ans ». La Voix dui Nord, 18 mars 2003, « La ferme d’En Haut ? C’est par là-bas ! ». Publications de la mairie de Villeneuve-d’Ascq La Tribune, le magazine des Villeneuvois, mensuel édité par la municipalité de Villeneuved'Ascq (195 numéros édités depuis 1988). « Perspectives du centre ville », La Tribune, n°186, septembre 2003. « Les conseils de quartier soufflent leur 1ère bougie », La Tribune, n°188, novembre 2003. Le château de Flers, 2001, Les albums du patrimoine villeneuvois, Servive développement culturel, Mairie de Villeneuve-d’Ascq, 22p. Promenade dans les jardins familiaux de Villeneuve d’Ascq, 2002, Association des Jardins familiaux, Catalogue de l’exposition au Musée de Château de Flers, 17 novembre 2002-2 février 2003, 17p. De l’Hospice à la Villa Gabrielle, trois siècles d’histoire, fascicule réalisé par la Mairie de Villeneuve d’Ascq à l’occasion de l’inauguration du salon Charlemagne, 12p. Publication de l’Agence de développement et d’urbanisme Lille Métropole « Projets urbains : Rencontres sur l’espace public et plus si affinités… », Agence de développement et d’urbanisme Lille Métropole, La Farde, n°19, juillet 2003, p4-6. L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 35 « Concours promoteurs-architectes pour les logements de la Haute-Borne, Agence de développement et d’urbanisme Lille Métropole », La Farde, n°19, juillet 2003, p9-25. Etudes et ouvrages sur la ville nouvelle des Rives de l'Etang- de -Berre et Vitrolles Amphoux, Nicole, 2002, La ville nouvelle des Rives de l’Etang de Berre, Systèmes et jeux d’acteurs : de la conception du projet à l’achèvement de l’opération, Rapport d’étude CERTU. AREAUR, P. Di Méglio, J.P. Frey, M. Sauquet, M. Wievorka 1972, Recherche sur l’expérience des centres des villes nouvelles : le cas de l’aménagement des Rives de l’étangde-Berre, note de travail pour le GCVN, Paris. 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L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 37 Annexe 5 : iconographie La « Chaussée haute » de Villeneuve -d’Ascq La « chaussée haute » (A sur le plan) devient un objet technique « enfermé » dans la dimension opérationnelle Le théâtre « la Rose des vents » s’est finalement retourné sur la chaussée basse © Bénédicte Lefebvre L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 38 Le « mail de la Frescoule » à Vitrolles © Claude Paris L’espace public en villes nouvelles – Rapport de synthèse – Mars 2005 / 39