L`As des As René Fonck

Transcription

L`As des As René Fonck
Collège Louis Pasteur
Saint-Lô
Manche (50)
Histoire des Arts
Fiche HDA : Mesure du temps
L'As des As René Fonck
Mesure du temps durant la première guerre mondiale
Étude sur la période historique 1914-1919
Contexte d'enseignement
- Objet d'étude : Portrait de l'As des As René Fonck.
- Type d’œuvre : Photographie.
- Thématique : La mémoire (art/espace/temps).
- Période historique : du XX siècle à notre époque.
- Domaine artistique : Arts visuels.
- Disciplines concernées : Technologie, Anglais et Histoire.
Culture générale – Contexte de l'objet d'étude
1) Contexte historique :
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© Jacques Ridel (1918) - SPA 47 W 2037 /ECPAD
Naissance de l'aviation de 10 ans : Le vol libre, le planeur, a été initié par
Otto Lilienthal, dans les années 1890. Il fallait motoriser ces engins et
plusieurs pays revendiquent la paternité de l'aviation, Ader en 1890 en France,
les frères Wright aux Etats-Unis en 1903. Le 25 juillet 1909 : première traversée
de la Manche, effectuée par Louis Blériot. Le 23 septembre 1913 : première
traversée de la Méditerranée par Roland Garros à bord d'un monoplan
Morane-Saulnier.
Résumé de la première guerre mondiale : En 1914, l’Europe domine le
monde. Les grandes puissances rivalisent entre elles et forment des alliances
défensives. L’attentat de Sarajevo le 28 juin 1914 déclenche le jeu des alliances,
qui débouche sur une guerre européenne puis mondiale. En 1915, la guerre de
mouvement se transforme rapidement en guerre de position à l'Ouest
(tranchées) : Guerre totale. Les morts sont nombreux et les soldats survivants
vivent sans hygiène ; surnom de « poilus ». Leurs lettres subissent la censure
d’État. Épuisés par la guerre, ils multiplient les désertions et les mutineries.
Les femmes remplacent les hommes à leur travail à l’arrière. L’Etat transforme
son économie en économie de guerre. Les populations sont rationnées et leurs
biens réquisitionnés. En 1917, la Russie se retire après la révolution
bolchévique pendant que les États-Unis entrent en guerre. L’Allemagne signe
l’armistice le 11 novembre 1918. La guerre a détruit l’Europe : elle subit de
nombreuses modifications territoriales lors des signatures de traités de paix de
Versailles signé le 28 juin 1919. La Première Guerre mondiale a fait 10 millions
de morts et plusieurs millions de kilomètres carrés dévastés.
Première guerre mondiale - guerre totale, mécanisée et technologique : L'évolution technologique reflète
l'application de l'industrialisation et de la production de masse dans le domaine militaire. C'est une
confrontation entre la technologie du XX e siècle et les tactiques du XIXe
(batailles indécises + Nb tués). A la fin de la guerre, les armées adaptent les
tactiques militaires modernes. Les nouvelles industries métallurgiques et
chimiques et de nombreuses innovations mécaniques ont fait que la défense
était toujours plus forte que l'attaque sur les no man's land. L'artillerie connut
des progrès considérables au cours de la Première Guerre mondiale. La guerre de
tranchée nécessitait des munitions beaucoup plus grosses tirées à partir
d'obusier favorisant la majorité des pertes de la guerre. Le chlore fut le
premier gaz utilisé en avril 1915, suivirent le phosgène et le gaz moutarde. Les
masques à gaz permirent de réduire la dangerosité des attaques chimiques et les
gaz de combats ne causèrent que 4 % des morts de la guerre. Les chemins de
fer jouèrent un rôle et permirent le transport de troupes et de matériel à un rythme
sans précédent. L'utilisation des chars de combat a fait de la Première Guerre
mondiale le premier conflit mécanisé. Les chars ont permis de sortir de
l'impasse de la guerre de tranchée en 1918 en offrant une combinaison de
puissance de feu et de protection qui manquait aux poilus lors d'attaque.
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Événement Allemand de Mars à Juillet 1918 ; contexte du portrait : À la mi-février
1918, l’essentiel du transfert des divisions allemandes du front Est vers la France
est achevé. Les offensives allemandes sur la Somme commencent en mars et
permettent la reprise de la guerre de mouvement. Sur les fronts de l’Oise, de la
Somme et du Pas-de-Calais en mai 1918, les troupes alliées se remettent peu à peu
des offensives lancées et consolident le front. Tirant les leçons des erreurs de la
Somme, le général Foch est nommé à la tête des armées alliées sur le front occidental,
mettant en œuvre la stratégie commune. René Fonck est sur le front basé à
Hétomesnil le 11 mai 1918, dans l'Oise. Seize jours après, commence une autre
offensive allemande sur le Chemin des Dames du 27 mai 1918.
Importance de l'Aviation dans la première guerre mondiale : Le premier combat aérien a
lieu le 5 octobre 1914 avec un fusil, et la victoire revient aux français Quénault et Frantz ayant
abattu un équipage allemand. On assiste alors à une diversification de l’aviation, avec trois
missions principales. La reconnaissance tactique et l’observation de l’artillerie. Après la
stabilisation des fronts, l’apparition du bombardement des lignes et de l’arrière. La chasse
sert de protection aux deux missions précédentes. Le premier bombardement réussi eut lieu de
jour le 27 mai 1915 sur des usines allemandes. L’aviation aura connu une grande évolution pendant la guerre qui
est passée du stade de quelques petits avions servant au loisir en 1914 à des centaines d’avions militaires
plus grands, solides, perfectionnés et plus puissants en 1918. C’est la qualité des pilotes qui détermine
l’issue du combat. Il fallait qu'ils puissent observer l'ennemi voire le bombarder, orienter précisément les
tirs d'artilleries et ceci grâce aux pilotes de chasse qui nettoyaient l'espace aérien des combats. Sans
observation, pas d'artillerie précise (tir aveugle). Sans artillerie, pas d'assaut ni riposte aux attaques.
Naissance de l'aviation de chasse : Elle est née par la mise au point des tirs dans le champ de l’hélice. Un des
frères Morane découvra qu’une photo était parfaitement identifiable, étant située derrière un ventilateur en
marche. Avec Roland Garros, ils conçurent des déflecteurs métalliques bidirectionnels installés sur la racine
des pales d’hélice permettant d’évacuer les balles qui risquaient de sectionner celles-ci. En avril 1915, Roland
Garros abat un appareil allemand à l’aide d’une mitrailleuse tirant à travers l’hélice (innovation avec un gain
de précision de tir). Les allemands découvrirent le système sur un avion écrasé et développèrent un dispositif
commandé par le moteur lui-même. Ce système évolua dans les deux camps. Le pilote est devenu
mitrailleur visant sa cible avec son avion. Deux mitrailleuses ainsi couplées furent installées puis évoluèrent
vers l'utilisation de canon à la place.
Nouvelle stratégie aérienne méconnue : En mars 1918, l’offensive allemande dans la Somme avait disloqué
le front des alliés entre les forces anglaises et les forces françaises (2 commandements différents). Pour la
première fois, l’aviation a été appelée au secours comme à une force autonome à part entière et non plus
comme à une auxiliaire de l’infanterie ou de l’artillerie. Les avions ont été rameutés de toutes parts pour ce
que Fonck a appelé «la charge des aviateurs». Les avions affluèrent et menèrent l’attaque au ras des
baïonnettes, mitraillant les masses humaines qui donnaient l’assaut, créant la confusion en faisant cabrer
les chevaux et renverser les attelages. Des bombes furent jetées sur les troupes en marche, les colonnes
et les convois. L’offensive fut, sinon arrêtée, du moins ralentie. C’était la première fois qu’un grand succès
stratégique était obtenu par l’intervention exclusive de l’aviation. Cette énorme réussite inattendue est
passé inaperçue tactiquement par leur propre état-major qui n'en profita pas immédiatement sur tous les fronts.
René Fonck est l'« as des as » français et allié de la Première Guerre mondiale avec 75 victoires
officiellement homologuées. La dernière citation de Fonck fait état de 75 victoires confirmées ainsi que de 69
autres, ce qui ferait un total de 144 confirmées et probables grâce à divers ouvrages historiques et archives
militaires allemandes. Victoires très supérieures au célèbre baron rouge de 80. Pilote d'observation au
début de la guerre, il est muté au Groupe de combat 12 ou « Groupe des cigognes », l'Escadrille 103, l'élite
des pilotes de chasse, dirigée par le Commandant Brocard, où il remporta sa première victoire le 3 Mai 1917.
Il ne fut pas rare qu'il abatte plusieurs avions en une journée, jusqu'à six le 10 mai 1918 (photo portrait du 11
mai 1918). Il ne buvait pas, ne fumait pas, ne sortait pas, ne dansait pas,
surveillait son alimentation, pratiquait la gymnastique et le Yoga. Il passait
pour être quelqu'un de très ennuyeux qui, en réalité, ne s'intéressait qu'à
lui et à son palmarès. Mais sur ses combats il était intarissable. Il était
froid, calculateur, méthodique et implacable donc simplement efficace. Il
avait une acuité visuelle exceptionnelle (17/10 ; avions à 8 ou 10 Km) et
tirait dans une pièce à 50 mètres, grande faculté de mémorisation, peintre
avec talent sur la toile même des avions abattus, résistance à l’hypoxie
(altitudes très élevées sans masque à oxygène), virtuosité en vol (abat 3
avions en 6 secondes), implacable sang-froid. Ce redoutable tireur (pièce à
50 mètres), visant toujours juste et dépensant le minimum de munitions.
C'est un mécanicien de formation réglant minutieusement son moteur et
ses mitrailleuses avec ses mécaniciens. Il ne laisse rien au hasard !
Fonck est le porte-drapeau de l’aviation française lors du défilé de la victoire le 14 juillet 1919.
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Innovations dans la tactique de combat apportée par Fonck : Elle
consiste essentiellement à surprendre l'adversaire, lui porter un coup
décisif au plus près et avec un minimum de munitions, et se
soustraire à sa riposte. Il vise le pilote ennemi plutôt que son avion
(perte irréversible de l'avion). En tant que pilote de chasse, c'est le 10
mai 1918 que fut mise en évidence la redoutable efficacité de la
"mécanique à tuer" mise en œuvre par Fonck. En 3 heures, il
remporta 6 victoires avec cinquante-deux balles et 6 appareils
allemands au sol. Ce succès, comme les autres, était dû en grande
partie à une technique personnelle de l'interception érigée en redoutables principes de combat.
Le groupe de combat n° 12 appelé aussi escadrille des Cigognes,
mascotte ci-contre s'appelle Hélène, est une célèbre unité aéronautique
de l'armée française dont les appareils d'escadrilles étaient ornés d’une
cigogne. Elle fut le berceau de grandes figures de l’aviation de chasse
française. Les pilotes René Fonck, Roland Garros, ... furent aux
commandes des avions de la SPA3 et SPA103, les deux plus célèbres
escadrilles de 1914 à 1918. L’emblème des cigognes rend
hommage à l’Alsace-Lorraine alors occupée par les allemands
depuis 1871. Fonck est originaire de la Lorraine !
2014, le centenaire : l’année 2014 marquera le début du cycle du centenaire de la
Première Guerre mondiale, qui durera quatre ans. Les nations du monde entier
viendront en France commémorer l’engagement de leurs soldats et de leurs
travailleurs sur le front de l’Ouest, épicentre du premier conflit mondial de l’histoire de
l’humanité.
2) Contexte culturel :
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Évolution des montres pour les aviateurs de gousset à bracelet : film en anglais en devoir de technologie.
Placer le travail réalisé avec votre professeur d'Anglais (Étude vidéo Bell & Ross).
Rêve de réussite et de gloire d'un as, héros pour ses compatriotes : Les aviateurs avait besoin de respect
et de reconnaissance, de challenge entre aviateurs de la même escadrille pour obtenir le plus grand nombre de
victoire et de distinctions très difficiles à prouver (apporter des preuves ou des témoins). Souvent de bonne
famille, leur condition de vie était nettement meilleure que dans les tranchées. L'aviation garde un prestige
associé à leur action visible depuis la terre (viva depuis les tranchées lors de victoire).
La France a besoin de Héros : les soldats, terrés dans la boue, participent à des
assauts où les actes de bravoure individuels passent inaperçus car seul le nombre de
fantassins et la puissance de frappe de l’artillerie comptent. Ces êtres supérieurs, les as
de l'aviation, les chevaliers du ciel, permettent d'impliquer dans les conflits internationaux
la population en arrière du conflit. Ils représentent force et puissance du pays, symbole
de réussite et de gloire. La population admire ses héros représentant bien souvent l’idéal
et le protecteur de la patrie, de la veuve et de l'orphelin. Ceci forcement utilisé comme des
outils de propagande pour la morale en temps de guerre.
Localisation d'ennemi par l'heure dans le ciel (6H-3H) :
Comme une montre, l'ennemi était localisé dans le ciel comme la lecture de l'heure.
Présentation de « l’objet d'étude »
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C'est un portrait photographique de l'As des As René Fonck le 11 mai 1918
avec son Spad XIII sur le terrain d'aviation de Hétomesnil, dans l'Oise. Il est
un pilote de l’escadrille SPA 103 dite des « Cigognes ». Le Photographe est
Jacques Ridel (biographie non connue). Le 10 mai, il réussissait sa première
sextuple victoire. La photo Portrait est employée comme moyen d'information
pour la famille ou les proches dans leurs lettres. Elle est aussi employée comme
propagande pour la morale des armées grâce aux As de l'aviation. Les photos
sont gardées comme souvenir. Les As faisaient rêver leurs compatriotes.
L'aviation débutait à peine et son usage militaire était entièrement nouveau pour
la reconnaissance et l'observation puis la chasse. L'origine de la photo est de
l'ECPAD portant la référence spa-47-w-2037. L’ECPAD collecte, conserve, décrit
© Jacques Ridel (1918) - SPA 47 W 2037 /ECPAD
et enrichit les archives audiovisuelles et photographiques de la défense.
Présentation de l'avion Spad XIII : La société Deperdussin fut reprise en 1914 par Louis Blériot, sous le sigle SPAD.
Le Spad XIII succédait au Spad VII avec un moteur Hispano-Suiza plus
puissant et mieux armé avec ses deux mitrailleuses Vickers synchronisées.
Le premier vol fut effectué en avril 1917. Au total plus de 80 escadrilles
alliées utiliseront ce chasseur. La production totale du meilleur chasseur Allié
sera de 8440 avions et sera exportée dans une quinzaine de pays.
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Carte de France localisant Hétomesnil, dans l'Oise et les lieux connus comme verdun :
Description de « l’objet d'étude » ; analyser et interpréter
Analyse objective (décrire ce que je vois): couleur, forme, lignes, matière, valeurs, lumière, composition, cadrage, prise de vue, plan, mise en espace, ...
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René Fonck est le seul personnage plein centre de la photo noire et blanche, la tête dans le ciel.
Il porte des bottes ; sa tenue militaire simple d'aviateur ayant ses distinctions sur sa veste.
Il est assis à cheval sur la carlingue de son avion biplan SPAD XIII.
Nous reconnaissons de son avion biplan l'aile supérieure, le pare-brise, son viseur et sa mitrailleuse. Il se
maintient avec sa main gauche. Sa jambe droite est posée sur l'échappement de son moteur
Il porte une montre bracelet typique des aviateurs de cette période et une bague au doigt de la main gauche.
Il est très bien coiffé, bronzé avec un petit sourire. Donne une image
sereine, posée et sûre de lui. Ses yeux sont plissés.
Un Tachymètre, appareil de mesure indiquant en continu la vitesse de
l'arbre de sortie d'un moteur, dépassant du cockpit est très visible par le
contraste mais aussi par l'orientation de sa main.
Son avion est dans un champ avec des arbres sans feuille où l'herbe
pousse.
L'ombre sous sa cuisse montre la présence du soleil. Le ciel est sans aucun
nuage.
Des lettres inscrites sur la photo sont en bas à gauche sur la photo.
Analyse subjective (décrire ce que cela signifie, ce que je ressens) : couleur, forme, lignes,
matière, valeurs, lumière, composition, cadrage, prise de vue, plan, mise en espace, …
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© Jacques Ridel (1918) - SPA 47 W 2037 /ECPAD
Comme il n'est pas en tenue de combat typique des aviateurs avec manteau, casquette et lunette étant en plus
très bien coiffé, ce n'est pas une photo naturelle d'un pilote qui revient du combat.
C'est une photo le valorisant au maximum en tenue de prestige avec ses distinctions pour immortaliser l'instant
pour la propagande, la famille, pour répondre aux lettres, les journaux écrits, comme souvenir et preuve des
combats. Les changements de base sont très nombreux et l’espérance de vie des pilotes sans parachute est de
3 mois. Multiplier les souvenirs est donc très important pour lui pour cet instant de gloire.
Le cadrage trop petit pour l'avion montre que c'est bien lui qui est mis en valeur pour la photo. Il est sur sa
monture à cheval vers la victoire. Il fait corps avec sa machine. Une équipe redoutable d'efficacité. L'esprit
chevaleresque des pilotes est ainsi représenté le lendemain de sa première sextuple victoire en 3 heures.
Il pose avec son avion pour ses 6 victoires du 10 mai 1918. Tenant beaucoup à prouver ses victoires, il lui
arrive de récupérer des pièces allemandes en se posant près de l'épave pour les prendre comme preuve. Les
pilotes faisaient ces atterrissages si possible car une victoire devait être prouvée par 3 sources différentes.
Les arbres sans feuille, l'avion nu d'inscription comme anonyme, l'ensemble global associé à la couleur noire et
blanche donne un aspect morbide, froid et vide sans caractère sur le personnage. Cela
correspond bien avec sa personnalité : méticuleux, calculateur, précis, différents des
autres pilotes. C'est un tireur exceptionnel, qui entretenait sa forme physique, ne buvait
pas, se couchait tôt, ne fumait pas, ne sortait pas avec des "créatures", et pratiquait
même du Yoga. Il travaille avec ses mécaniciens sur son moteur et ses mitrailleuses
pour optimiser les performances matérielles. Il ne laisse donc rien au hasard pour être le
meilleur donc rien au hasard non plus pour son portrait !
Ce n'est pas non plus une pose classique. La majorité des portraits d'As sont debout
près de leur avion comme ci-contre. Les bras pendant cachent les montres bracelets.
Sur l’œuvre étudiée, la pose de M Fonck favorise la remontée de la manche avec
l'apparition de la montre, photo rarissime d'un aviateur durant la grande guerre.
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En étant sur son avion, il donne l'impression qu'il vole la tête dans le ciel, héros inaccessible et que tout va bien
pour lui. Il est au-dessus aussi des autres pilotes et leur pose classique. La durée de vie est très courte pour
les as, cibles de tous pour le prestige d’abattre un as. Lui, n'aura aucun impact de balle de toute la guerre sur
son avion : fait exceptionnel.
Cette photo contraste avec celles des tranchées et de la boucherie de 14-18. Nous n'avons pas l'impression
d'être en période de guerre avec son lot de souffrance et de mort.
Nous avons l'image d'une aviation qui a une « guerre propre » et des avantages différents des poilus. René est
bronzé, signe de temps libre passé au soleil contrastant avec celui des poilus et de leur hygiène.
Cette photo portrait de l'As des As Français René Fonck est exceptionnelle par sa posture, et très rare parce qu'elle montre
que les pilotes d'avion de la grande guerre avaient des montres bracelet beaucoup plus pratiques lors des combats que des
montres à gousset du XXème. La mesure du temps est très importante pour les attaques en période de guerre et permet aussi
de situer les ennemis dans le ciel. La photo montre l'importance de l'utilisation de cette nouvelle arme aérienne ;
information, chasse, bombardement ; par le prestige donné et la propagande. Les victoires étaient acclamées par les poilus
depuis les tranchées. Cette nouvelle arme révolutionnant complètement la stratégie militaire est toujours très importante de
nos jours avec deux parties supplémentaires : la projection rapide par le transport et la dissuasion nucléaire.
Élargissement / Rapprochement
- Évolution des montres : Passage de la montre à gousset homme
à la montre à bracelet homme pour l'usage militaire dans l'aviation durant
la première guerre mondiale.
- Apports culturels : Ouvrage du capitaine Fonck, Mes
Combats, Édition Flammarion avec une préface du Maréchal
Foch.
- Apports culturels : Film l' « As des As ». L'as des as Français a bien existé. Le film de Gérard
Oury sorti en 1982, avec Jean-Paul Belmondo dans le rôle titre, ne raconte pas la vie du héros, même
s'il y fait référence dans la première partie du film avec le combat contre un avion allemand. Le film
rend ainsi hommage à Fonck (lettre entre Belmondo et la petite fille de Fonck) avec le titre et les
premières scènes.
- Le métier actuel : Aviateur. Les missions confiées au pilote de chasse sont multiples :
protection du territoire contre la menace aérienne, dissuasion nucléaire, renseignement mais aussi
supériorité aérienne et appui-sol en opérations extérieures. La sélection EOPN (Elève Officier du
Personnel Navigant ) ne demande que le baccalauréat, général ou technologique avec une bonne
condition physique : 50 à 80 sont reçus par an. Réussir la sélection permet de rejoindre la formation
de l'école de l'air pour 3 années de formation de pilote (devenir ingénieur) à Salon-de-Provence puis à
Tours. Pilote, il faut encore se perfectionner deux années supplémentaires pour passer pilote
opérationnel.
- Groupe de chasse des Cigognes : En mai
1916, les escadrilles n°3, 26, 103, 73 et 67 se
regroupent sous le nom de « groupe de chasse des
Cigognes ». Ce groupe va s'illustrer à de
nombreuses reprises avec de grands As. Le groupe
de chasse des Cigognes s'illustre durant la campagne
de France en 1940. Il est dissout le 20 août 1940.
Reconstitué le 1er juillet 1941 sur la base de
Châteauroux, il devient alors officiellement le "329ème squadron" de la Royal Air
Force et participe, sous le commandement du Lieutenant-colonel Fleurquin, le 6
juin 1944, au premier jour du débarquement. L'arrivée du MIRAGE IIIE a lieu en
1968, en juillet 1984 le Mirage 2000C lui succède. En septembre 1994, une troisième escadrille est créée. Le 31 mars
1999, a lieu une cérémonie officielle marquant l'achèvement de la transformation de l'escadron 01.002 sur Mirage 20005F. En 2013, la mission principale de l'escadron est la défense aérienne et plus spécifiquement les missions de
« Police du Ciel » sur le territoire français. Aujourd'hui, l'escadrille SPA103 vole toujours avec ses ''Cigognes à
ailes hautes'' du Groupe de Chasse 01.002 ''Cigognes'' basé à Luxeuil-Saint-Sauveur (Base 116).
- La monnaie : hommage aux aviateurs des cigognes avec une pièce de 2 Francs de 1997.
- Maquette : réalisation de maquette de l'avion de René Fonck, le SPAD XIII.
- Reproduction métallique : Le 21 juin 2009 a eu lieu le baptême de l'aérodrome de
Saint Dié des Vosges - Remomeix, sous la forme d'une stèle et d'une fresque murale. La
stèle est accompagnée d'une reproduction métallique d'un Spad XIII de René Fonck,
porteur de la cigogne de la SPA 103, qui a été spécialement réalisée par les élèves du Lycée
technique "Georges-Baumont" de Saint-Dié.
- Reproduction musée de Meaux : Au musée de la Grande Guerre à Meaux, inauguré le
11 novembre 2011, on peut admirer le SPA XIII de Fonck. Il y a trouvé une place de choix : au
plafond.
- Tableaux : René Fonck - L'As des As de Jean-Pierre Michel - Peintre Officiel de l'Air et de
l'Espace. Aquarelles de 80cm x 60cm. Sa peinture gestuelle est particulièrement adaptée aux
perspectives et aux scènes d’action. Ces dernières lui permettent les mises en situation pour
l’élaboration de ses aquarelles qu’il traite à grands coups de brosse, apportant à ses œuvres :
force, vigueur et surtout mouvement.
– Fonck, pilote d'observation : En hiver 1915, René Fonck, pilote de Caudron bimoteur
biplaces d’observation, a effectué avec succès 24 réglages de tir et 13 reconnaissances à
longue portée, il a aussi engagé 6 combats sans résultat. Le 6 août 1916, par un énorme
exploit avec pugnacité et son efficacité, Fonck attire l'attention de ses chefs. Il isole au cours
d’un affrontement deux Rumpler (avions très lourds et peu maniables). Il en pourchasse un en
décrivant des spirales descendantes, l’oblige à descendre vers nos lignes depuis l’altitude de 4 000
m, et à se poser, blessant enfin le pilote pour l’empêcher d’incendier son avion, faisant donc
prisonniers «deux boches qui ont volontairement capitulé sur un avion en bon état». Le 25 avril 1917, il intègre l'une
des 4 plus belles escadrilles de France : Les Cigognes.
- Citations :
• L’impulsion pour développer une aviation de chasse venait du Général Philippe Pétain : on retient de lui cette
interpellation le 24 février 1916 : «balayez-moi le ciel, je suis aveugle ! Si nous sommes chassés du ciel,
Verdun est perdu». Dès le 2 mars 1916, il avait obtenu l’envoi à Verdun de 15 escadrilles d’interception.
• « Fonck dépasse tout ce que l’on peut imaginer. Ce n’est pas un homme, c’est un oiseau de proie. Là-haut, il
sent l’ennemi, il en distingue nettement à 8 ou 10 km sans être vu. Il choisit sa proie. Quelques balles
suffisent. Il n’y a jamais eu de riposte». Citation de Boyau, as aux 32 victoires.
• «Guynemer, c’était la fougue, Fonck, c’était la technique». Jean d’Harcourt, commandant SPA 103.
• «Le but est de tuer en épargnant sa vie. Moi, je me bats sur mes atouts». Fonck
• «J’ai eu affaire aux grands as allemands ; j’ai eu la patience, en combattant, d’attendre la minute
d’énervement, la faute fatale, et j’en ai largement profité; mais il est indispensable pour cela de conserver
toujours, avec la confiance absolue dans le succès final, le mépris le plus complet du danger». Fonck
• "Les gens qui ont le ciel pour pays voient plus loin que la frontière." Citation René Fonck.
- Compléments sur Fonck : La majorité de ses victoires ont été obtenues en 18 mois de combats. Sa
carrière s’est déroulée au sein d’une des 4 escadrilles du groupe des Cigognes, la Spa 103, qui portera plus tard le nom
de escadrille Fonck. René Fonck a terminé la guerre avec le grade de capitaine à 25 ans, il était titulaire de 28 citations
dont 27 à l’ordre de l’Armée. Il avait reçu la Médaille Militaire et la croix de la Légion d’Honneur, sa 36 ème victoire lui
ayant valu la rosette d’officier. Fonck est aussi reconnu pour son tempérament jugé désagréable. Il avait une réputation
d’homme arrogant et froid, confirmé souvent par son comportement en combat. Il prenait de la distance avec la vie
festive voire débauchée des autres pilotes reconnus de l’époque. C’est un homme discret et timide, peu bavard et
exigeant de lui-même avec une vie saine. C’est un chasseur redoutable qui ne laissait aucune chance au pilote
ennemi. Il est donc très loin des considérations chevaleresques des pilotes tels que Guynemer (resté lui dans l'histoire),
qu’il admire mais considère comme suicidaire.
- Fonck avait fait de la grande injustice de l’annexion de l’Alsace - Lorraine 1871 (dont était issue toute sa famille) le moteur
de sa combativité.
L'Arc de triomphe, symbole national, renferme la flamme du soldat inconnu dont un
corps repose sous les arches depuis 1921. Cette flamme permet de commémorer
toutes ces personnes, anonymes, parfois héros d'un instant sur terre, dans l'air ou sur
la mer, mortes au cœur des combats. Elles ont tous un seul point commun : leur patrie.
Cette flamme du souvenir est devenue la flamme de la Nation. Elle nous réunit « tous
», le temps d’un ravivage. C'est un devoir de mémoire et un geste citoyen pour se
recueillir et réfléchir sur le prix de la paix et de la liberté. C’est pour cela que cette
flamme de la Nation est appelée à devenir aussi la flamme de l’espérance dans l'avenir.
L'étude de ce portrait permet de mettre en lumière un personnage atypique et remarquable de la
Grande Guerre impactant l'Histoire et qui reste dans l’ombre de l'histoire.