L`entrée dans la sexualité : initiation et prises de risque

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L`entrée dans la sexualité : initiation et prises de risque
L’entrée dans la
sexualité :
initiation et prises
de risque
Geneviève Paicheler
Centre National de la Recherche
Scientifique
Que sait-on sur la sexualité des
jeunes ? Les données des
enquêtes
Accompagner les adolescents dans
l’entrée dans la sexualité
Entrée dans la sexualité
• Age au premier rapport sexuel : 17,6 ans pour les
femmes ; 17,2 ans pour les hommes (pour les
répondants de 18-19 ans).
• Rapprochement de l’âge au premier rapport entre les
femmes et les hommes.
• Seules 20% des femmes ont maintenant leur premier
rapport avec l’homme qui deviendra leur conjoint
(6% seulement des hommes ont vécu en couple avec
leur première partenaire)
• (Données CSF 2007).
Les pratiques
• Les individus plus précoces sexuellement ont
une plus grande diversité d’expériences, de
pratiques, et de partenaires sexuels (BS2005).
• Homosexualité : augmentation chez les
femmes : chez les 18-24 ans, 5,7% des femmes
sont concernées contre 3,8% des hommes
(surtout du fait des personnes habitant dans
l’agglomération parisienne) (CSF 2007).
Les pratiques (2)
• La masturbation n’entre dans le répertoire sexuel des
femmes qu’à l’âge adulte : entre 18 et 24 ans, une
femmes sur deux déclarent ne l’avoir jamais pratiqué
(contre 1/3 entre 25 et 49 ans).
• Pour les hommes, la masturbation est le premier
contact avec la sexualité.
• La sexualité orale devient une pratique régulière après
25 ans.
• La sexualité anale est plus minoritaire et
occasionnelle (CSF 2007).
• Le répertoire sexuel s’étend donc avec l’âge.
Les sites de rencontre sur Internet : un
nouveau mode de rencontre qui s’affirme.
• Ce sont les jeunes qui se connectent le plus (près de
1/3 des 18-24 ans).
• Le proportion de filles est égale à celle des garçons,
voire supérieure pour les filles de 18-19 ans (36%
contre 24% de garçons). Proportion qui s’inverse
dans les tranches d’âge suivantes.
• Mais se connecter ne veut pas forcément dire avoir
des relations sexuelles avec un partenaire rencontré
via Internet (ce qui est le cas pour moins de 5% des
filles de 18-19 ans (un peu plus pour les garçons).
Dysfonctions
• Les difficultés à atteindre l’orgasme sont plus
souvent déclarées par des femmes jeunes
(11,4% « souvent » et 22,2% « parfois » chez
les 18-24 ans).
• difficultés liées à l’apprentissage de la
sexualité (CSF 2007).
Utilisation du préservatif :
prévention ou contraception ?
• Fort niveau d’utilisation des préservatifs les plus
jeunes (87,6% des hommes, 84,2% des femmes
contre 12,2% pour les hommes et 18,1% pour les
femmes si le premier rapport a eu lieu avant 1988),
qui a fortement augmenté à partir de 1987 pour
atteindre un seuil élevé en 1995 et est resté stable
ensuite.
• Norme préventive qui ne touche pas tous les milieux
sociaux de la même façon (BS 2005).
Utilisation du préservatif :
prévention ou contraception ? (2)
• La précocité du premier rapport sexuel (avant 15 ans)
est un déterminant majeur de l’utilisation de
préservatif, même si l’on note un léger fléchissement
de celui-ci au cours des années 2000-2005.
• L’utilisation de préservatif au premier rapport est
associée à la pratique religieuse (observation récente
d’une bipolarisation).
• Utilisation plus fréquente du préservatif en milieu
urbain, à l’exception de l’Ile de France (BS2005).
Utilisation du préservatif :
prévention ou contraception ? (3)
• 89% des femmes et 88% des hommes entre 18 et 24 ans ont
utilisé un préservatif lors de leur premier rapport.
• Rôle du diplôme : plus forte utilisation si l’on est diplômé.
• Contrairement à l’idée répandue selon laquelle les hommes et
les femmes qui entrent précocement dans la sexualité
adopteraient moins de pratiques de prévention, l’utilisation du
préservatif varie peu en fonction de l’âge au premier rapport.
• 82,5% des femmes et 87,5% des hommes qui ont eu leur
premier rapport après 2000 déclarent avoir utilisé un
préservatif à ce moment (CSF 2007).
Multipartenariat
• Le multipartenariat concerne plus les jeunes vivant seuls (plus
grande utilisation du préservatif et du dépistage) (BS 2005).
• Pour les moins de 30 ans, le multipartenariat, plus fréquent,
concernne les hommes (16,3%) plus que chez les femmes
(6,5%).
• Il est d’autant plus fréquent que les rapports sexuels sont
intervenus tôt dans la vie (BS2005).
• 22,3% des femmes ont de 18-19 ans ont eu plus de deux
partenaires dans l’année précédent l’enquête CSF (31,7% des
hommes de 20-24 ans), mais dans toutes les tranches d’âge, les
hommes ont plus de partenaires.
Contraception
• Stabilisation des pratiques contraceptives :
niveau de médicalisation parmi les plus élevés
du monde : 86% des femmes.
• Moins bonne contraception chez les femmes
en situation précaire.
• Entre 15 et 19 ans, on observe le plus fort taux
de recours au préservatif comme contraceptif
(20,1%).
Contraception d’urgence
• Augmentation du recours à la contraception d’urgence chez les
femmes de moins de 25 ans (1/3 y ont eu recours au moins une
fois). Utilisation ponctuelle (seules 22% étaient sans
contraception au moment de la prise).
• Les femmes de moins de 25 ans connaissent mieux que les
autres la contraception d’urgence dans ses détails d’utilisation.
• 31,3% des femmes de 15-24 ans ont utilisé cette contraception
au moins une fois en 2005. Les femmes de moins de 20 ans
sont plus nombreuses à l’avoir utilisé plus de 2 fois. Pour les
plus jeunes ce recours est lié à un « problème avec le
préservatif », pour les 20-24 ans à un oubli de pilule.
IVG
• Fréquence des échecs contraceptifs de manière
globale chez les femmes : 33% de grossesses
non prévues et 40% de recours à l’IVG au
cours de la vie.
• Le taux déclaré de recours à l’IVG (cumulé sur
la vie) est de 3,7% pour les 15-19 ans.
• (BS 2005).
Dépistage du VIH
• Une conscience des risques ? 15% des Franciliens de 15-24
ans ont eu recours au test de dépistage dans les 12 derniers
mois (vs 18% des 25/35 ans). Chez les moins de 20 ans, 1 °/oo
test positif (vs 5 °/oo chez les 20/29 et 7 °/oo tous âges
confondus)
• Une sorte de recours magique contre la transmission : 75%
dans cette tranche d’âge répondent que le test de dépistage est
efficace pour se protéger du sida (KABPIDF 2004).
• Les femmes sont significativement plus nombreuses que les
hommes à faire un dépistage du sida dans les âges de 15-19
ans (14,3% vs 11,6%) . (BS 2005)
• Le recours au test dans l’année est plus fréquent chez les
jeunes : 21,1% des femmes et 17,1% des hommes âgées de 1824 ans (CSF 2007).
IST
• Les incidences cumulées des IST dans les 5 dernières
années sont maximales chez les femmes de 20-24 ans
(3,9%).
• Données déclaratives sous-évaluées dans le baromètre
santé, surtout chez les plus jeunes femmes qui
apparaissent très exposées au risque (BS 2005).
• L’infection à chlamydia trichomatis est sous-dépistée.
• Chez les femmes, la prévalence est maximale chez les
18-24 ans (3,6% contre 2,4% des hommes), et ce,
même en l’absence des facteurs de risque
traditionnels (CSF 2007).
Homosexualité
• Net relâchement chez les jeunes homo,
bisexuels, ce qui confirme une plus grande
prise de risque (KABPIDF 2004).
• Plus grande acceptation de l’homosexualité,
chez les femmes (homosexualité contre
nature : 10% des femmes de 18-24 ans, 21%
des hommes) (CSF 2007).
Homosexualité (2)
• L’enquête Presse gay 2004, parue récemment (juin 2007) ne
contient que peu de données sur les hommes qui ont des
relations sexuelles avec des hommes analysées en fonction de
leur âge. Elle ne permet pas de conclure à une plus grande
prise de risque chez les jeunes.
• 61,7% des moins de 20 ans déclarent un partenaire stable, mais
très peu de cohabitation (ouverte ou fermée) à cet âge (autour
de 7%).
• 31% des répondants de moins de 15-19 ans et 26% des 20-24
ans déclarent une dépression au cours des 12 derniers mois
contre 15% parmi leurs aînés. 32% des 15-19 ans ont fait une
tentative de suicide. L’acceptation par la famille, surtout par le
père, reste difficile et pourrait expliquer cette forte déclaration.
Représentations persistantes
• Les hommes de 18-24 ans sont deux fois moins nombreux que
les femmes du même âge à déclarer que l’on peut avoir des
rapports sexuels avec quelqu’un sans l’aimer (57% contre
28%).
• Les femmes et dans une moindre mesure, les hommes
considèrent que les hommes ont plus de besoins sexuels que
les femmes (75% et 62%).
• Clivage qui oppose une sexualité féminine pensée
majoritairement dans le registre de l’affectivité et de la
conjugalité et une sexualité masculine pensée dans le registre
des besoins naturels et du plaisir. Nouvelles tensions entre
pratiques et représentations sociales (CSF 2007).
• Décalage entre les pratiques et les représentations.
Accompagner les jeunes dans leur
entrée dans la sexualité
• Les acteurs.
– La question de la globalité des interventions
• Outils et moyens.
– Une grande variété
– La nécessité d’une écoute et d’une interaction
L’école : la réglementation
• La circulaire 98-234 demande la mise en œuvre d’une
éducation à la sexualité dans les collèges, en priorité pour les
classes de quatrième et de troisième. » L’éducation à la
sexualité a pour principal objet de fournir aux élèves les
possibilités de connaître et de comprendre les différentes
dimensions de la/de leur sexualité dans le respect des
consciences et du droit à l’intimité ».
• En complément des séquences d’enseignement, il est institué
des séquences obligatoires d’éducation à la sexualité d’une
durée de deux heures annuelles (en petits groupes, prises en
charge par une équipe pluridisciplinaire de personnes
volontaires et formées).
Comment parler ?
• Beaucoup de moyens ont été expérimentées pour
rendre la communication, attrayante, ludique,
accessible, compréhensible. Mais elle doit aussi
impliquer, tenir compte de la dimension
émotionnelle.
• Il est difficile d’évaluer l’efficacité de ces moyens.
• Une bonne information sur le sida. Une saturation. Le
sida : l’arbre qui cache la forêt ?
La violence
Un problème sous traité
Une prise de conscience par les
victimes
Des difficultés à dépasser