Mutualisations, entre vraies réussites et espoirs déçus
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Mutualisations, entre vraies réussites et espoirs déçus
SYNTHÈSE MUTUALISATIONS, ENTRE VRAIES REUSSITES ET ESPOIRS DEÇUS > 1er octobre 2014, à Marseille www.inet.cnfpt.fr 1 / 20 SOMMAIRE Ouverture institutionnelle 3 Danièle SERVANT Déléguée régionale CNFPT PACA Présentation de la journée et ouverture des travaux 3 Jean-Paul VOGEL Directeur de l’INSET de Montpellier, ancien DGS de la communauté d’agglomération du Grand Besançon Conférence introductive – Etat des lieux et pratique dans les territoires 3 Damien CHRISTIANY Consultant, cabinet Damien CHRISTIANY, conseil auprès des intercommunalités Synthèse et échanges avec la salle 6 Table ronde 1 : « Mutualisation : un outil pour le projet de territoire ? Quelles articulations ? » : 7 Jean-Claude GONDARD Directeur général des services de la ville de Marseille Jules NYSSEN Directeur général des services de la ville de Montpellier Patric PINCET Directeur général des services de la ville de Colmar et de la communauté d’agglomération de Colmar Karen NIELSEN Elève administratrice territoriale, promotion Simone de Beauvoir, INET Débat avec la salle 10 Intervention introductive à la deuxième table ronde 12 Michel DELAMAIRE Directeur général délégué – Chambre de commerce et d’industrie de la Région Paris Ile-de-France Table ronde 2 : « La mutualisation et son accompagnement : un enjeu de ressources humaines » 14 Emmanuèle CHAMBART Directrice générale déléguée aux ressources, Communauté d’agglomération Valence Romans Sud Rhône Alpes Cyrille BONVILLAIN Directeur général adjoint du Conseil général du Loir et Cher (en charge de mutualisation) Fernand-Marc NARDUCCI Directeur général adjoint ressources et mutualisation, ville de Nice Bernard MOLLAING Directeur de la Communauté de communes du Moyen Verdon – Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var Bertrand MEONI Directeur général adjoint des Ressources Humaines Moyens Généraux, ville de Toulon Arnaud DEMELLIER Directeur du service commun des systèmes d’information, Toulon et Toulon Provence Méditerranée Débat avec la salle www.inet.cnfpt.fr 19 2 / 20 Ouverture institutionnelle Danièle SERVANT Déléguée régionale CNFPT PACA Mesdames et messieurs, bonjour. Le mandat de déléguée régionale me permet de souligner aujourd'hui la forte évolution de l’offre de formation du CNFPT, permettant d’offrir des modalités de formation adaptées aux contraintes actuelles. La réunion qui se tient aujourd'hui se veut réactive aux évolutions législatives et réglementaires et permet de développer en les territorialisant les modalités de formation. Les journées d’actualité ont ainsi doublées entre 2013 et 2014, soit 80 journées organisées sur l'ensemble du territoire PACA en 2014. Vous êtes aujourd'hui 200 à ce deuxième rendezvous de l’INET déconcentré en PACA sur le thème de la mutualisation. Cette journée vise à réunir les cadres de services autour de la mutation des territoires et à apporter un éclairage général sur les évolutions législatives en cours. Nous poursuivrons cet ’effort de territorialisation des offres de formation afin qu’un plus grand nombre d’agents y participe. Présentation de la journée et ouverture des travaux Jean-Paul VOGEL Directeur de l’INSET de Montpellier, ancien DGS de la communauté d’agglomération du Grand Besançon Nous pouvons utiliser deux points de vue pour introduire cette journée. Aujourd'hui, Michel Sapin présente un projet de loi de finance 2015 en Conseil des ministres demandant une économie de 21 milliards d’euros sur les collectivités, dont 3,7 milliards d’euros sur les collectivités locale. Nous pouvons également envisager un point de vue juridique. La mutualisation est en effet obligatoire, de par la loi du 16 décembre 2010. Elle constitue un outil de planification et de communication auprès des élus et de l’Etat. La mutualisation devient la déclinaison en termes de ressources humaines du projet politique. Je vous invite à poser des questions, vous êtes les acteurs de cette journée. Conférence introductive – Etat des lieux et pratique dans les territoires Damien CHRISTIANY Consultant, cabinet Damien CHRISTIANY, conseil auprès des intercommunalités Dans le cadre de la préparation de cette journée, nous souhaitions rappeler des pré-requis en termes de mutualisation et les éléments de contexte permettant de placer la mutualisation au sein d’un contexte global. www.inet.cnfpt.fr 3 / 20 I. La commande politique en matière de mutualisation Dans un premier temps, les relations entre communautés de communes et communes ont particulièrement évolué. La nouvelle carte de l’intercommunalité est aujourd'hui basée sur les bassins de vie. La question du transfert de compétences entre commune et intercommunalité se pose avec acuité et constitue une opportunité de développer la mutualisation. Ainsi, l’intercommunalité apparaissait comme un gestionnaire de compétence. Aujourd'hui, cette approche diminue et le rôle de partenaires des communes se renforce, du fait du désengagement de l’Etat au profit de l’intercommunalité. Enfin, le mandat actuel est marqué par la diminution des dotations de l’Etat à hauteur de 12 milliards d’euros d’ici 2017, soit 30 % de la DGF. De nombreuses intercommunalités s’interrogent ainsi sur les transferts de compétence permettant d’atténuer les effets de la baisse de cette dotation de l’Etat. Pour autant, cette diminution doit correspondre à un accroissement de la qualité de service public. Par ailleurs, la thématique de la mutualisation ne peut pas être déconnectée d’autres champs de l’intercommunalité. Ainsi les marges de manœuvres financières et les compétences des intercommunalités et communes membres doivent évoluer en même temps. II. Les principales typologies de mutualisation La mutualisation se met en pratique en fonction du territoire : il ne s’agit pas d’une approche théorique, correspondant à un cadre législatif rigoureux. Son approche peut ainsi apparaître hétérogène d’un territoire à l’autre. Par exemple, la mutualisation dans un secteur urbain peut prendre la forme de services communs dotés de mécanisme de services partagés, tels qu’une Direction Générale, un service RH ou un service de communication unique. Au sein d’entités rurales ou périurbaines, la mutualisation constitue un système de nouvelle gouvernance au sein de laquelle l’intercommunalité devient un gestionnaire de compétences et un partenaire au service des communes membres. L’offre de services qui n’existe plus ou qui n’a jamais existé se renforce ainsi. Toutefois, nous pouvons nous interroger sur la production d’économies à travers ce type de mutualisation à court ou moyen terme. Je partage la position de la DCF sur ce point : la mutualisation doit constituer la formalisation du volet organisationnel et RH du volet politique. La mutualisation n’est pas une fin en soi mais un outil pour une meilleure efficience face à la diminution de la recette. Il est ainsi nécessaire de définir la commande politique au sein de chaque territoire. En absence d’objectifs, il sera difficile de porter un discours volontaire aux élus et au personnel pour cette mutualisation. La mutualisation ne relève d’aucune qualification juridique : il s’agit d’une démarche de mise à disposition, ascendante ou descendante, de personnels communaux ou intercommunaux. Cet outillage est ainsi déjà présent à travers ces mécanismes de mise à disposition. Dans ce cadre, les enjeux de la mutualisation se posent avec acuité. S’agit-il d’un transfert de personnel ? D’une prestation de service entre communes et intercommunalité ? Le personnel doit-il être uniquement au service de l’intercommunalité ? www.inet.cnfpt.fr 4 / 20 La gestion unifiée constitue un système d’intégration poussée à travers le transfert intégral de personnels des communes à l’intercommunalité. Les villes de Strasbourg et de Brest ne salarient plus ainsi le personnel. En zone rurale, les secrétaires de mairie sont salariées de l’intercommunalité, ce qui permet de les professionnaliser davantage et de les ouvrir à différentes carrières. III. Les principaux enjeux en lien avec les dynamiques des territoires Les pouvoirs publics, via la loi MAPAM, encouragent la mutualisation à travers la possibilité de porter des missions à l’échelle de l’intercommunalité sans disposer de compétences définies. Une intercommunalité et un CIAS peuvent ainsi instaurer des exercices de missions opérationnelles ou fonctionnelles en matière de gestion du personnel, de gestion administrative et financière, d’informatique, d’expertise juridique ou d’état civil. Un ratio financier, le quotient de mutualisation de service, permet de mesurer cette mutualisation en encourageant les communes par une bonification des systèmes de mutualisation lors du basculement d’agents communaux vers l’intercommunalité. Un rapport devait préciser les contours de ce quotient qui est toutefois remis en question par l’hétérogénéité des territoires. Ce quotient correspond en outre au transfert de charge actuel. Ainsi, au-delà d’une réflexion aboutie sur ce quotient, des mécanismes étatiques appuient le transfert de personnel. Les territoires se positionnent à travers une approche fonctionnelle : Comment travailler sur un service mutualisé en dehors de l’exercice de nos compétences ? Ils s’ancrent également dans une démarche opérationnelle, orientée sur le transfert des compétences. Des communes homogènes aux organisations identiques peuvent présenter des difficultés à mutualiser un service informatique, de communication ou de ressources humaines du fait d’un tabou politique. IV. Les évolutions récentes du cadre législatif L’article L.5211-39-1 ne fixe aucune obligation qualitative ou quantitative en termes de mutualisation. Il ne précise également pas si cette mutualisation doit être élaborée en mars 2015 ou dans le courant de l’année 2015. Le schéma de mutualisation présente la méthode et la philosophie politique de la mutualisation. Il comporte également des fiches actions, c'est à dire les outils juridiques permettant de mettre en place la mutualisation. Il s’agit d’exemples concrets et pratiques constatés sur un territoire en question. Les différentes clés d’entrée du schéma de mutualisation peuvent comprendre un volet de services communs, de compétences, de commande publique, de maîtrise d’œuvre ou de prestation de service. Il peut s’agir également d’ententes communautaires, telle une proposition commune d’application du droit du sol par exemple. Le coefficient de mutualisation s’établit entre la rémunération de l'ensemble des personnels affectés au sein de services ou parties de services fonctionnels employés par l’EPCI, ainsi que les agents transférés ou mis à disposition et la rémunération de l'ensemble des personnels affectés au sein des services ou parties de services fonctionnels employés par les communes membres de la communauté. www.inet.cnfpt.fr 5 / 20 Ce texte n’est pas toutefois pas exécutoire car nous ne maitrisons pas les modalités de prise en compte de ce ratio. Enfin, le schéma de mutualisation s’inscrit dans une démarche progressive de projet politique entre communes et intercommunalité. Le volet financier qui constitue le leitmotiv récurrent des pouvoirs publics en termes de mutualisation ne doit pas être sous-estimé. Néanmoins, si la seule clé d’entrée de la mutualisation est financière, celle-ci ne fonctionnera pas. Les élus sont conscients de la difficulté d’apporter des services publics nouveaux auprès du public et la mutualisation constitue un des outils permettant de répondre à cette problématique. Synthèse et échanges avec la salle Jean-Paul VOGEL La ville de Menton a demandé par écrit si une sanction était prévue en cas de non réalisation du schéma de mutualisation. La communauté des communes du Pays d’Aix s’interroge également sur la date butoir de la mutualisation. Damien CHRISTIANY L’année 2015 constituera la date butoir. Les intercommunalités disposent ainsi d’un délai de 3 mois alors que dans de nombreux territoires, la réflexion s’engage et dure jusqu’à 5 à 6 mois. Par ailleurs, de nombreuses intercommunalité sont dans l’expectative car elles feront l’objet d’intercommunalités fusionnées, telle que la métropole Aix-Marseille. Une dizaine d’intercommunalité seront ainsi fusionnées au 1er janvier 2015. Le texte ne prévoit pas de sanctions. Toutefois, il est préférable d’anticiper cette mutualisation. En effet, de nombreuses intercommunalités ont compris que le maintien du statu quo et la gestion de services publics sans projet de développement de territoire les condamne à voir leurs recettes chuter. Hortense DENIS Je ne comprends pas la logique de cette loi qui sanctionnerait les communautés qui entrent dans le jeu de la mutualisation à travers le coefficient de mutualisation. Damien CHRISTIANY L’évolution de la DGF intercommunale et la DGF communale aurait pu être liée. Toutefois, dans le cadre de la mise en place d’un coefficient de mutualisation, cette optimisation se formaliserait par la mutualisation de la dotation forfaitaire. Ces deux types de valorisation feraient ainsi à nouveau chuter la dotation forfaitaire des communes. Par ailleurs, l’importance donnée aux transferts de charges ne doit pas être sous-estimée : les schémas de mutualisation et de services communs doivent être intégrés dans le pacte financier. Ainsi, il est nécessaire de s’interroger sur l’impact du transfert des services sur le CIF et sur l’optimisation de la dotation intercommunale. www.inet.cnfpt.fr 6 / 20 Table ronde 1 : « Mutualisation : un outil pour le projet de territoire ? Quelles articulations ? » : Jean-Claude GONDARD Directeur général des services de la ville de Marseille Jules NYSSEN Directeur général des services de la ville de Montpellier Patric PINCET Directeur général des services de la ville de Colmar et de la communauté d’agglomération de Colmar Karen NIELSEN Elève administratrice territoriale, promotion Simone de Beauvoir, INET La table ronde est animée par Jean-Paul VOGEL, directeur de l’INSET de Montpellier, ancien DGS de la communauté d’agglomération du Grand Besançon. Jean-Paul VOGEL Nous souhaitons vous présenter maintenant des cas concrets de mutualisation sur des territoires très différents : Marseille, Montpellier et Colmar. Jean-Claude GONDARD Nous utilisons notre expérience afin d’évoquer les échecs de la mutualisation mais également les perspectives offertes par les évolutions législatives. Il existe autant de pratiques et d’enjeux de mutualisation que de territoires. Marseille, même si elle entrera au sein de la métropole Aix-Marseille le 1er janvier 2016, se doit de développer un projet de mutualisation pour quatre raisons : • • • • une diminution de budget de 18 millions d'euros prévue en 2015 et de 22 millions d'euros en 2016 ; la nécessaire rationalisation ; la prescription législative ; un levier indispensable pour un projet de territoire. La mise en place de la Communauté urbaine en 2000 à Marseille a constitué une démutualisation. Ainsi, une convention de gestion avec les 18 communes avait été mise en place puis de nombreux services ont été dédoublé (RH, finances, informatique, technique) du fait des compétences partagées. La ville de Marseille comptait 15 000 collaborateurs en 2000. En 2010, 16 000 collaborateurs travaillaient pour la ville de Marseille (12 000) et pour la communauté urbaine (4 000). La réussite de la communauté urbaine a fait avancer la cause de la métropolisation. AixMarseille Métropole regroupera ainsi 93 communes, 6 intercommunalités et 1,8 millions d’habitants pour une seule personnalité juridique. www.inet.cnfpt.fr 7 / 20 L’organigramme est actuellement élaboré en concertation afin que les services d’urbanisme et de gestion du territoire soient gérés en commun. L’autorité politique est ainsi déléguée au même élu dans les deux institutions. Le contexte est aujourd'hui plus favorable à la pratique de la mutualisation même si notre expérience ne concerne pas les secteurs fonctionnels. Les facteurs spécifiques à cette opération sont déterminants : • • • le service de développement urbain doit être au service d’un projet métropolitain de territoire ; les cadres territoriaux doivent être impliqués par le devenir de la métropole ; un cadre unique de direction de haut niveau pouvant remplir sa mission dans un cadre institutionnel. Enfin, le facteur RH, au cœur d’une problématique de mutualisation particulière, fera peut être réussir la mutualisation en 2015. Jules NYSSEN Le schéma de mutualisation est intégré à la réforme territoriale qui devrait avoir pour objectif de restaurer la confiance du citoyen dans la politique. Il serait ainsi intéressant d’évoquer cette réforme territoriale comme un enjeu de démocratie et non pas uniquement comme une réforme due aux coupes financières. En outre, des questions restent en suspens comme le sort du département ou la question de la fiscalité locale, ou encore celle de la relation au sein de chaque collectivité territoriale entre le pouvoir exécutif et l’assemblée, le système actuel générant une confusion entre ces deux fonctions. Enfin, la question de la présence des services déconcentrés de l’Etat sur le terrain se pose afin d’éviter les doublons. Au-delà de ces réformes complémentaires, la mobilité au sein des collectivités doit être interrogée afin que les personnels puissent se forger un avenir au sein des futures organisations. A Montpellier, avant les élections, le président de l’agglomération était en concurrence politique avec le Maire de la ville–centre, ce qui a empêché la mutualisation. Cette concurrence a cessé a l’issue des élections, le maire de Montpellier ayant été élu président de l’agglomération sans pour autant faire disparaître la peur de la mutualisation et de l’intégration intercommunale. Toutefois, la perspective de la fusion des régions LanguedocRoussillon et Midi-Pyrénées qui peut laisser entrevoir la ville de Toulouse comme futur centre de cette nouvelle région a permis d’accélérer l’évolution vers une métropole. Dans ce contexte, le maire de Montpellier président de l’agglomération a engagé une réflexion qui repose sur un triple chantier : mutualisation, métropole et pôle métropolitain. Pour surmonter la complexité et réussir le projet, les enjeux sont multiples : • • • • Appropriation par les acteurs ; Identification des points forts et points faibles de chacun ; Réussir la co-construction administrative et politique ; Réussir la gestion des relations sociales. En termes politiques comme managérial, il est important d’apporter une dimension d’innovation donnant du sens, plutôt que de le présenter comme une contrainte législative. Ainsi, en préalable aux échanges, il a été proposé de mettre en place un pacte de confiance www.inet.cnfpt.fr 8 / 20 qui pose les bases de la gouvernance entre les communes et leur intercommunalité et l’objectif affiché est de produire des politiques publiques plus efficaces et novatrices. Par ailleurs, la commande politique doit être claire et priorisée afin de construire un projet d’administration, ce qui exige un bilan et un comparatif des expériences. Chacun doit pouvoir trouver sa place lors de la mutualisation qui permet d’être plus efficace, plus cohérent et plus économe. A Montpellier, la conférence des maires a mis en avant la légitimité des communes et l’intégration des DGS des communes apportant leur expérience. Il est également nécessaire de communiquer avec le citoyen afin de définir les acteurs et les objectifs de la mutualisation. Enfin, la ville-centre, disposant de nombreux atouts, se doit d’adopter une posture modeste et d’accepter de se fondre largement au sein du groupement de façon plus importante que ce qui est proposé aux autres communes. Patrick PINCET Dans un premier temps, il est nécessaire de s’interroger sur deux aspects : la raréfaction des ressources constitue-t-elle le bon angle et le seul pour évoquer la mutualisation ? Les fonctionnaires territoriaux ne seraient-ils pas capables d’organiser par eux-mêmes l’administration, en dehors de toute prescription législative, afin que celle-ci soit plus efficace ? A Colmar, la communauté d’agglomération a été créée en 2003 avec 9 communes. Elle en compte 14 aujourd'hui et souhaite fusionner avec 7 autres communes en 2016. Cette communauté est présidée depuis l’origine par le maire de Colmar et le DGS de la ville de Colmar. Les mutualisations des moyens humains et matériels concernent par exemple la propreté, le parc automobile ou les animations d’été, ce qui a généré en 2013 un flux financier de 850 000 euros entre la communauté d’agglomération et les communes. Ainsi, le service de propreté de la ville de Colmar et celui de la communauté d’agglomération sont positionnés dans les mêmes locaux. Les agents de la ville de Colmar peuvent également travailler pour la communauté d’agglomération en cas de besoin. Un groupement de commande a été mis en place pour 13 communes afin d’acheter le gaz en commun au 1er janvier 2015. Cette mutualisation ne fonctionne que du fait de la volonté politique : les maires se réunissent une fois par mois afin d’évoquer l’actualité et l’avancée de la mutualisation. Enfin, le DGS est en prise directe avec la commune de Colmar et la communauté d’agglomération. Dans les mois à venir, la mutualisation est envisagée à travers le transfert de compétences. Les services mis à disposition, les groupements de commande et les services communs seront développés entre la communauté d’agglomération et 2 à 14 communes. De manière globale, les schémas de mutualisation seront difficiles à concevoir tant que le schéma territorial global ne sera pas connu, notamment à propos de l’avenir des départements et de leurs compétences. Un schéma de mutualisation sera élaboré à Colmar et appliqué progressivement, jusqu’en 2020. Toutefois, un organigramme commun sera mis en place immédiatement. Il est en effet nécessaire que les élus acceptent cette intégration en termes d’organisation. Les transferts de personnel doivent être planifiés dans le temps afin que chacun connaisse son avenir en www.inet.cnfpt.fr 9 / 20 termes statutaire. Le rattachement à l’agglomération peut ainsi développer des perspectives de carrière. La culture des agents doit également évoluer, d’une culture communale à une culture intercommunale, et être accompagné en ce sens. Enfin, il est nécessaire de profiter de cette opportunité pour faire de la mutualisation un projet global à l’échelle du personnel. L'ensemble des personnels des communes devrait être considéré comme un vivier permettant de répondre à un besoin d’organisation et de mobilité. Karen NIELSEN La mutualisation est constamment mise en avant comme un moyen de réaliser des économies. Or, cette supposition n’a jamais été prouvée. Une enquête réalisée auprès des dirigeants de collectivité territoriale précise qu’il s’agit du premier objectif assigné à la mutualisation, loin de l’amélioration de la qualité de service aux usagers. L’évaluation des économies générées est délicate, les organisations étant difficilement comparables du fait des évolutions. En outre, les mutualisations sont accompagnées d’investissements à l’accompagnement et à la mobilité. Ces économies sont ainsi redistribuées ou absorbées rapidement. Toutefois, les achats via des groupements de commande peuvent permettre de réaliser des économies à court termes, en moyenne de 30 à 35 %. Le directeur de contrôle de gestion de la ville d’Angers Loire Métropole utilise la notion de non-dépense en étudiant le fonctionnement de chaque service en dehors de la mutualisation. Il a ainsi déduit que 840 000 euros avait été économisés chaque année pour un budget de 8 millions d'euros. La mutualisation peut ainsi être envisagée comme un investissement, du fait des coûts d’aménagement, de formation et d’harmonisation des régimes indemnitaires. L’organisation s’avérera plus efficiente avec une chaîne décisionnelle plus réactive à moyen terme. Les processus de travail seront également améliorés avec l’homogénéisation des pratiques professionnelles et l’élargissement des évolutions professionnelles. Plusieurs points de vigilance doivent être pris en compte : Comment dans ce cadre, qualifier la mutualisation d’injonction législative contradictoire ? Quelle leçon tirer des dernières élections quand à la différence des temporalités administratives ? Des processus de démutualisation sont mis en place dans certaines intercommunalités. Dans ce cas, la mutualisation constitue-t-elle une solution adéquate ? Enfin, quel sera le coût d’opportunité ? Débat avec la salle Christophe JANNET Le niveau de service à l’usager n’a pas été évoqué. Il sera nécessaire de déterminer quelle entité sera chargée de ces services. Ainsi, la commune-centre peut être par exemple ambitieuse sur les objectifs en termes d’équipement scolaires alors que les autres communes possèdent moins de moyens. Patrick PINCET La mutualisation ne peut effectivement pas se traduire par une dégradation du service. En outre, il est nécessaire d’avancer au fur et à mesure. Colmar a ainsi mis en place un système de collecte de déchets par expérimentation successive puis l’a fait partager à l'ensemble des maires. Enfin, des services ne peuvent pas être développés à l’échelle intercommunale si la commune-centre ne fait pas d’effort pour les autres villes. www.inet.cnfpt.fr 10 / 20 Jules NYSSEN Le rapport avec le citoyen fait partie du projet de mutualisation. Le contexte budgétaire imposera de redéfinir l’offre au citoyen, et il faudra largement concerter pour que cette offre qui devra diminuer soit plus efficace. Jean-Paul VOGEL La mutualisation peut dégrader le service dans une commune, ce qui sera difficile à gérer de façon politique Jules NYSSEN Les citoyens sont capables d’entendre ce discours de rationalisation. Il nécessite toutefois davantage de travail en termes de communication. Jean-Paul VOGEL Il sera plus difficile à faire entendre aux élus. De la salle Le personnel sera-t-il transféré totalement ou partiellement ? En outre, les fonctionnaires conserveront leur statut, mais quel sera le devenir des contractuels ? Patrick PINCET A Strasbourg, l'ensemble des agents de la ville et de communauté urbaine sont des agents de la communauté urbaine. Les agents peuvent ainsi travailler pour la ville-centre, une autre ville ou la communauté urbaine. Pour ce faire, la gestion du personnel entre la ville-centre et l’intercommunalité doit être harmonisée. L’agent peut également choisir d’être muté à l’agglomération ou non. De manière globale, il est nécessaire d’être transparent. Jean-Paul VOGEL La communauté de communes de Langlet souhaite savoir par écrit comment une vraie mutualisation peut réussir. Jules NYSSEN La mutualisation apporte une politique homogène à l'ensemble des territoires, ce qui diffère du transfert unique de compétences. Il n’existe pas de recette unique mais sa réussite dépend des capacités et du territoire. Des outils réglementaires peuvent également être utilisés pour ce faire. Jean-Paul VOGEL Comment imaginer la métropole de Marseille avec la communauté d’Aix, s’il n’existe pas de projet commun ? Jean-Claude GONDARD Un préfet a été nommé à la tète d’une mission afin de préparer la loi et la mettre en œuvre. Lorsque cette dernière a été votée, son travail a été de préparer la métropole pour le 1er janvier 2016. Un comité technique partenarial a été mis en place avec le préfet de région et les maires : certains d’entre eux souhaitent travailler positivement mais d’autres veulent l’éviter. Aujourd'hui, le comité technique partenarial essaye d’influencer le prochain processus législatif afin de réduire la portée de la future métropole. Ainsi, ce projet est en attente mais il devra être lancé si la loi n’évolue pas. Patrick PINCET Suite à la demande par certaines communes de la mise en place du balayage mécanique, la communauté des communes de Colmar a lancé un système de gestion commune www.inet.cnfpt.fr 11 / 20 permettant la mise à disposition des véhicules et des chauffeurs. Elle assiste également la commune dans la négociation avec un prestataire privé. Jules NYSSEN Comment inclure les communes qui ne disposent l’intercommunalité de Colmar ? pas de cette culture dans Patrick PINCET Les communes devront adhérer individuellement mais ne reprendront pas les compétences de la communauté de communes, mises à part les dépenses de réseau d’eau par exemple. Si la loi imposait les fusions de communes de façon autoritaire, la situation serait problématique pour la communauté de communes de Colmar. Thierry COQUIL DGS de la région PACA Je suis très heureux de vous accueillir. La région PACA n’est pas amenée à une fusion avec une autre région mais la question de la réforme territoriale nous concerne toutefois. Le sujet de mutualisation ne peut pas s’imaginer en termes d’organisation sans déterminer clairement les transferts de compétence. Le thème de la prochaine journée de formation portera sur la déconcentration au-delà de la mutualisation. La mutualisation doit être abordée à travers trois angles : l’organisation, les systèmes d’information et de gouvernance, la démocratie participative et enfin la question de la contractualisation avec les partenaires. Ces principes qui guident l’action de l’administration sont des sujets sur lesquels il est nécessaire de s’interroger. Intervention introductive à la deuxième table ronde Michel DELAMAIRE Directeur général délégué – Chambre de commerce et d’industrie de la Région Paris Ile-de-France Il existe de réels points de similitude entre les collectivités locales et les Chambres de commerce et d’industrie. Les membres de ces dernières sont élus par les chefs d’entreprises par catégorie (commerce, industrie, services) et sous catégories liées à la taille des entreprises. Ces élus composent l’Assemblée générale qui élit un bureau, un Président… Elles sont soumises au Code des marchés publics ainsi qu’à un triple contrôle : tutelle du Préfet, Chambre régionale des comptes et Commissariat aux comptes. Elles travaillent directement sur le terrain aux métiers de formation initiale, de formation continue, d’infrastructures, d’aide aux entreprises. La CCIR Paris Île-de-France agit également à l’international, participe à la diplomatie économique et assure une mission consultative sur les documents d’urbanisme, les schémas directeurs au plan régional et sur les projets de textes nationaux et européens…. En 2005, une première réforme des CCI a eu pour objet de créer les Chambres régionales et de rassembler les chambres de commerce au plan local. Toutefois, ce dispositif n’a pas fonctionné de manière optimale. www.inet.cnfpt.fr 12 / 20 La loi de 2010 a fortement amplifié le mouvement en transférant aux Chambres régionales la fiscalité, l’emploi et la gestion de l'ensemble des personnels et l’élaboration des schémas sectoriels qui s’imposent à l’ensemble des CCI de la région. La réforme s’est appliquée immédiatement en province et est entrée en vigueur le 1er janvier 2013 pour l’Île-de-France avec la fusion des CCI de Paris et de Versailles. Les deux premières CCI de France : Paris et Versailles, à identité forte mais opposée depuis longtemps, se sont accordées pour créer une seule entité juridique, et donc pour ne pas conserver de personnalité morale pour chacun des 6 départements d’Île-de-France. Les chambres départementales (CCID) ont été créées dans chacun de ces départements afin d’assurer la mission de proximité pour l’appui aux entreprises et aux territoires mais sans personnalité juridique. Suite à un amendement parlementaire, deux chambres territoriales ont pu opter pour un statut d’établissement public : les CCIT de la Seine-et-Marne et de l’Essonne. Le projet politique s’est traduit dans les schémas sectoriels et le règlement intérieur. Un projet de convergence complet a été mis en place. Une adaptation des effectifs a eu lieu et les deux CCI ont eu recours aux CDD dans la phase de transition. 300 postes ont été supprimés à la CCI de Paris et celle de Versailles a supprimé 5 à 6 % de ses effectifs. Depuis le 1er janvier 2013, deux départs sur trois ne sont pas remplacés. Un comité de pilotage composé d’élus et de leurs Directeurs généraux a été créé. Une Direction de projet, composée des deux Directeurs généraux, a été mise en place ainsi que 14 groupes de travail avec un pilote et un copilote issu de chacune des Chambres. Chacun des groupes de travail a émis des propositions d’organisation afin de permettre la mise en œuvre des phases transitoires, le cadrage de ce dispositif a été élaboré et finalisé en juillet 2012 pour une entrée en vigueur au 1er janvier 2013. Il a été fait appel à un cabinet extérieur afin d’établir un état des lieux et de conseiller la direction de projet sur le plan méthodologique. Les produits ont été harmonisés pour les entreprises, la formation a été régionalisée et une nouvelle étape est en cours d’élaboration avec une organisation par filière et non plus simplement par établissement. Les doublons se résorbent au fil du temps par le non remplacement de deux départs sur trois. Il est particulièrement difficile de fusionner deux établissements en concurrence depuis des décennies. La CCI de Versailles constituait une chambre de « province » tournée vers les collectivités et fonctionnait sur un modèle proche de celles-ci, alors que la Chambre de Paris a toujours été très autonome et proche du pouvoir central, avec une organisation centralisée. Un regret : nous n’avons pas suffisamment travaillé pendant ces deux années sur la gestion des compétences et des carrières, ce qui a pu entraîner le départ de certains collaborateurs. Nous n’avons également pas apporté suffisamment de formation d’accompagnement à la création de la nouvelle structure : les formations se sont concentrées sur les outils métiers, mais l’acculturation au nouvel environnement lors de la fusion n’a pas été suffisant. La masse salariale a diminué de près 2 % en 2013 mais le chiffre d'affaires a augmenté et les investissements ont été préservés. www.inet.cnfpt.fr 13 / 20 Cette fusion a été difficile mais a produit davantage d’effets en termes de réduction de frais de gestion. Enfin, le gouvernement s’apprête, à nouveau, à ponctionner 500 millions d'euros sur les réseaux consulaires ainsi que 38 % de sa fiscalité, ce qui représente plus de 102 millions d'euros pour la seule CCIR Paris Île-de-France. Cette décision provoquera dans le réseau national des risques lourd de faillite de Chambres territoriales dans plusieurs régions. A travers cette réforme, l’État souhaite réduire le réseau à une seule CCI par région, mais cela entraîne aussi inévitablement l’arrêt de nombreux investissements et une réduction forte du service rendu aux entreprises de même que la réduction du nombre de jeunes formés. Les Chambres territoriales en région vont être obligées de fusionner entre elles, mais cela ne sera sans doute pas suffisant. Par ailleurs, la CCIR Paris Île-de-France est en discussion avec la région Île-de-France pour un contrat pluriannuel sur l’appui aux entreprises, la formation et la gestion des fonds européens. Le nouveau prélèvement sur la réserve d’investissement et la réduction de la fiscalité nous conduisent à engager, un an et demi après la fusion, un nouveau chantier de transformation et à mettre en place 24 chantiers de réforme interne qui porteront sur l’outil de formation, les prestations à destination des entreprises, le chiffre d'affaires et l’amélioration des marges afin d’être moins dépendant de la fiscalité. Jean-Paul VOGEL Cette expérience apporte beaucoup d’enseignements : un rapprochement successif entre organisations favorise la mutualisation. A contrario, la faiblesse en matière de GPEC et d’accompagnement constituent des échecs. Table ronde 2 : « La mutualisation et son accompagnement : un enjeu de ressources humaines » Emmanuèle CHAMBART Directrice générale déléguée aux ressources, Communauté d’agglomération Valence Romans Sud Rhône Alpes Cyrille BONVILLAIN Directeur général adjoint du Conseil général du Loir et Cher (en charge de mutualisation) Fernand-Marc NARDUCCI Directeur général adjoint ressources et mutualisation, ville de Nice www.inet.cnfpt.fr 14 / 20 Bernard MOLLING Directeur de la Communauté de communes du Moyen Verdon – Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var Bertrand MEONI Directeur général adjoint des Ressources Humaines Moyens Généraux, ville de Toulon Arnaud DEMELLIER Directeur du service commun des systèmes d’information, Toulon et Toulon Provence Méditerranée La table ronde est animée par Jean-Paul VOGEL, directeur de l’INSET de Montpellier Emmanuèle CHAMBART La Communauté d’agglomération Valence Romans Sud Rhône Alpes a été créée le 1er janvier 2014, suite à la fusion de deux communautés d’agglomération, celle de Romans créée il y a une quinzaine d’années et celle de Valence, dont la culture intercommunale est faible. 51 communes, 220 000 habitants et 750 collaborateurs ont ainsi été réunis dans un contexte tendu. En effet, plus de la moitié des communes ont refusé le projet d’agglomération, se divisant sur la réunion des bassins de vie. Certains souhaitaient que les bassins de vie Valence-Romans soient réunis, d’autres, qu’ils restent séparés. Le préfet a utilisé la procédure du passé outre qu’un certain nombre d’élus ont attaqué en août 2013. Le tribunal administratif a confirmé le périmètre de la Communauté d’agglomération en novembre 2013. Par la suite, une partie des communes n’ont pas envoyé leurs élus. Suite aux élections de mars 2014, les nouveaux élus souhaitaient le maintien de deux bassins de vie. Le président a ainsi proposé de diviser la communauté d’agglomération et a demandé deux études, financière et juridique, qui ont confirmé la possibilité de la division. Toutefois, la Communauté d’agglomération devra attendre jusqu’au 1er janvier 2016 pour défusionner. Les équipes doivent ainsi travailler ensemble pendant 18 mois même si elles se sépareront par la suite. Dans ce cadre, il n’existe pas de projet politique. En septembre 2014, le président a proposé aux conseillers communautaires de construire un projet même s’ils n’étaient pas d’accord à ce suet. 90 % des élus ont voté en sa faveur. L’aspect RH est particulièrement difficile à gérer. En 2013, un état des lieux des équipes a fait part de 4 organisations et de 4 durées de temps de travail différentes. Une conférence sociale rassemblant les représentants des collectivités et les directeurs des équipes a ainsi été organisée. Les personnes travaillant moins que la durée de temps de travail définie ont perçu une valorisation de leur régime indemnitaire. Un règlement intérieur a également été élaboré. En 2013, les équipes sur le terrain étaient très inquiètes mais elles ont ensuite constaté l’absence de changements. A contrario, l’encadrement a rencontré la confrontation des cultures. Les contractuels sont actuellement maintenus pour un an du fait de l’absence de projet politique. En outre, des actions collectives et individuelles ont été mises en place pour accompagner les personnels, avec la possibilité de rencontrer un psychologue du travail. Pour les DGA, une thérapie avec un coach et une formation au changement avec un cabinet extérieur ont été organisées. www.inet.cnfpt.fr 15 / 20 Nous avons ainsi rencontré de nombreuses difficultés du fait de l’absence de projet politique. Nous travaillons toutefois aujourd'hui sur le projet de territoire. Cyrille BONVILLAIN Trois départements coopèrent dans la région Centre, ce qui constitue une expérience volontariste et originale : seuls le Nord, le Pas-de-Calais et les deux Savoie coopèrent de cette façon. Cette mutualisation constitue une chance pour renforcer les départements et préparer les négociations de transfert de compétences avec la région. Cette coopération a été rendue possible par un projet politique de coopération entre les trois Présidents des Conseils généraux. La cohérence entre les territoires, une région dynamique axée vers l’Ile-de-France, a renforcé ce projet qui a pour objectif de générer des économies, gagner du temps et monter en compétences. Cette démarche a également été engagée pour proposer une action publique plus efficiente. Il ne s’agit pas ici d’une fusion de services mais d’une recherche de synergies : échange sur des problématiques communes, mutualisation d’outils existants ou création de nouveaux outils. Nous fonctionnons dans cette configuration depuis deux ans : les trois présidents de Conseils généraux se réunissent sur les conventions à signer, les outils à créer, les volontés politiques à relancer, etc. Les DGS apportent également leur avis sur ce point et nous essayons d’associer les élus à travers des réunions de conseillers généraux. 20 groupes de travail se sont ainsi réunis pour travailler sur trois axes : • • • renforcer l’attractivité et la compétitivité ; développer des expertises communes ; mutualiser et optimiser les services publics. Le succès de cette mutualisation repose sur la méthode de travail : 20 feuilles de route ont ainsi été mises en place par les 3 DG avec des objectifs fixés. Ce dispositif a remporté le prix des Victoires de l’organisation territoriale 2013 ainsi que le prix de l’innovation financière de l’Afigese. Dans ce cadre, une centrale d’achat territoriale, GIP APPROLYS a été mise en place et vient d’engranger 400 membres. Nous avons pu massifier les achats et négocier des tarifs à hauteur de 17 % pour les véhicules et 20 % pour les fournitures gaz. Un an et demi après cette mutualisation, les personnels font vivre les réseaux professionnels fonctionnant en dehors de groupes de travail. Ils sont plus ouverts à l’innovation et aux bonnes pratiques des autres. Une nouvelle culture professionnelle se met ainsi en place. En termes de RH, une bourse départementale des offres de poste des trois départements a été mise en place pour les 6 200 agents afin d’améliorer la transparence à ce sujet. Les trois départements ont également participé ensemble au Salon de l’emploi public. Par la suite, cette coopération permettra d’appréhender la réforme territoriale. Un plan de formation commun est ainsi en cours d’élaboration. Afin de réussir ce type de projet, il est nécessaire de concerner l'ensemble des agents, de relancer constamment les personnels et de donner des priorités opérationnelles. Il est également nécessaire d’appréhender les contraintes budgétaires en amont. Enfin, la souplesse de la démarche a constitué un facteur de succès indéniable. www.inet.cnfpt.fr 16 / 20 Fernand-Marc NARDUCCI La ville de Nice et la communauté urbaine se sont engagés dans une démarche de mutualisation depuis fin 2008, du fait de la volonté du maire président Christian Estrosi. Cette mutualisation s’est préparée durant un an en 2009, avec les équipes en place. L'ensemble des agents mutualisés devaient devenir agents de la communauté urbaine (mutualisation dite descendante) sur la base du volontariat au sein des directions ressource (finance, RH, logistique, système d’information, patrimoine et foncier) soit plus de 600 personnes. Aujourd'hui, 1 400 personnes sont mutualisées. Par ailleurs, cette mutualisation s’est poursuivie depuis la la création de la métropole en 2012. En 2009, les représentants du personnel étaient dans un premier temps réservés et les agents étaient inquiets. Le maire- président s’était engagé à harmoniser les modes de gestion entre la ville – centre et l’EPCI afin de rassurer les personnels et répondre à la demande d’ équité de traitement entre les différentes catégories d’agents, ceux transférés, ceux mutualisés et enfin, ceux les plus nombreux restant en fonction dans leur collectivité d’origine. Des ateliers de travail ont ainsi été mis en place afin de supprimer les doublons, de faire émerger les meilleures pratiques et de fédérer les équipes autour d’un projet commun. Un comité de pilotage a été organisé avec les partenaires sociaux et un bilan régulier était présenté en comité technique paritaire. L’organisation de réunions avec l'ensemble des agents a permis d’apaiser les craintes et de faire avancer le projet. Cette mutualisation a été effective au 1er janvier 2010 et nous entrons aujourd'hui dans une deuxième phase de mutualisation avec un schéma de mutualisation entre la ville-centre et la métropole Nice Côte d’Azur qui comprend 45 communes. Cette mutualisation devra prendre en compte les besoins des communes et sera poursuivie selon les mêmes modalités juridiques et financières avec le souci de préserver la meilleure information des partenaires sociaux et des instances délibératives des entités publiques concernées. Le premier objectif de la mutualisation est de répondre aux objectifs de développement d’un territoire en rassemblant les équipes dans le souci d’une action publique efficace et réactive ; Pour autant des économies de gestion significatives ont été constatées depuis 2010. Bernard MOLLING La démarche de mutualisation entre les communautés de communes et leurs communes membres est menée sur un territoire de 41 communes comprenant 10 000 habitants permanents et correspondant au Pays A3V. Celui-ci a été mis en place depuis plusieurs années, afin de répondre et mener un projet de territoire. Les personnels sont particulièrement polyvalents et la région doit faire face à l’abandon progressif des services apportés par l’Etat. Ce projet de mutualisation doit ainsi améliorer les services à la population, l’aide au développement économique et la professionnalisation du secteur touristique. www.inet.cnfpt.fr 17 / 20 Un groupe de travail conjoint entre les cadres des 5 communautés de communes et des plus importantes communes a été mis en place. Un diagnostic préalable portant sur les besoins de la mutualisation et les ressources humaines a été réalisé par un bureau d’étude extérieur. La démarche d’élaboration du schéma sera lancée dans 10 jours. Des journées de sensibilisation et de formation à la mutualisation seront organisées à partir du 13 octobre prochain afin d’assurer un niveau d’information commun au plus grand nombre. Nous nous appuyons sur des exemples extérieurs mais nous avons également déjà mutualisé de façon importante dans le territoire, par exemple les réseaux Internet haut débit et les conventions de prestation de service (SPANC, OPAH, Déchetteries,…). Par ailleurs, il est important d’afficher un discours politique clair et la volonté d’y associer les agents. Nous avons ainsi associé 5 communautés de communes sur les actions de formation sur le territoire. Enfin, nous élaborons avec le CFNPT un programme de formation afin que les agents soient accompagnés en termes de montée en compétences en lien avec le schéma de mutualisation. Cette démarche doit s’inscrire dans la durée et être liée avec la montée en compétence des agents. L’anticipation est également primordiale : le schéma de mutualisation permet d’anticiper la fusion éventuelle de ces 5 communautés de communes, si celle-ci devait intervenir prochainement. Bertrand MEONI Nous avons constitué le 1er janvier 2014 un service informatique commun entre la ville de Toulon, qui compte 3 200 agents, et la TPM regroupant 12 communes depuis 2003. Le maire président souhaitait en effet mettre en place un service commun sous l’angle informatique. Arnaud DEMELLIER Cette mutualisation s’inscrit dans un contexte de fracture numérique des collectivités, se faisait écho d’un risque fort d’investissement non partagé. Ce besoin d’accompagnement des collectivités s’est traduit par une volonté forte de mutualiser les directions informatiques à travers trois étapes : • • • étude d’opportunité via une soixantaine d’ateliers ; plan de mise en œuvre plus rythmé ; phase de mise en œuvre au 1er janvier 2014. Nous avons organisé de nombreuses réunions avec les agents et nous avons élaboré des processus clés afin que les agents se rattachent à leurs métiers, ce qui a constitué une démarche constructive. Bertrand MEONI La définition d’un nouvel organigramme a permis de définir les fiches de postes. Nous avons procédé à une phase de repositionnement des agents et une phase d’harmonisation entre les deux RH. Les régimes indemnitaires des agents ont été positionnés sur le niveau moyen. L’affichage clair à travers des réunions collectives avec les directeurs généraux, les élus, les représentants sociaux et les agents ont permis d’avancer dans cette démarche. Par ailleurs, il a été précisé aux ingénieurs informatiques que le service commun constituait le seul moyen pour eux de poursuivre leur métier. L'ensemble des personnes concernées ont www.inet.cnfpt.fr 18 / 20 également été rencontrés individuellement afin de leur présenter une simulation de salaire, le descriptif des avantages sociaux, la définition des bureaux et la question des transports. Arnaud DEMELLIER Des postes ont disparu ainsi que certaines fonctions qui n’avaient plus de valeur ajoutée pour la collectivité, ce qui a permis de repositionner les agents sur d’autres activités. Enfin, les agents ont adhéré de façon massive au projet. Des économies d’échelle et une réorganisation profonde ont pu être menées. Toutefois, l’inadaptation des outils administratifs a constitué une difficulté de même que l’isolement des acteurs. Etant la seule direction mutualisée, nous devons trouver des acteurs communs avec des objectifs communs et des ambitions communes. Débat avec la salle De la salle Comment serait-il possible d’intégrer les agents du CCAS en termes RH ? Fernand-Marc NARDUCCI La Direction ressource du CCAS a été mutualisée et a rejoint la Direction. Les budgets, dont le budget RH, sont cristallisés au sein de la mutualisation depuis 2009. La mutualisation permet de réaliser des économies et d’améliorer la gestion mais elle permet surtout d’apporter une meilleure offre. De la salle Avez-vous utilisé à Toulon l'ensemble der services RH pour réaliser cette mutualisation ? Prévoyez-vous d’autres mutualisations sur des fonctions support ? Bertrand MEONI Nous espérons qu’elle se poursuivra. Nous sommes convaincus qu’une mutualisation d’outils permet de réussir la mutualisation de services. Ainsi, nous avons constitué une société anonyme que la ville de Toulon et TPM ont rejointe et dont nous souhaitons élargir le capital aux autres collectivités. De la salle Quelle est l’articulation entre les volets d’accompagnement collectif et individuel des agents ? Par ailleurs, le statut constitue-t-il toujours un outil pour la gestion de la carrière des agents ? Emmanuèle CHAMBART Certaines personnes avaient besoin d’un accompagnement individuel. Les actions collectives permettent de créer une culture commune et offrent aux agents l’occasion d’élaborer cette culture. Bertrand MEONI En 2013, les agents se sentaient inquiets par la loi MAPAM qui impacte directement la situation des agents. Ces derniers n’auraient pas adhéré au projet si leur statut avait été modifié. www.inet.cnfpt.fr 19 / 20 Jean-Paul VOGEL L’accompagnement constitue un besoin réel quelque soit le niveau de mutualisation. Fernand-Marc NARDUCCI Le choix de la mutation a été proposé mais sur la base du volontariat : cette démarche est plus respectueuse des agents Jean-Paul VOGEL Je remercie les intervenants ainsi que les participants à cette manifestation. Christian OLIVERES Il me revient la redoutable tâche de prononcer les quelques propos de conclusion. Mais avant je voudrais revenir sur deux questions qui ont été esquissées et sur lesquelles je voudrais donner ma vision de praticien. Tout d’abord Il est évident aujourd’hui que le statut de la fonction publique doit évoluer. La construction statutaire est bien souvent ressentie comme un frein important à ce qui fait l’essence même de l’action publique, l’adaptation aux nouveaux besoins et aux nouvelles politiques. Accessoirement aussi cette rigidité permet le développement soit de prestations de services dont on peut parfois s’interroger sur le rapport cout/actions qui les caractérisent, soit sur le recrutement de contractuels dont la précarité de la situation n’honore pas les employeurs publics Ensuite la question a été posée sur le devenir du département du fait de la création de la Métropole Nice côte d’Azur qui, il faut le rappeler, est aujourd’hui la seule métropole en fonction. Il est évident que le jour où la métropole correspondra géographiquement à la réalité de la vie de ce territoire la question sera posé. Aujourd'hui, il n’existe pas de réussite totale en matière de mutualisation et c’est normal. Toutefois, cela ne veut pas dire échec car le contexte d’action des collectivités a profondément été modifié. Les territoires ne sont plus adaptés à la réalité d’aujourd'hui. En outre, les concitoyens ont bien souvent une approche de consommateurs par rapport à l’action publique. De plus les contraintes financières pèseront sur la durée. Enfin Les collectivités devront également gérer des situations qui étaient autrefois gérées par l’Etat. Tout ceci n’incite pas à la mutualisation alors que c’est un des moyens pour dégager des marges de manœuvre Cette journée a mis en valeur l’importance du projet de territoire : la mutualisation, n’est pas destinée à régler un problème juridique ou financier, elle n’est efficace que si elle s ‘appuie sur un projet de territoire. Par ailleurs, la mutualisation se fonde sur le dialogue social, sur l’’explication en s’appuyant sur le sens du projet territorial et en favorisant sa déclinaison Enfin, la mutualisation donne toute sa place aux responsables territoriaux. A eux d’être force de proposition à eux de savoir éclairer les points difficiles et montrer les limites que peut comporter l’action publique. Leur responsabilité est de savoir et de pouvoir apporter un éclairage technique différent sur le projet et sur le territoire. Les propos énoncés dans ce document n’engagent que la responsabilité de la personne citée. www.inet.cnfpt.fr 20 / 20