Lire le Zoom de mai 2009
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Dans ce numéro VOLUME 5, NUMÉRO 4 23 OCTOBRE 2008 NO 4 www.santemontreal.qc.ca MAI 2009 FORMERl’attention LES GESTIONNAIRES DU Cinq thématiques retiendront des chercheurs de l’institut, soit la recherche sur les systèmes de santé, les déterminants sociaux DOMAINE DE LA SANTÉ : sur la santé, la santé mondiale et la valorisation des connaissances. L’IRSPUM mobilise, à la de la santé, les impacts environnementaux UNE PRIORITÉ ...................................2 fois, des chercheurs qui sont localisés sur le campus de l’Université de Montréal que dans des centres de recherche tel le CRCHUM avec son secteur en santé des populations. Le nouvel institut représente l’un des plus grands regroupements du genre au Canada et le plus important dans la francophonie mondiale. HYDROCARBURES AROMATIQUES POLYCYCLIQUES ET SANTÉ PUBLIQUE : DES NUANCES S’IMPOSENT ................4 TROIS MILLIONS POUR L’INSTITUT DE RECHERCHE Le Fonds de recherche en santé du Québec (FRSQ) a octroyé une subvention de 3 millions répartis sur quatre ans pour la mise sur pied du nouvel Institut de recherche en santé publique de l’Université de Montréal (IRSPUM). La demande de subvention a été réalisée par Jean-Louis Denis, directeur du GRIS (Groupe de recherche interdisciplinaire en santé),en collaboration avec Andrée Demers, directrice du Groupe de recherche sur les aspects sociaux de la prévention (GRASP), Marie-Hélène Chastenay (GRASP) et Marie-France Raynault, directrice du Département de médecine sociale et préventive. L’IRSPUM incarne la mission de recherche de l’École de santé publique de l’Université de Montréal. L’obtention de cette subvention marque le début des préparatifs pour le lancement et la mise en place de l’IRSPUM. À propos de l’IRSPUM L’IRSPUM regroupe sous une même entité plus de 200 chercheurs en santé publique provenant de différentes disciplines ainsi que de facultés et d’institutions partenaires, dont l’INSPQ et la DSP de Montréal. Ce nouvel institut, rattaché à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, est donc en mesure d’aborder l’ensemble des thématiques liées à ce domaine. SUITE P.3 Jean-Louis Denis, directeur du GRIS ÉTUDE SUR LES SAGES-FEMMES DANS COCHRANE Le réseau Cochrane, prestigieux organisme de dissémination des connaissances sur la santé, a fait paraître tout récemment un travail de synthèse des connaissances mené par Marie Hatem (professeure agrégée au Département de médecine sociale et préventive) et son équipe. Leur revue systématique et méta-analyse qui compare les soins aux femmes enceintes prodigués par des sages-femmes avec les autres modèles de soins entourant la naissance a été identifiée comme particulièrement utile. Elle vient, en effet, combler un manque de données probantes sur l’efficacité et le rôle psycho-social des sages-femmes, auxquelles il est pourtant largement fait appel dans de nombreux pays du monde. Les soins menés par des sages-femmes ont été associés, dans cette revue, avec plusieurs avantages pour les parturientes et les bébés sans présenter de contre-indications. L’avantage principal durant la grossesse: une réduction du risque de fausse-couche avant 24 semaines. Pendant l’accouchement, l’accompagnement par une sage-femme a été associé, entre autres, avec une utilisation moins importante d’analgésiques locaux, moins d’épisiotomies et un nombre plus élevé d’accouchements par voie vaginale et d’initiations à l’allaitement. La revue systématique menée par M. Hatem conclut que les services des sages-femmes devraient être offerts à toutes les femmes. Consultez les résultats de l’étude en cliquant ici. Page 2 NO4 MAI 2009 FORMER LES GESTIONNAIRES DU DOMAINE SANTÉ : UNE PRIORITÉ Les gestionnaires œuvrant dans les systèmes de santé font face à des défis majeurs : améliorer la performance des organisations, tout en maîtrisant les coûts, organiser des soins de qualité dans des conditions de sécurité optimales, intégrer judicieusement les innovations technologiques et médicales, etc. Au Québec, la formation de la relève des gestionnaires du domaine « santé » revêt une importance toute particulière puisque, selon une étude du gouvernement du Québec, le Réseau de santé et des services sociaux aura à recruter plusieurs milliers de cadres en remplacement de ceux qui atteindront l’âge de la retraite dans les prochaines années. Le Département d’administration de la santé offre des programmes uniques dans la francophonie, notamment le seul programme de la francophonie en management de la santé accrédité au niveau nord-américain par la CAHME, un organisme qui définit depuis 1968 de standards d’excellence dans la formation graduée de gestionnaires de la santé. « Le contenu pédagogique de nos programmes est marqué par l’interdisciplinarité et nourri par un environnement d’excellence scientifique » explique Lise Lamothe, directrice du DASUM (par intérim). « De plus, des liens étroits unissent nos professeurs et étudiants aux milieux de pratique, tant au Québec que dans de nombreux pays dans le monde. Notre réseau de lieux de stages, qui compte à ce jour quelque 36 établissements et organismes du réseau de la santé, offre une remarquable diversité à nos étudiants pour leur stage de fin de maîtrise. Le stage est décidément un moment fort de notre formation : l’étudiant peut participer à des activités de gestion réelles et complexes, développer et acquérir des compétences précieuses avec l’appui d’un gestionnaire, responsable de formation professionnelle. » Parmi les quelque 900 diplômés du département d’administration de la santé, nombreux sont ceux qui occupent Gabriel Joseph, diplômé de la M.Sc. en administration des services de santé (option gestion du système de santé) et chargé de projet clinique au CSSS de Gatineau aujourd’hui des fonctions de premier ordre dans le système socio-sanitaire québécois, canadien et dans celui de nombreux pays dans le monde. Parmi eux, Gabriel Joseph, titulaire de la M.Sc. (option gestion du système de santé) est chargé de projet pour la démarche d’organisation clinique de services au CSSS de Gatineau (CSSSG) depuis juin 2008. Ce médecin de formation, aujourd’hui coordonnateur du projet clinique du CSSSG, voit une grande adéquation entre son rôle de gestionnaire et la formation acquise à l’UdeM : « Les réseaux locaux de services, la négociation entre les professionnels et les gestionnaires, l’attention particulière envers la première ligne, les corridors de services entre 1ère, 2ème et 3ème ligne, sont autant de thèmes qui se sont concrétisés et qu’il m’avait été donné d’explorer durant mes études au DASUM. » Depuis son arrivée au CSSSG, Gabriel Joseph a déjà pu mesurer l’impact de son action : «on passe d’un concept théorique à des plans d’action qui impliquent les partenaires du territoire, on a identifié l’écart entre l’offre de services actuelle et celle souhaitée (en lien avec les besoins populationnels). Des actions sont sur la table. Des solutions qui mettent d’abord l’emphase sur une optimisation des ressources dont dispose le réseau local et ensuite sur l’ajout de nouvelles» conclut-il. ÉSPUM ZOOM Brèves… Colloque Jean-Yves Rivard e Le 27 Colloque Jean-Yves Rivard, organisé par le Département d’administration de la santé aura lieu le 25 septembre 2009 au Centre Mont-Royal à Montréal. Les thèmes abordés lors de cet événement scientifique s’adressant tout particulièrement aux gestionnaires du réseau de la santé et des services sociaux sont : la qualité du milieu de travail, la gestion des ressources humaines et la satisfaction du personnel et les établissements qui réussissent à attirer et à retenir leur personnel. Prix du meilleur abstract à Mathieu Valcke (toxicologie) La Société de toxicologie (SOT) qui tiendra son prochain congrès à Baltimore (le plus grand au monde dans ce domaine : il attire environ 6500 personnes) attribue le prix du meilleur abstract étudiant en évaluation des risques à Mathieu Valcke, étudiant au Ph.D. de santé publique (option toxicologie). Son travail porte sur la modélisation toxicocinétique des contaminants de l’eau potable chez les enfants et les femmes enceintes. Parution d’«Approches et pratiques en évaluation de programmes» Conçu pour répondre à la demande croissante de praticiens qualifiés, ce manuel s’adresse aux étudiants, aux enseignants, aux évaluateurs professionnels et à ceux qui ont recours à leurs services. Les auteurs exposent les principales approches d’une expertise qui doit faire appel à une grande variété de théories et d’outils pour répondre efficacement aux questions de ses commanditaires. Six études de cas détaillées viennent ensuite en montrer l’application. Sous la direction de Valéry Ridde et Christian Dagenais. Page 3 NO 4 MAI ÉSPUM ZOOM 2009 Des chercheurs de l’ESPUM reçoivent le Prix 2009 du recteur pour un ouvrage didactique Astrid Brousselle, François Champagne, André-Pierre Contandriopoulos et Zulmira Hartz ont reçu le Prix du recteur 2009 pour leur ouvrage didactique intitulé L’Évaluation : concepts et méthodes, publié aux Presses de l’Université de Montréal. Cet ouvrage présente le modèle qui s’élabore depuis 20 ans dans le cadre du cours Méthodes d’évaluation du secteur de la santé publique à l’Université et qui a été largement utilisé dans les travaux du Groupe de recherche Interdisciplinaire en santé. Chaque type d'évaluation est illustré par un exemple pratique de mise en application du modèle. Bien que la plupart des exemples que l’on retrouve dans ce manuel proviennent du secteur de la santé, le modèle d’évaluation proposé peut être appliqué dans tous les domaines comme l’éducation, l’administration ou les sciences politiques, par exemple. « Nous sommes très heureux de recevoir cette marque de reconnaissance pour la réalisation de cet ouvrage et ainsi, de nous joindre aux nombreux enseignants dont la qualité du travail a été soulignée par les Prix d’excellence en enseignement» indique Astrid Brousselle, chercheure adjointe au Département d’administration de la santé (DASUM). L’équipe recevra son prix assorti d’une bourse de 2 000 $ le 21 mai prochain lors d’une cérémonie officielle qui aura lieu dans le hall d’honneur du Pavillon Roger-Gaudry. Rappelons que les Prix d’excellence en enseignement ont été créés par l’Université afin de souligner la contribution du personnel enseignant. Suite de la p.1 Trois millions pour l’Institut de recherche Cinq axes retiendront l’attention des chercheurs de l’Institut, soit la recherche sur les systèmes de santé, les déterminants sociaux de la santé, les impacts environnementaux sur la santé, la santé mondiale et la valorisation des connaissances. L’IRSPUM mobilise autant des chercheurs qui sont localisés sur le campus de l’Université de Montréal que dans des centres de recherche, tel le CRCHUM avec son secteur en santé des populations. Le nouvel institut représente l’un des plus grands regroupements du genre au Canada et le plus important dans la francophonie mondiale. « La création de l’IRSPUM vise plusieurs objectifs , explique M. Denis, nous voulons développer une plus grande capacité de réponse sur le plan scientifique aux grands défis actuels et futurs en santé publique, accroître les synergies entre les chercheurs de façon à se donner des leviers pour être encore plus compétitifs sur la scène nationale et internationale, développer des partenariats d’envergure avec les milieux de décision et de pratique afin de soutenir les innovations sur le plan des interventions et de la recherche et finalement augmenter notre capacité d’action en matière de valorisation des connaissances. » C’est donc une aventure à suivre, mais gageons que l’IRSPUM s’imposera comme un pôle d’excellence en recherche en santé publique tant au niveau national qu’international. Deuxième colloque des finissants de la maîtrise Quéops-i Le vendredi 5 juin 2009 de 9 h 30 à 12 h Pavillon Mont-Royal 1430, boul. du Mont-Royal RSVP avant le 29 mai [email protected] Page 4 NO 4 MAI 2009 ÉSPUM ZOOM HYDROCARBURES AROMATIQUES POLYCYCLIQUES ET SANTÉ PUBLIQUE : DES NUANCES S’IMPOSENT Lorsque les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) font la manchette, c’est toujours dans un contexte qui souligne leur dangerosité. On se rappelle, par exemple, la fermeture de huit jardins communautaires montréalais en 2007, en raison de la contamination des sols par les HAP et d’autres polluants. Le recours collectif intenté récemment contre Alcoa par les citoyens du quartier Saint-Georges, à Baie-Comeau, a aussi fait couler beaucoup d’encre. Les rejets atmosphériques d’HAP par l’aluminerie, située à un demi-kilomètre seulement du quartier, occasionneraient des cancers parmi les résidants, allègue la poursuite. Les HAP sont-ils aussi dommageables que les médias le laissent entendre? Titulaire de la Chaire d'analyse et de gestion des risques toxicologiques de l’Université de Montréal et professeur au Département de santé environnementale et santé au travail de la même université, Claude Viau, D. Sc., nous éclaire sur la question. ÉSPUM ZOOM est publié par l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ÉSPUM), sous la direction de Richard Massé. Édition/Rédaction: Helena Urfer et Nathalie Vaillancourt, responsables des communications. Collaboration spéciale : Sylvie Gervais Vous avez des questions ou des commentaires? [email protected] Site internet de l’École: www.espum.umontreal.ca Les HAP résultent pour la plupart de la combustion incomplète de matières organiques à haute température. On en compte plus de cent, mais, précise Claude Viau, « il y en a un nombre relativement restreint, peut-être une douzaine, qui sont considérés comme cancérogènes par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer). » D’où viennent les HAP? Des incendies de forêt. Du chauffage au bois et au mazout. De l’utilisation de combustibles fossiles dans l’industrie et le transport. De la fumée de cigarette. Des grillades, tant au barbecue que sous l’élément du four ou dans un poêlon. Cette liste, bien que non exhaustive, donne une indication de la grande pénétration des HAP dans l’environnement. Une réalité que confirme Claude Viau : « Les HAP sont partout où on fait de la combustion incomplète, et cette combustion-là, il y en a partout et on en fait nous-mêmes domestiquement. » On peut donc dire qu’il s’avère quasi impossible d’échapper aux HAP. Cependant, nous n’y sommes pas tous exposés de la même façon ni au même degré. « Chez les non-fumeurs, indique Claude Viau, la source qui rend compte probablement de plus de 90 % de l’exposition, c’est l’alimentation, à moins de se trouver dans une situation particulière. » Les HAP arrivent dans notre assiette principalement par deux voies, résume Claude Viau : la cuisson elle-même, dès qu’elle noircit un peu les aliments, et les dépôts d’HAP atmosphériques sur les fruits et légumes. Faut-il s’inquiéter d’ingérer des HAP? Selon Claude Viau, il n’y a pas lieu de sonner l’alarme, même si le risque zéro n’existe pas. « Si on exclut le tabagisme et à moins d’une contamination locale, je ne pense pas que, pour la population générale, la présence d’HAP mérite qu’on fasse une alerte spécifique. Ceci étant dit, il faut quand même tout faire pour essayer de réduire l’émission d’HAP. » Par contre, poursuit Claude Viau, « pour des groupes spécifiques, oui, les HAP peuvent être un problème. » Quels sont ces groupes? Les fumeurs, bien sûr, ainsi que les résidants de zones particulièrement polluées aux HAP et les employés d’usines où l’on trouve des poussières contaminées aux HAP. Tous ceuxlà, en effet, s’exposent à des doses plus élevées d’HAP que la normale, ce qui augmente leur risque de développer un cancer. Pour chiffrer le tout, mentionnons que les fumeurs absorbent en moyenne au moins deux à trois fois plus d’HAP que les nonfumeurs. Quant aux résidants du quartier Saint-Georges, voisins de l’aluminerie Alcoa, ils montraient des niveaux d’HAP dans leur organisme deux fois plus élevés que la moyenne régionale (mais similaires à la moyenne d’autres régions du Québec), d’après une étude récente de la Direction de la santé publique de la Côte-Nord et l’INSPQ, à laquelle Claude Viau a collaboré, sous la direction de Michèle Bouchard du Département de santé environnementale et santé au travail. Enfin, « les travailleurs de certains secteurs industriels sont exposés à des concentrations d’HAP dans l’air probablement 1000 fois plus élevées que la population en général », nous apprend Claude Viau. Dangereux les HAP? Tout dépend, on le voit, de l’intensité de l’exposition, mais pour la plupart d’entre nous, le risque paraît minime. Claude Viau, quant à lui, ne s’en fait pas trop : « Mon degré d’inquiétude personnel? En tant qu’être humain qui mange tous les jours, il n’est pas très élevé. »