Mensonge et vérité

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Mensonge et vérité
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MENSONGES ET VERITE
Par Déborah Hage, MSW
Si je t'écoute suffisamment longtemps
Je trouverai moyen de croire que c'était vrai.
Sachant que tu as menti, imperturbable pendant que je pleurais.
Je cherche encore une raison de croire.
Rod Stewart
La majorité des parents adoptifs ont un code moral qui exclut le mensonge des comportements
acceptables. Ils l'ont en horreur. Ils l'évitent à tous prix. Ils admirent l'intégrité et l'honnêteté.
Avec de telles prescriptions et de tels modèles à la maison qui leur disent que mentir est
interdit, pourquoi tellement d'adoptés mentent-ils? Quand ils mentent, les enfants en subissent
les conséquences et sont punis de différentes façons. Les parents supplient, implorent leurs
enfants de dire la vérité, promettant même que les conséquences seront moins importantes s'ils
la disent. Et pourtant le mensonge perdure. Certains enfants mentent quand ils ne veulent pas
accepter la responsabilité de leur comportement. Certains mentent quand ils veulent quelque
chose. Certains mentent pour manipuler et trianguler les autres autour d'eux. Certains mentent
devant l'évidence – avec de la crème sur la figure et les doigts collants, ils assurent qu'ils n'ont
pas pris un morceau de gâteau. Certains font tout ceci et mentent simplement à propos de
n'importe quoi et tout le temps. Quel schéma opérationnel interne de leur cerveau dit donc à
ces enfants que mentir est acceptable?
En regardant les schémas de fonctionnement du cerveau, on peut trouver des réponses. Les
deux premières années de la vie sont essentielles pour le développement du cerveau et la
croissance de la personnalité. C'est pendant ces mois critiques que les fondations sont posées
qui vont déterminer, en grande partie, les futurs schémas de comportement. La façon dont
l'enfant apprend à penser la vie, lui-même, et les autres pendant ces premières années
influencera la manière dont il se comportera dans la vie et la nature des relations qu'il établira. Il
apprendra ou non à faire confiance, à aimer, à craindre, à penser, à dire la vérité.
Les bébés apprennent à dire la vérité ou à mentir dès leurs premières respirations. Pendant la
première année de la vie, un bébé est un paquet de besoins. Il a besoin d'être nourri, d'être gardé
au chaud, d'être consolé, d'être tenu dans les bras, d'être bercé, d'être câliné, il a besoin qu'on
s'occupe de lui. Il est totalement dépendant des autres pour sa survie et sa croissance
émotionnelle. Quand les soins qu'on lui donne répondent à ses besoins, il apprend à faire
confiance. Quand les soins ne répondent pas à ses besoins, il apprend à ne pas faire confiance.
Il commence à se dire à lui-même ses premiers mensonges. Le nourrisson signale qu'il a faim et
personne ne vient. Il pleure et personne ne vient. Il pleure encore plus et personne ne vient. Il
arrête de pleurer et les messages internes qu'il doit se donner à lui-même pour survivre sont "Je
n'ai plus faim, je n'ai plus froid". Le mensonge interne continue, "Je ne vaux pas la peine d'être
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maintenu au chaud, d'être consolé, d'être tenu dans les bras, d'être câliné, d'être bercé. Le
monde n'est pas sûr. Personne ne s'intéresse à moi." Ces mensonges entrent dans sa psyché et
s'installent dans son cerveau. La distinction entre la vérité et l'erreur commence à s'effacer.
Pendant la deuxième année de sa vie, un enfant apprend à se centrer sur ses désirs en plus de
ses besoins. Il désire que sa mère reste près de lui. Il désire jouer avec ses jouets. Il désire rire
et gigoter en face de quelqu'un qui fait attention à lui. Et pourtant, malgré ses désirs, sa mère
s'en va, il n'y a pas de jouets et personne ne le chatouille et ne joue avec lui. Il pleure et
personne ne vient. Il pleure encore plus et personne ne vient. Il arrête de pleurer et les
messages internes qu'il se donne à lui-même pour survivre sont, "Je ne désire pas que ma mère
reste. C'est très bien qu'elle soit partie." Le mensonge interne continue, "Je ne veux pas de
jouets ni que quelqu'un joue avec moi. La vie est très bien comme cela." La différence entre la
vérité et le mensonge devient encore plus ténue. Le chemin dans son cerveau se creuse encore
plus.
Dans les années qui suivent, un enfant apprend à distinguer ses sentiments et ses émotions.
Elles sont confirmées par ceux qui sont autour de lui. Sa mère lui dit, "je t"aime" et lui fournit
une maison sûre, une nourriture abondante et des vêtements chauds. Ce ne sont pas les mots
qui transmettent un sentiment d'amour, ce sont les actes qui donnent du sens aux mots.
Opposez cela à l'enfant dont la mère dit "je t'aime" et puis le néglige et peut-être même le bat.
Les actes font mentir les paroles. Les actes font mentir les émotions. L'enfant se demande, "Si
c'est de l'amour, pourquoi est-ce que cela fait si mal? Où est la vérité?" Un monde prévisible,
sûr, attentif s'écroule autour de lui et il est en colère, il est enragé. Cependant des sentiments si
forts dans une si petite personne sont très effrayants pour lui. Il refuse de reconnaître qu'il est
en colère, blessé ou malheureux. Se donner la permission de ressentir ces sentiments ou même
de reconnaître leur existence, le rend vulnérable à un monde qui ne fait pas attention à lui. Le
mensonge qu'il se dit à lui-même pour survivre continue, "Je suis heureux, je ne suis pas en
colère. Je n'ai pas peur. Je ne suis pas triste." La vérité devient pour lui un sujet tabou qu'il ne
veut pas regarder. La vérité n'a pas de sens. Survivre est tout ce qui importe. La voie dans son
cerveau se creuse encore et mentir devient habituel. Cela n'a pas une bonne ou une mauvaise
connotation. C'est juste là comme la lune et les étoiles sont là.
L'enfant arrive dans une maison où la vérité est importante. Ce concept lui est tellement
étranger qu'il le rejette. La vérité n'a jamais eu d'importance avant, pourquoi devrait-elle
soudain en avoir? Il a supprimé toute différence entre la vérité et le mensonge au point qu'il ne
considère pas que c'est important de faire la différence entre les deux. Les parents et le reste de
la société ont tendance à voir les choses autrement donc il faut s'en occuper. Au centre de l'aide
à un enfant qui ment se trouve le message qui va à contresens de sa pensée première. La
plupart des gens développent des relations avec des gens en qui ils peuvent avoir confiance et
disent des choses telles que "je ne pourrais pas aimer quelqu'un en qui je n'ai pas confiance."
Manifestement ce n'est pas le message qu'un enfant qui ment a besoin d'entendre. Les parents
peuvent être extrêmement thérapeutiques quand ils changent cela en "Je peux t'aimer même
quand je ne peux pas te faire confiance." Et "Je suis une maman tellement formidable que tu ne
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pourras pas m'empêcher de t'aimer juste parce que tu mens."
Un autre concept important quand on s'occupe des comportements de mensonges est de ne
pas poser à l'enfant qui ment une question quand vous en connaissez la réponse, dans l'espoir
que l'enfant vous dira la vérité. C'est une mise en scène pour l'enfant. Il ment. Vous faites
remarquer triomphalement le mensonge. Il se sent trahi. Si vous connaissez la réponse, ne
posez pas la question. De la même façon, ne posez pas de question quand vous ne connaissez
pas la réponse, comme vous ne pouvez de toute façon pas faire confiance à cette réponse. En
d'autres mots, ne posez jamais de question à un enfant qui ment. Cela renforce le mensonge et
ajoute une couche de culpabilité qui abîme encore plus la relation. A la place, agissez en
fonction de ce que vous pensez être la vérité et laissez les choses comme cela. Un exemple de
conversation:
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Parent – Greg dit que tu l'as frappé.
Enfant – Mais je ne l'ai pas fait.
P – Qui penses-tu que je crois?
E – Tu penses que je l'ai frappé.
P – Juste. Tu sais que tu ne peux pas frapper Greg aussi la conséquence sera …
E – Mais je n'ai rien fait.
P – Voudrais-tu un jury de tes pairs pour te condamner? Y a-t-il des preuves que tu l'as
fait? En as-tu eu la possibilité? As-tu des raisons de le faire? Greg a-t-il dit que tu l'as
fait?
E – Greg ment.
P – Dans cette maison, qui dit le plus la vérité? Toi ou Greg?
E – Greg. Tu ne me crois jamais. Tu ne me fais pas confiance.
P – Juste. Heureusement que je suis une maman formidable et que je peux aimer un garçon
en qui je n'ai pas confiance.
E – Mais ce n'est pas juste.
P – Est-ce que tu m'as déjà menti sans être attrapé?
E – Oui.
P – Et bien c'est pour ces fois-là. A la fin, ce sera juste.
E – Tu ne m'aimes pas autant que Greg.
P – Bien essayé. Maintenant va faire (la conséquence prévue)
Les parents ont horreur d'appeler quelqu'un, en particulier leur enfant, un menteur. Il vaut
mieux dire "Je ne te crois pas " et dire un message-je à ce sujet. Après tout il n'y a souvent
aucun moyen de savoir si l'enfant dit la vérité. Dire "je ne te crois pas" diminue l'effet de
contrôle de l'enfant quand il ment.
Mentir devient un moyen de prendre le contrôle. En déformant la vérité l'enfant peut perturber
le monde de ses parents. L'enfant peut alors prendre le chaos qui est dans son propre esprit et
l'imposer à quelqu'un d'autre. Les enfants peuvent aussi utiliser le mensonge comme un moyen
des tester la relation parent-enfant. A quel point peut-on faire confiance aux parents quand ils
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disent que cette maison est chez eux pour toujours? Si les comportements de l'enfant sont
suffisamment perturbés, peut-il forcer la décision et obtenir un déplacement de l'enfant? Peutêtre que l'enfant veut déménager et qu'il utilise le mensonge comme un moyen de pousser ses
parents à bout de façon à ce qu'ils renoncent et demandent à ce qu'il soit placé ailleurs.
Le vieil adage qui dit "qu'on ne peut pas faire remonter le courant à une rivière" peut
s'appliquer au mensonge. Les parents ne peuvent pas contrôler le mensonge. Tout ce qu'ils
peuvent contrôler c'est de croire ou non l'enfant et de lui imposer une conséquence. De
nombreuses techniques parentales peuvent être utilisées avec succès. Une d'elles est de prévoir
que l'enfant va mentir et de lui donner la permission de le faire. Pour beaucoup d'enfants mentir
est tellement habituel qu'ils mentent avant même de penser à ce qu'ils pourraient dire d'autre.
Un parent peut dire, "Je veux te parler et je sais que tu as tendance à ne pas dire la vérité
quand je te pose des questions. Aussi je veux que tu saches que j'attends de toi un mensonge
vraiment bon en réponse à ma question. Prêt?" (puis vous posez la question). Ceci entraîne
plusieurs choses. Un, cela donne à l'enfant le temps de décider s'il va mentir ou non, plutôt que
de laisser les premiers mots, qui sont en général faux, sortir de sa bouche sans y penser. Deux,
cela retire le mensonge de la bataille pour le contrôle. Trois, puisque le parent a donné à
l'enfant la permission de mentir; cela n'a pas de sens d'être en colère ou perturbé à cause de
cela. Félicitez simplement l'enfant pour son beau mensonge et continuez. Ou si par chance,
l'enfant dit la vérité, couvrez-le de gloire. Mettez-lui un bonbon en bouche qu'il associe le fait
de dire la vérité avec de bonnes choses. Souvenez-vous quand une mauvaise habitude doit être
changée, il faut refaire le câblage dans le cerveau pour le bon comportement. Un bonbon fait
cela très bien avec les enfants comme avec les chiots. Les parents peuvent faire des exercices
sur la vérité avec l'enfant. Jouez au jeu du mensonge/vérité. Demandez à l'enfant des réponses
à des questions qui n'ont pas de contenu émotionnel. Par exemple "quel âge as-tu? Comment
s'appelle ton professeur?" etc. Chaque fois que l'enfant dit la vérité, il reçoit un bonbon. La clé
de cela c'est que le bonbon doit passer de la main du parent dans la bouche de l'enfant pendant
qu'ils se regardent dans les yeux. Ne laissez pas l'enfant prendre le bonbon et le mettre luimême dans sa bouche ou une partie du sens de ce jeu est perdu. Le lien doit être évident entre
le parent source de toute bonté et de toute lumière et que faire plaisir au parent entraîne des
choses agréables pour l'enfant.
Parce que le mensonge est souvent habituel chez les enfants, les parents peuvent faire un essai
pour comprendre comme il est difficile de changer une habitude en changeant une des leurs.
Expliquez à l'enfant que tout le monde a des habitudes, certaines bonnes d'autres mauvaises.
Changer une habitude requiert de la réflexion et un effort. Mettez-vous d'abord vos chaussettes
et puis vos chaussures ou d'abord une chaussette et une chaussure et ensuite l'autre chaussette
et l'autre chaussure? Mélangez-vous tout dans votre assiette quand vous mangez ou mangezvous d'abord une chose jusqu'au bout avant de passer à la suivante? Proposez à l'enfant de
changer une habitude, autre que le mensonge, et comparez vos progrès. Sympathisez avec
votre enfant qui essaie de changer une habitude sans problème, de façon que vous puissiez
sincèrement admirer les efforts qu'il fait pour changer une habitude profondément ancrée,
comme le mensonge, et une habitude qui a des implications émotionnelles. Acceptez que
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changer n'importe quelle habitude, particulièrement celles qui ont été si utiles pour survivre, va
prendre longtemps. Très longtemps. Des années et des années après les parents se
demanderont encore si vraiment leur enfant dit la vérité. Attendre un changement rapide va
amener les parents et l'enfant à être déçus et en colère – deux émotions qui empêchent
d'instiller à l'enfant le sentiment qu'il est aimé et apprécié exactement comme il est. Le message
est qu'il est important de ne plus mentir pour trouver sa place dans le monde – pas pour être
plus aimé de ses parents.
Amusez-vous avec les mensonges. Par exemple, quand vous savez qu'un enfant ment
habituellement, demandez-lui s'il veut un bol de crème glacée. Quand il dit "oui", donnez-lui un
bol de céréales. Quand il demande ce qui est arrivé à la crème glacée, rappelez-lui joyeusement
que puisqu'il ment toujours vous ne savez jamais où est la vérité. Quand il a dit qu'il voulait de
la glace, vous saviez qu'il ne dit jamais la vérité, donc cela veut dire qu'il ne veut pas de crème
glacée. Puisque vous ne saviez pas ce qu'il veut vraiment, vous avez essayé de deviner, et vous
avez pensé que ce serait bien des céréales. Cela marche bien au restaurant quand vous
commandez quelque chose de différent de ce qu'il a dit vouloir et dans les magasins de
vêtement où vous achetez en souriant une chemise différente de celle qu'il a montrée.
Les parents peuvent chercher d'autres moyens de faire réfléchir l'enfant sur la valeur de son
mensonge. Une des façons de faire est de mentir à l'enfant. L'enfant demande pour aller au
cinéma et le parent dit "oui". Plus tard le parent n'emmène pas l'enfant au cinéma et quand
l'enfant demande pourquoi le parent dit légèrement "Oh, j'ai pensé que la vérité n'avait pas
d'importance. C'était plus facile pour moi de te dire oui à ce moment-là mais je ne le pensais
pas vraiment. J'ai pensé que c'était comme cela que tu voulais qu'on se parle dans cette famille.
Es-tu en train de me dire que c'est important que je dise la vérité, mais que ce n'est pas
important que tu dises la vérité? Est-ce que c'est juste?"
Le but est de mettre l'enfant en conflit par rapport à son mensonge. Quand un enfant ment et
que ses parents sont perturbés et en colère, alors ils sont en conflit avec le mensonge de
l'enfant mais l'enfant ne l'est pas. L'enfant se dit à lui-même "pas besoin que nous soyons tous
les deux perturbés par rapport à cela" et continue à mentir. Quand les parents sont
émotionnellement concernés par les mensonges de l'enfant, l'enfant reçoit un message qui lui
dit, "Quand je mens, mes parents sont blessés. Quand je mens, d'autres souffrent." Quand un
enfant n'a pas de conscience par rapport au mensonge, savoir que les autres sont blessés n'a
pas d'importance pour lui, et même cela lui fait plaisir. Les comportements de mensonges ne
changeront pas tant que l'enfant ne verra pas, dans des situations sans colère, que le mensonge
ne marche pas pour lui. Il a besoin de voir que c'est lui qui souffre quand il ment, que cela ne
lui procure pas ce qu'il désire. Les alcooliques n'arrêtent pas de boire parce qu'ils réfléchissent
et qu'ils décident qu'il est plus raisonnable de changer. Ils arrêtent de boire quand ils voient
qu'ils touchent le fond à cause de leur alcoolisme. Ils ont une connexion émotionnelle avec les
résultats négatifs de leur comportement et doivent alors se comporter selon un nouveau mode
de pensée. Ils ne pensent pas un nouveau mode de comportement. De la même façon un enfant
doit sentir et vivre les résultats négatifs de son comportement en présence de personnes qui ne
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sont pas impliquées émotionnellement et qui ne sont pas en colère. Réfléchir aux raisons pour
lesquelles le mensonge ne marche pas pour lui, cela ne mène à rien. Vivre les résultats et sentir
la douleur est la seule façon pour lui de comprendre que c'est lui, et personne d'autre, qui
souffre le plus quand il ment.
De nombreux parents peuvent gérer le mensonge à la maison en appliquant les techniques
mentionnées ici, cependant ils sont perdus quand l'enfant ment hors de la maison et qu'il est
cru. D'habitude les enfants qui sont des menteurs réguliers mentent à leurs thérapeutes et à
leurs assistants sociaux. Il est impératif que les enfants qui mentent ne soient pas vus seuls par
ceux-ci. Les parents ne devraient pas emmener leur enfant chez un thérapeute qui insiste pour
voir l'enfant seul. Le potentiel de triangulation et de manipulation est trop important. De plus
il est trop facile pour un enfant qui ment de détourner l'attention des problèmes thérapeutiques
qui doivent être pris en compte et de centrer l'attention sur un problème sans importance.
Trop souvent c'est une perte de temps pour les parents, une perte d'énergie et d'argent quand
ils ne sont pas présents pour garder la thérapie sur la bonne voie et centrée sur les
comportements que l'enfant présente qui sont dangereux ou anti-sociaux. Quand le thérapeute
laisse l'enfant diriger la thérapie et choisir le sujet, il est très facile de perdre du temps et de
donner à l'enfant du pouvoir en critiquant ses parents et les autres pour ses comportements.
La situation devient même dangereuse pour les parents quand un enfant menteur utilise le
temps passé avec le thérapeute ou l'assistant social pour les accuser de maltraitance et que les
parents ne sont pas là pour le contrer.
Le mensonge le plus insidieux survient quand l'enfant accuse faussement ses parents de
maltraitance. La société et la justice soutiennent souvent l'enfant qui fait cela. Un enfant peut
avoir un dossier de vingt centimètres d'épaisseur détaillant ses comportements anti-sociaux,
pathologiques, tandis que les parents n'ont rien d'autre qu'une amende pour excès de vitesse, et
un assistant social bien intentionné peut se faire avoir. Une façon de retourner le problème
quand on est entendu par un enquêteur est de dire "Si l'enfant dit la vérité il n'est pas en
sécurité avec moi. S'il ment, je ne suis pas en sécurité avec lui. De toute façon ce n'est l'intérêt
de personne qu'il revienne à la maison." Et d'obtenir son placement hors de la maison pendant
toute la durée de la procédure légale. Faire moins, c'est compromettre le bien-être de toute la
famille et de faire savoir à l'enfant qu'il n'y a pas de limites aux mensonges qu'il peut dire.
Aimer un enfant et vivre avec un enfant peut ne pas toujours être possible en même temps.
Parfois vous devez donner à manger à l'enfant avec une cuiller avec un long manche!
Mentir à l'école et dans d'autres situations peut aussi être problématique pour les parents.
Prenant à cœur l'adage "Il faut un village pour élever un enfant" de nombreuses personnes
croient l'enfant qui ment et se ruent à sa rescousse pour le sauver. Il est impératif que l'équipe
thérapeutique se tienne du côté des parents et les défende contre le monde si le placement n'est
pas interrompu.
Il y a beaucoup de façons de faire face au mensonge, à la fois pour les parents et pour les
professionnels hors de la maison. Cependant il faut des efforts conjoints pour mettre un enfant
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qui ment en conflit avec son comportement. S'il n'est pas en conflit, et s'il ne ressent pas de
peine, s'il pense que les autres souffrent plus que lui de son comportement, il ne changera pas.
Peu importe que l'enfant mente ou non, il doit grandir en sachant qu'il est aimé et qu'il compte,
même si on ne peut pas lui faire confiance. La vie a une façon d'imposer des conséquences
naturelles à ceux qui ont l'habitude de mentir. Parfois ce que les parents peuvent faire de mieux
est de prendre soin d'eux-mêmes pour ne pas être blessés par les mensonges, et laisser les
événements faire le reste.
Traduit de l'américain par Françoise

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