Il faisait si beau, ce matin-là

Transcription

Il faisait si beau, ce matin-là
Florence et Jérôme PHILIPON qui ont perdu 3 enfants, Charles 7 ans,
Auguste 4 ans/Octave 18 mois dans le tsunami du 26 décembre 2004 en
Indonésie. Face à un tel drame comment ont-ils pu continuer à vivre ?
«Il faisait si beau, ce matin-là...»
Flash-back sur les événements du 26 décembre 2004
à Khao-Lak (Thaïlande).
« // faisait si beau, ce matin-là...*,
se souvient Jérôme. Ce matin du
26 décembre 2004, une nouvelle journée
de rêve commence pour la famille Philipon,
ces Français expatriés à Bangkok venus
passer les vacances de Noël dans un grand
hôtel sur les plages émeraude de Khao-Lak
(Thaïlande). La veille, au soir, le joyeux
dîner de Noël a été pour Jérôme
et Florence comme la cerise exquise
sur le gâteau d'une vie familiale comblée.
Lorsque la tueuse mord le rivage
de Khao Lak, Mathilde, 8 ans, révise
une leçon de français avec sa maman
dans la chambre du premier étage.
Jérôme, lui, fait du sport dans le gymnase
du rez-de-chaussée. Les garçons jouent
dans la pièce voisine, au Kid's Club.
« // devait être 10 h 35, poursuit Florence.
J'ai dit à Mathilde : "Allons chercher tes
frères, et nous irons ensuite à la plage ".
Soudain, nous avons entendu un très fort
grondement. D'abord lointain, puis de plus
en plus fort. C'était comme si une centaine
d'hélicoptères se rapprochaient de nous
et tournoyaient au-dessus de nos têtes.
J'étais dos à la fenêtre. Je me suis retournée. J'ai vu alors un mur d'eau avancer vers
l'hôtel, un mur gigantesque^.
Florence aura le temps de grimper
sur le toit de l'hôtel avec sa fille ;
Jérôme, lui, sera emporté par les flots.
Il survivra de justesse, s'accrochant
à un bidon, puis à une passerelle.
Lorsque le couple se retrouve,
sain et sauf, les mots sont inutiles:
« En voyant Jérôme seul, et à son regard,
j'ai compris».
La moitié des quatre cents clients
de l'hôtel sont portés disparus.
Parmi eux, Charles, 7 ans, Auguste, 4 ans,
Octave, 18 mois. Leur père ne retrouvera
que le corps de Charles, le lendemain,
dans les décombres.
Des milliers de téléspectateurs
seront bouleversés, le 31 décembre 2004,
en écoutant le couple déclarer,
sur le parvis de la cathédrale de
Soissons, après l'inhumation de Charles :
« L'horreur de ce que nous avons vécu
est difficilement descriptible. L'immense
vague de prières qui nous porte nous aidera
à apprivoiser notre chagrin. Nos enfants
étaient les pierres d'angle d'un édifice
en construction. Cet édifice est bien sûr
très endommagé, mais les fondations
demeurent L'amour est fort Nos petits
anges veillent, et nous bâtirons pour eux
et avec eux un édifice certes différent,
mais toujours porteur d'espoir et de joie !»
Il faudra trois mois pour retrouver
et identifier le corps du petit Octave.
Trois mois supplémentaires pour retrouver
celui d'Auguste. Il a été inhumé le 7 juillet
dernier aux côtés de ses frères dans
le tombeau familial en Picardie.
(1) Lire le récit de Florence
et Jérôme Philipon dans
Tsunami - Les rescapés
témoignent, CLD,
212p., 18 €.
Une exceptionnelle
compilation de
témoignages réalisée
par Carole Caumont
et Soienn de Royer.
- 1450 DU 29 OCTOBRE AU 4 NOVEMBRE 2005 SiEli 1 CvJ.ÏT.lîï"-:
Jeari-Baptiste HIBON vit depuis plus de 35 ans avec un handicap
moteur. Il témoigne de l'Espérance qui l'anime.