A Asse, la poubelle nucléaire de l`Allemagne doit être vidée

Transcription

A Asse, la poubelle nucléaire de l`Allemagne doit être vidée
Source : http://www.sortirdunucleaire.org/A-Asse-la-poubelle-nucleaire-de-l
Réseau Sortir du nucléaire > Informez
vous > Revue de presse > A Asse, la poubelle nucléaire de l’Allemagne doit être vidée
28 juin 2010
A Asse, la poubelle nucléaire de l’Allemagne
doit être vidée
SSE (Allemagne) - Au coeur de l’Allemagne, enfouis depuis quatre décennies dans une mine de sel
désaffectée, 126.000 barils de déchets nucléaires attendent de quitter leur cimetière à risque, un
dossier qui empoisonne Berlin.
A Asse (Basse-Saxe), la plongée en cage de métal dans les entrailles de la Terre donne le tournis.
Avec combinaison, casque, lampe et kit d’oxygène de secours, on circule en camion dans des
kilomètres de galeries creusées dans le sel gemme, parfois fissurées par la montagne qui bouge et
par les milliers de litres de saumure qui ruissellent chaque jour.
"Pendant trente ans, l’opérateur du site a dit que le stockage à Asse était sûr. Et ensuite, le
contraire", soupire Wolfram König, chef de l’Autorité de sûreté nucléaire allemande (BfS). Son fardeau
pèse aussi sur le gouvernement, qui veut prolonger l’exploitation des centrales nucléaires malgré
l’hostilité de la population.
Car la mine, près de Brunswick, est instable et contaminée. Depuis 2008, on sait qu’elle est aussi
poreuse qu’"un gruyère" - dixit le ministre de l’Environnement de l’époque Sigmar Gabriel. Que des
infiltrations ont lieu depuis deux décennies. Qu’une mare d’eau radioactive se forme, régulièrement
pompée. Que la charpente est menacée d’affaissement après 2020. Que les fûts contiennent bien
plus de plutonium que prétendu au départ, outre du cobalt, du strontium, du plomb, du mercure, de
l’arsenic et autres pesticides.
"Le grand danger, c’est une inondation", explique Annette Parlitz, responsable des visites, en
montrant des parois plissées ou ornées de cristaux salins. "Le sel peut supporter les déformations un
bon moment mais si la pression devient trop forte, ça lâche". Les barils de déchets nucléaires,
écrasés, libèreraient alors leur contenu.
Dans les villages alentour, des A jaunes en bois ornent des portes et des arbres devant les maisons à
colombages : A comme "Asse" et comme "Aufpassen" ("Faites attention"). "J’ai 71 ans et je ne
déménagerai plus, mais il est dur de ne pas savoir à qui se fier", dit Jobst-Christian Rojahn, à Gross
Vahlberg.
Six décennies durant, les mineurs ont extrait du sel à Asse. Puis l’ancienne mine s’est muée en un
centre expérimental pour concevoir des techniques de stockage définitif de rebuts nucléaires dans les
couches géologiques. Une méthode alors jugée révolutionnaire et qui reste la meilleure aux yeux de
nombreux pays dont la France ou la Finlande.
De 1967 à 1978, 43.000 m3 de déchets faiblement et moyennement radioactifs ont été empilés ou
déversés à la pelleteuse dans d’anciennes cavités, entre 500 et 750 mètres de profondeur, et
recouverts de sel.
"C’était une décharge commode pour l’industrie nucléaire", lance Wolfram König : les groupes
énergétiques allemands y envoyaient leurs barils sans payer un sou. Aujourd’hui, Berlin veut taxer
leur production nucléaire pour financer notamment les 4 milliards d’euros de travaux à Asse.
"Nul ne sait dans quel état sont les fûts ni ce qu’ils renferment exactement, ni si l’air des chambres
est toxique...", dit M. König. Des mesures exploratoires, avec sondes et caméras, doivent débuter à
l’automne.
Il faudra toutefois des années avant d’évacuer tous les fûts, a priori vers une ancienne mine de fer.
"Un défi unique au monde. Mais c’est la solution la moins mauvaise", assure Wolfram König. Les
autres options - ennoiement de la mine avec une solution spéciale, comblement avec du béton ou
stockage plus profond - ont été jugées moins sûres.
Par 35°C au fond de la mine, l’air est étouffant malgré les ventilateurs qui dispersent le radon, un gaz
issu du stockage. Avant de remonter à la surface, le visiteur passe au détecteur de radioactivité.
"Normalement, c’est négatif", dit Mme Parlitz.
(©AFP / 28 juin 2010 08h46)

Documents pareils