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Pharma-News Le journal de l'équipe officinale Juin 2003 Numéro 4 Sommaire Nouveautés : ELIDEL° SPIRIVA° ALLERGO-COMOD° Ibuprofène à 400 mg ZOFENIL° LUVERIS° et OVITRELLE° CICLOSOL° REMERON° SolTab Phytothérapie : LUCILIUM° 650 EcoNatura PERSKINDOL COOL° gels consoude et arnica pour la dermatite atopique traitement de la bronchite pulmonaire chronique obstructive (BPCO) gouttes multidoses sans agent conservateur maintenant disponible pour le conseil pour le traitement de l'hypertension pour certains cas de stérilité féminine 1er générique du SANDIMMUN° une nouvelle forme linguale et le point sur le millepertuis deux nouveaux gels anti-inflammatoires Pour en savoir plus : La conjonctivite allergique En bref : CETIPRIN° - ESTRADOT° 25 - SPRAY NASAL SPIRIG° Dernière minute : Epidémie de rougeole Editorial Le bon usage du Pharma-News Voici déjà le 4ème numéro de votre revue. Nous avons pu constater que plusieurs pharmaciens n’avaient pas compris qu’ils devaient aller régulièrement, chaque début de mois, chercher et imprimer le nouveau Pharma-News sur le site internet du CAP (www.pharmacap.ch), ce qui vous en a peut-être privé momentanément. Ce problème devrait être réglé sous peu par le CAP qui va bientôt être en mesure d’envoyer un e-mail d’avertissement à ceux qui le désirent lors de chaque nouvelle parution. Inscrivez donc votre pharmacie à cette mailing-list pour être sûr de ne plus rater un numéro ! Mais après : que faire lorsque vous avez le Pharma-News entre les mains ? Comment le lire de manière critique et efficace ? Nous vous avons déjà expliqué dans l’éditorial du mois dernier comment interpréter les références mentionnées dans les articles. Une autre manière critique de le lire est d’en discuter avec vos collègues et le pharmacien responsable et de définir ensemble une prise de position commune à toute votre officine. Par exemple, décider quel produit conseiller ou si vous prendrez en stock telle ou telle nouveauté OTC. OTC = Over The Counter, littéralement, par dessus le comptoir. Ce sont les médicaments que l’on peut vendre sans ordonnance (listes C et D), par opposition aux médicaments Rx, obtenables uniquement sur ordonnance. Une manière efficace de lire le Pharma-News est de le travailler en groupe, si possible avec un pharmacien à qui vous pouvez poser des questions et qui peut vous donner des précisions sur certains sujets. Expérience faite, c’est de cette façon que l’essentiel reste le mieux gravé dans l’esprit des assistantes : une anecdote ou une intervention orale reste beaucoup plus qu’un texte qui peut être lu distraitement. Par exemple, vous pourriez organiser ces séances de lecture à la pause de midi pour ne pas être interrompues par la clientèle, ou alors en plusieurs groupes qui se relaient entre la lecture et le service… A vous de voir ce qui convient le mieux à votre officine et à en persuader votre pharmacien(ne) ! Vous pouvez aussi vous armer d’un surligneur et apprendre par cœur les passages essentiels. Alors, bonne lecture et à vos Stabilos !!! Pierre Bossert Marie-Thérèse Guanter Caroline Mir Christophe Rossier Martine Ruggli Marie-Laure Savoia Bossert Nouveautés ELIDEL° (pimecrolimus) L’ELIDEL° (pimecrolimus) est après le PROTOPIC° (tacrolimus) le deuxième immunosuppresseur mis sur le marché pour le traitement topique de la dermatite atopique (cf. encadré). Ces molécules freinent la production des cytokines, ce qui aboutit à un effet immunosuppresseur. Elles partagent dans ce sens le même mécanisme d’action que la ciclosporine. L’arrivée de ces nouvelles substances est très intéressante car elles présentent une alternative aux crèmes à base de cortisone. Par rapport aux corticostéroïdes topiques, on ne constate pas d’effet atrophiant de la peau, même après un traitement prolongé. Ceci fait de l’ELIDEL° et du PROTOPIC° des traitements de choix, surtout lors d’atteintes chroniques du visage et des plis 1. 1 Med Hyg 2002, 60, 89-91 © Pharma-News page 2 Numéro 4, Juin 2003 La dermatite atopique La dermatite atopique est une maladie inflammatoire de la peau, de type allergique, qui évolue sur un mode chronique ou par poussées récidivantes. Elle affecte 10 à 15 % des enfants et ce nombre est en constante augmentation. Elle est en général héréditaire. Ainsi, lorsque l’enfant est exposé à des allergènes, il développe un eczéma lié, entre autres, à la production par son propre organisme de molécules hautement inflammatoires appelées cytokines. Cette dermatose consiste en un eczéma prurigineux qui débute dans la plupart des cas avant l’âge de 6 mois. Elle atteint d'abord les joues et le front puis gagne les grands plis. Généralement, la maladie évolue de façon spontanée vers la guérison en quelques années. Il est impossible de fixer l'âge de la disparition de la dermatite atopique 1. Les complications de la dermatite atopique sont essentiellement infectieuses : surinfections par staphylocoques, herpès, mycoses, etc. Du fait de sa faible résorption, ELIDEL° vise essentiellement le traitement des dermatites atopiques légères à moyennes, la pédiatrie et le traitement en dehors des poussées aiguës, alors que le PROTOPIC°, beaucoup plus hydrophile et donc mieux résorbé, est réservé aux dermatites atopiques d’importance moyenne à forte 2. ELIDEL ° s’applique en couche fine matin et soir avec un léger massage de la peau afin de faciliter sa résorption. Lors de l’application, des intolérances locales telles une impression de chaleur allant jusqu’à une sensation de brûlure intense sont très fréquentes, mais le plus souvent éphémères.1 Plusieurs études concluantes ont été réalisées chez des enfants à partir de l’âge de 3 mois, mais pour l’instant ELIDEL ° n’est pas recommandé chez des enfants âgés de moins de 2 ans. Il ne l’est pas non plus pendant la grossesse et l’allaitement. Du fait de son pouvoir immunosuppresseur, ELIDEL° ne doit pas être appliqué sur des surfaces atteintes par une infection virale cutanée (herpès, varicelle) 3. ELIDEL° – A retenir pour le conseil : 9 9 9 9 traitement topique de la dermatite atopique sans corticoïde peut-être utilisé chez l’enfant dès l’âge de 2 ans 2 applications par jour sensations de brûlure fréquentes (mais de courte durée) en début de traitement SPIRIVA° (tiotropium) Le SPIRIVA° est un bronchodilatateur indiqué dans le traitement continu de la bronchite pulmonaire chronique obstructive (BPCO) (cf. encadré). C’est un médicament comparable à l'ATROVENT° (ipatropium) : tous deux agissent comme inhibiteurs du système parasympathique au niveau bronchique et empêchent ainsi la constriction des muscles des voies respiratoires. 2 3 DAZ, 2003, avril, 38-41 Elidel° crème 1%, information Novartis, 2003 © Pharma-News page 3 Numéro 4, Juin 2003 La principale différence entre le SPIRIVA° et l'ATROVENT° est la durée d'action : le SPIRIVA° agit beaucoup plus longtemps (24 heures), ce qui permet de ne faire qu'une seule inhalation par jour (l'ATROVENT° est inhalé 3 à 4 fois par jour). Comme sa durée d'action est longue, il ne convient pas pour traiter les crises aiguës de la BPCO (= difficulté respiratoire importante, augmentation des sécrétions bronchiques). De plus, il n'est pas indiqué dans le traitement de l'asthme bronchique 4. La bronchite pulmonaire chronique obstructive (BPCO) La BPCO est une maladie touchant surtout les fumeurs après l'âge de 45 ans, caractérisée par une toux chronique, une augmentation de la production d'expectorations (bronchite) et une perte d'élasticité du poumon, ce qui entraîne une limitation progressive et irréversible de la capacité respiratoire. Comme il s'agit d'une maladie incurable, les médicaments ne sont utilisés que pour diminuer les symptômes et améliorer la qualité de vie des patients. Les études cliniques à disposition semblent montrer que le SPIRIVA° est plus efficace que l'ATROVENT° : amélioration notable de la capacité respiratoire et diminution importante de la toux et des expectorations 5. Mais il faut attendre des études cliniques de plus longue durée et comprenant plus de patients pour être sûr de ces affirmations 6. SPIRIVA° se présente sous forme de poudre à inhaler contenue dans une gélule (attention : la gélule ne doit pas être avalée!). L'inhalation se fait à l'aide d'un inhalateur (Handihaler°) de préférence tous les jours à la même heure (que ce soit le matin ou le soir n'affecte pas l'efficacité du traitement 5). Pour qu'il développe son plein effet, il faut compter une semaine de traitement 6. L'effet secondaire le plus fréquent est la bouche sèche. Cet effet apparaît souvent après 3 à 5 semaines de traitement et disparaît normalement par la suite 7. D'autres effets plus rares ont été décrits comme constipation, pharyngite, sinusite, problèmes urinaires, risques d'hypersensibilité (réactions cutanées, angioedème...) 5,3. Il n'y a pas eu d'études d'interactions : il semble que le SPIRIVA° puisse être combiné avec les autres traitements de le BPCO (comme les bêta-2-mimétiques (p. ex. VENTOLIN° et SEREVENT°), la théophylline ou les glucocorticoides inhalés), mais il est déconseillé de le combiner avec d'autres anticholinergiques comme l'ATROVENT° 5. Comme la BPCO touche principalement des fumeurs d'un certain âge, il n'a pas été testé chez les femmes enceintes ou allaitantes ainsi que chez les enfants et jeunes de moins de 18 ans : il ne doit donc pas être utilisé chez ces groupes de patients 5. SPIRIVA° – A retenir pour le conseil : 9 traitement de la BPCO (capsule de poudre administrée avec un inhalateur) 9 1 fois par jour, toujours à la même heure 9 ne doit être utilisé ni pour le traitement de l'asthme, ni pour les crises aiguës de BPCO, ni en combinaison avec l'ATROVENT° 9 effet secondaire fréquent de bouche sèche qui disparaît normalement en cours de traitement 9 coût élevé, mais peut améliorer la compliance des patients et est peut-être plus efficace que l'ATROVENT° 4 Swissmedic Journal 2/2003 Pharmacist's letter april 2003, #190119 6 Drug and Therapeutics Bulletin, Feb 2003; 41(2): 15-16 5 © Pharma-News page 4 Numéro 4, Juin 2003 ALLERGO-COMOD° (cromoglycate de sodium) spray nasal et collyre Le cromoglycate de sodium est un anti-allergique qui agit en empêchant la libération des médiateurs de la réaction allergique, dont l’histamine. Il n’a pas d’action sur l’histamine déjà libérée et n’est donc efficace qu’en prévention. Si les symptômes allergiques ont déjà débuté, il faut attendre presque une semaine pour avoir une bonne efficacité 8,9. ALLERGO-COMOD° devrait donc être administré préventivement lors de conjonctivite ou rhinite allergiques et de manière continue durant toute la période d’exposition aux allergènes. Il existe déjà des collyres (OPTICROM°, CROMOSOL OPHTA°) et sprays nasaux (LOMUSOL°, CROMODYN°) antiallergiques à base de cromoglycate de sodium, mais l’avantage de l’ALLERGO-COMOD° réside dans sa présentation sans agent conservateur pour les personnes sensibles (comme d'ailleurs l'OPTICROM UD°) et dans son mode d’application. La posologie de l’ALLERGO-COMOD° est d’une goutte / nébulisation 4 fois par jour pour l’adulte et l’enfant dès 4 ans. Après ouverture, le collyre se conserve 4 semaines et le spray nasal pendant 8 semaines 10. Les effets secondaires sont rares, essentiellement une irritation, mais il faut quand même noter des cas de maux de tête et des troubles du goût lors d’utilisation du spray nasal. ALLERGOCOMOD° ne doit pas être utilisé pendant le premier trimestre de la grossesse. Les porteurs de lentilles doivent les enlever avant l’instillation du collyre et peuvent les remettre 15 minutes après. 11 12 . Les différents traitements de la conjonctivite allergique sont présentés dans l’article Pour en savoir plus à la p. 17 Le système COMOD° Selon la pharmacopée helvétique, les collyres en flacons multidoses doivent contenir un agent conservateur si le principe actif ne possède pas lui-même de propriétés antimicrobiennes. Or tous les agents conservateurs, dont le plus utilisé est le chlorure de benzalkonium, ont des effets secondaires possibles dont une allergie qui peut se manifester par un eczéma des paupières et une modification du film lacrymal avec altérations de la cornée 11. Pour éviter ces effets secondaires, on peut utiliser des préparations monodoses sans agent conservateur. Désavantages : pour éviter une contamination microbienne, les doses doivent être jetées après chaque utilisation, d’où un gaspillage du produit. De plus leur prix est élevé. Pour palier aux inconvénients des deux présentations, un système breveté appelé COMOD° pour COntinuous MOnoDose a été mis au point. C’est un flacon multidoses sans agent conservateur contenant des préparations liquides ou semi-solides qui, une fois ouvert, peut se conserver entre 1 et 3 mois, car le contenu résiduel reste stérile grâce à un système qui l'empêche d'entrer en contact avec l’air durant l’utilisation du flacon 12. Un autre avantage de ce système est que contrairement aux spray-doseurs, il peut être utilisé dans toutes les positions et même à l’envers. Un flacon de collyre de 10 ml délivre approximativement 300 gouttes 12. 7 Deutsche Apotheker Zeitung 9/2002 et 24/2002 Pharma-Digest 1985 ;396 Cromoglycate collyre : pour prévenir la conjonctivite allergique 9 Pharma-Digest 1985 ;441 Cromoglycate nasal : pour prévenir la rhinite allergique 10 Documentation Pharma Medica 03.2003 11 La revue Prescrire 1996 ;16 (158) : 22 12 Documentation COMOD° System 8 © Pharma-News page 5 Numéro 4, Juin 2003 Comparaison de différents traitements locaux de la rhinite allergique 13,14,15 : TRAITEMENT Cromoglycate de sodium Antihistaminiques (LIVOSTIN°, OTRIVIN RHUME DES FOINS°) Corticoïdes (BECONASE°, FLUTINASE°, NASONEX°, NASACORT°,...) Vasoconstricteurs * (VIBROCIL° , OTRIVIN°, TRIOFAN°,…) * EFFICACITÉ MAXIMALE D’UTILISATION DANS L’OBSTRUCTION NASALE DIMINUTION DES SYMPTÔMES ALLERGIQUES 4 traitement chronique + ++ immédiate 2 2 mois + ++ 3-4 jours 1 (-2) traitement chronique +++ +++ immédiate 3-4 max. 7 jours ++++ 0 NOMBRE DURÉE D’APPLICATIONS PAR JOUR 1 semaine ou plus RAPIDITÉ D’ACTION Contient un composant antiallergique, donc peut avoir une légère efficacité sur les symptômes allergiques NB : pour le conseil il faut également tenir compte des effets secondaires et de la possibilité d’administration chez l’enfant. ALLERGO-COMOD° spray nasal et collyre – A retenir pour le conseil : 9 antiallergique à base de cromoglycate de sodium 9 prévention et traitement de la conjonctivite (collyre) ou de la rhinite (spray nasal) allergiques 9 flacon multidoses sans agent conservateur 9 1 application 4 fois par jour dès 4 ans 9 collyre : conservation 4 semaines après ouverture 9 spray nasal : conservation 8 semaines après ouverture IBUPROFENE à 400 mg en liste C L’ibuprofène 400 mg (ALGIFOR FORTE°, DOLO SPEDIFEN 400°) en emballage de 10 unités est maintenant admis en vente libre en pharmacie. L’ibuprofène fait partie de la classe des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), tout comme le naproxène (ALEVE°), le diclofenac (VOLTAREN-DOLO°) et l’acide acétylsalicylique (ASPIRINE°) également admis en liste C. 13 Journal suisse de pharmacie 2000 ;12 :409-411 Compendium suisse des médicaments 2003, Documed SA 15 Pharma-Digest 1998 ;2688 Rhinite allergique : symptômes et traitements 14 © Pharma-News page 6 Numéro 4, Juin 2003 L’ibuprofène est à conseiller lorsqu'en plus d’un soulagement de la douleur et d’une réduction de la fièvre, un effet anti-inflammatoire est souhaité (douleurs dentaires, articulaires, céphalées, dysménorrhée) 16. Dans le cas contraire, le choix se portera plutôt sur le paracétamol (PANADOL°, DAFALGAN°, etc.). Des études ont démontré que l’ibuprofène en dosage OTC (voir ci-dessous) est l’AINS présentant le plus faible risque; cependant, le taux d’effets secondaires dépend, comme pour tous les AINS, de la dose et de la durée d’emploi (nausées, douleurs gastriques, diarrhée, constipation). Comment doser l’ibuprofène ? Pour les douleurs faibles l’ibuprofène doit être conseillé en dose simple de 200 mg; pour les douleurs fortes on conseillera une dose unitaire de 400 mg. La prise peut être répétée après 4 à 6 heures. Pour une action rapide sur les douleurs aiguës, commencer par 400 mg de préférence à jeun et avec suffisamment de liquide. Pour un effet sur une durée plus longue, la prise du médicament est recommandée pendant ou après les repas. La dose maximale journalière dans l’automédication est limitée à 1200 mg , soit 6 comprimés de 200 mg ou 3 comprimés de 400 mg. La prise pendant plus de 3 jours devrait être surveillée par un médecin 17. L’ibuprofène agit rapidement. Sa résorption est encore plus rapide s’il est administré sous forme de sel de lysine (ALGIFOR-L°) ou d’arginine (DOLO-SPEDIFEN°) car sa solubilité est augmentée. Dans ce cas, il convient particulièrement bien aux douleurs aiguës, comme par exemple les migraines. La durée de l’effet est comprise entre 4 et 8 heures. Contre-indications pour la délivrance OTC : ulcères gastro-duodénaux, personnes âgées avec fonction rénale diminuée, insuffisance cardiaque, insuffisance hépatique, asthmatiques ne supportant pas les AINS, grossesse et allaitement. Interactions à retenir : autres AINS, cortisone, alcool, lithium, anticoagulants oraux, antihypertenseurs (surtout en cas d’insuffisance cardiaque) 16. Ibuprofène 400 mg – A retenir pour le conseil : 9 9 9 9 mieux toléré avec ou après un repas ne pas dépasser la dose maximale de 1200 mg par jour ne pas donner aux enfants de moins de 12 ans sans contrôle médical ne pas donner en cas de grossesse ou d’allaitement sauf avis du pharmacien 9 veiller aux maladies chroniques et à la prise d’autres médicaments 16 17 Pharma-Digest, 1991, 1020 Journal suisse de Pharmacie, 2001, no 3, 78-80 © Pharma-News page 7 Numéro 4, Juin 2003 ZOFENIL° (zofénopril) ZOFENIL° est un nouveau médicament de la classe des IECA (inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine) qui est indiqué pour le traitement de l’hypertension et de l’infarctus du myocarde en phase aiguë (traitement instauré au cours des 24 premières heures) 18 . Les IECA (RENITEN°, LOPIRIN°, COVERSUM°, ZESTRIL°, etc…) agissent dans le rein en bloquant l’action de l’enzyme (ECA) qui transforme l’angiotensine I inactive en une forme active, l’angiotensine II qui a une action Il existe plusieurs classes de médicaments pour le traitement vasoconstrictrice. En inhibant cette de l’hypertension : diurétiques, bétabloquants, IECA, enzyme, les IECA provoquent une antagonistes de l’angiotensine II, inhibiteurs calciques. Lorsqu’une monothérapie ne suffit pas à abaisser la pression vasodilatation, donc une baisse de la dans des valeurs standards (≤140 - ≤90 mmHg), on peut pression artérielle et une diminution du associer plusieurs classes de substances. travail du cœur. ZOFENIL° est aussi efficace pour faire baisser la tension que les autres traitements déjà existants 19. Dans l’infarctus du myocarde, ZOFENIL° a une efficacité comparable au ZESTRIL° / PRINIL°, mais il a un peu moins d’effets secondaires d’hypotension sévère (pression systolique < 90 mmHg) 20. Posologie lors d’hypertension : 15 mg/j en une prise au début du traitement qui peut être augmentée jusqu’à 60 mg/j en une ou deux prises 18,19. La posologie doit augmenter progressivement afin d’éviter une hypotension sévère. D’autres antihypertenseurs peuvent être ajoutés en cas d’efficacité insuffisante 18. Posologie lors d’infarctus du myocarde : Le traitement doit commencer dans les 24 premières heures après le début des symptômes et les doses seront augmentées progressivement. C'est un traitement appliqué à l'hôpital, en général. Les effets secondaires principaux sont les mêmes que les autres IECA : forte hypotension, toux, angioedème (ou œdème de Quincke) rare mais grave 19. Comme les autres représentants de cette classe, ZOFENIL° est contre-indiqué pendant la grossesse et l’allaitement 21. L'œdème de Quincke C'est une réaction allergique touchant les muqueuses de la bouche, les voies respiratoires supérieures (lèvres, langue, pharynx, larynx) et les paupières. Il se manifeste par un gonflement délimité sans démangeaisons avec une sensation de cuisson. Sa localisation possible dans la gorge entraîne une gêne respiratoire avec un risque d’asphyxie qui doit être traité en urgence (injection d'adrénaline). Les facteurs déclenchants sont essentiellement les aliments (fraises, fruits de mer, …), les piqûres d’insectes et les médicaments (pénicilline, aspirine, IECA, …) 18. 18 Agence française des produits de santé « Commission de la transparence » 3 octobre 2001 La Revue Prescrire 2003 ;23 (237) :171-173 20 Am Heart J 2003 Jan ;145(1) :80-87 21 J.-F. Delaloye et al. :5-17, 1997 19 © Pharma-News page 8 Numéro 4, Juin 2003 ZOFENIL° – A retenir pour le conseil : 9 antihypertenseur de la classe des IECA, pas plus efficace qu’un autre 9 indiqué aussi pour le traitement de l’infarctus du myocarde en phase aiguë 9 adaptation posologique progressive 9 contre-indiqué lors de grossesse/allaitement LUVERIS° (lutropine alfa) OVITRELLE° (gonadotrophine chorionique recombinante) Cette association de médicaments est indiquée pour la stimulation ovarienne chez les femmes ayant un déficit sévère de FSH et de LH, deux hormones produites au niveau central (hypophyse) qui participent à la maturation de l'ovule et à sa libération au moment de l'ovulation. La stérilité féminine Il y a plusieurs causes d'infertilité : - les troubles du fonctionnement ovarien (anovulation, etc…) - les anomalies tubaires (des trompes de Fallope) - l'endométriose (implantation de muqueuse utérine en dehors de l’utérus, comme p.ex dans les trompes de Fallope) env. 46% des cas env. 38% des cas env. 9% des cas Dans certains cas où l'infertilité est due à une absence d'ovulation, on peut augmenter les chances de fécondation grâce à une stimulation ovarienne. C'est aussi le procédé utilisé pour obtenir plusieurs ovocytes lors d'une fécondation in vitro. Pour ce faire on peut agir à différents niveaux : - au niveau central : par exemple avec CLOMID° ou SEROPHENE° qui augmentent la quantité de FSH sécrétée. Ce sont souvent les premiers médicaments essayés lorsqu'on ne peut expliquer une stérilité, mais cette pratique est assez controversée à cause des effets secondaires potentiels (cancer) 22 - au niveau de l'ovaire : c'est à ce niveau que va agir LUVERIS° 22 LUVERIS° (lutropine alfa) est un traitement de la stérilité féminine dont le principe actif est l'hormone LH recombinante c'est-à-dire qu'elle est fabriquée par génie génétique. Elle est absolument identique à l'hormone présente dans le corps humain 23. Elle doit être donnée en combinaison avec une hormone FSH recombinante ou alors avec un nouveau médicament commercialisé sous le nom d'OVITRELLE° (gonadotrophine chorionique recombinante, même fabricant). Ce traitement au niveau de l'ovaire n'est applicable que chez les femmes dont le taux de FSH et LH est beaucoup trop bas. Il vise à stimuler l'ovaire et à permettre ainsi une ovulation ou la formation de plus d'un ovule à la fois (ce que l'on recherche pour les fécondations in vitro). 22 23 La Revue Prescrire, février 2003; 236 (23): 120-123 Information Serono © Pharma-News page 9 Numéro 4, Juin 2003 Jusqu'à présent il existait sur le marché des médicaments (PERGONAL° ou MENOGON°) apportant à doses fixes les hormones FSH et LH extraites de l'urine de femmes ménopausées. Le nouveau traitement proposé avec LUVERIS° associé à OVITRELLE° (ou une autre préparation de FSH recombinante) permet de doser séparément chacune des deux hormones. Cependant, les études à disposition ne montrent pas un avantage clinique pour cette nouvelle combinaison 24. De plus, ce traitement combiné est plus cher. Mais comme les traitements de la stérilité sont devenus de plus en plus fréquents et de mieux en mieux ciblés, le principal atout des hormones recombinantes est de permettre de pallier au manque de disponibilité d'hormones extraites des urines. En outre, le taux d'hormones est plus constant puisqu'il n'y a pas de variabilité de composition comme cela se produit avec les hormones extraites de l'urine 25. Ce sont des traitements injectables extrêmement complexes à réaliser qui nécessitent un suivi intensif. De plus, il faut faire attention aux effets secondaires dont les plus graves sont une grossesse extra-utérine ou l'hyperstimulation ovarienne (augmentation du volume des ovaires avec prise de poids très importante; dans les cas graves, il peut se produire des troubles des électrolytes qui peuvent entraîner une hémorragie fatale). LUVERIS° et OVITRELLE° – A retenir pour le conseil : 9 traitement de la stérilité féminine due à une absence d'ovulation, ou stimulant de la formation de plusieurs ovules en vue d'une fécondation in vitro 9 traitement complexe nécessitant un suivi très important, avec des effets secondaires potentiellement graves 9 ne semble pas apporter beaucoup d'avantages cliniques par rapport au traitement non recombinant déjà à disposition CICLOSOL° (ciclosporine) La firme Ecosol met sur le marché le premier générique du SANDIMMUN NEORAL° en Suisse : CICLOSOL° qui contient donc de la ciclosporine. Cette substance immunosuppressive bien connue est déjà utilisée à grande échelle dans la prévention des rejets de greffe après transplantation d'organes (rein, foie, cœur, poumon, pancréas) ou de moelle osseuse; elle est en outre indiquée en cas d'uvéite (inflammation d'une membrane de l'œil), de psoriasis grave, de dermatite atopique grave et de polyarthrite rhumatoïde grave, lorsque les thérapies classiques ne sont pas efficaces 26. 24 www.Prescrire.org, fév 2003; 236 (23): 97-1 -97-3 Pharmavista.net 26 Compendium Suisse des médicaments 2003 Online 25 © Pharma-News page 10 Numéro 4, Juin 2003 La ciclosporine occupe une place de choix dans la prévention des rejets de greffe. Elle peut être administrée seule ou, le plus souvent, en association avec d'autres immunosuppresseurs (par exemple MYFORTIC° ou IMUREK°) et des corticostéroïdes 27 (cf. Pharma-News n° 3). La posologie de la ciclosporine est très variable en fonction de l'indication, du patient et des traitements concomitants, la seule constante étant que la dose journalière doit toujours être fractionnée en deux prises séparées (matin et soir). Les capsules doivent être extraites du blister juste avant la prise et être avalées sans être croquées. Une odeur caractéristique lors de l'ouverture du blister est normale 26. Les effets secondaires de la ciclosporine sont nombreux et peuvent être graves. Ils sont pour la plupart dépendants de la dose et diminuent après une réduction de posologie. Les plus fréquents sont : troubles de la fonction rénale, hypertension, tremblements, céphalées, hyperlipidémie, fatigue, etc... Comme avec d'autres immunosuppresseurs, les patients recevant de la ciclosporine sont plus sujets aux infections bactériennes, fongiques, parasitaires ou virales. On observe aussi une augmentation du risque d'apparition de tumeurs malignes, en particulier cutanées, c'est pourquoi les patients doivent éviter une exposition au soleil excessive et sans protection. Les interactions sont également nombreuses avec la ciclosporine et concernent aussi bien la nourriture (repas riche en matières grasses ou jus de grape-fruit) que des médicaments (par exemple le millepertuis, le diclofénac VOLTARENE°, certains antibiotiques et antifongiques, etc…). Une baisse de l'effet de la ciclosporine pouvant mener à un rejet de greffe, un patient sous ciclosporine ne devrait pas prendre de médicaments en auto-médication sans en parler à son médecin 26,27. En raison de la toxicité importante de la ciclosporine et de ses nombreuses interactions, il s'avère très délicat de substituer le médicament original par un générique dans un traitement déjà commencé. En effet, il faudrait alors recommencer à surveiller régulièrement les taux de ciclosporine dans le sang du patient afin d'adapter la posologie le cas échéant 26. Le véritable intérêt du CICLOSOL° est donc de permettre de baisser les coûts des nouveaux traitements immunosuppresseurs, en commençant directement avec le générique. CICLOSOL° existe en capsules molles à 25, 50 et 100 mg. SANDIMMUN NEORAL° présente un dosage en plus (10 mg) et une solution buvable à 100 mg/ml. CICLOSOL° – A retenir pour le conseil : 9 9 9 9 générique du SANDIMMUN NEORAL° immunosuppresseur indiqué dans la prévention des rejets de greffe administration de la dose quotidienne en deux prises séparées beaucoup d'effets secondaires et d'interactions potentiellement graves => pas d'automédication chez ces patients ! 9 augmentation de la sensibilité aux infections et du risque de tumeurs malignes, notamment cutanées => nécessité de se protéger efficacement des rayons UV durant le traitement 27 Martindale, 30th ed (1993), pp. 467-471 © Pharma-News page 11 Numéro 4, Juin 2003 REMERON SOLTAB° (mirtazapine) Le REMERON° est un antidépresseur commercialisé en Suisse depuis plus de 3 ans. Aujourd'hui, la nouveauté est la forme galénique avec l'introduction d'une forme orodispersible, le SOLTAB°. Cette forme se dissout en 30 secondes sur la langue et n'a de ce fait pas besoin d'être prise avec de l'eau, ce qui peut apporter un bénéfice aux patients ayant de la difficulté à avaler, comme par exemple les personnes âgées souffrant de démence. C'est donc un nouvel argument de poids pour ce produit. Le REMERON°, parfois classé comme antidépresseur tétracyclique, parfois comme antidépresseur atypique (son mode d'action varie sensiblement des autres tétracycliques comme LUDIOMIL°, par exemple), a une structure très proche de celle du TOLVON° 28. Comme ce dernier, REMERON° est très sédatif. Il semble aussi qu'il agisse de la même manière que le TOLVON°, mais il n'y a pas d'études les comparant directement 29. Les études à disposition le comparent aux tricycliques et aux ISRS Voir la rubrique Pour en savoir (FLUCTINE°, SEROPRAM°, DEROXAT° etc…) en ne plus sur la dépression dans le montrant pas un effet plus favorable pour l'un ou l'autre Pharma-News n° 2 d'avril 2003 traitement 28,29. Les principaux effets indésirables sont la sécheresse buccale chez plus de 25% des patients, une augmentation de l'appétit et une prise de poids importante chez 10 à 15% des patients et parfois des effets très graves sur la formule sanguine nécessitant l'arrêt du traitement 28,29. REMERON SOLTAB° – A retenir pour le conseil : 9 forme galénique du REMERON° se dissolvant sans eau dans la bouche 9 peut être intéressant pour des patients ayants de la peine à déglutir 9 antidépresseur fortement sédatif, très comparable au TOLVON°, qui ne semble pas être plus efficace que les autres antidépresseurs à disposition 9 principaux effets indésirables : sécheresse buccale, prise de poids 28 29 Pharma-Kritik, 2000; 3 (22):11-12 La Revue Prescrire, mars 2000; 204 (20): 168-70 © Pharma-News page 12 Numéro 4, Juin 2003 Phytothérapie LUCILIUM 650 ECO NATURA° (millepertuis) LUCILIUM 650 ECO NATURA° est le dernier venu d’une longue liste de spécialités à base de millepertuis (JARSIN°, LUCILIUM°, HYPERVAL°, etc.). Il n’est donc plus nécessaire de présenter cette plante. Antidépresseur de liste C, reconnu pour le traitement des dépressions légères à modérées, le millepertuis a fait le sujet d’un article dans le dernier Pharma-News 30, notamment en ce qui concerne ses interactions. Le moment semble pourtant venu de faire le point sur les différents produits à disposition. Quels sont les critères de choix ? Quelle est la dose journalière efficace ? Que signifie : "extrait sec standardisé de millepertuis (3,5 – 6,0 :1)" ? Qu’est-ce que l’hypéricine ? 1. Les critères de choix porteront essentiellement sur l’obtention d’une bonne compliance et d’un bon rapport qualité/prix. Dans ce sens les spécialités recommandant une posologie de 1 comprimé par jour sont intéressantes (cf. tableau ci-dessous) 2. La posologie standard recommandée de millepertuis est de 2 à 4 g de tisane par jour 31. Cependant, on utilise de préférence un extrait sec standardisé, ce qui permet de fournir des concentrations constantes en principe actif. L’avantage des préparations standardisées réside dans la possibilité de contrôle du dosage et dans la facilité d’emploi. 3. Extrait sec standardisé de millepertuis (3,5 – 6,0 :1) signifie qu’il faut 3,5 à 6.0 g de drogue pour obtenir 1g d’extrait. Dans le cas présent, on constate qu’une dose moyenne de 3 g de tisane par jour correspond à 500 à 850 mg d’extrait sec (remarquons que la dose quotidienne recommandée par les fabricants varie de 120 à 950 mg par jour). 4. L’hypéricine présente dans le millepertuis est la substance de référence pour la standardisation des extraits végétaux, c’est-à-dire qu’on mesure celle-ci dans l’extrait (parce qu’elle est rouge et donc facilement quantifiable) que l’on doit ensuite diluer ou concentrer pour qu’il ait la bonne concentration (standard). Cependant, elle n’est probablement pas le principe actif. Pour l’heure, les substances responsables de l’action thérapeutique du millepertuis n’ont pas encore été exactement déterminées 32. 30 Pharma-News, 2003, No 2, 10 www. phyto.astral.ch 32 Méd&Hyg., 2001, 2330 31 © Pharma-News page 13 Numéro 4, Juin 2003 Le tableau ci-dessous permet de comparer quelques unes des spécialités à disposition. A chacun de tirer ses conclusions dans cette jungle plutôt déprimante. Dose Nombre Dose Dose Prix par d'extrait de d'hypéricine journalière comprimé sec par comprimés par d’extrait en Frs comprimé par jour comprimé(mg) sec (mg)** *** (mg) * Hyperiforce° 40 – 74 0.33 3 120 – 222 0.43 HyperiMed° 40 – 74 0.33 2–3 120 – 222 0.41 Hyperval° 250 0.38 – 0.62 2 500 0.66 Hyperval 500° 500 0.75 – 1.25 500 1.17 1 Rebalance° 250 0.38 – 0.62 2 500 0.66 Rebalance 500° 500 0.75 – 1.25 500 1.17 1 Remotiv° 250 0.38 – 0.62 2 500 0.66 Remotiv 500° 500 0.75 – 1.25 500 1.21 1 Lucilium 650° 650 min. 1.1 650 0.85 1 Hyperiplant° 300 min. 0.60 2–3 900 0.41 Jarsin° 300 0.9 3 900 0.43 Lucilium 425° 425 min. 0.75 1–2 950 0.62 Solevita° 425 min. 0.75 1–2 950 0.62 * ** *** Prix par jour en Frs ** 1.29 1.23 1.32 1.17 1.32 1.17 1.32 1.21 0.85 1.23 1.29 1.24 1.24 posologie recommandée par le fabriquant calculé à partir de la dose maximale recommandée par le fabriquant calculé à partir du plus petit emballage original Rappelons encore que le millepertuis ne devrait pas être utilisé par des personnes hypersensibles au soleil (effet phototoxique de l’hypéricine) et que son emploi devrait être déconseillé avant de longs séjours au soleil. Il est en outre responsable de nombreuses interactions médicamenteuses potentiellement graves 30. En conclusion, il est important de garder à l’esprit que même si la phytothérapie a largement la cote auprès du public, il reste essentiel de rester vigilant face à l’automédication pour le traitement d’un état dépressif et que les produits naturels ne garantissent en aucun cas une innocuité thérapeutique (cf. Pharma-News n°3). LUCILIUM 650° – A retenir pour le conseil : 9 nouvelle spécialité à base de millepertuis 9 posologie pratique : 1 fois par jour 9 traitement le moins cher à l'heure actuelle © Pharma-News page 14 Numéro 4, Juin 2003 PERSKINDOL COOL° gels ARNICA et CONSOUDE PERSKINDOL° élargit sa ligne COOL avec deux gels contenant, à de fortes concentrations, respectivement de l'arnica (20% d'Arnica tinctura), et de la consoude (94% de Symphyti tinctura). Comme tous les produits de la gamme COOL, ces deux nouveaux gels contiennent également du menthol (5% dans le gel arnica, 2% dans le gel consoude, 7% dans le gel normal). Ces produits s'inscrivent dans le nouveau concept thérapeutique PERSKINDOL COOL° élaboré par le fabricant. Il s'agit d'un traitement topique des lésions dues au sport qui se veut différencié et ponctuel, c'est-à-dire qu'il distingue deux groupes de contusions en fonction de leur origine et des lésions tissulaires qui en résultent : les hématomes et enflures dus aux chocs ("macrotraumas") et les inflammations aiguës récidivantes ou dues au surmenage ("microtraumas"), comme les tendinites, par exemple 33. L'utilisation de l'arnica dans le traitement et la prévention des hématomes et des enflures est très répandue; le gel PERSKINDOL COOL ARNICA° contient un taux très élevé de principes actifs (20% de teinture contre 1% dans l'EUCETA°, par exemple !). Il est indiqué pour traiter les macrotraumas, c'est-à-dire meurtrissures, ecchymoses, claquages, entorses et toutes douleurs musculaires et articulaires. Les différents composants de la grande consoude ont un effet antiinflammatoire et anti-douleur 34,35 (cf. l'article sur TRAUMAPLANT° dans le Pharma News n°1). Dans PERSKINDOL COOL CONSOUDE°, la teinture de grande consoude est présente pratiquement à l'état pur (94%); d'après le fabricant, la teinture est exempte des alcaloïdes hépato-toxiques caractéristiques de cette famille de plantes et elle peut donc être utilisée pour un traitement prolongé sans risque. Ce gel est indiqué dans le traitement des microtraumas de type tendinites, épicondylites, périostites, bursites, etc… Le menthol, présent dans tous les produits PERSKINDOL COOL°, agit comme anesthésique local et rafraîchissant et contribue à soulager rapidement les douleurs 33. La forme galénique gel contribue à l'effet rafraîchissant. Les produits PERSKINDOL COOL° doivent être appliqués le plus rapidement possible après la blessure et plusieurs fois par jour durant les premiers jours qui suivent (attention au spray : il contient un gaz qui provoque en s'évaporant un refroidissement intense et en profondeur de la zone sprayée; il ne devrait donc être utilisé que juste après l’accident et avec beaucoup de précautions). La posologie pour les emplâtres est de maximum 3 applications par jour. Ensuite, toujours selon le concept du fabricant, il est possible de continuer le traitement avec PERSKINDOL CLASSIC° qui contient différentes huiles essentielles stimulant l'irrigation sanguine et favorisant la guérison 36. 33 Info Singer Koll et al. Zeitschrift für Phytotherapie 2000; 21: pp. 127-134 35 Kucera M., Kalaj J., Polesna Z. Advances in Therapy 2000; 17 (n°4): pp. 204-210 36 Compendium suisse des Médicaments 2003 34 © Pharma-News page 15 Numéro 4, Juin 2003 On notera tout de même au sujet de ces deux plantes que nous n'avons trouvé aucune référence qui justifierait d'utiliser plutôt l'arnica dans le cas des "microtraumas" et plutôt la consoude pour les "macrotraumas". On peut donc se demander si l'ajout à la gamme de deux nouveaux produits était vraiment nécessaire… Et on peut aussi se demander pourquoi le PERSKINDOL COOL° normal reste sur le marché ! Rappel de la gamme PERSKINDOL°: NOM COULEUR DE INDICATIONS L’EMBALLAGE PERSKINDOL COOL° Bleu Entorses, foulures, contusions, (+ ARNICA) claquages, hématomes en usage (+ CONSOUDE) immédiat (premiers jours), puis éventuellement passage au PERSKINDOL CLASSIC° PERSKINDOL CLASSIC° Jaune Douleurs musculaires en général, suite des traitements de PERSKINDOL COOL°. PERSKINDOL RELAX° Vert Massages PERSKINDOL DOLO° Rouge Rhumatismes, arthrite, douleurs dorsales et articulaires PERSKINDOL COOL ARNICA et CONSOUDE° – A retenir pour le conseil : 9 9 9 9 9 gel à l'ARNICA en cas d'hématomes dus aux chocs gel à la CONSOUDE en cas d'inflammations aiguës dues au surmenage effet rafraîchissant et calmant rapidement la douleur doivent être appliqués immédiatement après la blessure pas d'utilisation chez les enfants en bas âge © Pharma-News page 16 Numéro 4, Juin 2003 Pour en savoir plus… Diagnostic et traitement de la conjonctivite allergique Diagnostic La conjonctivite allergique survient de façon chronique (lors de période de pollinisation par exemple) ou par poussée aiguë. Les symptômes principaux sont : démangeaisons, larmoiement, l’œil est rouge et les sécrétions sont peu abondantes. Elle est souvent associée à d’autres symptômes allergiques tels qu’éternuements et écoulement nasal 37. Mais attention à bien différencier une conjonctivite allergique d’autres affections telles que : 1 Conjonctivite aiguë bactérienne : aspect rouge et gonflé surtout du cul-de-sac conjonctival, faible larmoiement, mais sécrétions abondantes et purulentes, absence de démangeaisons 1 Conjonctivite virale : larmoiement important, sécrétions d’abondance variable, une infection rhinopharyngée est souvent associée 1 Kératite : rougeur, douleur, larmoiement, hypersensibilité à la lumière et altération de la vision 1 Glaucome aigu : en général unilatéral; on observe une douleur intense, un oeil très rouge dont la pupille est dilatée et dont la vision est diminuée; quand le patient ferme l'œil et appuie sur sa paupière, l'œil semble très dur à cause de l'augmentation de sa pression interne ("œil de bois"); ATTENTION : c'est une urgence ophtalmologique qui doit être adressée au médecin; les vasoconstricteurs, type VISINE°, COLLYPAN°, etc… sont alors à éviter absolument ! 1 Autres causes de rougeurs : uvéite, brûlure chimique, corps étranger, hémorragie sousconjonctivale 37 Causes possibles d’un œil rouge 37,38,39 : Diagnostic CONJONCTIVITE ALLERGIQUE CONJONCTIVITE BACTERIENNE CONJONCTIVITE VIRALE HEMORRAGIE SOUSCONJONCTIVALE KERATITE GLAUCOME AIGU UVEITE Douleur + Acuité visuelle Larmoiement Démangeaisons Normale ++ +++ + Normale + 0 + Normale +++ + 0 Normale 0 0 +++ ++++ ++ Ì Ì Ì ++ + + 0 0 0 37 La Revue Prescrire 2000 ;20 (211) :729 La Revue Prescrire 1992 ;12 (121) :421-427 39 Manuel pratique du pharmacien suisse 2002/03 :193-195 38 © Pharma-News page 17 Numéro 4, Juin 2003 Traitement 40 La première mesure consiste en l’élimination de l’allergène en cause si cela est possible. Si un médicament s'avère nécessaire, le traitement de choix est l’utilisation d’un collyre antiallergique qui va diminuer la rougeur, le prurit et le larmoiement : LIVOSTIN° et ALOMIDE° pour le conseil, NAAXIA°, TILAVIST°, ZADITEN° et EMADINE° en liste B. Tous ont une efficacité comparable et peuvent être utilisés pendant toute la période du rhume des foins (de 6 semaines à 3 mois selon les fabricants) 40,41. Un collyre antiallergique contenant en plus un vasoconstricteur peut également être utilisé : SPERSALLERG°, ANTISTIN PRIVIN° mais uniquement en traitement de courte durée, lorsque l’irritation et l’inflammation prédominent. En prévention d’une exposition à un allergène on peut utiliser le cromoglycate de sodium : OPTICROM°, CROMOSOL OPHTA°, ALLERGO-COMOD° en application régulière pendant 2 à 4 semaines avant l’exposition et tout au long de celle-ci 41. La présence ou l'absence d’agents conservateurs (monodoses / système Comod°) ainsi que l’utilisation possible chez l’enfant en bas âge sont également des critères de choix entre les différents antiallergiques 41 : Collyre LIVOSTIN° ALOMIDE° NAAXIA° TILAVIST° EMADINE° ZADITEN Cromoglycate de sodium SPERSALLERG° ANTISTIN-PRIVIN° Monodoses (UD) / système Comod° / / / / OUI OUI OUI OUI / Utilisation chez l’enfant dès l’âge de 6 ans 4 ans Non indiqué! 6 ans 3 ans 12 ans 4 ans 2 ans 5 ans NB : pour les enfants, on choisit de préférence des collyres sans agents conservateurs afin de minimiser le risque d’allergie. Des antiallergiques par voie orale : ZYRTEC°, CLARITINE°, FENISTIL°, TAVEGYL°, POLARAMINE° pour le conseil et AERIUS°, XYZAL°, SEMPREX°, MIZOLLEN°, ZADITEN° (liste B) sont utiles en prévention de l’allergie ou lorsque la réaction allergique est étendue aux paupières, à la peau, au nez ou aux sinus 40. Des larmes artificielles (TEARS NATURALE°, TEARS PLUS°, LIQUIFILM TEARS°, VISCOTEARS°, LACRINORM°, OCULAC°, CELLUFLUID°, HYLO COMOD°, …) et des compresses froides peuvent soulager un peu l’irritation 40. 40 41 La Revue Prescrire 2000; 20 (212) :815 Compendium suisse des médicaments 2003, Documed SA © Pharma-News page 18 Numéro 4, Juin 2003 En bref… CETIPRIN° (emeprone) Dès le 31 juillet 2003, la firme Pharmacia arrête la commercialisation de ce spasmolytique urinaire pour raison de trop faible demande. D’autres spécialités pourront prendre le relais, comme DETRUSITOL°, DITROPAN° ou URISPAS°, selon la décision du médecin. ESTRADOT° 25 (estradiol) Novartis nous annonce un complément de la gamme ESTRADOT° à 25 µg (voir article sur cette nouveauté dans le Pharma-News n°1). SPIRIG GOUTTES NASALES N° (phenylephrine avec ou sans naphazoline) Pour raison de forte demande, la firme Spirig a changé ses gouttes nasales et fabrique désormais des sprays. On les trouve sous SPRAY NASAL SPIRIG° ENFANT et sous SPRAY NASAL SPIRIG° COMP. Dernière minute ! - Dernière minute ! - Dernière minute ! - Dernière Epidémie de rougeole D’après un communiqué de presse de l’office fédéral de la santé publique (OFSP), on voit apparaître depuis ces derniers mois des flambées de cas de rougeole. Jusqu’à présent, aucun décès n’a été signalé, mais plusieurs patients ont développé des complications. Les régions les plus touchées sont le Valais central, Schwytz et la région de Châtel-St-Denis et, dans une moindre mesure, Genève, Zürich et le Tessin. Il semble que la plupart des personnes atteintes n’étaient pas vaccinées, alors que l’OFSP continue à recommander la vaccination de toute la population. Celle-ci se fait en deux injections séparées de quelques mois et protège pendant au minimum 10 ans; la première devrait se faire à l’âge de 12 mois. Actuellement (et pour une période indéterminée), on ne trouve plus en Suisse de vaccin uniquement pour la rougeole, mais seulement des vaccins combinés (p.ex. trivalent : rougeole/oreillon/rubéole = ROR : MMRII, PRIORIX, TRIVIRATEN). Une personne ayant développé la maladie est sensée être "vaccinée" à vie 42. Pour rappel, la rougeole est une maladie virale se transmettant par les voies respiratoires (éternuements, toux). La phase d’incubation dure 10 jours, puis les premiers symptômes apparaissent : fièvre élevée, rhume, toux, conjonctivite et surtout un tapissement de points blanchâtres à l’intérieur des joues; viennent ensuite des macules rouges sur la face, qui s’étendent rapidement au corps entier. Le malade est très contagieux depuis le début de sa propre contamination jusqu’à 4 à 5 jours après l’apparition des premiers symptômes. Dans la plupart des cas, la fièvre passe après une semaine et la toux peut durer un peu plus longtemps, mais il peut y avoir des complications, telles que pneumonie ou encéphalite. Une contamination pendant la grossesse est très grave : risque d’avortement ou d’accouchement prématuré, accompagné de risque important de malformations fœtales ! Le traitement est uniquement symptomatique 43. Note de l'éditeur Les avis exprimés dans le Pharma-News reflètent l'opinion de leurs auteurs en fonction des données disponibles au moment de la rédaction et n'engagent en aucune manière le CAP. 42 43 Bulletin de l’OFSP 2003, N°20, p. 338 Larousse Médical 1998, pp. 907-908 © Pharma-News page 19 Numéro 4, Juin 2003