Lire un extrait - Editions Persée
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À LA RENCONTRE D’ANNA Keutgen Valérie À la rencontre d’Anna Roman Éditions Persée Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages et les événements sont le fruit de l’imagination de l’auteur et toute ressemblance avec des personnes vivantes ou ayant existé serait pure coïncidence. Consultez notre site internet © Éditions Persée, 2016 Pour tout contact : Éditions Persée – 38 Parc du Golf – 13 856 Aix-en-Provence www.editions-persee.fr AVANT-PROPOS Il est très difficile de donner naissance à une fiction. Vous vous imaginez l’histoire dans votre esprit, voyez nettement les personnages que vous voulez créer, leur donnez vie et voulez les contrôler, les guider, leur donner un sens. Vous commencez l’ébauche dans votre tête, savez comment poursuivre et finir l’histoire. Une idée bien précise de ce qu’il doit leur arriver. Pendant des jours, des semaines, voire des mois, cette histoire se construit dans votre tête, vous subjugue, vous fait rêver, vous emporte. Vous n’avez alors qu’une idée en tête, celle de la coucher sur un support, que d’autres personnes que vous, les connaissent, les aiment comme vous les aimez. Vous êtes alors devant votre page blanche et n’avez aucun doute sur la naissance de votre nouvelle. Vous commencez par créer le premier personnage, lui donnez vie, un physique, un caractère, un passé et des envies. Vous la contrôlez, la guidez et vous êtes heureux, car elle est là devant vous cette personne que vous aviez dans votre esprit, enfin libérée de sa cage. Vous continuez et l’histoire délivre d’autres personnes qui reçoivent leurs propres caractéristiques, leurs propres envies, leurs peurs. Et là, vous commencez la véritable trame, celle que vous vous étiez imaginée dans votre petit esprit étriqué durant tout ce temps, et vous êtes heureux, la voyez prendre enfin vie sous vos yeux. Cependant, les jours passent, les semaines et les écrits continuent, alors vos personnages prennent petit à petit le contrôle et vous ne l’aviez pas prévu. Ils s’échappent et l’histoire prend une proportion que vous n’aviez pas imaginée. 5 Leurs décisions ne sont plus les vôtres, leurs désirs prennent d’autres directions, vous les suivez, curieux de savoir vous-même ce qu’il se passera. L’auteur devient alors le lecteur. Ils vous fascinent et parfois vous effrayent. Leur évolution ne dépend plus de vous, mais de leurs choix, leurs peurs, leurs envies. Je ne me prétends pas auteur ou écrivaine, non, loin de moi cette idée. Je ne suis qu’une personne qui a énormément d’imagination et qui aime créer des histoires, parfois rocambolesques, oui, je l’avoue. Cette nouvelle était importante pour moi, car Anna et Émeline sont un peu mes amies imaginaires. J’avais au départ pensé l’écrire en deux livres, l’un du point de vue d’Anna et l’autre d’Émeline. Une fin totalement différente avait initialement été prévue et, qui je l’avoue, me plaisait bien plus. Mais comme, je viens de vous l’expliquer, quelques lignes plus haut, Anna et Émeline m’ont prise au piège et m’ont imposé leurs choix qui au cours de l’histoire sont devenus plus qu’évidents. Me guidant au fur et à mesure, chacune, une main posée sur mon épaule de part et d’autre, me racontant l’une et l’autre leurs pensées du moment, me reprenant quand j’empruntais la mauvaise route. Je vous propose donc de venir lire mon histoire qui, au fil des pages, est devenue la leur. Valérie Keutgen 6 ÉMELINE Émeline ne sut pourquoi, mais pressentait au plus profond d’ellemême que sa vie allait changer ce jour-là. En sortant de la voiture, elle avait décidé d’aller se promener sur la digue, au lieu de suivre sagement son compagnon à la recherche d’un endroit où dormir. Elle inspira profondément l’air frais tout en fermant les yeux, essayant par la même occasion de se vider la tête de toutes pensées devenues un peu trop envahissantes. Un vent frais balaya ses cheveux, rabattant ses longues mèches noires au travers de son visage. « J’aurais dû penser à les attacher », se dit-elle, essayant de les regrouper sous son écharpe. Elle resserra les pans de sa veste et offrit un peu son visage à la pâle chaleur du soleil matinal. Les cris d’un enfant la sortirent de ses pensées, jouant avec les vagues et sautant dans l’eau, il n’avait apparemment aucune envie d’écouter ses parents qui lui couraient après tout en essayant de le rattraper. L’horizon accapara de nouveau son attention et essaya vainement de distinguer les côtes anglaises. Elle mit sa main en visière et plissa les yeux, mais une légère brume l’en empêchait. — Vous pourrez l’apercevoir en fin de matinée, le brouillard se sera dissipé d’ici là. Elle se retourna, légèrement surprise. Une femme s’était approchée sans qu’elle ne la remarque. Elle était seule et son regard portait encore plus loin que le sien. Émeline avait reconnu l’accent du Massachusetts et décida d’engager la conversation. 7 — Massachusetts ? demanda Émeline un peu curieuse. — Oui, Boston et vous ? — Française, mais j’ai principalement vécu en Angleterre. — Anna Thompson, enchantée. — Émeline Demoine, de même. Elle ne comprit pas pourquoi sa voix la captivait, elle y détecta un léger sentiment d’amertume. Une tonalité un peu rauque et grave, mais assez féminine pour ne pas la confondre avec celle d’un homme, un timbre qu’Émeline affectionnait particulièrement. — Vous êtes venue ici en vacances ? insista Émeline. — Non, j’avais simplement besoin de revoir cet endroit. Et vous ? — Je suis ici pour le tournage d’un film, enfin… à Paris. Nous passons deux jours à Wimereux avant de nous y rendre. Mon compagnon voulait voir cet endroit, un de ses amis lui en avait fait l’éloge. — Actrice, murmura Anna en la dévisageant. Anna avança sa main et repoussa quelques mèches de cheveux lui barrant le visage, elle frôla sa joue et Émeline frissonna sous le contact de ses doigts. Anna fronça légèrement les sourcils et esquissa un sourire. — Vous avez des yeux magnifiques, lui dit-elle d’une voix douce. Le geste d’Anna sembla suspendu dans l’air, enroulant une mèche noire entre ses doigts. Émeline ne la quitta pas des yeux, fascinée par sa prestance. Ce simple geste l’intimida et sentit le trouble s’emparer d’elle. Elle ne fit rien pour s’y soustraire, se lovant dans cette nouvelle 8 sensation. Le regard d’Anna se détourna pour se perdre à nouveau dans le vide. — Merci, murmura Émeline encore sous l’émotion. Sa réponse fut à peine audible et ne fut pas certaine qu’elle l’ait entendue, tant le vent soufflait. Elle reporta son attention sur la plage. — Cet enfant aura raison de ses parents avant la fin de la promenade, lâcha-t-elle alors pour détourner la conversation, mais aussi pour la retenir un peu auprès d’elle. — C’est certain, répondit Anna en détournant les yeux de l’horizon. M’est avis qu’ils devront lui prendre une bonne douche en rentrant, dit-elle sur un air de défi. Elles virent le petit garçon courir tout en voulant éviter une vague un peu plus forte que les autres, se prendre les pieds dans ceux de son père, les faisant choir tous les deux dans l’eau, elles rirent de bon cœur. — Ah ! Vous avez gagné, mais ils seront deux sous la douche, répondit Émeline heureuse de la voir rire. Rappelez-moi de ne plus parier contre vous ! — Est-ce une invitation ? Émeline souleva un sourcil devant sa question, sentant son cœur battre plus vite. Elle sursauta lorsqu’elle sentit un bras lui enserrer la taille et l’attirer brutalement en arrière. Elle regarda son compagnon et sourit à demi, ce qui n’échappa aucunement à l’Américaine. Il n’eut aucun regard pour la femme et fit comme si elle n’existait pas, écrasant la bouche d’Émeline d’un pseudo-baiser qui montrait aux alentours qu’elle lui appartenait. — Tu m’as fait peur ! 9 — J’ai trouvé un hôtel parfait en front de mer, nous pourrons prendre la chambre à partir de quatorze heures. Allons-nous promener en attendant. Il referma la main sur sa nuque et l’emmena sans un mot de plus. Émeline fit un petit signe d’au revoir envers Anna qui lui répondit en souriant. Émeline le suivit un peu à contrecœur. — Tu aurais pu lui dire bonjour, dit-elle en se dégageant. — Pardon ? Devant le ton de sa voix, elle répéta ses mots d’une voix un peu moins assurée et il éclata de rire. — Je n’ai d’yeux que pour toi, ma chérie, je ne l’ai pas vue, pardonne-moi. Elle n’insista pas, la journée venait à peine de commencer et ne voulait pas la gâcher en le contrariant. Il s’arrêta devant un menu pour prévoir leur prochain dîner et Émeline en profita pour jeter un œil derrière elle. Elle ne comprenait pas pourquoi ses pensées s’étaient tout à coup concentrées sur cette femme, elle ne s’imaginait pas éprouver une quelconque attirance pour elle. Mais le simple fait de repenser à son regard posé sur elle, lorsqu’elle avait écarté ses cheveux, la fit frissonner. « C’est vrai qu’elle était belle avec ses yeux gris. » songea-t-elle. Elle secoua la tête. « Calme-toi ! Mais qu’est-ce qui te prend d’avoir de telles pensées ! » Malgré tout, elle se surprit à sourire à cette simple idée. Gardant sur sa joue le souvenir de la chaleur de ses doigts, elle y posa les siens comme pour les toucher. — Nous mangerons ici à midi, le menu m’a l’air correct et les prix aussi. Bien, allons voir ce que nous réserve cette charmante petite ville. Émeline n’eut pas d’autre choix que de le suivre, même si elle se sentait un peu fatiguée par le voyage. Ils flânèrent de vitrine en vitrine, visitant chaque galerie de peinture qu’il pouvait trouver. Il réussit à 10 dénicher un musée sur le débarquement de 1944 et en profita pour entrer le visiter. L’heure du dîner approcha et elle sentit son estomac se contracter, elle sut qu’il était temps d’aller au restaurant. — Anthony, j’aimerais aller manger, s’il te plaît. — D’accord, ma belle. Il se pencha doucement pour l’embrasser et effleurer ses lèvres, elle se blottit contre lui. Elle se sentait bien dans ses bras, recherchant un peu de chaleur supplémentaire en glissant les mains sous sa veste. Plus grand qu’elle, les yeux bleus délavés, cheveux blonds légèrement ébouriffés, le visage large et une barbe naissante, il possédait la carrure type de l’américain du sud des États-Unis. Elle était tombée sous son charme lors d’une soirée de charité et ils ne s’étaient plus quittés depuis. Elle était alors âgée de vingt et un ans, l’âge d’or, lui répétait souvent son père. La sensation de bien-être fut de courte durée, car il la prit par la main et l’entraîna vers la digue. Ce n’était pas un romantique dans l’âme, mais un homme du Texas élevé par une famille dont le père était un patriarche incontesté. Il avait donc toujours tendance à prendre les décisions sans demander l’avis des autres. Elle se sentait malgré cela en confiance avec lui, comme si rien ne pouvait l’atteindre, même si parfois, c’était usant de le laisser faire à tout bout de champ. — Dans quel hôtel allons-nous dormir ? demanda-t-elle curieuse. — Le Majestic, il se trouve sur la digue. Nous sommes passés devant, tout à l’heure. Pendant qu’ils s’installaient à table, Anthony lui parla de son travail, mais son regard était attiré par l’horizon derrière lui. Imbu de luimême, il ne remarquerait de toute manière pas que son attention n’était pas rivée sur lui. Elle pouvait enfin distinguer les falaises anglaises, elle sourit, se souvenant de la remarque d’Anna. Anthony le prit pour 11 un encouragement et continua de raconter sa petite anecdote professionnelle qu’il fut seul à trouver amusante. Émeline avait la particularité de pouvoir s’isoler dans ses pensées, même si elle était entourée de bruit, et cela, sans que personne ne s’en aperçoive. Quand elle voulait la paix, elle s’y réfugiait avec délice. Et ces derniers temps, cela devenait de plus en plus fréquent, car Anthony devenait trop envahissant, ne lui laissant plus d’intimité sauf lors de ses déplacements. Il avait beaucoup changé depuis la mort de son père, cinq mois auparavant. Au début, la différence était minime, mais ensuite, il avait voulu tout connaître de son emploi du temps et ne la laissait plus respirer, l’étouffant par sa présence et ses remarques parfois blessantes. Un bruit de verre que l’on renverse sur une table la tira de sa rêverie. Elle vit alors une jeune serveuse agenouillée, essayant tant bien que mal d’éponger le pantalon de sa cliente. Elle reconnut Anna avec qui elle avait discuté le matin même. Elle remarqua son regard amusé devant la serveuse qui tentait vainement de s’excuser tout en frottant ses jambes à l’aide d’un essuie de cuisine. Anna se leva et entra dans le restaurant. Émeline la suivit des yeux remarquant que le comportement de la serveuse avec Anna était pour le moins étrange. Elle entendit vaguement Anthony passer la commande pour elle et reprit ses esprits. — Non, j’aimerais beaucoup goûter à votre pavé de saumon, s’il vous plaît. — Mais, enfin ma chérie, tu ne vas pas prendre ça, s’exclama-t-il inquiet. Le saumon n’est peut-être pas frais, on ne sait jamais. Non, elle prendra le steak du chef. — Notre saumon est frais, monsieur, je vous l’assure ! répondit la serveuse offensée. — Anthony, je sais ce que je veux manger et ce sera du poisson, dit-elle agacée. 12 La serveuse prit note et débarrassa la table avant de leur apporter les boissons. — Pourquoi prends-tu plaisir à me contredire devant cette fille ? — Quoi ? Elle le regarda surprise par sa réaction. Il affichait une expression de colère mal dissimulée qui l’a mis mal à l’aise. Elle se leva en prétextant une envie de se rafraîchir le visage, mais il saisit son poignet et le serra cruellement. Émeline grimaça sous la douleur. — Tu me fais mal ! Elle soutint son regard et il finit par la lâcher. Elle frotta sa peau endolorie et continua son chemin vers les toilettes du restaurant. Elle poussa doucement la porte et entra sans faire attention, ne pensant qu’au changement de comportement d’Anthony avec elle. Lorsqu’elle releva les yeux, elle vit la jeune serveuse appuyée sur le meuble du lavabo et contre elle l’Américaine, la main sous son jeans lui caressant l’entrejambe en un lent mouvement de va-et-vient, et de l’autre refermant les doigts sur le bas de son visage, le tournant sur le côté. Elle ne put bouger sur le moment et regardait le couple qu’elles formaient. Anna effleurait la peau de cette fille avec douceur. Et la manière dont ses lèvres glissaient à la naissance de sa gorge pour remonter à sa bouche fit naître au creux de ses reins une chaleur depuis longtemps oubliée. Elle se mordit la lèvre inférieure et se mit à envier cette jeune rousse à la peau blanche tachetée. N’ayant pas fait de bruit en entrant, elle ressortit doucement et resta un moment appuyée contre la porte, fermant les yeux et essayant de reprendre son souffle. Ce ne fut pas tant le fait de les avoir vues qui l’empêchait de respirer, mais autre chose, chose qu’elle ne comprit pas sur le moment. Elle porta la main à sa gorge et tenta de faire glisser cette boule qui encombrait sa trachée. Une femme s’approcha et demanda à passer, Émeline lui expliqua qu’il y avait un souci et qu’il 13 valait mieux prendre celle des hommes. Sans poser d’autre question, la cliente s’engouffra dans les toilettes voisines. Après avoir repris doucement ses esprits, elle frappa deux coups secs sur la porte et retourna s’assoir auprès d’Anthony. Leur assiette fut servie quelques minutes plus tard et sans un mot ils se mirent à manger. L’instant suivant, Émeline entrevit Anna réintégrer sa place. Elle l’observa un moment, mince, mais athlétique, la bonne quarantaine, cheveux mi-longs châtain clair presque blonds, la peau légèrement hâlée par une exposition au soleil modérée et elle était un peu plus grande qu’Émeline. Elle épia Anna du coin de l’œil et vit la jeune serveuse retourner auprès d’elle, le sourire aux lèvres. Elle remarqua qu’Anna lui effleurait discrètement la main du bout des doigts, d’un geste subtil et anodin, en lui tendant l’argent de l’addition tout en lui souriant. Une vague de jalousie soudain l’envahit, sans réellement pouvoir l’expliquer, lui contractant l’estomac. Quand Anna se leva, leurs regards se croisèrent et Anna esquissa un petit sourire à son intention, Émeline rougit et baissa rapidement les yeux. Elle acheva son dîner sans un seul mot, complètement perdue dans ses pensées. Le soir venu, Émeline se coucha au côté d’Anthony. Il lisait encore un de ses dossiers en cours. Travaillant dans l’immobilier et promoteur hors pair, il avait réussi à faire progresser son entreprise très rapidement. Aujourd’hui, il se consacrait exclusivement à la vente de résidences de luxe, laissant les contrats moins lucratifs à ses employés. Elle se glissa doucement dans le lit et éteignit la lumière de son côté, elle ferma les yeux et commença à se détendre. Elle l’entendit poser son dossier et ferma aussitôt la lampe de chevet pour se rapprocher d’elle aussi vite. Émeline n’avait pas réellement envie ce soir, mais elle savait qu’il était inutile de lui dire non, car lorsque lui avait décidé de commencer, rien ne l’arrêtait, que vous le vouliez ou non. Elle le sentit se coller contre elle et il glissa vivement la main entre ses jambes. Elle grimaça de douleur dans l’obscurité, mais elle ferma 14 les yeux et le laissa faire. Il écrasa ses lèvres, lui laissant à peine le temps pour respirer. Émeline gémit de douleur quand il empoigna son sein à pleine main sans aucun égard pour elle. Trop excité, il s’inséra entre ses jambes et s’introduisit en elle sans s’inquiéter de savoir si Émeline était prête ou non, la douleur fut telle qu’elle en eut le souffle coupé. Souffrant sous ses brutaux va-et-vient, elle écarta un peu plus les jambes, espérant soulager le frottement douloureux qu’elle ressentait. Quand il eut fini, sans un mot et heureux de s’être satisfait, il lui tourna le dos et s’endormit immédiatement. Émeline sortit lentement du lit et alla prendre une douche. Elle laissa l’eau couler sur son visage, une douleur cuisante continuait à pulser en elle. Elle posa la main sur son sexe, appuyant légèrement pour essayer de calmer un peu cette sensation de brûlure qui la rongeait de l’intérieur. Émeline utilisa le pommeau de douche, pour y envoyer un peu d’eau tiède et ainsi se soulager. Son estomac se révulsa et ne comprit pas pourquoi. Elle prit appui sur le carrelage de la douche et le frappa du poing, respirant profondément en fermant les yeux. Elle se mit alors à pleurer et resta sous l’eau pour en camoufler le bruit. Une fois calmée, elle retourna se coucher en essayant de ne pas trop bouger pour ne pas le réveiller. Le lendemain matin, elle s’éveilla seule, Anthony était parti pour un rendez-vous professionnel et il ne rentrerait pas avant la soirée. Elle fut soulagée, car elle redoutait ses envies matinales, surtout après la douleur du soir précédent. Elle se redressa, mais ne put rester assise bien longtemps. Il n’avait jamais été aussi brutal, mais le simple fait de l’avoir contrarié au restaurant l’avait mis de mauvaise humeur. Elle pensait à juste titre qu’il avait voulu lui faire payer. Elle prit son petit-déjeuner en salle vers neuf heures. Tout en buvant son chocolat chaud, elle fouilla la digue du regard et eut, l’espace d’un instant, l’envie d’y apercevoir Anna. Elle secoua la tête doucement. « Mais qu’est-ce que tu recherches, ma pauvre fille ! Elle a simplement voulu être gentille avec toi. » Tout en essayant de se convaincre de sa naïveté, Émeline décida de rester encore un peu dans le salon. 15