Pages de Bretagne n° 39 - Livre et lecture en Bretagne

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Pages de Bretagne n° 39 - Livre et lecture en Bretagne
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Pages de Bretagne
Pajennoù Breizh
Paij de Brtêgn
#39
Mai
Miz Mae
Mouâiz d’mae
2015
Revue semestrielle
Kelaouenn c’hwec’hmiziek
Gâzètt su siz mouâiz
À la une : Goulc’han Kervella
Portraits : Gweltaz Adeux, Mich Beyer, Aziliz Bourgès, Annie Coz,
Lætitia Fitamant, Yann-Fulub Dupuy, Krismenn,
Nolwenn Korbell, René Tanguy
Lire en Finlande et en Midi-Pyrénées
Le Relecq-Kerhuon : le dynamisme de la médiathèque de comité d’entreprise
Finistère : Tournée d’auteurs
Saint-Malo : La Droguerie d’en face
Bégard : Des livres à vélo
Goulc’han Kervella par René Tanguy
Dossier : La création en langue bretonne
Krouiñ e brezhoneg
Édito / Pennad-stur / Biyèt d’la redijri
*Accessible via le site http://crdp.ac-rennes.fr/tes/ site
En un amzer m’emaomp en arvar da welet pep tra o tont
da vezañ heñvel e pep lec’h war hor planedenn ; anavezout, gwareziñ, enoriñ ar c’hrouiñ e brezhoneg, evel
kement tra a vez krouet gant sevenadurioù ar bed, hag int
liesseurt, a zo hollret. Kement-se a dalvez nac’hañ lakaat
sevenadur pe sevenadur a-us d’ar re all hag, evel m’el lavar
gant nerzh Mona Ozouf en he levr Composition française
(Gallimard, 2009), «paouez da lakaat kement yezh vihan
zo da drefoedach, ha kement trefoedach zo da sujidigezh
». Pa garje lod e vac’hañ er vuhez prevez – da lavaret eo
e gondaoniñ d’ar marv – (ad)kavout ul lec’h sokial ha
publik d’ar brezhoneg en hor c’hevredigezh a zo dalc’h
warc’hoazh. Ul lodenn anezhañ eo harpañ ul lennegezh krouiñ. Setu perak ez eus
fellet deomp gouestlañ an niverenn-mañ d’ar c’hrouiñ, ha d’ar c’hrouiñ lennegel
dreist-holl, en unan eus hor yezhoù a Vreizh. Ar yezh keltiek diwezhañ bev war ar
c’hevandir eo ha bez’ emañ da vat en hon diazez sevenadurel a wechall hag a vremañ.
Treuzkaset e vez bremañ tost da vat hepken dre an hentadoù klasoù divyezhek, ar
skolioù dre soubidigezh, ar magourioù, ar skolioù-meur, ar stajoù vakañsoù pe an
aozadurioù stummañ. Gant un tregont ti-embann bennak hag ur greizenn liesvedia da
broduiñ dafar pedagogel (TES *) e vez embannet ur c’hant levr bennak bep bloaz. N’eo
ket kement-se met ingal ha reoliek e teu al levrioù er-maez a-drugarez d’ur rouedad
kevredigezhioù leun a startijenn evel strollad c’hoariva Ar Vro Bagan hag a grou, a
vev, a c’hoari hag a embann e brezhoneg abaoe dekvloaziadoù hag a adkaver e rener,
Goulc’han Kervella, war golo an niverenn-mañ. Bet c’hoariet ha skrivet ganti evit ar
strollad a Vro-Leon, emañ ar skrivagnerez Naig Rozmor o paouez mont da anaon en
he 92vet bloavezh. Dre hec’h oberenn bet skrivet penn-da-benn e brezhoneg e tiskouez
deomp penaos e c’haller bezañ stag ouzh e zouar ha digor war ar bed. Da-geñver donedigezh Léopold Sédar-Senghor e Breizh he devoa graet ur geñveriadenn en he barzhoneg Breur Du etre planedenn Senegaliz ha hini Breizhiz, ur barzhoneg he devoa gallet
lenn dirazañ e c’hoariva Montroulez. Evel holl pobloù ar bed hor bez ezhomm eus
gerioù hor barzhed evit bezañ trec’h war hor poanioù pe evit komz eus ar garantez
en he c’haerañ evel m’he deus graet gant kizidigezh betek fin he buhez. Emichañs e
c’hallo Frañs, hag a zo gwall dechet siwazh da gemmeskañ kevatalded hag unvanded,
anavezout evel m’eo dleet al labour dibar e servij an holl a vez kaset da benn gant an
oberourien evit lakaat hor mad boutin m’eo ar brezhoneg da vleuniañ.
©Daniel Mingant
À une époque où ce qui nous menace partout sur
la planète est l’uniformité ; reconnaître, préserver, honorer la création en langue bretonne,
comme toutes les créations culturelles du
monde dans leur diversité, est essentiel. Cette
démarche implique le refus de hiérarchiser les
cultures entre elles et, comme le souligne avec
vigueur Mona Ozouf dans Composition française (Gallimard, 2009), « qu’on cesse d’assimiler toute langue minoritaire à un patois, et
tout patois à une servitude ». Alors que certains
voudraient la reléguer à l’espace privé – donc
la condamner à mort – (re)trouver une place
sociale et publique à la langue bretonne dans
notre société est l’enjeu de demain. Soutenir
une littérature créative en fait partie. C’est
pourquoi nous avons souhaité consacrer ce
numéro à la création, et plus particulièrement
littéraire, dans une de nos langues de Bretagne.
Dernière langue celtique continentale vivante
bien présente dans notre substrat culturel d’hier
et d’aujourd’hui, elle est transmise désormais
quasi exclusivement à travers les filières des
classes bilingues, les écoles immersives, les
crèches, les universités, les séjours de vacances
ou les organismes de formation. Une trentaine
de maisons d’édition ainsi qu’un centre régional
multimédia de production pédagogique (TES *)
publient une centaine d’ouvrages chaque année.
Une production modeste, mais durable, qui s’appuie depuis longtemps sur un réseau associatif
dynamique comme la troupe de théâtre Ar Vro
Bagan qui crée, vit, joue, publie en breton depuis
des décennies et dont le directeur, Goulc’han
Kervella, est en couverture de ce numéro.
Actrice et auteure pour cette troupe léonarde,
l’écrivaine Naig Rozmor vient de disparaître
dans sa 92e année. À travers son œuvre écrite
uniquement en breton, elle nous montre
combien on peut être ancré à sa terre et ouvert
sur le monde. Lors d’une visite de Léopold Sédar
Senghor en Bretagne, elle établissait d’ailleurs
dans son poème Breur Du (Frère Noir), qu’elle
avait lu en sa présence au théâtre de Morlaix,
un parallèle entre le destin des Sénégalais et
celui des Bretons. Comme tous les peuples du
monde, nous avons aussi besoin des mots de
nos poètes afin d’exorciser nos peines ou pour
sublimer l’amour comme elle l’a fait avec sensibilité jusqu’à la fin de sa vie. Espérons qu’un jour
la France, qui a malheureusement tendance à
confondre égalité et uniformité, reconnaîtra
comme il se doit cet exceptionnel travail d’intérêt général des auteurs pour faire rayonner
notre bien commun qu’est la langue bretonne.
*A c’haller kavout el lec’hienn : http://crdp.ac-rennes.fr/tes/ site
Yannik Bigouin,
président de Livre et lecture en Bretagne
kadoriad Levrioù ha lennadennoù e Breizh
Extrait de Breur Du. Tennet eus Breur Du.
Ar Vretoned evito ? Tud diwar-lerh, plouked, pennou kaled
Re vad dindan botez an aotrou.
Ha c’hwi Morianed ? Tud gouez, negred,
Harluet ho hendadou en tu all d’ar mor don.
Gwerzet chadennet da vistri digerez
Ya, breudeur om en izelded.
Les Bretons, pour eux ? Des arriérés, des ploucs, des entêtés.
Tout juste bons à subir la botte du seigneur.
Et vous, les Noirs ? Des sauvages, des nègres.
Vous dont les ancêtres furent exilés au-delà des mers.
Vendus enchaînés à des maîtres sans pitié.
Oui, nous sommes frères dans l’humiliation.
Naig Rozmor, Breur Du (Frère Noir), extrait de Mondo Cane, recueil écrit avec le poète polonais
Jerzy Wielunski, contenant 134 poèmes du monde entier. Éditions Emgleo Breiz – 1997
Naig Rozmor, Breur Du, tennet eus Mondo Cane, dastumad skrivet gant ar barzh polonat Jerzy
Wielunski, ennañ 134 barzhoneg eus ar bed a-bezh. Embannadurioù Emgleo Breiz – 1997
Tugdual Carluer nous a confié des phrases qu’il aime bien, dans cette langue bretonne dont il apprécie tant la sonorité. Il nous a aussi transmis de belles trouvailles
littéraires, qui donnent un léger aperçu de la manière dont cette langue « pense le monde ». Le jeu avec les sonorités, le double sens des mots sont souvent utilisés.
Peut-être est-ce une des raisons du nombre important de poètes qui écrivent en breton ? Il y avait une trentaine de phrases, toutes plus intéressantes les unes que
les autres. Faute de place, nous n’avons pu en garder que quelques-unes que vous trouverez, parsemant ce numéro. L’intégralité de la sélection de Tugdual est
disponible sur notre site internet. Autre solution pour approfondir vos connaissances sur les subtilités de la langue bretonne… l’apprendre et la pratiquer avec des
gens qui, comme Tugdual, y prennent tant de plaisir.
Tugdual Carluer en deus fiziet ennomp un toullad frazennoù hag a blij dezhañ, er brezhoneg-se m’eo tik gant ar sonerezh anezhañ. Kaset en deus deomp ivez
kavadennoù lennegel brav a ro un alberz eus an doare ma vez « soñjet ar bed » gant ar yezh-se. Ar c’hoari gant ar sonioù, daou ster ar gerioù a vez graet ganto alies.
Setu marteze unan eus an abegoù ma’z eus kement a varzhed o skrivañ e brezhoneg ?
Un tregont frazenn bennak a oa, pep hini anezho dedennusoc’h eget ar re all. Dre ziouer a blas n’hon eus gallet mirout nemet un nebeud anezho a gavoc’h amañ hag
ahont en niverenn-mañ. Dibab klok Tugdual a c’halloc’h kavout en hol lec’hienn Internet. Un diskoulm all evit mont pelloc’h war hent soutilderioù ar brezhoneg…
deskiñ anezhañ hag ober gantañ gant tud, evel Tugdual, hag a gav kement a blijadur o komz anezhañ.
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Portrait d’un lecteur / Poltred ul lenner / Portrèt d’un lizou
Plonéïs
Lætitia Fitamant,
radioscopie d’une lectrice
LÆTITIA TRAVAILLE EN BRETON, À RADIO KERNE. BONNE LECTRICE, ELLE RECONNAÎT CEPENDANT, COMME BEAUCOUP,
NE LIRE QUE RAREMENT EN LANGUE BRETONNE. LES BONS AUTEURS BRITTOPHONES SERAIENT-ILS TROP RARES ?
lectrice, quelqu’un qui sait ce que c’est que la narration. J’apprécie
aussi la traduction de Harry Potter par Mark Kerrain et celle du
Vent dans les saules de Kenneth Grahame (An Avel en haleg), par
Alan Martel, qui est magnifique. Mais en fin de compte, comme
la plupart des bretonnants qui aiment lire, je lis surtout en français. Avec une préférence pour le domaine étranger. Eh oui ! Si je
devais faire un sondage auprès des bretonnants, ça ferait mal ! »
Lætitia apprécie particulièrement la littérature américaine, à
laquelle elle trouve une vigueur qu’elle ne trouve pas dans la littérature française actuelle. « Mes auteurs préférés : Stephen King,
Annie Proulx, Sepulveda, John Fante, Jane Austen, les sœurs
Brontë, Huysmans, Romain Gary, García Márquez, Lautréamont.
J’aime aussi le travail de Monsieur Toussaint Louverture, une
jeune maison d’édition qui édite des auteurs de standards de la
littérature américaine méconnus en France, comme Fred Exley,
ou Steve Tesisch… Les polars, aussi. Mais chez les Américains, il
n’y a pas de distinction, comme en France, entre les genres. Le
premier roman avec lequel j’ai pris une claque, c’est Le Dernier
des justes, d’André Schwartz-Bart. J’avais 14 ans. Un autre virage,
c’est la découverte de Jane Eyre, qui m’a conduite vers la littérature anglo-saxonne. »
Depuis quelques mois, Lætitia Fitamant a commencé à jouer
au théâtre, en breton, avec la troupe Tro Didro. « C’était un peu
douloureux pour moi, au début. Je n’ai jamais été leader ou bouteen-train ; ce n’est pas dans mon tempérament de m’exposer en
public. Le texte et la diction ne me font pas peur, mais se mouvoir
et s’apercevoir de tout ce qui n’est pas juste dans le jeu, c’est
difficile. N’empêche que lorsqu’on voit des gens venir nous féliciter, on se dit que, quand même, il doit y avoir quelque chose de
cohérent dans ce travail. Mais l’importance du théâtre en langue
bretonne pour exprimer les sentiments, les émotions n’est pas
encore captée par tout le monde. La preuve ? Lors de la remise
des Prizioù, qui récompensent les créations en breton, il n’y a pas
de prix pour le théâtre. Pour en revenir à la création en langue
bretonne, je me rends compte, en travaillant à la radio, qu’il y a une
grande qualité et une belle variété dans les chansons et les styles
de musique qu’on ne retrouverait pas dans d’autres cultures minoritaires. En littérature, comme il y a une pénurie, je trouve qu’on
produit parfois pour produire, ce qui est contre-productif. Il faut
que l’auteur soit là avant le linguiste. Et qu’il ait quelque chose à
dire. En ce sens, il ne faut pas oublier de saluer le recueil de poésie
de Stefan Carpentier, Pa gavan hir ma amzer, qui tient vraiment
la route, ou Alje 57, de Pierre-Emmanuel Marais. Je pense aussi
aux excellentes traductions de Kristian Ar Bras. Une très bonne
initiative serait de rémunérer un pool de traducteurs, à l’année,
pour faire école. »
> http://radiokerne.antourtan.org
© Gérard Alle
3
Originaire d’Ergué-Gabéric, Lætitia Fitamant a bien entendu
des anciens parler breton dans sa famille, « mais c’était pour les
choses pratiques, pas pour les gosses. » Elle a essayé l’option
breton, au lycée, avant d’y renoncer ; l’initiation, à la fac, « mais je
n’y participais pas assez régulièrement. » Finalement, le déclic va
se produire grâce à une formation de neuf mois, au sein de l’association Stumdi, en immersion, dans le but de devenir institutrice
en classe bilingue. « Mais très vite, lors de ma formation d’enseignante, j’ai senti que ça ne serait pas mon truc. » Aujourd’hui,
Lætitia anime des émissions en breton. « Pourtant, je croyais que
la radio en breton, c’était surtout pour des hommes plutôt âgés et
barbus, va savoir pourquoi… » Heureuse dans son travail, elle est
une lectrice assidue depuis son plus jeune âge. « Il y avait des livres
à la maison, même si mes parents n’étaient pas de grands lecteurs.
Très vite, je me suis inscrite à la bibliothèque d’Ergué, et entre
8 et 15 ans, je crois que j’ai dû explorer tout le fonds, au rythme
de quatre ou cinq romans par semaine. » En langue bretonne,
elle s’est mise assez tard à la lecture. « Mon premier souvenir
marquant est la lecture d’un roman policier de Yann Gerven, court
et bien structuré, agréable à lire. En fait, j’hésite à me plonger dans
les œuvres plus anciennes, de peur que les bouquins soient un peu
datés, parlent de l’ancien temps, de la religion. Cela existe aussi
en français, bien sûr, mais j’ai une préférence pour les thèmes
contemporains. Alors, en breton, j’ai commencé par les auteurs
vivants : Mich Beyer, Pierre-Emmanuel Marais, Stefan Carpentier,
Yann-Fulub Dupuy, les revues Brud Nevez, Al Liamm. YannFulub, j’étais bien obligée de le lire, parce que je devais l’interviewer. J’appréhendais sa langue, que je savais très riche. Ça n’a
pas été facile au début, mais j’y suis arrivée et j’ai apprécié. J’ai
bien aimé Mich Beyer et Annie Coz, aussi. On sent que c’est une
> www.cietrodidro.fr
G.A.
Portrait d’un auteur / Poltred ur skrivagner / Portrèt d’un’ecrivou
Plouguerneau
Goulc’han
Kervella, aux
bons soins du
théâtre en breton
EN BRETAGNE, LORSQU’ON PRONONCE LE NOM « GOULC’HAN », ON PENSE IMMÉDIATEMENT À GOULC’HAN KERVELLA
ET À LA FORMIDABLE AVENTURE DE STROLLAD AR VRO BAGAN. ON CONNAÎT PEUT-ÊTRE MOINS L’HISTOIRE DE CET
HOMME QUI FUT MÉDECIN AVANT DE SE DONNER CORPS ET ÂME AU THÉÂTRE EN LANGUE BRETONNE. MAIS LES
BRETONNANTS CONNAISSENT FORT BIEN SES TALENTS D’AUTEUR, ATTACHÉ À UNE LANGUE POPULAIRE PLEINE DE
NUANCES ET DE TROUVAILLES.
À la maison, les parents parlent français
à leurs enfants. Le père est ouvrier, après
avoir été goémonier et marin. La famille,
les fréquentations – des ouvriers, des
pêcheurs –, tout le monde parle breton.
Le petit Goulc’han ne s’aperçoit vraiment
qu’on parle deux langues différentes que
vers 7 ou 8 ans : « J’avais assisté à la dernière
mission menée dans notre paroisse, en
1961, et je m’amusais à prêcher en breton,
sous les yeux étonnés de ma famille. » La
mère rêve que ses enfants réussissent à
l’école. Pour Goulc’han, le cadet, ce sera
effectivement le cas, puisqu’il poursuivra
ses études à Brest, afin de devenir médecin. Mais c’est aussi par ce biais qu’il va
reprendre contact sérieusement avec le
breton. « Quand il y avait des patients qui
avaient du mal à s’exprimer en français,
à l’hôpital, on venait me chercher pour
servir d’interprète. C’est aussi l’époque qui
le veut – la fin des années soixante –, où
je m’engage en tant que militant, comme
beaucoup, pour la langue bretonne. 
»
L’association Ar Vro Bagan naît en 1965,
avec un but culturel assez large. En 1969,
elle défend clairement le droit de vivre et
de travailler au pays, et lancera bientôt un
atelier de théâtre que Goulc’han va animer,
parallèlement à son activité de médecin
qu’il poursuivra jusqu’en 1982. Bientôt,
une structure professionnelle va se mettre
en place. Le thème de sa thèse, Médecine
et littérature de langue bretonne aux xixe
et xxe siècles, dit assez bien à quel point les
sous-marins nucléaires en rade de Brest.
deux activités demeurent chez Goulc’han
Andreo Ar Merser, le fameux érudit en
longtemps imbriquées. Cette connaissance
langue bretonne, a bien voulu accepter de
profonde de la société bretonne qu’il a pu
me corriger. »
acquérir grâce à la pratique de la médecine
Goulc’han montait déjà des pièces en franet de la psychiatrie va beaucoup l’aider et
çais, avec les jeunes du quartier de Saintl’inspirer par la suite et jusqu’aujourd’hui
Laurent, devant la chapelle éponyme.
dans ses écrits. « Le soir, en pension chez
Sous sa houlette, Strollad ar Vro Bagan va
les prêtres, au lycée Charles-de-Foucauld,
désormais alterner créations et pièces du
j’écrivais déjà des petites histoires en franrépertoire, avec un engagement militant
çais. J’étais en compagnie des enfants de
assez marqué, pour la Bretagne, l’environfamilles huppées. Ils s’étaient moqués
nement, les luttes sociales. « Ce que j’aime
de moi parce que j’avais prononcé le mot
au théâtre, c’est aussi l’aspect collectif du
abbaye comme une abeille. Pour laver
travail de création. Ce que j’écris à côté
l’affront, je m’étais promis de devenir le
est plus personnel. » Il est vrai que, paralmeilleur en français. Je faisais déjà du
lèlement, Goulc’han écrit des histoires et
théâtre, j’adaptais Le Médecin malgré lui,
des chroniques dans la revue Al Liamm.
je composais des petites pièces qui s’inspiCertaines, unanimement saluées, sont
raient de Labiche ou Feydeau. C’est vers
inspirées par la vie de malades mentaux
l’âge de 20 ans que je me suis mis à écrire
qu’il a connus lorsqu’il était
sérieusement en breton. »
« J’ai une
médecin. « 
À l’époque, Al
Goulc’han voit bien que le
écriture plus
Liamm était en rivalité avec
breton, dans ces années
personnelle,
une autre maison d’édition,
1960, n’a pas d’existence offiplus originale, Brud Nevez, une guéguerre
cielle, et ne bénéficie d’auje crois, en
stérile sur la question de la
cune reconnaissance sociale.
breton. »
graphie de la langue, une de
Heureusement, il y a les cours
plus ! Maintenant, j’écris pour
de breton de Visant Seite dans
les deux, mais aussi pour Coop Breizh,
Le Télégramme (Ar memes brezoneg),
Skol Vreizh, pour Ya ! » Le premier roman
le pionnier du genre, souvent moqué,
signé Goulc’han Kervella a pour titre Ar
mais très efficace. Une première lecture
Chase ; il est destiné aux enfants. « Je suis
marquante, aussi, en breton, Geotenn ar
plus à l’aise pour écrire en breton, qui est
Werc’hez, de Jakez Riou. « Les choses ont
la langue que je pratique le plus. Disons
changé. Je me suis mis à ne plus parler que
que j’ai une écriture plus personnelle, plus
breton avec mes parents. En fac, j’ai écrit
originale, je crois, en breton. » Goulc’han
une première nouvelle en breton, sur les
4
Evelkent n’i ket da labourat war da galon noazh
Tu n’iras tout de même pas travailler sur ton cœur nu (l’estomac vide, à jeun).
Jules Gros, Le Trésor du Breton Parlé
© René Tanguy
5
Kervella écrit dans un breton standard très
inspiré par la langue populaire. C’est ce qui
plaît beaucoup à ses lecteurs, cette façon
de chercher dans la langue de tous les jours
le mot, l’expression adéquats. Un nouveau
roman est en cours d’écriture, Neus ket a
garantez eurus, sur une histoire d’amour
impossible au cours de la guerre de 14-18.
Encore une façon d’explorer la société
bretonne, ses problèmes et son évolution,
comme dans Mari Vorgan ar glandour,
roman policier qui traite des pollutions de
l’agriculture industrielle et des conflits liés
à l’occupation du littoral. « En fait, même si
j’essaie d’éviter les gallicismes, je n’apprécie pas trop ces textes en breton chiadé
que publient certaines revues, et derrière
lesquels on sent une syntaxe française. »
Goulc’han poursuit son travail en direction
de la jeunesse, avec une série sur l’histoire
de l’humanité, publiée par Al Liamm. Dans
ce cadre, War-zu an inizi, suite de Aada
ha Narki, inspiré de Into the Wild, raconte
l’histoire d’un personnage du néolithique
qui veut redevenir, comme ses ancêtres,
chasseur-cueilleur. C’est dans l’hebdomadaire Ya ! (1 300 abonnés tout de même !)
que Goulc’han Kervella publie ses textes
inspirés de l’actualité dans le monde, très
appréciés pour leur langue à la fois simple,
facilement compréhensible, et très précise.
D’autres romans sont en projet, dont l’un
à partir de l’histoire d’un oncle ouvrier
saisonnier au destin tragique. Sans oublier
le théâtre, bien sûr, qui, avec les 50 ans
de Strollad ar Vro Bagan cette année, va
connaître une actualité brûlante.
G.A.
Bibliographie non exhaustive
Romans
Ar Chase, court roman jeunesse, Al Liamm, 1980
Brezel ar rigadell, roman policier, Al Liamm, 1984
Tan-gwall e maner Keryann, roman policier, Delioù, 2006
Aada ha Narki, court roman jeunesse, Al Liamm, 2008
Etrezek an inizi (suite du précédent), Al Liamm, 2014
Mari Vorgan ar glandour, roman policier pour adolescents,
TES, 2015
N’eus ket a garantez eurus, Skol Vreizh, 2015
Laenneg, medisin, sur la vie du célèbre médecin, Al Liamm,
1985
Recueils de nouvelles
Lara, E Vrennigen ziwezhañ, Dre ar Prenestr, Boned glas ar
Pagan, Al Liamm, 2013
Penaos e ya ar bed, O velfeta e Plougastell, Keit Vimp Beo, 2012
Traductions (entre autres)
Vialokoja, roman d’André Baumy, Emgleo Breiz, 2014
Tavarn ar Peoc’h, pièce de Marguerite Siche, Emgleo Breiz, 2014
Pour la jeunesse
Spered an tourtan, conte, Coop Breizh, 2014
Ar Soner hag ar Bleiz, conte mis en musique, TES, 2014
Gwrac’h Enez al Loc’h, conte traditionnel, Coop Breizh, 2006
Sans oublier les innombrables pièces de théâtre en français et en breton, originales ou traduites.
Portrait d’un chanteur / Poltred ur c’haner / Portrèt d’un chantou
Saint-Servais
Krismenn,
l’homme qui écrit
avec ses oreilles
EN SOLO, OU EN DUO AVEC ALEM LE BEAT-BOXER, KRISMENN RENOUVELLE SACRÉMENT LE GENRE DU KAN HA DISKAN,
LE CHANT TRADITIONNEL À DANSER. POUR ÉCRIRE SES CHANSONS, IL S’APPUIE SUR L’ACCENT ET LES SONORITÉS DU
BRETON POPULAIRE DU CENTRE BRETAGNE. CE QUI N’ÉTAIT PAS ÉVIDENT AU DÉPART, CAR LE BRETON N’EST PAS SA
LANGUE MATERNELLE.
« Je suis né en 1981. J’ai eu 20 ans en
2001, comme dit la chanson de Pierre
Bachelet. »
Né à Landerneau, avec des grandsparents originaires de Briec, un grandpère facteur à Paris, puis à Plougastel,
une mère fan de Claude François et de
Brassens qui ne parle pas le breton,
Christophe Le Menn n’était pas forcément
destiné à devenir Krismenn. Le premier
flash survient alors qu’il fait de la voile
à Plougastel et se retrouve envoûté par
le défilé de la Fête des fraises. Branché
batterie, il s’inscrit au bagad local. « Le
bagad, quand on est d’une famille pas
très riche, ça reste l’apprentissage de la
musique le plus abordable. » Christophe
grandit dans une cité HLM, avec sa mère
qui travaille dans une cantine scolaire.
« J’ai toujours chanté. Ma mère aussi. Le
chant en breton, c’est venu avec la vague
bretonne des années quatre-vingt-dix.
Comme beaucoup de jeunes, j’étais fan du
groupe Ar Re Yaouank. Dans la foulée, j’ai
découvert le kan ha diskan, notamment
avec les frères Quéré, et le travail d’Erik
Marchand. J’ai appris le breton, en prenant
des cours au lycée, entre midi et deux.
Fallait vraiment en vouloir ! J’ai continué en fac, et surtout en traînant dans le
kreiz Breizh (centre Bretagne), du côté de
Poullaouen et Plouyé, où j’ai pu rencontrer des chanteurs traditionnels comme
Jean-Yves Le Roux ou Bastien Guern,
mais aussi des jeunes chanteurs comme
Éric Menneteau. » Pour sa deuxième
année de fac, Krismenn part au Québec
et revient un an plus tard, en 2005, pour
passer sa licence de breton et se porter
candidat à la Kreiz Breizh Akademi. Cette
expérience, initiée par Erik Marchand,
conduit à sélectionner des jeunes musiciens pour les former durant deux ans, en
leur faisant côtoyer des grands maîtres
des quatre coins de la planète, comme le
Réunionnais Daniel Waro, Titi Robin, ou
la famille de chanteurs Lela de Permet,
en Albanie. « Une expérience formidable,
bien sûr. Erik Marchand nous a permis de
bénéficier de son parcours exemplaire, de
son carnet d’adresses et de sa connaissance du terrain. Nous étions seize, la
première année. C’est beaucoup, quand
même. Ce n’est sans doute pas un hasard
si, après, j’ai monté un spectacle solo.
J’étais pion et animateur sur Radio Kreiz
Breizh. Je chantais déjà beaucoup en festnoz et j’ai vu que j’avais une trentaine de
dates devant moi. Alors, j’ai décidé de
basculer. Mon ambition était artistique
et humaine avant d’être professionnelle.
Devenu intermittent du spectacle, j’ai
eu envie de proposer quelque chose de
personnel. Au Québec, je m’étais déjà
fortement intéressé à la question des
accents, en écoutant des rappeurs québécois qui assumaient les particularités
de leur langue. Je recherchais la même
chose dans la musicalité de la langue
locale du centre Bretagne. Et puis, quand
j’étais ado, j’écoutais du rap, comme mes
potes de classe. Ça fait aussi partie de
ma culture. » Krismenn a aussi appris à
jouer de la guitare et de la contrebasse, à
manier le loop pour réaliser des boucles
sonores. Il lui semblait que dans son solo,
il manquait un élément rythmique. C’est
alors qu’il tombe sur un phénomène, via
Facebook : Alem, un garçon de 16 ans,
virtuose du human beat box, ce style qui
consiste à reproduire et à inventer des
sons de percussion par la bouche. « J’ai
voulu l’inviter à Fest ar C’han, la fête du
chant de Poullaouen. Il m’a répondu que
sa mère ne voulait pas, parce qu’il devait
passer son bac. » L’année suivante,
Alem sera enfin de la partie, en duo avec
Krismenn, de onze ans son aîné. En
allant le chercher à la gare, Christophe le
prévient : « Je t’emmène dans un endroit
6
Arru eo an aotroù Geravel.
Voici Monsieur de Keravel (Monsieur du Vent).
Se dit quand le vent pénètre dans la maison.
© Gérard Alle
7
à partir du breton local, et si d’autres sonorités, à consonance
un peu bizarre. Tu vas voir des vieux se tenir par la main et
anglophone, peuvent apparaître parfois, c’est parce qu’elles en
danser ensemble. Je ne sais pas comment tu vas prendre ça. Moi,
font partie. Par exemple, c’hoari (jouer) se prononce « rhwaille »
je chante la gavotte. » « Je lui ai chanté un truc dans la voiture.
chez nous, avec une diphtongue, comme en anglais.
C’était complètement exotique, pour lui. » Le public
Du coup je trouve ça intéressant, d’essayer de
est conquis par le duo. Et le duo décide de pour« Il faut des
trouver avec quoi ça rime. Ce n’est pas comme
suivre l’expérience. « En fait, j’avais déjà fait un peu paroles qui collent
de human beat box sur scène, avec Erik Marchand
à la musique de la en français, sur la dernière syllabe. Je travaille
sur l’avant-dernière, où se situe l’accent tonique.
et Éric Menneteau, et j’avais envie de travailler avec
langue. »
Après un rap, des vieux d’ici m’ont dit : C’est bien ;
un bon beat-boxer. » Alem, son vrai prénom, c’est
tu as le même breton que nous. Ça fait plaisir, bien
Maël. Contrairement à Krismenn, il vient d’une
sûr, même si c’est assez fastidieux, pour moi, d’écrire. Mais j’ai
famille de musiciens de la région lyonnaise. Sa mère joue de la
étudié la question du rap dans d’autres langues minoritaires,
cornemuse et sa sœur, de la musique irlandaise. « La musique
et il semble que c’est souvent comme ça. Je prépare un disque
bretonne, il a tout de suite adoré. Et c’est aussi une belle histoire
solo et un spectacle, et ça me demande beaucoup de travail. Je
d’amitié qui a commencé. Je l’ai emmené dans les festoù-noz ;
crois qu’au fil du temps ma façon d’écrire
il s’est inscrit à un stage de chant, avec Erik Marchand. Et j’ai
a changé. Je partais avant tout des sonori- « Après un rap,
proposé qu’on se produise à la Nuit de la gavotte, dont j’étais l’un
tés et je cherchais les mots qui correspon- des vieux m’ont
des organisateurs. Les autres n’étaient pas très chauds. Ils m’ont
daient à la rythmique que j’avais choisie. dit : C’est bien ; tu
dit que des beatboxers, c’était pas traditionnel. Je leur ai répondu
Maintenant, j’ai aussi envie de raconter des as le même breton
que s’ils voulaient revenir à la tradition, il fallait supprimer tous
choses. Je suis plus exigeant. » En tout cas, que nous. »
les sonneurs et les accordéonistes qui étaient programmés. Ils
avec Krismenn et Alem, la scène de fest-noz
ont finalement accepté. » Et le duo a fait un tabac. Au point que
a pris un coup de fouet revigorant. De quoi énerver certains ?
sa réputation s’est répandue comme une traînée de poudre dans
Quand on demande à Krismenn : Et les puristes, ils en pensent
toute la Bretagne. Depuis, Alem est devenu champion de France,
quoi ? Il aime répondre : Les puristes, c’est nous.
puis champion du monde de human beat box, et les dates du
duo, repéré par des tourneurs, s’enchaînent. « J’écris donc en
G.A.
breton, qui n’est pas ma langue maternelle. Depuis que je fais
du rap, j’ai trouvé qu’il était important que j’écrive mes textes,
avec des paroles qui collent à la musique de la langue. Je travaille
Une rencontre entre Paul Wamo, écrivain-slameur kanak, qui était en résidence en Bretagne en avril 2015, organisée par l’association Rhizomes, et Krismenn.
Discographie
Norkst, Kreiz Breizh Akademi # 1, CD Innacor, 2006
An Deirvet, Darhaou, CD autoproduction, 2011
Krismenn, EP, autoproduction, 2011
Kan ha beatbox, Alem & Krismenn, EP, autoproduction, 2015
Portrait d’un photographe/ Poltred ul luc’hskeudenner / Portrèt d’un fotograf
Brest
René Tanguy,
des vagues
dans la forêt, une
forêt de vagues
SI RENÉ TANGUY EST NÉ À LESNEVEN EN 1955, IL EN EST PARTI ASSEZ TÔT POUR SUIVRE SON PÈRE AU FIL DES CHANTIERS
DANS LESQUELS IL TRAVAILLAIT, EN LORRAINE TOUT D’ABORD, PUIS AU GABON DANS LA FORÊT TROPICALE. DE CETTE
ENFANCE, ENTRE BRETAGNE ET VOYAGES LOINTAINS, DÉCOULE NATURELLEMENT SON INSPIRATION DE PHOTOGRAPHE.
ATTACHÉ AUX HISTOIRES, AUX TRACES, IL SUIT AUJOURD’HUI CELLES DE JACK KEROUAC.
de photographes, est venu au moment du
« Au Gabon, j’y suis retourné quarante ans
service militaire. « Je me préparais à faire
après et régulièrement pendant dix ans,
le même métier que mon père, et il y compsur les traces de mon enfance bretonne
tait beaucoup. Mais il a commis une erreur
déracinée. J’aime ça, à travers mes
monumentale : alors que je partais pour un
photos, raconter une histoire. » Sa série
tour du monde à bord de la
Le Chemin de cécité rend
compte de cette quête. On y
« On est sans doute Jeanne-d’Arc, il m’a offert
un appareil photo. C’était
voit des photos d’aujourd’hui
d’un paysage. Moi,
: je ne serais pas
alterner avec des clichés j’en ai deux : la mer et fichu 
électricien. Aux escales
du petit René, à l’époque.
la forêt. »
en Inde, en Afrique, je me
« Mon père, c’est cet étranrégale. Je ressens pour la première fois
ger provisoire, comme je l’appelle. » Dans
cette vibration du reportage. Aller à la
une autre série, intitulée Les Chiens de
rencontre des autres, quand tu as 20 ans,
feu, nom issu d’une traduction littérale
c’est un vrai bonheur ! Depuis, je n’ai fait
du nom de famille Tangi, le photographe
pratiquement que ça : de la photo. J’ai eu
livre une collection de photos qui reconscette chance. » L’apprentissage de René
titue l’histoire familiale. « Ce travail autoTanguy passe par une solide formation à
biographique s’inscrit dans une tradition
Marseille, où s’était ouvert un cycle univerfrançaise, avec des gens comme Plossu ou
sitaire consacré à la photo, orchestré par
Denis Roche. » René, en fait, a de qui tenir,
de vrais militants de l’image. « Nous avions
y compris dans sa famille. Il a hérité des
des super profs, des intervenants comme
appareils de son grand-père, corresponWilly Ronnis ou Roland Barthes. En fait,
dant du journal Ouest-France à Lesneven,
j’ai pu alterner au cours de ma carrière
et son père voyageur, lorsqu’il était très
travail de commande et travail personnel.
loin, envoyait ses Kodachromes, qui
Mais ce dernier, ce n’est qu’à l’âge de 43 ans
maintenaient le lien. « À 12 ans, 13 ans, je
que j’ai cessé de le garder secret. » Au
maniais déjà la photo. J’ai un fils qui perpécours de toutes ces pérégrinations, René
tue la tradition familiale, toujours accomTanguy n’a jamais perdu le contact avec
pagné de son Leica. Mon autre fils aussi. »
la Bretagne et avec Brest. « Je m’intéresse
Le premier déclic, comme pour beaucoup
8
beaucoup à ces questions de territoire. J’ai
des racines, mais pas que. Aujourd’hui,
je vis à mi-temps entre Brest et Paris. En
fait, je ne peux rester qu’un temps limité
quelque part. Quinze jours, c’est le maximum. Même si j’aime les gens d’ici et si j’ai
une affection particulière pour ce pays,
j’ai toujours la bougeotte et je recherche
de nouvelles rencontres ailleurs, si c’est
possible. » Parmi les territoires explorés
par René Tanguy, il y a Valparaiso, sur la
trace du photographe Sergio Larrain et de
l’écrivain Pablo Neruda, un travail qui va se
poursuivre, grâce à une bourse octroyée
© René Tanguy
Me zo santimantet ha n’em zizantimantin ket.
J’ai l’intention de le faire et je ne quitterai pas cette intention (à dire plusieurs fois…).
9
© René Tanguy
par le Salon de la photo de mer, à Vannes. D’autres projets
affleurent, en Algérie, en Afrique, « où la forêt de mon enfance est
pour moi l’équivalent de la mer en Bretagne. On est sans doute
d’un paysage. Moi, j’en ai deux : la mer et la forêt. À côté, je suis
une formation à l’écriture du film documentaire, et j’espère m’y
mettre bientôt. »
René s’intéresse aussi à Jack Kerouac. Il a suivi le travail d’Hervé
Quéméner sur Kerouac et la Bretagne et rencontré son ami Youenn
Gwernig. Il étudie aujourd’hui la correspondance entre les deux
hommes. Il est également allé sur ses traces, aux États-Unis, en
Bibliographie L’Étranger provisoire, Filigranes Éditions, 1998
Hommes de mer, Images en manœuvre, 2002
Les Chiens de feu, catalogue d’exposition, 2002
Le Chemin de cécité, Filigranes Éditions, 2009
L’Art de la mer, Nathan, 2009
Le Chat de Barcelone, catalogue d’exposition collective, 2010
Bretagne, à New York, en Gaspésie, et en Floride, où il est enterré.
« Kerouac, bien sûr, est un auteur culte pour les gens de ma génération. C’est aussi quelqu’un qui cherche ses racines. C’est aussi
l’histoire d’une amitié entre deux hommes, Jack et Youenn, et
celle de la désespérance de Kerouac. J’ai quelques pistes, mais je
cherche toujours un éditeur. » Un livre avec des photographies,
des lettres, des objets, des lieux, des traces, là encore, avec toute
leur force d’évocation poétique.
G.A.
Ailleurs c’est ici / Amañ hag ahont / Âyou s’ée issi
La Finlande, pays
de lecteurs
LES JEUNES FINLANDAIS SONT CLASSÉS AU PREMIER RANG DES LECTEURS DES PAYS DE L’OCDE. LA FINLANDE EST
AUSSI UN PAYS OÙ L’ON IMPRIME UNE GRANDE QUANTITÉ DE LIVRES, AUSSI BIEN EN FINNOIS QU’EN SUÉDOIS, LES
DEUX LANGUES OFFICIELLES DU PAYS. LA LITTÉRATURE DE LA MINORITÉ SAMIE CONNAÎT ÉGALEMENT UNE VITALITÉ
GRANDISSANTE. SOUVENT MONTRÉE EN EXEMPLE, LA FINLANDE EST UN PETIT PAYS QUI COMPTE BEAUCOUP DE LECTEURS
ET D’AUTEURS, UN RÉSEAU DE BIBLIOTHÈQUES MODERNE ET TRÈS FRÉQUENTÉ. AUTRE PARTICULARITÉ : LES AUTEURS
Y SONT SUBVENTIONNÉS.
le groupe Elisa. Malgré la crise, malgré la bataille menée par les
Les cercles de lecture, les médias sociaux et les blogs littéraires sont
divers opérateurs pour capter le temps libre et le fait que la lecture
très populaires en Finlande. Et la littérature est devenue un lien de
soit une activité chronophage, les ventes d’œuvres littéraires n’ont
complicité entre les Finlandais. Environ 70 % des parents lisent des
pas baissé durant les années 2000. Ce n’est qu’en 2010 que les statislivres à haute voix à leurs enfants. Les récentes études placent les
tiques montrent pour la première fois une nette baisse, de plus de
écoliers finlandais parmi les lecteurs les plus assidus. Un Finlandais
10 %, dans les ventes de littérature. Le livre, publié traditionnellesur trois lit une œuvre de littérature chaque mois, un chiffre lui aussi
ment au format relié avec couverture cartonnée, a conservé sa place
impressionnant. Le livre électronique connaît également une forte
en tant que cadeau apprécié, en dépit de l’expansion du marché du
croissance en Finlande, où éditeurs et libraires sont très investis
livre de poche, très récente en Finlande.
dans ce domaine, mais aussi des opérateurs téléphoniques comme
Les bibliothèques Les bibliothèques de Finlande sont souvent citées en exemple. Lieux de convivialité et de création, elles n’ont pas peur
des jeunes et satisfont les anciens. Leurs horaires d’ouverture sont plus importants qu’en France et tiennent compte de
cette diversité des publics. Elles sont très fréquentées, interactives et innovantes.
67 % des Finlandais fréquenteraient une
bibliothèque (contre 26 % en France). Les
bibliothèques finlandaises annonçaient,
en 2011, une moyenne de 18 emprunts
par usager dans les bibliothèques municipales, et 84 téléchargements par usager
dans les bibliothèques universitaires.
Toutes les bibliothèques y sont entièrement
gratuites. Elles ont la plupart du temps
supprimé les banques de renseignements,
demandant aux professionnels de parcourir
les collections et de proposer de manière
proactive leur aide et un accès aux services.
Parmi ces derniers, le programme Reading
Education Assistant Dogs aide les
enfants en difficulté avec la lecture en leur
proposant de lire une histoire à un chien.
Pour les auteurs aussi, les bibliothèques
jouent un grand rôle, car, pour beaucoup
d’entre eux les redevances au titre du droit
de prêt constituent une source de revenus
essentielle.
À Helsinki, une toute nouvelle bibliothèque centrale ouvrira dans un quartier
où se trouvent de nombreux musées, ainsi
que le Parlement. Les travaux commenceront à l’automne 2016 pour une inauguration programmée en 2018, année
du centenaire de l’indépendance finlandaise. Le rez-de-chaussée, plus bruyant,
sera réservé aux espaces de rencontres,
aux animations, avec un café-restaurant,
un amphithéâtre, etc. Le premier étage est
défini comme « une forge où les idées et
les compétences prennent vie » (studios
d’enregistrement, salles de jeux, un
makerspace et un living lab, une cuisine,
et des espaces modulables pouvant accueillir des ateliers, des réunions, sans oublier,
puisqu’on est en Finlande, le sauna !). Le
second étage accueille les lieux plus traditionnels de lecture, de calme, de réflexion
et de contemplation, avec un autre café, un
balcon, une vue sur la ville.
L’édition
Bertolt Brecht disait que les Finlandais se taisent en deux langues. En tout cas, ils écrivent en trois langues – finnois,
suédois et sami – et le nombre total de titres publiés est impressionnant. Pour faire mentir Brecht, ce sont entre 13 000 et
14 000 livres qui paraissent chaque année, dont environ 4 500 nouveaux titres.
En Finlande, l’édition est avant tout concentrée entre les mains
de la société WSOY et de ses filiales. L’année 2010 a vu l’apparition d’un nouvel acteur, avec la création par douze auteurs de
romans policiers de la société coopérative d’édition CrimeTime.
L’édition est essentiellement le fait de sociétés finlandaises.
À signaler, la place qu’occupent les ouvrages concernant la
nature, la botanique ou l’ornithologie dans les meilleures ventes.
Si l’on excepte la littérature jeunesse, la plupart des livres
proviennent d’auteurs finlandais. La littérature traduite en suédois
est constituée essentiellement de livres d’auteurs finlandais
traduits du finnois, en copublication avec des éditeurs suédois. Après une hausse constante dans les années 1990, les ventes
de livres se sont stabilisées en 2000, atteignant 20,5 millions
d’exemplaires. Pour le secteur du livre, le numérique est souvent
présenté comme une chance, à même de permettre au plus grand
nombre d’accéder à la littérature. Il est vrai que le libre accès à la
connaissance est un des principes fondateurs de la politique culturelle du pays, axée, comme dans la plupart des pays nordiques, sur
l’égalité des chances. Ces dernières années ont vu la création en
Finlande de nombreuses petites maisons d’édition qui se spécialisent dans la littérature et les œuvres non fictionnelles finlandaises, et publient parfois aussi des traductions. La Finlande a
vu naître des agences pour la vente des droits de traduction des
auteurs finlandais à l’étranger, en lieu et place des éditeurs qui se
chargeaient habituellement de la gestion des droits.
10
La littérature finlandaise aujourd’hui
La génération d’auteurs nés dans les années 1970 et 1980 a bénéficié d’une ouverture du pays vers l’extérieur. Malgré sa
précarité, le métier d’écrivain jouit traditionnellement en Finlande d’un statut élevé. Des aides y sont accordées aux auteurs,
sous la forme de bourses dont la durée peut varier de six mois à cinq ans.
La littérature finlandaise soutient sans difficulté la comparaison
avec celles d’autres pays, bien que son histoire soit relativement
jeune. La production de l’écrivain national Aleksis Kivi, le premier
maître de la prose d’expression finnoise, date de la seconde moitié
du XIXe siècle. C’est en 1835 que paraît Le Kalevala, l’épopée
nationale, qui continue d’influer fortement sur l’imaginaire collectif des Finlandais. Le roman d’Aleksis Kivi Les Sept Frères – basé
sur les contradictions entre la ville et la campagne, la primitivité et
la civilisation – reste l’œuvre préférée et le modèle de nombreux
écrivains finlandais. En France, l’auteur le plus connu est sans
doute Arto Paasilinna, avec notamment Le Lièvre de Vatanen et
Le Meunier hurlant. Mais les plus grosses ventes en Finlande sont
réalisées par les romans policiers (Matti Yrjänä Joensuu, Leena
Lehtolainen), les thrillers (Ilkka Remes), les sagas familiales (Laila
Hietamies) ou les romans sur des femmes jeunes du milieu urbain
(Katja Kallio).
Dans les années d’après-guerre, quand le pays a connu une phase
de croissance, la littérature a joué un rôle important pour l’unité
nationale. Sinouhé l’Égyptien, de Mika Waltari, bien que situé dans
le passé, est considéré comme une bonne description du climat
intellectuel de l’époque. Puhdistus (Purge), de Sofi Oksanen, situe
son action entre Finlande et Estonie, dans les remous de l’histoire
européenne récente.
L’un des traits communs qui caractérisent de façon très marquée
la littérature des dernières années est l’ouverture vers l’étranger et
la facilité avec laquelle les jeunes auteurs vont d’un pays et d’une
culture à l’autre. C’est le cas pour Elina Hirvonen, Katri Lipson,
Miika Nousiainen, Johanna Sinisalo ou encore Kristina Carlson,
avec Le Jardinier de M. Darwin. Les voix d’auteurs issus de l’immigration commencent aussi à se faire entendre, comme c’est le
cas avec Anja Snellman, qui a écrit un roman sur les jeunes filles
musulmanes en Finlande, Parvekejumala (Les Dieux du balcon).
Littérature samie
11
Les deux tiers de la population samie, estimée à 70 000 personnes, vivent au-delà
du cercle polaire arctique, en Russie, en
Suède, en Finlande, et majoritairement en
Norvège. La littérature samie est en général très récente, même si son acte de naissance remonte à 1910, avec la publication
par le chasseur de loups Johan Turi du
Récit de la vie des Lapons, édité en français par François Maspero en 1974. L’essor
de la littérature samie est directement lié à
la reconnaissance des Samis comme une
population indigène par la Norvège, ce qui
n’empêche pas leur langue d’être en péril.
La littérature samie a partie liée avec le jojk
(prononcer yoïk), des chants issus de la
tradition chamanique. Ceux-là demandent
des aptitudes vocales particulières et
une grande coordination de la part des
participants.
L’un des principaux auteurs samis contemporains, Rauni Magga Lukkari, n’écrit pas
de jojk, mais de la poésie. Elle a la chance
d’appartenir à la communauté des Samis
du Nord, la plus importante avec 25 000
personnes. Cependant, un « best-seller »
en sami peine à atteindre un tirage de 300
exemplaires.
En Finlande, les Samis sont plus pauvres
que la majorité des Finlandais. Depuis
1993, le sami y a obtenu le statut de langue
maternelle. Il est enseigné dans la presque
totalité des écoles de la région samie. En
littérature samie de Finlande, l’accent est
mis sur le réalisme et la nécessité d’associer la lutte pour la langue et le style de
vie. Une vingtaine de nouveaux titres
paraissent chaque année. Il n’existe qu’un
seul éditeur et peu de troupes théâtrales
professionnelles, mais des troupes norvégiennes entreprennent des tournées. La
tradition orale persiste, mais subit des
changements rapides avec la modernisation de la société traditionnelle.
G.A.
Le livre en Finlande
Superficie : 338 541 km²
Nombre de titres publiés par an : 13 500
dont nouveautés : 85 %
Population en 2010 : 5,37 millions
Pas de prix fixe pour les livres imprimés et les livres
numériques
Capitale : Helsinki
Langues officielles : finnois et suédois
(91 % et 5,4 % en 2010)
TVA sur le livre en 2010 : imprimé 9 % – numérique 23 %
PIB/habitant : 32 025 €e
Chiffre d’affaires total de l’édition (HT) : 410 M€e
Nombre de maisons d’édition : 300
dont membres de l’association des éditeurs : 103
Répartition des ventes par secteur
Autres éditions numériques,
CD, etc. : 1 %
© edweerdt
Enfance
et jeunesse : 15 %
Salon du livre :
Salon du livre d’Helsinki, tous les ans, en octobre
Nombre de librairies : 287
Droits cédés du français vers le finnois en 2009 : 100
Répartition des ventes par canal de distribution
Éditions numériques
en ligne : 3 %
Manuels scolaires : 25 %
Ventes
directes
Librairies
(Internet, etc.)
22 %
Fiction : 16 %
Livres
universitaires : 6 %
Non-fiction : 34 %
*Toutes les données concernent l’année 2009, sauf si précisé autrement.
30 %
Grands magasins,
kiosques
44 %
Le livre en région / Al levrioù er rannvroioù / Le livr den la contrée
CRL Midi-Pyrénées
Proposer une autre
forme de soutien à la
filière du livre
Le Salon du livre de Toulouse ne s’est pas
tenu cette année. Laurent Sterna, directeur du Centre régional des Lettres MidiPyrénées, qui en était l’organisateur, s’en
explique : « Depuis la crise de 2008, l’économie du livre souffre, particulièrement en
France. En Midi-Pyrénées, par exemple,
le solde est négatif entre les fermetures et
les ouvertures de librairies. De plus, nous
n’avions pas le sentiment de répondre
à une carence de manifestation dans la
région. Aussi, il convenait de proposer
une autre forme de soutien à la filière et
à l’économie du livre, pour une meilleure
efficacité. » Le fait que le Centre national du livre ait annoncé, en octobre 2013,
qu’il était prêt à conventionner avec les
régions qui le souhaitaient y est, semblet-il, pour quelque chose. « Cette nouvelle
forme de soutien, un contrat de filière du
livre, touche l’économie, mais aussi la vie
littéraire et la lecture publique. Il a été
proposé au CRL, à la Drac et au conseil
régional de travailler avec l’interprofession. » Un accord-cadre a ainsi été voté
le 18 décembre 2014. Nouvelle en MidiPyrénées, cette politique dénote une prise
de conscience de l’urgence de ce soutien
et une approche différente de la filière
du livre. « Elle s’appuie sur nos études et
débouche sur la signature d’un contrat de
filière qui détermine et définit les modes
de soutien aux libraires, aux auteurs et
à l’édition indépendante sur des crédits
nouveaux. C’est à souligner dans une
période de rétractation des financements
publics. »
Au sujet de ces moyens, rien n’est encore
officiel, mais le CRL espère un montant
annuel de 200 000 à 300 000 euros. Pour
Laurent Sterna, « il s’agit de compléter une
vision traditionnelle du soutien au livre,
qui reste nécessaire, en étant plus incisif
sur l’économie du livre et les industries
culturelles, aujourd’hui particulièrement
fragiles. Il y a une légitimité à soutenir ces
gens-là, parce qu’ils remplissent indirectement des missions de service public :
la promotion de la diversité culturelle, la
création et la diffusion. Un rôle d’aménagement du territoire et de lien social. Les
régions ont des politiques d’aide à la filière
agroalimentaire ou à la filière bois ; pourquoi pas à la filière du livre ? »
Dans une logique de préfiguration au
contrat de filière, le conseil régional
Le Centre régional des Lettres
Midi-Pyrénées finance une campagne de
promotion de la filière du livre, axée sur un
discours citoyen volontariste, marqué par
le slogan : « Aux livres, citoyens », soutenons les métiers du livre, lisons ! « Par
ailleurs, en partenariat avec la BnF, nous
sommes devenus un “pôle associé pour
le patrimoine écrit”. Nous projetons la
construction d’un portail numérique régional du patrimoine écrit, d’un programme
numérique de valorisation, et d’un plan
pluriannuel de numérisation. Et cela, en
grande partie sur fonds européens. » Ce
projet représente entre 600 000 et 800 000
euros d’investissement sur cinq ans. Avec
ces nouvelles avancées et les fonds dégagés sur la partie non commerciale du
livre, Laurent Sterna espère conforter le
CRL en tant qu’animateur de l’ensemble
de la filière du livre en Midi-Pyrénées.
« Notre rôle est aussi de proposer à nos
tutelles des politiques adaptées à la réalité
économique et sociale qui nous entoure
aujourd’hui. »
> www.crl-midipyrenees.fr
L’informatisation
des
librairies
(25 k€)
Budget :
880 000 e
Subventionne :
7 agents
mis à
disposition
par
la Région
12
Des
bourses
d’écriture
(56 k€)
Des
aides à
l’édition
(130 k€)
La
numérisation
de fonds
anciens
(107 k€)
Montauban
Midi-Pyrénées
Lettres d’automne
13
L’association Confluences, créée par Maurice Petit en 1990, organise différentes manifestations littéraires au cours de l’année,
avec comme point d’orgue le festival littéraire Lettres d’Automne,
qui se déroule fin novembre à Montauban et dans le Tarn-etGaronne. Le programme du festival est bâti autour de l’œuvre et
du parcours de l’écrivain invité principal. Une carte blanche lui est
offerte, qui lui permet de s’entourer d’écrivains et d’artistes de son
choix (écrivains, illustrateurs, musiciens, comédiens, plasticiens,
etc.). Ainsi se dessine le portrait d’une œuvre à travers son auteur,
mais aussi celui de ses amitiés, de ses admirations. Lydie Salvayre,
invitée en 2008, ne cache pas son enthousiasme pour cette recette
qui a fait ses preuves : « Ce que je retiens de ces Lettres d’Automne
encore vives en moi, c’est l’accueil exceptionnel qui me fut fait,
un accueil comme je n’en avais encore jamais rencontré dans de
semblables circonstances ; c’est la mobilisation enthousiaste de
toute une ville ; c’est la fréquentation inouïe de toutes ces manifestations, ce sont toutes les rencontres que je fis et toutes les
émotions qui me traversèrent, qui, elles, ne se chiffrent pas, mais
demeurent inoubliables. »
Lettres d’Automne donne lieu à des rencontres littéraires, des
lectures à voix haute, des spectacles, des concerts, des expositions, des projections. Un thème choisi par l’invité principal
inspire la programmation en direction du jeune public, qui est très
importante, quand on sait que, sur 25 000 spectateurs, on compte à
peu près 5 000 scolaires. C’est aussi un moyen de fédérer les partenaires et d’assurer la cohésion de l’ensemble des propositions
littéraires et artistiques de la manifestation.
L’équipe du festival a, bien sûr, le souci d’organiser de nombreux
moments conviviaux, à même de faciliter le partage et la rencontre
entre les invités et le public. Un aspect que soulignait Alberto
Manguel, invité en 2006 : « Ces Lettres d’Automne ont été pour moi
deux semaines de fête : révélation, dialogue, amitiés, et le sentiment de partager quelque chose de l’autre côté de la page. »
Les dernières éditions ont été consacrées à Jacques Lacarrière
(2002), Nancy Huston (2003), Jean-Pierre Siméon (2004), Alberto
Manguel (2006), Enzo Cormann (2007), Lydie Salvayre (2008),
Sylvie Germain (2009), Alberto Ruy-Sánchez (2010), Vénus
Khoury-Ghata (2011), Jeanne Benameur (2012), Albert Camus
(2013), Hubert Haddad (2014).
En 2015, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire, l’écrivain
invité sera Agnès Desarthe.
3 millions d’habitants
(65 hab/km2, contre 119 pour la Bretagne)
Une grande ville : Toulouse
(450 000 habitants)
Des villes moyennes : Foix, Rodez,
Auch, Cahors, Tarbes, Albi, Montauban
Une ruralité importante, ainsi que des
zones de montagne : Midi-Pyrénées
est la région la plus étendue de la
métropole.
105 librairies indépendantes
Une centaine d’éditeurs
(plus de 9 000 emplois)
anifestations littéraires
17 msoutenues
par la Région
117 médiathèques
160
auteurs répertoriés
(répertoire en cours)
Langue d’oc
> www.confluences.org
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© Lettres d’automne
Les dossiers concernant l’occitan sont traités au même titre que
ceux en langue française (bourses d’écriture, aide à l’édition, aide
à la mobilité des éditeurs sur les salons). En 2014, une bourse a été
accordée pour un projet d’écriture dramatique occitan/français.
Par ailleurs, le CRL met en œuvre chaque année un cycle interprofessionnel intitulé « La fabrique éditoriale : des visages, des
figures ». C’est l’occasion pour l’ABF Midi-Pyrénées et le CRL d’organiser une journée d’information destinée aux bibliothécaires,
éditeurs et libraires autour d’un champ éditorial. L’objectif est
de faire connaître les maisons d’édition et structures éditoriales
de la région. Les éditeurs, présents toute la journée sont invités,
l’après-midi, à parler de leur catalogue. Les rencontres entre les
professionnels du livre et de la lecture en région Midi-Pyrénées
sont ainsi favorisées, ainsi que les différentes actions et initiatives,
dans et hors région, autour du champ éditorial choisi. En 2014, le
thème était « L’occitan, où en est-on ? ». Le 13 octobre, vingt-six
bibliothécaires et libraires ont pu, en découvrant les catalogues
de quatre maisons d’édition occitanes de Midi-Pyrénées, se familiariser avec la culture et la langue occitane ou en approfondir leur
connaissance.
Dossier
An teuliad
La cadèrnn
réalisé par Gérard Alle
La création
en langue
bretonne
UNE LANGUE QUI NE CRÉE PAS EST UNE LANGUE QUI MEURT, ENTEND-ON SOUVENT. VUE DE LA STRATOSPHÈRE, LA
CRÉATION EN LANGUE BRETONNE PEUT PARAÎTRE EN BONNE SANTÉ, PUISQU’ELLE TOUCHE TOUS LES DOMAINES
ARTISTIQUES, QU’ELLE EST PORTÉE PAR DES ARTISTES DE GRANDE QUALITÉ ET RECONNUS, PARCE QUE LA RELÈVE
SEMBLE ASSURÉE, GRÂCE AUX FILIÈRES D’ENSEIGNEMENT BILINGUE OU EN IMMERSION. LORSQU’ON DESCEND SUR
TERRE, ON S’APERÇOIT RAPIDEMENT QUE C’EST PLUS COMPLIQUÉ. LE TISSU, QUI PRÉSENTE DE TRÈS BELLES PIÈCES,
PARAÎT AUSSI SE DISTENDRE OU S’EFFILOCHER PAR ENDROITS. ON RACCOMMODE OU ON DÉLAISSE, ET PARFOIS,
RACCOMMODER NE SUFFIT PAS.
Bien sûr, le nombre de locuteurs natifs baisse inexorablement. Le niveau de la langue faiblit et elle perd la musicalité de la langue populaire. En découlent une certaine
nostalgie et le cortège de maladies qu’elle occasionne :
fatalisme et mauvaise foi en tête. Par exemple, les intellectuels qui ont réussi leur ascension dans la société
française après avoir abandonné leur langue maternelle
vous diront que le vrai breton est celui de leur mère, que le
breton standardisé est contre nature, voire que le breton
n’est qu’une langue de l’oralité. Certes, il reste le génie de
la gwerz, cette complainte populaire que l’Europe découvrit au XIXe siècle, grâce au Barzaz Breiz. Certes, il y a
le foisonnement des contes, des légendes. Certes, il y eut
les « mystères », ces pièces de théâtre populaire. Certes,
il y eut la transmission orale. Mais on oublie un peu vite
que le breton était écrit avant le français, que le premier
dictionnaire français, publié en 1464 – le Catholicon de
Jehan Lagadeuc – était trilingue breton-latin-français, que
La Passion et la Résurrection bretonnes de 1530 fut composé dans un breton compréhensible dans toute la basse
Bretagne et d’une qualité littéraire exceptionnelle.
Du passé, ne faisons pas table rase. Mais acceptons quand
même de regarder le présent et essayons d’imaginer un
avenir pour la création en langue bretonne. Le dossier qui
suit ne saurait être exhaustif. Il repose même sur un parti
pris : interroger des personnes qui font vivre aujourd’hui la
littérature, le théâtre, le cinéma ou la chanson en breton.
Elles disent leur plaisir, leurs doutes, leurs douleurs, leurs
envies. Et leur désir, bien souvent, de sortir du discours
militant ou victimaire, pour aller de l’avant, parce que cette
langue, elles l’ont dans les tripes et dans le cœur. Regard
original posé sur le monde, elles savent que le breton, loin
d’être leur objet, appartient à toute l’humanité et qu’il doit
se frotter au monde.
14
Evelato, pa dremenan e karrhent ar gwezvoud, poan am-eus kredi n’emañ ket anal
Lotea e frond ar bleuniou hag he mouez e boud an êzenn pa glevan bep gwech ar
homzou a lavare din, p’edo harpet ouz man ar hleuz, en he hent diweza: Ne zigor ket
bleuniou e geot ar Werhez
Cependant, quand je passe dans le chemin du chèvrefeuille, j’ai du mal à croire que
le souffle de Lotea n’est pas dans le parfum des fleurs et sa voix dans l’existence de la
vapeur, alors que j’entends toujours les mots qu’elle me disait, appuyée contre la mousse
du talus, en sa dernière route : il ne s’ouvre pas de fleur en l’herbe de la Vierge
Jakez Riou, Geotenn ar Werc’hez (stellaire holostée, Stellaria holostea)
Le Guilvinec
Annie Coz : retour de flamme
15
elle a décidé d’envoyer une nouvelle pour un concours. Sans trop
Née en 1945 dans une famille pauvre du Pays bigouden, bretony croire. Et elle a gagné. De quoi la pousser à écrire un recueil. Il
nante de naissance dont la mère était monolingue, Annie Coz fait
est sorti en 2014 sous le titre de Bili er mor. Annie Coz a retrouvé
partie de ceux qui ont d’abord tourné le dos à la langue bretonne.
sa langue maternelle et ne l’a pas laissée l’entraîner vers le gouffre
« J’ai trahi ma langue maternelle. Mais est-ce qu’on ne trahit pas
des souvenirs enfouis. Elle leur a préféré la lumière du lendemain.
toujours, d’une façon ou d’une autre ? J’ai refusé le breton, parce
Du coup, c’est elle tout entière qui semble avoir renoué avec la
que ce n’était pas seulement une langue, pour moi. Je l’identifiais
fraîcheur de l’adolescence. Un regret ? « J’aimerais m’immerger
à l’image de ma mère : une Bigoudène en costume de paysanne,
complètement dans cette langue bretonne. Malheureusement,
avec toutes ces couches d’habits, je voyais ça comme la négation
comme il n’y a pas assez de production littéraire, je m’assèche. Il
du corps et de l’identité de la femme. Je pensais que le breton
y a eu une rupture. Pas seulement dans ma vie. Et on ne peut pas
m’empêcherait de m’épanouir. »
recoller totalement les morceaux. »
Annie va devenir prof d’allemand et s’intéresser à d’autres
Au Goéland Masqué, le salon de Penmarc’h auquel elle était invilangues, comme pour remplir un vide. « J’ai quand même épousé
tée, Annie était ravie d’aller parler allemand avec un auteur autriun militant de la langue bretonne, comme par hasard. Il voulait
chien. Une langue qu’elle ne pratique plus beaucoup depuis son
qu’on élève notre fille en breton, mais je ne voulais pas. Quand
départ à la retraite. Mais arrivée face au romancier, aucun mot
elle a eu 6 ans, elle nous entendait parler breton entre nous, dans
ne parvenait à sortir de sa bouche. Comme si l’alla famille, et elle nous a reproché de ne pas le lui
« Une langue, quelle lemand, langue de substitution durant des années,
avoir transmis. Alors, mon mari, qui est un répuqu’elle soit, doit être chassé à son tour par le breton, n’avait plus sa
blicain convaincu, a considéré que la République
lui devait des comptes et il s’est battu pour créer malmenée, si on veut place ? Curieux exercice de chaises musicales…
une filière bilingue dans l’Éducation nationale, à exprimer les choses. » « Le français fait tellement partie de moi, maintenant, que je n’arriverai jamais à exprimer les choses
Rennes. À partir de là, ça a commencé à faire son
aussi facilement en breton. Pourtant, c’est en breton que j’ai envie
chemin, dans ma tête. »
d’écrire. Et si, à un moment donné, je ne trouve pas les mots, j’inLors de son départ à la retraite, Annie annonce à ses collègues
venterai des sons, peut-être… »
étonnés qu’elle va en profiter pour étudier le breton. « J’ai appris à
le lire très vite. Pour l’écrire, ça a été un peu plus long. Mais je n’ai
jamais eu le moindre problème pour faire le lien entre la langue
écrite et mon dialecte bigouden. Je ne comprends pas qu’on fasse
toute une affaire des variantes locales du breton : dans toutes les
langues il y a des variantes, ça n’empêche pas de se comprendre.
Pour m’entraîner, j’ai commencé à écrire des petites histoires, en
faisant remonter des émotions de l’enfance et le vocabulaire qui
va avec. J’ai écrit pour moi, au départ. Et puis j’ai eu envie d’amener mon breton jusqu’à aujourd’hui, d’obliger la langue à combler
le vide entre les deux, à aller dans les interstices, là où la langue de
ma mère ne serait pas allée. Sinon, il y a beaucoup de souvenirs,
forcément. La mémoire. Le passé. Il y a des gens qui ne sortent
jamais de ça. Une langue, quelle qu’elle soit, doit être malmenée,
si on veut exprimer les choses. Par exemple, je n’arrive pas à lire
Pierre-Jakez Hélias. C’est étrange, il parle de mon monde et pourtant, c’est lisse, ça ne ressemble pas à la chair de ce monde-là. »
Le breton d’Annie parle du corps, il parle d’amour, il parle du
trou dans le fond du jardin, il parle de sexe autrement que de la
manière triviale des hommes, il épouse la voix d’une ado qui perd
© Gérard Alle
sa virginité, il va vers les sentiments rarement exprimés. Un jour,
Annie Coz, Billi er mor, éditions Skol Vreizh, 2014, prix de la meilleure œuvre de fiction (Prizioù FR3 et Ofis publik ar brezhoneg)
Mahalon
Aziliz Bourgès :
la fille du saumon revient à la source
© Aziliz Bourgès
Aziliz Bourgès est née dans la région de Guingamp. À la maison,
sa maman lui parlait en breton et son père en français. Petite,
elle croyait qu’il fallait toujours traduire, parler deux langues,
que c’était comme ça. Voilà donc une bretonnante de naissance,
dans une génération où ce n’est pas très courant. « Quand j’ai eu
5-6 ans, j’ai demandé à ma mère qu’elle arrête de me parler en
breton. Faut dire que c’était pas facile d’être à l’école à Bourbriac,
avec un prénom à la con, quand les copines s’appellent Vanessa ou
Jennifer ! »
Dès l’enfance, Aziliz adore écouter la radio. France Inter, France
Musique… Elle s’amuse à faire des interviews. À force d’entendre
des gens de lettres, elle se voit bien devenir écrivain. Le breton lui
échappe. À 16 ans, elle écrit un roman en français et l’envoie à tous
les grands éditeurs. « Ça me faisait bicher de recevoir des réponses
avec les en-têtes de maisons prestigieuses. » Elle attendra la fac
pour apprendre à écrire dans sa langue maternelle. « J’ai vécu une
adolescence sereine, sans le breton. Mais derrière, il était là, et
ça a été plus fort que moi : en trois mois de cours au lycée, c’est
revenu. Je suis toujours un peu gênée par la relation à la langue
écrite, le fait qu’on regarde si c’est écrit correctement. Ma parade,
c’est la poésie. Là, j’ai l’impression de parler, pas d’écrire. »
Devenue comédienne et scénariste, auteure de théâtre, Aziliz
Bourgès vit une relation apaisée avec le breton. « Même si ce
n’est pas facile, la transmission. Je parle breton à mes enfants,
parce que mon compagnon, qui n’est pas bretonnant, m’a poussée à le faire. Quand les gens se plaignent que leur mère ne leur
travaille sur l’écriture d’un nouveau spectacle, Merc’h an Eog (La
a pas parlé breton, ça me gave. Je ne veux pas participer à cette
Fille du saumon), avec l’écrivain gallois Owen Martel. Une vérisorte de psychothérapie de groupe ! Que la peau de mon âme soit
table tour de Babel des langues, puisqu’on y trouvera du breton,
damnée si le sursaut poétique dont nous parlons parfois avec mes
de l’anglais, du français, du créole, du gallois. « À travers le voyage
compagnons de théâtre ne nous sauve pas de cette chose ! On
intérieur d’une jeune fille de retour dans son pays de Galles natal,
dirait que personne ne se demande si quelqu’un qui parle breton ne
on explore nos rapports aux origines. Pourquoi je me suis longserait pas simplement comme les autres, heureux
temps sentie “de Bourbriac”, alors que j’en suis
« Je parle donc
de parler, même en breton, d’une foultitude de
partie à l’âge de 7 ans ? Et pourquoi peut-on avoir
anormalement deux envie de partir ? Ou de rester ? Pourquoi peutchoses intéressantes. Je parle donc anormalement
langues dans une
deux langues dans une société monolingue. L’une
on se sentir en exil chez soi ? Je crois aussi que
est conçue comme la légitime, l’autre au mieux société monolingue. » quelqu’un des Caraïbes peut retrouver toute son
comme la trace d’un monde qui n’est plus, au pire
île natale dans le parfum d’une tasse de café. La
comme la manifestation agaçante d’un particularisme. Ma pensée
fille du saumon, c’est une référence aux Mabinogion, les contes
va à tous les autres bilingues de France qui vivent plus durement
fantastiques gallois que je lis à mes enfants. Avec le personnage
encore cette situation. Je devrais donc me résoudre soit à vivre
de Taliesin, cette préfiguration de l’homme augmenté dont la
uniquement au contact de brittophones et à pratiquer une affinité
dernière métamorphose est celle du saumon. Le saumon qui
élective à travers le seul prisme de la langue – ce qui est contre
revient toujours vers le lieu où il est né. On écrit la structure
ma curiosité naturelle – soit à continuer à entendre des commendramatique ensemble. J’écris en breton, en m’appuyant sur la
taires sur quelque chose qui ne regarde que moi, après tout, et mes
structure de la langue galloise. Le français et l’anglais y jouent
enfants, peut-être. »
des rôles de langues du mainstream, mais il n’y a aucun point de
vue idéologique là-dedans. J’ai appris l’espagnol par amour. Mon
Auteure d’un roman en breton, An Dioul ouz taol (Le Diable
anglais me sert d’outil. Je chante en italien, et j’essaye d’apprendre
à table), inspiré de la légende de la ville d’Ys, Aziliz Bourgès se
d’oreille des bribes de gallois. J’aime ce mélange des langues et je
régale à alimenter son blog de poésie, de théâtre, de projets, de
crois qu’on pourrait vivre comme ça, en parlant plusieurs langues,
toutes choses qui peuvent lui plaire et lui parler. Son travail sur
bien ou mal, peu importe, elles se compléteraient. Quand on
Lan Vras, le long métrage en breton de Soazig Danielou, lui a
est bilingue, on peut lire des poèmes dans des idiomes que l’on
beaucoup apporté en tant que scénariste. Mais c’est surtout au
connaît à peine. Et je n’imagine pas qu’on puisse dire du mal de
sein de la troupe professionnelle Teatr Piba qu’Aziliz donne sa
moi dans une langue qui ne m’est pas connue. »
pleine mesure. « En fait, j’ai l’impression d’écrire vraiment depuis
> https://levoyageassis.wordpress.com
que j’écris collectif. » Après Metamorfoz et Eden Bouyabes, elle
Bibliographie
An Diaoul ouz taol, éditions Emgleo Breiz, 2012
Metamorfoz, Teatr Piba, Aziliz Bourgès, Erwan Cloarec, éditions Emgleo Breiz, 2014
16
Tréboul
Mich Beyer : Lovecraft au lavoir
17
on en parlait, mais pas n’importe où, pas
n’importe quand et pas avec n’importe qui.
Quand j’étais gamine, j’accompagnais ma
mère au lavoir, à Tréboul. Et comme les
femmes ne savaient pas que je comprenais le breton, elles ne se gênaient pas
pour parler de cul ! Surtout les femmes de
marins, qui racontaient leur nuit quand leur
mari rentrait de mer. J’ai beaucoup apprécié Dre ar Prenestr, le recueil de nouvelles
de Goulc’han Kervella, qui bouleverserait
les gens de la génération de mes parents.
Il exprime avec subtilité ce décalage entre
le désir et son expression directe. Non que
ce langage concernant le sexe et l’affectif
n’existait pas, mais il n’a pas été transmis. »
Aujourd’hui, Mich Beyer est une auteure
reconnue, dont les ouvrages les mieux
vendus atteignent 1 000 exemplaires après
des rééditions successives, ce qui n’est pas
mal du tout pour un livre en langue minoritaire. Elle est aussi une relectrice ou
correctrice appréciée, par exemple pour
les chansons en breton de jeunes rockers
actuels. Dans ses romans, elle aime explorer des périodes historiques, s’y transporter, rechercher la façon de s’exprimer des
gens des différentes classes sociales, à une
période donnée. Dans Kan ar Mein, elle
nous plonge ainsi en plein XIVe siècle. Mais
ses lectures en breton la laissent souvent
perplexe : « Je trouve lassant de lire tellement de récits sur une Bretagne qui n’existe
plus et de trouver peu de thèmes actuels, y
compris non liés à la Bretagne. Les auteurs
ont-ils peur de se lâcher ? Heureusement,
ces toutes dernières années, on sent
poindre un changement, avec des auteurs
nouveaux, plus portés sur la vraie fiction.
Avant, il y avait Per Denez, que j’appréciais, pas pour le style, mais pour les sujets
traités, Youenn Drezenn, pour lequel j’ai
une grande passion, avec sa façon de
parler poétiquement de choses difficiles.
Aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à retrouver cette profondeur. Je mettrais à part
des auteurs tels que Goulc’han Kervella,
Yann-Fulub Dupuy, Herve Gouedard ou,
plus récemment découverte, Annie Coz.
Il y a dans leurs textes des choses qui
peuvent changer notre regard sur la vie
© Gérard Alle
Jusqu’à l’âge de 4 ou 5 ans, sa mère lui a
parlé breton. C’était à Paris. Mais quand
Mich s’est retrouvée à l’école, son père lui
a dit : Fini maintenant, avec cette langue de
ploucs ! « Il a continué à nous glisser par-ci
par-là quelques mots et phrases d’allemand,
qu’il avait appris en Alsace étant enfant et
que j’avais comme première langue, au
collège. Du coup, j’ai rejeté l’allemand. Et
maintenant, j’ai envie de m’y remettre ; je
suis devenue fan de cette langue. Comme
quoi… » Le breton, Mich Beyer s’y est
remise à l’adolescence, avec les cours par
correspondance de Visant Seite et Soazig
Paugam, « à l’âge où on a envie de faire
chier ses parents, et plus
« les générations qui
tard avec Skol Ober, alors
arrivent ont moins de que j’étais en Allemagne
problèmes que nous par pour me perfectionner en
rapport à la langue. » allemand ! Finalement,
mon père m’a dit avant de
mourir : J’ai été un vrai con. Vous auriez pu
avoir trois langues. » Mich a toujours eu le
goût de la lecture et de l’écriture. « À cette
époque, j’aimais surtout Lovecraft et la littérature fantastique. » L’écriture dans un but
éditorial, elle s’y est mise lorsqu’elle était
institutrice et que les gamins manquaient
de bouquins en breton, en publiant une
série intitulée Pennoù Koltar. « Per Denez
m’avait enflammée dix ans plus tôt, lors
d’un stage de breton où il intervenait. Son
message était simple, mais convaincant :
Écrivez ! Écrivez ! Écrivez ! Dès le lendemain, je m’y étais mise, même si ce n’était
pas dans le but d’être publiée. » Mich Beyer
affirme ne pas écrire en breton par militantisme, mais par goût : « Ma mère était une
conteuse en français ou en breton, mais
c’était la syntaxe du breton qui la portait, et
cette syntaxe m’est rentrée dans la tête, je
crois, avec toute sa souplesse, les phrases
qui se plient plus facilement, je trouve, à ce
que j’ai envie de dire. Et pourtant, le français reste la langue dans laquelle je suis le
plus à l’aise. En breton, je suis condamnée
à travailler beaucoup plus pour affiner le
choix des mots, des nuances, à être plus
exigeante qu’avec mon français. Après,
il y a d’autres difficultés. Il y a tellement
de choses dont on ne parlait pas. Tout ce
qui concerne l’affectif et le corps. En fait,
et c’est ce que j’attends d’un roman. Ainsi
qu’un sérieux travail d’écriture. Enfin, on
ne va pas lire un bouquin juste parce que
le breton qui est employé est beau ! Pour
les nouvelles, je dirais que c’est différent :
il y a beaucoup de bonnes choses, un ton
neuf, des sujets et des styles variés. Je
peux citer Herve Bihan, Alan Botrel, David
Ar Gall, Daniel Doujet, Annaig Renault. »
Mich Beyer a aussi eu de bonnes surprises
lors de ses rencontres avec les élèves des
collèges Diwan de Guissény et de Plésidy :
« La profondeur de leurs questions, leur
subtilité sur des sujets comme le suicide
des personnes âgées m’ont étonnée et
donnent beaucoup d’espoir. J’ai animé
des ateliers d’écriture, également, dans
lesquels j’ai rencontré des gens qui ont un
vrai talent et qu’il faudrait pousser à écrire.
D’une manière générale, je crois qu’on
peut être optimiste sur les générations qui
arrivent ; elles ont moins de problèmes
que nous par rapport à la langue. Et puis
nous sommes un peuple de conteurs, nous
savons raconter des histoires ; la question, maintenant, c’est : qu’est-ce qu’il y a
en dessous, quelle profondeur ? Et quel
rapport au monde dans sa globalité veuton exprimer ? » Peut-être faudrait-il qu’un
bouquin en breton soit traduit en anglais et
qu’il connaisse un succès planétaire, pour
remonter la pente ? « Peut-être… Parce
que si on traduit directement et trop vite en
français, on perd le peu de lectorat bretonnant que l’on peut espérer. »
Bibliographie Ar Pennoù Koltar war an enez (Les Têtes de Coaltar sur l’île), An Here, 1991
Ar Pennoù Koltar e Menez Are (Les Têtes de Coaltar dans les monts d’Arrée), An Here, 1993
Seizh Devezh warn-ugent, An Alarc’h, 2006, prix FR3
Etrezek an enez, An Alarc’h, 2007, prix Langleiz, Priz Ar Bono, Prix Sten Kidna
An Dervenn, Keit Vimp Bev, 2008
Teñvalijenn, An Alarc’h, 2009
Kan ar Mein, An Alarc’h, 2010, prix Pêr Mokaer
Azigoragazar, Keit Vimp Bev, 2010
Azvent, An Alarc’h, 2013
Nantes
Gweltaz Adeux : Breton du Grand Nord
Né en Afrique, avec des parents originaires des pays de Rennes
et de Redon, Gweltaz Adeux a beaucoup bougé durant les vingt
premières années de sa vie, mais ce sont les sept années passées
à Nantes qui l’auront le plus marqué et lui auront donné l’envie
de revenir. Une envie de Bretagne. « Quand on est enfant et
qu’on voyage beaucoup, on pose des questions à ses parents, et,
dans mon cas, j’ai su très vite qu’on était bretons. » En musique,
Gweltaz navigue sur la trace de ses frères plus âgés, sur la planète
rock’n’roll, avant de s’intéresser à la vague folk et musique traditionnelle des années 1970. Le premier choc dans ce domaine
date de 1972, lorsque le collégien d’alors entend Alan Stivell sur
Europe 1. Plus tard, alors qu’il habite à Paris avec sa famille, il
entend le même disque chez quelqu’un qui n’est pas breton et il
comprend que cette musique devient universelle. La question de la
langue bretonne commence à le titiller. « C’est comme un symbole.
Pour être Breton, il ne suffit pas d’aimer le pâté Hénaff ! » Les
retours réguliers à Nantes sont comme des bouffées d’air frais. La
Bretagne, la musique… Gweltaz Adeux a aussi un goût prononcé
pour la lecture. Après Le Club des 5, Le Grand Meaulnes, il dévore
la littérature jeunesse d’autrefois. Les Aventures d’Alice au pays
des merveilles, la série des Une enquête des sœurs Parker…
« À l’époque, c’était encore possible de lire ces vieux trucs.
Aujourd’hui, quand je vois le choix qu’ont mes enfants, en littérature jeunesse, en livres documentaires et de vulgarisation, je
trouve ça génial qu’ils puissent explorer des univers qui étaient si
mystérieux pour nous, à leur âge. »
Très vite, Gweltaz bascule vers la SF et le fantastique, avec
Abraham Merritt, Lovecraft, et James Graham Ballard dont il lit
à peu près tout. « Il m’a beaucoup marqué, notamment par son
côté précurseur, annonciateur du changement climatique, et
pour la société qu’il décrit, où les gens ne passent pas leur temps
à bosser. » Plus surprenant, peut-être, Gweltaz se prend d’une
passion pour Modiano, un auteur qu’il relit toujours, régulièrement. « Peter Handke, aussi, pour le poids du monde et sa capacité à observer des miettes de pain sur une table. » Aujourd’hui,
il plonge dans le polar, avec Marcello Foïs, le Sarde « qu’on peut
lire avec l’accent », ou Stefánsson, l’Islandais, « pour les paysages
de neige ». « J’aimais déjà ça, dans les bouquins de Ballard, les
atmosphères glacées, un monde désenchanté, et l’espoir en dépit
de tout. » Une attirance vers les pays du Nord qui ne se démentira
pas, forgée par des milliers de kilomètres en auto-stop, les lectures
et une aventure artistique de vingt ans au sein du groupe brittofinnois EV. « Notre premier concert a eu lieu en 1981. C’était un
moment de creux pour la vague bretonne. Depuis l’âge de 14 ans,
je voulais faire du rock et chanter en breton. Avec EV, on chantait
en breton, en finnois et en français. Et nous avons tourné un peu
partout en Europe, malgré nos langues incompréhensibles. Ce fut
aussi l’occasion de découvrir ce qui existait ailleurs, par rapport à
chez nous : les radios, les télévisions en langues minoritaires, au
pays de Galles, en Frise. » Dans les chansons qu’il écrit en breton,
Gweltaz travaille sur les rimes internes, cette particularité de la
Discographie
EV :
Nouveaux Décors/Banquise Noire, Gwenn Kivi, 1984
Par le Feu/Camouflage, Gwenn Kivi, 1984
Skorn, Gwenn Kivi, 1987
Shamaani, Gwenn Kivi, 1988
6 octobre, Gwenn Kivi, 1990
Distruj, Lola Label, Polygram, 1992, rééd. Sony Music, 1996, et
Créon, 2002
© Pat Ravon
poésie bretonne, avec ces retours de voyelles et de consonnes
d’une phrase à l’autre qui font sonner la langue et la rendent si
musicale, si rock’n’ roll. « Mais, comme toute langue, il faut aussi
la bousculer. J’adore ce qu’en fait Bernez Tangi, par exemple, dans
ses poèmes. Je suis fan. »
Depuis longtemps, Gweltaz Adeux écrit des petites histoires, et
le désir d’écrire un roman était présent. « Mais je manquais de
technique. Les images étaient là, comme dans les chansons, mais
connaître la langue, avoir des images en tête, cela ne fait pas une
histoire. Quand j’ai découvert il y a deux ans l’existence d’un stage
d’écriture en breton, à Groupe Ouest, ça tombait super bien. Nous
étions sept, et c’était très intéressant de confronter nos univers.
Malgré nos différences d’âge – de 24 à 60 ans –, le lien s’est établi
rapidement entre nous, grâce à la langue bretonne et à ce vécu
ensemble. Dans une société de plus en plus saucissonnée, c’est
quelque chose. C’était un bon moyen, par ailleurs, d’explorer les
différents niveaux de langue, quelque chose que les monolingues
ont du mal à capter. » Le stage a permis à Gweltaz de lancer son
projet de roman. Erc’h, un roman noir qui se passe aux confins de
la Finlande et de la Russie, bien sûr, et en hiver, par moins trente
degrés. Sans oublier la musique pour autant : un nouvel album
solo est sorti en mars.
> http://gweltaz-adeux.com
Reuz, Lola Label/Gwenn Kivi, Polygram, 1994
Huchal, Déclic/Virgin, 1996
Mar Plij, Déclic/Sony, 1998
Pemp, Globe Music/Sony, 2001
Dizehan, Creon Music/EMI, 2004
Solo :
Ehan, Gwenn Kivi, distribution Coop Breizh, 2014
Eyjafjallajökull, Gwenn Kivi, distribution Coop Breizh, 2015
18
Primelin
Yann-Fulub Dupuy : une cathédrale en breton massif
dis oui, mais à une condition : j’ai un ami
Trégor. Lorsqu’il débarque en Bretagne,
qui a écrit là-dessus et j’aimerais bien que
en 1990, il a 24 ans. « Aussi incroyable
tu lui répondes. Quand je me suis rendu
que cela puisse paraître, je suis un autocompte que de rester anonyme, c’était
didacte complet et je n’ai jamais eu à
contradictoire avec ce que j’écrivais, j’ai
chercher de boulot dans ma vie. » Après
décidé qu’il était préférable, si le bouquin
deux ans et demi en tant que formateur au
était édité, de le signer sous mon propre
sein de l’association Stumdi, Yann-Fulub
nom. » Et le livre a finalement été publié
entre à Radio France comme animateur
sous le titre de Par Dibar. « Même si je
radio, puis il participe à l’élaboration
sais mieux le français, la question ne s’est
du dictionnaire monolingue d’An Here.
pas posée pour moi. Je
« En plus, je n’ai jamais
devais l’écrire en breton
travaillé en français.
« Je devais écrire
et dire des choses qui
Et j’ai toujours écrit, y
en breton et dire des
n’avaient pas été dites
compris quand j’apprechoses qui n’avaient
nais la langue. Je noircis- pas été dites dans cette dans cette langue. Et ce
n’est pas pour une raison
sais beaucoup de papier,
langue. »
militante. Pas du tout.
et puis ça m’a passé. Je n’ai
Dire avec une autre langue que sa langue
plus écrit une ligne pendant quinze ans. »
maternelle, c’est aussi dire avec un
Formateur à Kelenn, le centre de formafiltre. 
» D’emblée, Yann-Fulub Dupuy
tion des enseignants Diwan, Yann-Fulub
a cultivé le style, dans l’écriture de cet
commence à griffonner entre les cours.
ouvrage qui trouve son origine dans
Au début, il ne pense pas en faire un livre,
une étrange histoire. Son meilleur ami
ce sont juste des réflexions sur l’homod’enfance s’appelait Christophe Bourdin.
sexualité. Mais les feuilles s’accumulent.
Avant de mourir du sida, il a écrit l’un des
La cohérence est là. Il envoie son manusmeilleurs ouvrages sur le sujet. « Alors
crit à un éditeur, sous un pseudonyme. Pas
qu’on ne s’était pas vus depuis dix ans, il
de réponse. « Et puis un jour, lors d’une
m’a téléphoné un jour, pour m’annoncer la
discussion, cet éditeur me dit qu’il aimesortie de son livre. Je ne lui ai même pas
rait parler de choses nouvelles, un peu,
demandé de quoi il parlait. Pourquoi ?
en breton, et qu’il a écrit un bouquin qui
C’est idiot. Mais je me suis précipité pour
parle de l’homosexualité. Il me demande
l’acheter. J’ai découvert que nous étions
de le corriger. Étrange situation… Je lui
homos tous les deux, sans jamais nous
l’être avoué. Et il est mort sans que je l’aie
appelé. Pour toute ma vie, quelque chose
d’irréparable. Une énorme frustration et
une envie de raconter. »
Après cette première expérience éditoriale, le goût de l’écriture ne le quitte plus.
Passionné d’art gothique, Yann-Fulub
Dupuy fantasme depuis fort longtemps
sur sa cathédrale idéale, qu’il a dessinée,
puis construite sous forme de maquette.
« Mais je ne trouverai jamais un roi africain assez fou pour la faire construire. La
seule façon de la voir exister, c’est d’écrire
une fiction qui la mette en scène. À 20 ans,
je m’étais cassé les dents sur ce projet.
Mais le fait d’avoir publié un premier livre
m’a mis le pied à l’étrier. » C’est ainsi que
Ar Gariadez Vaen verra le jour sous la
forme d’un roman policier, et sera suivi
d’autres ouvrages, romans, nouvelles,
dont le recueil bilingue Ar Roc’h/Le Roc.
« À chaque livre, j’essaie quelque chose de
nouveau. On me reproche parfois d’utiliser un niveau de langue trop élevé. C’est
vrai que je travaille mon style, que j’évite
les gallicismes et que j’écris différemment
de la langue parlée, même si je lis mes
textes à haute voix, à plusieurs reprises,
lorsque j’écris. Les gens ne m’ont jamais
dit que mon français était difficile, or mon
breton est du même niveau. Si je devais
me brider parce que des gens, autrement,
© Yann-Fulub Dupuy
19
Jean-Philippe a peut-être 4 ans quand il
découvre pour la première fois cette autre
langue, avec ce C apostrophe H, que l’on
prononce un peu comme en allemand.
C’est sa mère qui lui dit ça, lors d’une
balade à Ploumanac’h. Comment ? Il y
aurait une langue ici, en Bretagne, avec
des sons qui n’existent pas en français,
mais qui existent dans d’autres langues ?
Le petit Jean-Philippe est déjà fasciné
et le grand Yann-Fulub y voit comme un
signe du destin. Pourtant, les origines
de Haute-Bretagne de la maman, assez
lointaines, ne laissent rien augurer de sa
vocation. Au milieu des années 1970, la
vague lancée par Alan Stivell le cueille
et lui offre une autre passion, celle de la
harpe celtique. Il sera donc harpiste… et
bretonnant. « À 17 ans, j’ai acheté le livre
de Visant Seite, Ar brezoneg dre radio,
pour apprendre le breton, et je n’ai jamais
arrêté. Bien sûr, les gens se moquent,
parce que ça fait vieillot, et parce que,
pour un ecclésiastique, traduire Yann a
bok d’e c’hoar par “Yann baise sa sœur”, ça
fait rigoler. Il n’empêche, c’est un excellent
bouquin d’un point de vue linguistique et
il m’a beaucoup aidé par la suite. » Pour
apprendre le breton, bien entendu, ça
ne suffit pas. Yann-Fulub habite à Paris.
Il dévore tout ce qu’il trouve dans cette
langue et apprend chez l’habitant, dans le
ne pourraient pas me lire en breton, autant écrire en français. »
En tout cas, l’aventure continue. Avec Milendall, Yann-Fulub
explore son amour pour les plantes, dans un roman sur le jardin.
Chaque partie du jardin ramène à une scène du passé, comme
celle qui nous conduit à Grenade, dans les jardins de l’Alhambra,
à la veille de la prise de la ville par les chrétiens, ou celle qui nous
permet d’assister à une discussion entre Louis XIV et Le Nôtre,
en breton – un moment savoureux. Exercice vertigineux, que ce
très long roman dont l’héroïne est un écrivain, publié en même
temps que le livre qu’elle est censée avoir écrit, une sorte de faux
roman policier ! Re an tu all, une pièce de théâtre, va également
être éditée. Le théâtre, autre passion de Yann-Fulub, dont le
compagnon est comédien. En projet, un roman sur l’Armorique
et l’Amérique et ce qui pousse les gens à quitter leur pays, une
fiction à partir d’une langue disparue, le cumrique, dont il ne
resterait que trois mots, un spectacle avec une chorale, inspiré
du pibroc’h écossais et de la gwerz Skolvan.
Yann-Fulub Dupuy a la gnaque… mais aussi quelques regrets…
« Il y a plein de choses qui ne se transmettent plus, en breton,
qui devient la langue de la scolarité, et moins celle de l’affectif.
Quand je travaillais à la radio, je me souviens d’avoir interviewé
une femme qui racontait que son mari la violait. Je n’ai pas passé
ça à l’antenne et je n’ai pas conservé l’enregistrement. Avec quels
mots elle disait ça ? Je ne sais pas. On ne sait plus. À propos du
breton d’aujourd’hui, j’ai envie de dire : pas assez de langue.
Pourquoi publier des Priz ar Yaouankiz chaque année ? Il n’y a
pas assez de bretonnants sans que ce soit un peu forcé. Alors,
c’est contre-productif, parce que ce n’est pas toujours bon. La
langue bretonne est un luxe. Elle n’a aucune utilité économique.
Quand je parle breton avec des gens qui n’ont pas un niveau suffisant, je m’ennuie, parce qu’ils expriment mal leurs idées. Pour
avoir une bonne conversation de comptoir aussi, il faut avoir un
bon niveau de breton ! »
Bibliographie
Penn ar veaj, Keit Vimp Beo, 2005
Par Dibar, An Alarc’h, 2006
Ar Gariadez Vaen, An Alarc’h, 2007
Ar Roc’h/Le Roc, An Alarc’h, 2009
Douarnenez
Nolwenn Korbell : Brecht avec du startijenn
© Adamo Almeida
Chanteuse, comédienne, Nolwenn Korbell a eu la langue bretonne
comme langue maternelle. Un choix pas facile pour ses parents,
qui ont été élevés en français, malgré un environnement bretonnant. « J’ai compris plus tard que c’était un vrai engagement, pour
eux, et que cela n’allait pas de soi. » Nolwenn chante en breton,
joue au théâtre ou au cinéma, en breton ou en français. Si elle
avoue son goût pour des auteurs comme Bernez Tangi, Youenn
Drezenn ou Tangi Malmanche, elle reconnaît lire très peu en
breton, même si elle considère la création en breton comme vitale
et qu’elle-même écrit ses chansons en breton. « Ce n’est pas bien,
je devrais. Je lis beaucoup, mais en français surtout. Même si je ne
fais pas dans la musique traditionnelle et si je parle d’aujourd’hui,
ma relation à la langue me relie à des choses plus anciennes. Des
choses entendues dans l’enfance, comme les appels de bergers,
les petits dictons, les comptines. J’aime jouer avec ça. Par
exemple, quand j’ai écrit une chanson après l’assassinat d’Anna
Politovskaia, la journaliste russe, j’ai pensé à cette phrase, Ar
wirionez ‘zo ganit, tout ar chas a biso diou’it (“La vérité est avec
toi, tous les chiens te pisseront dessus”), sortie de la bouche d’un
Trégorrois du Vieux-Marché. Comme diraient les jeunes : je kiffe
ma race de faire ça ! C’est toute la langue qui est là : du sens, de
l’image, de la poésie, du populaire. Je reprends aussi la berceuse
que me chantait ma grand-mère, Baling, balaoñv, ma mamm ‘zo
klañv (“Ma mère est malade”). Ces expressions venues de gens qui
n’ont connu que cette langue, des petits joyaux que j’aide à traverser le temps. »
Ils n’étaient pas nombreux, les jeunes qui, comme Nolwenn,
parlaient breton à la maison, à cette époque où Diwan n’existait
pas encore. Elle a bien conscience d’avoir jeté un pont entre deux
périodes. « Quand je travaillais à France 3, je me retrouvais à
parler en breton avec des gens, au téléphone, depuis Rennes. Ça
devait leur faire drôle. Après, j’allais chez eux. Et je voyais ces
gens, qui avaient presque fait le deuil de leur langue, reprendre du
startijenn, de l’énergie ; et moi également, ça me faisait du bien
de faire ça. Je me souviens aussi de cette commande du musée
du Bateau, et du vernissage, où j’avais rassemblé les marins que
j’avais collectés et les enfants des écoles bilingues. Un vieux
marin m’a dit : Tu nous as portés, mais nous aussi, on t’a portée.
Le breton, c’est la première langue qui est arrivée dans ma vie, et
c’est elle qui m’a ouverte sur toutes les autres. Qui m’a donné le
goût des autres langues. Je suis très touchée de voir les jeunes
créateurs en breton qui arrivent maintenant, et qui ont beaucoup
d’envie, qui se forment, qui savent où ils vont avec le breton. On
n’est pas des milliers, mais c’est là. »
En juin, Nolwenn Korbell sortira un nouvel album, intitulé
Skeud ho roudoù (L’Ombre de tes traces). Ses paroles en breton
y côtoient un poème de Xavier Grall, un texte en anglais d’Emily
Dickinson, un poème d’Anjela Duval et une chanson inspirée par la
Trilogie papoue, le film de Bob Connoly vu au Festival de cinéma
de Douarnenez. Après la fin de sa tournée à travers la France
avec la pièce Maître Puntila et son valet Matti, elle se produit un
peu partout en Bretagne avec le Cabaret Brecht, où elle chante
Kurt Weill en allemand, et elle espère jouer bientôt dans L’Opéra
de Quat’sous, en français. En attendant, il y aura Le Songe d’une
nuit d’été, de Shakespeare, et Fin ar Bed, le feuilleton de Nicolas
Leborgne, en breton…
Discographie N’eo ket echu, Coop Breizh, 2003
Bembez c’houloù, Coop Breizh, 2006
Red, Coop Breizh, 2007
Noazh, Coop Breizh, 2010
Skeud ho roudoù, Coop Breizh, 2015
20
C’hoariva, pour le théâtre en breton
21
L’association C’hoariva fédère dix-neuf
troupes de théâtre sur les cinq départements de la Bretagne historique. Elle
réunit des troupes amateures ou professionnelles, voire qui associent les deux.
C’hoariva a un rôle de formation et réalise
régulièrement des week-ends de stage
pour répondre aux besoins des troupes.
Elle fédère les troupes et les représente
auprès des institutions. Emmanuelle Éon
en est la seule permanente, son poste
étant financé en majeure partie par le
conseil régional, les aides au fonctionnement, très réduites, lui laissant peu
de marge de manœuvre. La Redadeg, la
course de relais pour la langue bretonne,
a financé la mise en place du site internet,
doté d’un centre de ressources. « Bientôt,
nous lançons une lettre d’information
qui permettra de créer plus de lien. Nous
essayons déjà sur notre site d’offrir un
maximum de renseignements, de mettre
en ligne un agenda des spectacles et les
articles concernant le théâtre en breton.
L’idéal serait de proposer un accès à tous
les textes existants, mais ce serait un
boulot titanesque et coûteux. Il faut déjà
répondre aux besoins les plus urgents.
Pour les textes, il faut en outre que les
auteurs soient d’accord pour céder leurs
droits et que leur breton soit irréprochable. » Pour le moment, il existe une
base de 400 textes du XXe siècle recensés, dont 49 étudiés plus précisément.
Biographies et bibliographies des auteurs
sont en ligne (160 pièces mentionnées
pour le moment). Il s’agit d’un site participatif, sur lequel chacun peut ajouter
des renseignements à propos des auteurs
ou des pièces. Stages de théâtre-forum,
stage de théâtre expression gestuelle
et communication avec le comédien et
metteur en scène turc Levent Beskardes,
promotion des interventions dans les
établissements scolaires… C’hoariva
cherche à développer le théâtre en breton,
en diversifiant l’offre. « Pour les scolaires,
des intervenants professionnels peuvent
aider les projets théâtre des enseignants.
Un dispositif du conseil régional aide les
troupes à intervenir en milieu scolaire,
sous le nom de Skol C’hoariva (couvrant
35 % du coût horaire, pour une heure à
50 euros). Ces dernières années ont vu
une certaine professionnalisation de
troupes comme Piba, La Obra, Mat ar Jeu,
Paritito, qui sont venues s’ajouter à Ar Vro
Bagan. Chacune avec son propre choix
artistique. Certaines sont bilingues, voire
trilingues. En novembre, nous allons nous
Levrioù e brezhoneg, mar plij !
Soutenu par la Redadeg, la course de relais pour la langue
bretonne, « Levrioù e brezhoneg, mar plij ! » (Des livres
en breton, s’il vous plaît !) est un appel à projets lancé par
les associations de parents d’élèves et les enseignants des
différentes filières d’enseignement du breton. Il a pour
but de soutenir l’édition de nouveaux livres en breton, en
précommandant au moins un livre par enfant scolarisé
dans des classes bilingues. Les livres retenus sont offerts à
chaque enfant et à son enseignant. Ils sont étudiés en classe
au cours de l’année scolaire.
Cette opération a été accompagnée par Livre et lecture en
Bretagne (la seconde édition a eu lieu en 2014), avec une
remise des prix lors du salon La Baie des Livres, à Morlaix.
Trois nouveaux titres en breton ont été ainsi édités : Plijout
a ra din d’Éric Dessoliers et Maël Kernalegenn, An aon ruz
de Maëla Ily et Sonia Orriger, et Mamm-Gozh ne blij ket ar
viltañsoù dezhi de Mich Beyer et Julien Weber-Acquaviva.
D’autres sont en projet.
Mat ha buan
N’int ket unan.
Vite et bien
Ne sont pas un (ne font pas bon ménage).
réunir pour renforcer le réseau. » Autre
nouveauté, la création de deux troupes
d’ados dans le Finistère. « Les créations
de textes en breton restent assez rares.
Dans les anciens numéros d’ Al Liamm,
des pièces étaient régulièrement publiées.
C’est moins le cas aujourd’hui. Certaines
troupes choisissent de traduire des pièces
du français ou d’autres langues en breton.
Et si le niveau de langue est trop littéraire,
ça marche moins bien. Souvent, le public
est avant tout sensible à la couleur de la
langue, au côté “terroir” ; il vient plutôt
pour rigoler et il est relativement âgé.
Pourtant, des troupes s’adressent à un
public plus large, avec des trouvailles qui
permettent à tout le monde de suivre. Le
rêve, ce serait de monter un gros spectacle ambitieux, qui fédère les énergies
et attire le public. » Et, bien sûr, de développer l’offre auprès de la jeunesse. « Le
théâtre permet d’exprimer d’autres sentiments que ceux qu’on a l’habitude d’exprimer dans la langue de l’école, et aussi de
travailler l’accent, le pouez mouezh, la
musique de la langue. »
> www.teatr-brezhoneg.org
Plouguerneau
Les 50 ans de Strollad ar Vro Bagan
Strollad Ar Vro Bagan (SAVB) est devenue au fil des ans le symbole de la création théâtrale en breton, mêlant amateurs et professionnels. Il ne faut pas oublier que SAVB joue un rôle essentiel de formateur. Car à une époque où la
langue bretonne se transmet de plus en plus par l’école, le théâtre a un rôle très important à jouer, pour l’expression
des sentiments et des affects.
Le foyer culturel Oaled ar Vro Bagan, créé en septembre 1969,
prend le relais de l’association Ar Vro Bagan, un cercle celtique
né en 1965. Il s’inscrit avec cette nouvelle mouture dans le
mouvement culturel extrêmement créatif qui va enflammer la
Bretagne des années 1970. Ses objectifs sont clairement affichés : « Intéresser la population et tout spécialement les jeunes
à la culture et aux problèmes socio-économiques de leur pays
et lutter pour le renouveau économique, social et culturel de
la Bretagne. » Au programme, exprimé dans le journal de l’association, An Avel : « La lutte pour le renouveau de la langue
bretonne, contre l’exode rural, l’oppression du peuple breton,
la colonisation de la Bretagne ». Des idées tout à fait dans l’air
du temps. C’est en 1973 que Goulc’han Kervella rejoint Ar Vro
Bagan, et décide de créer en son sein un atelier de théâtre en
breton. Dès 1975, la troupe prend son envol et tourne un peu
partout en Basse-Bretagne. Les premières pièces en breton
créées sous le nom de Strollad ar Vro Bagan sont E-tal ar Poull,
Kleñved an Tougn, de Jarl Priel, Meurlarjez, de Roparz Hemon,
et des pièces de Jakez Riou. « L’une de celles-ci, An Dogan, qui
s’appuie sur la destruction du monument d’union de la Bretagne
à la France, à Rennes, entre en résonnance avec le combat
contre le camp militaire de Ti-Voujeret, près de Châteaulin, qui
verra la mort du militant breton Yann-Kel Kernaleguen. » Les
créations, signées Kervella et/ou collectives, alternent avec les
pièces du répertoire breton, puis étranger, avec des traductions
d’O’Casey, de Tchekov, Casona, Jarry, etc. En 1977, Ma chelljenme Kanañ laouen, qui colle à l’actualité des luttes contre les
centrales nucléaires, le bétonnage des côtes et la militarisation
de la Bretagne, fait connaître la troupe dans toute la Bretagne.
Dans la première école Diwan créée à Lampaul-Ploudalmézeau
en 1977, les instituteurs, comme le chanteur, auteur et comédien Denez Abernot, viennent de SAVB. En 1978, Buhez Mikeal
Frankiz © Strollad ar Vro Bagan
an Nobletz, qui attaque les prédicateurs, fait scandale dans les
milieux ecclésiastiques. Le succès se tarit quelque peu en 1980,
lors de la création de Nomenoe-oe. On change d’époque. Les
spectacles suivants se voudront moins bavards et moins militants. C’est en 1982 que le tournant professionnel est vraiment
pris, avec la création de trois postes, grâce à des aides de l’État.
Mais SAVB conserve ce mélange entre amateurs et professionnels qui le caractérise toujours aujourd’hui. En 1984, Ar
Baganiz, adaptation de l’œuvre de Tangi Malmanche, sera son
premier spectacle son et lumière, une activité qui va prendre
beaucoup d’importance par la suite, avec notamment le grand
succès de La Passion celtique, Ar Basion Vras, en 1991, interprétée par une centaine d’acteurs, 200 sonneurs et chanteurs.
À noter l’arrivée dans la troupe de Michel Fagon, en 1993, en tant
qu’objecteur de conscience, qui travaillera durant dix années
avec SAVB, devenant un des plus grands décorateurs et inventeurs de dispositifs scéniques actuels. Ce n’est qu’un exemple
parmi tant d’autres des nombreux techniciens ou acteurs qui se
sont formés au sein de Strollad ar Vro Bagan, s’y forment encore,
avant d’aller, parfois, essaimer ailleurs. C’est aussi l’un des
grands mérites de la troupe.
Dans son fief du Léon, la troupe de Goulc’han Kervella dispose
d’un public populaire fidèle, qui se déplace plutôt pour se
distraire et s’amuser. L’adaptation très réussie de Charcuterie
fine, de Tilly, sous le nom de Fest ar Pimoc’h (La Fête du
cochon), qui traite d’un conflit familial, va se heurter à la réticence de ce public traditionnel. Au point qu’il faudra organiser
des débats, presque de véritables cellules psychologiques à la
fin des spectacles. Même chose avec Ar Roue Ubu (Ubu roi),
pièce à laquelle les aficionados de SAVB ne comprennent rien du
tout. Pas toujours facile d’être une troupe populaire à succès !
En tout cas, cela ne l’empêche pas de poursuivre son travail
militant, comme le montrent les créations récentes de Divroa
ou Ar Gêr vras (sur les migrations), son exploration de l’histoire, avec Armorica Breizh (sur les origines de la Bretagne)
ou Frankiz (les Bretons dans les guerres coloniales), le patrimoine littéraire, avec les courtes pièces de Tangi Malmanche
ou Glenmor disuj, L’insoumis. Strollad ar Vro Bagan est une
formidable aventure artistique et humaine, dans laquelle la
formation occupe toujours une part importante, avec l’accueil
de jeunes dans ses ateliers ou les interventions dans les écoles.
Car, comme le souligne Goulc’han Kervella, « avec une langue
bretonne qui se circonscrit de plus en plus au milieu scolaire,
donc sous un certain contrôle, le théâtre devient le dernier lieu
où exprimer librement ses sentiments, ce qui est très important,
bien sûr, pour la vitalité d’une langue ». Et sur les planches, 2015,
année des 50 ans, verra, entre autres, la reprise de Ar Baganiz
et la création d’un spectacle itinérant, Meneham, à Kerlouan,
300 ans d’histoire.
>  www.arvrobagan.fr
Publications Spered an tour-tan (L’Oiseau et le Gardien de phare), illustré par Râmine, chez Coop Breizh ; et Ar Soner hag ar Bleiz, chez TES.
Les autres pièces sont publiées chez Skol Vreizh, Emgleo Breiz ou Al Liamm.
22
Un labo pour la fiction cinématographique
Après la formation coorganisée par Groupe Ouest, Livre et
lecture en Bretagne, Stumdi et Dizale pour la création de scénarios et de romans en breton, certains participants ont été rejoints
par d’autres auteurs pour une séance de pitch dating, menée
par Daoulagad Breizh, lors du dernier Festival de cinéma de
Douarnenez. L’association a été débordée par le nombre de
candidats, ce qui est très encourageant. Encourageante aussi la
présence de tous les représentants des chaînes de télévision de
la région. Un nouveau pitch dating pour des projets en breton,
concernant cette fois des documentaires, a eu lieu à PléneufVal-André, lors du festival Doc’Ouest, dans une autre formule de
trois tables avec deux producteurs à chaque table, ce qui semblait
moins solennel.
Lors d’une troisième étape, un atelier d’écriture, baptisé Labo
ar Filmoù, a été lancé, rassemblant cinq des candidats du pitch
dating de Douarnenez, dont trois étaient présents lors de la
formation à Groupe Ouest. Le 1er mars, ils ont échangé de façon
collective, encadrés par des professionnels, pour élaborer des
pistes de travail. Le but est de mettre en place un accompagnement
tout au long de la progression de leur travail, sous la forme de tutorats donnant lieu à des binômes avec des réalisateurs confirmés.
À signaler également : le projet présenté par Gégé Gwenn lors du
pitch est en production. L’an prochain, si un pitch est organisé,
il le sera sûrement sous une forme différente. L’idée est aussi de
susciter de nouvelles vocations. Daoulagad Breizh pense également à la création d’un pool pour répondre à la demande spécifique en langue bretonne dans l’audiovisuel, à l’image de ce qui se
fait déjà en Écosse, rassemblant tous ceux qui travaillent pour le
gaélique. Il y a du pain sur la planche : en 2015, la production de
films en langue bretonne s’est encore réduite. Une bonne nouvelle
cependant : l’entrée en production de Fin ar Bed, une série signée
Nicolas Leborgne.
Les revues en breton
Aber, Al Lanv, Al Liamm, Breizh-Llydaw, Bremañ, #Brezhoneg, Brud Nevez, Hor Yezh, Louarnig, Rouzig, Ya !
Quelques librairies ayant un fonds de livres en langue bretonne :
À signaler : le réseau Kenstroll, qui propose également des objets, de la musique, des ouvrages en breton, en gallo ou en français,
sur la culture bretonne, ainsi que la librairie L’Encre de Bretagne, à Rennes.
> www.kenstroll.org
23
> www.encredebretagne.com
Éditeurs ou structures publiant des livres en breton
Aber, Al Lanv, Al Liamm, An Alarc’h, An Amzer, An Diaoul Dieub, ar Gripi, An Nadoz-Vor, An Treizher, Bannoù-Heol, Barn ha Skrid,
Blackbird Pawel, BZH5 Ltd, Dastum, Emgleo Breiz, Goater, Hipolenn, Keit Vimp Bev, Kerjava, Minihi Levenez, Mouladurioù
Hor Yezh, Preder, Sav-Heol, Skol Vreizh, TES, TIR, Yoran Embanner.
Cette sélection d’éditeurs d’ouvrages en langue bretonne n’inclut pas les maisons d’édition qui ne publient
qu’occasionnellement un ou quelques titres en breton.
> www.scoop.it/t/livres-en-breton
Sélection bibliographique
> www.livrelecturebretagne.fr/wp-content/uploads/2014/02/bibliolivbretonrelecture.pdf
Lost ar big war an drezenn
achu eo ma c’hontadenn
lost ar big ha lost ar c’hazh
Ma mije gouiet
‘m boa bet lâret c’hoazh.
Queue de la pie sur la ronce
Voici fini mon conte
Queue de pie et queue de chat
Si j’en avais su
J’aurais encore conté.
(Fin traditionnelle des contes)
Actualités de la vie littéraire et des écritures contemporaines
Keleier ar vuhez lennegel hag ar skridoù a vremañ
Léz nouvèl de la vi déz lètr e dl’ecrivaij d’astourr
Finistère
Tournée d’auteurs
La Bibliothèque départementale du
Finistère a mis en place des tournées d’auteurs. Le principe est que
des bibliothèques bénéficient de la
venue des auteurs quels que soient
les moyens dont elles disposent.
24
Pour Isabelle Arcos-Desloges, de la
Bibliothèque départementale, « La médiathèque municipale est souvent le seul équipement culturel de la commune, gratuit
et intergénérationnel. Elle a donc un rôle
important à jouer dans l’animation. Par l’accueil d’intervenants, elle montre son savoirfaire, elle met en valeur ses collections, elle
renforce ses partenariats et elle élargit son
public. »
La BdF participe financièrement, en
tenant compte des budgets, de la taille des
bibliothèques.
Les médiathèques de Briec, Le Guilvinec,
La Forêt-Fouesnant, Fouesnant, Landerneau
et Plougastel-Daoulas ont déjà reçu Hubert
Ben Kemoun en janvier dernier, pour des
rencontres scolaires ou tout public. « Après
une présentation de son parcours d’auteur
jeunesse, Hubert a installé très vite une
ambiance détendue et chaleureuse avec les
enfants, dialoguant à partir des questions
Éducation
artistique et culturelle
Les ministères de l’Éducation nationale et
de la Culture et de la Communication ont
présenté, le 11 février 2015, une feuille de
route conjointe pour l’éducation artistique
et culturelle. Trois grands axes ont été
définis : développement de l’accès et des
pratiques culturelles, notamment incitation à la lecture et à l’expression orale avec
l’appui des bibliothèques et médiathèques,
éducation aux médias et à l’information,
et promotion des ressources numériques.
L’ensemble de ces engagements sera mis
en œuvre d’ici 2017 et à partir de la rentrée
2015.
Renseignements auprès du ministère de la
Culture et de la Communication.
Contact : 01 55 55 30 10,
ou [email protected]
Philippe Lechermeier
qu’ils avaient soigneusement préparées.
Des questions sur la manière dont on fait
les livres, les différences entre manuscrit et
tapuscrit, l’importance du temps de repos
des histoires avant l’avis de l’éditeur…
Pas de temps mort, des sourires, des rires ;
une belle connivence s’installe, tous les
enfants sont intéressés, tout comme les
adultes présents. »
Une rencontre destinée aux professionnels et aux enseignants a également été
proposée au réseau des médiathèques le
28 janvier à l’antenne de la BdF du pays de
Brest, à Saint-Divy.
À venir 
: une semaine avec Philippe
Lechermeier, l’auteur de Princesses
oubliées ou inconnues, illustré par Rébecca
Jessie Magana
Dautremer, ainsi que de l’adaptation de
nombreux contes. Il sera du 2 au 5 juin
2015 dans les bibliothèques de l’Ouest
Cornouaille.
En septembre prochain, Jessie Magana,
auteure de deux romans dans la collection
« Ceux qui ont dit non », éditrice indépendante et directrice de collection, sera dans
le pays de Morlaix. Elle dirige notamment
« Français d’ailleurs », une collection sur
l’histoire de l’immigration, aux éditions
Autrement Jeunesse.
Pour en savoir plus,
contacter Isabelle Arcos-Desloges :
02 98 95 88 12
ou
[email protected]
Mordelles
Chroniqueuse
et médiatrice
Cécile Amouriaux-Pellerin a chroniqué plus de 300 ouvrages sur son
site Lalectrice.fr : romans français
et étrangers, romans policiers, littérature jeunesse, ouvrages de cuisine,
développement personnel, architecture et art, et, de manière plus confidentielle, bande dessinée et manga.
Elle reçoit des retours très positifs
de la part des maisons d’édition ainsi
que des auteurs et souhaite proposer
ses services aux libraires et aux porteurs de projets (relecture, fiches de lecture, etc.). Son
profil vient d’être créé sur le site de Livre et lecture en Bretagne en tant que médiatrice du
livre.
Contact (en soirée) : 02 99 60 08 87 ou [email protected]
http://lalectrice.fr/apropos.html
Rennes
L’Œuf au théâtre
Association née en 1997, L’Œuf est un collectif de dessinateurs qui
sont à la fois auteurs et éditeurs. Les ouvrages publiés sont autodiffusés dans une trentaine de librairies, ainsi que dans les salons et
festivals, et grâce à la vente en ligne. Ils sont principalement le fait
des membres de l’association (Mandragore, Laëtitia Rouxel, Nina
Luec, William Augel, Bettina Egger, Hélène Coudray…), mais aussi
d’autres dessinateurs (Ariane Pinel, Sylvain-Moizie, Stygryt, Baltazar
Montanaro, L. L. de Mars, Jonvon Nias, Hamed Eshrat…). L’Œuf
collabore avec d’autres collectifs et maisons d’édition, mais aussi
avec le monde du théâtre, du conte et du spectacle. Depuis sa création, l’association propose des ateliers d’initiation à la bande dessinée, des performances graphiques, des séances de caricature, des
spectacles, des expositions, des résidences. Par exemple, L’Homme
semence, adaptation du roman de Violette Ailhaud, est proposé en
lecture musicale par ses auteures, Mandragore et Lætitia Rouxel, qui
jouent et dessinent en direct. À signaler également la sortie de Yan’
Dargent, une bande dessinée de Nina Luec sur le peintre, auteur du
fameux tableau Les Lavandières de la nuit.
www.editions-loeuf.com
Sortie du Guide 2015 des manifestations
et événements littéraires de Bretagne
Le Guide 2015 des manifestations et événements littéraires de
Livre et lecture en Bretagne vient de sortir. Il est accessible en
ligne ou en version papier, sur commande. Nous vous rappelons
que nous avons besoin des coordonnées et des dates de vos événements pour les intégrer à nos lettres d’infos et sur notre site.
À signaler également la possibilité de se procurer le Répertoire des
médiateurs mis à jour en novembre 2014 (10 euros), de même que
le guide Comment accueillir et recevoir un auteur (15 euros).
Tous ces guides sont disponibles en ligne ou en version papier sur
commande.
Contact :
Marie-Joëlle Letourneur : [email protected]
Balzac, répertoire national
des auteurs et de leurs ayants droits
Les auteurs peuvent désormais se faire référencer sur Balzac, le
répertoire national des auteurs et de leurs ayants droits.
Créé et développé par la Société des gens de lettres, ce fichier
a pour ambition de recenser l’ensemble des auteurs de l’écrit
et répond à un double objectif : permettre l’identification des
titulaires de droits pour leur transmettre toutes les demandes
d’éditeurs, de bibliothèques et de chercheurs, et ainsi favoriser la
préservation des droits patrimoniaux et moraux.
www.sgdl.org/sgdl/s-inscrire-sur-le-fichier-balzac
25
Actualités de la lecture publique
Keleier al lenn foran
Léz nouvèl de la liri publliq
26
© Catherine Le Gall
Le Relecq Kerhuon
Le dynamisme de la bibliothèque de comités d’entreprise On parle peu des bibliothèques et médiathèques de comités d’entreprise (BCE/MCE) et on connaît mal leur fonctionnement. Celle du CE du Crédit Mutuel-Arkea, au Relecq-Kerhuon est très dynamique, animée par une commission de
cinquante salariés et une responsable quasiment à plein temps.
Créée à Landerneau en 1979, puis intégrée
dans le nouveau bâtiment du siège de la
banque, au Relecq-Kerhuon, en 1981, la BCE
est ouverte en semaine, à l’heure du déjeuner, et située juste en dessous du restaurant d’entreprise. Les locaux et le matériel
sont mis à disposition gracieusement par
l’employeur. La responsable, Catherine Le
Gall, est détachée par l’entreprise et payée
par le CE. Sous la responsabilité des élus,
elle assure la direction de la médiathèque
et participe à l’animation culturelle du
CE, aidée par une autre salariée. « C’est
quelque chose qui surprend mes collègues
bibliothécaires du secteur public, mais nos
heures d’ouverture sont faibles, puisqu’elles
correspondent à des moments de disponibilité des employés sur le lieu de travail,
auxquelles s’ajoute l’ouverture le mercredi
après-midi, qui permet d’accueillir les
familles. » La commission est composée
de salariés qui ont souhaité s’investir dans
le projet. Ils tiennent des permanences,
tour à tour, une fois par mois. « Certains
vont plus loin, en participant aux achats
de BD, romans, DVD ou CD, selon leurs
affinités et envies. Le fonctionnement est
collégial, mais je reste le chef d’orchestre,
répondant aux suggestions des salariés en
fonction du budget dont je dispose et de
l’équilibre à maintenir entre les différents
genres proposés. » Catherine gère aussi
le désherbage et le catalogue qui permet à
tous les salariés de réserver les ouvrages
et, éventuellement, lors d’un retour de prêt,
de les recevoir directement au bureau. Un
service très apprécié. « Même si, bien sûr,
nous privilégions la rencontre, l’échange
dans les locaux de la médiathèque, où
nous organisons des événements. » Citons
la participation aux prix littérature et BD
inter-CE, les rencontres avec des auteurs,
la participation aux festivals du conte Petite
et Grande Marées et Pluie d’images, au Mois
du film documentaire, au Festival européen
du film court de Brest, les séances de dédicaces, les miniconcerts avec les Inattendus,
qui permettent de découvrir des groupes
de musique actuelle en devenir, des expositions concrètes ou virtuelles... « L’idée
est d’amener la culture dans l’entreprise.
Nous touchons sans doute des publics
que les médiathèques ont habituellement
du mal à faire venir : les gens débordés
qui disent qu’ils n’ont jamais le temps. »
La médiathèque dispose également d’une
grainothèque qui permet aux jardiniers
d’échanger des semences, d’une sitothèque
en ligne, avec une sélection bisannuelle de
sites. Son site propose en ligne « Culture et
vous », une émission de Fréquence Mutine,
la radio brestoise, consacrée à la culture et
réalisée en partenariat avec le réseau des
bibliothèques de l’agglomération. Elle touche les gens de 0 à 65 ans,
les retraités n’y ayant pas accès, soit 900 abonnés, avec 21 000 documents à disposition, 50 000 prêts par an, un budget d’acquisitions de
25 000 euros et 3 000 euros environ pour les animations. La médiathèque n’est pas soumise au code des marchés publics et fait systématiquement le choix de solliciter les petites librairies du secteur.
« Nous n’avons pas accès à la Bibliothèque du Finistère, mais le
réseau Doc à Brest nous permet de rester en contact avec les autres
médiathèques, et nous avons une convention avec les bibliothèques
de Brest, pour des prêts éventuels, à l’essai. » Le CE, légalement,
reçoit 1 % de la masse salariale. La bibliothèque y représente le
cinquième poste dans l’ordre des dépenses. « C’est un choix fort de
la part des élus du CE. » Bientôt, la BCE proposera une sélection thématique sur l’esclavage, à l’occasion de l’inauguration d’une
statue dédiée, sur le site du Moulin-Blanc, tout proche.
Les BCE/MCE
Les BCE/MCE sont, aujourd’hui, aux alentours de 1 500 en France,
et touchent des secteurs comme la métallurgie, la chimie, l’énergie,
l’électronique, les transports, la banque, les assurances, l’édition et
le commerce. Elles sont les héritières des anciennes bibliothèques
populaires et bibliothèques des bourses du travail, qui ont permis,
à partir de 1945, à beaucoup d’ouvriers et d’employés d’accéder au
livre et à la lecture. Comme l’indique le groupe de travail de l’ABF
qui leur est consacré, les MCE conservent cet héritage et l’intègrent
dans leurs projets d’établissement :
« Le monde du travail est un univers impitoyable où la financiarisation et l’obsession du contrôle ont pris le pas sur toute manifestation
humaine d’économie politique. La présence des MCE dans l’espace
de travail change singulièrement le climat dans l’entreprise et l’état
d’esprit des salariés. Gérées par les salariés élus et animées par des
bibliothécaires, elles sont à la source d’un processus qui traverse
les modalités d’organisation du travail pour produire les conditions
sociales et culturelles du développement personnel. La fréquentation des MCE dans un espace où les allées et venues sont limitées
permet d’échanger librement des propos, de nourrir la capacité
d’expression des salariés, de poursuivre avec vigueur le débat
démocratique et de choisir les documents à bon escient. La participation des salariés à l’animation des MCE au sein des commissions
ad hoc favorise cette proximité de parenté si souvent observée
et témoigne d’un désir de liberté de l’esprit, de conscience et de
pensée. Accueillant très souvent plus de 50 % des salariés et leurs
familles, les MCE constituent des modes de résistance à la consommation du document formaté et atténuent les comportements de
renoncement parfois à l’œuvre chez les usagers. Les comités d’entreprise possèdent de plein droit la gestion des activités sociales et
culturelles dans l’entreprise. À ce titre, les élus des salariés peuvent
créer des médiathèques… ou s’en abstenir. S’ils décident d’en
ouvrir, ils sont en droit de créer des postes de bibliothécaires pour
faire fonctionner ce véritable centre culturel au sein de l’entreprise.
Les MCE s’appuient sur un texte important : la Charte pour le développement de la lecture en entreprise, signée en 1992 par l’ABF et
les cinq confédérations syndicales représentatives. Elles sont des
partenaires naturels du réseau institutionnel de la lecture publique,
concourant à élargir le lectorat par leur proximité avec les populations d’ouvriers, de techniciens et d’employés. »
G.A.
27
www.mediatheque.arkea.com
https://cultureetvous1.wordpress.com
https://docabrest.wordpress.com
www.abf.asso.fr/4/69/97/ABF/bibliotheques-de-comites-d-entreprise-presentation?p=10
Bibliosésame devient Eurêkoi
Journées d’étude ADBDP 2015
Le service de questions-réponses coordonné par la Bibliothèque
publique d’information (BPI) change de nom et de format. Créé en
2006, Bibliosésame rassemblait jusqu’à présent 26 bibliothèques
françaises qui se répartissaient les questions des internautes selon
des critères géographiques ou thématiques. Aujourd’hui, le réseau
s’élargit, grâce au partenariat passé avec la Communauté française
de Belgique qui apporte 21 bibliothèques supplémentaires. Il s’appelle désormais Eurêkoi.
Les prochaines Journées d’étude de l’ADBDP (Association des
directeurs de bibliothèques départementales de prêt) se tiendront du 28 au 30 septembre 2015 à Brest. Elles tourneront autour
de la thématique suivante : « Les BDP dans la recomposition des
territoires ».
En Bretagne, le réseau des bibliothèques de la ville de Brest participe au réseau Eurêkoi.
www.adbdp.asso.f
Médiathèques et films documentaires www.eurekoi.org
61e congrès de l’ABF
Le 61e congrès de l’ABF se déroulera du 11 au 13 juin 2015 à
Strasbourg, avec pour thème « 
Inventer pour surmonter :
bibliothèques en tension ».
www.abf.asso.fr
Cette journée professionnelle organisée par Livre et lecture en
Bretagne, en partenariat avec la médiathèque municipale de
Lorient, Daoulagad Breizh, et Cinéphare-Zoom Bretagne se déroulera le jeudi 25 juin à la médiathèque municipale de Lorient. La matinée abordera la question des droits de diffusion en médiathèques.
L’après-midi sera consacré au visionnage de films (documentaires,
fictions, animations) produits et/ou réalisés en Bretagne entre juin
2014 et mai 2015.
Pour plus d’informations :
Florence Le Pichon : [email protected]
http://lesjourneesllb.wordpress.com
Actualités de la librairie et de l’édition
Keleier ar stalioù-levrioù hag an embann
Léz nouvèl de la liverri e de la banisri
Saint-Malo
Le Faou
La Droguerie d’en face
B-sensory
Loïc Josse a créé une extension dédiée à la BD et à la
jeunesse de sa Droguerie de Marine à Saint-Servan. La
Droguerie d’en face – c’est son nom – a ouvert début avril.
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Cela faisait un bout de temps qu’il y pensait, Loïc Josse, à diversifier son offre éditoriale et donc à agrandir l’espace consacré à la
librairie, autour de sa bonne vieille et très pittoresque Droguerie
de Marine. « À Saint-Malo, il y a une forte demande pour le livre
jeunesse et la BD, mais il n’y a pas de librairie spécialisée. Alors les
lecteurs filent vers Dinan ou Rennes, et surtout commandent sur
Internet. J’avais aussi remarqué que ces secteurs permettaient de
diversifier la clientèle, en attirant des jeunes. » Profitant de l’opportunité que représentait la fermeture d’un estaminet quasiment en
face de la Droguerie, Loïc n’a pas hésité : il a acheté le lieu, lancé les
travaux et recruté un jeune libraire spécialisé, venu de Picardie.
« Il a donc fallu redéployer l’existant, et cela me permet aussi d’étoffer l’offre dans La Droguerie de Marine, en sciences humaines en
particulier, et en ouvrant un rayon livres pratiques, auxquels on ne
touchait pas jusqu’alors. » Et la salle d’exposition, squattée par la
littérature jeunesse, va pouvoir retrouver sa vocation première. La
Droguerie d’en face, comme sa grande sœur, proposera d’autres
produits : ici, des jeux, de la papeterie, des objets.
« Je pense qu’avec ces deux librairies, on atteint la bonne taille
pour s’en sortir. On est huit libraires indépendants à Saint-Malo
et on est tous fragiles, pas à l’abri si une grosse structure vient à
s’installer. Avec ce développement, on essaie de prendre une petite
longueur d’avance. Le but est d’assurer la pérennité de l’activité.
Même si ce n’est peut-être pas le meilleur moment, en période de
crise. L’avenir nous le dira. »
La Droguerie de Marine/La Droguerie d’en face : 02 99 81 60 39
www.droguerie-de-marine.fr
Après s’être intéressée au livre augmenté, avec l’entreprise
BookBeo, au Faou, Christel Le Coq a lancé le projet B-Sensory qui
concerne le livre érotique et les objets connectés. Autrement dit,
les sextoys et autres sous-vêtements vibrants connectés. Déjà, leur
slogan, « Lisez, vibrez ! » a fait un sacré buzz dans le monde du Net.
Même si cela n’a pas permis d’apporter intégralement la somme
espérée dans l’opération de crow-funding, de nombreux articles
ont suivi et débouché sur des contacts fructueux avec des éditeurs
et des fabricants. « Dans les catalogues des éditeurs, nous recherchons des nouvelles érotiques pour les adapter en version vibrante,
mais aussi des auteurs pour créer des contenus inédits, avec des
scénarios interactifs. » Prochaine étape : le lancement des précommandes, avant la mise en ligne de services en anglais. « Le marché
français n’est pas assez attractif, nous visons l’international. »
Et la jeune entreprise n’entend pas se limiter au domaine de l’érotisme. « Pour la lecture numérique sensorielle, c’est un marché
porteur, bien sûr. Mais il y a bien d’autres domaines à explorer. »
Parmi les applications, un développement vers les aveugles et
malvoyants avec des extensions diverses, des contenus audiosensoriels à partir de la lecture d’ouvrages connectés. « Les vêtements connectés sont capables de donner des impressions de
chaleur, de froid. Cela peut toucher divers types de littérature,
comme le polar, par exemple. Les idées ne manquent pas. » Même
si toutes ces initiatives restent dépendantes de l’évolution technique, en matière de textile connecté et d’autonomie des batteries,
Christel est persuadée comme ses partenaires et collaborateurs,
que nous ne sommes qu’au début d’une technologie promise à un
grand avenir. Et d’ajouter : « Pourquoi ne pas imaginer pour nos
enfants des doudous communicants ? ».
www.b-sensory.com
Lille
Rencontres nationales de la librairie
Le Syndicat de la librairie française organise à Lille, les 21 et 22 juin
2015, les troisièmes Rencontres nationales de la librairie. Après les
premières Rencontres à Lyon en 2011 et les deuxièmes à Bordeaux
en 2013, cette nouvelle édition devrait réunir plus de 500 libraires
et plusieurs centaines de représentants des autres professions du
livre : éditeurs, diffuseurs, distributeurs, auteurs, bibliothécaires,
organismes interprofessionnels et partenaires publics.
Les Rencontres 2015 permettront d’échanger et de débattre
autour des enjeux actuels de la librairie et des perspectives du
métier de libraire.
www.lesrencontresnationalesdelalibrairie.fr
Landivisiau
Mots d’ici & d’ailleurs
Gaëtane et Marc-Pol Le Deunff ont ouvert en décembre
2014. Lui était fonctionnaire territorial ; elle réalisait des
audits pour une entreprise privée. Une librairie généraliste, avec un accent particulier mis sur les ouvrages liés au
terroir d’un côté, et ouverts sur le monde de l’autre.
Mots d’ici & d’ailleurs,
8, rue Pasteur – 29400 Landivisiau – 02 98 72 53 18
Augmentation des frais d’envoi
Bretagne
Soutien aux librairies indépendantes
La Direction de la Culture de la Région Bretagne, la Drac Bretagne et le
Centre national du livre ont signé, le 5 décembre 2014, une convention en
faveur du développement du livre et de la lecture en Bretagne. Celle-ci porte
sur l’ensemble du périmètre de la chaîne du livre, en particulier pour une
intervention concertée en faveur des librairies indépendantes, définies par
la Région comme « indispensables à la bibliodiversité et à la richesse culturelle de la Bretagne ». Cette convention entend renforcer les moyens dédiés
aux librairies afin de combattre leurs difficultés actuelles et de simplifier
leurs démarches administratives avec un nouveau dispositif qui tend vers le
guichet unique.
Les sociétés bénéficiaires des aides doivent disposer d’un local accessible
à tout public sur une surface minimum de 30 m². Les librairies liées par un
contrat de franchise et celles dont le capital n’est pas détenu à plus de 50 %
par une personne physique ne sont pas éligibles. Elles doivent, en outre,
réaliser plus de 70 % de leur chiffre d’affaires dans la vente de livres neufs au
détail lorsqu’elles sont implantées dans une ville de plus de 10 000 habitants
et plus de 50 % si ce n’est pas le cas. Elles doivent s’engager à faire évoluer
leur offre vers un assortiment d’au moins 3 000 titres, si ce n’est pas déjà le
cas, et jouer un rôle culturel local. Ce critère est évalué au regard de l’assortiment d’ouvrages proposé, du nombre de titres en stock de plus de douze
mois, de la diversité des actions menées autour du livre et des auteurs dans
et hors les murs.
Les soutiens pourront porter sur tout projet d’investissement du libraire
dans le cadre d’une création, d’une reprise ou d’un développement, ainsi que
sur ses projets liés à son fonctionnement. Un formulaire, dont l’utilisation
est obligatoire, stipule l’ensemble des pièces à joindre. Un seul dossier est à
envoyer au conseil régional de Bretagne, avant le 5 juin 2015. Contact : Cécile Eveno, au 02 99 27 97 57 Le formulaire de demande est à télécharger sur le site de la Région Bretagne :
www.bretagne.fr/internet/jcms/preprod_133385/aide-aux-librairiesindependantes-de-bretagne
Fermetures
Nous vous annonçons les fermetures de la librairie L’Imaginaire,
à Lorient (56), et de la librairie La Plume, à Blain (44).
Depuis le 1er janvier 2015, tout livre de plus de 3 cm d’épaisseur doit être expédié en Colissimo, et ce, quel que soit son
poids. Avec cette hausse significative du tarif, les éditeurs
s’alarment, le CNL saisit son ministère de tutelle et le SNE
s’inquiète d’une mesure qui augmente de 30 % au moins le
coût d’envoi d’un livre. Jusqu’alors, selon l’usage toléré, ce
type de paquet pouvait être affranchi au tarif lettre. TVA du livre numérique
Le taux de TVA applicable au livre numérique était fixé
depuis 2012 au taux réduit de 5,5 % comme le livre imprimé.
Un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne
(CJUE) du 5 mars 2015 considère que le livre numérique
constitue un « service fourni par voie électronique » auquel
doit être appliqué le taux normal de la TVA, ce qui contraint
l’État français à modifier l’article 278-0 bis du code général
des impôts et à passer le livre numérique au taux normal
de 20 %.
L’Infini, nouvelle police gratuite
Le ministère de la Culture et de la Communication par l’intermédiaire du Centre national des arts plastiques (CNAP)
a commandé une police de caractères à une jeune designer.
Cette typo est gratuite, à télécharger sur le site du CNAP,
et se compose de différents styles, romain, italique et gras,
ainsi que d’une série de pictogrammes et des ligatures.
Elle peut être utilisée à des fins privées ou professionnelles
sous les conditions d’une licence Creative Commons CC
BY-ND (c’est-à-dire en précisant le crédit, en l’occurrence
« Infini, Sandrine Nugue/CNAP » et sans modifier le dessin
du caractère).
www.cnap.graphismeenfrance.fr/infini/informations
Guide des librairies
indépendantes de Bretagne
Nous vous rappelons qu’il est possible de nous commander
le Guide des librairies indépendantes de Bretagne, paru
en novembre 2014 (tarif : 20 euros).
Contact :
Delphine Le Bras
[email protected]
29
Publics « éloignés » du livre et de la lecture
Ar re zo « pell » diouzh al levrioù hag al lenn
Léz publliq « elouêgnë » du livr e d’la liri
Bégard
Ça roule pour La Belle Orange
Un tandem triporteur, objet artistique et fonctionnel, a
été créé au sein du pôle socioculturel et thérapeutique de
l’établissement de santé mentale Fondation Bon-Sauveur,
à Bégard. Inaugurée fin 2014, La Belle Orange dessert en
livres, CD et DVD tous les services de l’hôpital. Mais le
capital sympathie dont bénéficie cet étrange vélo en fait
bien plus qu’un outil.
30
Les projets culturels ne datent pas d’aujourd’hui dans l’établissement de Bégard, même s’ils ont pris une certaine ampleur ces
dernières années. En ce qui concerne le livre, ils s’appuient sur les
habitudes, les dynamiques créées par l’ASL, association émanant
du comité d’entreprise, qui prêtait déjà des livres aux soignants et
aux patients. Le projet de La Belle Orange s’inscrit dans ce cadre,
au départ. « Nous avions une difficulté, l’éloignement des bâtiments
abritant la bibliothèque et les salles culturelles », explique Sébastien
Gobron, coordinateur culturel de l’établissement, qui travaille
en binôme avec David Parlouer, éducateur technique spécialisé.
« L’idée du triporteur nous a été soufflée par Christine Loquet, chargée des publics éloignés du livre, à Livre et lecture en Bretagne.
Elle avait repéré quelque chose d’équivalent, à Strasbourg, je crois.
Christine nous accompagne depuis longtemps, déjà, et elle est d’une
aide précieuse. Je suis animateur socioculturel, mais je ne suis pas
spécialisé sur le livre. » Les salles culturelles ont été rénovées, transformées en médiathèque, salle d’exposition, ateliers. Excentrées
du cœur de vie d’un établissement composé de plusieurs services,
cachées derrière d’autres bâtiments, elles apparaissaient cependant
peu accessibles. « Pour certains patients, le moindre doute entraîne
la peur de se tromper, de se perdre. Il fallait trouver un système
qui les rassure, les interpelle et crée du lien. Nous avons donc fait
appel à un artiste, Xavier Theffo, spécialisé dans la construction de
vélos-machines, pour lui commander un tandem triporteur, avec
une caisse en bois à l’avant, qui puisse être transformable en bibliothèque. Et puis, tant qu’à faire, on voulait un objet beau, intrigant,
poétique. On voulait tout ! » Un projet un peu fou qui ne convainc
pas tout le monde, au début, mais qui prend corps grâce au mécénat
de la Caisse d’Épargne. « Certains collègues avaient peur du ridicule. » En tout cas, le projet, qui a l’aval de la hiérarchie, est lancé.
La partie métallique est conçue à l’extérieur de l’établissement par
Xavier Theffo et son compère Guirec Pucher, technicien designer.
« Il faut tirer un énorme coup de chapeau à ces deux créateurs talentueux qui ont fourni un travail de très grande qualité artistique et
technique. Nous mesurons la chance que nous avons eu de collaborer avec eux, car ils ont en plus fait preuve de qualités de pédagogue
et de simplicité dans la rencontre avec les personnes en soins »,
souligne Sébastien Gobron. Cette œuvre unique sera ensuite assemblée sur place avec les patients de l’hôpital de jour d’addictologie.
« Comme c’est un prototype, il faut effectuer beaucoup de réglages ;
c’est très technique. » Quant à la partie en bois, elle est fabriquée
sur place par les patients, Xavier et l’éducateur technique spécialisé. « Il s’agit d’une table supportant une pyramide de caisses facilement transformable en bibliothèque, s’emboîtant ensuite comme
des poupées russes pour le rangement. » Au mois de juillet 2014,
la première caisse est terminée lorsqu’un incendie se déclenche
dans l’atelier. « Tout le travail accompli jusque-là était ruiné. Mais
il est tout de suite apparu très important symboliquement de ne pas
rester sur un échec. On s’y est remis en septembre, et avec l’expérience déjà accumulée, le résultat a été encore meilleur, plus joli et
plus fonctionnel. »
La Belle Orange a été officiellement inaugurée en novembre
2014, et la première tournée au sein de l’établissement a eu lieu
en mars 2015. Le tandem est destiné à être activé par un binôme
composé d’un soignant et d’un patient. « Mais il ne faut pas brûler
les étapes. N’oublions pas que le but est avant tout de créer du lien,
de passer par l’humain, pour amener les gens vers les livres et les
activités. Nous avons passé le mois de mars à évaluer les endroits et
les moments propices pour intervenir dans les services, les pentes,
les difficultés, les possibles adaptations des trajets en fonction des
patients, pour éviter de les mettre en échec. Et à partir d’avril, les
tournées ont pu commencer. » Le parcours tient compte à la fois
des services qui utilisent le plus la médiathèque et de la mobilité des
gens. Il faut aller vers ceux qui sont les moins mobiles, physiquement, ou parce qu’ils sont trop craintifs, en perte de confiance. « La
première vocation de La Belle Orange est de créer du lien. On voit
les bricoleurs s’y intéresser par le biais de la mécanique, d’autres
pour son esthétique, d’autres parce qu’ils trouvent ça marrant, et
le lien au livre se fait naturellement. Le vélo est conçu pour entrer
partout, passer toutes les portes, créer de la perturbation. Tout en
rondeur, il n’a rien d’agressif. Et il joue le rôle d’une sorte d’animalmascotte. » Voulu par le pôle STC (sociothérapeutique et culturel)
qui réunit de façon transversale plusieurs professions, comme les
ergothérapeutes, les musicothérapeutes, les kinésithérapeutes, cet
outil est aussi à la disposition de tous les services. Ainsi, lors d’une
opération sur le livre jeunesse dans le bourg de Bégard, La Belle
Orange intervient et permet d’intégrer les patients en tant qu’acteurs
culturels de la commune. « Grâce à La Belle Orange, les patients et
les soignants du Bon-Sauveur se voient différemment et sont vus
autrement. »
Saint-Brieuc
Le printemps des prisons
« Viv(r)e la culture en prison ! » a eu lieu du 8 au 10 avril dernier à
la maison d’arrêt de Saint-Brieuc, à la bibliothèque du centre-ville,
à La Citrouille, à La Passerelle, au Club 6, au campus Mazier et à la
MJC du Plateau. Une exposition de BD, des rencontres sur la culture
en prison, des débats ont été organisés, à l’occasion du passage du
spectacle de Philippe Saumont, Le Temps d’une histoire, dont les
marionnettes ont été conçues l’an dernier à la maison d’arrêt de
Saint-Brieuc. Au programme, notamment, le film À l’ombre de la
République et une table ronde intitulée « Culture en prison, vecteur
d’insertion ? ».
31
G.A.
Les aides du CNL
et les publics éloignés
Le dispositif d’aides du Centre national du livre aux bibliothèques a
été réformé. Il vise désormais à accompagner les projets des bibliothèques en direction des publics empêchés et/ou éloignés du livre.
Depuis le début de l’année 2015, les projets recevables sont ceux qui
mettent en jeu des actions en faveur d’une égalité d’accès au livre et
à la lecture.
Ces subventions intègrent notamment des collections, des actions
de médiation et de valorisation des fonds, en faveur de ces publics
spécifiques. L’assiette de calcul pourra inclure, pour les bibliothèques en milieux pénitentiaires et hospitaliers, le coût de formation d’auxiliaires bibliothécaires et des actions de sensibilisation
de personnels encadrants. Pour les nouveaux projets visant les
personnes dépendantes, une partie des frais de personnels de
médiation sera prise en charge.
Les publics visés sont définis ainsi : empêchés de lire du fait de leur
handicap, de leur détention, de leur hospitalisation, ou de leur perte
d’autonomie. Sont également concernés les publics géographiquement, culturellement ou socialement éloignés du livre et de la
lecture. Priorité est donnée aux actions menées en réseau visant les
usagers des plus petites communes.
9e Forum européen
de l’accessibilité numérique
Paris – lundi 8 juin 2015
http://inova.snv.jussieu.fr/evenements/colloques/colloques/85_
index_fr.html
Facile à lire
Pour en savoir plus :
www.centrenationaldulivre.fr/fr/bibliothecaire/aides_aux_
bibliotheques_et_a_la_diffusion
Contact : Christine Loquet : [email protected]
La mise en place d’espaces Facile à lire s’avère être un grand
succès en Bretagne, où ils séduisent le réseau des bibliothèques et
au-delà. Pages de Bretagne consacrera son prochain dossier à cette
initiative. Actualités de Livre et lecture en Bretagne
Keleier Levrioù ha lennadennoù e Breizh
Léz nouvèl de Livr e liri en Brtêgn
Landivisiau
La parole est à « Histoires de voix »
32
La résidence « Histoires de voix » de l’écrivaine Frédérique Niobey
en Nord-Finistère, mise en place dans le cadre du Pacte d’avenir
pour la Bretagne et coordonnée par Livre et lecture en Bretagne,
s’est achevée le 7 mars à Landivisiau. Cet après-midi convivial a été
l’occasion pour quatre-vingts participants aux ateliers et partenaires
institutionnels (sept bibliothèques et deux établissements de santé)
de se retrouver et d’échanger sur cette expérience marquante.
Des films tournés pendant les ateliers et l’installation numérique de
Fred Murie « Métavoix », construite à partir des textes produits par
les participants, ont captivé petits et grands.
Les différents espaces Facile à lire mis en place dans les lieux
partenaires, favorisant l’accès à la lecture pour tous les publics ont
pu être exposés. Nous avons ainsi pu découvrir la « malle » de la
médiathèque de Lesneven, la « bicyclothèque » de la médiathèque
de Landivisiau, ou les meubles-bibliothèques disposés dans les
commerces par la bibliothèque de Lampaul-Guimiliau.
Le point d’orgue de cette journée fut la lecture de textes issus de
cette résidence par Frédérique Niobey. L’émotion des participants
était palpable et indiquait bien que nous ne fêtions pas une fin, mais
un début. Une belle entrée dans le monde des mots partagés.
Pour rappel, cette opération a été soutenue par :
Livre et lecture en Bretagne, la Direction régionale des Affaires
culturelles de Bretagne, la bibliothèque-médiathèque de LampaulGuimiliau, la médiathèque Per-Jakez-Helias de Landerneau, la
bibliothèque Xavier-Grall de Landivisiau, le centre hospitalier de
Lanmeur, la médiathèque La Vilaren de Lesneven, la médiathèque
Les Ailes du Temps de Morlaix, le centre héliomarin de Perharidy, et
la Bibliothèque du Finistère.
Vous trouverez plus d’informations sur ce projet sur le blog de la
résidence :
https://residence2014.wordpress.com
« Territoires » © Frédérique Niobey
Cette photographie de Frédérique Niobey a été choisie par l’auteur comme emblématique de sa résidence dans le pays de Morlaix. Elle a servi de recto à des cartes distribuées aux participants de cette
journée de restitution, permettant à chacun de garder une « trace » de leur expérience commune.
Les Journées de Livre et lecture en Bretagne
Le nouveau contrat d’édition
En juin
Deux journées d’information juridique ont été organisées le 24 février
à Quimper (15 participants), et le 31 mars à Rennes (8 participants),
en partenariat avec la Société des gens de lettres. Sa responsable
juridique, Valérie Barthez, a analysé pour les auteurs, médiateurs et
éditeurs présents le nouveau contrat d’édition.
Les modèles de contrats et diverses ressources sur cette thématique
sont téléchargeables sur notre site internet et sur le blog dédié à nos
journées d’étude.
Comment accueillir un intervenant ?
Livres enrichis
Jeudi 4 juin 2015, Université Rennes 2, amphithéâtre E1.
L’Université Rennes 2 et ses partenaires (la bibliothèque des Champs
Libres, Livre et lecture en Bretagne et l’ADBS Bretagne) proposent
une journée sur les « Livres enrichis : enjeux de création, de réception et de médiation » dans le cadre des activités de recherche du
laboratoire Cellam.
Programme et inscription :
www.cellam.fr/?journee=livres-enrichis-enjeux-de-creation-dereception-et-de-mediation
Livre et lecture en Bretagne a été sollicité par la Bibliothèque du
Finistère pour proposer aux bibliothécaires une formation sur
l’accueil d’un intervenant : le choix de l’intervenant, le budget de
l’opération, sa communication…
La formation a eu lieu le 19 mars à Quimper et a réuni quinze participants, bibliothécaires professionnels ou bénévoles. La matinée a été
consacrée à un travail en petits groupes, répartis selon la taille des
communes représentées. L’après-midi a été l’occasion pour Livre et
lecture d’apporter des fondements théoriques et juridiques sur cette
thématique. Nos ressources sont disponibles sur le site internet et sur
le blog dédié à nos journées d’étude.
Pour rappel, le guide Pourquoi et comment accueillir un auteur ?,
réalisé par Yann Dissez (chargé de mission sur ce thème par l’EPCC
en 2011), permet de naviguer aisément, chapitre par chapitre, au fil
des ressources sur les accueils et résidences d’auteurs (des éléments
pour organiser le projet ou rémunérer l’auteur, des modèles de documents, etc.).
Pratiques innovantes
et citoyenneté en médiathèque
Vendredi 19 juin 2015, Jardin des Remparts, Vannes
La Médiathèque départementale du Morbihan, en partenariat avec
Livre et lecture en Bretagne, propose d’échanger et de débattre
autour des expérimentations menées dans les médiathèques qui
permettent d’accroître l’offre de services, de modifier le rôle et
l’image des établissements et d’élargir les publics.
https://mediatheque.morbihan.fr
www.livrelecturebretagne.fr/pourquoi-et-comment-accueillir-un-auteur
> https://lesjourneesllb.wordpress.com
Arrivée
Festival Zanzan
Maïlys Affilé a rejoint l’équipe de Livre et lecture en Bretagne
en février 2015, au poste de chargée de communication. Elle
succède à Mathilde Lepioufle. D’origine nantaise, harpiste
amateure, Maïlys a suivi des études en communication et en
management culturel à Bordeaux et à Stuttgart. Elle a travaillé
pendant trois ans en tant que chargée de communication au
sein d’ARTE Éditions, la filiale d’édition livres et DVD de la
chaîne franco-allemande.
Vous pouvez la joindre aux coordonnées suivantes :
Livre et lecture en Bretagne a participé cette année à la 4e édition du
Festival Zanzan (festival « cinéma et arts des différences ») organisé
du 5 au 8 mars dernier à Rennes dans différents lieux partenaires. Un
temps fort autour du livre
a ouvert cet événement à la
salle de la Cité, autour de
la thématique « Lire autrement ». Livre et lecture en
Bretagne a pris part à un
Salon du « livre accessible »
ainsi qu’à la table ronde sur
ce même sujet.
[email protected]
02 99 37 77 54
Pages de Bretagne se renouvelle
Seuls deux numéros classiques au format « papier » de la revue Pages de Bretagne paraissent
cette année : ce premier numéro de mai 2015 sera suivi d’un second, en novembre 2015, consacré
au « Facile à lire ». Des dossiers intermédiaires seront disponibles au format numérique, accessibles sur notre site internet. Nous annoncerons prochainement leurs thématiques sur notre site
et via nos lettres d’information électroniques.
33
Agenda / Deiziataer / Calenderier mai-octobre 2015
Avril - Mai
du 22 au 25 mai
du 25 avril au 23 mai
Festival international du Goéland
Masqué : l’Angleterre
15e édition
Fouesnant, Finistère
Noir, c’est noir
Médiathèque l’Archipel
http://archipel-fouesnant.fr/mediatheque
Penmarc’h, Finistère
Association Le Goéland Masqué
http://goelandmasque.fr
23 mai
Auray, Morbihan
Mai
de mai à juillet
Région Bretagne et Loire-Atlantique
Bretagne, j’écris ton nom, 4e édition
Fédération des cafés-librairies de Bretagne
https://calibreizh.wordpress.com
3 mai
Crozon, Finistère
Salon du livre, 3e édition
Patrick Luherne
Association À l’encre du loch
[email protected]
23 mai
Rennes, Ille-et-Vilaine
Coupe Ligue Junior Slam
Association Slam Connexion
www.coupe.ligueslamdefrance.fr
du 23 au 25 mai
Saint-Malo, Ille-et-Vilaine
Le Quai des Écrits : rencontres d’auteurs Festival Étonnants Voyageurs
Association Étonnants Voyageurs
7e édition
Association Kerhars
www.ker-hars.fr
34
6 mai
Nantes, Loire-Atlantique
Poèmes en cavale : Bernard Chambaz
et Sylvain Kassap
Maison de la Poésie
www.maisondelapoesie-nantes.com
7 mai
Quimper, Finistère
Rendez-vous de Max… avec Elpée
Rencontre-lecture, de 18 h à 19 h
3e édition
www.etonnants-voyageurs.com
28 mai Saint-Brieuc, Côtes-d’Armor
Un jeudi, un écrivain
Rencontres littéraires avec Stéphane
Bovon, pour son roman Gérimont
Le Fût chantant Ligue de l’enseignement des Côtes-d’Armor
www.fol22.com
du 28 au 31 mai
Nantes, Loire-Atlantique
Atlantide, festival des littératures de
Nantes
Juin
Côtes-d’Armor
Matinées de l’animation
Les animations en bibliothèque, 1re édition
Bibliothèque des Côtes-d’Armor
http://bca.cotesdarmor.fr
4 juin
Quimper, Finistère
Rendez-vous de Max…
avec Alain-Gabriel Monot : causerie
sur Georges Perros, de 18 h à 19 h,
3e édition
Les Éditions Sauvages
http://editionssauvages.monsite-orange.fr
4 juin
Nantes, Loire-Atlantique
Poèmes en cavale : soirée lectures,
rencontres avec des auteurs  surprises.
Maison de la Poésie
www.maisondelapoesie-nantes.com
du 5 au 7 juin
Brest, Finistère
Festival des carnets de voyage de Brest
Ici&Ailleurs
Le voyage en marchant/voyages
imaginaires/ville invitée : Barcelone
7e édition
Association Enki
www.ici-ailleurs.net
6 juin
Scrignac, Finistère
Salon du livre jeunesse des monts
d’Arrée, 2e édition
Les Éditions Sauvages
http://editionssauvages.monsite-orange.fr
Bibliothèque
Le Lieu unique / La Cité, centre des congrès de http://biblioscrignac.blogspot.com
Nantes
www.atlantide-festival.org
15 et 16 mai
29 et 30 mai
Nantes, Loire-Atlantique
Poèmes en cavale : lectureperformance de Frédéric Dumond –
dans le cadre du festival Millefeuilles.
Maison de la Poésie
www.maisondelapoesie-nantes.com
16 et 17 mai
Quimper, Finistère
Salon du livre de Quimper - 1re édition
Association PARC en Bretagne
https://www.facebook.com/pages/
Salon-du-livre-de-Quimper
du 16 mai au 13 septembre,
les dimanches
Huelgoat, Finistère
L’Été des 13 dimanches :
briser le toit de la maison
7 juin
Questembert, Morbihan
Salon du livre jeunesse de
Questembert, 16e édition
Médiathèque municipale
www.facebook.com/
mediatheque.dequestembert
30 mai Port-Louis, Morbihan
Rencontres poétiques : lectures de
Mérédith Le Dez et Olivier Cousin,
accompagnées en musique, 6e édition
La Lune bleue et l’Éphémère
Facebook : les Éditions la Lune bleue
30 mai
Louargat, Côtes-d’Armor
Salon du livre des Deux Méné
Littérature enfance-jeunesse et contes
http://francoiselivinec.com/Ecoledesfilles.php Amicale laïque de Louargat
[email protected]
Surzur, Morbihan
Surzur à livre ouvert, salon du livre
12e édition
Médiathèque Marguerite-Lohezic
www.mediathequesurzur.fr
13 et 14 juin
Port de Doëlan, Clohars-Carnoët, Finistère
Rêves d’océans : la rencontre
Festival du livre jeunesse
Le 12 juin, journée de formation des
bibliothécaires, 11e édition
Association Rêves d’océans
www.reves-doceans.fr
19 et 20 juin
Abbaye de Fontevraud, Maine-et-Loire
Les rencontres de Fontevraud
Colloque : Gabriel García Márquez,
8e édition
Maison des écrivains étrangers et des
traducteurs
www.meetingsaintnazaire.com
Agenda / Deiziataer / Calenderier mai-octobre 2015
du 19 au 21 juin
Vannes, Morbihan
Salon du livre en Bretagne, 7e édition
Ville de Vannes
www.mairie-vannes.fr
21 juin
Quimper, Finistère
La musique des mots
Lectures, musique, chansons,
dédicaces de 18 h à 19 h, 3e édition
Les Éditions Sauvages
http://editionssauvages.monsite-orange.fr
25 juin Saint-Brieuc, Côtes-d’Armor
du 17 juillet au 31 juillet
Bretagne
Fête du livre jeunesse
Centre national du livre
www.centrenationaldulivre.fr
du 18 juillet au 23 août,
les samedis et dimanches
Huelgoat, Finistère
Juillet
du 2 au 5 juillet
Territoire de Brocéliande, Ille-et-Vilaine
Et dire et ouïssance Festival des poésies contemporaines
en Brocéliande, 2e édition
Association Dixit Poétic
http://dixitpoetic.blogspot.fr
4 et 5 juillet
Saint-Brieuc, Plérin, Côtes-d’Armor
Bulles à croquer
Festival de la bande dessinée
7e édition
Association 212
www.bullesacroquer.net
du 9 au 11 juillet
La Baule-Escoublac, Loire-Atlantique
La Bulle-Escoublac
Festival de la bande dessinée et du
dessin, 20e édition
Le Relais culturel
www.lerelaisculturel44500.com
15 juillet et 19 août
Loctudy, Finistère
Rencontres d’auteurs régionaux
Concoret, Paimpont, Tréhorenteuc
Rencontres de l’imaginaire arthurien :
mondes légendaires, 11e édition
24 et 25 juillet
Guer, Morbihan
Concarneau, Finistère
Festival du polar Le Chien Jaune :
polar et exotisme, 21e édition
Association Le Chien Jaune
www.lechienjaune.fr
9 août
Damgan, Morbihan
Salon du livre de Damgan
Association Lire à Pénerf… ou ailleurs
[email protected]
Festival international du livre militaire
6e édition
16 août
Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan
www.facebook.com/
festivalinternationaldulivremilitaire
Salon du livre, 10e édition
25 juillet
Groix, Morbihan
Rencontres autour de l’édition
bretonne, 6e édition
Locquirec, Finistère
Association Salon du livre de Locquirec
Tél.: 02 98 67 44 47
22 août
Callac, Côtes-d’Armor
Salon du livre & de l’art, 11e édition
[email protected]
[email protected]
Callac culture
www.callac.culture.fr
25 juillet (sous réserve)
du 22 au 26 août
Quimper, Finistère
Off des livres et des auteurs
cornouaillais du Festival de
Cornouaille
petit Salon, rencontres et lectures, de
17 h à 20 h, 3e édition
Les Éditions Sauvages
http://editionssauvages.monsite-orange.fr
25 et 26 juillet
Ouessant, Finistère
Salon international du livre insulaire
17e édition
Association Cali
www.livre-insulaire.fr
28 août (sous réserve)
Douarnenez, Finistère
Mots et marées
Salon du livre, 2e édition
Journée sur la littérature – dans
le cadre du Festival de cinéma de
Douarnenez : la littérature des Andes
38e édition
Association EPAD (Événementiel Port an Drô)
https://salondulivrecarnac.wordpress.com
Association du festival de Douarnenez
www.festival-douarnenez.com
Carnac , Morbihan
du 27 juillet au 2 août
Mesquer, Loire-Atlantique
Éditions du Traict et mairie de Mesquer
www.salondulivredekercabellec.sitew.com
du 17 au 19 juillet
Lorient, Morbihan
Association du Festival interceltique de Lorient
www.festival-interceltique.com
du 15 au 19 juillet
Éditions Joca Seria
www.ecrivainsenborddemer.fr
du 7 au 16 août
du 23 au 26 juillet
www.ecolesdesfilles.org
Dans le sillage des grands paquebots
Festival et Salon
3e festival et 7e Salon du livre
Écrivains en bord de mer, 18e édition
Association Polars de Bretagne et d’ailleurs
www.facebook.com/pages/Polars-deBretagne-et-dAilleurs/199427346786687?_rdr
Quai du livre – dans le cadre du Festival
interceltique de Lorient : année de la
Cornouaille et de l’île de Man, 45e
édition
Office de tourisme de Loctudy
http://tourisme.loctudy.fr
Nantes, Loire-Atlantique
Sables-d’Or-les-Pins, Côtes-d’Armor
Polars de Bretagne et… d’ailleurs !
Salon du polar
L’Été des 13 dimanches :
briser le toit de la maison
Un jeudi, un écrivain
Rencontre littéraire avec
Jean-Christophe Bailly pour son roman Centre de l’imaginaire arthurien
www.centre-arthurien-broceliande.com
Le Dépaysement
Maison Louis-Guilloux
Ligue de l’enseignement des Côtes-d’Armor
www.fol22.com
2 août
Septembre
3 septembre
Quimper, Finistère
Août
Rendez-vous de Max… avec Colette
Wittorski – Rencontre-lecture,
de 18 h à 19 h, 3e édition
1er août
du 12 au 14 septembre
Bécherel, Ille-et-Vilaine
Nuit du livre, 20e édition
Maison du livre et du tourisme
www.becherel.com
Les Éditions Sauvages
http://editionssauvages.monsite-orange.fr
Rennes, Ille-et-Vilaine
Le Marché noir
Salon des indépendants
www.lemarchenoir.org/salon
35
Agenda / Deiziataer / Calenderier mai-octobre 2015
20 septembre
Bédée, Ille-et-Vilaine
3 octobre
17 octobre
Liffré, Ille-et-Vilaine
Pré en Bulles : des mots dessinés
Liffré Livres, salon du livre
Festival de la bande dessinée, 7e édition Tél. : 02 99 68 69 27
Association Le Chantier
www.preenbulles.fr
25 septembre
Saint-Brieuc, Côtes-d’Armor
Un auteur, un livre
accueille Edmond Baudouin, à 18 h 30
Bibliothèque André-Malraux
https://bmsaintbrieuc.wordpress.com
26 septembre
Lantic, Côtes-d’Armor
Salon du livre, 11e édition
[email protected]
4 octobre
Centre culturel Ernest-Renan
[email protected]
4 octobre
Thorigné-Fouillard, Ille-et-Vilaine
Folie des livres
Salon du livre jeunesse des éditeurs
indépendants
Association Thoréfolivres
http://thorefolivres.com
26 septembre
du 8 au 11 octobre
Nantes, Loire-Atlantique
Midiminuitpoésie #15 – Poésies,
musiques et arts visuels
Rencontres poétiques
Lectures de Jean-Pierre Boulic et
Nicole Laurent-Catrice, accompagnées Maison de la Poésie
www.maisondelapoesie-nantes.com
en musique
La Lune bleue et l’Éphémère
Facebook : les Éditions de la Lune bleue
Côtes-d’Armor
Littératures étrangères : le Japon
Bibliothèque des Côtes-d’Armor
http://bca.cotesdarmor.fr
1er octobre
Quimper, Finistère
Rendez-vous de Max… avec Tugdual
Kalvez – rencontre-lecture bilingue,
de 18 h à 19 h, 3e édition
Les Éditions Sauvages
http://editionssauvages.monsite-orange.fr
23 octobre
Saint-Brieuc, Côtes-d’Armor
Un auteur, un livre
accueille Nathalie Sonnac
Bibliothèque André-Malraux
https://bmsaintbrieuc.wordpress.com
du 23 au 25 octobre
Saint-Malo, Ille-et-Vilaine
Quai des Bulles Festival de la bande dessinée et de
l’image projetée
Association Quai des Bulles
www.quaidesbulles.com
24 et 25 octobre
Carhaix, Finistère
11 octobre
Châteaulin, Finistère
Octobre
La Lune bleue et l’Éphémère
Facebook : les Éditions de la Lune bleue
Tréguier, Côtes-d’Armor
Le livre et ses métiers
Amicale laïque
http://amicalelaiquelantic.eklablog.com
Port-Louis, Morbihan
Port-Louis, Morbihan
Rencontres poétiques
Lectures de Françoise Lonquety et
Gwen Garnier-Duguy, 7e édition
Salon du livre
Bibliothèque municipale
[email protected]
Festival du livre en Bretagne / Gouel al
levrioù e Breizh
Centre culturel breton Egin
www.festivaldulivre-carhaix.org
octobre
de la mi-octobre à la fin novembre 25
Plounévez-Lochrist, Finistère
Région Bretagne et Loire-Atlantique
Libres en littérature
Fédération des cafés-librairies de Bretagne
https://calibreizh.wordpress.com
du 14 au 23 octobre
Landerneau, Finistère
Clair de lune, 5e édition
Festival de littérature jeunesse
Médiathèque Per Jakez-Helias
www.ville-landerneau.fr/mediatheque
Salon du livre
Bibliothèque municipale et association
Culture et Loisirs
[email protected]
du 28 octobre au 2 novembre
Nantes, Loire-Atlantique
Les Utopiales Festival international de science-fiction
www.utopiales.org
Cet agenda n’est pas exhaustif, et rassemble les manifestations qui nous ont été communiquées selon le délai convenu. Vous trouverez plus de détails sur chaque
évènement cité dans notre Guide des événements et manifestations littéraires de Bretagne paru en mars.
Directeur de publication / Rener an embann / Mnou d’bani : Yannik Bigouin
Rédacteur / Skridaozer / Redijou : Gérard Alle
Coordination de la publication / Kenurzhierezh an embann / Organizment d’la bani : Maïlys Affilé
Ont collaboré à ce numéro / Kemeret o deus perzh en niverenn-mañ / Il’on të enbzognë su l’limerot-si : Maïlys Affilé, Tugdual Carluer, Annie Chevalier,
Association Chubri (traductions en gallo), Delphine Le Bras, Florence Le Pichon, Marie-Joëlle Letourneur, Christine Loquet,
Office public de la langue bretonne (traductions en breton), Christian Ryo, René Tanguy.
Ce numéro a été relu par / Adlennet eo bet an niverenn-mañ gant / L’limerot-si a të rlu parr : Bénédicte Trocheris-Jobbé Duval, de l’association
Correcteurs en Bretagne.
Maquette / Maketenn / Maqhètt : À l’encre bleue
Impression / Moullañ / Moulri : Cloître Imprimeurs (29). Tiré à 3 500 exemplaires.
Livre et lecture en Bretagne / Levrioù ha lennadennoù e Breizh
61, boulevard Villebois-Mareuil
35000 Rennes
Tél. 02 99 37 77 57 – Fax 02 99 59 21 53
[email protected]
>
www.livrelecturebretagne.fr
Siret : 200 013 977 00034 – APE : 9101Z – ISSN : 1771-6896
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