Pages de Bretagne n° 39 - Livre et lecture en Bretagne
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Pages de Bretagne n° 39 - Livre et lecture en Bretagne
¶ Pages de Bretagne Pajennoù Breizh Paij de Brtêgn #39 Mai Miz Mae Mouâiz d’mae 2015 Revue semestrielle Kelaouenn c’hwec’hmiziek Gâzètt su siz mouâiz À la une : Goulc’han Kervella Portraits : Gweltaz Adeux, Mich Beyer, Aziliz Bourgès, Annie Coz, Lætitia Fitamant, Yann-Fulub Dupuy, Krismenn, Nolwenn Korbell, René Tanguy Lire en Finlande et en Midi-Pyrénées Le Relecq-Kerhuon : le dynamisme de la médiathèque de comité d’entreprise Finistère : Tournée d’auteurs Saint-Malo : La Droguerie d’en face Bégard : Des livres à vélo Goulc’han Kervella par René Tanguy Dossier : La création en langue bretonne Krouiñ e brezhoneg Édito / Pennad-stur / Biyèt d’la redijri *Accessible via le site http://crdp.ac-rennes.fr/tes/ site En un amzer m’emaomp en arvar da welet pep tra o tont da vezañ heñvel e pep lec’h war hor planedenn ; anavezout, gwareziñ, enoriñ ar c’hrouiñ e brezhoneg, evel kement tra a vez krouet gant sevenadurioù ar bed, hag int liesseurt, a zo hollret. Kement-se a dalvez nac’hañ lakaat sevenadur pe sevenadur a-us d’ar re all hag, evel m’el lavar gant nerzh Mona Ozouf en he levr Composition française (Gallimard, 2009), «paouez da lakaat kement yezh vihan zo da drefoedach, ha kement trefoedach zo da sujidigezh ». Pa garje lod e vac’hañ er vuhez prevez – da lavaret eo e gondaoniñ d’ar marv – (ad)kavout ul lec’h sokial ha publik d’ar brezhoneg en hor c’hevredigezh a zo dalc’h warc’hoazh. Ul lodenn anezhañ eo harpañ ul lennegezh krouiñ. Setu perak ez eus fellet deomp gouestlañ an niverenn-mañ d’ar c’hrouiñ, ha d’ar c’hrouiñ lennegel dreist-holl, en unan eus hor yezhoù a Vreizh. Ar yezh keltiek diwezhañ bev war ar c’hevandir eo ha bez’ emañ da vat en hon diazez sevenadurel a wechall hag a vremañ. Treuzkaset e vez bremañ tost da vat hepken dre an hentadoù klasoù divyezhek, ar skolioù dre soubidigezh, ar magourioù, ar skolioù-meur, ar stajoù vakañsoù pe an aozadurioù stummañ. Gant un tregont ti-embann bennak hag ur greizenn liesvedia da broduiñ dafar pedagogel (TES *) e vez embannet ur c’hant levr bennak bep bloaz. N’eo ket kement-se met ingal ha reoliek e teu al levrioù er-maez a-drugarez d’ur rouedad kevredigezhioù leun a startijenn evel strollad c’hoariva Ar Vro Bagan hag a grou, a vev, a c’hoari hag a embann e brezhoneg abaoe dekvloaziadoù hag a adkaver e rener, Goulc’han Kervella, war golo an niverenn-mañ. Bet c’hoariet ha skrivet ganti evit ar strollad a Vro-Leon, emañ ar skrivagnerez Naig Rozmor o paouez mont da anaon en he 92vet bloavezh. Dre hec’h oberenn bet skrivet penn-da-benn e brezhoneg e tiskouez deomp penaos e c’haller bezañ stag ouzh e zouar ha digor war ar bed. Da-geñver donedigezh Léopold Sédar-Senghor e Breizh he devoa graet ur geñveriadenn en he barzhoneg Breur Du etre planedenn Senegaliz ha hini Breizhiz, ur barzhoneg he devoa gallet lenn dirazañ e c’hoariva Montroulez. Evel holl pobloù ar bed hor bez ezhomm eus gerioù hor barzhed evit bezañ trec’h war hor poanioù pe evit komz eus ar garantez en he c’haerañ evel m’he deus graet gant kizidigezh betek fin he buhez. Emichañs e c’hallo Frañs, hag a zo gwall dechet siwazh da gemmeskañ kevatalded hag unvanded, anavezout evel m’eo dleet al labour dibar e servij an holl a vez kaset da benn gant an oberourien evit lakaat hor mad boutin m’eo ar brezhoneg da vleuniañ. ©Daniel Mingant À une époque où ce qui nous menace partout sur la planète est l’uniformité ; reconnaître, préserver, honorer la création en langue bretonne, comme toutes les créations culturelles du monde dans leur diversité, est essentiel. Cette démarche implique le refus de hiérarchiser les cultures entre elles et, comme le souligne avec vigueur Mona Ozouf dans Composition française (Gallimard, 2009), « qu’on cesse d’assimiler toute langue minoritaire à un patois, et tout patois à une servitude ». Alors que certains voudraient la reléguer à l’espace privé – donc la condamner à mort – (re)trouver une place sociale et publique à la langue bretonne dans notre société est l’enjeu de demain. Soutenir une littérature créative en fait partie. C’est pourquoi nous avons souhaité consacrer ce numéro à la création, et plus particulièrement littéraire, dans une de nos langues de Bretagne. Dernière langue celtique continentale vivante bien présente dans notre substrat culturel d’hier et d’aujourd’hui, elle est transmise désormais quasi exclusivement à travers les filières des classes bilingues, les écoles immersives, les crèches, les universités, les séjours de vacances ou les organismes de formation. Une trentaine de maisons d’édition ainsi qu’un centre régional multimédia de production pédagogique (TES *) publient une centaine d’ouvrages chaque année. Une production modeste, mais durable, qui s’appuie depuis longtemps sur un réseau associatif dynamique comme la troupe de théâtre Ar Vro Bagan qui crée, vit, joue, publie en breton depuis des décennies et dont le directeur, Goulc’han Kervella, est en couverture de ce numéro. Actrice et auteure pour cette troupe léonarde, l’écrivaine Naig Rozmor vient de disparaître dans sa 92e année. À travers son œuvre écrite uniquement en breton, elle nous montre combien on peut être ancré à sa terre et ouvert sur le monde. Lors d’une visite de Léopold Sédar Senghor en Bretagne, elle établissait d’ailleurs dans son poème Breur Du (Frère Noir), qu’elle avait lu en sa présence au théâtre de Morlaix, un parallèle entre le destin des Sénégalais et celui des Bretons. Comme tous les peuples du monde, nous avons aussi besoin des mots de nos poètes afin d’exorciser nos peines ou pour sublimer l’amour comme elle l’a fait avec sensibilité jusqu’à la fin de sa vie. Espérons qu’un jour la France, qui a malheureusement tendance à confondre égalité et uniformité, reconnaîtra comme il se doit cet exceptionnel travail d’intérêt général des auteurs pour faire rayonner notre bien commun qu’est la langue bretonne. *A c’haller kavout el lec’hienn : http://crdp.ac-rennes.fr/tes/ site Yannik Bigouin, président de Livre et lecture en Bretagne kadoriad Levrioù ha lennadennoù e Breizh Extrait de Breur Du. Tennet eus Breur Du. Ar Vretoned evito ? Tud diwar-lerh, plouked, pennou kaled Re vad dindan botez an aotrou. Ha c’hwi Morianed ? Tud gouez, negred, Harluet ho hendadou en tu all d’ar mor don. Gwerzet chadennet da vistri digerez Ya, breudeur om en izelded. Les Bretons, pour eux ? Des arriérés, des ploucs, des entêtés. Tout juste bons à subir la botte du seigneur. Et vous, les Noirs ? Des sauvages, des nègres. Vous dont les ancêtres furent exilés au-delà des mers. Vendus enchaînés à des maîtres sans pitié. Oui, nous sommes frères dans l’humiliation. Naig Rozmor, Breur Du (Frère Noir), extrait de Mondo Cane, recueil écrit avec le poète polonais Jerzy Wielunski, contenant 134 poèmes du monde entier. Éditions Emgleo Breiz – 1997 Naig Rozmor, Breur Du, tennet eus Mondo Cane, dastumad skrivet gant ar barzh polonat Jerzy Wielunski, ennañ 134 barzhoneg eus ar bed a-bezh. Embannadurioù Emgleo Breiz – 1997 Tugdual Carluer nous a confié des phrases qu’il aime bien, dans cette langue bretonne dont il apprécie tant la sonorité. Il nous a aussi transmis de belles trouvailles littéraires, qui donnent un léger aperçu de la manière dont cette langue « pense le monde ». Le jeu avec les sonorités, le double sens des mots sont souvent utilisés. Peut-être est-ce une des raisons du nombre important de poètes qui écrivent en breton ? Il y avait une trentaine de phrases, toutes plus intéressantes les unes que les autres. Faute de place, nous n’avons pu en garder que quelques-unes que vous trouverez, parsemant ce numéro. L’intégralité de la sélection de Tugdual est disponible sur notre site internet. Autre solution pour approfondir vos connaissances sur les subtilités de la langue bretonne… l’apprendre et la pratiquer avec des gens qui, comme Tugdual, y prennent tant de plaisir. Tugdual Carluer en deus fiziet ennomp un toullad frazennoù hag a blij dezhañ, er brezhoneg-se m’eo tik gant ar sonerezh anezhañ. Kaset en deus deomp ivez kavadennoù lennegel brav a ro un alberz eus an doare ma vez « soñjet ar bed » gant ar yezh-se. Ar c’hoari gant ar sonioù, daou ster ar gerioù a vez graet ganto alies. Setu marteze unan eus an abegoù ma’z eus kement a varzhed o skrivañ e brezhoneg ? Un tregont frazenn bennak a oa, pep hini anezho dedennusoc’h eget ar re all. Dre ziouer a blas n’hon eus gallet mirout nemet un nebeud anezho a gavoc’h amañ hag ahont en niverenn-mañ. Dibab klok Tugdual a c’halloc’h kavout en hol lec’hienn Internet. Un diskoulm all evit mont pelloc’h war hent soutilderioù ar brezhoneg… deskiñ anezhañ hag ober gantañ gant tud, evel Tugdual, hag a gav kement a blijadur o komz anezhañ. 2 Portrait d’un lecteur / Poltred ul lenner / Portrèt d’un lizou Plonéïs Lætitia Fitamant, radioscopie d’une lectrice LÆTITIA TRAVAILLE EN BRETON, À RADIO KERNE. BONNE LECTRICE, ELLE RECONNAÎT CEPENDANT, COMME BEAUCOUP, NE LIRE QUE RAREMENT EN LANGUE BRETONNE. LES BONS AUTEURS BRITTOPHONES SERAIENT-ILS TROP RARES ? lectrice, quelqu’un qui sait ce que c’est que la narration. J’apprécie aussi la traduction de Harry Potter par Mark Kerrain et celle du Vent dans les saules de Kenneth Grahame (An Avel en haleg), par Alan Martel, qui est magnifique. Mais en fin de compte, comme la plupart des bretonnants qui aiment lire, je lis surtout en français. Avec une préférence pour le domaine étranger. Eh oui ! Si je devais faire un sondage auprès des bretonnants, ça ferait mal ! » Lætitia apprécie particulièrement la littérature américaine, à laquelle elle trouve une vigueur qu’elle ne trouve pas dans la littérature française actuelle. « Mes auteurs préférés : Stephen King, Annie Proulx, Sepulveda, John Fante, Jane Austen, les sœurs Brontë, Huysmans, Romain Gary, García Márquez, Lautréamont. J’aime aussi le travail de Monsieur Toussaint Louverture, une jeune maison d’édition qui édite des auteurs de standards de la littérature américaine méconnus en France, comme Fred Exley, ou Steve Tesisch… Les polars, aussi. Mais chez les Américains, il n’y a pas de distinction, comme en France, entre les genres. Le premier roman avec lequel j’ai pris une claque, c’est Le Dernier des justes, d’André Schwartz-Bart. J’avais 14 ans. Un autre virage, c’est la découverte de Jane Eyre, qui m’a conduite vers la littérature anglo-saxonne. » Depuis quelques mois, Lætitia Fitamant a commencé à jouer au théâtre, en breton, avec la troupe Tro Didro. « C’était un peu douloureux pour moi, au début. Je n’ai jamais été leader ou bouteen-train ; ce n’est pas dans mon tempérament de m’exposer en public. Le texte et la diction ne me font pas peur, mais se mouvoir et s’apercevoir de tout ce qui n’est pas juste dans le jeu, c’est difficile. N’empêche que lorsqu’on voit des gens venir nous féliciter, on se dit que, quand même, il doit y avoir quelque chose de cohérent dans ce travail. Mais l’importance du théâtre en langue bretonne pour exprimer les sentiments, les émotions n’est pas encore captée par tout le monde. La preuve ? Lors de la remise des Prizioù, qui récompensent les créations en breton, il n’y a pas de prix pour le théâtre. Pour en revenir à la création en langue bretonne, je me rends compte, en travaillant à la radio, qu’il y a une grande qualité et une belle variété dans les chansons et les styles de musique qu’on ne retrouverait pas dans d’autres cultures minoritaires. En littérature, comme il y a une pénurie, je trouve qu’on produit parfois pour produire, ce qui est contre-productif. Il faut que l’auteur soit là avant le linguiste. Et qu’il ait quelque chose à dire. En ce sens, il ne faut pas oublier de saluer le recueil de poésie de Stefan Carpentier, Pa gavan hir ma amzer, qui tient vraiment la route, ou Alje 57, de Pierre-Emmanuel Marais. Je pense aussi aux excellentes traductions de Kristian Ar Bras. Une très bonne initiative serait de rémunérer un pool de traducteurs, à l’année, pour faire école. » > http://radiokerne.antourtan.org © Gérard Alle 3 Originaire d’Ergué-Gabéric, Lætitia Fitamant a bien entendu des anciens parler breton dans sa famille, « mais c’était pour les choses pratiques, pas pour les gosses. » Elle a essayé l’option breton, au lycée, avant d’y renoncer ; l’initiation, à la fac, « mais je n’y participais pas assez régulièrement. » Finalement, le déclic va se produire grâce à une formation de neuf mois, au sein de l’association Stumdi, en immersion, dans le but de devenir institutrice en classe bilingue. « Mais très vite, lors de ma formation d’enseignante, j’ai senti que ça ne serait pas mon truc. » Aujourd’hui, Lætitia anime des émissions en breton. « Pourtant, je croyais que la radio en breton, c’était surtout pour des hommes plutôt âgés et barbus, va savoir pourquoi… » Heureuse dans son travail, elle est une lectrice assidue depuis son plus jeune âge. « Il y avait des livres à la maison, même si mes parents n’étaient pas de grands lecteurs. Très vite, je me suis inscrite à la bibliothèque d’Ergué, et entre 8 et 15 ans, je crois que j’ai dû explorer tout le fonds, au rythme de quatre ou cinq romans par semaine. » En langue bretonne, elle s’est mise assez tard à la lecture. « Mon premier souvenir marquant est la lecture d’un roman policier de Yann Gerven, court et bien structuré, agréable à lire. En fait, j’hésite à me plonger dans les œuvres plus anciennes, de peur que les bouquins soient un peu datés, parlent de l’ancien temps, de la religion. Cela existe aussi en français, bien sûr, mais j’ai une préférence pour les thèmes contemporains. Alors, en breton, j’ai commencé par les auteurs vivants : Mich Beyer, Pierre-Emmanuel Marais, Stefan Carpentier, Yann-Fulub Dupuy, les revues Brud Nevez, Al Liamm. YannFulub, j’étais bien obligée de le lire, parce que je devais l’interviewer. J’appréhendais sa langue, que je savais très riche. Ça n’a pas été facile au début, mais j’y suis arrivée et j’ai apprécié. J’ai bien aimé Mich Beyer et Annie Coz, aussi. On sent que c’est une > www.cietrodidro.fr G.A. Portrait d’un auteur / Poltred ur skrivagner / Portrèt d’un’ecrivou Plouguerneau Goulc’han Kervella, aux bons soins du théâtre en breton EN BRETAGNE, LORSQU’ON PRONONCE LE NOM « GOULC’HAN », ON PENSE IMMÉDIATEMENT À GOULC’HAN KERVELLA ET À LA FORMIDABLE AVENTURE DE STROLLAD AR VRO BAGAN. ON CONNAÎT PEUT-ÊTRE MOINS L’HISTOIRE DE CET HOMME QUI FUT MÉDECIN AVANT DE SE DONNER CORPS ET ÂME AU THÉÂTRE EN LANGUE BRETONNE. MAIS LES BRETONNANTS CONNAISSENT FORT BIEN SES TALENTS D’AUTEUR, ATTACHÉ À UNE LANGUE POPULAIRE PLEINE DE NUANCES ET DE TROUVAILLES. À la maison, les parents parlent français à leurs enfants. Le père est ouvrier, après avoir été goémonier et marin. La famille, les fréquentations – des ouvriers, des pêcheurs –, tout le monde parle breton. Le petit Goulc’han ne s’aperçoit vraiment qu’on parle deux langues différentes que vers 7 ou 8 ans : « J’avais assisté à la dernière mission menée dans notre paroisse, en 1961, et je m’amusais à prêcher en breton, sous les yeux étonnés de ma famille. » La mère rêve que ses enfants réussissent à l’école. Pour Goulc’han, le cadet, ce sera effectivement le cas, puisqu’il poursuivra ses études à Brest, afin de devenir médecin. Mais c’est aussi par ce biais qu’il va reprendre contact sérieusement avec le breton. « Quand il y avait des patients qui avaient du mal à s’exprimer en français, à l’hôpital, on venait me chercher pour servir d’interprète. C’est aussi l’époque qui le veut – la fin des années soixante –, où je m’engage en tant que militant, comme beaucoup, pour la langue bretonne. » L’association Ar Vro Bagan naît en 1965, avec un but culturel assez large. En 1969, elle défend clairement le droit de vivre et de travailler au pays, et lancera bientôt un atelier de théâtre que Goulc’han va animer, parallèlement à son activité de médecin qu’il poursuivra jusqu’en 1982. Bientôt, une structure professionnelle va se mettre en place. Le thème de sa thèse, Médecine et littérature de langue bretonne aux xixe et xxe siècles, dit assez bien à quel point les sous-marins nucléaires en rade de Brest. deux activités demeurent chez Goulc’han Andreo Ar Merser, le fameux érudit en longtemps imbriquées. Cette connaissance langue bretonne, a bien voulu accepter de profonde de la société bretonne qu’il a pu me corriger. » acquérir grâce à la pratique de la médecine Goulc’han montait déjà des pièces en franet de la psychiatrie va beaucoup l’aider et çais, avec les jeunes du quartier de Saintl’inspirer par la suite et jusqu’aujourd’hui Laurent, devant la chapelle éponyme. dans ses écrits. « Le soir, en pension chez Sous sa houlette, Strollad ar Vro Bagan va les prêtres, au lycée Charles-de-Foucauld, désormais alterner créations et pièces du j’écrivais déjà des petites histoires en franrépertoire, avec un engagement militant çais. J’étais en compagnie des enfants de assez marqué, pour la Bretagne, l’environfamilles huppées. Ils s’étaient moqués nement, les luttes sociales. « Ce que j’aime de moi parce que j’avais prononcé le mot au théâtre, c’est aussi l’aspect collectif du abbaye comme une abeille. Pour laver travail de création. Ce que j’écris à côté l’affront, je m’étais promis de devenir le est plus personnel. » Il est vrai que, paralmeilleur en français. Je faisais déjà du lèlement, Goulc’han écrit des histoires et théâtre, j’adaptais Le Médecin malgré lui, des chroniques dans la revue Al Liamm. je composais des petites pièces qui s’inspiCertaines, unanimement saluées, sont raient de Labiche ou Feydeau. C’est vers inspirées par la vie de malades mentaux l’âge de 20 ans que je me suis mis à écrire qu’il a connus lorsqu’il était sérieusement en breton. » « J’ai une médecin. « À l’époque, Al Goulc’han voit bien que le écriture plus Liamm était en rivalité avec breton, dans ces années personnelle, une autre maison d’édition, 1960, n’a pas d’existence offiplus originale, Brud Nevez, une guéguerre cielle, et ne bénéficie d’auje crois, en stérile sur la question de la cune reconnaissance sociale. breton. » graphie de la langue, une de Heureusement, il y a les cours plus ! Maintenant, j’écris pour de breton de Visant Seite dans les deux, mais aussi pour Coop Breizh, Le Télégramme (Ar memes brezoneg), Skol Vreizh, pour Ya ! » Le premier roman le pionnier du genre, souvent moqué, signé Goulc’han Kervella a pour titre Ar mais très efficace. Une première lecture Chase ; il est destiné aux enfants. « Je suis marquante, aussi, en breton, Geotenn ar plus à l’aise pour écrire en breton, qui est Werc’hez, de Jakez Riou. « Les choses ont la langue que je pratique le plus. Disons changé. Je me suis mis à ne plus parler que que j’ai une écriture plus personnelle, plus breton avec mes parents. En fac, j’ai écrit originale, je crois, en breton. » Goulc’han une première nouvelle en breton, sur les 4 Evelkent n’i ket da labourat war da galon noazh Tu n’iras tout de même pas travailler sur ton cœur nu (l’estomac vide, à jeun). Jules Gros, Le Trésor du Breton Parlé © René Tanguy 5 Kervella écrit dans un breton standard très inspiré par la langue populaire. C’est ce qui plaît beaucoup à ses lecteurs, cette façon de chercher dans la langue de tous les jours le mot, l’expression adéquats. Un nouveau roman est en cours d’écriture, Neus ket a garantez eurus, sur une histoire d’amour impossible au cours de la guerre de 14-18. Encore une façon d’explorer la société bretonne, ses problèmes et son évolution, comme dans Mari Vorgan ar glandour, roman policier qui traite des pollutions de l’agriculture industrielle et des conflits liés à l’occupation du littoral. « En fait, même si j’essaie d’éviter les gallicismes, je n’apprécie pas trop ces textes en breton chiadé que publient certaines revues, et derrière lesquels on sent une syntaxe française. » Goulc’han poursuit son travail en direction de la jeunesse, avec une série sur l’histoire de l’humanité, publiée par Al Liamm. Dans ce cadre, War-zu an inizi, suite de Aada ha Narki, inspiré de Into the Wild, raconte l’histoire d’un personnage du néolithique qui veut redevenir, comme ses ancêtres, chasseur-cueilleur. C’est dans l’hebdomadaire Ya ! (1 300 abonnés tout de même !) que Goulc’han Kervella publie ses textes inspirés de l’actualité dans le monde, très appréciés pour leur langue à la fois simple, facilement compréhensible, et très précise. D’autres romans sont en projet, dont l’un à partir de l’histoire d’un oncle ouvrier saisonnier au destin tragique. Sans oublier le théâtre, bien sûr, qui, avec les 50 ans de Strollad ar Vro Bagan cette année, va connaître une actualité brûlante. G.A. Bibliographie non exhaustive Romans Ar Chase, court roman jeunesse, Al Liamm, 1980 Brezel ar rigadell, roman policier, Al Liamm, 1984 Tan-gwall e maner Keryann, roman policier, Delioù, 2006 Aada ha Narki, court roman jeunesse, Al Liamm, 2008 Etrezek an inizi (suite du précédent), Al Liamm, 2014 Mari Vorgan ar glandour, roman policier pour adolescents, TES, 2015 N’eus ket a garantez eurus, Skol Vreizh, 2015 Laenneg, medisin, sur la vie du célèbre médecin, Al Liamm, 1985 Recueils de nouvelles Lara, E Vrennigen ziwezhañ, Dre ar Prenestr, Boned glas ar Pagan, Al Liamm, 2013 Penaos e ya ar bed, O velfeta e Plougastell, Keit Vimp Beo, 2012 Traductions (entre autres) Vialokoja, roman d’André Baumy, Emgleo Breiz, 2014 Tavarn ar Peoc’h, pièce de Marguerite Siche, Emgleo Breiz, 2014 Pour la jeunesse Spered an tourtan, conte, Coop Breizh, 2014 Ar Soner hag ar Bleiz, conte mis en musique, TES, 2014 Gwrac’h Enez al Loc’h, conte traditionnel, Coop Breizh, 2006 Sans oublier les innombrables pièces de théâtre en français et en breton, originales ou traduites. Portrait d’un chanteur / Poltred ur c’haner / Portrèt d’un chantou Saint-Servais Krismenn, l’homme qui écrit avec ses oreilles EN SOLO, OU EN DUO AVEC ALEM LE BEAT-BOXER, KRISMENN RENOUVELLE SACRÉMENT LE GENRE DU KAN HA DISKAN, LE CHANT TRADITIONNEL À DANSER. POUR ÉCRIRE SES CHANSONS, IL S’APPUIE SUR L’ACCENT ET LES SONORITÉS DU BRETON POPULAIRE DU CENTRE BRETAGNE. CE QUI N’ÉTAIT PAS ÉVIDENT AU DÉPART, CAR LE BRETON N’EST PAS SA LANGUE MATERNELLE. « Je suis né en 1981. J’ai eu 20 ans en 2001, comme dit la chanson de Pierre Bachelet. » Né à Landerneau, avec des grandsparents originaires de Briec, un grandpère facteur à Paris, puis à Plougastel, une mère fan de Claude François et de Brassens qui ne parle pas le breton, Christophe Le Menn n’était pas forcément destiné à devenir Krismenn. Le premier flash survient alors qu’il fait de la voile à Plougastel et se retrouve envoûté par le défilé de la Fête des fraises. Branché batterie, il s’inscrit au bagad local. « Le bagad, quand on est d’une famille pas très riche, ça reste l’apprentissage de la musique le plus abordable. » Christophe grandit dans une cité HLM, avec sa mère qui travaille dans une cantine scolaire. « J’ai toujours chanté. Ma mère aussi. Le chant en breton, c’est venu avec la vague bretonne des années quatre-vingt-dix. Comme beaucoup de jeunes, j’étais fan du groupe Ar Re Yaouank. Dans la foulée, j’ai découvert le kan ha diskan, notamment avec les frères Quéré, et le travail d’Erik Marchand. J’ai appris le breton, en prenant des cours au lycée, entre midi et deux. Fallait vraiment en vouloir ! J’ai continué en fac, et surtout en traînant dans le kreiz Breizh (centre Bretagne), du côté de Poullaouen et Plouyé, où j’ai pu rencontrer des chanteurs traditionnels comme Jean-Yves Le Roux ou Bastien Guern, mais aussi des jeunes chanteurs comme Éric Menneteau. » Pour sa deuxième année de fac, Krismenn part au Québec et revient un an plus tard, en 2005, pour passer sa licence de breton et se porter candidat à la Kreiz Breizh Akademi. Cette expérience, initiée par Erik Marchand, conduit à sélectionner des jeunes musiciens pour les former durant deux ans, en leur faisant côtoyer des grands maîtres des quatre coins de la planète, comme le Réunionnais Daniel Waro, Titi Robin, ou la famille de chanteurs Lela de Permet, en Albanie. « Une expérience formidable, bien sûr. Erik Marchand nous a permis de bénéficier de son parcours exemplaire, de son carnet d’adresses et de sa connaissance du terrain. Nous étions seize, la première année. C’est beaucoup, quand même. Ce n’est sans doute pas un hasard si, après, j’ai monté un spectacle solo. J’étais pion et animateur sur Radio Kreiz Breizh. Je chantais déjà beaucoup en festnoz et j’ai vu que j’avais une trentaine de dates devant moi. Alors, j’ai décidé de basculer. Mon ambition était artistique et humaine avant d’être professionnelle. Devenu intermittent du spectacle, j’ai eu envie de proposer quelque chose de personnel. Au Québec, je m’étais déjà fortement intéressé à la question des accents, en écoutant des rappeurs québécois qui assumaient les particularités de leur langue. Je recherchais la même chose dans la musicalité de la langue locale du centre Bretagne. Et puis, quand j’étais ado, j’écoutais du rap, comme mes potes de classe. Ça fait aussi partie de ma culture. » Krismenn a aussi appris à jouer de la guitare et de la contrebasse, à manier le loop pour réaliser des boucles sonores. Il lui semblait que dans son solo, il manquait un élément rythmique. C’est alors qu’il tombe sur un phénomène, via Facebook : Alem, un garçon de 16 ans, virtuose du human beat box, ce style qui consiste à reproduire et à inventer des sons de percussion par la bouche. « J’ai voulu l’inviter à Fest ar C’han, la fête du chant de Poullaouen. Il m’a répondu que sa mère ne voulait pas, parce qu’il devait passer son bac. » L’année suivante, Alem sera enfin de la partie, en duo avec Krismenn, de onze ans son aîné. En allant le chercher à la gare, Christophe le prévient : « Je t’emmène dans un endroit 6 Arru eo an aotroù Geravel. Voici Monsieur de Keravel (Monsieur du Vent). Se dit quand le vent pénètre dans la maison. © Gérard Alle 7 à partir du breton local, et si d’autres sonorités, à consonance un peu bizarre. Tu vas voir des vieux se tenir par la main et anglophone, peuvent apparaître parfois, c’est parce qu’elles en danser ensemble. Je ne sais pas comment tu vas prendre ça. Moi, font partie. Par exemple, c’hoari (jouer) se prononce « rhwaille » je chante la gavotte. » « Je lui ai chanté un truc dans la voiture. chez nous, avec une diphtongue, comme en anglais. C’était complètement exotique, pour lui. » Le public Du coup je trouve ça intéressant, d’essayer de est conquis par le duo. Et le duo décide de pour« Il faut des trouver avec quoi ça rime. Ce n’est pas comme suivre l’expérience. « En fait, j’avais déjà fait un peu paroles qui collent de human beat box sur scène, avec Erik Marchand à la musique de la en français, sur la dernière syllabe. Je travaille sur l’avant-dernière, où se situe l’accent tonique. et Éric Menneteau, et j’avais envie de travailler avec langue. » Après un rap, des vieux d’ici m’ont dit : C’est bien ; un bon beat-boxer. » Alem, son vrai prénom, c’est tu as le même breton que nous. Ça fait plaisir, bien Maël. Contrairement à Krismenn, il vient d’une sûr, même si c’est assez fastidieux, pour moi, d’écrire. Mais j’ai famille de musiciens de la région lyonnaise. Sa mère joue de la étudié la question du rap dans d’autres langues minoritaires, cornemuse et sa sœur, de la musique irlandaise. « La musique et il semble que c’est souvent comme ça. Je prépare un disque bretonne, il a tout de suite adoré. Et c’est aussi une belle histoire solo et un spectacle, et ça me demande beaucoup de travail. Je d’amitié qui a commencé. Je l’ai emmené dans les festoù-noz ; crois qu’au fil du temps ma façon d’écrire il s’est inscrit à un stage de chant, avec Erik Marchand. Et j’ai a changé. Je partais avant tout des sonori- « Après un rap, proposé qu’on se produise à la Nuit de la gavotte, dont j’étais l’un tés et je cherchais les mots qui correspon- des vieux m’ont des organisateurs. Les autres n’étaient pas très chauds. Ils m’ont daient à la rythmique que j’avais choisie. dit : C’est bien ; tu dit que des beatboxers, c’était pas traditionnel. Je leur ai répondu Maintenant, j’ai aussi envie de raconter des as le même breton que s’ils voulaient revenir à la tradition, il fallait supprimer tous choses. Je suis plus exigeant. » En tout cas, que nous. » les sonneurs et les accordéonistes qui étaient programmés. Ils avec Krismenn et Alem, la scène de fest-noz ont finalement accepté. » Et le duo a fait un tabac. Au point que a pris un coup de fouet revigorant. De quoi énerver certains ? sa réputation s’est répandue comme une traînée de poudre dans Quand on demande à Krismenn : Et les puristes, ils en pensent toute la Bretagne. Depuis, Alem est devenu champion de France, quoi ? Il aime répondre : Les puristes, c’est nous. puis champion du monde de human beat box, et les dates du duo, repéré par des tourneurs, s’enchaînent. « J’écris donc en G.A. breton, qui n’est pas ma langue maternelle. Depuis que je fais du rap, j’ai trouvé qu’il était important que j’écrive mes textes, avec des paroles qui collent à la musique de la langue. Je travaille Une rencontre entre Paul Wamo, écrivain-slameur kanak, qui était en résidence en Bretagne en avril 2015, organisée par l’association Rhizomes, et Krismenn. Discographie Norkst, Kreiz Breizh Akademi # 1, CD Innacor, 2006 An Deirvet, Darhaou, CD autoproduction, 2011 Krismenn, EP, autoproduction, 2011 Kan ha beatbox, Alem & Krismenn, EP, autoproduction, 2015 Portrait d’un photographe/ Poltred ul luc’hskeudenner / Portrèt d’un fotograf Brest René Tanguy, des vagues dans la forêt, une forêt de vagues SI RENÉ TANGUY EST NÉ À LESNEVEN EN 1955, IL EN EST PARTI ASSEZ TÔT POUR SUIVRE SON PÈRE AU FIL DES CHANTIERS DANS LESQUELS IL TRAVAILLAIT, EN LORRAINE TOUT D’ABORD, PUIS AU GABON DANS LA FORÊT TROPICALE. DE CETTE ENFANCE, ENTRE BRETAGNE ET VOYAGES LOINTAINS, DÉCOULE NATURELLEMENT SON INSPIRATION DE PHOTOGRAPHE. ATTACHÉ AUX HISTOIRES, AUX TRACES, IL SUIT AUJOURD’HUI CELLES DE JACK KEROUAC. de photographes, est venu au moment du « Au Gabon, j’y suis retourné quarante ans service militaire. « Je me préparais à faire après et régulièrement pendant dix ans, le même métier que mon père, et il y compsur les traces de mon enfance bretonne tait beaucoup. Mais il a commis une erreur déracinée. J’aime ça, à travers mes monumentale : alors que je partais pour un photos, raconter une histoire. » Sa série tour du monde à bord de la Le Chemin de cécité rend compte de cette quête. On y « On est sans doute Jeanne-d’Arc, il m’a offert un appareil photo. C’était voit des photos d’aujourd’hui d’un paysage. Moi, : je ne serais pas alterner avec des clichés j’en ai deux : la mer et fichu électricien. Aux escales du petit René, à l’époque. la forêt. » en Inde, en Afrique, je me « Mon père, c’est cet étranrégale. Je ressens pour la première fois ger provisoire, comme je l’appelle. » Dans cette vibration du reportage. Aller à la une autre série, intitulée Les Chiens de rencontre des autres, quand tu as 20 ans, feu, nom issu d’une traduction littérale c’est un vrai bonheur ! Depuis, je n’ai fait du nom de famille Tangi, le photographe pratiquement que ça : de la photo. J’ai eu livre une collection de photos qui reconscette chance. » L’apprentissage de René titue l’histoire familiale. « Ce travail autoTanguy passe par une solide formation à biographique s’inscrit dans une tradition Marseille, où s’était ouvert un cycle univerfrançaise, avec des gens comme Plossu ou sitaire consacré à la photo, orchestré par Denis Roche. » René, en fait, a de qui tenir, de vrais militants de l’image. « Nous avions y compris dans sa famille. Il a hérité des des super profs, des intervenants comme appareils de son grand-père, corresponWilly Ronnis ou Roland Barthes. En fait, dant du journal Ouest-France à Lesneven, j’ai pu alterner au cours de ma carrière et son père voyageur, lorsqu’il était très travail de commande et travail personnel. loin, envoyait ses Kodachromes, qui Mais ce dernier, ce n’est qu’à l’âge de 43 ans maintenaient le lien. « À 12 ans, 13 ans, je que j’ai cessé de le garder secret. » Au maniais déjà la photo. J’ai un fils qui perpécours de toutes ces pérégrinations, René tue la tradition familiale, toujours accomTanguy n’a jamais perdu le contact avec pagné de son Leica. Mon autre fils aussi. » la Bretagne et avec Brest. « Je m’intéresse Le premier déclic, comme pour beaucoup 8 beaucoup à ces questions de territoire. J’ai des racines, mais pas que. Aujourd’hui, je vis à mi-temps entre Brest et Paris. En fait, je ne peux rester qu’un temps limité quelque part. Quinze jours, c’est le maximum. Même si j’aime les gens d’ici et si j’ai une affection particulière pour ce pays, j’ai toujours la bougeotte et je recherche de nouvelles rencontres ailleurs, si c’est possible. » Parmi les territoires explorés par René Tanguy, il y a Valparaiso, sur la trace du photographe Sergio Larrain et de l’écrivain Pablo Neruda, un travail qui va se poursuivre, grâce à une bourse octroyée © René Tanguy Me zo santimantet ha n’em zizantimantin ket. J’ai l’intention de le faire et je ne quitterai pas cette intention (à dire plusieurs fois…). 9 © René Tanguy par le Salon de la photo de mer, à Vannes. D’autres projets affleurent, en Algérie, en Afrique, « où la forêt de mon enfance est pour moi l’équivalent de la mer en Bretagne. On est sans doute d’un paysage. Moi, j’en ai deux : la mer et la forêt. À côté, je suis une formation à l’écriture du film documentaire, et j’espère m’y mettre bientôt. » René s’intéresse aussi à Jack Kerouac. Il a suivi le travail d’Hervé Quéméner sur Kerouac et la Bretagne et rencontré son ami Youenn Gwernig. Il étudie aujourd’hui la correspondance entre les deux hommes. Il est également allé sur ses traces, aux États-Unis, en Bibliographie L’Étranger provisoire, Filigranes Éditions, 1998 Hommes de mer, Images en manœuvre, 2002 Les Chiens de feu, catalogue d’exposition, 2002 Le Chemin de cécité, Filigranes Éditions, 2009 L’Art de la mer, Nathan, 2009 Le Chat de Barcelone, catalogue d’exposition collective, 2010 Bretagne, à New York, en Gaspésie, et en Floride, où il est enterré. « Kerouac, bien sûr, est un auteur culte pour les gens de ma génération. C’est aussi quelqu’un qui cherche ses racines. C’est aussi l’histoire d’une amitié entre deux hommes, Jack et Youenn, et celle de la désespérance de Kerouac. J’ai quelques pistes, mais je cherche toujours un éditeur. » Un livre avec des photographies, des lettres, des objets, des lieux, des traces, là encore, avec toute leur force d’évocation poétique. G.A. Ailleurs c’est ici / Amañ hag ahont / Âyou s’ée issi La Finlande, pays de lecteurs LES JEUNES FINLANDAIS SONT CLASSÉS AU PREMIER RANG DES LECTEURS DES PAYS DE L’OCDE. LA FINLANDE EST AUSSI UN PAYS OÙ L’ON IMPRIME UNE GRANDE QUANTITÉ DE LIVRES, AUSSI BIEN EN FINNOIS QU’EN SUÉDOIS, LES DEUX LANGUES OFFICIELLES DU PAYS. LA LITTÉRATURE DE LA MINORITÉ SAMIE CONNAÎT ÉGALEMENT UNE VITALITÉ GRANDISSANTE. SOUVENT MONTRÉE EN EXEMPLE, LA FINLANDE EST UN PETIT PAYS QUI COMPTE BEAUCOUP DE LECTEURS ET D’AUTEURS, UN RÉSEAU DE BIBLIOTHÈQUES MODERNE ET TRÈS FRÉQUENTÉ. AUTRE PARTICULARITÉ : LES AUTEURS Y SONT SUBVENTIONNÉS. le groupe Elisa. Malgré la crise, malgré la bataille menée par les Les cercles de lecture, les médias sociaux et les blogs littéraires sont divers opérateurs pour capter le temps libre et le fait que la lecture très populaires en Finlande. Et la littérature est devenue un lien de soit une activité chronophage, les ventes d’œuvres littéraires n’ont complicité entre les Finlandais. Environ 70 % des parents lisent des pas baissé durant les années 2000. Ce n’est qu’en 2010 que les statislivres à haute voix à leurs enfants. Les récentes études placent les tiques montrent pour la première fois une nette baisse, de plus de écoliers finlandais parmi les lecteurs les plus assidus. Un Finlandais 10 %, dans les ventes de littérature. Le livre, publié traditionnellesur trois lit une œuvre de littérature chaque mois, un chiffre lui aussi ment au format relié avec couverture cartonnée, a conservé sa place impressionnant. Le livre électronique connaît également une forte en tant que cadeau apprécié, en dépit de l’expansion du marché du croissance en Finlande, où éditeurs et libraires sont très investis livre de poche, très récente en Finlande. dans ce domaine, mais aussi des opérateurs téléphoniques comme Les bibliothèques Les bibliothèques de Finlande sont souvent citées en exemple. Lieux de convivialité et de création, elles n’ont pas peur des jeunes et satisfont les anciens. Leurs horaires d’ouverture sont plus importants qu’en France et tiennent compte de cette diversité des publics. Elles sont très fréquentées, interactives et innovantes. 67 % des Finlandais fréquenteraient une bibliothèque (contre 26 % en France). Les bibliothèques finlandaises annonçaient, en 2011, une moyenne de 18 emprunts par usager dans les bibliothèques municipales, et 84 téléchargements par usager dans les bibliothèques universitaires. Toutes les bibliothèques y sont entièrement gratuites. Elles ont la plupart du temps supprimé les banques de renseignements, demandant aux professionnels de parcourir les collections et de proposer de manière proactive leur aide et un accès aux services. Parmi ces derniers, le programme Reading Education Assistant Dogs aide les enfants en difficulté avec la lecture en leur proposant de lire une histoire à un chien. Pour les auteurs aussi, les bibliothèques jouent un grand rôle, car, pour beaucoup d’entre eux les redevances au titre du droit de prêt constituent une source de revenus essentielle. À Helsinki, une toute nouvelle bibliothèque centrale ouvrira dans un quartier où se trouvent de nombreux musées, ainsi que le Parlement. Les travaux commenceront à l’automne 2016 pour une inauguration programmée en 2018, année du centenaire de l’indépendance finlandaise. Le rez-de-chaussée, plus bruyant, sera réservé aux espaces de rencontres, aux animations, avec un café-restaurant, un amphithéâtre, etc. Le premier étage est défini comme « une forge où les idées et les compétences prennent vie » (studios d’enregistrement, salles de jeux, un makerspace et un living lab, une cuisine, et des espaces modulables pouvant accueillir des ateliers, des réunions, sans oublier, puisqu’on est en Finlande, le sauna !). Le second étage accueille les lieux plus traditionnels de lecture, de calme, de réflexion et de contemplation, avec un autre café, un balcon, une vue sur la ville. L’édition Bertolt Brecht disait que les Finlandais se taisent en deux langues. En tout cas, ils écrivent en trois langues – finnois, suédois et sami – et le nombre total de titres publiés est impressionnant. Pour faire mentir Brecht, ce sont entre 13 000 et 14 000 livres qui paraissent chaque année, dont environ 4 500 nouveaux titres. En Finlande, l’édition est avant tout concentrée entre les mains de la société WSOY et de ses filiales. L’année 2010 a vu l’apparition d’un nouvel acteur, avec la création par douze auteurs de romans policiers de la société coopérative d’édition CrimeTime. L’édition est essentiellement le fait de sociétés finlandaises. À signaler, la place qu’occupent les ouvrages concernant la nature, la botanique ou l’ornithologie dans les meilleures ventes. Si l’on excepte la littérature jeunesse, la plupart des livres proviennent d’auteurs finlandais. La littérature traduite en suédois est constituée essentiellement de livres d’auteurs finlandais traduits du finnois, en copublication avec des éditeurs suédois. Après une hausse constante dans les années 1990, les ventes de livres se sont stabilisées en 2000, atteignant 20,5 millions d’exemplaires. Pour le secteur du livre, le numérique est souvent présenté comme une chance, à même de permettre au plus grand nombre d’accéder à la littérature. Il est vrai que le libre accès à la connaissance est un des principes fondateurs de la politique culturelle du pays, axée, comme dans la plupart des pays nordiques, sur l’égalité des chances. Ces dernières années ont vu la création en Finlande de nombreuses petites maisons d’édition qui se spécialisent dans la littérature et les œuvres non fictionnelles finlandaises, et publient parfois aussi des traductions. La Finlande a vu naître des agences pour la vente des droits de traduction des auteurs finlandais à l’étranger, en lieu et place des éditeurs qui se chargeaient habituellement de la gestion des droits. 10 La littérature finlandaise aujourd’hui La génération d’auteurs nés dans les années 1970 et 1980 a bénéficié d’une ouverture du pays vers l’extérieur. Malgré sa précarité, le métier d’écrivain jouit traditionnellement en Finlande d’un statut élevé. Des aides y sont accordées aux auteurs, sous la forme de bourses dont la durée peut varier de six mois à cinq ans. La littérature finlandaise soutient sans difficulté la comparaison avec celles d’autres pays, bien que son histoire soit relativement jeune. La production de l’écrivain national Aleksis Kivi, le premier maître de la prose d’expression finnoise, date de la seconde moitié du XIXe siècle. C’est en 1835 que paraît Le Kalevala, l’épopée nationale, qui continue d’influer fortement sur l’imaginaire collectif des Finlandais. Le roman d’Aleksis Kivi Les Sept Frères – basé sur les contradictions entre la ville et la campagne, la primitivité et la civilisation – reste l’œuvre préférée et le modèle de nombreux écrivains finlandais. En France, l’auteur le plus connu est sans doute Arto Paasilinna, avec notamment Le Lièvre de Vatanen et Le Meunier hurlant. Mais les plus grosses ventes en Finlande sont réalisées par les romans policiers (Matti Yrjänä Joensuu, Leena Lehtolainen), les thrillers (Ilkka Remes), les sagas familiales (Laila Hietamies) ou les romans sur des femmes jeunes du milieu urbain (Katja Kallio). Dans les années d’après-guerre, quand le pays a connu une phase de croissance, la littérature a joué un rôle important pour l’unité nationale. Sinouhé l’Égyptien, de Mika Waltari, bien que situé dans le passé, est considéré comme une bonne description du climat intellectuel de l’époque. Puhdistus (Purge), de Sofi Oksanen, situe son action entre Finlande et Estonie, dans les remous de l’histoire européenne récente. L’un des traits communs qui caractérisent de façon très marquée la littérature des dernières années est l’ouverture vers l’étranger et la facilité avec laquelle les jeunes auteurs vont d’un pays et d’une culture à l’autre. C’est le cas pour Elina Hirvonen, Katri Lipson, Miika Nousiainen, Johanna Sinisalo ou encore Kristina Carlson, avec Le Jardinier de M. Darwin. Les voix d’auteurs issus de l’immigration commencent aussi à se faire entendre, comme c’est le cas avec Anja Snellman, qui a écrit un roman sur les jeunes filles musulmanes en Finlande, Parvekejumala (Les Dieux du balcon). Littérature samie 11 Les deux tiers de la population samie, estimée à 70 000 personnes, vivent au-delà du cercle polaire arctique, en Russie, en Suède, en Finlande, et majoritairement en Norvège. La littérature samie est en général très récente, même si son acte de naissance remonte à 1910, avec la publication par le chasseur de loups Johan Turi du Récit de la vie des Lapons, édité en français par François Maspero en 1974. L’essor de la littérature samie est directement lié à la reconnaissance des Samis comme une population indigène par la Norvège, ce qui n’empêche pas leur langue d’être en péril. La littérature samie a partie liée avec le jojk (prononcer yoïk), des chants issus de la tradition chamanique. Ceux-là demandent des aptitudes vocales particulières et une grande coordination de la part des participants. L’un des principaux auteurs samis contemporains, Rauni Magga Lukkari, n’écrit pas de jojk, mais de la poésie. Elle a la chance d’appartenir à la communauté des Samis du Nord, la plus importante avec 25 000 personnes. Cependant, un « best-seller » en sami peine à atteindre un tirage de 300 exemplaires. En Finlande, les Samis sont plus pauvres que la majorité des Finlandais. Depuis 1993, le sami y a obtenu le statut de langue maternelle. Il est enseigné dans la presque totalité des écoles de la région samie. En littérature samie de Finlande, l’accent est mis sur le réalisme et la nécessité d’associer la lutte pour la langue et le style de vie. Une vingtaine de nouveaux titres paraissent chaque année. Il n’existe qu’un seul éditeur et peu de troupes théâtrales professionnelles, mais des troupes norvégiennes entreprennent des tournées. La tradition orale persiste, mais subit des changements rapides avec la modernisation de la société traditionnelle. G.A. Le livre en Finlande Superficie : 338 541 km² Nombre de titres publiés par an : 13 500 dont nouveautés : 85 % Population en 2010 : 5,37 millions Pas de prix fixe pour les livres imprimés et les livres numériques Capitale : Helsinki Langues officielles : finnois et suédois (91 % et 5,4 % en 2010) TVA sur le livre en 2010 : imprimé 9 % – numérique 23 % PIB/habitant : 32 025 €e Chiffre d’affaires total de l’édition (HT) : 410 M€e Nombre de maisons d’édition : 300 dont membres de l’association des éditeurs : 103 Répartition des ventes par secteur Autres éditions numériques, CD, etc. : 1 % © edweerdt Enfance et jeunesse : 15 % Salon du livre : Salon du livre d’Helsinki, tous les ans, en octobre Nombre de librairies : 287 Droits cédés du français vers le finnois en 2009 : 100 Répartition des ventes par canal de distribution Éditions numériques en ligne : 3 % Manuels scolaires : 25 % Ventes directes Librairies (Internet, etc.) 22 % Fiction : 16 % Livres universitaires : 6 % Non-fiction : 34 % *Toutes les données concernent l’année 2009, sauf si précisé autrement. 30 % Grands magasins, kiosques 44 % Le livre en région / Al levrioù er rannvroioù / Le livr den la contrée CRL Midi-Pyrénées Proposer une autre forme de soutien à la filière du livre Le Salon du livre de Toulouse ne s’est pas tenu cette année. Laurent Sterna, directeur du Centre régional des Lettres MidiPyrénées, qui en était l’organisateur, s’en explique : « Depuis la crise de 2008, l’économie du livre souffre, particulièrement en France. En Midi-Pyrénées, par exemple, le solde est négatif entre les fermetures et les ouvertures de librairies. De plus, nous n’avions pas le sentiment de répondre à une carence de manifestation dans la région. Aussi, il convenait de proposer une autre forme de soutien à la filière et à l’économie du livre, pour une meilleure efficacité. » Le fait que le Centre national du livre ait annoncé, en octobre 2013, qu’il était prêt à conventionner avec les régions qui le souhaitaient y est, semblet-il, pour quelque chose. « Cette nouvelle forme de soutien, un contrat de filière du livre, touche l’économie, mais aussi la vie littéraire et la lecture publique. Il a été proposé au CRL, à la Drac et au conseil régional de travailler avec l’interprofession. » Un accord-cadre a ainsi été voté le 18 décembre 2014. Nouvelle en MidiPyrénées, cette politique dénote une prise de conscience de l’urgence de ce soutien et une approche différente de la filière du livre. « Elle s’appuie sur nos études et débouche sur la signature d’un contrat de filière qui détermine et définit les modes de soutien aux libraires, aux auteurs et à l’édition indépendante sur des crédits nouveaux. C’est à souligner dans une période de rétractation des financements publics. » Au sujet de ces moyens, rien n’est encore officiel, mais le CRL espère un montant annuel de 200 000 à 300 000 euros. Pour Laurent Sterna, « il s’agit de compléter une vision traditionnelle du soutien au livre, qui reste nécessaire, en étant plus incisif sur l’économie du livre et les industries culturelles, aujourd’hui particulièrement fragiles. Il y a une légitimité à soutenir ces gens-là, parce qu’ils remplissent indirectement des missions de service public : la promotion de la diversité culturelle, la création et la diffusion. Un rôle d’aménagement du territoire et de lien social. Les régions ont des politiques d’aide à la filière agroalimentaire ou à la filière bois ; pourquoi pas à la filière du livre ? » Dans une logique de préfiguration au contrat de filière, le conseil régional Le Centre régional des Lettres Midi-Pyrénées finance une campagne de promotion de la filière du livre, axée sur un discours citoyen volontariste, marqué par le slogan : « Aux livres, citoyens », soutenons les métiers du livre, lisons ! « Par ailleurs, en partenariat avec la BnF, nous sommes devenus un “pôle associé pour le patrimoine écrit”. Nous projetons la construction d’un portail numérique régional du patrimoine écrit, d’un programme numérique de valorisation, et d’un plan pluriannuel de numérisation. Et cela, en grande partie sur fonds européens. » Ce projet représente entre 600 000 et 800 000 euros d’investissement sur cinq ans. Avec ces nouvelles avancées et les fonds dégagés sur la partie non commerciale du livre, Laurent Sterna espère conforter le CRL en tant qu’animateur de l’ensemble de la filière du livre en Midi-Pyrénées. « Notre rôle est aussi de proposer à nos tutelles des politiques adaptées à la réalité économique et sociale qui nous entoure aujourd’hui. » > www.crl-midipyrenees.fr L’informatisation des librairies (25 k€) Budget : 880 000 e Subventionne : 7 agents mis à disposition par la Région 12 Des bourses d’écriture (56 k€) Des aides à l’édition (130 k€) La numérisation de fonds anciens (107 k€) Montauban Midi-Pyrénées Lettres d’automne 13 L’association Confluences, créée par Maurice Petit en 1990, organise différentes manifestations littéraires au cours de l’année, avec comme point d’orgue le festival littéraire Lettres d’Automne, qui se déroule fin novembre à Montauban et dans le Tarn-etGaronne. Le programme du festival est bâti autour de l’œuvre et du parcours de l’écrivain invité principal. Une carte blanche lui est offerte, qui lui permet de s’entourer d’écrivains et d’artistes de son choix (écrivains, illustrateurs, musiciens, comédiens, plasticiens, etc.). Ainsi se dessine le portrait d’une œuvre à travers son auteur, mais aussi celui de ses amitiés, de ses admirations. Lydie Salvayre, invitée en 2008, ne cache pas son enthousiasme pour cette recette qui a fait ses preuves : « Ce que je retiens de ces Lettres d’Automne encore vives en moi, c’est l’accueil exceptionnel qui me fut fait, un accueil comme je n’en avais encore jamais rencontré dans de semblables circonstances ; c’est la mobilisation enthousiaste de toute une ville ; c’est la fréquentation inouïe de toutes ces manifestations, ce sont toutes les rencontres que je fis et toutes les émotions qui me traversèrent, qui, elles, ne se chiffrent pas, mais demeurent inoubliables. » Lettres d’Automne donne lieu à des rencontres littéraires, des lectures à voix haute, des spectacles, des concerts, des expositions, des projections. Un thème choisi par l’invité principal inspire la programmation en direction du jeune public, qui est très importante, quand on sait que, sur 25 000 spectateurs, on compte à peu près 5 000 scolaires. C’est aussi un moyen de fédérer les partenaires et d’assurer la cohésion de l’ensemble des propositions littéraires et artistiques de la manifestation. L’équipe du festival a, bien sûr, le souci d’organiser de nombreux moments conviviaux, à même de faciliter le partage et la rencontre entre les invités et le public. Un aspect que soulignait Alberto Manguel, invité en 2006 : « Ces Lettres d’Automne ont été pour moi deux semaines de fête : révélation, dialogue, amitiés, et le sentiment de partager quelque chose de l’autre côté de la page. » Les dernières éditions ont été consacrées à Jacques Lacarrière (2002), Nancy Huston (2003), Jean-Pierre Siméon (2004), Alberto Manguel (2006), Enzo Cormann (2007), Lydie Salvayre (2008), Sylvie Germain (2009), Alberto Ruy-Sánchez (2010), Vénus Khoury-Ghata (2011), Jeanne Benameur (2012), Albert Camus (2013), Hubert Haddad (2014). En 2015, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire, l’écrivain invité sera Agnès Desarthe. 3 millions d’habitants (65 hab/km2, contre 119 pour la Bretagne) Une grande ville : Toulouse (450 000 habitants) Des villes moyennes : Foix, Rodez, Auch, Cahors, Tarbes, Albi, Montauban Une ruralité importante, ainsi que des zones de montagne : Midi-Pyrénées est la région la plus étendue de la métropole. 105 librairies indépendantes Une centaine d’éditeurs (plus de 9 000 emplois) anifestations littéraires 17 msoutenues par la Région 117 médiathèques 160 auteurs répertoriés (répertoire en cours) Langue d’oc > www.confluences.org > www.voixdelamediterranee.com © Lettres d’automne Les dossiers concernant l’occitan sont traités au même titre que ceux en langue française (bourses d’écriture, aide à l’édition, aide à la mobilité des éditeurs sur les salons). En 2014, une bourse a été accordée pour un projet d’écriture dramatique occitan/français. Par ailleurs, le CRL met en œuvre chaque année un cycle interprofessionnel intitulé « La fabrique éditoriale : des visages, des figures ». C’est l’occasion pour l’ABF Midi-Pyrénées et le CRL d’organiser une journée d’information destinée aux bibliothécaires, éditeurs et libraires autour d’un champ éditorial. L’objectif est de faire connaître les maisons d’édition et structures éditoriales de la région. Les éditeurs, présents toute la journée sont invités, l’après-midi, à parler de leur catalogue. Les rencontres entre les professionnels du livre et de la lecture en région Midi-Pyrénées sont ainsi favorisées, ainsi que les différentes actions et initiatives, dans et hors région, autour du champ éditorial choisi. En 2014, le thème était « L’occitan, où en est-on ? ». Le 13 octobre, vingt-six bibliothécaires et libraires ont pu, en découvrant les catalogues de quatre maisons d’édition occitanes de Midi-Pyrénées, se familiariser avec la culture et la langue occitane ou en approfondir leur connaissance. Dossier An teuliad La cadèrnn réalisé par Gérard Alle La création en langue bretonne UNE LANGUE QUI NE CRÉE PAS EST UNE LANGUE QUI MEURT, ENTEND-ON SOUVENT. VUE DE LA STRATOSPHÈRE, LA CRÉATION EN LANGUE BRETONNE PEUT PARAÎTRE EN BONNE SANTÉ, PUISQU’ELLE TOUCHE TOUS LES DOMAINES ARTISTIQUES, QU’ELLE EST PORTÉE PAR DES ARTISTES DE GRANDE QUALITÉ ET RECONNUS, PARCE QUE LA RELÈVE SEMBLE ASSURÉE, GRÂCE AUX FILIÈRES D’ENSEIGNEMENT BILINGUE OU EN IMMERSION. LORSQU’ON DESCEND SUR TERRE, ON S’APERÇOIT RAPIDEMENT QUE C’EST PLUS COMPLIQUÉ. LE TISSU, QUI PRÉSENTE DE TRÈS BELLES PIÈCES, PARAÎT AUSSI SE DISTENDRE OU S’EFFILOCHER PAR ENDROITS. ON RACCOMMODE OU ON DÉLAISSE, ET PARFOIS, RACCOMMODER NE SUFFIT PAS. Bien sûr, le nombre de locuteurs natifs baisse inexorablement. Le niveau de la langue faiblit et elle perd la musicalité de la langue populaire. En découlent une certaine nostalgie et le cortège de maladies qu’elle occasionne : fatalisme et mauvaise foi en tête. Par exemple, les intellectuels qui ont réussi leur ascension dans la société française après avoir abandonné leur langue maternelle vous diront que le vrai breton est celui de leur mère, que le breton standardisé est contre nature, voire que le breton n’est qu’une langue de l’oralité. Certes, il reste le génie de la gwerz, cette complainte populaire que l’Europe découvrit au XIXe siècle, grâce au Barzaz Breiz. Certes, il y a le foisonnement des contes, des légendes. Certes, il y eut les « mystères », ces pièces de théâtre populaire. Certes, il y eut la transmission orale. Mais on oublie un peu vite que le breton était écrit avant le français, que le premier dictionnaire français, publié en 1464 – le Catholicon de Jehan Lagadeuc – était trilingue breton-latin-français, que La Passion et la Résurrection bretonnes de 1530 fut composé dans un breton compréhensible dans toute la basse Bretagne et d’une qualité littéraire exceptionnelle. Du passé, ne faisons pas table rase. Mais acceptons quand même de regarder le présent et essayons d’imaginer un avenir pour la création en langue bretonne. Le dossier qui suit ne saurait être exhaustif. Il repose même sur un parti pris : interroger des personnes qui font vivre aujourd’hui la littérature, le théâtre, le cinéma ou la chanson en breton. Elles disent leur plaisir, leurs doutes, leurs douleurs, leurs envies. Et leur désir, bien souvent, de sortir du discours militant ou victimaire, pour aller de l’avant, parce que cette langue, elles l’ont dans les tripes et dans le cœur. Regard original posé sur le monde, elles savent que le breton, loin d’être leur objet, appartient à toute l’humanité et qu’il doit se frotter au monde. 14 Evelato, pa dremenan e karrhent ar gwezvoud, poan am-eus kredi n’emañ ket anal Lotea e frond ar bleuniou hag he mouez e boud an êzenn pa glevan bep gwech ar homzou a lavare din, p’edo harpet ouz man ar hleuz, en he hent diweza: Ne zigor ket bleuniou e geot ar Werhez Cependant, quand je passe dans le chemin du chèvrefeuille, j’ai du mal à croire que le souffle de Lotea n’est pas dans le parfum des fleurs et sa voix dans l’existence de la vapeur, alors que j’entends toujours les mots qu’elle me disait, appuyée contre la mousse du talus, en sa dernière route : il ne s’ouvre pas de fleur en l’herbe de la Vierge Jakez Riou, Geotenn ar Werc’hez (stellaire holostée, Stellaria holostea) Le Guilvinec Annie Coz : retour de flamme 15 elle a décidé d’envoyer une nouvelle pour un concours. Sans trop Née en 1945 dans une famille pauvre du Pays bigouden, bretony croire. Et elle a gagné. De quoi la pousser à écrire un recueil. Il nante de naissance dont la mère était monolingue, Annie Coz fait est sorti en 2014 sous le titre de Bili er mor. Annie Coz a retrouvé partie de ceux qui ont d’abord tourné le dos à la langue bretonne. sa langue maternelle et ne l’a pas laissée l’entraîner vers le gouffre « J’ai trahi ma langue maternelle. Mais est-ce qu’on ne trahit pas des souvenirs enfouis. Elle leur a préféré la lumière du lendemain. toujours, d’une façon ou d’une autre ? J’ai refusé le breton, parce Du coup, c’est elle tout entière qui semble avoir renoué avec la que ce n’était pas seulement une langue, pour moi. Je l’identifiais fraîcheur de l’adolescence. Un regret ? « J’aimerais m’immerger à l’image de ma mère : une Bigoudène en costume de paysanne, complètement dans cette langue bretonne. Malheureusement, avec toutes ces couches d’habits, je voyais ça comme la négation comme il n’y a pas assez de production littéraire, je m’assèche. Il du corps et de l’identité de la femme. Je pensais que le breton y a eu une rupture. Pas seulement dans ma vie. Et on ne peut pas m’empêcherait de m’épanouir. » recoller totalement les morceaux. » Annie va devenir prof d’allemand et s’intéresser à d’autres Au Goéland Masqué, le salon de Penmarc’h auquel elle était invilangues, comme pour remplir un vide. « J’ai quand même épousé tée, Annie était ravie d’aller parler allemand avec un auteur autriun militant de la langue bretonne, comme par hasard. Il voulait chien. Une langue qu’elle ne pratique plus beaucoup depuis son qu’on élève notre fille en breton, mais je ne voulais pas. Quand départ à la retraite. Mais arrivée face au romancier, aucun mot elle a eu 6 ans, elle nous entendait parler breton entre nous, dans ne parvenait à sortir de sa bouche. Comme si l’alla famille, et elle nous a reproché de ne pas le lui « Une langue, quelle lemand, langue de substitution durant des années, avoir transmis. Alors, mon mari, qui est un répuqu’elle soit, doit être chassé à son tour par le breton, n’avait plus sa blicain convaincu, a considéré que la République lui devait des comptes et il s’est battu pour créer malmenée, si on veut place ? Curieux exercice de chaises musicales… une filière bilingue dans l’Éducation nationale, à exprimer les choses. » « Le français fait tellement partie de moi, maintenant, que je n’arriverai jamais à exprimer les choses Rennes. À partir de là, ça a commencé à faire son aussi facilement en breton. Pourtant, c’est en breton que j’ai envie chemin, dans ma tête. » d’écrire. Et si, à un moment donné, je ne trouve pas les mots, j’inLors de son départ à la retraite, Annie annonce à ses collègues venterai des sons, peut-être… » étonnés qu’elle va en profiter pour étudier le breton. « J’ai appris à le lire très vite. Pour l’écrire, ça a été un peu plus long. Mais je n’ai jamais eu le moindre problème pour faire le lien entre la langue écrite et mon dialecte bigouden. Je ne comprends pas qu’on fasse toute une affaire des variantes locales du breton : dans toutes les langues il y a des variantes, ça n’empêche pas de se comprendre. Pour m’entraîner, j’ai commencé à écrire des petites histoires, en faisant remonter des émotions de l’enfance et le vocabulaire qui va avec. J’ai écrit pour moi, au départ. Et puis j’ai eu envie d’amener mon breton jusqu’à aujourd’hui, d’obliger la langue à combler le vide entre les deux, à aller dans les interstices, là où la langue de ma mère ne serait pas allée. Sinon, il y a beaucoup de souvenirs, forcément. La mémoire. Le passé. Il y a des gens qui ne sortent jamais de ça. Une langue, quelle qu’elle soit, doit être malmenée, si on veut exprimer les choses. Par exemple, je n’arrive pas à lire Pierre-Jakez Hélias. C’est étrange, il parle de mon monde et pourtant, c’est lisse, ça ne ressemble pas à la chair de ce monde-là. » Le breton d’Annie parle du corps, il parle d’amour, il parle du trou dans le fond du jardin, il parle de sexe autrement que de la manière triviale des hommes, il épouse la voix d’une ado qui perd © Gérard Alle sa virginité, il va vers les sentiments rarement exprimés. Un jour, Annie Coz, Billi er mor, éditions Skol Vreizh, 2014, prix de la meilleure œuvre de fiction (Prizioù FR3 et Ofis publik ar brezhoneg) Mahalon Aziliz Bourgès : la fille du saumon revient à la source © Aziliz Bourgès Aziliz Bourgès est née dans la région de Guingamp. À la maison, sa maman lui parlait en breton et son père en français. Petite, elle croyait qu’il fallait toujours traduire, parler deux langues, que c’était comme ça. Voilà donc une bretonnante de naissance, dans une génération où ce n’est pas très courant. « Quand j’ai eu 5-6 ans, j’ai demandé à ma mère qu’elle arrête de me parler en breton. Faut dire que c’était pas facile d’être à l’école à Bourbriac, avec un prénom à la con, quand les copines s’appellent Vanessa ou Jennifer ! » Dès l’enfance, Aziliz adore écouter la radio. France Inter, France Musique… Elle s’amuse à faire des interviews. À force d’entendre des gens de lettres, elle se voit bien devenir écrivain. Le breton lui échappe. À 16 ans, elle écrit un roman en français et l’envoie à tous les grands éditeurs. « Ça me faisait bicher de recevoir des réponses avec les en-têtes de maisons prestigieuses. » Elle attendra la fac pour apprendre à écrire dans sa langue maternelle. « J’ai vécu une adolescence sereine, sans le breton. Mais derrière, il était là, et ça a été plus fort que moi : en trois mois de cours au lycée, c’est revenu. Je suis toujours un peu gênée par la relation à la langue écrite, le fait qu’on regarde si c’est écrit correctement. Ma parade, c’est la poésie. Là, j’ai l’impression de parler, pas d’écrire. » Devenue comédienne et scénariste, auteure de théâtre, Aziliz Bourgès vit une relation apaisée avec le breton. « Même si ce n’est pas facile, la transmission. Je parle breton à mes enfants, parce que mon compagnon, qui n’est pas bretonnant, m’a poussée à le faire. Quand les gens se plaignent que leur mère ne leur travaille sur l’écriture d’un nouveau spectacle, Merc’h an Eog (La a pas parlé breton, ça me gave. Je ne veux pas participer à cette Fille du saumon), avec l’écrivain gallois Owen Martel. Une vérisorte de psychothérapie de groupe ! Que la peau de mon âme soit table tour de Babel des langues, puisqu’on y trouvera du breton, damnée si le sursaut poétique dont nous parlons parfois avec mes de l’anglais, du français, du créole, du gallois. « À travers le voyage compagnons de théâtre ne nous sauve pas de cette chose ! On intérieur d’une jeune fille de retour dans son pays de Galles natal, dirait que personne ne se demande si quelqu’un qui parle breton ne on explore nos rapports aux origines. Pourquoi je me suis longserait pas simplement comme les autres, heureux temps sentie “de Bourbriac”, alors que j’en suis « Je parle donc de parler, même en breton, d’une foultitude de partie à l’âge de 7 ans ? Et pourquoi peut-on avoir anormalement deux envie de partir ? Ou de rester ? Pourquoi peutchoses intéressantes. Je parle donc anormalement langues dans une deux langues dans une société monolingue. L’une on se sentir en exil chez soi ? Je crois aussi que est conçue comme la légitime, l’autre au mieux société monolingue. » quelqu’un des Caraïbes peut retrouver toute son comme la trace d’un monde qui n’est plus, au pire île natale dans le parfum d’une tasse de café. La comme la manifestation agaçante d’un particularisme. Ma pensée fille du saumon, c’est une référence aux Mabinogion, les contes va à tous les autres bilingues de France qui vivent plus durement fantastiques gallois que je lis à mes enfants. Avec le personnage encore cette situation. Je devrais donc me résoudre soit à vivre de Taliesin, cette préfiguration de l’homme augmenté dont la uniquement au contact de brittophones et à pratiquer une affinité dernière métamorphose est celle du saumon. Le saumon qui élective à travers le seul prisme de la langue – ce qui est contre revient toujours vers le lieu où il est né. On écrit la structure ma curiosité naturelle – soit à continuer à entendre des commendramatique ensemble. J’écris en breton, en m’appuyant sur la taires sur quelque chose qui ne regarde que moi, après tout, et mes structure de la langue galloise. Le français et l’anglais y jouent enfants, peut-être. » des rôles de langues du mainstream, mais il n’y a aucun point de vue idéologique là-dedans. J’ai appris l’espagnol par amour. Mon Auteure d’un roman en breton, An Dioul ouz taol (Le Diable anglais me sert d’outil. Je chante en italien, et j’essaye d’apprendre à table), inspiré de la légende de la ville d’Ys, Aziliz Bourgès se d’oreille des bribes de gallois. J’aime ce mélange des langues et je régale à alimenter son blog de poésie, de théâtre, de projets, de crois qu’on pourrait vivre comme ça, en parlant plusieurs langues, toutes choses qui peuvent lui plaire et lui parler. Son travail sur bien ou mal, peu importe, elles se compléteraient. Quand on Lan Vras, le long métrage en breton de Soazig Danielou, lui a est bilingue, on peut lire des poèmes dans des idiomes que l’on beaucoup apporté en tant que scénariste. Mais c’est surtout au connaît à peine. Et je n’imagine pas qu’on puisse dire du mal de sein de la troupe professionnelle Teatr Piba qu’Aziliz donne sa moi dans une langue qui ne m’est pas connue. » pleine mesure. « En fait, j’ai l’impression d’écrire vraiment depuis > https://levoyageassis.wordpress.com que j’écris collectif. » Après Metamorfoz et Eden Bouyabes, elle Bibliographie An Diaoul ouz taol, éditions Emgleo Breiz, 2012 Metamorfoz, Teatr Piba, Aziliz Bourgès, Erwan Cloarec, éditions Emgleo Breiz, 2014 16 Tréboul Mich Beyer : Lovecraft au lavoir 17 on en parlait, mais pas n’importe où, pas n’importe quand et pas avec n’importe qui. Quand j’étais gamine, j’accompagnais ma mère au lavoir, à Tréboul. Et comme les femmes ne savaient pas que je comprenais le breton, elles ne se gênaient pas pour parler de cul ! Surtout les femmes de marins, qui racontaient leur nuit quand leur mari rentrait de mer. J’ai beaucoup apprécié Dre ar Prenestr, le recueil de nouvelles de Goulc’han Kervella, qui bouleverserait les gens de la génération de mes parents. Il exprime avec subtilité ce décalage entre le désir et son expression directe. Non que ce langage concernant le sexe et l’affectif n’existait pas, mais il n’a pas été transmis. » Aujourd’hui, Mich Beyer est une auteure reconnue, dont les ouvrages les mieux vendus atteignent 1 000 exemplaires après des rééditions successives, ce qui n’est pas mal du tout pour un livre en langue minoritaire. Elle est aussi une relectrice ou correctrice appréciée, par exemple pour les chansons en breton de jeunes rockers actuels. Dans ses romans, elle aime explorer des périodes historiques, s’y transporter, rechercher la façon de s’exprimer des gens des différentes classes sociales, à une période donnée. Dans Kan ar Mein, elle nous plonge ainsi en plein XIVe siècle. Mais ses lectures en breton la laissent souvent perplexe : « Je trouve lassant de lire tellement de récits sur une Bretagne qui n’existe plus et de trouver peu de thèmes actuels, y compris non liés à la Bretagne. Les auteurs ont-ils peur de se lâcher ? Heureusement, ces toutes dernières années, on sent poindre un changement, avec des auteurs nouveaux, plus portés sur la vraie fiction. Avant, il y avait Per Denez, que j’appréciais, pas pour le style, mais pour les sujets traités, Youenn Drezenn, pour lequel j’ai une grande passion, avec sa façon de parler poétiquement de choses difficiles. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à retrouver cette profondeur. Je mettrais à part des auteurs tels que Goulc’han Kervella, Yann-Fulub Dupuy, Herve Gouedard ou, plus récemment découverte, Annie Coz. Il y a dans leurs textes des choses qui peuvent changer notre regard sur la vie © Gérard Alle Jusqu’à l’âge de 4 ou 5 ans, sa mère lui a parlé breton. C’était à Paris. Mais quand Mich s’est retrouvée à l’école, son père lui a dit : Fini maintenant, avec cette langue de ploucs ! « Il a continué à nous glisser par-ci par-là quelques mots et phrases d’allemand, qu’il avait appris en Alsace étant enfant et que j’avais comme première langue, au collège. Du coup, j’ai rejeté l’allemand. Et maintenant, j’ai envie de m’y remettre ; je suis devenue fan de cette langue. Comme quoi… » Le breton, Mich Beyer s’y est remise à l’adolescence, avec les cours par correspondance de Visant Seite et Soazig Paugam, « à l’âge où on a envie de faire chier ses parents, et plus « les générations qui tard avec Skol Ober, alors arrivent ont moins de que j’étais en Allemagne problèmes que nous par pour me perfectionner en rapport à la langue. » allemand ! Finalement, mon père m’a dit avant de mourir : J’ai été un vrai con. Vous auriez pu avoir trois langues. » Mich a toujours eu le goût de la lecture et de l’écriture. « À cette époque, j’aimais surtout Lovecraft et la littérature fantastique. » L’écriture dans un but éditorial, elle s’y est mise lorsqu’elle était institutrice et que les gamins manquaient de bouquins en breton, en publiant une série intitulée Pennoù Koltar. « Per Denez m’avait enflammée dix ans plus tôt, lors d’un stage de breton où il intervenait. Son message était simple, mais convaincant : Écrivez ! Écrivez ! Écrivez ! Dès le lendemain, je m’y étais mise, même si ce n’était pas dans le but d’être publiée. » Mich Beyer affirme ne pas écrire en breton par militantisme, mais par goût : « Ma mère était une conteuse en français ou en breton, mais c’était la syntaxe du breton qui la portait, et cette syntaxe m’est rentrée dans la tête, je crois, avec toute sa souplesse, les phrases qui se plient plus facilement, je trouve, à ce que j’ai envie de dire. Et pourtant, le français reste la langue dans laquelle je suis le plus à l’aise. En breton, je suis condamnée à travailler beaucoup plus pour affiner le choix des mots, des nuances, à être plus exigeante qu’avec mon français. Après, il y a d’autres difficultés. Il y a tellement de choses dont on ne parlait pas. Tout ce qui concerne l’affectif et le corps. En fait, et c’est ce que j’attends d’un roman. Ainsi qu’un sérieux travail d’écriture. Enfin, on ne va pas lire un bouquin juste parce que le breton qui est employé est beau ! Pour les nouvelles, je dirais que c’est différent : il y a beaucoup de bonnes choses, un ton neuf, des sujets et des styles variés. Je peux citer Herve Bihan, Alan Botrel, David Ar Gall, Daniel Doujet, Annaig Renault. » Mich Beyer a aussi eu de bonnes surprises lors de ses rencontres avec les élèves des collèges Diwan de Guissény et de Plésidy : « La profondeur de leurs questions, leur subtilité sur des sujets comme le suicide des personnes âgées m’ont étonnée et donnent beaucoup d’espoir. J’ai animé des ateliers d’écriture, également, dans lesquels j’ai rencontré des gens qui ont un vrai talent et qu’il faudrait pousser à écrire. D’une manière générale, je crois qu’on peut être optimiste sur les générations qui arrivent ; elles ont moins de problèmes que nous par rapport à la langue. Et puis nous sommes un peuple de conteurs, nous savons raconter des histoires ; la question, maintenant, c’est : qu’est-ce qu’il y a en dessous, quelle profondeur ? Et quel rapport au monde dans sa globalité veuton exprimer ? » Peut-être faudrait-il qu’un bouquin en breton soit traduit en anglais et qu’il connaisse un succès planétaire, pour remonter la pente ? « Peut-être… Parce que si on traduit directement et trop vite en français, on perd le peu de lectorat bretonnant que l’on peut espérer. » Bibliographie Ar Pennoù Koltar war an enez (Les Têtes de Coaltar sur l’île), An Here, 1991 Ar Pennoù Koltar e Menez Are (Les Têtes de Coaltar dans les monts d’Arrée), An Here, 1993 Seizh Devezh warn-ugent, An Alarc’h, 2006, prix FR3 Etrezek an enez, An Alarc’h, 2007, prix Langleiz, Priz Ar Bono, Prix Sten Kidna An Dervenn, Keit Vimp Bev, 2008 Teñvalijenn, An Alarc’h, 2009 Kan ar Mein, An Alarc’h, 2010, prix Pêr Mokaer Azigoragazar, Keit Vimp Bev, 2010 Azvent, An Alarc’h, 2013 Nantes Gweltaz Adeux : Breton du Grand Nord Né en Afrique, avec des parents originaires des pays de Rennes et de Redon, Gweltaz Adeux a beaucoup bougé durant les vingt premières années de sa vie, mais ce sont les sept années passées à Nantes qui l’auront le plus marqué et lui auront donné l’envie de revenir. Une envie de Bretagne. « Quand on est enfant et qu’on voyage beaucoup, on pose des questions à ses parents, et, dans mon cas, j’ai su très vite qu’on était bretons. » En musique, Gweltaz navigue sur la trace de ses frères plus âgés, sur la planète rock’n’roll, avant de s’intéresser à la vague folk et musique traditionnelle des années 1970. Le premier choc dans ce domaine date de 1972, lorsque le collégien d’alors entend Alan Stivell sur Europe 1. Plus tard, alors qu’il habite à Paris avec sa famille, il entend le même disque chez quelqu’un qui n’est pas breton et il comprend que cette musique devient universelle. La question de la langue bretonne commence à le titiller. « C’est comme un symbole. Pour être Breton, il ne suffit pas d’aimer le pâté Hénaff ! » Les retours réguliers à Nantes sont comme des bouffées d’air frais. La Bretagne, la musique… Gweltaz Adeux a aussi un goût prononcé pour la lecture. Après Le Club des 5, Le Grand Meaulnes, il dévore la littérature jeunesse d’autrefois. Les Aventures d’Alice au pays des merveilles, la série des Une enquête des sœurs Parker… « À l’époque, c’était encore possible de lire ces vieux trucs. Aujourd’hui, quand je vois le choix qu’ont mes enfants, en littérature jeunesse, en livres documentaires et de vulgarisation, je trouve ça génial qu’ils puissent explorer des univers qui étaient si mystérieux pour nous, à leur âge. » Très vite, Gweltaz bascule vers la SF et le fantastique, avec Abraham Merritt, Lovecraft, et James Graham Ballard dont il lit à peu près tout. « Il m’a beaucoup marqué, notamment par son côté précurseur, annonciateur du changement climatique, et pour la société qu’il décrit, où les gens ne passent pas leur temps à bosser. » Plus surprenant, peut-être, Gweltaz se prend d’une passion pour Modiano, un auteur qu’il relit toujours, régulièrement. « Peter Handke, aussi, pour le poids du monde et sa capacité à observer des miettes de pain sur une table. » Aujourd’hui, il plonge dans le polar, avec Marcello Foïs, le Sarde « qu’on peut lire avec l’accent », ou Stefánsson, l’Islandais, « pour les paysages de neige ». « J’aimais déjà ça, dans les bouquins de Ballard, les atmosphères glacées, un monde désenchanté, et l’espoir en dépit de tout. » Une attirance vers les pays du Nord qui ne se démentira pas, forgée par des milliers de kilomètres en auto-stop, les lectures et une aventure artistique de vingt ans au sein du groupe brittofinnois EV. « Notre premier concert a eu lieu en 1981. C’était un moment de creux pour la vague bretonne. Depuis l’âge de 14 ans, je voulais faire du rock et chanter en breton. Avec EV, on chantait en breton, en finnois et en français. Et nous avons tourné un peu partout en Europe, malgré nos langues incompréhensibles. Ce fut aussi l’occasion de découvrir ce qui existait ailleurs, par rapport à chez nous : les radios, les télévisions en langues minoritaires, au pays de Galles, en Frise. » Dans les chansons qu’il écrit en breton, Gweltaz travaille sur les rimes internes, cette particularité de la Discographie EV : Nouveaux Décors/Banquise Noire, Gwenn Kivi, 1984 Par le Feu/Camouflage, Gwenn Kivi, 1984 Skorn, Gwenn Kivi, 1987 Shamaani, Gwenn Kivi, 1988 6 octobre, Gwenn Kivi, 1990 Distruj, Lola Label, Polygram, 1992, rééd. Sony Music, 1996, et Créon, 2002 © Pat Ravon poésie bretonne, avec ces retours de voyelles et de consonnes d’une phrase à l’autre qui font sonner la langue et la rendent si musicale, si rock’n’ roll. « Mais, comme toute langue, il faut aussi la bousculer. J’adore ce qu’en fait Bernez Tangi, par exemple, dans ses poèmes. Je suis fan. » Depuis longtemps, Gweltaz Adeux écrit des petites histoires, et le désir d’écrire un roman était présent. « Mais je manquais de technique. Les images étaient là, comme dans les chansons, mais connaître la langue, avoir des images en tête, cela ne fait pas une histoire. Quand j’ai découvert il y a deux ans l’existence d’un stage d’écriture en breton, à Groupe Ouest, ça tombait super bien. Nous étions sept, et c’était très intéressant de confronter nos univers. Malgré nos différences d’âge – de 24 à 60 ans –, le lien s’est établi rapidement entre nous, grâce à la langue bretonne et à ce vécu ensemble. Dans une société de plus en plus saucissonnée, c’est quelque chose. C’était un bon moyen, par ailleurs, d’explorer les différents niveaux de langue, quelque chose que les monolingues ont du mal à capter. » Le stage a permis à Gweltaz de lancer son projet de roman. Erc’h, un roman noir qui se passe aux confins de la Finlande et de la Russie, bien sûr, et en hiver, par moins trente degrés. Sans oublier la musique pour autant : un nouvel album solo est sorti en mars. > http://gweltaz-adeux.com Reuz, Lola Label/Gwenn Kivi, Polygram, 1994 Huchal, Déclic/Virgin, 1996 Mar Plij, Déclic/Sony, 1998 Pemp, Globe Music/Sony, 2001 Dizehan, Creon Music/EMI, 2004 Solo : Ehan, Gwenn Kivi, distribution Coop Breizh, 2014 Eyjafjallajökull, Gwenn Kivi, distribution Coop Breizh, 2015 18 Primelin Yann-Fulub Dupuy : une cathédrale en breton massif dis oui, mais à une condition : j’ai un ami Trégor. Lorsqu’il débarque en Bretagne, qui a écrit là-dessus et j’aimerais bien que en 1990, il a 24 ans. « Aussi incroyable tu lui répondes. Quand je me suis rendu que cela puisse paraître, je suis un autocompte que de rester anonyme, c’était didacte complet et je n’ai jamais eu à contradictoire avec ce que j’écrivais, j’ai chercher de boulot dans ma vie. » Après décidé qu’il était préférable, si le bouquin deux ans et demi en tant que formateur au était édité, de le signer sous mon propre sein de l’association Stumdi, Yann-Fulub nom. » Et le livre a finalement été publié entre à Radio France comme animateur sous le titre de Par Dibar. « Même si je radio, puis il participe à l’élaboration sais mieux le français, la question ne s’est du dictionnaire monolingue d’An Here. pas posée pour moi. Je « En plus, je n’ai jamais devais l’écrire en breton travaillé en français. « Je devais écrire et dire des choses qui Et j’ai toujours écrit, y en breton et dire des n’avaient pas été dites compris quand j’apprechoses qui n’avaient nais la langue. Je noircis- pas été dites dans cette dans cette langue. Et ce n’est pas pour une raison sais beaucoup de papier, langue. » militante. Pas du tout. et puis ça m’a passé. Je n’ai Dire avec une autre langue que sa langue plus écrit une ligne pendant quinze ans. » maternelle, c’est aussi dire avec un Formateur à Kelenn, le centre de formafiltre. » D’emblée, Yann-Fulub Dupuy tion des enseignants Diwan, Yann-Fulub a cultivé le style, dans l’écriture de cet commence à griffonner entre les cours. ouvrage qui trouve son origine dans Au début, il ne pense pas en faire un livre, une étrange histoire. Son meilleur ami ce sont juste des réflexions sur l’homod’enfance s’appelait Christophe Bourdin. sexualité. Mais les feuilles s’accumulent. Avant de mourir du sida, il a écrit l’un des La cohérence est là. Il envoie son manusmeilleurs ouvrages sur le sujet. « Alors crit à un éditeur, sous un pseudonyme. Pas qu’on ne s’était pas vus depuis dix ans, il de réponse. « Et puis un jour, lors d’une m’a téléphoné un jour, pour m’annoncer la discussion, cet éditeur me dit qu’il aimesortie de son livre. Je ne lui ai même pas rait parler de choses nouvelles, un peu, demandé de quoi il parlait. Pourquoi ? en breton, et qu’il a écrit un bouquin qui C’est idiot. Mais je me suis précipité pour parle de l’homosexualité. Il me demande l’acheter. J’ai découvert que nous étions de le corriger. Étrange situation… Je lui homos tous les deux, sans jamais nous l’être avoué. Et il est mort sans que je l’aie appelé. Pour toute ma vie, quelque chose d’irréparable. Une énorme frustration et une envie de raconter. » Après cette première expérience éditoriale, le goût de l’écriture ne le quitte plus. Passionné d’art gothique, Yann-Fulub Dupuy fantasme depuis fort longtemps sur sa cathédrale idéale, qu’il a dessinée, puis construite sous forme de maquette. « Mais je ne trouverai jamais un roi africain assez fou pour la faire construire. La seule façon de la voir exister, c’est d’écrire une fiction qui la mette en scène. À 20 ans, je m’étais cassé les dents sur ce projet. Mais le fait d’avoir publié un premier livre m’a mis le pied à l’étrier. » C’est ainsi que Ar Gariadez Vaen verra le jour sous la forme d’un roman policier, et sera suivi d’autres ouvrages, romans, nouvelles, dont le recueil bilingue Ar Roc’h/Le Roc. « À chaque livre, j’essaie quelque chose de nouveau. On me reproche parfois d’utiliser un niveau de langue trop élevé. C’est vrai que je travaille mon style, que j’évite les gallicismes et que j’écris différemment de la langue parlée, même si je lis mes textes à haute voix, à plusieurs reprises, lorsque j’écris. Les gens ne m’ont jamais dit que mon français était difficile, or mon breton est du même niveau. Si je devais me brider parce que des gens, autrement, © Yann-Fulub Dupuy 19 Jean-Philippe a peut-être 4 ans quand il découvre pour la première fois cette autre langue, avec ce C apostrophe H, que l’on prononce un peu comme en allemand. C’est sa mère qui lui dit ça, lors d’une balade à Ploumanac’h. Comment ? Il y aurait une langue ici, en Bretagne, avec des sons qui n’existent pas en français, mais qui existent dans d’autres langues ? Le petit Jean-Philippe est déjà fasciné et le grand Yann-Fulub y voit comme un signe du destin. Pourtant, les origines de Haute-Bretagne de la maman, assez lointaines, ne laissent rien augurer de sa vocation. Au milieu des années 1970, la vague lancée par Alan Stivell le cueille et lui offre une autre passion, celle de la harpe celtique. Il sera donc harpiste… et bretonnant. « À 17 ans, j’ai acheté le livre de Visant Seite, Ar brezoneg dre radio, pour apprendre le breton, et je n’ai jamais arrêté. Bien sûr, les gens se moquent, parce que ça fait vieillot, et parce que, pour un ecclésiastique, traduire Yann a bok d’e c’hoar par “Yann baise sa sœur”, ça fait rigoler. Il n’empêche, c’est un excellent bouquin d’un point de vue linguistique et il m’a beaucoup aidé par la suite. » Pour apprendre le breton, bien entendu, ça ne suffit pas. Yann-Fulub habite à Paris. Il dévore tout ce qu’il trouve dans cette langue et apprend chez l’habitant, dans le ne pourraient pas me lire en breton, autant écrire en français. » En tout cas, l’aventure continue. Avec Milendall, Yann-Fulub explore son amour pour les plantes, dans un roman sur le jardin. Chaque partie du jardin ramène à une scène du passé, comme celle qui nous conduit à Grenade, dans les jardins de l’Alhambra, à la veille de la prise de la ville par les chrétiens, ou celle qui nous permet d’assister à une discussion entre Louis XIV et Le Nôtre, en breton – un moment savoureux. Exercice vertigineux, que ce très long roman dont l’héroïne est un écrivain, publié en même temps que le livre qu’elle est censée avoir écrit, une sorte de faux roman policier ! Re an tu all, une pièce de théâtre, va également être éditée. Le théâtre, autre passion de Yann-Fulub, dont le compagnon est comédien. En projet, un roman sur l’Armorique et l’Amérique et ce qui pousse les gens à quitter leur pays, une fiction à partir d’une langue disparue, le cumrique, dont il ne resterait que trois mots, un spectacle avec une chorale, inspiré du pibroc’h écossais et de la gwerz Skolvan. Yann-Fulub Dupuy a la gnaque… mais aussi quelques regrets… « Il y a plein de choses qui ne se transmettent plus, en breton, qui devient la langue de la scolarité, et moins celle de l’affectif. Quand je travaillais à la radio, je me souviens d’avoir interviewé une femme qui racontait que son mari la violait. Je n’ai pas passé ça à l’antenne et je n’ai pas conservé l’enregistrement. Avec quels mots elle disait ça ? Je ne sais pas. On ne sait plus. À propos du breton d’aujourd’hui, j’ai envie de dire : pas assez de langue. Pourquoi publier des Priz ar Yaouankiz chaque année ? Il n’y a pas assez de bretonnants sans que ce soit un peu forcé. Alors, c’est contre-productif, parce que ce n’est pas toujours bon. La langue bretonne est un luxe. Elle n’a aucune utilité économique. Quand je parle breton avec des gens qui n’ont pas un niveau suffisant, je m’ennuie, parce qu’ils expriment mal leurs idées. Pour avoir une bonne conversation de comptoir aussi, il faut avoir un bon niveau de breton ! » Bibliographie Penn ar veaj, Keit Vimp Beo, 2005 Par Dibar, An Alarc’h, 2006 Ar Gariadez Vaen, An Alarc’h, 2007 Ar Roc’h/Le Roc, An Alarc’h, 2009 Douarnenez Nolwenn Korbell : Brecht avec du startijenn © Adamo Almeida Chanteuse, comédienne, Nolwenn Korbell a eu la langue bretonne comme langue maternelle. Un choix pas facile pour ses parents, qui ont été élevés en français, malgré un environnement bretonnant. « J’ai compris plus tard que c’était un vrai engagement, pour eux, et que cela n’allait pas de soi. » Nolwenn chante en breton, joue au théâtre ou au cinéma, en breton ou en français. Si elle avoue son goût pour des auteurs comme Bernez Tangi, Youenn Drezenn ou Tangi Malmanche, elle reconnaît lire très peu en breton, même si elle considère la création en breton comme vitale et qu’elle-même écrit ses chansons en breton. « Ce n’est pas bien, je devrais. Je lis beaucoup, mais en français surtout. Même si je ne fais pas dans la musique traditionnelle et si je parle d’aujourd’hui, ma relation à la langue me relie à des choses plus anciennes. Des choses entendues dans l’enfance, comme les appels de bergers, les petits dictons, les comptines. J’aime jouer avec ça. Par exemple, quand j’ai écrit une chanson après l’assassinat d’Anna Politovskaia, la journaliste russe, j’ai pensé à cette phrase, Ar wirionez ‘zo ganit, tout ar chas a biso diou’it (“La vérité est avec toi, tous les chiens te pisseront dessus”), sortie de la bouche d’un Trégorrois du Vieux-Marché. Comme diraient les jeunes : je kiffe ma race de faire ça ! C’est toute la langue qui est là : du sens, de l’image, de la poésie, du populaire. Je reprends aussi la berceuse que me chantait ma grand-mère, Baling, balaoñv, ma mamm ‘zo klañv (“Ma mère est malade”). Ces expressions venues de gens qui n’ont connu que cette langue, des petits joyaux que j’aide à traverser le temps. » Ils n’étaient pas nombreux, les jeunes qui, comme Nolwenn, parlaient breton à la maison, à cette époque où Diwan n’existait pas encore. Elle a bien conscience d’avoir jeté un pont entre deux périodes. « Quand je travaillais à France 3, je me retrouvais à parler en breton avec des gens, au téléphone, depuis Rennes. Ça devait leur faire drôle. Après, j’allais chez eux. Et je voyais ces gens, qui avaient presque fait le deuil de leur langue, reprendre du startijenn, de l’énergie ; et moi également, ça me faisait du bien de faire ça. Je me souviens aussi de cette commande du musée du Bateau, et du vernissage, où j’avais rassemblé les marins que j’avais collectés et les enfants des écoles bilingues. Un vieux marin m’a dit : Tu nous as portés, mais nous aussi, on t’a portée. Le breton, c’est la première langue qui est arrivée dans ma vie, et c’est elle qui m’a ouverte sur toutes les autres. Qui m’a donné le goût des autres langues. Je suis très touchée de voir les jeunes créateurs en breton qui arrivent maintenant, et qui ont beaucoup d’envie, qui se forment, qui savent où ils vont avec le breton. On n’est pas des milliers, mais c’est là. » En juin, Nolwenn Korbell sortira un nouvel album, intitulé Skeud ho roudoù (L’Ombre de tes traces). Ses paroles en breton y côtoient un poème de Xavier Grall, un texte en anglais d’Emily Dickinson, un poème d’Anjela Duval et une chanson inspirée par la Trilogie papoue, le film de Bob Connoly vu au Festival de cinéma de Douarnenez. Après la fin de sa tournée à travers la France avec la pièce Maître Puntila et son valet Matti, elle se produit un peu partout en Bretagne avec le Cabaret Brecht, où elle chante Kurt Weill en allemand, et elle espère jouer bientôt dans L’Opéra de Quat’sous, en français. En attendant, il y aura Le Songe d’une nuit d’été, de Shakespeare, et Fin ar Bed, le feuilleton de Nicolas Leborgne, en breton… Discographie N’eo ket echu, Coop Breizh, 2003 Bembez c’houloù, Coop Breizh, 2006 Red, Coop Breizh, 2007 Noazh, Coop Breizh, 2010 Skeud ho roudoù, Coop Breizh, 2015 20 C’hoariva, pour le théâtre en breton 21 L’association C’hoariva fédère dix-neuf troupes de théâtre sur les cinq départements de la Bretagne historique. Elle réunit des troupes amateures ou professionnelles, voire qui associent les deux. C’hoariva a un rôle de formation et réalise régulièrement des week-ends de stage pour répondre aux besoins des troupes. Elle fédère les troupes et les représente auprès des institutions. Emmanuelle Éon en est la seule permanente, son poste étant financé en majeure partie par le conseil régional, les aides au fonctionnement, très réduites, lui laissant peu de marge de manœuvre. La Redadeg, la course de relais pour la langue bretonne, a financé la mise en place du site internet, doté d’un centre de ressources. « Bientôt, nous lançons une lettre d’information qui permettra de créer plus de lien. Nous essayons déjà sur notre site d’offrir un maximum de renseignements, de mettre en ligne un agenda des spectacles et les articles concernant le théâtre en breton. L’idéal serait de proposer un accès à tous les textes existants, mais ce serait un boulot titanesque et coûteux. Il faut déjà répondre aux besoins les plus urgents. Pour les textes, il faut en outre que les auteurs soient d’accord pour céder leurs droits et que leur breton soit irréprochable. » Pour le moment, il existe une base de 400 textes du XXe siècle recensés, dont 49 étudiés plus précisément. Biographies et bibliographies des auteurs sont en ligne (160 pièces mentionnées pour le moment). Il s’agit d’un site participatif, sur lequel chacun peut ajouter des renseignements à propos des auteurs ou des pièces. Stages de théâtre-forum, stage de théâtre expression gestuelle et communication avec le comédien et metteur en scène turc Levent Beskardes, promotion des interventions dans les établissements scolaires… C’hoariva cherche à développer le théâtre en breton, en diversifiant l’offre. « Pour les scolaires, des intervenants professionnels peuvent aider les projets théâtre des enseignants. Un dispositif du conseil régional aide les troupes à intervenir en milieu scolaire, sous le nom de Skol C’hoariva (couvrant 35 % du coût horaire, pour une heure à 50 euros). Ces dernières années ont vu une certaine professionnalisation de troupes comme Piba, La Obra, Mat ar Jeu, Paritito, qui sont venues s’ajouter à Ar Vro Bagan. Chacune avec son propre choix artistique. Certaines sont bilingues, voire trilingues. En novembre, nous allons nous Levrioù e brezhoneg, mar plij ! Soutenu par la Redadeg, la course de relais pour la langue bretonne, « Levrioù e brezhoneg, mar plij ! » (Des livres en breton, s’il vous plaît !) est un appel à projets lancé par les associations de parents d’élèves et les enseignants des différentes filières d’enseignement du breton. Il a pour but de soutenir l’édition de nouveaux livres en breton, en précommandant au moins un livre par enfant scolarisé dans des classes bilingues. Les livres retenus sont offerts à chaque enfant et à son enseignant. Ils sont étudiés en classe au cours de l’année scolaire. Cette opération a été accompagnée par Livre et lecture en Bretagne (la seconde édition a eu lieu en 2014), avec une remise des prix lors du salon La Baie des Livres, à Morlaix. Trois nouveaux titres en breton ont été ainsi édités : Plijout a ra din d’Éric Dessoliers et Maël Kernalegenn, An aon ruz de Maëla Ily et Sonia Orriger, et Mamm-Gozh ne blij ket ar viltañsoù dezhi de Mich Beyer et Julien Weber-Acquaviva. D’autres sont en projet. Mat ha buan N’int ket unan. Vite et bien Ne sont pas un (ne font pas bon ménage). réunir pour renforcer le réseau. » Autre nouveauté, la création de deux troupes d’ados dans le Finistère. « Les créations de textes en breton restent assez rares. Dans les anciens numéros d’ Al Liamm, des pièces étaient régulièrement publiées. C’est moins le cas aujourd’hui. Certaines troupes choisissent de traduire des pièces du français ou d’autres langues en breton. Et si le niveau de langue est trop littéraire, ça marche moins bien. Souvent, le public est avant tout sensible à la couleur de la langue, au côté “terroir” ; il vient plutôt pour rigoler et il est relativement âgé. Pourtant, des troupes s’adressent à un public plus large, avec des trouvailles qui permettent à tout le monde de suivre. Le rêve, ce serait de monter un gros spectacle ambitieux, qui fédère les énergies et attire le public. » Et, bien sûr, de développer l’offre auprès de la jeunesse. « Le théâtre permet d’exprimer d’autres sentiments que ceux qu’on a l’habitude d’exprimer dans la langue de l’école, et aussi de travailler l’accent, le pouez mouezh, la musique de la langue. » > www.teatr-brezhoneg.org Plouguerneau Les 50 ans de Strollad ar Vro Bagan Strollad Ar Vro Bagan (SAVB) est devenue au fil des ans le symbole de la création théâtrale en breton, mêlant amateurs et professionnels. Il ne faut pas oublier que SAVB joue un rôle essentiel de formateur. Car à une époque où la langue bretonne se transmet de plus en plus par l’école, le théâtre a un rôle très important à jouer, pour l’expression des sentiments et des affects. Le foyer culturel Oaled ar Vro Bagan, créé en septembre 1969, prend le relais de l’association Ar Vro Bagan, un cercle celtique né en 1965. Il s’inscrit avec cette nouvelle mouture dans le mouvement culturel extrêmement créatif qui va enflammer la Bretagne des années 1970. Ses objectifs sont clairement affichés : « Intéresser la population et tout spécialement les jeunes à la culture et aux problèmes socio-économiques de leur pays et lutter pour le renouveau économique, social et culturel de la Bretagne. » Au programme, exprimé dans le journal de l’association, An Avel : « La lutte pour le renouveau de la langue bretonne, contre l’exode rural, l’oppression du peuple breton, la colonisation de la Bretagne ». Des idées tout à fait dans l’air du temps. C’est en 1973 que Goulc’han Kervella rejoint Ar Vro Bagan, et décide de créer en son sein un atelier de théâtre en breton. Dès 1975, la troupe prend son envol et tourne un peu partout en Basse-Bretagne. Les premières pièces en breton créées sous le nom de Strollad ar Vro Bagan sont E-tal ar Poull, Kleñved an Tougn, de Jarl Priel, Meurlarjez, de Roparz Hemon, et des pièces de Jakez Riou. « L’une de celles-ci, An Dogan, qui s’appuie sur la destruction du monument d’union de la Bretagne à la France, à Rennes, entre en résonnance avec le combat contre le camp militaire de Ti-Voujeret, près de Châteaulin, qui verra la mort du militant breton Yann-Kel Kernaleguen. » Les créations, signées Kervella et/ou collectives, alternent avec les pièces du répertoire breton, puis étranger, avec des traductions d’O’Casey, de Tchekov, Casona, Jarry, etc. En 1977, Ma chelljenme Kanañ laouen, qui colle à l’actualité des luttes contre les centrales nucléaires, le bétonnage des côtes et la militarisation de la Bretagne, fait connaître la troupe dans toute la Bretagne. Dans la première école Diwan créée à Lampaul-Ploudalmézeau en 1977, les instituteurs, comme le chanteur, auteur et comédien Denez Abernot, viennent de SAVB. En 1978, Buhez Mikeal Frankiz © Strollad ar Vro Bagan an Nobletz, qui attaque les prédicateurs, fait scandale dans les milieux ecclésiastiques. Le succès se tarit quelque peu en 1980, lors de la création de Nomenoe-oe. On change d’époque. Les spectacles suivants se voudront moins bavards et moins militants. C’est en 1982 que le tournant professionnel est vraiment pris, avec la création de trois postes, grâce à des aides de l’État. Mais SAVB conserve ce mélange entre amateurs et professionnels qui le caractérise toujours aujourd’hui. En 1984, Ar Baganiz, adaptation de l’œuvre de Tangi Malmanche, sera son premier spectacle son et lumière, une activité qui va prendre beaucoup d’importance par la suite, avec notamment le grand succès de La Passion celtique, Ar Basion Vras, en 1991, interprétée par une centaine d’acteurs, 200 sonneurs et chanteurs. À noter l’arrivée dans la troupe de Michel Fagon, en 1993, en tant qu’objecteur de conscience, qui travaillera durant dix années avec SAVB, devenant un des plus grands décorateurs et inventeurs de dispositifs scéniques actuels. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des nombreux techniciens ou acteurs qui se sont formés au sein de Strollad ar Vro Bagan, s’y forment encore, avant d’aller, parfois, essaimer ailleurs. C’est aussi l’un des grands mérites de la troupe. Dans son fief du Léon, la troupe de Goulc’han Kervella dispose d’un public populaire fidèle, qui se déplace plutôt pour se distraire et s’amuser. L’adaptation très réussie de Charcuterie fine, de Tilly, sous le nom de Fest ar Pimoc’h (La Fête du cochon), qui traite d’un conflit familial, va se heurter à la réticence de ce public traditionnel. Au point qu’il faudra organiser des débats, presque de véritables cellules psychologiques à la fin des spectacles. Même chose avec Ar Roue Ubu (Ubu roi), pièce à laquelle les aficionados de SAVB ne comprennent rien du tout. Pas toujours facile d’être une troupe populaire à succès ! En tout cas, cela ne l’empêche pas de poursuivre son travail militant, comme le montrent les créations récentes de Divroa ou Ar Gêr vras (sur les migrations), son exploration de l’histoire, avec Armorica Breizh (sur les origines de la Bretagne) ou Frankiz (les Bretons dans les guerres coloniales), le patrimoine littéraire, avec les courtes pièces de Tangi Malmanche ou Glenmor disuj, L’insoumis. Strollad ar Vro Bagan est une formidable aventure artistique et humaine, dans laquelle la formation occupe toujours une part importante, avec l’accueil de jeunes dans ses ateliers ou les interventions dans les écoles. Car, comme le souligne Goulc’han Kervella, « avec une langue bretonne qui se circonscrit de plus en plus au milieu scolaire, donc sous un certain contrôle, le théâtre devient le dernier lieu où exprimer librement ses sentiments, ce qui est très important, bien sûr, pour la vitalité d’une langue ». Et sur les planches, 2015, année des 50 ans, verra, entre autres, la reprise de Ar Baganiz et la création d’un spectacle itinérant, Meneham, à Kerlouan, 300 ans d’histoire. > www.arvrobagan.fr Publications Spered an tour-tan (L’Oiseau et le Gardien de phare), illustré par Râmine, chez Coop Breizh ; et Ar Soner hag ar Bleiz, chez TES. Les autres pièces sont publiées chez Skol Vreizh, Emgleo Breiz ou Al Liamm. 22 Un labo pour la fiction cinématographique Après la formation coorganisée par Groupe Ouest, Livre et lecture en Bretagne, Stumdi et Dizale pour la création de scénarios et de romans en breton, certains participants ont été rejoints par d’autres auteurs pour une séance de pitch dating, menée par Daoulagad Breizh, lors du dernier Festival de cinéma de Douarnenez. L’association a été débordée par le nombre de candidats, ce qui est très encourageant. Encourageante aussi la présence de tous les représentants des chaînes de télévision de la région. Un nouveau pitch dating pour des projets en breton, concernant cette fois des documentaires, a eu lieu à PléneufVal-André, lors du festival Doc’Ouest, dans une autre formule de trois tables avec deux producteurs à chaque table, ce qui semblait moins solennel. Lors d’une troisième étape, un atelier d’écriture, baptisé Labo ar Filmoù, a été lancé, rassemblant cinq des candidats du pitch dating de Douarnenez, dont trois étaient présents lors de la formation à Groupe Ouest. Le 1er mars, ils ont échangé de façon collective, encadrés par des professionnels, pour élaborer des pistes de travail. Le but est de mettre en place un accompagnement tout au long de la progression de leur travail, sous la forme de tutorats donnant lieu à des binômes avec des réalisateurs confirmés. À signaler également : le projet présenté par Gégé Gwenn lors du pitch est en production. L’an prochain, si un pitch est organisé, il le sera sûrement sous une forme différente. L’idée est aussi de susciter de nouvelles vocations. Daoulagad Breizh pense également à la création d’un pool pour répondre à la demande spécifique en langue bretonne dans l’audiovisuel, à l’image de ce qui se fait déjà en Écosse, rassemblant tous ceux qui travaillent pour le gaélique. Il y a du pain sur la planche : en 2015, la production de films en langue bretonne s’est encore réduite. Une bonne nouvelle cependant : l’entrée en production de Fin ar Bed, une série signée Nicolas Leborgne. Les revues en breton Aber, Al Lanv, Al Liamm, Breizh-Llydaw, Bremañ, #Brezhoneg, Brud Nevez, Hor Yezh, Louarnig, Rouzig, Ya ! Quelques librairies ayant un fonds de livres en langue bretonne : À signaler : le réseau Kenstroll, qui propose également des objets, de la musique, des ouvrages en breton, en gallo ou en français, sur la culture bretonne, ainsi que la librairie L’Encre de Bretagne, à Rennes. > www.kenstroll.org 23 > www.encredebretagne.com Éditeurs ou structures publiant des livres en breton Aber, Al Lanv, Al Liamm, An Alarc’h, An Amzer, An Diaoul Dieub, ar Gripi, An Nadoz-Vor, An Treizher, Bannoù-Heol, Barn ha Skrid, Blackbird Pawel, BZH5 Ltd, Dastum, Emgleo Breiz, Goater, Hipolenn, Keit Vimp Bev, Kerjava, Minihi Levenez, Mouladurioù Hor Yezh, Preder, Sav-Heol, Skol Vreizh, TES, TIR, Yoran Embanner. Cette sélection d’éditeurs d’ouvrages en langue bretonne n’inclut pas les maisons d’édition qui ne publient qu’occasionnellement un ou quelques titres en breton. > www.scoop.it/t/livres-en-breton Sélection bibliographique > www.livrelecturebretagne.fr/wp-content/uploads/2014/02/bibliolivbretonrelecture.pdf Lost ar big war an drezenn achu eo ma c’hontadenn lost ar big ha lost ar c’hazh Ma mije gouiet ‘m boa bet lâret c’hoazh. Queue de la pie sur la ronce Voici fini mon conte Queue de pie et queue de chat Si j’en avais su J’aurais encore conté. (Fin traditionnelle des contes) Actualités de la vie littéraire et des écritures contemporaines Keleier ar vuhez lennegel hag ar skridoù a vremañ Léz nouvèl de la vi déz lètr e dl’ecrivaij d’astourr Finistère Tournée d’auteurs La Bibliothèque départementale du Finistère a mis en place des tournées d’auteurs. Le principe est que des bibliothèques bénéficient de la venue des auteurs quels que soient les moyens dont elles disposent. 24 Pour Isabelle Arcos-Desloges, de la Bibliothèque départementale, « La médiathèque municipale est souvent le seul équipement culturel de la commune, gratuit et intergénérationnel. Elle a donc un rôle important à jouer dans l’animation. Par l’accueil d’intervenants, elle montre son savoirfaire, elle met en valeur ses collections, elle renforce ses partenariats et elle élargit son public. » La BdF participe financièrement, en tenant compte des budgets, de la taille des bibliothèques. Les médiathèques de Briec, Le Guilvinec, La Forêt-Fouesnant, Fouesnant, Landerneau et Plougastel-Daoulas ont déjà reçu Hubert Ben Kemoun en janvier dernier, pour des rencontres scolaires ou tout public. « Après une présentation de son parcours d’auteur jeunesse, Hubert a installé très vite une ambiance détendue et chaleureuse avec les enfants, dialoguant à partir des questions Éducation artistique et culturelle Les ministères de l’Éducation nationale et de la Culture et de la Communication ont présenté, le 11 février 2015, une feuille de route conjointe pour l’éducation artistique et culturelle. Trois grands axes ont été définis : développement de l’accès et des pratiques culturelles, notamment incitation à la lecture et à l’expression orale avec l’appui des bibliothèques et médiathèques, éducation aux médias et à l’information, et promotion des ressources numériques. L’ensemble de ces engagements sera mis en œuvre d’ici 2017 et à partir de la rentrée 2015. Renseignements auprès du ministère de la Culture et de la Communication. Contact : 01 55 55 30 10, ou [email protected] Philippe Lechermeier qu’ils avaient soigneusement préparées. Des questions sur la manière dont on fait les livres, les différences entre manuscrit et tapuscrit, l’importance du temps de repos des histoires avant l’avis de l’éditeur… Pas de temps mort, des sourires, des rires ; une belle connivence s’installe, tous les enfants sont intéressés, tout comme les adultes présents. » Une rencontre destinée aux professionnels et aux enseignants a également été proposée au réseau des médiathèques le 28 janvier à l’antenne de la BdF du pays de Brest, à Saint-Divy. À venir : une semaine avec Philippe Lechermeier, l’auteur de Princesses oubliées ou inconnues, illustré par Rébecca Jessie Magana Dautremer, ainsi que de l’adaptation de nombreux contes. Il sera du 2 au 5 juin 2015 dans les bibliothèques de l’Ouest Cornouaille. En septembre prochain, Jessie Magana, auteure de deux romans dans la collection « Ceux qui ont dit non », éditrice indépendante et directrice de collection, sera dans le pays de Morlaix. Elle dirige notamment « Français d’ailleurs », une collection sur l’histoire de l’immigration, aux éditions Autrement Jeunesse. Pour en savoir plus, contacter Isabelle Arcos-Desloges : 02 98 95 88 12 ou [email protected] Mordelles Chroniqueuse et médiatrice Cécile Amouriaux-Pellerin a chroniqué plus de 300 ouvrages sur son site Lalectrice.fr : romans français et étrangers, romans policiers, littérature jeunesse, ouvrages de cuisine, développement personnel, architecture et art, et, de manière plus confidentielle, bande dessinée et manga. Elle reçoit des retours très positifs de la part des maisons d’édition ainsi que des auteurs et souhaite proposer ses services aux libraires et aux porteurs de projets (relecture, fiches de lecture, etc.). Son profil vient d’être créé sur le site de Livre et lecture en Bretagne en tant que médiatrice du livre. Contact (en soirée) : 02 99 60 08 87 ou [email protected] http://lalectrice.fr/apropos.html Rennes L’Œuf au théâtre Association née en 1997, L’Œuf est un collectif de dessinateurs qui sont à la fois auteurs et éditeurs. Les ouvrages publiés sont autodiffusés dans une trentaine de librairies, ainsi que dans les salons et festivals, et grâce à la vente en ligne. Ils sont principalement le fait des membres de l’association (Mandragore, Laëtitia Rouxel, Nina Luec, William Augel, Bettina Egger, Hélène Coudray…), mais aussi d’autres dessinateurs (Ariane Pinel, Sylvain-Moizie, Stygryt, Baltazar Montanaro, L. L. de Mars, Jonvon Nias, Hamed Eshrat…). L’Œuf collabore avec d’autres collectifs et maisons d’édition, mais aussi avec le monde du théâtre, du conte et du spectacle. Depuis sa création, l’association propose des ateliers d’initiation à la bande dessinée, des performances graphiques, des séances de caricature, des spectacles, des expositions, des résidences. Par exemple, L’Homme semence, adaptation du roman de Violette Ailhaud, est proposé en lecture musicale par ses auteures, Mandragore et Lætitia Rouxel, qui jouent et dessinent en direct. À signaler également la sortie de Yan’ Dargent, une bande dessinée de Nina Luec sur le peintre, auteur du fameux tableau Les Lavandières de la nuit. www.editions-loeuf.com Sortie du Guide 2015 des manifestations et événements littéraires de Bretagne Le Guide 2015 des manifestations et événements littéraires de Livre et lecture en Bretagne vient de sortir. Il est accessible en ligne ou en version papier, sur commande. Nous vous rappelons que nous avons besoin des coordonnées et des dates de vos événements pour les intégrer à nos lettres d’infos et sur notre site. À signaler également la possibilité de se procurer le Répertoire des médiateurs mis à jour en novembre 2014 (10 euros), de même que le guide Comment accueillir et recevoir un auteur (15 euros). Tous ces guides sont disponibles en ligne ou en version papier sur commande. Contact : Marie-Joëlle Letourneur : [email protected] Balzac, répertoire national des auteurs et de leurs ayants droits Les auteurs peuvent désormais se faire référencer sur Balzac, le répertoire national des auteurs et de leurs ayants droits. Créé et développé par la Société des gens de lettres, ce fichier a pour ambition de recenser l’ensemble des auteurs de l’écrit et répond à un double objectif : permettre l’identification des titulaires de droits pour leur transmettre toutes les demandes d’éditeurs, de bibliothèques et de chercheurs, et ainsi favoriser la préservation des droits patrimoniaux et moraux. www.sgdl.org/sgdl/s-inscrire-sur-le-fichier-balzac 25 Actualités de la lecture publique Keleier al lenn foran Léz nouvèl de la liri publliq 26 © Catherine Le Gall Le Relecq Kerhuon Le dynamisme de la bibliothèque de comités d’entreprise On parle peu des bibliothèques et médiathèques de comités d’entreprise (BCE/MCE) et on connaît mal leur fonctionnement. Celle du CE du Crédit Mutuel-Arkea, au Relecq-Kerhuon est très dynamique, animée par une commission de cinquante salariés et une responsable quasiment à plein temps. Créée à Landerneau en 1979, puis intégrée dans le nouveau bâtiment du siège de la banque, au Relecq-Kerhuon, en 1981, la BCE est ouverte en semaine, à l’heure du déjeuner, et située juste en dessous du restaurant d’entreprise. Les locaux et le matériel sont mis à disposition gracieusement par l’employeur. La responsable, Catherine Le Gall, est détachée par l’entreprise et payée par le CE. Sous la responsabilité des élus, elle assure la direction de la médiathèque et participe à l’animation culturelle du CE, aidée par une autre salariée. « C’est quelque chose qui surprend mes collègues bibliothécaires du secteur public, mais nos heures d’ouverture sont faibles, puisqu’elles correspondent à des moments de disponibilité des employés sur le lieu de travail, auxquelles s’ajoute l’ouverture le mercredi après-midi, qui permet d’accueillir les familles. » La commission est composée de salariés qui ont souhaité s’investir dans le projet. Ils tiennent des permanences, tour à tour, une fois par mois. « Certains vont plus loin, en participant aux achats de BD, romans, DVD ou CD, selon leurs affinités et envies. Le fonctionnement est collégial, mais je reste le chef d’orchestre, répondant aux suggestions des salariés en fonction du budget dont je dispose et de l’équilibre à maintenir entre les différents genres proposés. » Catherine gère aussi le désherbage et le catalogue qui permet à tous les salariés de réserver les ouvrages et, éventuellement, lors d’un retour de prêt, de les recevoir directement au bureau. Un service très apprécié. « Même si, bien sûr, nous privilégions la rencontre, l’échange dans les locaux de la médiathèque, où nous organisons des événements. » Citons la participation aux prix littérature et BD inter-CE, les rencontres avec des auteurs, la participation aux festivals du conte Petite et Grande Marées et Pluie d’images, au Mois du film documentaire, au Festival européen du film court de Brest, les séances de dédicaces, les miniconcerts avec les Inattendus, qui permettent de découvrir des groupes de musique actuelle en devenir, des expositions concrètes ou virtuelles... « L’idée est d’amener la culture dans l’entreprise. Nous touchons sans doute des publics que les médiathèques ont habituellement du mal à faire venir : les gens débordés qui disent qu’ils n’ont jamais le temps. » La médiathèque dispose également d’une grainothèque qui permet aux jardiniers d’échanger des semences, d’une sitothèque en ligne, avec une sélection bisannuelle de sites. Son site propose en ligne « Culture et vous », une émission de Fréquence Mutine, la radio brestoise, consacrée à la culture et réalisée en partenariat avec le réseau des bibliothèques de l’agglomération. Elle touche les gens de 0 à 65 ans, les retraités n’y ayant pas accès, soit 900 abonnés, avec 21 000 documents à disposition, 50 000 prêts par an, un budget d’acquisitions de 25 000 euros et 3 000 euros environ pour les animations. La médiathèque n’est pas soumise au code des marchés publics et fait systématiquement le choix de solliciter les petites librairies du secteur. « Nous n’avons pas accès à la Bibliothèque du Finistère, mais le réseau Doc à Brest nous permet de rester en contact avec les autres médiathèques, et nous avons une convention avec les bibliothèques de Brest, pour des prêts éventuels, à l’essai. » Le CE, légalement, reçoit 1 % de la masse salariale. La bibliothèque y représente le cinquième poste dans l’ordre des dépenses. « C’est un choix fort de la part des élus du CE. » Bientôt, la BCE proposera une sélection thématique sur l’esclavage, à l’occasion de l’inauguration d’une statue dédiée, sur le site du Moulin-Blanc, tout proche. Les BCE/MCE Les BCE/MCE sont, aujourd’hui, aux alentours de 1 500 en France, et touchent des secteurs comme la métallurgie, la chimie, l’énergie, l’électronique, les transports, la banque, les assurances, l’édition et le commerce. Elles sont les héritières des anciennes bibliothèques populaires et bibliothèques des bourses du travail, qui ont permis, à partir de 1945, à beaucoup d’ouvriers et d’employés d’accéder au livre et à la lecture. Comme l’indique le groupe de travail de l’ABF qui leur est consacré, les MCE conservent cet héritage et l’intègrent dans leurs projets d’établissement : « Le monde du travail est un univers impitoyable où la financiarisation et l’obsession du contrôle ont pris le pas sur toute manifestation humaine d’économie politique. La présence des MCE dans l’espace de travail change singulièrement le climat dans l’entreprise et l’état d’esprit des salariés. Gérées par les salariés élus et animées par des bibliothécaires, elles sont à la source d’un processus qui traverse les modalités d’organisation du travail pour produire les conditions sociales et culturelles du développement personnel. La fréquentation des MCE dans un espace où les allées et venues sont limitées permet d’échanger librement des propos, de nourrir la capacité d’expression des salariés, de poursuivre avec vigueur le débat démocratique et de choisir les documents à bon escient. La participation des salariés à l’animation des MCE au sein des commissions ad hoc favorise cette proximité de parenté si souvent observée et témoigne d’un désir de liberté de l’esprit, de conscience et de pensée. Accueillant très souvent plus de 50 % des salariés et leurs familles, les MCE constituent des modes de résistance à la consommation du document formaté et atténuent les comportements de renoncement parfois à l’œuvre chez les usagers. Les comités d’entreprise possèdent de plein droit la gestion des activités sociales et culturelles dans l’entreprise. À ce titre, les élus des salariés peuvent créer des médiathèques… ou s’en abstenir. S’ils décident d’en ouvrir, ils sont en droit de créer des postes de bibliothécaires pour faire fonctionner ce véritable centre culturel au sein de l’entreprise. Les MCE s’appuient sur un texte important : la Charte pour le développement de la lecture en entreprise, signée en 1992 par l’ABF et les cinq confédérations syndicales représentatives. Elles sont des partenaires naturels du réseau institutionnel de la lecture publique, concourant à élargir le lectorat par leur proximité avec les populations d’ouvriers, de techniciens et d’employés. » G.A. 27 www.mediatheque.arkea.com https://cultureetvous1.wordpress.com https://docabrest.wordpress.com www.abf.asso.fr/4/69/97/ABF/bibliotheques-de-comites-d-entreprise-presentation?p=10 Bibliosésame devient Eurêkoi Journées d’étude ADBDP 2015 Le service de questions-réponses coordonné par la Bibliothèque publique d’information (BPI) change de nom et de format. Créé en 2006, Bibliosésame rassemblait jusqu’à présent 26 bibliothèques françaises qui se répartissaient les questions des internautes selon des critères géographiques ou thématiques. Aujourd’hui, le réseau s’élargit, grâce au partenariat passé avec la Communauté française de Belgique qui apporte 21 bibliothèques supplémentaires. Il s’appelle désormais Eurêkoi. Les prochaines Journées d’étude de l’ADBDP (Association des directeurs de bibliothèques départementales de prêt) se tiendront du 28 au 30 septembre 2015 à Brest. Elles tourneront autour de la thématique suivante : « Les BDP dans la recomposition des territoires ». En Bretagne, le réseau des bibliothèques de la ville de Brest participe au réseau Eurêkoi. www.adbdp.asso.f Médiathèques et films documentaires www.eurekoi.org 61e congrès de l’ABF Le 61e congrès de l’ABF se déroulera du 11 au 13 juin 2015 à Strasbourg, avec pour thème « Inventer pour surmonter : bibliothèques en tension ». www.abf.asso.fr Cette journée professionnelle organisée par Livre et lecture en Bretagne, en partenariat avec la médiathèque municipale de Lorient, Daoulagad Breizh, et Cinéphare-Zoom Bretagne se déroulera le jeudi 25 juin à la médiathèque municipale de Lorient. La matinée abordera la question des droits de diffusion en médiathèques. L’après-midi sera consacré au visionnage de films (documentaires, fictions, animations) produits et/ou réalisés en Bretagne entre juin 2014 et mai 2015. Pour plus d’informations : Florence Le Pichon : [email protected] http://lesjourneesllb.wordpress.com Actualités de la librairie et de l’édition Keleier ar stalioù-levrioù hag an embann Léz nouvèl de la liverri e de la banisri Saint-Malo Le Faou La Droguerie d’en face B-sensory Loïc Josse a créé une extension dédiée à la BD et à la jeunesse de sa Droguerie de Marine à Saint-Servan. La Droguerie d’en face – c’est son nom – a ouvert début avril. 28 Cela faisait un bout de temps qu’il y pensait, Loïc Josse, à diversifier son offre éditoriale et donc à agrandir l’espace consacré à la librairie, autour de sa bonne vieille et très pittoresque Droguerie de Marine. « À Saint-Malo, il y a une forte demande pour le livre jeunesse et la BD, mais il n’y a pas de librairie spécialisée. Alors les lecteurs filent vers Dinan ou Rennes, et surtout commandent sur Internet. J’avais aussi remarqué que ces secteurs permettaient de diversifier la clientèle, en attirant des jeunes. » Profitant de l’opportunité que représentait la fermeture d’un estaminet quasiment en face de la Droguerie, Loïc n’a pas hésité : il a acheté le lieu, lancé les travaux et recruté un jeune libraire spécialisé, venu de Picardie. « Il a donc fallu redéployer l’existant, et cela me permet aussi d’étoffer l’offre dans La Droguerie de Marine, en sciences humaines en particulier, et en ouvrant un rayon livres pratiques, auxquels on ne touchait pas jusqu’alors. » Et la salle d’exposition, squattée par la littérature jeunesse, va pouvoir retrouver sa vocation première. La Droguerie d’en face, comme sa grande sœur, proposera d’autres produits : ici, des jeux, de la papeterie, des objets. « Je pense qu’avec ces deux librairies, on atteint la bonne taille pour s’en sortir. On est huit libraires indépendants à Saint-Malo et on est tous fragiles, pas à l’abri si une grosse structure vient à s’installer. Avec ce développement, on essaie de prendre une petite longueur d’avance. Le but est d’assurer la pérennité de l’activité. Même si ce n’est peut-être pas le meilleur moment, en période de crise. L’avenir nous le dira. » La Droguerie de Marine/La Droguerie d’en face : 02 99 81 60 39 www.droguerie-de-marine.fr Après s’être intéressée au livre augmenté, avec l’entreprise BookBeo, au Faou, Christel Le Coq a lancé le projet B-Sensory qui concerne le livre érotique et les objets connectés. Autrement dit, les sextoys et autres sous-vêtements vibrants connectés. Déjà, leur slogan, « Lisez, vibrez ! » a fait un sacré buzz dans le monde du Net. Même si cela n’a pas permis d’apporter intégralement la somme espérée dans l’opération de crow-funding, de nombreux articles ont suivi et débouché sur des contacts fructueux avec des éditeurs et des fabricants. « Dans les catalogues des éditeurs, nous recherchons des nouvelles érotiques pour les adapter en version vibrante, mais aussi des auteurs pour créer des contenus inédits, avec des scénarios interactifs. » Prochaine étape : le lancement des précommandes, avant la mise en ligne de services en anglais. « Le marché français n’est pas assez attractif, nous visons l’international. » Et la jeune entreprise n’entend pas se limiter au domaine de l’érotisme. « Pour la lecture numérique sensorielle, c’est un marché porteur, bien sûr. Mais il y a bien d’autres domaines à explorer. » Parmi les applications, un développement vers les aveugles et malvoyants avec des extensions diverses, des contenus audiosensoriels à partir de la lecture d’ouvrages connectés. « Les vêtements connectés sont capables de donner des impressions de chaleur, de froid. Cela peut toucher divers types de littérature, comme le polar, par exemple. Les idées ne manquent pas. » Même si toutes ces initiatives restent dépendantes de l’évolution technique, en matière de textile connecté et d’autonomie des batteries, Christel est persuadée comme ses partenaires et collaborateurs, que nous ne sommes qu’au début d’une technologie promise à un grand avenir. Et d’ajouter : « Pourquoi ne pas imaginer pour nos enfants des doudous communicants ? ». www.b-sensory.com Lille Rencontres nationales de la librairie Le Syndicat de la librairie française organise à Lille, les 21 et 22 juin 2015, les troisièmes Rencontres nationales de la librairie. Après les premières Rencontres à Lyon en 2011 et les deuxièmes à Bordeaux en 2013, cette nouvelle édition devrait réunir plus de 500 libraires et plusieurs centaines de représentants des autres professions du livre : éditeurs, diffuseurs, distributeurs, auteurs, bibliothécaires, organismes interprofessionnels et partenaires publics. Les Rencontres 2015 permettront d’échanger et de débattre autour des enjeux actuels de la librairie et des perspectives du métier de libraire. www.lesrencontresnationalesdelalibrairie.fr Landivisiau Mots d’ici & d’ailleurs Gaëtane et Marc-Pol Le Deunff ont ouvert en décembre 2014. Lui était fonctionnaire territorial ; elle réalisait des audits pour une entreprise privée. Une librairie généraliste, avec un accent particulier mis sur les ouvrages liés au terroir d’un côté, et ouverts sur le monde de l’autre. Mots d’ici & d’ailleurs, 8, rue Pasteur – 29400 Landivisiau – 02 98 72 53 18 Augmentation des frais d’envoi Bretagne Soutien aux librairies indépendantes La Direction de la Culture de la Région Bretagne, la Drac Bretagne et le Centre national du livre ont signé, le 5 décembre 2014, une convention en faveur du développement du livre et de la lecture en Bretagne. Celle-ci porte sur l’ensemble du périmètre de la chaîne du livre, en particulier pour une intervention concertée en faveur des librairies indépendantes, définies par la Région comme « indispensables à la bibliodiversité et à la richesse culturelle de la Bretagne ». Cette convention entend renforcer les moyens dédiés aux librairies afin de combattre leurs difficultés actuelles et de simplifier leurs démarches administratives avec un nouveau dispositif qui tend vers le guichet unique. Les sociétés bénéficiaires des aides doivent disposer d’un local accessible à tout public sur une surface minimum de 30 m². Les librairies liées par un contrat de franchise et celles dont le capital n’est pas détenu à plus de 50 % par une personne physique ne sont pas éligibles. Elles doivent, en outre, réaliser plus de 70 % de leur chiffre d’affaires dans la vente de livres neufs au détail lorsqu’elles sont implantées dans une ville de plus de 10 000 habitants et plus de 50 % si ce n’est pas le cas. Elles doivent s’engager à faire évoluer leur offre vers un assortiment d’au moins 3 000 titres, si ce n’est pas déjà le cas, et jouer un rôle culturel local. Ce critère est évalué au regard de l’assortiment d’ouvrages proposé, du nombre de titres en stock de plus de douze mois, de la diversité des actions menées autour du livre et des auteurs dans et hors les murs. Les soutiens pourront porter sur tout projet d’investissement du libraire dans le cadre d’une création, d’une reprise ou d’un développement, ainsi que sur ses projets liés à son fonctionnement. Un formulaire, dont l’utilisation est obligatoire, stipule l’ensemble des pièces à joindre. Un seul dossier est à envoyer au conseil régional de Bretagne, avant le 5 juin 2015. Contact : Cécile Eveno, au 02 99 27 97 57 Le formulaire de demande est à télécharger sur le site de la Région Bretagne : www.bretagne.fr/internet/jcms/preprod_133385/aide-aux-librairiesindependantes-de-bretagne Fermetures Nous vous annonçons les fermetures de la librairie L’Imaginaire, à Lorient (56), et de la librairie La Plume, à Blain (44). Depuis le 1er janvier 2015, tout livre de plus de 3 cm d’épaisseur doit être expédié en Colissimo, et ce, quel que soit son poids. Avec cette hausse significative du tarif, les éditeurs s’alarment, le CNL saisit son ministère de tutelle et le SNE s’inquiète d’une mesure qui augmente de 30 % au moins le coût d’envoi d’un livre. Jusqu’alors, selon l’usage toléré, ce type de paquet pouvait être affranchi au tarif lettre. TVA du livre numérique Le taux de TVA applicable au livre numérique était fixé depuis 2012 au taux réduit de 5,5 % comme le livre imprimé. Un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) du 5 mars 2015 considère que le livre numérique constitue un « service fourni par voie électronique » auquel doit être appliqué le taux normal de la TVA, ce qui contraint l’État français à modifier l’article 278-0 bis du code général des impôts et à passer le livre numérique au taux normal de 20 %. L’Infini, nouvelle police gratuite Le ministère de la Culture et de la Communication par l’intermédiaire du Centre national des arts plastiques (CNAP) a commandé une police de caractères à une jeune designer. Cette typo est gratuite, à télécharger sur le site du CNAP, et se compose de différents styles, romain, italique et gras, ainsi que d’une série de pictogrammes et des ligatures. Elle peut être utilisée à des fins privées ou professionnelles sous les conditions d’une licence Creative Commons CC BY-ND (c’est-à-dire en précisant le crédit, en l’occurrence « Infini, Sandrine Nugue/CNAP » et sans modifier le dessin du caractère). www.cnap.graphismeenfrance.fr/infini/informations Guide des librairies indépendantes de Bretagne Nous vous rappelons qu’il est possible de nous commander le Guide des librairies indépendantes de Bretagne, paru en novembre 2014 (tarif : 20 euros). Contact : Delphine Le Bras [email protected] 29 Publics « éloignés » du livre et de la lecture Ar re zo « pell » diouzh al levrioù hag al lenn Léz publliq « elouêgnë » du livr e d’la liri Bégard Ça roule pour La Belle Orange Un tandem triporteur, objet artistique et fonctionnel, a été créé au sein du pôle socioculturel et thérapeutique de l’établissement de santé mentale Fondation Bon-Sauveur, à Bégard. Inaugurée fin 2014, La Belle Orange dessert en livres, CD et DVD tous les services de l’hôpital. Mais le capital sympathie dont bénéficie cet étrange vélo en fait bien plus qu’un outil. 30 Les projets culturels ne datent pas d’aujourd’hui dans l’établissement de Bégard, même s’ils ont pris une certaine ampleur ces dernières années. En ce qui concerne le livre, ils s’appuient sur les habitudes, les dynamiques créées par l’ASL, association émanant du comité d’entreprise, qui prêtait déjà des livres aux soignants et aux patients. Le projet de La Belle Orange s’inscrit dans ce cadre, au départ. « Nous avions une difficulté, l’éloignement des bâtiments abritant la bibliothèque et les salles culturelles », explique Sébastien Gobron, coordinateur culturel de l’établissement, qui travaille en binôme avec David Parlouer, éducateur technique spécialisé. « L’idée du triporteur nous a été soufflée par Christine Loquet, chargée des publics éloignés du livre, à Livre et lecture en Bretagne. Elle avait repéré quelque chose d’équivalent, à Strasbourg, je crois. Christine nous accompagne depuis longtemps, déjà, et elle est d’une aide précieuse. Je suis animateur socioculturel, mais je ne suis pas spécialisé sur le livre. » Les salles culturelles ont été rénovées, transformées en médiathèque, salle d’exposition, ateliers. Excentrées du cœur de vie d’un établissement composé de plusieurs services, cachées derrière d’autres bâtiments, elles apparaissaient cependant peu accessibles. « Pour certains patients, le moindre doute entraîne la peur de se tromper, de se perdre. Il fallait trouver un système qui les rassure, les interpelle et crée du lien. Nous avons donc fait appel à un artiste, Xavier Theffo, spécialisé dans la construction de vélos-machines, pour lui commander un tandem triporteur, avec une caisse en bois à l’avant, qui puisse être transformable en bibliothèque. Et puis, tant qu’à faire, on voulait un objet beau, intrigant, poétique. On voulait tout ! » Un projet un peu fou qui ne convainc pas tout le monde, au début, mais qui prend corps grâce au mécénat de la Caisse d’Épargne. « Certains collègues avaient peur du ridicule. » En tout cas, le projet, qui a l’aval de la hiérarchie, est lancé. La partie métallique est conçue à l’extérieur de l’établissement par Xavier Theffo et son compère Guirec Pucher, technicien designer. « Il faut tirer un énorme coup de chapeau à ces deux créateurs talentueux qui ont fourni un travail de très grande qualité artistique et technique. Nous mesurons la chance que nous avons eu de collaborer avec eux, car ils ont en plus fait preuve de qualités de pédagogue et de simplicité dans la rencontre avec les personnes en soins », souligne Sébastien Gobron. Cette œuvre unique sera ensuite assemblée sur place avec les patients de l’hôpital de jour d’addictologie. « Comme c’est un prototype, il faut effectuer beaucoup de réglages ; c’est très technique. » Quant à la partie en bois, elle est fabriquée sur place par les patients, Xavier et l’éducateur technique spécialisé. « Il s’agit d’une table supportant une pyramide de caisses facilement transformable en bibliothèque, s’emboîtant ensuite comme des poupées russes pour le rangement. » Au mois de juillet 2014, la première caisse est terminée lorsqu’un incendie se déclenche dans l’atelier. « Tout le travail accompli jusque-là était ruiné. Mais il est tout de suite apparu très important symboliquement de ne pas rester sur un échec. On s’y est remis en septembre, et avec l’expérience déjà accumulée, le résultat a été encore meilleur, plus joli et plus fonctionnel. » La Belle Orange a été officiellement inaugurée en novembre 2014, et la première tournée au sein de l’établissement a eu lieu en mars 2015. Le tandem est destiné à être activé par un binôme composé d’un soignant et d’un patient. « Mais il ne faut pas brûler les étapes. N’oublions pas que le but est avant tout de créer du lien, de passer par l’humain, pour amener les gens vers les livres et les activités. Nous avons passé le mois de mars à évaluer les endroits et les moments propices pour intervenir dans les services, les pentes, les difficultés, les possibles adaptations des trajets en fonction des patients, pour éviter de les mettre en échec. Et à partir d’avril, les tournées ont pu commencer. » Le parcours tient compte à la fois des services qui utilisent le plus la médiathèque et de la mobilité des gens. Il faut aller vers ceux qui sont les moins mobiles, physiquement, ou parce qu’ils sont trop craintifs, en perte de confiance. « La première vocation de La Belle Orange est de créer du lien. On voit les bricoleurs s’y intéresser par le biais de la mécanique, d’autres pour son esthétique, d’autres parce qu’ils trouvent ça marrant, et le lien au livre se fait naturellement. Le vélo est conçu pour entrer partout, passer toutes les portes, créer de la perturbation. Tout en rondeur, il n’a rien d’agressif. Et il joue le rôle d’une sorte d’animalmascotte. » Voulu par le pôle STC (sociothérapeutique et culturel) qui réunit de façon transversale plusieurs professions, comme les ergothérapeutes, les musicothérapeutes, les kinésithérapeutes, cet outil est aussi à la disposition de tous les services. Ainsi, lors d’une opération sur le livre jeunesse dans le bourg de Bégard, La Belle Orange intervient et permet d’intégrer les patients en tant qu’acteurs culturels de la commune. « Grâce à La Belle Orange, les patients et les soignants du Bon-Sauveur se voient différemment et sont vus autrement. » Saint-Brieuc Le printemps des prisons « Viv(r)e la culture en prison ! » a eu lieu du 8 au 10 avril dernier à la maison d’arrêt de Saint-Brieuc, à la bibliothèque du centre-ville, à La Citrouille, à La Passerelle, au Club 6, au campus Mazier et à la MJC du Plateau. Une exposition de BD, des rencontres sur la culture en prison, des débats ont été organisés, à l’occasion du passage du spectacle de Philippe Saumont, Le Temps d’une histoire, dont les marionnettes ont été conçues l’an dernier à la maison d’arrêt de Saint-Brieuc. Au programme, notamment, le film À l’ombre de la République et une table ronde intitulée « Culture en prison, vecteur d’insertion ? ». 31 G.A. Les aides du CNL et les publics éloignés Le dispositif d’aides du Centre national du livre aux bibliothèques a été réformé. Il vise désormais à accompagner les projets des bibliothèques en direction des publics empêchés et/ou éloignés du livre. Depuis le début de l’année 2015, les projets recevables sont ceux qui mettent en jeu des actions en faveur d’une égalité d’accès au livre et à la lecture. Ces subventions intègrent notamment des collections, des actions de médiation et de valorisation des fonds, en faveur de ces publics spécifiques. L’assiette de calcul pourra inclure, pour les bibliothèques en milieux pénitentiaires et hospitaliers, le coût de formation d’auxiliaires bibliothécaires et des actions de sensibilisation de personnels encadrants. Pour les nouveaux projets visant les personnes dépendantes, une partie des frais de personnels de médiation sera prise en charge. Les publics visés sont définis ainsi : empêchés de lire du fait de leur handicap, de leur détention, de leur hospitalisation, ou de leur perte d’autonomie. Sont également concernés les publics géographiquement, culturellement ou socialement éloignés du livre et de la lecture. Priorité est donnée aux actions menées en réseau visant les usagers des plus petites communes. 9e Forum européen de l’accessibilité numérique Paris – lundi 8 juin 2015 http://inova.snv.jussieu.fr/evenements/colloques/colloques/85_ index_fr.html Facile à lire Pour en savoir plus : www.centrenationaldulivre.fr/fr/bibliothecaire/aides_aux_ bibliotheques_et_a_la_diffusion Contact : Christine Loquet : [email protected] La mise en place d’espaces Facile à lire s’avère être un grand succès en Bretagne, où ils séduisent le réseau des bibliothèques et au-delà. Pages de Bretagne consacrera son prochain dossier à cette initiative. Actualités de Livre et lecture en Bretagne Keleier Levrioù ha lennadennoù e Breizh Léz nouvèl de Livr e liri en Brtêgn Landivisiau La parole est à « Histoires de voix » 32 La résidence « Histoires de voix » de l’écrivaine Frédérique Niobey en Nord-Finistère, mise en place dans le cadre du Pacte d’avenir pour la Bretagne et coordonnée par Livre et lecture en Bretagne, s’est achevée le 7 mars à Landivisiau. Cet après-midi convivial a été l’occasion pour quatre-vingts participants aux ateliers et partenaires institutionnels (sept bibliothèques et deux établissements de santé) de se retrouver et d’échanger sur cette expérience marquante. Des films tournés pendant les ateliers et l’installation numérique de Fred Murie « Métavoix », construite à partir des textes produits par les participants, ont captivé petits et grands. Les différents espaces Facile à lire mis en place dans les lieux partenaires, favorisant l’accès à la lecture pour tous les publics ont pu être exposés. Nous avons ainsi pu découvrir la « malle » de la médiathèque de Lesneven, la « bicyclothèque » de la médiathèque de Landivisiau, ou les meubles-bibliothèques disposés dans les commerces par la bibliothèque de Lampaul-Guimiliau. Le point d’orgue de cette journée fut la lecture de textes issus de cette résidence par Frédérique Niobey. L’émotion des participants était palpable et indiquait bien que nous ne fêtions pas une fin, mais un début. Une belle entrée dans le monde des mots partagés. Pour rappel, cette opération a été soutenue par : Livre et lecture en Bretagne, la Direction régionale des Affaires culturelles de Bretagne, la bibliothèque-médiathèque de LampaulGuimiliau, la médiathèque Per-Jakez-Helias de Landerneau, la bibliothèque Xavier-Grall de Landivisiau, le centre hospitalier de Lanmeur, la médiathèque La Vilaren de Lesneven, la médiathèque Les Ailes du Temps de Morlaix, le centre héliomarin de Perharidy, et la Bibliothèque du Finistère. Vous trouverez plus d’informations sur ce projet sur le blog de la résidence : https://residence2014.wordpress.com « Territoires » © Frédérique Niobey Cette photographie de Frédérique Niobey a été choisie par l’auteur comme emblématique de sa résidence dans le pays de Morlaix. Elle a servi de recto à des cartes distribuées aux participants de cette journée de restitution, permettant à chacun de garder une « trace » de leur expérience commune. Les Journées de Livre et lecture en Bretagne Le nouveau contrat d’édition En juin Deux journées d’information juridique ont été organisées le 24 février à Quimper (15 participants), et le 31 mars à Rennes (8 participants), en partenariat avec la Société des gens de lettres. Sa responsable juridique, Valérie Barthez, a analysé pour les auteurs, médiateurs et éditeurs présents le nouveau contrat d’édition. Les modèles de contrats et diverses ressources sur cette thématique sont téléchargeables sur notre site internet et sur le blog dédié à nos journées d’étude. Comment accueillir un intervenant ? Livres enrichis Jeudi 4 juin 2015, Université Rennes 2, amphithéâtre E1. L’Université Rennes 2 et ses partenaires (la bibliothèque des Champs Libres, Livre et lecture en Bretagne et l’ADBS Bretagne) proposent une journée sur les « Livres enrichis : enjeux de création, de réception et de médiation » dans le cadre des activités de recherche du laboratoire Cellam. Programme et inscription : www.cellam.fr/?journee=livres-enrichis-enjeux-de-creation-dereception-et-de-mediation Livre et lecture en Bretagne a été sollicité par la Bibliothèque du Finistère pour proposer aux bibliothécaires une formation sur l’accueil d’un intervenant : le choix de l’intervenant, le budget de l’opération, sa communication… La formation a eu lieu le 19 mars à Quimper et a réuni quinze participants, bibliothécaires professionnels ou bénévoles. La matinée a été consacrée à un travail en petits groupes, répartis selon la taille des communes représentées. L’après-midi a été l’occasion pour Livre et lecture d’apporter des fondements théoriques et juridiques sur cette thématique. Nos ressources sont disponibles sur le site internet et sur le blog dédié à nos journées d’étude. Pour rappel, le guide Pourquoi et comment accueillir un auteur ?, réalisé par Yann Dissez (chargé de mission sur ce thème par l’EPCC en 2011), permet de naviguer aisément, chapitre par chapitre, au fil des ressources sur les accueils et résidences d’auteurs (des éléments pour organiser le projet ou rémunérer l’auteur, des modèles de documents, etc.). Pratiques innovantes et citoyenneté en médiathèque Vendredi 19 juin 2015, Jardin des Remparts, Vannes La Médiathèque départementale du Morbihan, en partenariat avec Livre et lecture en Bretagne, propose d’échanger et de débattre autour des expérimentations menées dans les médiathèques qui permettent d’accroître l’offre de services, de modifier le rôle et l’image des établissements et d’élargir les publics. https://mediatheque.morbihan.fr www.livrelecturebretagne.fr/pourquoi-et-comment-accueillir-un-auteur > https://lesjourneesllb.wordpress.com Arrivée Festival Zanzan Maïlys Affilé a rejoint l’équipe de Livre et lecture en Bretagne en février 2015, au poste de chargée de communication. Elle succède à Mathilde Lepioufle. D’origine nantaise, harpiste amateure, Maïlys a suivi des études en communication et en management culturel à Bordeaux et à Stuttgart. Elle a travaillé pendant trois ans en tant que chargée de communication au sein d’ARTE Éditions, la filiale d’édition livres et DVD de la chaîne franco-allemande. Vous pouvez la joindre aux coordonnées suivantes : Livre et lecture en Bretagne a participé cette année à la 4e édition du Festival Zanzan (festival « cinéma et arts des différences ») organisé du 5 au 8 mars dernier à Rennes dans différents lieux partenaires. Un temps fort autour du livre a ouvert cet événement à la salle de la Cité, autour de la thématique « Lire autrement ». Livre et lecture en Bretagne a pris part à un Salon du « livre accessible » ainsi qu’à la table ronde sur ce même sujet. [email protected] 02 99 37 77 54 Pages de Bretagne se renouvelle Seuls deux numéros classiques au format « papier » de la revue Pages de Bretagne paraissent cette année : ce premier numéro de mai 2015 sera suivi d’un second, en novembre 2015, consacré au « Facile à lire ». Des dossiers intermédiaires seront disponibles au format numérique, accessibles sur notre site internet. Nous annoncerons prochainement leurs thématiques sur notre site et via nos lettres d’information électroniques. 33 Agenda / Deiziataer / Calenderier mai-octobre 2015 Avril - Mai du 22 au 25 mai du 25 avril au 23 mai Festival international du Goéland Masqué : l’Angleterre 15e édition Fouesnant, Finistère Noir, c’est noir Médiathèque l’Archipel http://archipel-fouesnant.fr/mediatheque Penmarc’h, Finistère Association Le Goéland Masqué http://goelandmasque.fr 23 mai Auray, Morbihan Mai de mai à juillet Région Bretagne et Loire-Atlantique Bretagne, j’écris ton nom, 4e édition Fédération des cafés-librairies de Bretagne https://calibreizh.wordpress.com 3 mai Crozon, Finistère Salon du livre, 3e édition Patrick Luherne Association À l’encre du loch [email protected] 23 mai Rennes, Ille-et-Vilaine Coupe Ligue Junior Slam Association Slam Connexion www.coupe.ligueslamdefrance.fr du 23 au 25 mai Saint-Malo, Ille-et-Vilaine Le Quai des Écrits : rencontres d’auteurs Festival Étonnants Voyageurs Association Étonnants Voyageurs 7e édition Association Kerhars www.ker-hars.fr 34 6 mai Nantes, Loire-Atlantique Poèmes en cavale : Bernard Chambaz et Sylvain Kassap Maison de la Poésie www.maisondelapoesie-nantes.com 7 mai Quimper, Finistère Rendez-vous de Max… avec Elpée Rencontre-lecture, de 18 h à 19 h 3e édition www.etonnants-voyageurs.com 28 mai Saint-Brieuc, Côtes-d’Armor Un jeudi, un écrivain Rencontres littéraires avec Stéphane Bovon, pour son roman Gérimont Le Fût chantant Ligue de l’enseignement des Côtes-d’Armor www.fol22.com du 28 au 31 mai Nantes, Loire-Atlantique Atlantide, festival des littératures de Nantes Juin Côtes-d’Armor Matinées de l’animation Les animations en bibliothèque, 1re édition Bibliothèque des Côtes-d’Armor http://bca.cotesdarmor.fr 4 juin Quimper, Finistère Rendez-vous de Max… avec Alain-Gabriel Monot : causerie sur Georges Perros, de 18 h à 19 h, 3e édition Les Éditions Sauvages http://editionssauvages.monsite-orange.fr 4 juin Nantes, Loire-Atlantique Poèmes en cavale : soirée lectures, rencontres avec des auteurs surprises. Maison de la Poésie www.maisondelapoesie-nantes.com du 5 au 7 juin Brest, Finistère Festival des carnets de voyage de Brest Ici&Ailleurs Le voyage en marchant/voyages imaginaires/ville invitée : Barcelone 7e édition Association Enki www.ici-ailleurs.net 6 juin Scrignac, Finistère Salon du livre jeunesse des monts d’Arrée, 2e édition Les Éditions Sauvages http://editionssauvages.monsite-orange.fr Bibliothèque Le Lieu unique / La Cité, centre des congrès de http://biblioscrignac.blogspot.com Nantes www.atlantide-festival.org 15 et 16 mai 29 et 30 mai Nantes, Loire-Atlantique Poèmes en cavale : lectureperformance de Frédéric Dumond – dans le cadre du festival Millefeuilles. Maison de la Poésie www.maisondelapoesie-nantes.com 16 et 17 mai Quimper, Finistère Salon du livre de Quimper - 1re édition Association PARC en Bretagne https://www.facebook.com/pages/ Salon-du-livre-de-Quimper du 16 mai au 13 septembre, les dimanches Huelgoat, Finistère L’Été des 13 dimanches : briser le toit de la maison 7 juin Questembert, Morbihan Salon du livre jeunesse de Questembert, 16e édition Médiathèque municipale www.facebook.com/ mediatheque.dequestembert 30 mai Port-Louis, Morbihan Rencontres poétiques : lectures de Mérédith Le Dez et Olivier Cousin, accompagnées en musique, 6e édition La Lune bleue et l’Éphémère Facebook : les Éditions la Lune bleue 30 mai Louargat, Côtes-d’Armor Salon du livre des Deux Méné Littérature enfance-jeunesse et contes http://francoiselivinec.com/Ecoledesfilles.php Amicale laïque de Louargat [email protected] Surzur, Morbihan Surzur à livre ouvert, salon du livre 12e édition Médiathèque Marguerite-Lohezic www.mediathequesurzur.fr 13 et 14 juin Port de Doëlan, Clohars-Carnoët, Finistère Rêves d’océans : la rencontre Festival du livre jeunesse Le 12 juin, journée de formation des bibliothécaires, 11e édition Association Rêves d’océans www.reves-doceans.fr 19 et 20 juin Abbaye de Fontevraud, Maine-et-Loire Les rencontres de Fontevraud Colloque : Gabriel García Márquez, 8e édition Maison des écrivains étrangers et des traducteurs www.meetingsaintnazaire.com Agenda / Deiziataer / Calenderier mai-octobre 2015 du 19 au 21 juin Vannes, Morbihan Salon du livre en Bretagne, 7e édition Ville de Vannes www.mairie-vannes.fr 21 juin Quimper, Finistère La musique des mots Lectures, musique, chansons, dédicaces de 18 h à 19 h, 3e édition Les Éditions Sauvages http://editionssauvages.monsite-orange.fr 25 juin Saint-Brieuc, Côtes-d’Armor du 17 juillet au 31 juillet Bretagne Fête du livre jeunesse Centre national du livre www.centrenationaldulivre.fr du 18 juillet au 23 août, les samedis et dimanches Huelgoat, Finistère Juillet du 2 au 5 juillet Territoire de Brocéliande, Ille-et-Vilaine Et dire et ouïssance Festival des poésies contemporaines en Brocéliande, 2e édition Association Dixit Poétic http://dixitpoetic.blogspot.fr 4 et 5 juillet Saint-Brieuc, Plérin, Côtes-d’Armor Bulles à croquer Festival de la bande dessinée 7e édition Association 212 www.bullesacroquer.net du 9 au 11 juillet La Baule-Escoublac, Loire-Atlantique La Bulle-Escoublac Festival de la bande dessinée et du dessin, 20e édition Le Relais culturel www.lerelaisculturel44500.com 15 juillet et 19 août Loctudy, Finistère Rencontres d’auteurs régionaux Concoret, Paimpont, Tréhorenteuc Rencontres de l’imaginaire arthurien : mondes légendaires, 11e édition 24 et 25 juillet Guer, Morbihan Concarneau, Finistère Festival du polar Le Chien Jaune : polar et exotisme, 21e édition Association Le Chien Jaune www.lechienjaune.fr 9 août Damgan, Morbihan Salon du livre de Damgan Association Lire à Pénerf… ou ailleurs [email protected] Festival international du livre militaire 6e édition 16 août Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan www.facebook.com/ festivalinternationaldulivremilitaire Salon du livre, 10e édition 25 juillet Groix, Morbihan Rencontres autour de l’édition bretonne, 6e édition Locquirec, Finistère Association Salon du livre de Locquirec Tél.: 02 98 67 44 47 22 août Callac, Côtes-d’Armor Salon du livre & de l’art, 11e édition [email protected] [email protected] Callac culture www.callac.culture.fr 25 juillet (sous réserve) du 22 au 26 août Quimper, Finistère Off des livres et des auteurs cornouaillais du Festival de Cornouaille petit Salon, rencontres et lectures, de 17 h à 20 h, 3e édition Les Éditions Sauvages http://editionssauvages.monsite-orange.fr 25 et 26 juillet Ouessant, Finistère Salon international du livre insulaire 17e édition Association Cali www.livre-insulaire.fr 28 août (sous réserve) Douarnenez, Finistère Mots et marées Salon du livre, 2e édition Journée sur la littérature – dans le cadre du Festival de cinéma de Douarnenez : la littérature des Andes 38e édition Association EPAD (Événementiel Port an Drô) https://salondulivrecarnac.wordpress.com Association du festival de Douarnenez www.festival-douarnenez.com Carnac , Morbihan du 27 juillet au 2 août Mesquer, Loire-Atlantique Éditions du Traict et mairie de Mesquer www.salondulivredekercabellec.sitew.com du 17 au 19 juillet Lorient, Morbihan Association du Festival interceltique de Lorient www.festival-interceltique.com du 15 au 19 juillet Éditions Joca Seria www.ecrivainsenborddemer.fr du 7 au 16 août du 23 au 26 juillet www.ecolesdesfilles.org Dans le sillage des grands paquebots Festival et Salon 3e festival et 7e Salon du livre Écrivains en bord de mer, 18e édition Association Polars de Bretagne et d’ailleurs www.facebook.com/pages/Polars-deBretagne-et-dAilleurs/199427346786687?_rdr Quai du livre – dans le cadre du Festival interceltique de Lorient : année de la Cornouaille et de l’île de Man, 45e édition Office de tourisme de Loctudy http://tourisme.loctudy.fr Nantes, Loire-Atlantique Sables-d’Or-les-Pins, Côtes-d’Armor Polars de Bretagne et… d’ailleurs ! Salon du polar L’Été des 13 dimanches : briser le toit de la maison Un jeudi, un écrivain Rencontre littéraire avec Jean-Christophe Bailly pour son roman Centre de l’imaginaire arthurien www.centre-arthurien-broceliande.com Le Dépaysement Maison Louis-Guilloux Ligue de l’enseignement des Côtes-d’Armor www.fol22.com 2 août Septembre 3 septembre Quimper, Finistère Août Rendez-vous de Max… avec Colette Wittorski – Rencontre-lecture, de 18 h à 19 h, 3e édition 1er août du 12 au 14 septembre Bécherel, Ille-et-Vilaine Nuit du livre, 20e édition Maison du livre et du tourisme www.becherel.com Les Éditions Sauvages http://editionssauvages.monsite-orange.fr Rennes, Ille-et-Vilaine Le Marché noir Salon des indépendants www.lemarchenoir.org/salon 35 Agenda / Deiziataer / Calenderier mai-octobre 2015 20 septembre Bédée, Ille-et-Vilaine 3 octobre 17 octobre Liffré, Ille-et-Vilaine Pré en Bulles : des mots dessinés Liffré Livres, salon du livre Festival de la bande dessinée, 7e édition Tél. : 02 99 68 69 27 Association Le Chantier www.preenbulles.fr 25 septembre Saint-Brieuc, Côtes-d’Armor Un auteur, un livre accueille Edmond Baudouin, à 18 h 30 Bibliothèque André-Malraux https://bmsaintbrieuc.wordpress.com 26 septembre Lantic, Côtes-d’Armor Salon du livre, 11e édition [email protected] 4 octobre Centre culturel Ernest-Renan [email protected] 4 octobre Thorigné-Fouillard, Ille-et-Vilaine Folie des livres Salon du livre jeunesse des éditeurs indépendants Association Thoréfolivres http://thorefolivres.com 26 septembre du 8 au 11 octobre Nantes, Loire-Atlantique Midiminuitpoésie #15 – Poésies, musiques et arts visuels Rencontres poétiques Lectures de Jean-Pierre Boulic et Nicole Laurent-Catrice, accompagnées Maison de la Poésie www.maisondelapoesie-nantes.com en musique La Lune bleue et l’Éphémère Facebook : les Éditions de la Lune bleue Côtes-d’Armor Littératures étrangères : le Japon Bibliothèque des Côtes-d’Armor http://bca.cotesdarmor.fr 1er octobre Quimper, Finistère Rendez-vous de Max… avec Tugdual Kalvez – rencontre-lecture bilingue, de 18 h à 19 h, 3e édition Les Éditions Sauvages http://editionssauvages.monsite-orange.fr 23 octobre Saint-Brieuc, Côtes-d’Armor Un auteur, un livre accueille Nathalie Sonnac Bibliothèque André-Malraux https://bmsaintbrieuc.wordpress.com du 23 au 25 octobre Saint-Malo, Ille-et-Vilaine Quai des Bulles Festival de la bande dessinée et de l’image projetée Association Quai des Bulles www.quaidesbulles.com 24 et 25 octobre Carhaix, Finistère 11 octobre Châteaulin, Finistère Octobre La Lune bleue et l’Éphémère Facebook : les Éditions de la Lune bleue Tréguier, Côtes-d’Armor Le livre et ses métiers Amicale laïque http://amicalelaiquelantic.eklablog.com Port-Louis, Morbihan Port-Louis, Morbihan Rencontres poétiques Lectures de Françoise Lonquety et Gwen Garnier-Duguy, 7e édition Salon du livre Bibliothèque municipale [email protected] Festival du livre en Bretagne / Gouel al levrioù e Breizh Centre culturel breton Egin www.festivaldulivre-carhaix.org octobre de la mi-octobre à la fin novembre 25 Plounévez-Lochrist, Finistère Région Bretagne et Loire-Atlantique Libres en littérature Fédération des cafés-librairies de Bretagne https://calibreizh.wordpress.com du 14 au 23 octobre Landerneau, Finistère Clair de lune, 5e édition Festival de littérature jeunesse Médiathèque Per Jakez-Helias www.ville-landerneau.fr/mediatheque Salon du livre Bibliothèque municipale et association Culture et Loisirs [email protected] du 28 octobre au 2 novembre Nantes, Loire-Atlantique Les Utopiales Festival international de science-fiction www.utopiales.org Cet agenda n’est pas exhaustif, et rassemble les manifestations qui nous ont été communiquées selon le délai convenu. Vous trouverez plus de détails sur chaque évènement cité dans notre Guide des événements et manifestations littéraires de Bretagne paru en mars. Directeur de publication / Rener an embann / Mnou d’bani : Yannik Bigouin Rédacteur / Skridaozer / Redijou : Gérard Alle Coordination de la publication / Kenurzhierezh an embann / Organizment d’la bani : Maïlys Affilé Ont collaboré à ce numéro / Kemeret o deus perzh en niverenn-mañ / Il’on të enbzognë su l’limerot-si : Maïlys Affilé, Tugdual Carluer, Annie Chevalier, Association Chubri (traductions en gallo), Delphine Le Bras, Florence Le Pichon, Marie-Joëlle Letourneur, Christine Loquet, Office public de la langue bretonne (traductions en breton), Christian Ryo, René Tanguy. Ce numéro a été relu par / Adlennet eo bet an niverenn-mañ gant / L’limerot-si a të rlu parr : Bénédicte Trocheris-Jobbé Duval, de l’association Correcteurs en Bretagne. Maquette / Maketenn / Maqhètt : À l’encre bleue Impression / Moullañ / Moulri : Cloître Imprimeurs (29). Tiré à 3 500 exemplaires. Livre et lecture en Bretagne / Levrioù ha lennadennoù e Breizh 61, boulevard Villebois-Mareuil 35000 Rennes Tél. 02 99 37 77 57 – Fax 02 99 59 21 53 [email protected] > www.livrelecturebretagne.fr Siret : 200 013 977 00034 – APE : 9101Z – ISSN : 1771-6896 Gratuit