Télécharger le dépliant - Bibliothèque Diderot de Lyon
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Cette exposition reposant sur 75 ouvrages du fonds de la bibliothèque de l’INRP donne un éclairage sur : - la fabrication de ces cartonnages et un échantillon de la production dite « romantique » qui fait l’objet de l’exposition Prix d’excellence à la Bibliothèque municipale de Lyon (vitrine1) - un contexte d’usage : les remises des prix (vitrine 2) - la place grandissante de l’illustration (vitrines 3-4-5) - l’éditeur Hetzel et la richesse de ses collections dont la fameuse série des Voyages extraordinaires de Jules Verne (vitrines6-7) - enfin, la production d’autres éditeurs tels Hachette, Delagrave….(vitrines 8 et 9). Au tournant des années 1835-1840, la production de masse et à prix modéré exige le développement de grands ateliers de reliure , principalement provinciaux. L’augmentation de la productivité et la réduction des coûts repose sur la mise en œuvre, à grande échelle, du principe de division du travail et sur l’usage de machines en continuel perfectionnement. La fabrication des couvertures On distingue trois types de cartonnages en fonction du matériau utilisé pour la fabrication des couvertures : - les cartonnages de peau, souvent de moindre qualité comme la basane. - les cartonnages de papier lithographiés et gaufrés. - les cartonnages de percaline gaufrée ou lisse. La percaline est une toile de coton teinte et enduite d’un apprêt visant à la rendre imperméable à la colle et à lui donner une surface lisse et brillante. A partir des années 1870, les toiles de couleurs vives (souvent rouges) se substituent à celles de couleurs sombres (noir, bleu marine, brun) dominantes dans la période romantique. Le gaufrage consiste à imprimer à la percaline ou au papier un motif en relief plus ou moins complexe. au moyen de plaques de métal gravées. Les décors dorés ou polychromes qui ornent les plats et les dos des couvertures sont réalisés par des graveurs de plaques, dont les plus fameux sont Auguste Souze et son neveu Paul. Cette étape représentait le plus gros poste de dépense dans la fabrication de la reliure commerciale, ce qui explique le fréquent recyclage d’éléments de décors pour la réalisation des cartonnages. Livres de prix et livres d’étrennes Le livre de prix et le livre d’étrennes constituent deux secteurs offrant d’importants débouchés commerciaux. Au XIXe siècle dans les milieux bourgeois, on a coutume, pour le jour de l’an, d’offrir aux femmes puis aux enfants de beaux livres illustrés. Ces derniers demeurent cependant plus coûteux que les livres destinés aux distributions de prix que les éditeurs écoulent en grande quantité auprès des écoles. Dans les années 1820-1830, la pratique de la remise de livres de prix comme récompense du zèle et de la réussite des élèves les plus méritants s’établit au sein des milliers d’institutions privées chargées de dispenser l’enseignement élémentaire. Il s’agissait en cela d’imiter un usage généralisé dans les collèges depuis les années 1730-1750. A partir des années 1880, dans l’enseignement public comme dans l’enseignement libre, la République naissante, qui voit dans le livre sous toutes ses formes le moyen de développer les jeunes esprits, s’octroie un droit de regard, non seulement sur les manuels, mais également sur les livres récréatifs, qui, pour la masse des enfants du peuple, se confondent avec les livres de prix. La mise en place de l’école laïque, profite ainsi aux éditeurs parisiens, de sensibilité républicaine, comme Hetzel et Hachette, au détriment des éditeurs provinciaux comme Mame et Ardant qui dominaient le marché durant la période romantique. L’évolution des contenus Parallèlement au renouvellement des manuels scolaires, un nouvel esprit souffle sur l’édition enfantine : aux petites historiettes morales imprégnées de catholicisme, succède une littérature soucieuse d’instruire la jeunesse. De cette nouvelle orientation, participe l’importance croissante de l’image, ingrédient majeur de la science récréative, chargée d’instruire et de plaire à la fois. Vecteur de l’acquisition du savoir expérimental, objet de la fameuse leçon de chose, l’illustration, d’une manière très large, sert l’éducation du regard, essentielle à la démarche scientifique que l’on souhaite promouvoir. A chaque classe d’âge, correspondent des usages différents de l’image ; si elle permet aux plus petits de se pencher vers le livre avant même de savoir lire, elle sert, auprès des plus grands, de passerelle entre l’éducation et la récréation. Dans cette révolution éditoriale, il faut souligner le rôle pionnier des périodiques illustrés comme le Magasin d’éducation et de récréation fondé par Hetzel et Jean Macé en 1864 : mélange de morceaux de science, de morale et de fiction destiné à la lecture en famille, il est le laboratoire où l’éditeur expérimente d’audacieuses mises en page et teste ses nouveaux auteurs, comme le jeune Jules Vernes dont les récits paraissent sous forme de feuilletons. La volonté de promouvoir l’esprit scientifique chez les futurs citoyens se traduit également par la multiplication des ouvrages de vulgarisation qui, comme ceux de la « Bibliothèque des merveilles » chez Hachette, présentent les multiples applications des découvertes de la physique et de la chimie à l’industrie et à la vie quotidienne (les chemins de fer, la navigation à vapeur le gaz d’éclairage, le télégraphe et les premières machines électriques…). Romans historiques teintés de patriotisme et récits de voyages en France ou dans des contrées lointaines, se font quant à eux les relais des programmes d’histoire et de géographie : de nombreux récits sont ainsi localisés en Alsace et en Lorraine, comme les Romans nationaux d’Erkmann et Chatrian, publiés dans la Bibliothèque des jeunes français de la maison Hetzel. Chez Hachette, la Bibliothèque des école et des familles célèbre, à travers les biographies des gloires militaires (Vercingétorix, Hoche, Marceau, Kléber…) qui ont contribué à la grandeur et à l’unité nationale. remplacée en 1864 par la Bibliothèque d’Education et de Récréation, où sont publiés les sera récits parus en feuilleton dans le Magasin. Bibliothèque de l’INRP Exposition J. Vernes et les voyages extraordinaires (7 avril - 27 juin 2008) Au sein de la Bibliothèque d’éducation et de récréation, les Voyages extraordinaires constituent une série de 64 volumes toute entière consacrée à Jules Verne. Rouge et Or, une reliure de prix pour la jeunesse C’est en 1862 que débute, entre le jeune écrivain de 34 Cartonnages d’éditeurs et reliure industrielle du livre jeunesse (1870-1914) Hetzel, esthète et républicain engagé Pierre-Jules Hetzel demeure la grande figure non seulement de l’édition jeunesse, mais de l’édition illustrée au XIXe siècle. Réunissant les plus grands écrivains de l’époque (de Balzac à Victor Hugo en passant par Alexandre Dumas, George Sand, Gérard de Nerval, Théophile Gautier et Alfred de Musset) et les meilleurs illustrateurs de son temps (Gustave Doré, J-J Granville, Gavarni, Tony Johannot, Messonier ou encore Théophile Schuler), Hetzel s’avéra également un véritable découvreur de talents littéraires : Jules Verne, Zola, Daudet, Erkmann et Chatrian lui doivent une partie de leur célébrité. Non content d’être un éditeur exemplaire, Hetzel fut lui-même écrivain (sous le pseudonyme de P-J Stahl), et un critique zélé, n’hésitant pas à corriger les manuscrits de ses auteurs, changeant parfois des titres pour qu’ils soient plus percutants… Républicain engagé, Hetzel s’exile en Belgique à la suite du coup d’Etat du 2 décembre 1851, sans cesser son activité éditoriale : il publie notamment les œuvres de Victor Hugo hostiles à l’Empire : Les Châtiments (1853), ou les Contemplations (1856). Lorsqu’en 1859, la mesure d’amnistie lui permet de rentrer en France, Hetzel consacre son énergie au développement de collections destinées à la jeunesse comme la Bibliothèque illustrée des Familles, qui Au XIXe siècle, les procédés de fabrication de l’objet livre ont connu d’importantes transformations, marquées par le développement de la reliure de série et des cartonnages d’éditeurs. Le cartonnage désigne un type de reliure qui se distingue de la reliure artisanale par son coût modique et le procédé d’emboîtage (couverture et volume sont assemblés par simple collage). ans et la maison Hetzel, une collaboration qui durera une quarantaine d’année : Hetzel percevant d’emblée l’intérêt du manuscrit du Voyage en ballon, dont aucun éditeur ne voulait, prodigue ses conseils à Jules Verne dont il devient l’ami et le mentor. Hetzel impose à celui-ci un rythme de production élevé ( deux courts romans par an ou un fort volume) et de nombreuses corrections, mais en retour il marque sa prédilection pour son jeune poulain par un souci évident de donner à ses ouvrages les présentations les plus recherchées, souci qui donnera naissance aux superbes cartonnages bien connus des collectionneurs. Lorsqu’en 1978, la librairie Hachette (qui a racheté la maison Hetzel en 1914) entreprend la réédition des Voyages extraordinaires, elle décide, en hommage à leur premier éditeur, d’adopter une présentation rappelant les célèbres cartonnages originaux. Le développement de ce type de reliure en France est solidaire des transformations de l’édition au XIXe siècle, les éditeurs souhaitant donner au livre, produit en masse, la couverture attrayante dont il avait besoin pour conquérir de nouveaux publics dont le lectorat enfantin de plus en plus important en raison de la multiplication des écoles primaires suite à la loi Guizot de 1833 et aux lois Ferry.