Distribution Les grossistes vont souffrir
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Distribution Les grossistes vont souffrir
Industrie Prestataires Distribution Les grossistes vont souffrir S ur un marché où prix et marges sont fortement régulés, « les distributeurs ont globalement été plus durement frappés que les industriels au cours de la décennie passée ». C’est le premier constat établi par le cabinet Precepta (Groupe Xerfi). Emmanuel Sève analyse l’évolution des rapports de force entre grossistes-répartiteurs, labora- DR Face à la pression des pouvoirs publics et à l’intensification de la concurrence, tous les acteurs de la distribution sont amenés à faire des choix. Dans leurs rangs, la « guerre de mouvement » n’est qu’un prélude à une reconfiguration du secteur. toires et groupements de pharmaciens, sur la décennie écoulée 1. Un critère laisse peu de place au doute : l’évolution du partage de la valeur globale d’un médicament remboursable. En moyenne, la part de la distribution est passée de 29,9 % à 25,8 % entre 1999 et 2007. La baisse la plus brutale a été pour les grossistes-répartiteurs. Leur poids dans le prix final d’un médica- ment remboursable a été réduit d’un tiers, de 3,8 % à 2,5 %. Il faut dire que la pression des pouvoirs publics, qui devrait perdurer à l’horizon 2012, n’a épargné aucun segment : éthique, générique, OTC et marché de spécialités. Ce qui a non seulement accentué la fragmentation du marché, mais aussi fragilisé les positions. Selon Xerfi, il en résulte une perte en valeur absolue pour la répartition estimée à 20 millions d’euros entre 2004 et 2007. Et d’ici 2010, l’étude pointe une nouvelle perte de 50 millions d’euros pour les grossistes. C<D8I:?y=I8Ex8@J;<C8IyG8IK@K@FEG?8ID8:<LK@HL<#KIßJ:FE:<EKIy# <JKFI>8E@Jy8LKFLI;<CËF:G#;Ë8CC@8E:<?<8CK?:8I<=I8E:<<K;LIyJ<8L:<IG *.#+ >iflg\F:G Explosion des ventes directes (+#* :<IGIfl\e /#( :<IGI_`e$I_fe\$D[`k\iiXe\ :<IGCfiiX`e\!! +#( G_f\e`oG_XidX + :<IG9i\kX^e\Efi[ )#+ ' , le`k1[\gXik[\dXiZ_[\cXigXik`k`fe g_XidXZ\lk`hl\\e)''.! (' (, )' ), *' *, +' +, ,' ! C\j\eki\gi`j\jefeX[_i\ek\j~cX:JIGe\jfekgXjZfdgkXY`c`j\j%<cc\ji\gij\ekX`\ek(#,[ldXiZ_\e)''+ !! i\gi`jgXiG_f\e`o\e)''/ 74 PHARMACEUTIQUES - FÉVRIER 2009 SOURCE : CSRP VIA LE MONITEUR DES PHARMACIES ).#. 8cc`XeZ\?\Xck_ZXi\=iXeZ\ En fait, l’équilibre du secteur de la distribution est attaqué sur plusieurs fronts. Au départ, le médicament générique, premier levier d’action de l’état, apparaît comme le principal détonateur. Les groupements et short liners, qui se sont engouffrés dans ce segment en croissance, ont aussi participé à l’explosion de la vente directe. Une tendance qui ne devrait pas s’arrêter de sitôt. Le marché générique devrait connaître une croissance annuelle à deux chiffres d’ici 2012. En parallèle, la part des ventes directes sur les médicaments remboursables LES DISTRIBUTEURS SE BATTENT SUR LE PRIX ET LE NIVEAU DES SERVICES POUR OBTENIR LE STATUT DE PRESTATAIRE EXCLUSIF. devrait passer de 8,3 % à 19,5 % entre 2001 et 2012. A ce mouvement s’ajoute la stratégie des laboratoires, qui remet à l’honneur la distribution dans leur marketing mix avec le développement de médicaments biotech et à forte valeur ajoutée. L’avènement du modèle Direct-to-Pharmacy (DTP) renverse les pouvoirs de négociation dans la filière. Les distributeurs se battent sur le prix et le niveau de service des prestations pour obtenir le statut de prestataire exclusif. Plusieurs forces à l’œuvre en Europe comme la globalisation des appels d’offre et le poids croissant des chaînes de pharmacies dans l’Union européenne, nourrissent la tendance. Rationalisation dans les officines Pour ajouter à la complexité, les règles de la concurrence européenne bousculent les prérogatives régaliennes (propriété du capital, règles d’installation des pharmacies) et menacent les frontières du monopole officinal en France. Selon le scénario privilégié par Precepta, les contestations devraient entraîner une rationalisation du nombre d’officines. Seul un noyau dur de 4 000 officines de très grande taille devrait tirer son épingle du jeu, voire au sens large, 8 000 à 10 000 sance externe : en témoignent le dernier rachat du dépositaire Depolabo par Alliance Boots ou encore la prise de participation de 35 % de Phoenix dans le groupement Plus Pharmacie. A côté de nouveaux accords, les grossistes sont aussi plus agressifs sur les circuits du direct, avec des offres dépositaires et short liner en propre (ORP chez Alliance Healthcare et Etradi à l’OCP), et du semi-direct (DirectLog chez Alliance Healthcare). En complément, la mise en place de partenariats exclusifs avec les génériqueurs, le lancement de MDD (marques distributeur) et d’offres « au fil de l’eau » ont permis à la répartition de regagner près de dix points de parts de marché dans le générique en l’espace de deux ans seulement. Du côté des structures coopératives régionales, le rapport dresse un constat sans appel : les stratégies des CERP s’affirment et le système implose. CERP Rouen (14 % de parts de marché) devient Astera et met l’accent sur l’Europe. Après avoir cédé sa répartition à Phoenix (8 %), officines, sur lesquelles se focaliseront CERP Lorraine, rebaptisée Groupe un nombre croissant de fournisseurs. Welcoop, mise sur un nouveau moDans ce contexte, il est évident que dèle économique et une entrée en le besoin de partenaires ne bourse en 2010-2011. De son pourra que s’accentuer côté, CERP Bretagne Nord pour concilier des stra(2,4 %) créé un groutégies d’approvisionpement de pharmaLes trois leaders ciens avec Népenthès nement de plus en plus complexes et (CERPenthès, 2007) du secteur un éventail de seret lance un service au coude à coude de full lining en Ilevices élargi. L’étude estime encore qu’il de-France. Et le statu en Europe ne fait pas de doute quo prédomine chez que les différents acCERP Rhin-Rhône teurs de la filière ont la Méditerranée (8,1%). capacité de s’adapter et même de rebondir. Côté répartition, alors Les groupements misent sur le que les trois leaders Celesio (OCP), service Alliance Boots et Phoenix sont au Dans les rangs des groupements de coude à coude à l’échelle européenne, pharmaciens, on compte entre 16 000 l’OCP (37,5 % de parts de marché en et 17 000 officines adhérentes en 2007) et Alliance Healthcare France France, soit les trois-quarts de la pro(28 %) dominent largement le secteur fession. Selon Precepta, leur salut pasen France, avec 2/3 de l’activité à eux se par le service et la proximité, via le seuls. portage à domicile et Internet notamment. Des sujets d’actualité en EuroLe choix de l’intégration pe, alors que les missions des pharmaverticale ciens s’élargissent vers la prévention et Face au mouvement DTP, les stra- la prescription, à l’instar de la Belgitégies d’intégration verticale ont été que et du Portugal, et dans le manaprivilégiées tant en amont (prewhole- gement avec les fournisseurs. Au-delà, sale) qu’en aval, avec les groupements l’étude met en exergue « trois univers comme nouveaux partenaires logis- logiques de diversification » pour les tiques. Et parfois, par voie de crois- groupements : dans le service et l’ac- >>> 75 FÉVRIER 2009 - PHARMACEUTIQUES Industrie Prestataires >>> compagnement (maintien à domicile, Pharmagest-Interactive. Enfin, la mise matériel médical, services à la person- en place de mécanismes incitatifs tels ne), le bien-être, la parapharmacie et que le reversement de dividendes chez la dermo-cosmétique, ainsi que dans Groupe Welcoop et les franchises les biens médicaux (optique et ortho- chez Univers Pharmacie, ont renforcé pédie). Pour cette catégorie d’acteurs, l’identité des groupements. la concurrence est devenue plus vive avec l’arrivée de profils « market » Les réseaux vont se dans les années 2000, qui s’inspirent développer de la grande distribution. Citons les Dans la perspective d’une ouverture cas de Pharmodel, Direct Labo ou du capital des officines, cette nouvelle encore Groupe PHR. Ces profils sont dynamique à l’œuvre dans le secteur ceux qui recrutent le plus, selon Xerfi, devrait aboutir, selon Emmanuel Sève, à l’instar des groupements adossés à à une refonte de la filière en commerce des répartiteurs comme Pharmactiv intégré avec trois formes en réseaux (OCP), Alphega (Alliance Boots) et dominantes. Tout d’abord, les groupePlus Pharmacie (Phoenix). ments d’indépendants, évenEn outre, dans la conquêtuellement sous forme de te aux parts de marché, coopératives, apparaila taille autant que le traient comme « un pouvoir d’influence bon compromis pour Une nouvelle comptent. Mettant bénéficier d’outils de fin au tabou de la développement comdynamique est croix verte, la quasimercial communs en à l’œuvre totalité des groupepréservant l’indépenments proposent dédance, » souligne l’étusormais des enseignes, de. Les montages finande la simple bannière aux ciers seraient privilégiés à la concepts plus sophistiqués. Et coopérative pure et dure. Seules plusieurs d’entre elles, comme Proxi- deux ex-CERP, Astera et Groupe WelPharma (Népenthès) et Pharma Ré- coop, ont dévoilé à ce jour leur intenférence (Groupe PHR), ont misé sur tion d’un véritable projet coopératif. l’argumentaire prix pour toucher les Seconde possibilité : les franchises, qui officines « menacées » 2. Autres axes vont souvent de pair avec des stratéde développement : Evolupharm et gies d’enseignes. « Le concept fait ici Giphar ont choisi l’intégration logis- la différence », note l’analyse. En cas tique, tandis que Groupe Welcoop a d’ouverture du capital, le modèle prémis l’accent sur l’informatique avec sente un avantage certain pour étendre B U L L E T I N le réseau de ventes à moindre coût. Last but not least : les succursalistes, qui sont les premiers réseaux de vente en termes de chiffres d’affaires en France. Dans les pays d’Europe occidentale où les chaînes de pharmacies ont été autorisées, leur part au sein du parc d’officines est souvent supérieure à la moyenne constatée dans le commerce de détail en France (31 %) : en Irlande (35 % du parc d’officines en chaînes), aux PaysBas (39 %), au Royaume-Uni (51 %) et en Norvège (77 %). En fait, souligne l’étude précitée, les formules hybrides, associant différents modes de commerce, seraient plus à même de se développer en France. Mais, en attendant, la bataille sera financière. En cas d’ouverture du capital, les mieux placés sont les grossistes-répartiteurs, dont le modèle d’intégration verticale a déjà fait ses preuves partout en Europe. Côté groupements de pharmaciens, on s’oriente plutôt vers la recherche de partenaires. « Au final, l’adéquation entre profil du pharmacien et mode de gouvernance du regroupement sera essentielle », conclut Precepta. ■ Marion Baschet-Vernet (1) « La distribution pharmaceutique – Le redéploiement de la filière à l’horizon 2012 : quelles stratégies pour renforcer son pouvoir de marché ? », par Emmanuel Sève, décembre 2008, Precepta (Groupe Xerfi). (2) Cf. Pharmaceutiques n° 162, décembre 2008 (spécial officine). D ’ A B O N N E M E N T Nom ..................................................................................... Prénom .............................................................................. Société............................................................................. Fonction ......................................................................... Adresse .......................................................................... ........................................................................................ ........................................................................................ ........................................................................................ Tél .................................................................................... 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