Paul DUFAULT (1894-1969) Médecin, comme

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Paul DUFAULT (1894-1969) Médecin, comme
Paul DUFAULT (1894-1969)
Médecin, comme tant d’autres écrivains franco-américains, Paul
Dufault naquit à Saint-Nazaire d’Acton, Comté de Bagot au Québec, en
1894. Il fit ses études d’abord au juvénat des Pères du Très SaintSacrement à Terrebonne, puis sa philosophie au Séminaire de SaintHyacinthe avant de faire ses études de médecine à l’Université de Montréal.
En 1925, un an après avoir terminé ses études, il est arrivé à Rutland, Massachusetts où se
trouvait le premier sanatorium d’état fondé aux États-Unis pour combattre la tuberculose. C’est
là que se déroulerait sa carrière de médecin. Ayant été lui-même atteint de tuberculose, ce qui
l’avait obligé de quitter le juvénat des Pères du Très Saint-Sacrement et à interrompre pour un
temps ses études, il allait, par la suite, se dévouer entièrement aux malades qui en souffraient.
Son roman Sanatorium (1938), est en grande partie autobiographique. L’auteur y relate les
souffrances, morales et physiques d’un jeune homme doué, contraint à se retirer du monde et à
retarder sa carrière afin de pouvoir guérir. Désirant alerter le public du Québec du fléau de la
tuberculose, le Dr Dufault fit publier son roman à ses propres frais. Il publiera par la suite, pour
les mêmes raisons, Le Spectre de la tuberculose. Comment nous en défendre, ouvrage de
vulgarisation, visant le grand public. Il voulait mieux faire connaître les méfaits de cette maladie
et les méthodes de prévention. Ce livre fut largement distribué dans la Province de Québec, où sa
renommée comme spécialiste de cette maladie l’avait précédé. Aux États-Unis, il publia The
Rutland State Sanatorium : The Story of a Pioneer in the Treatment of Tuberculosis (1964) après
avoir écrit, en 1953, un manuel intitulé Understanding Tuberculosis and its Treatment.
Entre temps, il publia une longue série d’articles sur la tuberculose dans L’Union médicale de
Montréal. Par la suite, il publiera, en collaboration avec Moses J. Stone, The Diagnosis of
Pulmonary Tuberculosis, qu’il réédita par la suite. Il publia aussi, en mars 1950, dans le New
England Journal of Medecine, un article de portée philosophique intitulé « Medicinae Doctor »,
survol de la profession médicale à mi-chemin du XXe siècle.
Un deuxième roman, La Montée, commencé en 1942, est resté à l’état de manuscrit. L’auteur
y raconte l’histoire de « la montée » sociale de sa propre famille. De bûcheron illettré, Cléophas,
le héros, devient maire de son village. Son fils sera médecin.
Paul Dufault avait été, très jeune, formé à l’écriture chez les Pères du Très Saint-Sacrement,
par un prêtre français de la Vendée, le R.P. Théophile Menand. Il y finit ses études à la tête de sa
classe, en 1913. Postulant, puis novice dans cette communauté, il fit même de 1’enseignement à
son ancien collège de Terrebonne.
C’est en 1915 qu’on diagnostiqua chez lui la tuberculose. Il réussit à en guérir et décida d’y
consacrer sa vie de médecin, quoiqu’il ait voulu au départ se faire psychiatre. À son arrivée au
sanatorium de Rutland, il était le seul Québécois à y pratiquer. C’est grâce à lui que des
compatriotes du Québec viendront travailler à ses côtés dans ce sanatorium que l’un d’entre eux,
le Dr Gabriel Nadeau, qualifiera par la suite de « Trappe laïque ». Ils pouvaient ensemble
approfondir leurs connaissances générales dont celle de la langue anglaise qu’ils étaient obligés
d’utiliser dans leur travail. Paul Dufault était l’animateur des discussions, aussi bien littéraires
que médicales. Confrère de classe d’Harry Bernard, romancier québécois à succès, il se
maintenait au courant des activités littéraires de sa province natale, où il passait toujours ses
vacances dans une propriété, Longval, qu’il avait transformée en un vaste verger.
Paul Dufault se maria en 1932 avec Marcelle Douçot, bactériologiste de profession, fille de
Charles Douçot, originaire de Besançon. Il l’avait connue lorsque celle-ci dut faire une deuxième
cure au sanatorium de Rutland, de 1927 à 1932.
Homme d’une grande modestie, le Dr Dufault avait pris pour devise, « Pour vivre heureux,
vivons cachés ». À son talent d’écrivain, il joignait la droiture et la pondération de l’homme
d’idéal.
Le Dr Dufault, directeur adjoint du sanatorium depuis 1929, allait en assumer la direction en
1944. Ayant pris sa retraite en 1964, il occupait ses loisirs à faire de la peinture pour laquelle il
s’était découvert du talent, et à écrire un court historique du sanatorium qu’il avait dirigé avec
tant de succès.
En 1966 la Massachusetts Thoracic Society 1’honora en lui décernant sa prestigieuse
Médaille Chadwick. Le Dr Paul Dufault, dont le talent pour l’analyse psychologique se doublait
de grands sentiments humanitaires, décéda en 1969.
Claire QUINTAL
ŒUVRE
En français
- Sanatorium. Montréal : Imprimerie Modèle Limitée, 1938. 181 p.
- Le Spectre de la tuberculose, Comment nous en défendre. Montréal : Aux ateliers du Courrier
de Saint-Hyacinthe, 1939. 170 p.
En anglais
- Understanding Tuberculosis and its Treatment, 1953.
- The Rutland State Sanatorium: The Story of a Pioneer in the Treatment of Tuberculosis, 1964.
26 p.
- En collaboration avec Moses J. Stone, The Diagnosis of Pulmonary Tuberculosis. Manuel de 325 p.
- « Medicinal Doctor » New England Journal of Medicine, mars 1950.
BIBLIOGRAPHIE
- Dion-Lévesque, Rosaire. Silhouettes franco-américaines. Manchester, NH : Publications de
l’Association canado-américaine, 1957. 933 p.
- Nadeau, Gabriel. « Le docteur Paul Dufault. Souvenirs de sanatorium ». Le Travailleur, 24
janvier-28 février 1970.
- Santerre, Richard, « Littérature franco-américaine de la Nouvelle-Angleterre, 1878-1943 ».
Thèse de doctorat, Boston College, 1974. p. 275-299.
- Therriault, Sœur Mary-Carmel, La Littérature française de Nouvelle-Angleterre. Montréal :
Fides 1946. p. 42, 72, 276.