Phototoxicité oculaire chez les guides de haute montagne

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Phototoxicité oculaire chez les guides de haute montagne
Phototoxicité oculaire chez les
guides de haute montagne
EL CHEHAB H (1), BLEIN JP (2), HERRY JP (3), CHAVE N (1),
RACT-MADOUX G (1), SWALDUZ B (1), MOURGUES G (1), DOT C (1)
(1)HIA DESGENETTES, LYON
(2) CABINET MEDICAL, CHAMONIX MONT-BLANC
(3) ENSA, CHAMONIX MONT-BLANC
Introduction
 La lumière est indispensable à la fonction de l’œil
 Toutefois certaines pathologies peuvent être liées à une
exposition aiguë ou chronique, liées notamment à l’effet
des rayonnements Ultra-violets (UVs)
 Conditions d’exposition accrue à la lumière naturelle:



Altitude : +10% d’UV / 1000 m d’altitude
Neige: +80% d’UV par réflexion
Mer: +20% d’UV par réflexion
Backgrounds
 Transmission des rayonnements au travers du globe oculaire




Est fonction de la longueur d’onde du rayonnement
Cornée : plus la longueur d’onde des UVs augmente plus la lumière est
transmise
Cristallin: l’absorption des UVs augmente avec l’âge (cf . chromophores)
Rétine : est exposée pour des longueurs d’ondes au-delà de 380nm (rôle de
la lumière bleue)
Johnson, G.J. Eye (Lond). 2004. 18(12): p. 1235-50.
Backgrounds
– Réactions possibles liées à la lumière:
–
Photo-thermique : +10°C entraine des dommages irréversibles (Laser Argon)
–
Photo-mécanique :
rayonnement hautement énergétique délivré sur une courte
durée (Nd:YAG)
–
Photo-chimique, nous intéressant dans ce travail :
•
Ablative : UV C et UV B utilisés par le laser Excimer, pour la photoablation
cornéenne en chirurgie réfractive
•
Oxydative++: Nécessité d’un rayonnement d’une longueur d’onde
appropriée avec une durée d’exposition et une dose suffisante, ainsi qu’un
chromophore UV dans les différents tissus oculaire.
Backgrounds
 Pathologie répertoriée liées aux rayonnements:

Surface oculaire(1-2):





Segment antérieur (3)


Kératite actinique chronique
Pinguécula
Ptérygion
Carcinome Epidermoïde Conjonctival
Cataracte (corticale)
Segment postérieur (4)




Maculopathie solaire ou phototraumatisme
Phototraumatisme liée au microscope opératoire
DMLA ?
Mélanome choroidien ?
(1) Taylor, H.R., et al. Arch Ophthalmol., 1989. 107(10): p. 1481-4.
(2) Lindgren, G., et al. Br J Ophthalmol., 1998. 82(12): p. 1412-5.
(3) Taylor, H.R., et al. N Engl J Med., 1988. 319(22): p. 1429-33.
(4) Glickman, R.D. Int J Toxicol., 2002. 21(6): p. 473-90
Backgrounds
 L’étude française POLA (Pathologies Oculaires Liées à l’Âge,
n=2364), réalisées dans la région de Sète montrait:



Une augmentation des cataracte corticales antérieures en cas d’exposition
solaire importante
Une augmentation des cataracte sous capsulaire postérieure en cas
d’exposition solaire professionnelle
Pas de lien avec des pathologies dégénératives rétiniennes
 La Beaver Dam Eye Study (n=3684), aux États-Unis, a montré un
lien avec une exposition solaire importante (+5h/j pendant 10 ans)
et le développement d’une Maculopathie Liée à l’Age (RR=2,2),
alors que l’étude POLA n’avait permis de retenir cette relation.
Delcourt, C., et al. Arch Ophthalmol., 2000. 118(3): p. 385-92
Delcourt, C., et al. Am J Ophthalmol., 2005. 140(5): p. 924-6.
Tomany, S.C., et al. Arch Ophthalmol., 2004. 122(5): p. 750-7.
But de l ’étude
 Evaluer l’incidence des
pathologies oculaires chez
les guides de haute
montagne, exposés
professionnellement aux
rayonnements en altitude
 Comparer cette population
exposée à une population
contrôle vivant en plaine
Méthodes et Matériels
• Groupe « Guide de haute montagne »:
–
–
–
92 guides de hautes montagnes de la vallée de Chamonix Mont-Blanc
Guides à temps plein
>50ans
• Groupe « Témoin »:
–
–
40 patients ayant consulté à l’hôpital Desgenettes, pour une consultation de
contrôle en vue d’une prescription de lunettes, sans pathologie oculaire connue
>50ans
Méthodes et Matériels
 Répartition des âges:
Histogramme
Eclaté par : Guide Témoin
Céllule : G
Exclusion de lignes : Données complètes.svd
30
30
25
25
20
20
Nombre
Nombre
Histogramme
Eclaté par : Guide Témoin
Céllule : T
Exclusion de lignes : Données complètes.svd
15
15
10
10
5
5
0
0
45
50
55
60
65
70
Age
Témoins
75
80
85
90
45
50
55
60
65
70
Age
75
80
85
90
Guides de hautes montagnes
Méthodes et Matériels
 Questionnaire évaluant l’exposition solaire des guides:



Temps passé en haute montagne (nb de courses )
Altitude d’exposition
Port de protection solaire
 Examen ophtalmologique complet pour les 2 groupes:




Acuité visuelle, PIO, examen à la LAF, Fond d’œil sous dilatation
Classification LOCS III des opacités cristalliniennes
Mesure objective de la densité cristallinienne par Oculyser – Alcon®
Rétinophotographie, recherche d’altérations pigmentaires, de dépôts ou drüsens et
d’DMLA atrophique ou exsudative
 Méthodologie statistique :


La comparaison des deux groupes a été réalisée à l’aide du test-t de STUDENT (comparaison non appariée).
Dans le groupe des guides de haute montagne, nous avons utilisé des modèles de régression logistique afin
d’identifier des facteurs de risques ou des facteurs protecteurs.
Résultats
 Age:
 Guides: 59,8 ans +/- 13
 Témoins: 59,3 ans +/- 13,6
 Sex ratio
 Guides: 2 femmes (2,1%)
 Témoins: 1 femme (1%)
 AV moyenne:
 9,7/10 groupe Guides
 10/10 groupe Témoin
NS
NS
NS
Résultats
Surface Oculaire
p<0,0001
p=0,006
p<0,001
NS
Résultats
Cristallin
p<0,001
p<0,001
NS
NS
p=0,04
Résultats
Rétine
p=0,01
NS
p=0,002
NS
Résultats
 Dans le groupe des guides de haute montagne :

Facteurs protecteurs pour une anomalie
distinction) et pour une cataracte corticale



(sans
Le port d’une monture solaire (OR=0,5, p=0,037)
Le port d’une visière sur les montures (OR=0,3, p=0,005)
Facteur protecteur pour les blépharites:


rétinienne
Le port d’un masque de ski (OR = 0.5, p=0.03)
Nous n’avons pas mis en évidence un lien entre le temps passé en
haute montagne (>3000mètres) et les différentes pathologies
étudiées malgré une exposition aux UVs plus importante
Discussion
 Comme lors d’une exposition accrue aux UVs par réflexion sur la mer, une
exposition accrue en altitude mais aussi par la réverbération sur la neige
entraîne une augmentation de la cataracte corticale antérieure.
 Nous retrouvons également une augmentation des lésions de Maculopathie
Liée à l’âge.
 Les pathologies de la surface oculaire sont augmentées chez les guides.
Elles peuvent être liées aux UVs mais également aux agressions physiques
secondaires aux conditions extrêmes (froid, vent, hypoxie) dans lesquelles les
guides évoluent.
Discussion
 Le facteur d’exposition au-delà de 3000m n’est pas un facteur
aggravant pour la cataracte, les lésions maculaires ou les pathologie de
surface malgré une exposition aux UVs accrue.
 Ceci pourrait s’expliquer par la forte sensibilisation à la prévention et le
port systématique, relevé par le questionnaire, d’une protection solaire
lors :

Des courses en haute montagne (>3000mètres) ou de très haute montagne
(>5000mètres) et des activités sur glacier
 A l’inverse, les guides portent beaucoup moins régulièrement leurs
protections solaires en moyenne montagne (1000-3000m),

Ceci pourrait rendre compte de l’incidence accrue observée sur l’ensemble
des pathologies liées aux UVs.
Conclusions
 Notre étude confirme l’augmentation des pathologies oculaires chez
des personnes exposées professionnellement aux UVs en altitude pour:



les pathologies de surface: Ptérygion, pinguécula
les cataractes corticales
les atteintes maculaires rétiniennes à type de dépôts ou drüsens
 Nous retrouvons des facteurs protecteurs pour les pathologies
intraoculaire:


Port d’une monture avec des verres solaires
Port associé d’une visière
 Les résultats de l’étude font ressortir l’importance du port de verres
filtrants les UV en moyenne montagne même si la luminosité n’apparaît
pas gênante