Guide des orthèses à l`intention des assureurs

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Guide des orthèses à l`intention des assureurs
Guide des orthPses B l’intention des assureurs
Distribué par la Commission des assurances de l’Ontario (CAO)
B la demande de l’Ontario Podiatric Medical Association
et du Insurance Council of Canada
en tant que piPce jointe au Bulletin No A-5/98 de la CAO
Février 1998
GUIDE DES ORTHOSES A L’INTENTION DES ASSUREURS
Les douleurs aux pieds sont une cause courante d’absentéisme, de
productivité réduite et d’absence de motivation parmi les employés,
tout spécialement ceux qui doivent travailler debout.
BREF HISTORIQUE
Il y a environ 25 ans, la recherche-développement dans le domaine
de la podologie a donné aux podologues les moyens de corriger de
nombreux problPmes sur le plan de la mécanique du pied. La
solution B ces problPmes repose sur une orthPse fabriquée B partir
d’une empreinte du pied dans une position neutre ou rectifiée. La
conception des orthPses en laboratoire se fait en 20 étapes environ
de façon qu’elles puissent contrôler chaque phase du cycle de la
marche B partir du moment oj le talon touche le sol et absorbe le
choc jusqu’B la phase de poussée. Grâce B ces nouvelles orthPses,
de nombreux problPmes de pieds ont enfin pu Ltre réglés.
A partir des années 1980, certaines boutiques de bottes de ski ont
commencé B vendre des orthPses et B convaincre les clients qu’ils en
avaient besoin. De nombreux magasins ont également commencé B
vendre ce qu’ils appelaient des «orthPses» mais qui en fait étaient
des supports plantaires préfabriqués et stockés.
Lorsqu’un podologue a terminé son examen et son diagnostic, il
prépare une ordonnance B des fins biomécaniques. On moule
ensuite, avec du plâtre, le pied du patient dans la position rectifiée oj
il ne supporte pas le poids du corps. A l’aide de ce moule, on peut
fabriquer une orthPse qui permet un mouvement normal et empLche
le mouvement anormal.
La différence entre une orthPse et un support plantaire est que
l’orthPse est conçue pour rectifier le mouvement de la marche tandis
que le support plantaire repose simplement contre la vofte plantaire
lorsque la personne est debout et ne corrige pas son problPme. De
plus, la plupart des supports plantaires ne sont pas fabriqués sur
mesure.
CAS D’UTILISATION ABUSIVE
De nombreux assureurs ont constaté que les demandes de
rPglement relatives B des orthPses ont augmenté au cours des
derniPres années. En fait, certains assureurs ont reçu des demandes
de rPglement extrLmement élevées pour des orthPses et, dans de
nombreux cas, celles-ci avaient été prescrites par des personnes
dont le traitement des pieds ne fait normalement pas partie de leur
spécialité. Des études entreprises par l’Ontario Podiatric Medical
Association ont démontré qu’il y avait entre autres un certain nombre
de détaillants qui recommandaient réguliPrement des orthPses, qu’un
diagnostic ait été établi ou non. On a également découvert des cas
oj des personnes vendaient bel et bien
des orthPses de l’arriPre de leur camion tandis que d’autres se
rendaient dans les locaux de compagnies et recommandaient que la
plupart des employés ou bien que tous les employés se procurent
des orthPses et des chaussures orthopédiques.
Au début des années 1990, il semblait que pratiquement toutes les
personnes associées aux services de santé s’improvisaient
spécialistes des pieds et recommandaient des orthPses. Les
chiropraticiens, les physiothérapeutes, les bottiers orthopédistes et
bien d’autres encore demandaient B leurs patients de mettre les
pieds dans une boîte en mousse et leur remettaient ensuite ce qui
était essentiellement un support plantaire stocké, modifié ou non,
qu’ils appelaient orthPse. Ces personnes ne semblaient pas
comprendre qu’en se servant de la mousse, on prend l’empreinte du
pied dévié ou déformé et on ne corrige pas le problPme. Par
conséquent, les problPmes n’étaient pas du tout réglés ou seulement
de façon temporaire.
Les podologues ont soutenu qu’il y avait une surutilisation des
orthPses et que, dans bien des cas, les orthPses étaient fournies B
des patients qui n’en avaient pas besoin et qu’en fait, il ne s’agissait
pas vraiment d’orthPses. Les podologues se sont servis des résultats
de leurs recherches pour prouver qu’un moulage en plâtre du pied
dans une position neutre était l’élément clé pour obtenir une
empreinte rectifiée du pied B trois dimensions, nécessaire B la
fabrication d’une orthPse précise et efficace.
FONCTIONNEMENT D’UNE VÉRITABLE ORTHOSE
Chaque pied compte 26 os. De nombreuses personnes ont des os
anormalement inclinés, ce qui force le pied B compenser et B
s’incliner de façon excessive vers l’intérieur (ce qu’on appelle
pronation). D’autres personnes ont le problPme inverse, c’est-B-dire
qu’elles ont la vofte plantaire haute et rigide. Dans ces deux cas, les
pressions anormales exercées sur le pied créent des problPmes B la
longue. Cela entraîne des syndromes de la surutilisation tels que des
douleurs aux talons, une fasciite plantaire (douleur plantaire), la
compression de nerfs, des oignons, des douleurs aux genoux et
autres.
ENQUKTES PORTANT SUR LES ORTHOSES
Certains assureurs ont demandé B Lloyd Nesbitt de l’Ontario Podiatry
Association de faire une évaluation des patients, y compris des
membres de leur famille, qui s’étaient fait dire qu’ils avaient besoin
d’orthPses et de chaussures orthopédiques. Dans de nombreux cas,
les orthPses étaient en effet nécessaires mais elles avaient été
fabriquées incorrectement ou n’étaient pas conçues de façon B
contrôler le pied en mouvement. On a indiqué aux assureurs que,
dans ces cas, les chances étaient élevées qu’ils reçoivent une autre
demande de rPglement pour des orthPses en moins de six mois ou
un an. (Des orthPses bien conçues devraient normalement durer au
moins trois ans.)
De plus, dans la plupart des cas, les assureurs ont été avisés que
des chaussures orthopédiques n’étaient pas nécessaires. Ces
chaussures étaient vendues aux patients pour qu’ils puissent y
insérer leur orthPse épaisse, dont ils n’avaient en fait pas besoin.
Les enquLtes menées ont également révélé qu’il n’était pas
inhabituel que les assureurs reçoivent des demandes de rPglement
allant de 1 000 $ B 1 500 $ pour les orthPses d’un patient. Dans
certains cas, des familles entiPres s’étaient fait prescrire des
chaussures orthopédiques et des soi-disant «orthPses»; leur
demande de rPglement représentant entre 3 000 $ et 5 000 $. De
bonnes orthPses prescrites par des podologues coftent
généralement entre 250 $ et 500 $.
SITUATION ACTUELLE
En Colombie-Britannique, en Alberta, en Ontario et au Québec, les
podologues sont reconnus comme étant les spécialistes prééminents
des soins des pieds parmi les professions réglementées. Il y a
toutefois bien d’autres personnes qui prodiguent des soins des pieds,
notamment les chiropraticiens, les physiothérapeutes, les
ergothérapeutes, les bottiers orthopédistes, les kinésithérapeutes, les
infirmiPres et mLme les vendeurs de chaussures.
Un grand nombre des membres des professions paramédicales
croient B tort que les soins des pieds sont synonymes d’orthPses.
Les podologues savent que ce n’est pas le cas. Il faut procéder B un
examen complet et poser un diagnostic avant d’Ltre en mesure de
choisir le traitement approprié. Il arrive souvent que les podologues
optent pour des traitements qui n’exigent pas d’orthPses mais plutôt
une intervention chirurgicale, des soins palliatifs et le débridement de
lésions, du rembourrage, l’utilisation de sparadrap, l’exercice en
général ou des exercices d’étirement et de renforcement.
LES ORDINATEURS ET LES ORTHOSES
Au cours des derniPres années, l’analyse de la démarche a suscité
un grand intérLt. La technologie est tellement avancée qu’un patient
peut marcher sur une plaque et faire apparaître instantanément B
l’écran une représentation numérique B la fine pointe de la
technologie démontrant le poids exercé sur le pied en mouvement.
Ces représentations sont B deux dimensions seulement mais elles
sont décidément impressionnantes.
Face B cette technologie, il faut tout d’abord prendre en
considération les compétences de la personne qui examine le
patient. Si cette personne n’a pas fait toutes les études nécessaires
en podologie et en biomécanique, elle n’est peut-Ltre pas qualifiée
pour poser un diagnostic. En fait, il se peut qu’elle ne soit pas
autorisée par la loi B établir un diagnostic dans les cas de problPmes
de pieds.
On donne souvent l’illusion que si on procPde B une analyse de la
démarche B l’aide d’un appareil B la fine pointe de la technologie, il
en résultera une orthPse du mLme calibre. Malheureusement, B
l’heure actuelle, la majorité des orthPses qui sont conçues B la suite
de ce genre d’analyse sont essentiellement des articles stockés.
Selon le praticien qui les recommande, certaines modifications
peuvent Ltre apportées, sur le plan du revLtement supérieur, par
exemple.
La question de savoir s’il est préférable de faire un moulage du pied
avec du plâtre ou si un appareil stocké fait tout aussi bien l’affaire
suscite actuellement la controverse. Les podologues sont d’avis
qu’une représentation B trois dimensions du pied grâce B un moulage
en plâtre permet une rectification optimale d’un problPme et que les
soins des pieds devraient Ltre prodigués par les personnes qui ont
été formées pour le faire.
POSITION DU GOUVERNEMENT
En Ontario, le ministPre de la Santé a indiqué aux podologues qu’il
est conscient du fait qu’il faut rétablir l’ordre dans le domaine des
orthPses comme ce fut le cas dans le domaine de l’audiologie oj, il y
a des années, des personnes faisaient du porte B porte pour vendre
des appareils auditifs.
Le ministPre a indiqué B l’Ontario Podiatric Medical Association qu’il
faudra plusieurs années pour que les podologues (et probablement
les chiropodistes) soient les fournisseurs d’orthPses recommandés
dans la loi. Le ministPre a de plus avisé l’Association qu’il est fort
probable que les compagnies d’assurance prendront les devants,
pour des raisons financiPres, et limiteront les garanties pour ce qui
est des orthPses.
RÉSULTAT POUR LES ASSUREURS
Certains assureurs ne garantissent plus que les orthPses prescrites
par des podologues qui se servent de moulages en plâtre. Ceux-ci
ont vu leurs demandes de rPglement B cet égard diminuer de plus de
50 pour 100.
Ce document a été rédigé par Lloyd Nesbitt, docteur en podologie, président du comité
de liaison relatif aux assurances de l’Ontario Podiatric Medical Association. Toute
question au sujet de ce document devrait lui Ltre adressée au 4950, rue Yonge, Bureau
2414, North York ON M2N 6K1, téléphone : (416) 733-8533.

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