La Lettre # 52 - WordPress.com

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La Lettre # 52 - WordPress.com
La lettre d’Archimède
L’actualité de l’Eldo vue par un spectateur
Sommaire
No 52 — 19 mars 2016
Quand je serai dictateur
A Perfect Day
Le film mystère
En bref et en vrac — Prochains rendez-vous à l’Eldo… et ailleurs
QUAND JE SERAI DICTATEUR
un film de Yaël André
lundi 21 mars 2016 à 2015
projection suivie d’un débat « Santé mentale, santé physique, un lien vital »
soirée en partenariat avec Itinéraires singuliers et l’UNAFAM
La première fois que je vois Georges, je ne le vois pas.
Une voix se raconte, chuchote sa vie. La première rencontre à 17 ans avec Georges, beau comme le soleil,
les excentricités d’une jeunesse bruxelloise, la révolte contre la petite vie bourgeoise des adultes. « Pour
survivre, il nous est absolument nécessaire d’inventer d’autres vies possibles que celle à laquelle nous
sommes l’un et l’autre destinés. » Contre l’ennui du quotidien, la volonté de vivre adulte les vies imaginées
enfant. L’être civil et policé d’ici peut s’imaginer en psychopathe de l’autre côté de l’univers, flinguant tous
les fâcheux et les importuns… Les années passent, les chemins bifurquent, puis le retour, l’illusion qu’il est
possible de fusionner ce qui a été séparé. Viennent ensuite le soleil qui s’éteint, le deuil, la culpabilité, la vie
qui s’arrête puis qui continue, l’enfant qui demande la couleur de ce qu’il y en a dehors de l’univers…
Moi aussi, j’aurais voulu être dictateur mais j’ai dû épouser Léon.
Les images qui accompagnent le récit sont de format 8 mm ou Super 8, des images comme il ne s’en fait
plus, comme il ne s’en fera jamais plus, Kodak ayant arrêté la production des pellicules et le dernier laboratoire les développant ayant fermé ses portes. Images tournées par Yaël André, mais aussi images données ou trouvées, témoins de moments de vie, d’événements familiaux, d’instants à la fois uniques et
communs. Les films sont fragmentés, mélangés, assemblés. Le récit personnel est transcendé par l’accumulation d’extraits homologues, captées à différentes époques, dans différents lieux, nous le savons par
les détails des objets filmés mais aussi par les qualités de pellicule. Si nous n’avons pas déjà vécu les moments évoqués, nous pourrions les vivre.
L’univers se peuple de tous les possibles.
Les vies imaginaires ne sont pas sans lien avec la vie vécue par la narratrice, chacune d’elles recompose
des éléments de la vie réelle, repris tels quels ou modifiés, voire niés. Si le monde réel semble le support
des possibles inventés, il n’est peut-être qu’une feuille quelconque du feuilletage, le possible d’un autre
monde. De même, les images ne sont pas de simples illustrations, elles disent l’indicible, relient les possibles — avec des variations, la même image, drôle ici, laisse une impression de mélancolie là — et assurent la cohésion de l’ensemble. Les deux combinatoires, celle des récits et celle des images, se mêlent
subtilement. Dans la tradition d’un certain surréalisme belge, Quand je serai dictateur est une œuvre
drôle, poétique et émouvante, à la fois très personnelle et universelle, légère et métaphysique.
Quand je serai dictateur (Belgique ; 2014 ; 1 h 30 ; couleur, noir et blanc), produit, écrit et réalisé par Yaël André ; musique d’Hughes Maréchal,
image de Didier Guillain, montage de Luc Plantier et Yaël André ; avec la voix de Laurence Vielle. Prix Magritte du meilleur documentaire 2015.
En complément, le webdocumentaire Synaps : http://synaps.arte.tv.
Et aussi à l’Eldo…
A PERFECT DAY
un film de Fernando León de Aranoa
L’argument est simple : dans des Balkans au sortir de la guerre, cinq membres d’une ONG internationale
recherchent une corde pour sortir un cadavre du seul puits non piégé de la région. Cette quête serait
évidemment plus simple si les militaires locaux n’ignoraient l’armistice, si ceux des Nations intervenaient
lorsqu’ils sont utiles et n’intervenaient pas lorsqu’ils ne le sont pas, si les civils respectaient un peu ce qui
sont venus les aider, et si ceux qui sont venus aider les civils les aidaient vraiment au lieu de s’occuper de
leurs affaires d’ego et de sexe. La quête de la corde serait évidemment plus facile mais beaucoup moins
drôle. Comme le temps est à la guerre, la comédie laisse parfois la place au drame, une émotion un peu
facile point, puis l’humour reprend le dessus.
A Perfect Day n’est pas un pamphlet. Les Balkans de 1995 sont le cadre d’une histoire qui aurait pu facilement être acclimaté dans un autre conflit. Il n’y a aucune trace des sentiments embarrassés que nous
pouvions avoir à l’époque face au spectacle d’une guerre ethnique sur le sol européen. Le film raille un
peu ONU et ONG, évoquant l’incongruité de leurs tâches et le manque de moyen, mais, à la fin, chacun se
révèle utile. Le seul but d’A Perfect Day est de faire rire, et l’objectif est atteint. Chaque rôle est une
caricature, les acteurs en profitent, Benicio Del Toro et Tim Robbins en tête. Les bons mots fusent et les
situations sont absurdes à souhait. Rien n’est vraiment nouveau, mais la mécanique fonctionne. La seule
surprise, peut-être, est cette vachère au comportement a priori insensé qui se révèle incarnation de la
sagesse immémoriale d’un peuple qui a toujours connu la guerre.
A Perfect Day (Un jour comme un autre) (A Perfect Day ; Espagne ; 2015 ; 1 h 46 ; couleur, 2.35:1), écrit et réalisé par Fernando León de
Aranoa, d’après Dejarse llover de Paula Farias ; musique d’Aranu Bataller, image d’Alex Catalán, montage de Nacho Ruiz Capillas ; avec Benicio
Del Toro (Mambrú), Tim Robbins (B), Olga Kurylenko (Katya), Mélanie Thierry (Sophie), Fedja Štukan (Damir). Distribué par UGC Distribution.
Prix Goya de la meilleure adaptation 2016.
Le film mystère
Mardi soir, j’ai pris beaucoup de plaisir à redécouvrir Fellini Roma que je n’avais pas vu depuis longtemps.
L’une des scènes a retenu mon attention, celle dans laquelle Fellini enfant (Stefano Mayore) imagine la femme
du pharmacien (Elisa Mainardi) en moderne Messaline entamant la même danse qu’une des protagonistes du
film mystère (la femme en blanc dans le photogramme ci-après). Et vous, reconnaissez-vous le film mystère ?
Pour jouer, envoyez le titre du film mystère par mail à l’adresse [email protected] ou déposez la réponse en indiquant le numéro de la Lettre, votre nom et des coordonnées (de préférence une
adresse électronique) dans l’urne située dans le hall de l’Eldorado avant le vendredi 25 mars minuit. Le gagnant sera tiré au sort parmi les bonnes réponses et remportera deux places gratuites. Bonne chance !
Le film mystère précédent
La semaine dernière, il fallait reconnaitre Scarface (1983) de Brian De Palma. Le photogramme est extrait du
début du film, lorsque les deux petits malfrats Tony Montana (Al Pacino, au premier plan) et Manny Ribera
(Steven Bauer, au second plan) sont encore dans un camp de réfugiés américain après leur expulsion de Cuba.
Bravo à tous ceux qui m’ont envoyé la bonne réponse, en particulier à Michel F. qui a été tiré au sort.
Inspiré par le film (1932) de Howard Hawks, le scénario de cette version de Scarface a été écrit par Oliver
Stone (né en 1946) qui avait déjà dirigé deux longs métrages, La Reine du mal (Seizure ; 1974) et La Main
du cauchemar (The Hand ; 1981) avec Michael Caine, mais qui était plus connu à l’époque pour les scénarios de Midnight Express (1978) d’Alan Parker et de Conan le Barbare (Conan the Barbarian ; 1982) de
John Milius. La reconnaissance internationale comme réalisateur lui viendra avec Platoon (1986), qui sera
suivi entre autres de Wall Street (1987), JFK (1991), Tueurs nés (Natural Born Killers ; 1994) et L’Enfer du
dimanche (Any Given Sunday ; 2000). Le sujet de prédilection d’Oliver Stone est l’histoire contemporaine
des États-Unis dont il essaie de déterminer les dessous derrière la version officielle. Récemment, il a produit, écrit et réalisé une série télévisuelle documentaire de dix épisodes, Une autre histoire de l’Amérique
(The Untold History of the United States ; 2012–2013), et la sortie américaine de son prochain film, Snowden, consacré au célèbre lanceur d’alerte, est prévue en septembre.
En bref et en vrac
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Cette année, le cinéma Eldorado est invité par le festival documentaire Doc, doc, doc, entrez ! de
Villedieu-les-Poêles dans la Manche. Le film de soutien Que viva Eldorado de Christian Blanchet
et Frédérique Michaudet y sera montré, ainsi que Lettre à Jean de Marianne Amaré, conçu, tourné
et diffusé aux Rencontres de Laignes 2013. Le reste de cette treizième édition du festival placée
cette année sous le signe de l’éducation populaire est très alléchant, alors si vous êtes libre du 5
au 10 avril… Programme à l’adresse http://www.villedieu-cinema.fr/festival-doc-2016/.
Il y a deux mois déjà (Lettre # 43), je vous signalais les difficultés de la salle de cinéma art & essai
indépendante Jacques Tati de Saint-Nazaire qui risquait de disparaître d’ici la fin de l’année. Une
pétition avait été lancée, récoltant 2 875 signatures, et, mardi dernier, le maire David Samzun a
annoncé la salle Tati allait être relogée temporairement à la maison des associations Agora dès la
rentrée. Une très bonne nouvelle pour les cinéphiles nazairiens qui, sans doute, resteront néanmoins mobilisés tant qu’une solution pérenne ne sera pas assurée.
Rafinette, une spectatrice assidue de l’Eldorado, évoque The Assassin de Hou Hsio-hsen sur son
blog : https://blogs.mediapart.fr/rafinette/blog/130316/assassin.
Du dimanche 20 au mardi 22 mars, c’est le Printemps du cinéma. 4 € pour tous les films, toute la journée.
Préventes en cours pour la soirée avec débat sur la santé mentale autour de Quand je serai dictateur (lundi 21), et Les Bois dont les rêves sont faits en présence de Claire Simon (jeudi 31). Inscription conseillée pour la 16e Ballade dans l’histoire du cinéma (mardi 29).
Méfiez-vous ! Dernières séances pour Ave César !, Belgica et Les Aventures de Mark Twain.
Prochains rendez-vous à l’Eldo…
Mars
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Lundi 21, 20 h 15 : Projection de Quand je serai dictateur, suivie d’un débat.
Mardi 22, 14 h : Je suis le peuple suivi d’une discussion avec enseignants et étudiants de l’ENSA.
Mardi 29, 20 h : Ballade dans l’histoire du cinéma menée par Aurélio Savini (CinéDV).
Jeudi 31, 20 h : Avant-première de Le Bois dont les rêves sont faits en présence de la réalisatrice Claire Simon.
Avril
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Lundi 4 : Séance unique de Pulp: A Film About Life, Death and Supermarkets dans le cadre du Festival MV.
… et ailleurs
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Du mardi 5 au dimanche 10 avril : Festival Doc, doc, doc entrez ! au nouveau cinéma de Villedieules-Poêles (Manche).
Cinéma Eldorado
21, rue Alfred de Musset / 21 000 DIJON
Divia : liane 5 et ligne 12 — Station Vélodi à proximité
Site web : http://www.cinema-eldorado.fr — Courriel : [email protected]
Twitter : @CinmaEldorado — Facebook : CinemaEldorado
La lettre d’Archimède
Site web : https://cinemaeldorado.wordpress.com/la-lettre — Courriel : [email protected]