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Portia Plan et Tutu | Plan pour impression | Tomaas | Tutu Genèse | Biographie courte | Blues | Citations du libre de Berendt | Jazz Fusion | Trompette de Miles Davis Portia composé par Marcus Miller hommage à Wayne Shorter, Joe Zawinul, Jaco Pastorius = couleurs de fretless et de sax soprano Jeux variés à la basse Thème varié ABC ; forme Rondeau effet isorythmie RESUME : La mélodie : notes conjointes, intervalle de 4te ; 8 mesures ; A1 A2 Le rythme : boite à rythme rigide + percussioniste ( Omar ou Paulinho ?) percussions exotiques ; par dessus le tapis rythmique, mélodie souple, valeurs plus longues, division pas toujours binaire ; batterie sans cymbale ( sf peu hi hat) la carrure irrégulière, alors que le pattern programmé est régulier principe de dialogue entre sax soprano et trompette le riff pentatonique la note pole : le mi joué par _____ l'harmonie : pas harmonie traditionnelle ou structurante, mais des couleurs ; référence à Fa majeur, sol mineur, mais surtout mode phrygien. chromatisme : présent dans les voicings de synthés et dans les impros accord générateur : les deux accords LA Maj/ sol mineur posent un cadre jeu de la basse: soit à l'unisson de la batterie, soit basse chantante ( "rythmique ou lyrique") ; glissés, octaves, quintes redoublées, tenues, silences, cordes claquées, percutées, butées, notes liées en hammering, etc. climat espagnol : ex Sketches of Spain ; ex Maids of Cadix ; Portia : analyse « The name is just a beautiful woman 's name that I liked and that I thoughtfit the song". » Portia, composé par Marcus Miller, d'une durée de 6' 19", est une véritable ballade sentimentale qui laisse une large place à la couleur hispanique. file:///C|/bartho/epoques/JAZZ/Miles/cours/Miles_Portia_imp.html[11/02/2014 09:02:13] Portia Réminiscence de la musique espagnole présente dans Sketches of Spain ou de Flamenco Sketches, Teo" ou encore Masqualero" ? Certainement. Mais probablement aussi, clin d'œil de Marcus Miller aux anciens compagnons et amis de Miles Davis, en l'occurrence Wayne Shorter et Joe Zawinul (réunis au sein du groupe Weather Report qu'ils ont formé en 1971), et tout particulièrement à Jaco Pastorius qui les a rejoints au milieu des années 1970. Musiciens et musique dont le style, l'essence et la couleur sont parfaitement assimilés par Marcus Miller tant à la basse fretless qu'au saxophone soprano, évoquant indiscutablement, ne serait-ce que de façon inconsciente, ses influences et ses maîtres Le polyinstrumentiste, encouragé par le trompettiste, ne manque pas l'occasion d'interpréter lui-même des parties de saxophone soprano difficiles et expressives destinées initialement à Bob Berg. De même, à la basse, il fait preuve de lyrisme, tout en faisant entendre des modes de jeux riches et variés : glissés, octaves, quintes redoublées, tenues, silences, cordes claquées, percutées, butées, notes liées en hammering, etc. La mélodie librement interprétée tour à tour par les vents s'inscrit dans un rythme bien plus proche du souffle et de la respiration que du pas ou du rythme cardiaque pourtant présent également. En ce sens, la carrure du thème plus aérien s'en trouvera affectée, avec des phrases irrégulières en nombre de mesures. Ce morceau, comme dit Franck Bergerot, « est le plus beau de l'album Tutu et du répertoire de Marcus Miller ». C'est en tout cas le plus charmeur, notamment sur le plan harmonique, mais peutêtre aussi le plus facile d'approche, d'écoute et d'analyse. La forme laisse entendre globalement un thème varié (bien plus long que les morceaux précédents) de trois parties (ABC), entrecoupé par un ostinato récurrent que nous appellerons « progression harmonique phrygienne » sur deux accords, donnant une couleur andalouse ou hispanique au morceau et servant de refrain. Nous pouvons ainsi rapprocher ce titre de la forme rondeau (abcbdb, etc.). __________________ED musicale page 94 ___________________ SCEREN PORTIA extrait : file:///C|/bartho/epoques/JAZZ/Miles/cours/Miles_Portia_imp.html[11/02/2014 09:02:13] Portia Rythme Énoncée dès les premières secondes, la pulsation très mécanique de la batterie - jouée ici par une drum machine - place le morceau dans un carcan rythmique assez rigide qui contraste avec le groove et le swing de « Tutu ». Conscient de cette limite, Marcus Miller indique qu'il a doublé certaines des parties programmées par un des meilleurs batteurs de l'époque : Omar Hakim (Weather Report, Sting...) afin d'apporter une épaisseur et une souplesse impossibles à obtenir avec une boîte à rythmes seule. La mesure est à 4/4 sur un tempo médium d'où ressort une figure d'accompagnement de [croche deux-doubles] à la batterie. Cette figure rythmique est complétée par des placements irréguliers mais permanents de guitare dans le pur style funk. Toutes ces interventions contribuent fortement à la nervosité électrique ainsi qu'au groove du morceau. Mélodie/harmonie Le matériau mélodique est fait lui aussi d'éléments collés au gré de la forme et sans doute puisés dans les rushs des cassettes transmises à Marcus Miller par Miles; il serait vain d'en faire le catalogue, mais on peut mettre en lumière quelques éléments significatifs. La mélodie principale est réduite à sa plus simple expression : une seule petite phrase de 8 notes, énoncée en deux motifs Al (fin descendante) et A2 (fin ascendante), caractérisée par sa 4"= initiale et les valeurs longues qui la ponctuent. Cette phrase revient tel un refrain tout au long du morceau. Les matériaux mélodiques des deux ponts, quant à eux, agissent davantage comme des prolongements des épisodes improvisés. Un petit motif mélodique récurrent-sorte de riff pentatonique sur un son de synthé assez brillant et percussif - apparaît sur le retour du thème A dans la résonance de la mélodie, à partir de 1:38 et suivantes : La phrase initiale de guitare (à partir de 0:24) se transforme en une phrase d'accompagnement en ostinato qui restera présente tout au long du morceau. Le centre tonal se focalise autour de la note mi. On remarquera la présence d'un riff sur cette note, entendu dès le tout début au synthé avec une sonorité claire évoquant le son de quelque jeu vidéo; cette note restera présente comme note pédale tout au long du thème, oscillant avec un si, sorte de dominante. La clarinette basse reprend cette note pédale de mi à partir de 4:28, la mélodie elle-même se résolvant sur cette tonique mi. C'est sur cette même note que les phrases improvisées de Miles prennent appui le file:///C|/bartho/epoques/JAZZ/Miles/cours/Miles_Portia_imp.html[11/02/2014 09:02:13] Portia plus souvent. L'harmonie opère davantage comme adjonction de couleurs complémentaires autour de ce pôle de mi que comme grille harmonique (à l'exception du pont 2 plus animé et diversifié sur ce plan). À ce propos, on remarquera le traitement des voicings de quartes parallèles progressant par chromatismes au synthé sur la note m/tenue dans la mélodie sur A1A2 (0:49, puis 1:03). Le chromatisme nourrit également les call and response de l'Interlude 1 entre trompette et sax soprano ou encore les longues guirlandes improvisées de Miles dans l'Interlude 2 à partir de 2:54. ____________SCEREN 2 qui renforce l'assise rythmique dans ces deux épisodes (► voir partition, p. 45) tout comme l'adjonction d'une guitare d'accompagnement (à partir de 4:44 par exemple), laquelle est traitée uniquement dans un rôle de placements rythmiques brefs et secs appelés aussi « cocottes ». Mélodie/harmonie La mélodie du thème est relativement conjointe et fait entendre un intervalle de 4"= descendante, intervalle que l'on retrouvera à plusieurs reprises diversement transformé mais aussi « à vide » dans l'accompagnement harmonique au synthé dès la mesure 4 (► voir partition, p. 44). La coda présente un motif nouveau en arche, utilisant également cet intervalle de 4*'' ascendante. Le matériau harmonique est peu développé et laisse beaucoup d'espace dans l'enchaînement des accords. Si les premières mesures de chaque partie font entendre des couleurs d'accords différentes, on retrouve en revanche une alternance systématique d'un accord majeur (A) et d'un accord mineur (so/ m 6/9) dans les dernières mesures de chaque partie et qui sert de générateur pour les solos qui concluent chacune d'entre elles. Cet enchaînement fait ressortir une couleur modale dont la caractéristique est celle d'un mode de mi (dit « phrygien »); cette couleur est altérée par le X balancement entre une 3'"= mineure (do) et une \ 1"" majeure (do*) qui renvoie au mode phrygien « espagnol ». On entend très clairement ce mode phrygien dans le solo de Miles à 2:24 à travers une gamme ascendante tout comme l'alternance do*ldo^ mesures 7 et 8 : décomposition du temps en 4 doubles-croches de manière permanente. Au-dessus, les parties mélodiques privilégient quant à elles les valeurs longues qui s'énoncent assez souplement par rapport à la rigidité du tapis puisé par la batterie. La basse vient s'inscrire en complémentarité avec la batterie et joue tantôt sur des placements rythmiques en s/ap dans le grave, tantôt avec des figures plus mélodiques et libres file:///C|/bartho/epoques/JAZZ/Miles/cours/Miles_Portia_imp.html[11/02/2014 09:02:13] Portia dans le registre médium de l'instrument. Parmi les figures d'accompagnement, on notera la présence d'un riff au synthé dans les solos, On peut retrouver cette couleur du mode phrygien dans d'autres enregistrements de Miles Davis comme « Flamenco Sketches » dans Kind of Blue (► voir encadré, p. 16), « Masquarelo » dans Miles Smiles (Columbia, 1966) ou encore chez des musiciens comme Wayne Shorter (« Ana Maria ») ou Freddie Hubbard (« Neo Terra »). « La Fiesta » de Chick Corea utilise également le mode phrygien espagnol. Les épisodes improvisés se répartissent entre trompette et sax soprano, chaque instrument prenant la parole individuellement ou bien selon un principe de dialogue resserré confinant davantage au commentaire et à la broderie, en dehors des deux épisodes de solo. Intro : *agrégats *temps lisse *pattern batt. *boite à rythme *after beat *carrures diff. *Paulinho : percu.diverses file:///C|/bartho/epoques/JAZZ/Miles/cours/Miles_Portia_imp.html[11/02/2014 09:02:13] Portia Introduction EXPOSITION(0" à 24") Cette introduction est constituée de deux agrégats au synthé (0" à partie A 11"), son de cordes synthétiques (de type 52 en GM) sur un temps _ 9 mesures lisse non puisé, et de l'entrée de l'ostinato de batterie (à 11"). _ harmon * ambitus Comme dans Tomaas, le morceau évolue sur un rythme de * contrechant batterie en ostinato et donc sans changement (à partir d'une boîte _ rythme long à rythme ou séquence sur ordinateur) et sur un tempo de 75. _ glisst quartes De multiples variantes récurrentes ont été programmées (voir * mode phrygien relevé), comme l'interruption des doubles, charleston ouverte, file:///C|/bartho/epoques/JAZZ/Miles/cours/Miles_Portia_imp.html[11/02/2014 09:02:13] Portia monnayage en triples croches. La subdivision à la double croche lui donne une certaine fluidité qui, malgré tout, s'interrompt systématiquement sur le troisième temps de la deuxième mesure (comme nous l'avons dit), permettant à ce rythme, en termes de musicalité, de respirer. L'after beat (habituellement placé sur les 2ème et 4ème temps), c'est-à-dire l'accent rythmique, sur le plan dynamique, est placé uniquement sur le 4ème temps. L'accent du 2' temps est bien plus faible, ce qui lui donne un élan sans lourdeur ou redondance. Les sons sont choisis et ne font pas entendre uniquement des timbres de batterie. Par exemple, à l'endroit des toms basses sur la partition (la et sol), nous avons des sons de potée africaine donnant à l'ensemble une couleur exotique. Du fait, comme nous l'avons dit, que les mesures des différentes parties n'obéissent pas à une carrure régulière, la superposition de ce rythme de quatre mesures va entretenir avec le reste de la musique un effet d'« isotythmie » non négligeable A noter..l'intervention discrète...sur le plan de la couleur et de l'interaction, du percussionniste Paulhino da Costa, mêlant les timbres souvent ethniques de ses instruments. Ce musicien est connu comme l'un des plus prolifiques et des plus demandés, connaissant et utilisant jusqu'à deux cents instruments de percussion. Sur ce titre, il joue essentiellement des congas ou/et bongos, mais on pourra entendre également le flexatone (à 18" ou à 51 "), le rainmaker (à 1 '08") ainsi que le guiro (à 2'58"). file:///C|/bartho/epoques/JAZZ/Miles/cours/Miles_Portia_imp.html[11/02/2014 09:02:13] Portia Exposition dupartie thème, EXPO thème B partie A (24" à 53") partie modulante Elle estmineur constituée de deux parties : d'une part, le thème A en do spécifique discrète (partie[a]) et, d'autre part, la progression phrygienne trompette constituée de deux accords La M et sol m 6, répétée deux fois encht accords + Neuf mesures en tout (figure 17). (partie[Ç]à 40"). 4t Cesax thème A, librement interprété comme nous le verrons au 3ème partie : progression moment de sa reprise par phrygienne le saxophone soprano, est joué par la trompette (sourdine Harmon) qui évolue sur le plan thématique dans un ambitus plus large que dans le morceau précédent. Comme pour le morceau Tutu, il est agrémenté d'un contrechant au synthé qui utilise un son de « voix » (type Pad 4 choir, son 92 en CM). Ce thème est harmonisé d'abord par un accord (arpégé) de Sol M, riche (avec sixte et septième), tenu en valeur longue qui s'éteint peu à peu, et utilise également des accords jazzy spécifiques en quartes (écho à Bill Evans ou Herbie Hancock ?), ainsi que le rythme de noire pointée-croche liée à une blanche». Ce rythme utilisé tout au long du morceau, notamment dans la progression phrygienne qui revient en ostinato, est donc un élément fédérateur important sur le plan formel. D'abord en Sol majeur, la tonalité est altérée par le glissement des accords en quartes qui dramatisent le passage pour déboucher à nouveau sur notre progression phrygienne. Cette progression harmonique, comme nous l'avons nommée, constituée ici par l'enchaînement des accords de La M et sol m 6, induit donc un mode caractéristique dit phrygien {la, si b, do, ré, mi, fa, sol, la), dont la couleur évoque, entre autres, l'Espagne. Il est à noter qu'il est préférable, ou en tout cas possible pour ce file:///C|/bartho/epoques/JAZZ/Miles/cours/Miles_Portia_imp.html[11/02/2014 09:02:13] Portia mode (comme dans le mode blues), de majoriser l'accord du premier degré La M {la, do #, mi] au lieu de la m {la, do, mi}. Nous avons évoqué le sujet dans l'analyse de Tomaas. Par extension, d'autres modes découlent naturellement de cette progression comme le mode andalou avec la seconde augmentée {la, si b, do #, ré, mi, fa, sol, la), le mode flamenco octotonique avec le troisième degré mobile, évitant cet intervalle {la, si b, do, do #, ré, mi, fa, sol, la), même le mode arabo-andalou avec le double tétracorde en seconde augmentée {la, si b, do #, ré-mi, fa, sol #, la). Modes qui se révéleront notamment au moment des improvisations (ici le mi, seule note utilisée dans le chant de la trompette, n'est évidemment pas significatif). D'autres schémas harmoniques auraient pu être utilisés pour induire ce mode phrygien le plus simple, La M et Si bM, ou encore La M, EXPO partiecomme C Exposition duSithème partie B (53" à 1 '28") bM, Do M, bM (plus long). FaSiMaj/Ré Maj Partie modulante constituée de trois parties. Une partie B spécifique, en Sol majeur, dont le motif mélodique ressemble au début à la partie A, mais qui harmoniquement, laisse entendre des variantes, notamment des triades/basses, en fait ici sur pédale de sol. Il se poursuit, à l'issue d'un motif ascendant, par une modulation assez inattendue en do mineur (cette partie évoque également le mode phrygien de do mineur par les accords utilisés notamment le Ré bM). Le passage est tendu, notamment par l'utilisation des neuvièmes qui frottent avec la tierce de l'accord de do mineur (en 2de mineure). Le tout est joué sur le plan mélodique par la trompette avec un contrechant plus discret, supplanté par l'enchaînement des accords qui deviennent plus expressifs (figure 18). Une deuxième partie (à 1 '09"), rythmique, Exposition partie C (1'28" à 1une '54") est relayée du par thème, le saxophone soprano avec participation mélodique « à l'unisson » de la basse (après la double barre sur le relevé). Elle est accompagnée par des quartes au synthé qui Solo 1 : trompette / riffs dynthé Cette troisième partie fait entendre tout d'abord et de nouveau le sonnent « en quintes » avec le saxophone soprano, conférant à ces même motif que pour les autres parties (A et B), mais cette fois-ci deux mesures un caractère médiéval. Enfin (à 1'15), une troisième transposé en Fa majeur et joué par le saxophone soprano. La mélodie partie (non retranscrite sur le relevé) est formée par la reprise de est accompagnée paretl'accord Fa Majeur du premier degré suivi A sax soprano contrechants Thème la progression phrygienne répétée également deux fois (voir le b par un accord modulant en quartes de Fa #m 7"/11 et un accord de la partie A du thème). La trompette revient par une première de « septième de dominante » évité, substitué par l'utilisation phrase et quelques motifs improvisés. D'entrée de jeu, le mode file:///C|/bartho/epoques/JAZZ/Miles/cours/Miles_Portia_imp.html[11/02/2014 09:02:13] Portia plus douce du Si m 7"/Ré qui amène tout autant à la tonalité de est textuellement donné une gamme ascendante {la, si b, do, B sax soprano puis par trompette Thème sol mineur . ré, mi, fa, sol, la). En tout, onze mesures pour ce B. Thème C: sax soprano et contrechatns trompette et basse Solo 2 trtompette Coda : motif mélodique sax, solo trompette file:///C|/bartho/epoques/JAZZ/Miles/cours/Miles_Portia_imp.html[11/02/2014 09:02:13] Portia Education musicale 2013 p 92 file:///C|/bartho/epoques/JAZZ/Miles/cours/Miles_Portia_imp.html[11/02/2014 09:02:13]