Le téléphone cellulaire - Commission scolaire de Kamouraska
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Le téléphone cellulaire - Commission scolaire de Kamouraska
Le téléphone cellulaire : à quel âge ? Combien de fois un parent entend-il ces arguments, utilisés par bien des jeunes qui veulent avoir le dernier gadget à la mode : « Voyons, m’man, tout le monde en a un à l’école ! » ; « Je suis le seul à ne pas en avoir » ; « J’ai pas rapport, les autres se moquent de moi », etc. Bien sûr, lorsque vient le temps de prendre la décision de doter ou non son enfant d’un téléphone cellulaire, chaque parent est mis face à ses valeurs et ses principes, et peut même quelques fois faire face au jugement des autres adultes face à sa décision. Comme dans la plupart des domaines où votre enfant est concerné, vous êtes la première personne experte en la matière. Certains d’entre vous se sentent plus en sécurité s’ils peuvent rejoindre leur enfant en tout temps. D’autres au contraire voient dans l’achat du cellulaire à 12 ans un abus de consommation inutile, alors qu’euxmêmes n’en ont pas et vivent très bien avec cette réalité. Quels sont les enjeux à considérer lorsque vient le temps de prendre cette décision ? Sur quoi baser notre réflexion ? Tout d’abord, le portrait global : l’an dernier, lorsque nous avons conduit dans la commission scolaire notre premier sondage sur les habitudes d’utilisation des technologies chez les jeunes, nous avons constaté que 40% des élèves du secondaire possèdent un cellulaire ; ces élèves sont répartis selon la courbe suivante : le quart des élèves de secondaire 1 en possèdent un, le tiers des élèves de secondaire 2 et 3, et la moitié des élèves de secondaire 4 et 5. Comme la présence de cellulaires au primaire est encore très rare, nous pouvons donc déduire que l’entrée au secondaire est le moment que choisissent beaucoup de parents pour l’achat d’un premier cellulaire, la progression se faisant plus graduellement par la suite. Une fois avisés qu’une bonne quantité d’élèves au secondaire sont munis d’un téléphone, nous pouvons évidemment nous demander : qu’en font-ils, de ces cellulaires ? Comment les utilisent-ils ? Vous ne serez probablement pas surpris de savoir que la conversation téléphonique en tant que telle est loin d’être l’activité la plus populaire chez les jeunes possédant un téléphone. Les rares fois où ils ont des conversations téléphoniques se résument la plupart du temps aux moments où ils parlent à leurs parents. Ce sont, bien sûr, les textos qui sont les plus populaires, et qui constituent 80% de l’utilisation totale de communication cellulaire chez les jeunes. Les 12-17 ans envoient en gros 87 textos par jour, une moyenne d’un texto toutes les 8 minutes, si on enlève 7 heures de sommeil et les 5 heures où ils sont en classe dans une journée. De ce nombre, certains jeunes sont de plus disponibles 24/7, et répondent à leurs textos même en pleine classe ou alors au milieu de la nuit. Les textos sont d’ailleurs un moyen de communication qui fait maintenant partie du mode de vie des jeunes. Alors qu’il serait impensable pour certains d’entre nous d’interrompre une conversation ou un souper en tête-à-tête pour répondre à un appel ou un message texte, les jeunes ne vivent pas du tout ce type d’inhibition, donnent souvent priorité aux conversations qu’ils ont sur leur cellulaire, et ce sans que leurs compagnons ne s’en formalisent… en fait, ça ne les dérange pas du tout, puisque dans quelques minutes, ce sera sans doute leur tour de faire de même! Il peut cependant être frustrant pour un parent qui amène son ado dans un souper de famille de le voir constamment mettre à jour son statut Facebook ou répondre à ses textos. Entre alors en jeu la mise en place de règles claires, et qui doivent idéalement être énoncées dès la prise de possession du cellulaire. Les règles qu’on tente d’instaurer en cours de route risquent d’être moins respectées puisque les habitudes auront déjà été prises. Mieux vaut, dès que le jeune reçoit son premier cellulaire, mettre ses conditions tout de suite. Si le cellulaire est interdit à table, par exemple, le jeune s’en accommodera dès le départ et continuera à agir en conséquence ; cependant s’il avait pris l’habitude de l’utiliser aux repas, il sera plus difficile d’instaurer un nouveau fonctionnement du jour au lendemain. Il peut également être important de vous questionner sur la façon dont vous prévoyez gérer l’utilisation de cellulaire de votre enfant versus les règlements scolaires qui y sont rattachés. Dans notre commission scolaire, certaines écoles interdissent complètement le cellulaire dans toute la bâtisse, alors que d’autres le permettent dans les aires communes. Cependant, aucune école ne le permet en classe. Des mécanismes de confiscation sont mis en place advenant le cas où le bruit du cellulaire interrompe un cours, par exemple. Il est important de déterminer à l’avance avec votre enfant la façon dont vous comptez agir, puisque dans bien des cas, ce sont les parents qui doivent reprendre possession du téléphone de leur enfant auprès de la direction d’école suite à une sanction. De nombreux conflits émergent suite à la pression qu’un jeune exerce sur un parent pour qu’il coure à l’école récupérer son cellulaire lorsqu’il se l’est fait confisquer en contrevenant aux règles. Lorsque c’est la troisième ou la quatrième fois en quelques semaines que votre jeune vous demande d’aller chercher son « cell », votre patience risque d’atteindre sa limite. Mieux vaut, donc, établir la procédure à suivre avec votre enfant à l’avance. Bref, chaque parent prendra sa propre décision face au fait que son enfant soit équipé ou non d’un cellulaire. La sécurité d’esprit, le fait que les lignes terrestres soient de moins en moins populaires, ou un mode de vie accéléré en font une nécessité pour les uns ; le piège de la consommation et la menace d’une utilisation négative pèseront plus dans la balance pour certains autres. À cet effet, je vous réfère aux capsules précédentes traitant de cyberintimidation, de cyberprédation et d’utilisation responsable d’Internet lorsqu’un jeune dispose d’un cellulaire personnel. Bonne réflexion ! Annick Kerschbaumer Sexologue et agente de développement Le générique masculin est utilisé sans discrimination et uniquement dans le but d'alléger le texte Données statistiques issues de : KERSCHBAUMER, Annick (2012) Habitudes d’utilisation des technologies chez les élèves du secondaire, Rapport d’analyse, département des Services éducatifs complémentaires et de l’adaptation scolaire, Commission scolaire de Kamouraska-Rivière-du-Loup.