Dossier pedagogique claude gueux
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Dossier pedagogique claude gueux
Claude Gueux Dossier Pédagogique En ce qui concerne le texte… La pièce est une adaptation du Claude Gueux de Victor Hugo, récit qui date de 1834. Il s’agit de l’histoire tragique d’un ouvrier qui, pour nourrir sa famille, vole et se retrouve en prison. Harcelé par le directeur des ateliers, il finit par le tuer à coups de hache. Claude Gueux est condamné à mort et exécuté. Le texte se termine sur un discours adressé aux gens de loi, qui argumente contre la peine de mort et développe l’idée selon laquelle la société est largement responsable des crimes commis. Le texte proposé lors de la représentation a été réécrit. Il fait intervenir des personnages nouveaux : ainsi la pièce s’ouvre sur le personnage du bourreau qui appelle Claude Gueux pour son exécution. Ensuite, le texte de Victor Hugo a été réécrit à la première personne, donc du point de vue du prisonnier, ce qui donne davantage d’écho au ressenti du personnage. Par ailleurs, se mêlent au texte de Claude Gueux d’autres textes de Hugo, des extraits des Misérables et du Dernier jour d’un condamné, ainsi qu’un poème sur la guillotine, « L’échafaud ». A partir d’un texte extrêmement fort, c’est donc un travail important de réécriture qui a été effectué afin de souligner l’engagement de Victor Hugo contre la peine de mort en général, et pas seulement dans le cas de Claude Gueux en particulier : il s’agit de faire ressortir l’apologue du roman. En ce qui concerne la représentation… 1- L’espace scénique. N.B. : On entend par espace scénique l’espace occupé pour jouer la pièce, qui ne se limite pas à la scène. L’espace scénique représente tour à tour plusieurs lieux. D’abord, la place publique où le bourreau vient annoncer l’exécution prochaine de Claude Gueux. Puis, un espace abstrait, lors du résumé des faits qui ont amené Claude Gueux à la prison de Clairvaux (Tribunal, prison). Pendant l’essentiel de la pièce, l’espace représente des ateliers de la prison, le lieu où se scellera le destin de Claude Gueux. Le jeu du comédien est dynamique dans le sens où, interprétant plusieurs rôles, il occupe l’espace pour différencier les personnages. Ce dynamisme atteint son point culminant lorsque le personnage de Claude Gueux quitte la scène pour se situer dans le public, qui devient l’assemblée des prisonniers, alors qu’il explique qu’il a condamné M.D. à mort. Il remonte ensuite sur la scène pour le moment du meurtre. Le spectateur est donc impliqué dans l’espace scénique à ce moment précis. Ensuite, pendant le discours, qui pourrait être un moment de statisme, le parti pris a été celui d’un jeu dynamique, en mouvement, pour souligner l’absurdité des arguments des partisans de la peine de mort. 2- Le décor Il s’agit d’un décor unique. Ce décor, destiné à des lieux de représentation très variés, doit être à la fois fonctionnel et pratique. Le fond de la scène est occupé par une toile représentant des potences, qui rendent tout au long de la pièce le thème central de la peine de mort présent voire pesant. Il s’agit de la reproduction de dessins de Victor Hugo. La teinte dominante est un jaune sali, comme si on était au crépuscule d’une époque. Devant ces toiles se trouvent des panneaux peints réversibles représentant différents lieux : place publique, tribunal et cachot. Un des panneaux sert, en outre, lors du procès de barre derrière lequel se poste Claude Gueux pour son plaidoyer. L’élément majeur du décor est la guillotine, placée à l’avant scène. Il s’agit d’une guillotine factice, mais avec un mécanisme qui fait tomber une lame, avec laquelle jouent certains personnages renforçant l’intensité dramatique. On voit également sur scène un tabouret qui permet au personnage de s’asseoir pour des discours plus posés, et un porte-manteau qui permet les changements de costumes. 3- Le son Les sons sont peu utilisés dans la pièce. Toutefois, le public a pu entendre des atmosphères musicales différentes : la première nous inscrivait dans une autre époque, la deuxième installait une tension dramatique lors de l’approche du moment fatidique du meurtre de M.D. par Claude Gueux. La dernier laissait entendre le son du glas qui sonne pendant l’exécution et rend l’atmosphère encore plus pesante. 4- Les objets scéniques Plusieurs objets sont manipulés par le comédien pendant la pièce. Le premier est un crâne avec lequel joue le bourreau. Il le fait rouler dans ses mains, et le contraste entre la symbolique du crâne et l’attitude du bourreau est saisissant : pour ce personnage, donner la mort est un moment ludique. Il ne semble pas mesurer la gravité de son acte, et le spectateur peut en être surpris voire choqué. Le comédien manipule également une hache. Celle-ci est utilisée pour mimer le meurtre du directeur des ateliers. Symboliquement, dans la pièce comme dans le roman, on peut dire que la hache représente le statut du prisonnier responsable de la mort de M.D. : c’est la prison et ses conditions qui ont amené Claude Gueux à tuer. 5- La gestuelle du comédien Le comédien incarnant plusieurs rôles, sa gestuelle est variée en fonction du personnage interprété. Ainsi, pour le bourreau, l’acteur adopte une démarche assez légère. Ce bourreau apparaît comme tout à fait épanoui. Ses gestes sont amples. En ce qui concerne Claude Gueux, l’attitude est plutôt bourrue. Elle correspond au portrait initial qui le décrit fermé et taciturne. Au contraire, le personnage d’Albin semble beaucoup plus fragile. La position des mains et l’ensemble de la posture montrent une certaine timidité. Le contraste entre Claude Gueux et Albin lors de la scène du dialogue est sans équivoque. Le personnage de M.D. a une gestuelle et une démarche très guindées. Il se tient très droit, il semble pétri de ses certitudes. Enfin le narrateur a une posture ouverte, comme s’il cherchait à nous démontrer quelque chose. Ses gestes sont ouverts, ils soulignent la parole. L’ensemble du jeu sur la gestuelle permet donc de bien identifier chaque entité, ce qui est nécessaire quand un même comédien interprète plusieurs personnages. 6- La voix En ce qui concerne le bourreau, le comédien prend une voix grasse, des intonations moqueuses, et nous avons été frappé par le rire sifflant de ce personnage, à la fois comique et inquiétant. Tout est fait pour nous le rendre antipathique. Claude Gueux a une voix grave, grasseyante pour marquer son origine populaire. Il bégaie parfois, comme s’il avait du mal à trouver ses mots. Cela représente l’incapacité de l’homme de basse condition à se défendre contre les injustices. Albin a une voix beaucoup plus aiguë, qui montre sa jeunesse (il n’a que dixsept ans) mais aussi sa fragilité. Il représente donc, par sa voix et ses intonations, l’innocence de la jeunesse gâchée par la prison. M.D. a une voix très claire, qui porte. Il est sûr de lui. Il représente l’institution qui broie les prisonniers. Sa voix, là encore, va de pair avec la gestuelle. Le narrateur, enfin, a une voix douce qui sait aussi se faire ferme lorsqu’il fait son discours sur la peine de mort. Les intonations varient en fonction de l’objectif poursuivi, qui peut être d’expliquer ou de persuader. On voit donc que le jeu sur la voix a pour vocation d’une part, la figuration de l’origine sociale, de l’âge du personnage, mais aussi de son caractère. Par ailleurs, elle joue un rôle important lorsqu’il s’agit de persuader ou de convaincre. Le personnage de Claude Gueux, lorsqu’il se défend devant le tribunal, ne maîtrise pas ces codes et cela le dessert. 7- Les costumes Le comédien interprète différents personnages et tous les changements de costumes se font à vue. Il décroche d’un porte-manteau les éléments de costumes des différents personnages. Tous les costumes renvoient à l’époque de Victor Hugo. L’adaptation ne cherche pas à faire de Claude Gueux un texte contemporain. Le costume de Claude Gueux est celui d’un bagnard, rayé avec numéro de matricule. Le costume du bourreau est composé d’un grand manteau noir, haut de forme, chemise blanche. Enfin le narrateur porte une chemise blanche et un pantalon noir. Les impressions… Elles seront les vôtres…