Mars 2007 - L`esplanade et le Champs de Mars : un espace militaire

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Mars 2007 - L`esplanade et le Champs de Mars : un espace militaire
Renaissance du Lille ancien
Mars 2007 - L'esplanade et le Champs de Mars : un espace militaire et un espace
punlic festif
Soumis par Didier JOSEPH-FRANCOIS
22-05-2011
L'Esplanade
et le Champ de Mars : un espace militaire et un espace public festif
Par
Didier JOSEPH-FRANCOIS, Président de la R. L. A.
Les
circonstances du tracé et des travaux de la Citadelle et des fortifications
de la ville de Lille ont
souvent été relatées depuis trois siècles : de
Vauban lui-même, dans son mémoire de 1699, à l’Intendant gé
Milot qui
fut, en 1954 le premier auteur moderne à reconstruire les fils d’une histoire
effacée de la mémoire de
ses contemporains. Cependant, ces relations restent
fondamentalement militaires ; elles illustrent l’art de l’attaque e
de
la défense des places. Mais, la réalité de la guerre, qu’elle soit courtoise
ou violente, laisse quelques belles
plages de paix. C’est dans ces intervalles
que s’installent les qualités urbaines du Champ de Mars et de l’Esp
Lorsque Vauban
parle de l’étendue laissée en terre-plein entre la ville et la Citadelle,
c’est pour en affi
le dessin stratégique, afin d’obliger l’assaillant
« à faire deux sièges pour un ».C’est un espace de 25
toise,
soit 1, 96m, est divisée en 6 pieds) entre ville et bastions de la Citadelle.
Cette distance mesurée
depuis la capitale des bastions est partagée entre
les dehors de la fortification, le Champ de Mars et l’Esplanade.
Cette
distance dictée par la portée des canons gouverne le tracé urbain du quartier
neuf qui forme des angles
rentrants en réplique au tracé pentagonal de
la Citadelle. Protégée de tout assaut du côté de la campagne par
l’inondation
des marais, la Citadelle ne peut-être assiégée qu’après la conquête de
la ville. Cette volon
Vauban dictera très exactement les conditions
du siège de 1708.
Mais laissons
là le militaire pour
exposer l’urbanité des lieux en temps de paix ordinaire.
La construction de la Citadelle de Lille va de pair avec
l’extension de
la ville. Les 96000 verges de l’extension de Lille se répartissent en
44000 pour les fortificatio
et 52000 pour le quartier neuf, terrains
propres à être vendus à 25 florins la verge « vu la manie de ce peuple-ci
pour le bâtiment, qui n’est pas soutenable » affirme Vauban. Le projet
d’agrandissement de Lille est un proje
dépenses et de recettes à l’image
de l’art de la fortification en enceinte rasante qui est tout d’abord,
Ã
terrain naturel, une histoire de déblais et de remblais.
L’agrandissement
de Lille est une œuvre d’urbanisme
raisonné avec l’art de la fortification.
En attendant le siège, il faut bien vivre ; la ville doit satisfaire Ã
l’espr
son siècle, à ses appétits pour le commerce, l’industrie,
les fêtes et les spectacles.
Les voyageurs
du
XVIIIe siècle ne se lassent pas de conter la beauté du quartier neuf.
En 1719, un prêtre du diocèse de Montpellier
relate dans ses notes d’un
voyage en Hollande, son étonnement sur les récentes évolutions : « on
peut d
avec vérité que c’est une des plus belles villes du royaume,
qui deviendra même tous les jours plus régulière e
mieux bâtie, par l’attention
qu’on a apporté à bâtir toutes les maisons au cordeau, et sur un dessin
unifo
Il y a déjà un quartier de la ville bâti de cette manière, et
il faut convenir que quand on est dans ce quartier, on
s’imagine être
dans les plus belles rues de Paris ».(Victor Adrielle. Voyage en Hollande
fait en 1719, par
Pierre Sartre, prêtre du Diocèse de Montpellier, publié
avec préface d’après le manuscrit inédit, extrait du bulle
de la Société
Géographique de Lille, librairie Lechevalier, Paris 1896)
En 1765, le « Dictionnaire
géographique, historique et politique des Gaules et de la France », note
le même intérêt pour le quartier neuf :
« ...les rues du dernier agrandissement
faites en 1670 sont toutes tirées au cordeau ... La rue Royale l’emporte
sur toutes les autres ; elle est surtout remarquable par sa longueur,
par sa largeur, sa régularité et la beauté de
ses maisons"Â
Le terre-plein
entre ville et Citadelle est le premier grand espace public ouvert de
la cité,
clos par le « mur d’en haut » (il faut comprendre du côté de
la Haute-Deûle) qui relie la Porte de la Barre au
bastion d’Anjou et par
le « mur d’en bas » (il faut comprendre du côté de la Basse-Deûle) qui
relie
lune au devant de la courtine entre le bastion du Roi et
le bastion du Dauphin à la Porte St André. Au-delà , toutes
les terres
sont inondables pour assurer la défense de la place, selon une mécanique
hydraulique complexe
qui, en trois phases successives, asservit les eaux
de la Scarpe et de la Haute-Deûle. En deçà des murs, les sols,
relevés
de leur ancien niveau marécageux, sont devenus un terre-plein propice
à la déambulation et au
rapprochement entre militaires et bourgeoisie.
L’armée exécute des parades militaires ; les bourgeois de Lille
accourent.
Au chapitre de
la modernité, l’Esplanade de la Citadelle devint le nouveau lieu de promenade
des lillois. Quatre rangs d’arbres montants plantés en l’an 1672 par Monsieur
le Maréchal D’Humière
concert avec Monsieur de Vauban, créent un lieu
neuf dans la ville, ouvert et ombré, où il devint plaisant de
déambuler
à pied ou à cheval, en toilettes, habits ou uniformes. L’Esplanade joue
pour la société lilloise u
identique à celui des premiers boulevards
parisiens installés sur le talus des limites de la ville, lorsque Louis
XIV, en 1670, fort de son « pré carré », décida d’abolir les fortifications
de la capitale de son Royaume.,(Arc
municipales de
Lille, Affaires Générales, carton 176/17, mémoire au sujet du planté
à faire sur l’Esplanad
la Citadelle de Lille)
On planta tout
d’abord quatre rangs de bois blancs dessinant une grande allée de 54 pieds
de France bordée par deux petites allées de 27 pieds (environ 16 et 8
m.). En 1714, ces premières
plantations, abattues lors du siège de 1708,
furent remplacées par des rangs de tilleuls, plantés à 30 pieds des
façades
de l’Esplanade, formant deux petites allées de 33 pieds encadrant une
grande allée de 72 pieds.
Lorsque le canal de jonction fut creusé en 1750
pour relier la Haute et la Basse-Deûle, les arbres furent de
nouveau plantés
en 1752. On adjoignit alors une deuxième petite allée afin d’occuper le
terrain jusqu’au
nouveau canal. Enfin, en 1758 furent plantées des haies
d’aubépines « à effet d’éviter les accidents fâc
cas que quelques
chevaux de la cavalerie vinssent à s’échapper lors des exercices de manœuvre ».
En 17
les Commissaires aux plants proposèrent d’élaguer les arbres
en dessous à la hauteur de 14 pieds « parce que
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les tilleuls étant
en feuilles, toutes les branches tombent pour ainsi dire sur la tête,
empêchent la vue des
voitures qui s’y promènent et perdent un coup d’œil
qui deviendrait agréable en suivant ce plan ; on estime que
le long
du canal devraient être tenus à la hauteur de 10 pieds pour conserver
l’ombre du soleil
couchant  ».(Archives Municipales de Lille,
Affaires Générales, carton 176/20).
Toutes ces attentions
montrent l’intérêt des Lillois pour l’Esplanade de la Citadelle, deuxième
grand lieu ouvert dans la ville après la
Grand-Place, qui attire chaque
jour en soirée et les dimanches une foule de promeneurs. La vie lilloise
trouvera là , dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, ses nouveaux lieux
de divertissements. On assigna même
les soldats à ne circuler que dans
une allée particulière : « le Magistrat se plaignait que les dames fussent
souvent exposées à entendre de leur part des propos gaillards qui les
importunaient ».(Paul Denis du
Péage,l’Esplanade de Lille au 18° siècle.
Société des Sciences de l’Agriculture et des Arts de Lille, séan
solennelle
du 13 janvier 1935). Le Prince de Soubise, en 1779, mit fin à cette ségrégation
: « il ne me paraî
pas convenable de leur interdire l’agrément de
participer à la promenade publique : s’ils y tiennent de mauvais
propos,
il est possible de les punir, ainsi que la classe du peuple qui les tiendrait,
et vous devez sentir qu’il
serait humiliant pour eux d’être privés d’un
plaisir dont tous les habitants de la ville jouissent indistinctement».
La vogue de l’Esplanade
de Lille se confirma par la création d’un café qui, selon la requête de
son
propriétaire « fera l’ornement de l’Esplanade, de même que la commodité
du public qui y trouverait tous le
rafraîchissements nécessaires et semblables
à ceux de Paris ». Ouvert en 1761, le Café de la Redoute (qui
s’appellera
plus tard le Ramponneau) servait liqueurs, vins, limonade ; il devint
rapidement un établissement
de bals, de fêtes et de plaisirs, qui se doubla
d’un théâtre, puis de bains privés. On dansait, des concerts et des
attractions
y étaient offerts, on s’émerveillait des nouveautés des sciences et de
la technique, on exposait e
salon les bustes en cire des grands hommes
et des scélérats lillustres.
A l’autre extrémité
de l’Es
fut édifié, en 1752, le Manège, à l’usage des civils et
de la garnison. Les fêtes publiques s’y succédaient.
inventa des
jeux - jeu de l’escarpolette, du mouton, de la couronne, du cheval de
Troie - on construisit des
salles de bals couvertes, on fit des feux d’artifice.
L’apothéose de l’Esplanade sera marquée, à l’aube
nouvelle,
par la fête de la Confédération des trois départements du Nord, du Pas-de-Calais
et de la Somme,
en juin 1790. La garde nationale, nouvellement composée
de citoyens militaires, y offrit un banquet civique aux
militaires citoyens
« pour cimenter les bonnes relations existant entre elles ».
L’agrandissement
de Lille
en 1858 offrit à l’Esplanade de nouvelles perspectives ; Ce fut,
à son extrémité sud, l’ouverture d’un jardi
imaginé par
Barillet-Deschamps de part et d’autre du canal de la Deûle ; Si le jardin
Vauban, pensé en 1865
a conservé sa facture originale, le jardin de la
Citadelle ne reçut que peu de financements publics.
Les
travaux s’enlisèrent
dans une mutation inachevée. C’est aujourd’hui l’emplacement qui reste
–tr
zoo de Lille, savoureusement dénommé le « jardin
des bêtes ». Ainsi, le Bois de Boulogne qui devait substituer
un paysage
de promenade au paysage militaire sans modifier les ouvrages des dehors
de la fortification, ne
fut jamais un projet achevé.
Puis ce furent
à partir des années 1890, du côté des bois de la Deûle et de la
banlieue,
de nombreux aménagements sportifs afin de conjuguer villégiature et résidence
selon un nouveau
projet urbain autorisé à la suite des enseignements de
la guerre de 1870, par l’abandon progressif de la fortification
ancienne
au profit de nouvelles définitions militaires de forts détachés inscrits
sur une ligne de défense du
territoire.
Les villas de
Lambersart restent le fleuron de cet urbanisme novateur . Mais il faut
se
souvenir qu’elles ne sont que le volet résidentiel d’une ville de sports
et de loisirs dont les bâtiments et lieux
emblématiques furent le vélodrome,
le garage des sports nautiques, l’hippodrome, et enfin le stade de football
dont on connaît les péripéties de ses déplacements, pour satisfaire Ã
ses ambitions d’extension.
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