Neil Sedaka

Transcription

Neil Sedaka
eil Sedaka naît le 13 mars 1939 de Eleanor Appel (1916), ashkénaze, et de Mac
Sedaka (1913-1981), séfarade et chauffeur de taxi. Il a une sœur, Ronnie (1937-1995). La
famille réside sur Coney Island Avenue. Enfant, Neil
s’amuse à imiter les Andrews Sisters en compagnie
de Ronnie. Il écoute aussi Glenn Miller, Johnnie Ray,
Les Paul & Mary Ford... A huit ans, il entre dans la
chorale de l’école. Son professeur de chant l’enjoint à suivre des cours de piano. Eleanor travaille à
mi-temps pour acheter un piano à son fils. Neil
apprend vite. On le présente à la Juilliard Music
School de Manhattan où il se perfectionne, s’entraînant quatre heures par jour. Sa prestation pour
sa propre bar-mitzvah émeut les invités. En
revanche, ses camarades de classe, peu férus de
musique classique, l’incitent à se moderniser. Pour
leur faire plaisir, il apprend les tubes du moment. On
lui propose d’être responsable musical dans un
camp de colonie de vacances. Il accepte car son
séjour est pris en charge et il reçoit même un peu
d’argent !
STUPID CUPID
N
PREMIÈRES
ANNÉES
LES TOKENS
Un garçon vivant dans le même immeuble que Neil
Sedaka, Howard Greenfield, surnommé Howie, né
le 15 mars 1936, ambitionne d’écrire des chansons. Sa mère le pousse à contacter Neil qu’elle a
entendu jouer dans les salons de l’hôtel Kenmore
Lake et qui l’a grandement impressionnée. Tous les
deux collaborent et écrivent « My Life’s Devotion »
puis, une fois lancés, carrément une chanson par
jour ! Début 1955, déterminé à réussir dans cette
voie, Howie trouve un job dans une maison d’éditions, Famous Music, dont les bureaux, comme
ceux de bien des concurrents, se trouvent dans le
Brill Building. Il y fait écouter ses titres à Fay Whitman Manus qui est à la fois secrétaire et ellemême auteur. Elle fait parvenir les maquettes à
Progressive Music, branche éditoriale d’Atlantic. Jerry Wexler retient l’un des morceaux,
« Bring Me Love », pour les Clovers qui l’enregistrent un an plus tard. Les acétates de
démonstration sont chantés par Neil Sedaka
mais Jerry Wexler trouve sa voix trop aiguë
pour lui proposer un contrat d’artiste. Cette restriction mise à part, Atlantic accorde sa confiance
aux deux jeunes auteurs dont, en 1956, les
Cookies, LaVern Baker et Clyde McPhatter acceptent des titres. Toujours élève du lycée Lincoln, dans
Brooklyn, Neil Sedaka succombe au charme du
rock’n’roll. Il force Howard Greenfield, réticent, à
travailler dans ce style. Testé à la récréation, une
première tentative, « Mr. Moon », connaît un succès immédiat auprès de la classe ! A la fin de l’année scolaire, Neil poursuit ses études en musique
classique à Juilliard mais recrute d’anciens camarades d’école – Cynthia Zolotin, Jay Siegel, Hank
Medress et Eddie Rapkin – pour former un groupe
vocal, les Tokens. Ils chantent pour les surboums
ou les fêtes. Par l’entremise de la mère de Cynthia,
ils auditionnent pour les éditions Happy Goday qui
les aiguillent sur Morty Craft, producteur chez MGM
et créateur du label Melba. « While I Dream » et « I
Love My Baby » font l’objet d’un simple tandis que
« Come Back Joe » (rock dansant) et « Don’t Go »
paraîtront plus tard sur un album bon marché. Tous
Neil entre son parolier Howard
Greenfield et Chet Atkins à Nashville.
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Pour gagner sa vie, Neil Sedaka tient le piano avec
un orchestre qui assure l’ambiance dans un hôtel
du New Hampshire. Lenny Maxwell l’y apprécie et
décide de l’enregistrer. Les séances se déroulent à
New York, en octobre 1957, au studio Jac avec
pour ingénieur Phil Ramone, futur producteur
célèbre, et Al Caiola (guitare), Milt Hinton (contrebasse) et Sol Gubin (batterie). Présentés à Milt
Gabler, « Snowtime » (slow sans mièvrerie) et
« Laura Lee » (rock adolescent) sortent sur Decca.
C’est le premier disque solo de Neil. Réalisés dans
la foulée, « Ring A-Rockin’ », au titre explicite, et
«Fly Don’t Fly On Me», d’abord édités sur Legion,
la marque de Lenny Maxwell, sont ensuite confiés
à Guyden pour un nouveau lancement, en septembre 1958. Les deux autres titres provenant de
ces séances, « Oh Delilah » et « Neil’s Twist »,
seront pressés sur Pyramid. L’étiquette attribue la
face B aux Marvels par ailleurs crédités comme
choristes sur la A. Résidant chez Eddie Grossman,
son futur beau-frère, Neil écrit avec lui « Never
Again », créé par Dinah Washington en avril 1958.
Doc Pomus & Mort Shuman conseillent à Neil &
Howie de contacter les éditions Aldon, compagnie
appartenant à Don Kirshner (né en 1934) & Al
Nevins (1916-1965). Don comprend immédiatement qu’il a affaire à un tandem doué. Il organise
une rencontre avec Connie Francis. Après plusieurs
ballades, elle réclame quelque chose d’un peu
enlevé. Ils lui font écouter une pièce qu’ils avaient
d’abord imaginée pour Sal Mineo avant de la promettre (!) aux Shepherd Sisters. Connie adore
« Stupid Cupid » qu’elle enregistre chez MGM dirigée par... Morty Craft (le monde est petit) et un jeune
arrangeur, Chuck Sagle. Neil tient le piano sur ce
disque qui fait un carton. Classé 14e en juillet 1958,
il sera fréquemment repris, notamment par Patsy
Cline, Wanda Jackson, Nikki Costa et, en français,
par Richard Anthony et Francis Linel (« Betty
Baby »). Inutile de dire qu’après ce coup de maître,
Neil & Howie sont dûment pris sous contrat par
Aldon ! En attendant de toucher les droits générés
par le triomphe de Connie, Neil se joint aux Nordanels – Norman Spizz (trompette), Howard Tichler
(saxo), David Bass (batterie) – pour jouer dans les
hôtels de stations touristiques, plus spécifiquement
au Esthel Manor dans les Catskill Mountains. Là, il
fait la connaissance de Leba Strassberg, fille de la
patronne, qui deviendra sa femme.
I GO APE EN STÉRÉO
Avec Howard Greenfield,
son principal partenaire
en écriture, Neil Sedaka
a signé quelques-unes des
plus belles chansons du
début des années 60. C’est
aussi un pianiste émérite et un chanteur doué
dont – phénomène rare –
la carrière a connu deux
âges d’or. En 2003 la première partie est retracée
dans le luxueux coffret Bear
Family « Oh ! Carol - The
Complete Recordings 195666 » incluant 8 CD et un livre
(format 30x30 cm, 108 pages).
les morceaux sont signés Neil Sedaka & Howard
Greenfield. Après cet essai jugé commercialement
infructueux – mais stylistiquement assez réussi
dans le style doo-wop chers aux teenagers newyorkais –, les Tokens se séparent. Ils se reformeront, sans Neil, et connaîtront une belle carrière, en
1961, leur version d’un air folklorique, « The Lion
Sleeps Tonight (Wimoweh) », devenant N°1.
Lors de sa collaboration avec Connie Francis, Neil
s’est bien entendu avec Chuck Sagle qu’il engage
pour arranger les séances qu’il entreprend pour
RCA par le biais d’Al Nevins & Don Kirshner. En tant
que membre des Three Suns, Al Nevins, directeur
artistique de Neil, travaille déjà avec RCA. En
accord avec Steve Sholes, directeur de production,
les enregistrements ont lieu au studio RCA de New
York. Neil choisit de réenregistrer « The Diary » car
il estime que la version qu’en ont faite Little Anthony & The Imperials, dirigés par George Goldner,
n’était pas conforme à ses indications quant à la
mélodie ni même au texte ! Le 27 octobre 1958,
sont réunis King Curtis (saxo et chef d’orchestre),
Kenny Burrell, Everett Barksdale (guitares), Milt Hinton (contrebasse), Sticks Evans (batterie) et les cho-
Premier super 45 tours français en 1959.